Étude biblique : Luc 1 à 10, et 20 et 21

Résumé-Notes d’études bibliques à Paris rédigé par Jean Muller.

Une partie de l’évangile n’est pas traitée (absence du rédacteur des notes)


Table des matières abrégée :

1 - Luc 1

2 - Luc 2

3 - Luc 4

4 - Luc 5

5 - Résumé du début de l’évangile de Luc

6 - Luc 6

7 - Luc 7

8 - Luc 8

9 - Luc 9

10 - Luc 10

11 - Luc 20:47 et 21

12 - Luc 23


Table des matières détaillée :


1 - Luc 1

1.1 - Luc 1:18-30

1.2 - Luc 1:31-45

1.3 - Luc 1:46-66

1.4 - Luc 1:67-80

2 - Luc 2

2.1 - Luc 2:1-7

2.2 - Luc 2:8-17

2.3 - Luc 2:19-24

2.4 - Luc 2:25-27

2.5 - Luc 2:29-35

3 - Luc 4

3.1 - Luc 4:14-21

3.2 - Luc 4:22-30

3.3 - Luc 4:31-41

3.4 - Luc 4:42-44

4 - Luc 5

4.1 - Luc 5:1-11

4.2 - Luc 5:27

4.3 - Luc 5:30-32

4.4 - Luc 5:33 à 39

5 - Résumé du début de l’évangile de Luc

6 - Luc 6

6.1 - Luc 6:24-29

6.2 - Luc 6:30-38

6.3 - Luc 6:37 et 39-42

6.4 - Luc 6:43-46

6.5 - Luc 6:47-49

7 - Luc 7

8 - Luc 8

8.1 - Luc 8:1-5, 11, 12

8.2 - Luc 8:6 et 13

9 - Luc 9

9.1 - Luc 9:22-27

9.2 - Luc 9:28-36

9.3 - Luc 9:51-53

9.4 - Luc 9:53-56

10 - Luc 10

10.1 - Luc 10:25-30

10.2 - Luc 10:30-34

10.3 - Luc 10:34, 35

10.4 - Luc 10:36-39

11 - Luc 20:47 et 21

11.1 - Luc 20:47 à 21:7

11.2 - Luc 21:8 à 15

11.3 - Luc 21:12-24

11.4 - Luc 21:25-28

11.5 - Luc 21:27-33

12 - Luc 23


1 - Luc 1

1.1 - Luc 1:18-30

30-07-1968

Zacharie offrant le parfum dans le temple, et la multitude du peuple étant dehors, l’ange Gabriel lui était apparu pour lui annoncer de bonnes nouvelles ; ses supplications étaient exaucées et sa femme allait lui enfanter un fils, Jean (la faveur de l’Éternel).

L’ange Gabriel était le messager de Dieu envoyé auprès de Zacharie, et de Marie, la mère du Seigneur Jésus. Il est aussi nommé en Daniel 8 et 9, comme chargé de révélations à Daniel.

La Parole nous présente une multitude d’anges (les armées célestes), et nomme Gabriel. Elle ne parle que d’un seul archange : Michel, en Jude à propos du corps de Moïse, en Apoc. 12 à l’occasion du combat avec Satan dans le ciel, et en Daniel 10 et 12 sous le nom de Micaël, un des premiers chefs ou le grand chef.

La foi de Zacharie n’était toutefois pas à la hauteur de sa requête. Il ne manifeste pas, par son étonnement vis-à-vis de la déclaration de l’ange, la même foi qu’Abraham qui, « contre espérance, crut avec espérance » et « ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par incrédulité » (Rom. 4:18, 20). Aussi Dieu châtie son serviteur pour son profit et pour l’instruction du peuple : Zacharie reste muet jusqu’à l’accomplissement de la promesse de Dieu. C’est une figure du peuple d’Israël dans sa condition actuelle : sa bouche est fermée jusqu’au moment où la louange pourra s’exprimer à l’apparition du Seigneur en gloire. Après la naissance de Jean, Zacharie prophétise sur son propre fils et rend louange à Dieu (Luc 1:64, 67-79). Le peuple était dehors, et s’étonnait de ce que Zacharie tardait. Au moment où ces choses se passaient, le chemin des lieux saints n’était pas manifesté. Seuls les sacrificateurs pénétraient dans le lieu saint, et le souverain sacrificateur, une fois par an (au jour des propitiations), entrait au-delà du voile, dans le lieu très saint, où était l’autel d’or (ou d’encens) et l’arche. Le peuple Juif ne pouvait entrer que dans le parvis, séparé du lieu où pouvaient s’approcher les Gentils par un mur. Après l’œuvre de Christ, le voile est déchiré (Héb. 10:19) et le mur mitoyen de clôture est aboli (Éph. 2:14).

Malgré la faiblesse et l’incrédulité de Zacharie, la Parole de Dieu s’accomplit en sa faveur. Élizabeth, visitée ainsi dans son opprobre qui est maintenant ôté par la grâce de Dieu, se cache aux yeux des hommes, avec une délicatesse de sentiments qui montre sa piété. Le sentiment de la grâce de Dieu maintient du reste constamment dans l’humilité. C’est dans cette retraite volontaire, qu’Élizabeth recevra la visite de Marie, la mère du Seigneur.

À partir du v. 26, la scène change et le Seigneur est introduit ; c’est le mystère de la piété : Dieu manifesté en chair (1 Tim. 3:16), l’incarnation, « la Parole devint chair, et habita au milieu de nous » (Jean 1:14). Dieu avait tout préparé à l’avance et ses conseils s’accomplissaient : « quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi » (Gal. 4:4), « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3). La prophétie d’Ésaïe se réalisait : « Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel » (És. 7:14). Les promesses de Dieu s’accomplissaient dans une bourgade méprisée. Nathanaël dira : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » (Jean 1:47). Dans ce lieu, la grâce souveraine de Dieu choisit une femme humble et effacée, comme vase élu pour porter le Fils de Dieu.

C’est ainsi que Dieu choisit les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes (1 Cor. 1:27). Marie, fiancée à un pauvre charpentier, ignoré, bien que de la maison et de la famille de David, avait trouvé grâce aux yeux de Dieu (Luc 1:30), mais Dieu la faisait « jouir de sa faveur » et elle était « bénie entre les femmes » (Luc 1:28).

Le désir des femmes pieuses en Israël était de devenir la mère du Messie, appelé en Daniel 11:37 « l’objet du désir des femmes », et cette faveur était maintenant accordée à Marie. Mais la présence de l’ange et sa salutation produisent du trouble et de la crainte chez Marie (Luc 1:29), comme chez Zacharie auparavant (v. 12). La réponse divine est dans les deux cas :


La présence de Dieu produit toujours des effets sur l’homme, faible créature : le prophète Daniel, l’apôtre Jean, présentent de semblables exemples, mais la grâce de Dieu fortifie ces vases de terre.


1.2 - Luc 1:31-45

6-08-1968

Après la salutation de l’ange Gabriel à Marie, donnée aux v. 28 à 30, le Saint Esprit nous présente la naissance de Jésus dans ce monde. Le sujet présenté ici n’est pas essentiellement la nature divine de Jésus ni la relation éternelle du Fils avec le Père : ce côté de la vérité est présenté d’une part dans l’évangile de Jean, et d’autre part dans les épîtres aux Hébreux (le resplendissement de la gloire de Dieu et l’empreinte de sa substance, Héb. 1:3) et aux Colossiens, (« en lui, toute la plénitude s’est plu à habiter », « car en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement », Col. 1:19 ; 2:9).

Nous avons ici les circonstances de la naissance de Jésus, de sa venue dans le monde. Nous avons successivement :

v. 31-33 : l’annonce de la naissance de Jésus, réellement et vraiment homme. Son nom serait Jésus : Jéhovah Sauveur. Il n’est pas présenté, ainsi qu’en Matthieu, comme le Christ (l’oint de Dieu), ni comme « devant sauver son peuple de leurs péchés », l’accomplissement des promesses faites aux pères n’étant pas en vue ici. Le titre divin du Seigneur reste caché sous la forme d’un nom personnel, car Luc nous présente le Fils de l’homme.

On notera toutefois que le premier chapitre se maintient dans les strictes limites d’Israël ; la scène change au ch. 2 pour s’élargir au-delà d’Israël, et s’étendre aux nations.

Jésus serait grand, appelé Fils du Très-haut ; Il aurait le trône de David, et son royaume n’aurait pas de fin. Les révélations faites à Daniel s’accomplissaient : « le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit » (Daniel 2:44), « quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours… son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (Daniel 7:13, 14).

Marie pose alors à l’ange une question qui ne manifestait ni un manque de foi ni de l’incrédulité. En effet Élizabeth lui rend témoignage — étant remplie de l’Esprit Saint — : « bienheureuse est celle qui a cru » (v. 45). Marie interroge l’ange avec une sainte confiance, pour connaître la manière dont la chose qui lui était annoncée devait arriver.

L’ange révèle alors à Marie, pour notre instruction, ce que serait la conception miraculeuse de Jésus. « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35).

Dieu est la source de la vie de l’enfant en dehors de toute volonté humaine, la puissance de Dieu agissant par l’Esprit Saint ; la sainte chose qui allait naître serait appelée Fils de Dieu. Ce titre est donné à Jésus en vertu même de Sa conception miraculeuse. Dans l’offrande de gâteau, l’offrande était pétrie à l’huile. Ces choses sont trop merveilleuses pour nous : « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11:27), mais produisent l’adoration dans le cœur des saints.

L’annonce de la naissance de Jean est alors aussitôt faite à Marie. Jean, le plus grand des prophètes, serait le précurseur de Jésus, son ministère précéderait celui du Seigneur ; il achèverait sa course pour que le Seigneur commence la sienne.

Marie, devant ces révélations, s’incline et prend une place de soumission (« l’esclave du Seigneur »). Marie rend alors visite à Élizabeth, pour reconnaître, dans l’humilité, les voies merveilleuses de Dieu.

Élizabeth, remplie de l’Esprit, reconnaît la place que Dieu donnait à Marie, et la piété personnelle de celle-ci ; elle parle de la « mère de mon Seigneur », reconnaissant ainsi par anticipation Jésus comme son Seigneur.

Marie se réjouira en « Dieu, son Sauveur ».

Ces scènes sont caractérisées par l’action de l’Esprit sur les personnes qui nous sont présentées et par la joie que cette présence produit : « le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais… joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14:17).

Jean serait un sujet de joie et d’allégresse et serait rempli de l’Esprit. En même temps, comme nazaréen, il s’abstiendrait de boire vin ou cervoise (Luc 1:14, 15). De même en Éph. 5:18, nous sommes exhortés à ne pas nous enivrer de vin, mais à être remplis de l’Esprit.

Le petit enfant tressaille de joie dans le ventre de la mère, et Élizabeth était remplie de l’Esprit Saint (Luc 1:41, 44).

Marie se réjouit en Dieu (Luc 1:47).

L’ange annonce un grand sujet de joie aux bergers (Luc 2:10).

Tout l’évangile souligne la joie du ciel, en particulier dans les trois paraboles du ch. 15, Zachée reçoit le Seigneur avec joie (Luc 19:6), les disciples se réjouissent à la montagne des Oliviers (Luc 19:37), puis de voir le Seigneur ressuscité (Luc 24:41).

Enfin Zacharie sera rempli de l’Esprit lorsqu’il prophétisera (Luc 1:67).

L’action de l’Esprit sur ces âmes fidèles se place toutefois à un moment où « l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jean 7:39).


1.3 - Luc 1:46-66

13-08-1968

Le cœur de Marie s’ouvre pour magnifier le Seigneur, et reconnaître en Dieu, son Sauveur.

Gardant sa place dans l’humilité (« Il a regardé l’humble état de son esclave »), elle reconnaît la grâce de Dieu qui la remplissait de joie.

Bien que Marie parlât sans aucun doute sous la puissance de l’Esprit Saint, il n’est pas dit, comme pour Élizabeth au v. 41 et Zacharie au v. 67, qu’elle en fût remplie.

Le cantique qu’elle exprime est plutôt l’expression de sa propre piété et de ses sentiments personnels. Au reste, ses paroles s’adressent à Dieu pour Le bénir et ne constituent pas une révélation de Sa part.

Marie demeure dans la sphère de sa propre piété : Israël, les promesses faites aux pères et les espérances qui en découlaient pour le peuple. Elle remonte ainsi aux promesses inconditionnelles faites à Abraham, rendues possibles par la venue de Christ dans ce monde, et accomplies par Lui et en Lui. Le cantique de Marie se rapproche de celui d’Anne en 1 Sam. 2 qui célèbre la grâce de Dieu répondant à la prière de la foi dans la naissance de Samuel, le prophète.

Dans les deux cas, la puissance de Dieu est reconnue comme s’exerçant au milieu de la faiblesse.

Marie reste trois mois auprès d’Élizabeth, puis se retire dans sa maison. Ces saintes femmes, inconnues du monde, se mouvaient dans une sphère de piété et d’humilité que la Parole se plaît à nous décrire. Nous y voyons plus loin, aussi, Siméon, homme juste et pieux qui attendait la consolation d’Israël ; Anne la prophétesse qui servait Dieu en jeûnes et en prières et tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance.

Les merveilles que Dieu accomplissait en secret dans cette sphère de ceux qui craignaient l’Éternel et parlaient l’un à l’autre, sont au temps ordonné, données à connaître aux hommes.

L’enfant que Dieu donnait à Zacharie et Élizabeth, naît au sein du peuple Juif, et y prend sa place selon le commandement de la loi.

Selon la Parole de l’ange, la langue de Zacharie est déliée. Aussitôt, il loue Dieu, la discipline produisant en lui « le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle » (Héb. 12:11).

Ces choses sont publiées par toutes les montagnes de Judée, mais sont un objet de crainte pour les voisins. Lorsque Dieu se manifeste, l’homme a peur et se cache. Alors Zacharie, rempli de l’Esprit Saint, prophétise à l’occasion de la naissance de son fils Jean, parlant d’abord de Christ, en qui s’accomplissaient les promesses, comme si celles-ci étaient déjà accomplies (v. 68-75). Il ne parle que plus tard de son fils : « Et toi, petit enfant » (v. 76 et 77).

« Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous » (2 Cor. 1:20).

La sainteté et la délivrance sont liées, comme lorsque le peuple avait traversé la Mer Rouge.

Le bonheur annoncé pour la terre est ainsi lié à la présence de Jésus sur la terre.

On trouve l’alliance de Dieu avec le peuple et le serment fait à Abraham, qui avait vu par la foi son accomplissement, selon le témoignage de Jésus lui-même : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour ; et il l’a vu, et s’est réjoui » (Jean 8:56).


1.4 - Luc 1:67-80

20-08-1968

Nous sommes revenus sur la prophétie remarquable de Zacharie qui présente l’accomplissement en Christ de l’espérance d’Israël, fondée sur la promesse, l’alliance et le serment de Dieu.

Le terrain sur lequel se place cette prophétie est celui de la grâce (la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ), et non pas celui de la loi qui prend fin en Christ (Rom. 9 et Gal. 3 et 4).

Les bénédictions sont rattachées ici à la présence de Jésus sur la terre, bien que son rejet ait reporté leur accomplissement effectif après le temps de sa seconde venue.

Dieu :


Jean allait précéder le Seigneur pour prêcher la repentance à Son peuple, que l’Orient d’en haut visitait ; la lumière luisait à ceux qui étaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort.

Selon la prophétie d’És. 9:2 : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre de la mort… la lumière a resplendi sur eux ! ». Pendant qu’Il était dans le monde, le Seigneur était la lumière du monde (Jean 9:5) ; le monde a mieux aimé les ténèbres que la lumière, et le Seigneur est maintenant « l’étoile du matin », mais pour les siens seulement, avant que ne se lève « le soleil de justice » (Mal. 4:2) et que la bénédiction des eaux qui sortent du sanctuaire vers l’Orient ne se déverse sur la terre (Éz. 47).

La prophétie de Zacharie se lie à celle d’Ésaïe 61 annonçant la venue du Messie et accomplie par le Seigneur au début de son ministère (Luc 4:18, 19) ; mais c’était l’année de la faveur de l’Éternel et non pas encore le jour de la vengeance.

Jean grandit ensuite à l’abri du monde, dans le désert ; sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage ; il avait un vêtement de poil de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins (Matt. 3:4 et Marc 1:6). La nourriture du monde n’est pas indispensable au développement du chrétien. Le vêtement de Jean était celui d’Élie, sa ceinture celle du service.

Le Seigneur a rendu témoignage de Jean : « Jean le baptiseur est venu, ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin » (son caractère de nazaréen avait été annoncé par l’ange à Zacharie). Il disait de Jean : « Qu’êtes vous allés voir au désert ?… il n’y a aucun prophète plus grand que Jean le baptiseur » (Luc 7:33 et 24, 28).


2 - Luc 2

2.1 - Luc 2:1-7

20-08-1968

Au ch. 2 la scène change et place Israël, au milieu duquel Christ venait, sous l’assujettissement des Gentils, du quatrième empire de Daniel. L’empereur romain César Auguste décrète un recensement de toute la terre habitée.

Suivant la prophétie de Michée 5, c’est de Bethléhem que sortirait celui qui doit dominer en Israël. Dieu conduisait les circonstances pour que Marie qui habitait Nazareth aille ainsi à Bethléhem, au moment où son enfant devait naître.

Le dessein de Dieu étant accompli, l’enregistrement lui-même n’a lieu que beaucoup plus tard.

Le Seigneur naît donc, au milieu des hommes, lui-même un enfant dans ce monde. Il n’y avait de place pour Lui que « dans la crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2:7). Le monde était à son aise, mais ne réservait aucune place à Dieu ni au Fils de Dieu. Le Seigneur commence donc sa vie dans l’humilité profonde, loin de l’opulence d’un monde qui s’organise loin de Dieu depuis la chute de l’homme.


2.2 - Luc 2:8-17

27 08-1968

Si la naissance de Jésus dans ce monde passait inaperçue aux yeux de celui-ci, néanmoins Dieu prenait soin de l’objet de Ses conseils ; de pauvres bergers des montagnes de Judée reçoivent la révélation de la présence du Seigneur sur la terre.

Dans les v. 9 à 12 nous avons l’apparition d’un ange du Seigneur avec eux.

Aux v. 13 et 14 la multitude de l’armée céleste se joint à l’ange.

Dans les v. 15 à 20, les bergers vont à Bethléhem voir le petit enfant dans la crèche et s’en retournent en glorifiant Dieu.

Dans l’évangile de Matthieu la révélation de l’apparition du Messie sur la terre est faite aux mages d’Orient ; dans l’évangile de Luc, celle du fils de l’homme est faite aux pauvres du troupeau d’Israël.

L’ange du Seigneur et la gloire du Seigneur leur sont révélés : c’est l’Éternel de l’Ancien Testament, présenté ici dans la gloire de sa grâce. Si la crainte remplit le cœur des bergers, l’ange leur communique cette réponse de grâce : « N’ayez point de peur », que le Seigneur donnera plus tard à ses disciples effrayés. Car la révélation de l’ange était un sujet de joie pour tout le peuple. Plus tard, lorsque les mages viennent à Jérusalem, Hérode et tout Jérusalem sont troublés par la naissance de Christ.

On note que les révélations faites aux bergers, comme celles faites par l’ange Gabriel à Marie, ou la prophétie de Zacharie, n’ont en vue que le peuple Juif. Pour que l’évangile parvienne aux nations, il fallait que le rejet du Seigneur soit consommé selon l’enseignement d’Ésaïe 49 et Romains 11:11 : « par leur chute, le salut parvient aux nations ».

L’ange présente Jésus aux bergers sous trois caractères : le Sauveur, Christ, le Seigneur.

Jésus c’est Jéhovah, Sauveur.

Dans l’Ancien Testament c’était autrefois Josué ou Joshua Éternel Sauveur, présenté dans Jérémie 23:6 et 33:16 comme sauvant Juda et appelé l’Éternel notre justice.

Les armées célestes se joignent alors à l’ange pour louer Dieu : « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes » (v. 14).

Jésus, venu en grâce, est la source de la joie et de la louange. Dieu, en amour, accomplissait ses conseils éternels, se manifestait en Christ : car « Dieu était en Christ » (2 Cor. 5:19).

La présence de Jésus apportait la paix sur la terre. Selon la prophétie d’Ésaïe 9:6, son nom serait « Prince de paix ». Vrai Melchisédech, il était roi de Salem, c’est-à-dire « roi de paix », il allait faire la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20) — c’est Lui qui est notre paix (Éph. 2:14) — Il laissait la paix aux siens et leur donnait sa paix (Jean 14:27).

Jésus a été rejeté, aussi Son nom a été occasion de guerre : « Je suis venu jeter le feu sur la terre » (Luc 12:49) ; et à la fin de Son ministère, lorsque la multitude des disciples le salue à la descente de la montagne des Oliviers, la louange à Dieu est : « Paix au ciel et gloire dans les lieux très hauts ! » (Luc 19:38). La paix est alors pour le ciel seulement et non plus pour la terre pour un temps.

Enfin, le bon plaisir de Dieu était dans les hommes. Déjà dans l’éternité passée, les délices de la sagesse étaient dans les fils des hommes (Prov. 8:31). Et le Seigneur, prenant selon le Ps. 16, sa place parmi les pauvres — les excellents de la terre — pouvait dire : « En eux sont toutes mes délices » (Ps. 16:3).

Les bergers vont alors à Bethléhem voir la chose qui leur était révélée. Ils vont en hâte, ils voient, ils divulguent la parole, puis s’en retournent en glorifiant Dieu. La sobriété de ces récits contraste avec tout ce que l’homme a ajouté à la révélation de divine.

La Parole ne dit rien de la date de l’année à laquelle s’est placée la naissance du Sauveur. Il est très improbable que celle-ci se situe au mois de Décembre, en hiver, comme le prétend la chrétienté professante. D’après Esdras 10, Décembre, qui était le neuvième mois, était la saison des pluies. Le recensement aurait difficilement été fixé à cette saison, et les bergers ne sortent pas leurs troupeaux à cette époque. Le Seigneur exhortait ses disciples en Matt. 24:20 et Marc 13:18 à prier pour que leur « fuite n’ait pas lieu en hiver ».

En fait, l’origine de la fête de Noël dans la chrétienté, consacrée à la naissance du Seigneur et à Marie, sa mère, appelée improprement « mère de Dieu », remonte très loin dans les ténèbres de l’idolâtrie et du paganisme.

Salomon s’était détourné après Ashtoreth, c’est-à-dire Astarté (1 Rois 11:5), appelée reine des cieux, à laquelle plus tard le peuple de Juda descendu en Égypte au moment de la transportation, brûlait de l’encens (Jér. 44:17). La fête de Noël était célébrée par les Chaldéens en l’honneur de la naissance d’Astarté. Son fils, le dieu-mâle, compris dans le nom général de Baal, était Thammuz dans l’idolâtrie de Babylone. En Éz. 8, les femmes de Jérusalem pleuraient Thammuz et les hommes se prosternaient devant le soleil tout en adorant dans leur cabinet d’images.

Cette idolâtrie de la reine des cieux Astarté et du dieu-soleil symbolisé par Thammuz, s’est transmise aux anglo-saxons païens (la fête de Yule) et dans le paganisme romain : Les Saturnales (ou fêtes dédicacées à Saturne, dieu de l’agriculture et des semailles) étaient célébrées à la fin du mois de Décembre, au moment du solstice d’hiver, pour rappeler la « naissance du soleil invincible », au moment où les jours recommencent à croître. Cette fête, la pire des fêtes païennes, donnait lieu, au milieu d’orgies, à de grandes réjouissances, à des échanges de vœux et de cadeaux, et des sapins étaient utilisés comme symbole de ce dieu-soleil perpétuel.

Aux troisième et quatrième siècles du christianisme, cette fête païenne a été transposée dans le christianisme, en même temps que les temples d’idoles ont été transformés en églises chrétiennes. C’est ainsi que plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie mineure ont été christianisés.

Rappelons que peu de choses sont plus abominables aux yeux de Dieu que cette idolâtrie dans la sphère chrétienne. L’évangile est fondé sur des faits puissants et divins (la naissance de Christ en est un), par lesquels, par la folie de la prédication, Dieu dans la puissance de l’Esprit Saint agit sur des âmes pour leur salut et leur rassemblement autour de Christ. Le système ecclésiastique, en transformant ces faits en une série d’événements extérieurs, rappelés historiquement par des anniversaires, rejette l’action de Dieu sur les âmes.

Le seul souvenir que le Seigneur ait demandé de rappeler sur la terre est celui de Sa mort, chaque premier jour de la semaine.

Prenons garde, selon l’exhortation de 1 Cor. 10:7, à ne pas être idolâtres comme les fils d’Israël qui adoraient le serpent d’airain (détruit par Ézéchias), et comme la chrétienté qui adore un crucifix — le signe même de la croix de Jésus —, ou qui invente une fête comme Jéroboam, au quinzième jour du huitième mois, le mois qu’il avait imaginé dans son propre cœur (1 Rois 13:33).


2.3 - Luc 2:19-24

v. 19 : « Marie gardait toutes ces choses par devers elle, les repassant dans son cœur » ; le même témoignage lui est rendu au v. 51 : elle « conservait toutes ces paroles dans son cœur ».

Les révélations faites à Marie étaient précieuses à son cœur ; la parole était reçue dans un cœur préparé, le « cœur honnête et bon », dernier terrain de la parabole du semeur de Luc 8:15. Dans le Ps. 1, nous sommes appelés à méditer la Parole jour et nuit ; autrefois, les animaux purs comprenaient ceux qui ruminaient, figure de ceux qui repassent les choses dans leur cœur.

En même temps, la présence du Seigneur était un sujet d’étonnement :


Ésaïe avait annoncé prophétiquement qu’Il ferait « tressaillir d’étonnement beaucoup de nations » (És. 52:15).


Au v. 20, les bergers s’en retournent, glorifiant et louant Dieu, à l’occasion de la venue de Jésus sur la terre ; à la fin de l’évangile, les disciples sont continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu, lorsque le Seigneur est élevé dans le ciel.


Au v. 21, le petit enfant est circoncis, et Son nom de Jésus lui est donné, comme auparavant Jean le Baptiseur l’avait été (Luc 1:59) et avait reçu son nom, donné par l’ange. La circoncision était le signe de la mise à part pour Dieu, d’un peuple appelé, élu, et objet des promesses. Elle avait été donnée à Abraham en Gen. 17 après son appel au ch. 12 ; c’était une condition indispensable pour participer à la Pâque (Ex. 12:48), puis pour prendre possession du pays (Josué 5:9) et pour que l’opprobre de l’Égypte soit ôtée de dessus eux. Dieu permet que Jésus soit ainsi soumis à cette ordonnance car s’Il était né de femme, Il était aussi né sous la loi (Gal. 4:4). Tout s’accomplissait ainsi selon la loi, en même temps que selon les conseils de Dieu.


v. 22-24 : c’est ainsi que Jésus est porté à Jérusalem, présenté au Seigneur, et qu’un sacrifice est offert pour Lui « selon ce qui est prescrit dans la loi ».

Depuis l’entrée du péché dans le monde, c’est-à-dire pour tous les hommes, tout enfant est conçu dans le péché et enfanté dans l’iniquité (Ps. 51:5) — seul Adam a été créé par Dieu, et Ève formée d’Adam avant la chute. C’est pourquoi sous la loi, si une femme concevait et enfantait un fils, elle était impure 7 jours et demeurait dans le sang de sa purification 33 jours, soit 40 jours au total. À l’issue de la première période l’enfant était circoncis, et à l’issue de la deuxième période, elle offrait pour elle un sacrifice pour le péché (Lév. 12).

Un autre commandement, donné avant la loi au peuple d’Israël sortant d’Égypte, concernait les fils premiers-nés, en rapport avec le jugement destructeur qui avait frappé les Égyptiens. Tout premier-né mâle des bêtes devait être sacrifié et tout premier-né des fils devait être racheté, car il appartenait à Dieu (Ex. 13:2 et 15). Cette ordonnance a été confirmée à Moïse après le veau d’or, lorsque les nouvelles tables de la loi ont été écrites par Dieu (Ex. 34:19).

La venue du Seigneur dans ce monde ne participait en aucune manière au péché : « en toutes choses comme nous, à part le péché ».

Aux Ps. 22:9, 10 et 71:6, le Seigneur par l’esprit prophétique peut dire à Dieu : « C’est toi qui m’as tiré du sein qui m’a porté… Tu es mon Dieu dès le ventre de ma mère ».

Pourtant, un sacrifice est offert pour la mère de Celui duquel tous les sacrifices étaient le type. La pauvreté des circonstances dans lesquelles Jésus était placé, se montre par le sacrifice offert : l’agneau pour l’holocauste et la tourterelle comme sacrifice pour le péché pouvaient être remplacés par deux tourterelles. C’est ce qui fût fait pour la naissance de Celui qui, « étant riche, a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor. 8:9).


2.4 - Luc 2:25-27

10-09-1968

Jésus est reconnu, sous l’action de l’Esprit Saint, par le faible résidu pieux que Dieu avait maintenu par Sa grâce au milieu d’Israël.

Le témoignage est rendu à ces quelques fidèles qui étaient demeurés justes et pieux au milieu de la ruine et de l’hypocrisie.


Les caractères de ces fidèles sont de tous les temps.

Noé, Daniel et Job, cités ensemble en Éz. 14, comme pouvant délivrer leurs âmes par leur justice, ont reçu séparément le témoignage :


Le résidu de Malachie 3, auquel l’Éternel est attentif, est formé par « ceux qui craignent l’Éternel, et… ceux qui pensent à son nom ». Ce sont ceux que Daniel 11:33 appelle « les sages du peuple » qui « enseigneront la multitude » et qui seront, à la fin, purifiés, blanchis et affinés.

Les caractères moraux des résidus sont donc :


Tous ces exemples sont donnés pour notre instruction dans les temps actuels. Nous sommes exhortés à vivre « dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (Tite 2:12, 13). Au reste, la piété, dans le croyant, donne l’intelligence des pensées de Dieu, et fortifie l’attente, l’espérance et aussi le but de la course de la foi.

Siméon attendait la consolation d’Israël. La promesse avait été faite par Dieu à Ésaïe : « Consolez, consolez mon peuple » (És. 40:1), « Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés dans Jérusalem » (És. 66:13). L’Esprit Saint était sur lui (Siméon) et non pas en lui, et c’est par l’Esprit qu’il était averti qu’il verrait le Christ du Seigneur.

Jésus était le Christ, le Seigneur, ainsi que l’ange l’avait annoncé aux bergers (Luc 2:11). Il était l’Oint de Dieu, le Messie, le Christ, ces trois titres étant déclarés identiques en Jean 1:42.

Siméon est alors conduit par l’Esprit dans le temple pour y rencontrer le petit enfant Jésus.

Le Seigneur était donc reçu à Jérusalem dans le temple, par un homme pieux conduit par l’Esprit, mais non pas par un sacrificateur.

Le temple, construit par Hérode après celui de Salomon et de Zorobabel, n’était plus la demeure de la nuée de l’Éternel, mais reconnu encore toutefois par le Seigneur comme la maison de Son Père, lorsqu’Il revendique Sa gloire en chassant les vendeurs et renversant les tables des changeurs. Plus tard, cette maison devait leur être laissée déserte, jusqu’à ce que le peuple reconnaisse son Messie.

En même temps, la sacrificature n’était plus reconnue comme le lien entre Dieu et Son peuple, qui demeurait sans roi, ni sacrificateur, ni éphod, ni théraphim (Osée 3:4).

Si le temple était encore alors dans la pensée de Dieu Sa maison, nous devons, nous aussi, réaliser maintenant que quelle que soit l’infidélité du témoignage, le chrétien sait où aller, là où le Seigneur demeure. Cependant, le danger subsiste toujours de mettre sa confiance dans des paroles de mensonge, en disant, à l’image du peuple d’Israël : « C’est ici le temple de l’Éternel,le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel » (Jér. 7:4), et Dieu répondant à son peuple : « Cette maison qui est appelée de mon nom, est-elle une caverne de voleurs à vos yeux ? » (Jér. 7:11).


2.5 - Luc 2:29-35

24-09-1968

Les scènes de ces deux premiers chapitres nous offrent un tableau très doux pour nos cœurs, mettant en contraste la première venue de Jésus dans ce monde, sans aucune pompe extérieure, à la dernière place, et la gloire morale du Fils de Dieu, présenté comme Fils de l’homme, au milieu d’un résidu fidèle qui L’attendait.

Si Dieu faisait à cette occasion mouvoir les astres (Matt. 2:2) et les anges (Luc 2:8), Il produit aussi par Son Esprit, l’unité de pensée et de sentiment chez ces âmes simples et pieuses.

Au milieu d’un peuple qui, passant de la misère à l’orgueil, mûrissait dans le mal, les circonstances extérieures étaient défavorables pour attendre et recevoir le Messie. Néanmoins, le climat moral et la place que chacun prend et garde dans ces scènes, nous sont en modèle, au moment où Jésus est près de revenir pour nous prendre. Nous chrétiens, qui avons l’Esprit, nous sommes appelés à avoir une même pensée, un même amour, à être d’un même sentiment et à penser à une seule et même chose (Phil. 2:2), et rien n’unit les cœurs comme l’amour pour Christ et la communion avec Lui. Parmi le résidu, se trouvait Siméon, qui, par l’Esprit vient dans le temple et discerne lui-même qui était le petit enfant premier-né que ses parents présentaient à l’Éternel. Il bénit Dieu (v. 28), puis Joseph et Marie (v. 34). Pour Siméon, Dieu était son Seigneur et son Maître, et lui-même prend la place d’esclave. Il y avait trois choses pour Siméon : la prophétie qui annonçait la venue de Christ (car Siméon prophétisait à ce moment), la possession de Christ et l’effet de Sa présence dans le monde. L’Esprit avait auparavant révélé à Marie, et par Zacharie, le sûr accomplissement des promesses de Dieu en Christ dans le sein du peuple d’Israël. Jean « irait devant la face du Seigneur pour préparer ses voies, pour donner la connaissance du salut à son peuple » (Luc 1:76, 77). La prophétie de Siméon relative à Christ, Fils de l’homme, dépasse les limites d’Israël : « mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples : une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël » ; la révélation des nations est ainsi mentionnée avant la gloire d’Israël.

Le peuple a rejeté Christ ; aussi l’apôtre Paul dit aux Juifs : « Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux nations ; et eux écouteront » (Actes 28:28), « un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée » (Rom. 11:25). C’est après l’enlèvement de l’Église que la gloire d’Israël sera manifestée.

En présentant Jésus à Israël comme Messie, Dieu mettait ainsi à l’épreuve le cœur de l’homme : « en sorte que les pensées de plusieurs cœurs soient révélées » (2:35). Dans la pratique de nos vies, c’est la place de Jésus dans le cœur qui compte : ou on aime Jésus, ou on le hait. C’est pourquoi, Christ était mis à la fois pour la chute et pour le relèvement de plusieurs en Israël.

En face de l’apostasie et de la méchanceté du peuple, Dieu présente Christ comme « une précieuse pierre de coin, un sûr fondement » (És. 28:16). En même temps, Il est « pour pierre d’achoppement et rocher de trébuchement aux deux maisons d’Israël » (És. 8:14). Ces deux passages, à rapprocher de Ps. 118:22, sont cités en Rom. 9, Rom. 10, 1 Pierre 2 et les trois évangiles, pour montrer ce double effet de la présence de Christ vis-à-vis des croyants et des apostats.

Enfin le Seigneur serait un signe que l’on contredirait.

Ésaïe avait annoncé que Dieu donnerait un signe (És. 7:14) : la venue d’Emmanuel, ce premier mystère de la rédemption qui est l’incarnation. Le Messie ne serait pas reçu, serait retranché et aurait à supporter la contradiction de la part des pécheurs contre Lui-même. C’est ainsi que tous les cœurs seraient mis à découvert ; c’est par-dessus tout à la croix du Seigneur Jésus que l’état de tous les hommes s’est manifesté, en même temps que les conseils de Dieu se révélaient en grâce.


3 - Luc 4

3.1 - Luc 4:14-21

5-08-1969

Jésus plein de l’Esprit, avait été conduit par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. Dans l’obéissance — et obéir c’était n’avoir pas d’autre volonté que celle de Dieu — et par l’emploi de la Parole dans la dépendance de Dieu, Jésus avait remporté la victoire.

Dans la même puissance du Saint Esprit, Il commence à accomplir l’œuvre que le Père lui donnait à faire. Il retourne en Galilée — la Galilée des nations de És. 9:1 — contrée méprisée par les Juifs. Nathanaël peut dire (Jean 1:47) : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? »

Reconnu à sa naissance par le résidu ignoré, s’identifiant avec les excellents de la terre au baptême de Jean, le Seigneur garde maintenant la place de l’humiliation.

Il était là la parfaite manifestation de la grâce au milieu de son peuple. Et après la croix, le Seigneur donnera aussi aux siens un rendez-vous en Galilée : « après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée » (Marc 14:28). En Galilée, Jésus prêche dans les synagogues (v. 44) et Il enseigne. Actes 1:1 nous parle « sur toutes les choses que Jésus commença de faire et d’enseigner » ; et le Seigneur lui-même exhorte les siens, dans le sermon sur la montagne, à pratiquer et enseigner ses commandements.

Jésus vient d’abord à Nazareth — Il devait être appelé, et a été le vrai nazaréen — puis à Capernaüm, au bord du lac de Génésareth, appelée sa propre ville en Matthieu 9:1.

À Nazareth Il entre dans la synagogue pour enseigner, alors qu’à 12 ans Il était dans le temple, écoutant et interrogeant les docteurs (Luc 2:46). Jésus se présente comme rempli de l’Esprit, pour annoncer de bonnes nouvelles. Il n’annonçait pas des promesses, mais leur accomplissement en grâce par Dieu, en Lui-même. Les pauvres, les captifs, les aveugles, ceux qui sont foulés, étaient invités à discerner en Lui l’accomplissement de la prophétie d’Ésaïe.

En citant l’écriture, le Seigneur s’arrête à la vengeance des ennemis du peuple qui sera le moyen de la délivrance finale du résidu d’Israël par le jugement. Le témoignage de la prophétie est remarquable, car la promesse faite ainsi suivait la déclaration du péché du peuple. La bénédiction ne pouvait être opérée que par la venue de Christ, l’oint de Dieu. Et cet homme, le Fils de Dieu, était là maintenant parmi son peuple, qui ne distingue en Lui que le fils de Joseph.

On remarque l’importance de l’Écriture, lue et présentée par le Seigneur. « La loi de l’Éternel était au dedans de ses entrailles », aussi les Juifs étaient-ils contraints de lui rendre témoignage, s’étonnant de Ses paroles de grâce.

Dans les temps de la fin, comme Timothée, nous devons nous attacher à la lecture de la Parole, avoir un modèle des saines paroles et garder la Parole de la patience du Seigneur.


3.2 - Luc 4:22-30

12-08-1969

Jésus a commencé son ministère en Galilée, après le baptême de Jean et après avoir lié l’homme fort au désert. Dans la puissance de l’Esprit, Il était envoyé de Dieu pour annoncer de bonnes nouvelles au peuple d’Israël.

La parole que « Dieu a envoyée aux fils d’Israël, annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ (Lui est Seigneur de tous), ce qui a été annoncé par toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché, — Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance » (Actes 10:37, 38).

Jésus avait commencé ses miracles à Capernaüm, puis était descendu à Nazareth. Luc seul parle de Sa prédication dans la synagogue.

Des paroles de grâce sortaient de la bouche du Seigneur, car la grâce était répandue sur Ses lèvres (Ps. 45:2). Mais les Juifs ne reconnaissaient pas le Fils de Dieu et le Messie en Lui, mais seulement le fils de Joseph, le fils du charpentier (Matt. 13:55), charpentier lui-même (Marc 6:3). C’est l’histoire de Christ venant chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu : la parfaite manifestation de la grâce, Il a été méconnu puis l’objet de la haine de l’homme.

Mais si le peuple d’Israël rejetait le Seigneur, il fallait que la grâce (que l’orgueil des Juifs ne leur permettait ni d’apprécier ni de recevoir) dépasse les limites d’Israël et touche les Gentils. Lorsque Israël infidèle était autrefois sous le jugement gouvernemental de Dieu, cette grâce avait déjà pénétré chez les Gentils : une femme veuve (dont le nom n’est pas révélé) avait eu le privilège de recevoir le prophète Élie pour le nourrir. Et Naaman, le Syrien, avait seul été guéri par Élisée. À plus forte raison, il allait en être de même si les Juifs rejetaient Jésus. Plus loin, au ch. 7, le Seigneur rendra témoignage au sujet du centurion dont l’esclave allait mourir : « Je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi » (7:9). Au ch. 10, le sacrificateur et le lévite passent outre, de l’autre côté, et c’est un samaritain (un étranger), qui use de miséricorde envers l’homme blessé par les voleurs. Au ch. 17, le seul des 10 lépreux guéris qui soit revenu sur ses pas, pour rendre grâces à Jésus était un samaritain (un étranger).

Devant les paroles de vérité du Seigneur qui ne cachait pas son véritable état à son peuple, l’étonnement fait place à la colère, puis à des pensées de meurtre. Combien la présence de Jésus met à nu le fond du cœur de l’homme, mais l’heure du Seigneur n’était pas venue : Il passe au milieu d’eux et s’en va.

Toute l’histoire de Jésus au milieu de son peuple est ainsi tracée à l’avance dans cette scène.


3.3 - Luc 4:31-41

19-08-1969

De Nazareth, Jésus est descendu à Capernaüm, sa propre ville, circonstance également rapportée en Marc 1. En Luc, la scène est présentée avant l’appel des disciples car l’œuvre glorieuse de Jésus, homme, devait auparavant être manifestée. Le Seigneur enseignait et présentait la Parole avec autorité, frappant d’étonnement ceux qui l’écoutaient. Dieu, autrefois, avait dit une parole pour créer les mondes, les soutenant par la parole de sa puissance. Maintenant, Jésus, la Parole faite chair, n’enseignait pas seulement, mais par une parole délivrait l’homme tombé sous la puissance de Satan. Un homme était là dans la synagogue avec un esprit de démon immonde. La présence de Christ n’empêchait pas celle de cet esprit, mais la puissance divine allait s’exercer en bonté pour délivrer celui qui était possédé du démon.

Les démons sont des anges déchus qui n’ont pas gardé leur origine, dont le chef est Satan, et qui sont réservés dans des liens éternels pour le jugement (Jude 6). Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché (2 Pierre 2:4), il n’y a pas de pardon pour eux et le feu éternel est préparé pour eux (Matt. 25). Aussi, si les démons croient, ils frissonnent aussi (Jacques 2:19). Ils connaissaient qui était Jésus, le Nazaréen, le Saint de Dieu et le Fils de Dieu. Mais le Seigneur ne voulait pas de leur témoignage sur la terre (v. 41). Plus tard « au nom de Jésus se ploiera tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux » (Phili. 2:9, 10), mais maintenant la présence, les paroles et les œuvres de Jésus étaient un témoignage suffisant à l’égard de l’homme. Mais il fallait plus que de l’étonnement devant la puissance et l’autorité de Jésus pour croire en Lui ; et aujourd’hui encore, la vraie conversion d’une âme qui vient à Jésus est le plus grand des miracles.

En sortant de la synagogue, Jésus entre dans la maison de Simon, qui serait l’apôtre Pierre, qui était marié et dont la belle-mère était malade, atteinte d’une ardente fièvre : une autre figure de l’homme naturel agité, sans repos, courant par toute la terre, et même au-delà. La paix en Jésus est le seul remède, et l’effet de la délivrance est de conduire le cœur à servir le Seigneur, dans le calme et la confiance.

Puis, comme le soleil se couche, Jésus guérit les infirmes et les malades qui lui sont amenés. C’était la puissance de bonté qui mettait de côté tous les effets du péché et de la domination de Satan. Le pardon gouvernemental était accordé — le pardon pour la paix de l’âme est présenté plus tard (Luc 7 : la femme pécheresse), selon la promesse du Ps. 103:3 : « C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités ». En même temps, c’était en parfaite sympathie pour les hommes, qu’Il portait leurs misères sur Son cœur, et se chargeait des peines de leurs infirmités. C’est en les sentant qu’Il guérissait ces infirmités. Aussi, la même scène, rapportée en Matt. 8:16, 17, est-elle présentée comme l’accomplissement de la parole d’És. 53:4 : « Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs ».


3.4 - Luc 4:42-44

26-08-1969

Le Seigneur ne permettait pas aux démons et aux esprits immondes de rendre témoignage de Lui. Sa personne et Ses œuvres étaient un témoignage suffisant devant le monde, dans lequel Il était venu pour prêcher et annoncer le royaume de Dieu.

Toujours le Fils de Dieu dans le sein du Père, Christ était aussi le vrai Homme, recherchant la volonté de Son Dieu (parfait exemple pour nous) et le Serviteur en prière. Aussi, avant le jour, le Seigneur est présenté s’en allant en un lieu désert, seul avec Dieu ; et l’évangile de Marc nous le montre priant là. C’est aussi dans le secret que nous sommes exhortés à prier Dieu, pour éviter l’hypocrisie religieuse des pharisiens qui aimaient à prier en public.

Le Seigneur allait de ville en ville dans la Galilée pour prêcher et évangéliser c’est-à-dire annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu Les hommes ne l’ont pas écouté ; aussi ces villes méritent-elles les sévères reproches et l’annonce des terribles jugements de Matthieu 11:21-23 : « Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda !… Et toi, Capernaüm ».


4 - Luc 5

4.1 - Luc 5:1-11

26-08-1969

La puissance de la bonté de Dieu se manifestait par les miracles que Jésus accomplissait, confirmant Son témoignage et délivrant de la puissance de Satan. Mais la puissance de Jésus mettait aussi les âmes en rapport avec Dieu : c’est l’objet du ch. 5. Le Seigneur sépare du monde ceux qu’Il appelle (v. 1-12), opère la purification des souillures en guérissant le lépreux (v. 13-16), et pardonne gouvernementalement les péchés en rétablissant le paralytique (v. 17-26). Mais si Jésus accomplissait lui-même l’œuvre de la grâce dont les caractères sont développés dans ce chapitre, Il désirait aussi, comme Homme, s’associer d’autres hommes pour l’accompagner dans cette œuvre glorieuse. Il appelle les disciples et en choisit ensuite 12 apôtres (6:12-16).

La foule qui se pressait autour du Seigneur, au bord du lac de Génésareth, avait de profonds besoins que le Seigneur sentait et auxquels Il voulait répondre. Nous appliquons-nous maintenant à faire comme notre Maître ? Mais, à ce moment, Il voulait parler à Simon Pierre. Pierre, était le frère d’André, tous deux de Bethsaïda de Galilée, comme Philippe (Jean 1 et Jean 12). André, et Pierre ensuite, avaient reconnu Jésus comme le Christ, mais n’étaient pas demeurés avec Lui, après la scène de Jean 1:40-43. Puis Pierre avait rencontré Christ dans sa maison, à travers les bénédictions qu’Il dispensait à sa belle-mère, en la guérissant et en la rendant propre à servir. Maintenant, Pierre est seul avec Jésus, éloigné un peu de la terre. Un miracle fait sentir à Pierre que Jésus disposait de tout et que l’homme était sans force (il avait travaillé toute la nuit et n’avait rien pris). Pierre, touché dans sa conscience et saisi de frayeur, confesse son état de péché ; mais la grâce de Jésus le relève et le rend propre à parler à d’autres, puis à quitter tout pour suivre Jésus qui devient, pour ceux qu’Il appelait, l’objet du cœur et des affections. Prophétiquement, cette parabole nous montre Jésus qui attirait, dans son filet, des âmes vers Lui ; mais le filet se rompait et les nacelles enfonçaient, car l’œuvre de Christ est liée aux instruments humains qu’Il daignait employer. Plus tard, par une seule prédication, la parole de Pierre sera le moyen de la conversion de 3000 âmes (Actes 2) ou 5000 hommes (Actes 4).

Le miracle rapporté en Luc 5 diffère de celui qui est présenté en Jean 21 qui touche, lui, d’une manière mystérieuse et symbolique à l’œuvre millénaire de Christ. Là, les filets ne se rompent pas, les nacelles ne s’enfoncent pas, et lorsque les disciples viennent avec les poissons qu’ils venaient de prendre, Jésus avait déjà du poisson mis sur la braise et du pain. Un résidu Juif sera préparé par Lui, sur la terre, à travers les tribulations de la fin, avant que la multitude, tirée de la mer des nations, ne soit rassemblée autour de Lui.


4.2 - Luc 5:27

16-06-1970

Au milieu d’un peuple où tout était renversé — le monde dans lequel nous vivons est dans un désordre aussi complet — le Seigneur cherchait des hommes pour les attirer à Lui : Dans le premier paragraphe de ce ch. 5, Il avait appelé Simon Pierre, puis Jacques et Jean. Maintenant, Il appelle Lévi (appelé aussi Matthieu en Luc 6:15 et en Matt. 9:9).

Lévi était un publicain, classe de personnes méprisées et haïes des pharisiens, dont la présence parmi le peuple pour percevoir les impôts attestait l’assujettissement d’Israël aux Romains.

Le Seigneur pouvait seul et toujours dire : « Suis-moi », selon l’autorité qu’Il avait, et qui brillait, en puissance souveraine, dans sa simplicité.

Le véritable appel se mesure à ses effets. C’est le changement de position et l’introduction dans un ordre de choses nouveau, liés à une opération divine dans l’âme.

La certitude de l’appel est donnée par le Saint Esprit, qui produit aussi les fruits dans celui qui suit le Seigneur (l’appel est lié à la présence d’un seul Esprit dans le cercle intérieur de Éph. 4).

Lévi a tout quitté pour suivre Jésus. Si même nous ne sommes pas appelés à l’imiter à la lettre, l’état du cœur doit être le même : se renoncer à soi-même d’abord, porter sa croix et venir après Jésus pour être Son disciple (Luc 14:27), Lui, le Fils de l’homme qui n’avait pas où reposer Sa tête (Luc 9:58). D’autres n’ont pas obéi comme lui à l’appel du Seigneur, parce qu’ils voulaient ensevelir leur père, prendre congé de ceux qui étaient dans leur maison, ou regarder en arrière après avoir mis la main à la charrue (Luc 9:59-62).

En suivant Jésus, on peut le servir : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive » (Jean 12:26).

Pierre, pendant un moment de sa vie, a suivi Jésus de loin, puis lui a tourné le dos, tout sincère qu’il était dans ses affections. Après sa restauration, la dernière parole qu’il ait reçue du Seigneur était aussi : « Toi, suis-moi » (Jean 21:22).

L’appel du Seigneur peut aussi se répéter dans la vie d’un croyant si celui-ci s’est détourné et que le Seigneur parle à son âme.

Cet appel du Seigneur devrait marquer toute notre vie, en profonde ferveur pour Lui, mais de sens rassis pour l’accomplissement des devoirs de la vie.

Après avoir répondu, Lévi fait au Seigneur un grand festin dans sa maison, car il voulait l’honorer et rendre témoignage à Sa grâce. En Matt. 9 et Marc 2, le Seigneur nous est simplement présenté comme étant à table dans la maison. Il y avait des publicains et des pécheurs : quel que soit l’état extérieur des hommes, ils ont un égal besoin de la grâce qui apporte la paix et la vie.


4.3 - Luc 5:30-32

23-06-1970

Le Seigneur était au milieu de Son peuple, dans la puissance de la grâce. Ne s’occupant pas des apparences — Sa présence les détruisait — Il rencontrait le monde tel qu’il était, présentant la grâce à tous. Le témoignage de cette grâce manifeste l’état des cœurs, celui des pharisiens (hommes religieux) ou des scribes (hommes sous la loi), tous deux murmurant contre les disciples, et méprisant profondément les publicains et les pécheurs. La propre justice des pharisiens et des scribes, jointe à l’orgueil, ne pouvait s’allier à la grâce qui était présentée à ceux qui se reconnaissaient pécheurs. Et pourtant, devant Dieu qui juge tout selon la nature, tous sont également malades et pécheurs.

Le Seigneur était en contact avec tous, ne pouvant toucher que des pécheurs. Il était à la fois le plus affable et le plus isolé des hommes, faisant rayonner autour de Lui la grâce et la vérité, toujours dans la dépendance et la communion de Son Père. À sa suite, le croyant peut accomplir un service utile, dans la mesure où la vie intérieure avec Christ est sauvegardée ; on peut alors s’occuper du mal, sans y tomber, mais pour le surmonter par le bien, bien que l’état du monde dans son ensemble ne soit pas changé, pas plus qu’il ne l’a été par la venue de Jésus.

Le Seigneur appelait donc des âmes, les invitant à la repentance.

En Matt. 9:13, Il leur dit, comme le prophète Osée 6:6 : « allez et apprenez ce que c’est que : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice », pour leur montrer leur véritable état. Le travail de Dieu dans l’âme passe par la repentance. Toute l’expérience de Job se termine par ces mots : « Je me repens » (Job 42:6).


4.4 - Luc 5:33 à 39

30-06-1970

La scène décrite dans les versets 30 et suivants, est donnée dans les trois évangiles synoptiques et nous montre les pharisiens et les scribes scandalisés de voir Jésus ou ses disciples manger avec les publicains et les pécheurs, et étonnés de ce que les disciples de Jésus ne jeûnaient pas comme les disciples de Jean et les pharisiens.

Le jeûne, souvent associé à la prière , est l’expression d’un état moral intérieur de jugement de soi-même, évidemment opposé à celui des pharisiens qui reflétaient fidèlement l’image de leurs pères mentionnés en És. 58 : cherchant leurs plaisirs, exigeant durement, contestant et querellant au jour de leurs jeûnes ; bien que les pharisiens aient paru jeûner, ils appartenaient à un monde qui se réjouirait lorsque le Seigneur quitterait les siens (Jean 16:20).

Les disciples de Jésus, par contre, avaient trouvé le Messie d’Israël, qui serait l’Époux de l’Église, et connaissaient maintenant la joie de Sa présence, avant d’être dans le deuil et de pleurer lorsqu’Il leur serait ôté (Marc 16 et Jean 16). Jean le Baptiseur aussi, l’ami de l’époux, goûtait une joie accomplie dans la présence de Jésus (Jean 3:29).

Les disciples de Jean appartenaient encore à la dispensation du judaïsme, usée par le péché, et sous laquelle Israël, par sa faute, était assujetti aux Gentils.

Le Seigneur montre alors, par deux paraboles, celles de l’habit et des outres, que le système légal des Juifs ne pouvait se mélanger à la grâce que Jésus apportait.

Le drap neuf ou l’habit neuf, c’était le christianisme, et le vieil habit, le judaïsme.

Le vin nouveau était la puissance vivifiante de la grâce, et les vieilles outres, le système des ordonnances légales. Il y avait donc là deux ordres de choses en présence, le nouveau apporté par Christ, et l’ancien, qui vieillissait et qui était près de disparaître (Héb. 8:13).

L’ancien comportait les formes dans lesquelles l’homme selon la chair cherchait sa religion ; le nouveau, c’était l’énergie de Dieu selon le Saint Esprit. Le Seigneur, qui pouvait appeler, guérir et pardonner, montre que le caractère nouveau de ce qu’Il révélait ne pouvait s’assujettir aux formes de l’ancien ordre de choses. Sinon l’habit neuf était gâté sans améliorer le vieil habit, et le vin nouveau se répandait en rompant les vieilles outres et tout était perdu.

La confusion de la loi et de la grâce a produit dans l’Église des formes et ordonnances qui ont amené sa ruine ; la loi n’a pas été gardée, et la grâce a simplement perdu sa force. Le salut est gratuit et fondé sur la justice de Dieu et pas celle de l’homme ; la grâce s’adresse à ceux qui se reconnaissent coupables et sans force ; elle délivre le pécheur et en fait un être nouveau ; néanmoins, le mouvement du cœur naturel, c’est de toujours revenir à l’ancien ordre de choses : « le vieux est meilleur » car l’homme n’accepte pas volontiers le nouveau principe de la grâce qui l’offense et l’humilie.

Les croyants aussi doivent se garder de tout esprit légal et du retour aux éléments du monde qui plaisent à la chair (Col. 2), ne rendant gloire qu’à Celui à qui elle est due : « Non point à nous, ô Éternel ! non point à nous, mais à ton nom donne gloire » (Ps. 115:1).


5 - Résumé du début de l’évangile de Luc

Au début de l’évangile selon Luc, Jésus est présenté au milieu du résidu, comme homme né du Saint Esprit, rempli du Saint Esprit ici bas, agréable à Dieu et objet de Son affection, Fils bien-aimé dans sa position de dépendance. Il est reconnu descendant du premier Adam, sans péché, et Fils de Dieu.


Homme vainqueur de Satan au désert, Il triomphe de toute tentation, remportant la victoire de l’obéissance par la Parole, en se confiant en Dieu et dans la puissance de l’Esprit Saint qui était sur Lui sans mesure.


Le Seigneur prend Sa place pour accomplir l’œuvre du second Adam. Il retourne en Galilée, dans la puissance de l’Esprit, pour y commencer Son ministère, réaliser l’accomplissement en grâce des promesses faites à Israël. Si le peuple n’en voulait pas, la grâce s’étendrait à d’autres, témoins les exemples de la veuve de Sarepta et de Naaman le Syrien.


Mais Jésus poursuivait Son œuvre, et Sa puissance triomphe de celle de l’ennemi : Il guérit, prêche le royaume, et annonce la bonté de Dieu aux pauvres.


Dans les trois premiers paragraphes du chapitre 5, la puissance du Seigneur met les hommes en rapport avec Dieu.

Le Seigneur veut s’associer d’autres hommes dans Son œuvre ; Il les retire du monde pour cela : Jacques, Jean et Pierre ; c’est la conversion de Simon Pierre.

Le Seigneur nettoie de la lèpre, signe du péché, mal incurable à moins d’une intervention directe de la part de Dieu : et Dieu était là en grâce, sans souillure, mais comme homme, touchant le lépreux pour le nettoyer.

La scène se place au milieu d’Israël, et l’autorité de la loi est maintenue : le lépreux devait offrir les deux oiseaux et recevoir l’onction d’huile (donnée aux lépreux, aux rois, et aux sacrificateurs seulement), et se montrer au sacrificateur pour que celui-ci constate l’intervention de Dieu.

Si le Seigneur pouvait opérer le nettoiement des souillures, Il avait aussi le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés et de donner la force à celui qui en manquait. Il s’agit ici, comme au 4:40, du pardon gouvernemental annoncé par le Ps. 103 et Ex. 15:27, en contraste avec le pardon absolu touchant la paix et le salut de l’âme accordé à la femme pécheresse qui était chez Simon, le pharisien (ch. 7:47).

L’appel de Lévi et les paroles de Jésus montrent les caractères de la grâce et de la puissance divine. Mais ce qui était vieux, les formes et la religion de la chair, ne pouvait s’adapter et contenir l’énergie de Dieu selon le Saint Esprit.


6 - Luc 6

6.1 - Luc 6:24-29

11-08-1970

Dans les v. 20 à 49, le Seigneur s’adresse aux disciples, en distinguant de la masse du peuple un résidu par son attachement à Sa personne, ce résidu étant mis en relation avec Lui-même.

Plusieurs des paroles du Seigneur sont données aussi dans Matthieu, dans le discours sur la montagne ; mais en Matthieu le Seigneur s’adresse à tous pour exposer les caractères de ceux qui auraient part au royaume.

En Luc, nous trouvons d’une manière remarquable, le caractère de ceux qui sont bénis de Dieu, et le moyen qui leur est enseigné pour manifester les caractères de Dieu lui-même, dont ils sont les enfants.

Après les béatitudes des v. 20 à 27, sont donnés 4 malheurs pour ceux qui voulaient une part dans ce monde : or on ne peut avoir en même temps une part avec Christ dans le ciel. Le Seigneur s’adresse particulièrement aux riches, à ceux qui sont rassasiés, à ceux qui rient, et à ceux qui recherchent la faveur des hommes ; chacun de ces caractères étant en opposition avec celui de la fidélité du vrai croyant dans tous les temps. Rechercher l’estime des hommes, être sensible à la gloire qui vient de ceux-ci, est un piège pour les croyants, comme un déshonneur vis-à-vis de Dieu, car « ce qui est haut estimé parmi les hommes est une abomination devant Dieu ».

Dans les v. 27 à 34, le Seigneur s’adresse de nouveau aux disciples, ceux qui écoutaient la Parole, et qui formaient la classe des bienheureux. Écouter la Parole, c’est, l’ayant entendue, la mettre en pratique et lui être soumis, c’est-à-dire obéir, car « écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers » (1 Samuel 15:22). C’est la condition préalable du service. De même que le Seigneur « a fait et enseigné » (Actes 1:1), nous sommes exhortés à « entendre et mettre en pratique » (Luc 6:47), puis à « pratiquer et enseigner » (Matt. 5:19). Au reste, les fruits — qui manifestent l’état du cœur — sont présentés avant le feuillage — la profession et le témoignage extérieurs.

Dans ces versets, le Seigneur, parfait modèle, présente les caractères de Dieu, le Père, dans la manifestation de Sa grâce en Christ. Nous sommes appelés à imiter ces caractères, comme étant ses enfants ; mais ceci suppose la nouvelle nature placée dans une sphère nouvelle où s’exerce la puissance du Saint Esprit, car toutes les exhortations données sont impossibles à réaliser par la chair : aimer ses ennemis, leur faire du bien, les bénir et prier pour eux. Dieu nous a aimés lorsque nous étions ennemis. Le Seigneur, après avoir guéri l’esclave du souverain sacrificateur qui était sorti avec la foule pour le prendre, a prié sur la croix pour ceux qui l’avaient suivi, livré et crucifié. Il intercédait pour les transgresseurs (És. 53:12 ; Luc 23:34). David, précieux type de Christ, ne s’est pas vengé de ceux qui, avec Saül, cherchaient sa vie ; Étienne, aussi, rempli du Saint Esprit, intercédait pour ceux qui le lapidaient.

Si l’on nous frappe et qu’on nous enlève ce qui nous appartient, il faut le supporter. Comment supporterons-nous d’être frappés ou même d’être insultés ? Le Seigneur « lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage » (1 Pierre 2:23), et a laissé les soldats romains, le dépouiller de ses vêtements et jeter le sort sur sa robe.

Les croyants Hébreux avaient accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens.

Ces exhortations, simples et profondes, doivent nous sonder : toutes contraires à notre nature vindicative et orgueilleuse, elles ne se réalisent que par l’action de l’amour de Dieu, versé dans nos cœurs, qui les rend possible, mais aussi leur donne leur valeur aux yeux de Dieu (1 Cor. 13).


6.2 - Luc 6:30-38

18-08-1970

Les v. 27 à 36 présentent les caractères de Dieu dans la manifestation de Sa grâce en Christ ; la conduite des disciples du Seigneur trouve son principe dans cette grâce, qui a sa source en Dieu le Père, et son modèle dans la vie de Jésus sur la terre.

Les v. 37 et 38 lient ces vérités au principe du gouvernement, et des récompenses de la part de Dieu, dans ses résultats présents ou futurs.

La source de tout bien est en Dieu qui est amour. Aussi l’apôtre exhorte-t-il les Éphésiens à marcher dans l’amour, et à être imitateurs de Dieu comme de biens-aimés enfants (Éph. 5:1), le modèle étant Christ, qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous.

Notre tendance est toujours d’agir envers les autres — croyants ou non — d’après ce qu’ils sont, ou d’après leur comportement à notre égard. Le v. 31 montre que l’esprit de l’évangile est opposé à cette conduite naturelle : « Comme vous voulez que les hommes vous fassent, vous aussi faites-leur de même ». Et le passage correspondant de Matt. 7:12 ajoute : « car c’est là la loi et les prophètes ». Au reste, les deux premiers commandements de la loi touchaient l’amour envers Dieu, et l’amour envers son prochain, « l’amour donc est la somme de la loi » (Rom. 13:10 et Galates 5:14). La parabole du Bon samaritain montre la portée de cette vérité (Luc 10:29-37). Paul était prêt à dépenser et à se dépenser entièrement pour les Corinthiens, même s’il devait être moins aimé (2 Cor. 12:15). L’amour doit donc toujours être en exercice, bien qu’il se manifeste d’une manière adaptée à l’état de l’objet auquel il s’adresse.

Les v. 32 à 34 montrent les principes du monde et les mobiles de nature adamique pour aimer, faire du bien ou prêter. Dans ce monde, rien ne se donne, même les gousses des pourceaux sont vendues très cher au fils prodigue.

Mais au v. 35 les mêmes actions sont accomplies comme fruit de la nouvelle nature qui ne se manifeste que si la vieille est tenue pour morte. C’est le chemin du juste, qui use de grâce et donne (Ps. 37 présentant Christ prophétiquement).

L’état du cœur est donné au v. 36. C’est la miséricorde, à l’image de celle de Dieu, qui produit des fruits. Toutefois la récompense, qui ne vient pas des hommes mais de Dieu, n’est pas le motif de nos actions. C’est la grâce seule qui nous permet de les accomplir : le bien ne mérite rien, mais Dieu en prend connaissance, et le croyant fidèle jouit de l’approbation secrète de Son maître.

Parallèlement aux fruits de la grâce, le gouvernement de Dieu nous est aussi présenté dans les v. 37 et 38. À ce point de vue, le salut est considéré comme acquis au bout de la course chrétienne, et il est toujours vrai que ce qu’un homme — croyant ou non — sème, il le moissonnera (Gal. 6:7).

Nous sommes ainsi exhortés à ne pas juger ou condamner, mais à acquitter, ou à renvoyer libre, ou à donner.

En définitive, le Seigneur saura nous donner beaucoup plus que ce que nous aurons fait : une « bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera ».


6.3 - Luc 6:37 et 39-42

25-08-1970

Le v. 37 nous exhorte à ne pas juger les autres, afin de ne pas être jugés nous-mêmes.

Le premier devoir du chrétien est donc ainsi de se juger soi-même, dans la présence de Dieu, qui sonde et éprouve toutes choses (Ps. 139), car chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu (Rom. 14:12), et l’apôtre pouvait dire, en parlant de son ministère : « celui qui me juge c’est le Seigneur » (dans le sens de subir un interrogatoire, comme un accusé qui doit rendre compte de lui-même et de ses actes), aussi exhortait-il les Corinthiens (1 Cor. 4:4-5) à ne rien juger avant le temps jusqu’à ce que le Seigneur vienne (dans le sens de prononcer un jugement).

En rapport avec le souvenir de la mort du Seigneur dans la Cène, nous sommes exhortés solennellement à nous éprouver et à nous juger nous-mêmes, c’est-à-dire à nous examiner (1 Cor. 11:28, 29).

L’exhortation du Seigneur à ne pas juger les autres ne doit toutefois pas empêcher l’exercice de la discipline dans l’Assemblée, pour « juger ceux qui sont de dedans » (1 Cor. 5:12), pour maintenir la sainteté à la Table du Seigneur. Dans l’exercice des ministères dans l’Assemblée, lorsqu’un prophète parle, les autres sont appelés à juger, c’est-à-dire apprécier si ce qui est dit vient vraiment de Dieu (1 Cor. 14:30).


Le v. 39 contient une très courte parabole qui présente la condition des conducteurs en Israël, en relation avec la masse du peuple : tous sont aveugles et tomberont dans la fosse qui est au bout du chemin de tout homme dans ses péchés, à moins qu’il n’accepte Jésus, la vraie lumière (Jean 1:9) qui resplendit du sein des ténèbres à la Parole de Dieu (2 Cor. 4:6).

L’état d’aveugle, conducteur d’aveugles, est celui de tous les hommes qui prennent une position de conducteurs et de responsabilité sans la vie de Dieu — cas trop fréquent, hélas, dans la chrétienté professante actuelle. Au temps du Seigneur, les pharisiens étaient de tels aveugles — prétendant voir : aussi leur péché demeurait-il (Jean 9:41). Ils seraient déracinés comme toute plante que le Père céleste n’a pas plantée (Matt. 15:13).

Les moralistes de Rom. 2 croyant être « conducteurs d’aveugles » sont tous sous le péché avec les Juifs et les Grecs, sans différence. Et la dernière Église de l’Apocalypse, Laodicée, qui n’a besoin de rien, ne connaît pas qu’elle est aveugle (Apoc. 3:17).

v. 40 : Mais, en regard de cette triste condition, il y a celle des vrais disciples de Christ vis-à-vis de leur Maître, enseignés de Lui, entièrement formés par Lui, et croissant ainsi en Lui en toutes choses, « selon la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Col. 1:28).

Jésus était bien pour ses disciples, leur Maître et Seigneur (Jean 13:13), quoique toujours au milieu d’eux comme Celui qui sert (Luc 22:27).

Le disciple n’est pas au-dessus du maître (Matt. 10:25) et l’esclave n’est pas plus grand que son maître (Jean 15:20). Il devait suffire au disciple d’être comme Lui, méprisé et persécuté par le monde, en attendant le retour du maître et la gloire avec Lui, car « où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » (Jean 12:26).

En suivant Jésus, on peut le suivre sans craindre les hommes ; et en contemplant un Sauveur glorifié, on est transformé à son image (2 Cor. 3:18).

Les v. 41-42 montrent alors le moyen de parvenir à ces choses et de voir clair, moralement, au milieu du mal : c’est en marchant dans le jugement de soi-même, la conscience étant maintenue délicate et le cœur dans la lumière. En se comparant à Christ, le croyant comprend ses défauts et peut se juger pour en être délivré. Il considère alors les autres supérieurs à lui-même dans l’humilité, et lui-même comme le premier des pécheurs suivant l’exemple de Paul.

Si de tels exercices manquent, nous sommes portés à voir le mal chez nos frères sans avoir la conscience de notre état. La connaissance de la vérité en nous, si elle n’est appliquée qu’aux autres et pas à nous-mêmes, est comme le levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie.


6.4 - Luc 6:43-46

01-09-1970

Le propre fruit — paroles et actes — caractérise l’arbre, c’est-à-dire la nature, ancienne ou nouvelle. Lorsque l’arbre est bon, le fruit l’est aussi. Dieu seul est bon comme le disait Jésus lui-même au jeune homme riche de Matt. 19 et Marc 10. Il est bon envers les ingrats et les méchants (Luc 6:35) c’est-à-dire les hommes dans leur état naturel.

Le chrétien, possédant en lui les deux natures, est appelé à porter le fruit de la nature de Christ, un fruit du cœur produit dans l’obéissance pratique et réelle.

Le sarment, attaché au vrai cep Christ, objet des soins du cultivateur, le Père, peut produire du fruit, beaucoup de fruit (Jean 15) pour la gloire du Père, en demeurant en Christ et en marchant par l’Esprit, pour en porter le fruit (Gal. 5).

Par contraste :

L’homme naturel, mauvais par nature, ne peut produire que de mauvais fruits malgré les apparences, telles celles de ce même jeune homme riche.

Les privilèges extérieurs d’un peuple en relation avec Dieu, ne changent pas la nature de l’homme. Israël, vigne plantée de ceps exquis, n’a produit que des raisins sauvages, et le figuier n’a pas produit de figues. Dès lors, le Seigneur, dans l’exemple d’Israël sous la première alliance, juge l’homme dans la chair, incapable de porter du fruit (Ésaïe 6 et Matt. 21).

Mais les paroles du Seigneur nous montrent aussi que le jugement de soi-même doit toujours et partout s’appliquer aux arbres ; si les fruits sont jugés, l’arbre doit l’être aussi, ce jugement des actes remontant jusqu’aux racines profondes et lointaines qui les ont produits : ce fond de confiance en soi-même qui est dans notre cœur à tous.

Ce sont les fruits, paroles d’abord et actes ensuite, qui révèlent l’état profond du cœur, car « de l’abondance du cœur la bouche parle ».

« De la bouche on fait confession à salut » (Rom. 10:10) puis les fruits produits révèlent la réalité de la vie divine dans une âme. Si nos cœurs sont remplis du Seigneur, nos bouches parleront de Lui comme les fils de Coré : « Mon cœur bouillonne d’une bonne parole » (Ps. 45:1), ou comme les apôtres : « pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues » (Actes 4:20).

Puis au v. 46, le Seigneur montre le contraste entre les paroles et les actes : autrefois, comme aujourd’hui, des personnes professaient être des disciples de Jésus en l’appelant « Seigneur, Seigneur ». Il ne suffisait pas d’entourer Christ et d’avoir Son nom à la bouche ; il fallait aussi que Christ ait de la valeur pour le cœur et mettre en pratique ce qu’Il disait (Luc 7) ou faire la volonté de Son Père qui est dans les cieux (Matt. 7), ce que souligne si fortement la parabole de Matt. 21 des deux fils qui devaient travailler dans la vigne.

À l’inverse, les faux prophètes parmi le peuple, étaient reconnus à leurs fruits (Matt. 7:20) et pourront ainsi l’être par le résidu fidèle.

Ces mêmes exhortations s’appliquent au temps du christianisme, selon l’enseignement des écrits de Jean.


6.5 - Luc 6:47-49

08-09-1970

Dans les v. 47 à 49, Jésus montre par deux comparaisons, les conséquences de l’obéissance ou de la désobéissance à sa Parole.

L’ordre moral est remarquable :



La Parole est reçue par la foi : « la foi est de ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10:17). Elle ne sert de rien si elle n’est pas mêlée avec de la foi (Héb. 4:12). Reçue, elle est la parole implantée qui sauve l’âme (Jacques 1:21) ; mais si on l’écoute seulement, sans la mettre en pratique, on se séduit soi-même (Jacques 1:22).

Par la puissance de l’Esprit (car la Parole et l’Esprit sont liés comme dans les paroles d’Aggée au résidu de la transportation : « La parole… et mon Esprit, demeurent au milieu de vous » ; Aggée 2:5), la parole de Christ met en rapport avec Lui, attache l’âme à Lui : c’est être enracinés et édifiés en Lui (Col. 2:7), la parole habitant richement en nous (Col. 3:16) comme elle habite dans les jeunes gens (1 Jean 2:14).

On peut successivement, selon 1 Jean 2:3-6 :

Ceux qui ne mettent pas en pratique la parole entendue sont comparés à une maison sans fondement, emportée par les eaux.

La réalité de la foi est mise à l’épreuve pour tous : s’il n’y avait que les formes, tout disparaît dans le jugement de Dieu et l’âme est perdue : quelle ruine !

Mais ces avertissements s’adressent aussi à tous les vrais croyants, appelés à ne pas être des auditeurs oublieux mais des faiseurs d’œuvres, afin que le feu ne consume pas les résultats de toute leur course (1 Cor. 3:13-15), là où la parole n’avait pas mis en rapport avec Christ.


7 - Luc 7

08-09-1970

Après ces discours adressés à la multitude ou aux disciples, Jésus entre à Capernaüm sa propre ville (en Galilée), où habitait un centurion dont l’esclave était malade.

Selon les principes des chapitres 5 et 6, l’ancien ordre de choses était remplacé par les caractères de Dieu en grâce, manifestés par Jésus sur la terre. La guérison si frappante de l’esclave du centurion était un acte de grâce s’exerçant au-delà de la cour murée du judaïsme envers un gentil, mais sur le principe de la foi (Rom. 4:16) pour que la promesse soit ainsi assurée aussi à la semence qui est de la foi d’Abraham. La foi est ainsi introduite comme principe et fondement de la bénédiction.

On trouve chez le centurion une profonde humilité de cœur : il se considérait comme indigne de la faveur de Dieu, ne parlant pas de lui-même, si ce n’est de son indignité. En même temps, il discernait en Jésus à la fois la puissance et la bonté de Dieu, bien que ne le connaissant pas comme Messie ; enfin, il voyait en Israël, malgré la triste condition du peuple, les objets de la faveur de Dieu et aimait la nation et se dévouait pour elle.

Sa foi en Christ le conduisait à s’oublier lui-même en exaltant l’objet qui lui était cher : il manifeste un profond respect pour la personne de Jésus et une délicatesse de sentiments à la mesure de son humilité et de la gloire qu’il rendait au Seigneur : « Seigneur, ne te donne pas de fatigue, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Luc 7:6). Quelle leçon de grâce pour tous ceux qui étaient là, et pour nous aussi !


8 - Luc 8

8.1 - Luc 8:1-5, 11, 12

20-10-1970

Au début du chapitre, deux classes de personnes sont rassemblées autour de Christ, comme les fidèles groupés autour de David rejeté en 1 Sam. 22 :

Luc seul mentionne qu’elles L’assistaient de leurs biens. Marc dit qu’elles L’avaient suivi et servi depuis la Galilée (Marc 15:40). Remarquons l’humilité et la perfection morale du Seigneur, qui demeurant le Maître et celui qui multipliait les ressources pour nourrir les foules, acceptait de recevoir ce qui Lui était nécessaire de la part de ces femmes, prenant et gardant la place du pauvre (Ps. 40 et 41 et 2 Cor. 8). La place des femmes dans les évangiles est très précieuse, caractérisée par le dévouement personnel et l’attachement à Christ, état dans lequel sont reçues les communications de la vraie connaissance : le pur évangile est annoncé à la femme pécheresse du chapitre précédent, l’embaumement pour sa mort à Marie de Béthanie, notre position céleste à Marie de Magdala (mentionnée ici pour la première fois) ; puis les femmes étaient à la croix, lorsque tous les disciples avaient fui, sauf Jean qui était revenu, et ce sont elles qui étaient au sépulcre et qui ont dû appeler les disciples retournés chez eux. L’activité du service peut placer les frères un peu en dehors de cette position, s’ils ne sont pas vigilants. Mais que le Seigneur soit le tout de nos âmes à chacun !


v. 4 à 18, la parabole du semeur nous est présentée dans les mêmes termes que dans Marc. Il ne s’agit pas ici de la forme que prendrait plus tard le royaume comme en Matthieu, aussi cette parabole n’est-elle pas suivie des 6 similitudes du royaume des cieux.

Dans les trois évangiles, la parole présente la manière nouvelle dont Dieu agit dans ce monde, alors que l’incapacité de l’homme, même le peuple juif, à porter du fruit pour Lui est démontrée. L’arbre était mauvais et ne pouvait produire que de mauvais fruits (6:43). Le Seigneur ne cherche donc plus de fruit dans Sa vigne ; Il prend la place du semeur qui sème dans les cœurs une nouvelle semence, qui est la Parole.

La semence tombe dans 4 terrains différents, image de la disposition du cœur à un moment donné chez celui qui est en contact avec la Parole. Ces terrains sont successivement : le chemin, le roc ou les endroits rocailleux, les épines et la bonne terre.

Sur le premier terrain, la semence ne lève même pas ; sur les trois suivants, elle lève mais ne porte du fruit que dans le dernier.

Dans cette parabole, le Seigneur parle de l’effet de Son œuvre de semeur, non pas de l’opération divine qui fait germer la semence dans la terre. Mais l’application est aussi pour l’état moral pratique des vrais chrétiens lorsqu’ils manquent de vigilance, l’exhortation des v. 16 à 18, qui termine la parabole s’adressant en particulier à la conscience de ceux qui ont reçu la Parole.

Le premier terrain, le chemin, est l’image d’un cœur distrait, rempli de préoccupations qui endurcissent la conscience ; les grains tombés sur le chemin (le lieu où tout le monde passe) sont foulés aux pieds ou dévorés par les oiseaux du ciel, figure du mépris de la parole et du travail de Satan, « le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules » (2 Cor. 4:4), qui ôte de leur cœur la Parole pour qu’ils ne soient pas sauvés (v. 12). Des personnes, par ailleurs remplies de qualité, ont ainsi un cœur dur dans lequel la Parole n’a pas d’accès. Mais l’avertissement est aussi pour les vrais chrétiens : le cœur s’endurcit pratiquement au contact du monde et de ses distractions (un cœur distrait est un fléau pour le chrétien : J. N. D.)

Le monde est de plus en plus organisé loin de Dieu et possède des moyens d’information qui atteignent tous les hommes, plus puissants et plus néfastes que les moyens de destruction du corps ; parmi les vrais croyants le mal risque d’être incalculable si nous ne veillons pas. Les choses légitimes de la vie sont aussi un danger pour tous : Marthe distraite par beaucoup de service n’écoutait pas la Parole du Maître et c’est Marie qui avait la bonne part ; aux jours de Noé, ceux qui ont été emportés par le déluge ne faisaient extérieurement rien de répréhensible (Matt. 24), de même que toutes les excuses données en Luc 14 pour ne pas entrer au souper de la grâce paraissent plausibles. En fait, c’est l’état profond du cœur qui est en cause, et l’amour pour Christ qui est mis à l’épreuve.


8.2 - Luc 8:6 et 13

27-10-1970

Le deuxième terrain sur lequel le Seigneur sème la Parole est le roc ou les endroits rocailleux, dont la nature même indique qu’il ne peut être labouré.

La Parole y est reçue avec joie : « aussitôt », nous est-il dit en Matthieu et Marc, pour marquer l’enthousiasme spontané ; mais quand la parole apporte la tentation c’est-à-dire la tribulation, la persécution et l’affliction, elle est abandonnée. C’est la preuve que la conscience n’a pas été amenée dans la présence de Dieu.

Pour que le travail vital soit accompli, il faut que la Parole implante ses racines dans la conscience pour l’exercer et la réveiller ; l’évangile apporte ensuite la joie, dans la réponse aux besoins profonds de l’âme. C’est la joie de l’Esprit Saint liée aux grandes tribulations qui avait accompagné la Parole reçue par les Thessaloniciens (1 Thess. 1:6), caractère aussi du royaume de Dieu de Rom. 14:17 : « le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint ».

Lorsque l’intelligence seule est touchée la parole est « comme un chant agréable, une belle voix, et quelqu’un qui joue bien » (Éz. 33:32), un sentiment naturel d’affection peut répondre à la bonne nouvelle du salut ; mais le cœur ne garde pas la parole parce que la conscience n’a pas été atteinte ; l’œuvre n’est que pour un temps et disparaît.

L’enseignement donné ici s’adresse à tous : particulièrement aux enfants de chrétiens qui ont le privilège d’une éducation chrétienne et d’une position particulière de sainteté, mais qui doivent trouver Dieu pour que s’établisse un lien vital de leur âme avec Lui ; mais aussi aux vrais chrétiens pour les garder de porter un jugement hâtif sur le véritable état des âmes, notamment lors des admissions à la table du Seigneur ; certaines personnes peuvent suivre les chrétiens pour d’autres motifs que l’attachement à Christ, et les tentations par lesquelles la foi est mise à l’épreuve peuvent revêtir des formes variées : l’appel à des renoncements, l’opposition du monde poussé par Satan : la parole reçue avec joie est alors abandonnée dans les tribulations.

C’est le triste cas de beaucoup de disciples de Jésus : « plusieurs de ses disciples se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui » (Jean 6:66) en considérant les difficultés du chemin avec Jésus.

Mais quelle différence avec Pierre qui exprime alors la vraie foi et l’expression des vrais besoins de l’âme auxquels Jésus seul pouvait répondre.

Lorsque Jésus est reçu dans le cœur, la vie éternelle est là : « il étendra ses racines vers le courant… sa feuille sera toujours verte… il ne cessera de porter du fruit » (Jér. 17:8).


9 - Luc 9

9.1 - Luc 9:22-27

03-08-1971

À partir du v. 22, le Seigneur se présente à ses disciples comme le Fils de l’homme, et comme tel Il devait souffrir et être mis à mort, puis ressusciter le troisième jour.

Il prendra aussi cette position de Fils de l’homme selon le Ps. 8 et la déclaration de Jean 5:27 : « il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’il est fils de l’homme » pour exercer le jugement et entrer dans Sa gloire (Luc 9:26).

Mais la mort de Jésus allait ouvrir le chemin du ciel — alors que le royaume terrestre était reporté à des temps à venir — et aussi donner la vie éternelle.

C’est pourquoi, il fallait renoncer à tout pour l’obtenir, même à sa propre vie dans ce monde-ci. Le monde dans lequel Jésus a souffert et a connu la mort est maintenant placé sous le jugement de Dieu : quiconque y cherche ses aises, la satisfaction de ses désirs perdra sa vie pour l’éternité et connaîtra la mort éternelle. Un choix solennel s’offre donc aux hommes entre la mort dans ce monde et la vie dans l’éternité, ou la vie dans ce monde-ci et la mort éternelle dans l’au-delà. C’est donc au cours du passage d’un homme sur la terre que se décide le sort éternel de son âme. Mais c’est aussi ici-bas que le croyant amasse par lui-même un trésor pour l’éternité (1 Tim. 6:19) ou au contraire devra plus tard subir une perte (1 Cor. 3:15). Aussi pour suivre le Seigneur, fallait-il porter sa croix chaque jour : c’était là l’épreuve, « portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus (2 Cor. 4:10) ; il faut ainsi poursuivre son chemin chaque jour en se renonçant à soi-même dans le secret. Il faut revenir à Guilgual, le lieu sans apparence de la mise à mort de la chair.

La promesse du Seigneur que celui qui perdrait sa vie pour l’amour de Lui la sauverait, est répétée aux fidèles de Smyrne : « Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2:10). Quel encouragement pour les innombrables croyants qui ont donné leur vie pour le Seigneur !

Un Sauveur humilié et rejeté, dont le visage était défait plus que celui d’aucun homme — (Ésaïe 52) — était aussi la pierre de touche touchant l’attachement à Sa personne et à Ses paroles.

Paul exhortait ainsi Timothée à ne pas avoir « honte du témoignage de notre Seigneur » (2 Tim. 1:8).

Jean avait été exilé dans l’île de Patmos « pour la Parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ » (Apoc. 1:9).

Le Seigneur aurait honte plus tard de ceux qui, maintenant, avaient honte de Lui : « si nous le renions, lui aussi nous reniera » (2 Tim. 2:12), car le Fils de l’homme, maintenant rejeté, apparaîtra avec puissance pour prendre possession de son royaume, dans une gloire qui revêt trois aspects (Luc 9:26) :

Le paragraphe se termine enfin par un encouragement que le Seigneur voulait donner aux siens pour fortifier leur foi au milieu d’un chemin de souffrance dans ce monde, en leur présentant une manifestation glorieuse du royaume de Dieu qui ne pouvait pas s’établir alors.


9.2 - Luc 9:28-36

17-08-1971

Le Seigneur voulait fortifier la foi de ses trois disciples Pierre, Jacques et Jean dont Il voulait faire des colonnes dans l’assemblée (Galates 2:9), et Il leur montre la gloire du royaume de Dieu. D’après les autres évangiles, nous savons qu’une semaine après cette scène de la transfiguration, Jésus monte à Jérusalem pour y être crucifié ; la scène elle-même se plaçant une semaine après l’entretien avec Ses disciples, où Pierre l’avait reconnu « Christ de Dieu » (Luc 9:20).

Luc indique que c’était environ 8 jours après — le huitième jour est celui de la résurrection — la gloire du royaume étant liée à la résurrection. Luc seul aussi nous indique que Jésus était monté pour prier : c’est la dépendance de l’homme abaissé.

Comme Il priait, son visage est devenu tout autre, et son vêtement blanc et resplendissant comme un éclair : la lumière de la gloire de Dieu resplendira sur une scène de ténèbres. C’est ainsi glorifié que Jésus apparaîtra à ceux qui l’attendent. En Matthieu le visage du roi resplendit comme le soleil, alors qu’en Marc les vêtements du parfait serviteur sont brillants et d’une extrême blancheur.

Puis Moïse et Élie apparaissent en gloire avec Jésus, partageant la gloire avec Lui, car les saints de l’Ancien Testament ont une part à la gloire du royaume en vertu de la mort de Christ.

Moralement, Moïse et Élie sont aussi une figure des saints (Moïse type des saints endormis et Élie des saints vivants transmués à la venue du Seigneur) ayant part à la gloire céleste du royaume tandis que les disciples sur la montagne représentent la partie terrestre de celui-ci, en même temps que l’église sur la terre.

Enfin, Moïse et Élie représentent dispensationnellement la loi et les prophètes. La loi avait été donnée par Moïse, Élie le prophète avait parlé à Israël alors que le peuple mûrissait pour l’apostasie et, constatant l’inutilité de son service, était retourné en Horeb, reportant pour ainsi dire la loi où elle avait été donnée.

La loi et les prophètes avaient été jusqu’à Jean, le plus grand d’entre eux. La loi prenant fin ainsi que la prophétie — leur témoignage demeurant toutefois à la justice de Dieu (Rom. 3:21) — Christ reste seul, et Il allait être crucifié. Sa mort, occupait Moïse et Élie qui parlaient avec Lui, s’entretenant ainsi familièrement de ce qui était le plus près de Son cœur. Les saints sont ainsi dans la même gloire que Jésus (c’est la gloire du royaume dans son caractère général et non pas la gloire essentielle de Christ comme Fils éternel du Père). « Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Cor. 15:49), « prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » (Rom. 8:29).

Pierre, s’étant réveillé du sommeil qui l’accablait avec Jacques et Jean, ne voit ensuite que l’introduction de Christ dans une gloire égale à celle de Moïse et Élie. Ces deux hommes disparaissent alors, et Jésus reste seul, et le Père adresse alors Son témoignage aux trois disciples — des saints vivants sur la terre — et non pas à Moïse ni à Élie. Jésus restant seul (c’est Sa place pour l’Église) les trois disciples sont conduits dans la demeure du Père et dans la gloire magnifique, ayant part à la communion avec le Père et avec le Fils. Jésus, centre des affections du Père, est l’objet qui remplit la scène pour nous.

La nuée qui couvre cette scène — une nuée lumineuse selon Matt. 17:5 — c’était la demeure de Dieu, la nuée qui couvrait la tente d’assignation (Ex. 40:34), qui conduisait le peuple (Nb. 9:15-23), dans laquelle Dieu apparaissait sur le propitiatoire (Lév. 16:2).

De cette nuée Dieu parle pour rendre témoignage à Son Fils. Matthieu seul nous donne le témoignage complet : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le » (Matt. 17:5). Le serviteur de Ésaïe 42:1 — « en qui mon âme trouve son plaisir » — n’avait pas encore achevé son service. Mais c’était le Fils bien-aimé car « à cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie ».

Luc seul nous montre, outre le royaume, cette nuée comme préfigurant La nuée, la Shekina de gloire, et la demeure du Père comme la vraie et éternelle demeure des saints.


9.3 - Luc 9:51-53

14-09-1971

Aux v. 49 et 50 nous voyons la deuxième des trois formes d’égoïsme manifestées par les disciples après être descendus de la montagne (personnel, collectif ou religieux). La contestation qui avait eu lieu entre eux pour savoir lequel serait le plus grand manifestait leur égoïsme personnel (v. 46). Le Seigneur y avait répondu en grâce en leur présentant le caractère d’un petit enfant et en leur rappelant la valeur du Nom de Jésus.

Jean, dès lors, pense à quelqu’un qui avait chassé les démons en ce nom. Les disciples voyant cela le lui avaient défendu : leur égoïsme de corps — pourrait-on l’appeler égoïsme ecclésiastique en rapport avec le danger correspondant pour nous — les poussait à conserver le monopole du service pour Christ. Ils pensaient à leur propre gloire plutôt qu’à celle de leur Maître, car cet homme avait accompli précisément ce que les disciples n’avaient pu faire, eux qui pourtant suivaient le Seigneur.

En réponse à leur étroitesse de cœur, le Seigneur leur montre, qu’à ce moment où Il était absolument rejeté, celui qui se déclarait pour Christ, était avec les disciples qui le suivaient : « car celui qui n’est pas contre vous est pour vous ».

L’évangile de Marc ajoute d’autres détails à cette scène. La réponse du Seigneur à Jean y est : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Il identifie Ses faibles disciples avec Lui-même bien que ceux-ci ne manifestent pas à ce moment la profondeur de la grâce, qui était en Moïse en face de Eldad et Médad prophétisant dans le camp (Nb. 11:27), ou dans le cher apôtre Paul, prisonnier à Rome, en face de ceux qui prêchaient le Christ par envie ou par esprit de parti (Philip. 1:15-17).

À partir du v. 51, nous est présenté le dernier voyage du Seigneur à Jérusalem dont le Seigneur parle à nouveau à ses disciples au chapitre 18:31 : « Voici, nous montons à Jérusalem », la partie de cet évangile correspondante étant remplie d’une série d’instructions morales dont la plupart ne sont pas données dans les autres évangiles. « Les jours de son assomption s’accomplissaient » : c’était le moment où le Fils de l’homme devait être élevé de la terre pour monter où Il était auparavant (Jean 6:62), mais après la mort et la résurrection. « Il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem » — « Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés » (Luc 13:34).

Par l’Esprit prophétique, Il avait dit autrefois (Ésaïe 50:7) : « J’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus ».

Serviteur parfait, et ayant accompli son service dans l’obéissance, le Seigneur aurait pu sortir libre. D’une manière plus excellente que le serviteur hébreu d’Exode 21:5, Il a dit positivement : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre ». Le vrai grain de blé tombant en terre devait mourir pour porter beaucoup de fruit (Jean 12:24).

En chemin pour Jérusalem, les disciples étaient stupéfiés et craignaient en le suivant (Marc 9), le Seigneur avait devant Lui les souffrances, le jugement divin et la mort.

« J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Luc 12:50).

Tout au long de son ministère, Il avait accompli la volonté de Son Père quelle que soit la souffrance qui s’y liait, et maintenant les circonstances étaient de plus en plus douloureuses pour Lui : néanmoins sa face restait tournée vers Jérusalem (v. 53), parfait exemple de ce que devrait être notre chemin en suivant le Seigneur avec un œil simple.

Mais si le Seigneur s’avançait vers la croix, il avait conscience aussi de la gloire royale qui lui serait un jour reconnue dans cette ville qui maintenant devait le saluer comme roi d’Israël. Il envoie ses disciples lui préparer un logis dans un village de samaritains. Pour eux, Jésus n’était qu’un juif, objet de la haine de ce peuple étranger, mélangé à Israël depuis bien des siècles au milieu même du pays. Et pour les Juifs, Jésus n’était qu’un samaritain méprisé.

À tous égards, l’homme n’a eu pour Lui aucune estime (Ésaïe 53).


9.4 - Luc 9:53-56

21-09-1971

La scène rapportée dans les v. 52 à 56 fait ressortir les perfections insondables du Seigneur en face de l’égoïsme de la chair et des pensées naturelles de l’homme manifestées même par les disciples.

Un village de samaritains n’ayant pas reçu Jésus qui montait à Jérusalem, les disciples Jacques et Jean voulaient appeler un miracle de jugement sur eux dans l’esprit d’Élie, tandis que Jésus, ayant censuré fortement ses disciples, s’en va avec eux dans un autre village.

Cette scène, comme bien d’autres rapportées dans les Évangiles, celui de Luc surtout, fait ressortir les perfections de Christ dans toutes les circonstances :

Au reste si les disciples autrefois, et nous-mêmes maintenant, ne sommes pas animés de l’Esprit de Christ, n’est-ce pas quelquefois de celui du méchant ?

C’est pourquoi le Seigneur reprenait ses disciples autrefois par Sa Parole, il le fait encore pour nous aujourd’hui par cette Parole, ou par le moyen de services ou de ministères accomplis par les siens.

— La perfection en grâce du Seigneur est aussi manifestée en ce qu’Il va avec les disciples dans un autre village.

— Enfin toutes ces scènes déploient devant nous les souffrances du Seigneur comme homme, permises par le Père, comme devant constituer la coupe des souffrances endurées de la part des hommes et même des disciples, souvent éloignés des pensées de Son cœur malgré leur proximité de Lui et animés aussi par les pensées de leur cœur naturel.

Mais la conduite des disciples nous apporte d’autres enseignements bien importants : Le Seigneur ne venait pas maintenant dans la puissance d’Élie qui avait autrefois appelé le feu du ciel dans cette même Samarie qu’ils traversaient, mais beaucoup plus dans celle d’Élisée qui avait exercé son ministère en traversant le Jourdain sur le terrain de la vie et de la résurrection. Le Seigneur saura bien plus tard appeler ce solennel jugement sur ceux qui auront refusé de le reconnaître : « amenez-les ici et tuez les devant moi » (Luc 19:27). Maintenant le Fils de l’homme n’était pas venu pour détruire les vies des hommes mais pour les sauver (note du v. 55).

Les disciples étaient ignorants des pensées de grâce du Seigneur et manifestaient un égoïsme subtil de caractère religieux qui se revêtait d’une apparence de zèle pour Christ.

Rappelons-nous que la proximité du Seigneur pour les disciples et le contact des choses divines ou de la Parole pour nous, ne suffit pas pour empêcher la manifestation de la chair incorrigible.

Il nous faut la grâce de Dieu dans la puissance de l’Esprit, Esprit que les disciples n’avaient pas à ce moment.

Précédemment, les disciples s’étaient plu à raconter au Seigneur « tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné » (Marc 6:30).

Le Seigneur les invite alors à se reposer à l’écart et sonde leur cœur en leur demandant de donner à manger aux foules qu’ils étaient disposés à renvoyer à jeun (Marc 6:35).

Plus tard, les disciples dans la puissance de l’Esprit accomplissent des miracles et des prodiges comme ceux du Seigneur lui-même ; ils seront alors heureux de reconnaître ce que « Dieu avait fait par leur moyen parmi les nations ».


10 - Luc 10

10.1 - Luc 10:25-30

22-08-1972

La parabole du Samaritain montre le changement moral apporté par la grâce, manifestée dans la personne du Seigneur lui-même, et remplaçant les exigences de la loi que l’homme avait violée.

Un docteur de la loi vient à Jésus pour l’éprouver, non pas pour apprendre de Lui. Cet homme, ignorant son véritable état, croyait pouvoir faire quelque chose pour obtenir la vie éternelle.

La possession de la vie était présentée aux Juifs comme une conséquence de l’obéissance à la loi : « afin que vous viviez, et que vous prospériez, et que vous prolongiez vos jours dans le pays que vous possèderez » (Exode 20 et Deut. 5:33). Mais le péché était entré dans le monde à la chute d’Adam, et par lui, la mort. Aussi, sur le principe des œuvres, nulle chair ne peut être sauvée et acquérir la vie éternelle. La vie éternelle est celle de Dieu lui-même. Elle est en Christ et a été manifestée par Lui sur la terre : « En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1:4) et « nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée » (1 Jean 1:2). C’est la part de tous les élus des différentes dispensations, les chrétiens ayant de plus le privilège particulier d’avoir l’Esprit Saint.

La vie éternelle, reçue par la foi, et comme elle, un don de Dieu : « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:11), « Qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3:36), « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Éph. 2:8).

La vie éternelle est la première des 7 très grandes et très précieuses promesses de 2 Pierre 1 : « l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles » (Tite 1:2), « c’est ici la promesse que lui nous a promise, — la vie éternelle » (1 Jean 2:25).

Selon les conseils de Dieu, la vie éternelle est donc présentée comme un don assuré de Lui, comme le salut par grâce et par la foi.

En ce qui concerne la responsabilité de l’homme et le gouvernement de Dieu sur la terre, la vie éternelle, comme le salut de la course, sont présentés comme une conséquence de la marche. La fin de Romains 6 est remarquable à cet égard : « ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (v. 22, 23). La vie éternelle est en outre liée à la justification par le sang de Christ, c’est « une justification de vie », et à la justice : « la grâce règne par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur » (Romains 5:18, 21).

C’est ainsi que nous sommes justifiés par Dieu sur le principe de la foi et non pas par des œuvres de loi (opposition entre Romains 3:20 et 3:25).

À la question du Seigneur : « Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ? », le docteur répond d’une manière extérieurement parfaite en résumant l’ensemble du décalogue, comme le Seigneur lui-même l’a fait en réponse à un scribe qui répond à son tour : « c’est plus que tous les holocaustes et les sacrifices » (Marc 12:33), ou à un pharisien docteur de la loi : « De ces deux commandements dépendent la loi tout entière et les prophètes » (Matt. 22:36, 40). C’est ainsi que « l’amour donc est la somme de la loi » (Romains 13:10), « la loi royale » (Jacques 2:8).

En fait, l’amour touche à la nature même de Dieu et l’amour n’est pas dans le cœur de l’homme naturel, ni pour Dieu qui est loin, ni pour son prochain que l’égoïsme empêche de discerner comme tel.

Le croyant a pour privilège infini que l’amour de Dieu soit versé dans son cœur par le Saint Esprit et sa nouvelle nature lui permet d’aimer Dieu et ses frères, preuve de la réalité de la vie divine en lui : « nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu » (1 Jean 5:2).

Ce n’était pas à ce moment-là la part du docteur de la loi, qui traduit l’état profond de son cœur en demandant qui était son prochain.


10.2 - Luc 10:30-34

29-08-1972

Le docteur de la loi qui voulait acquérir la vie éternelle sur le principe des œuvres de loi était touché dans sa conscience par la réponse du Seigneur, et il se trahit en demandant : qui est mon prochain ?

Le Seigneur lui montre alors que sur le principe de la loi il ne pouvait pas être sauvé ; un changement moral complet intervenait par l’introduction de la grâce manifestée dans la puissance du Seigneur lui-même. Il fallait que le docteur de la loi, comme tout homme, se reconnaisse dans cet homme tombé aux mains des voleurs. Le Seigneur venait, ému de compassion, comme ce Samaritain méprisé qui ne demandait pas qui était son prochain, mais qui agissait en grâce sans demander le titre qu’avait cet homme à son amour, ce qui est le propre même de la grâce.

La parabole donnée par le Seigneur est donc la figure de l’histoire de tout homme sur la terre qui descend, dans son état naturel, de Jérusalem à Jéricho. Jérusalem était le lieu de la bénédiction et de la présence de Dieu : « les montagnes de Sion… c’est là que l’Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité » (Ps. 133:3) et « mes yeux et mon cœur seront toujours là » (2 Chr. 7:16).

Jéricho, au contraire, était le lieu de la malédiction malgré sa situation privilégiée dans la plaine arrosée du Jourdain, la ville des palmiers (Deut. 34:3) ; elle avait été maudite par Josué après sa destruction (Josué 6), une sentence de condamnation ayant été prononcée sur celui qui la rebâtirait. 530 ans plus tard, Hiel, le Béthélite a reconstruit la ville pendant le règne d’Achab (1 Rois 16:34).

Le chemin qui descend de Jérusalem à Jéricho est extrêmement rapide : une dénivellation supérieure à 1100 m. parcourue en 23 km.

Ce voyageur qui l’empruntait, tombé entre les mains des voleurs, est l’image de tout homme dans la chair. L’homme, par sa désobéissance, a perdu le paradis terrestre et le droit à la présence de Dieu. Écoutant la voix de Satan, menteur, meurtrier et séducteur, il descend cette pente rapide du péché qui le conduit à la perdition et à la malédiction. Satan l’a dépouillé de tout : dans sa nudité, c’est-à-dire sans Christ, il ne peut se tenir devant Dieu. Il est couvert de blessures et laissé à demi-mort au bord du chemin, sans espoir d’échapper par lui-même. Cette triste description est à rapprocher de celle que donnent Ésaïe et Jérémie de l’état du peuple d’Israël :

« Tout est blessure, et meurtrissure, et plaies vives ; elles n’ont pas été pansées, ni bandées, ni adoucies avec l’huile » (Ésaïe 1:6).

« Ta blessure est incurable, ta plaie est difficile à guérir » (Jérémie 30:12).

Quel solennel avertissement, en même temps à tous les hommes, particulièrement aux jeunes : Satan et le monde trompent les âmes, les entraînent dans le péché puis les abandonnent à leur amertume.

L’état de l’homme tombé aux mains des voleurs correspond à celui qui est décrit en Éphésiens 2 et Colossiens 2 : « nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés ». Il est à rapprocher de celui du fils prodigue de la parabole de Luc 15 qui avait tout dépensé dans le pays éloigné en vivant dans la débauche, auquel correspond le portrait de Romains 3 ou Colossiens 3 : « Il n’y a point de juste… ils se sont tous détournés… vous viviez dans ces choses ».

« Par aventure », un sacrificateur descendait, puis un lévite. Qu’avaient-ils à faire sur ce chemin, alors que leur place était à Jérusalem, tous deux comme les dépositaires de la loi : l’un pour garder la connaissance comme messager de l’Éternel des armées (Malachie 2:7), l’autre pour servir le tabernacle et « faire comprendre la loi au peuple » (Néhémie 8:7). Ni l’un ni l’autre n’ont eu aucune compassion de l’homme tombé ; au reste ils ne pouvaient porter remède à son état misérable, mais seulement constater sa ruine irrémédiable.

« Mais un Samaritain, allant son chemin, vint à lui, et, le voyant, fut ému de compassion, et s’approcha » (v. 33). Qui était en figure ce Samaritain méprisé ? C’était le Fils de Dieu, venu du ciel en grâce pour chercher et sauver ce qui était perdu. C’était « Son chemin » qu’Il suivait, non pas par aventure, mais tracé par Dieu. Jérusalem était pour Lui, le ciel, demeure éternelle et familière du Fils. Jéricho était le lieu de la malédiction prononcée sur celui qui serait pendu au bois (Galates 3:13). Au reste, le Seigneur est effectivement venu à Jéricho où Il a guéri l’aveugle Bartimée, et un autre aveugle, puis Il a rencontré Zachée (Matt. 20:33, 34 ; Marc 10:46-52 ; Luc 18:35-43 et Luc 19) avant de monter à Jérusalem où Il a été crucifié. Les Juifs n’avaient pas de relation avec les Samaritains (Jean 4:9), car les villes de Samarie étaient habitées par des nations échangées (2 Rois 17:24). Les Juifs ont appelé le Seigneur, Samaritain, un signe de mépris, et ont osé lui dire qu’Il avait un démon : « Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon ? » (Jean 8:48). Il était pourtant Dieu manifesté en chair, venu en grâce pour visiter l’homme perdu et prendre sur Lui son état.


10.3 - Luc 10:34, 35

05-09-1972

Cette parabole, si riche d’enseignements, nous présente :


1) Le Samaritain allait son chemin : Christ « a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance » (Actes 10:38). Ce chemin le conduisait à rencontrer cet homme blessé, à demi-mort. Le bon berger va chercher aussi sa brebis perdue selon la parabole de Luc 15, réalisation de la déclaration de Dieu dans Ézéchiel 34 qu’Il s’occuperait de Ses brebis malades ou égarées, non comme les mauvais pasteurs qui ne s’en occupaient pas. De même aussi, le Seigneur devait traverser la Samarie pour rencontrer la femme au puits de Sichar.


2) Christ est ému de compassion : Il vient, le voit et s’approche. Dieu aussi, aux temps des Juges et de Jérémie était ému de compassion envers Son peuple : « son âme fut en peine de la misère d’Israël » (Juges 10:16), « ses compassions ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin » (Lam. de Jér. 3:22, 23). Christ entrait maintenant, en les portant, dans les détresses et les misères des pécheurs.


3) Il bande les plaies et y verse de l’huile et du vin. Il fallait pour cela s’abaisser jusqu’à terre pour soigner cet homme blessé. L’expression la plus élevée de l’amour de Dieu est de s’occuper des souillures pour les purifier. Le Seigneur a accompli ce sacrifice pour ses disciples en Jean 13, en en laissant le modèle pour nous. Ce travail de la grâce dans la vérité n’est pas celui qui s’accomplissait au temps de Jérémie : « ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple légèrement, disant : Paix, paix ! et il n’y avait point de paix » (Jér. 6:14). L’huile et le vin nous parlent de la grâce à l’œuvre par l’action du Saint Esprit produisant la vérité puis la joie.


4) L’ayant mis sur sa propre bête, il le mène à l’hôtellerie.

Cet homme blessé qui venait d’être l’objet de tant de soins d’amour, ne pouvait être abandonné sur ce chemin désert sans être exposé à de nouveaux périls. Le Samaritain le prend en charge sur sa propre bête, lui-même allant à pied. Le Seigneur s’est dépouillé et a vécu dans la pauvreté pour nous enrichir (2 Cor. 8:9). L’hôtellerie est le lieu où les âmes sont en sécurité en attendant l’introduction dans la maison du Père. C’est pour nous l’Assemblée sur la terre où se trouvent paix et ressources, l’activité du Saint Esprit étant figurée par l’hôtelier, comme autrefois Éliézer s’occupait de Rebecca dans son chemin à la rencontre d’Isaac (Gen. 24). Le Samaritain laisse alors deux deniers à l’hôtelier en s’en allant. C’était une faible somme, car l’absence devait être très courte. Le Seigneur a quitté les siens pour peu de temps en leur disant : « je viens bientôt ».

Toutefois, les provisions de la grâce du Seigneur sont illimitées, car toute la dépense était couverte par le Samaritain.

La grâce et la paix nous sont assurées pendant toute l’absence du Seigneur et Ses ressources demeurent : la Parole et la prière toutes deux liées à l’Esprit Saint que le Seigneur a envoyé (Jean 16:7), avec la promesse : « il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (Jean 16:14), car c’est le travail parfait du Seigneur envers les siens qui nous est présenté. Rien n’est dit de l’activité ou des sentiments du blessé envers son bienfaiteur.

Il y a donc la joie du Seigneur, du Saint Esprit et du Père dans cette activité, comme dans les paraboles de Luc 15 où l’activité des trois personnes divines envers les objets de la grâce concourt à la joie entière du ciel.


10.4 - Luc 10:36-39

12-09-1972

Le Seigneur, connaissant parfaitement les cœurs, répond à chacun selon son état. Ici le docteur de la loi voulait l’éprouver, puis se justifier. Le Seigneur lui répond d’abord : « fais cela, et tu vivras » (v. 28) mettant en avant les exigences de la loi auxquelles l’homme ne pouvait satisfaire, puis : « va, et toi fais de même » (v. 37) après avoir exposé la parabole du Samaritain.

La grâce, manifestée en Christ introduisait ainsi un changement moral complet. Le docteur de la loi devait d’abord reconnaître son propre état, recevoir Jésus en se laissant approcher et aimer par Lui, au lieu de le mépriser comme les chefs du peuple. Il est significatif que ce docteur ne prononce même pas le nom de samaritain : il l’appelle : « celui qui a usé de miséricorde » (v. 37), ayant reconnu en Jésus la grâce qui le faisait être le prochain de tous ceux qui avaient besoin de secours ; tout homme reçoit alors gratuitement la vie divine, la vie éternelle et peut aimer à son tour.

« Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19).

Le pardon absolu touchant à la paix de l’âme est lié de manière remarquable à l’amour produit dans le cœur par le sentiment de la grâce de Dieu ; dans le cas de la femme pécheresse, dans la maison de Simon le pharisien, le Seigneur dit : « Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé » (Luc 7:47).

Dieu a démontré son amour envers nous lorsque nous étions à la fois pécheurs et morts dans nos fautes et dans nos péchés. Si nous avons goûté la miséricorde du Seigneur, Son amour nous étreint, et nous pouvons supplier par Lui (2 Cor. 5).

Nous suivons alors Jésus dans la maison de Marthe, à Béthanie, comme nous l’apprennent les autres passages mentionnant Marie : Matt. 26 ; Marc 14 ; Jean 11 et 12. La place de cette scène de Marie aux pieds de Jésus est remarquable dans l’ordre moral de ces chapitres, où nous sommes placés dans la sphère meilleure des choses célestes remplaçant les ordonnances légales, au moment où Jésus, le Messie, était rejeté et où Israël était mis de côté :

Béthanie était la place des biens-aimés du Seigneur, car « Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare » (Jean 11:5), mais ce qui donnait la valeur à cette maison de Béthanie, c’était la présence de Jésus qui en était l’hôte.

Marie l’avait compris et prenait la place convenable à ce moment : aux pieds de Jésus, écoutant sa parole (v. 39), dans le calme et l’humilité, prête à recevoir.


Dans les trois circonstances où la Parole nous présente Marie de Béthanie :


Marthe, au contraire, était distraite par le service : voulant faire quelque chose, elle était pleine de prévenances pour le Messie sur la terre. Une chose était plus importante à ce moment : c’était écouter la parole de Jésus en manifestant que Sa personne avait du prix pour le cœur.


11 - Luc 20:47 et 21

11.1 - Luc 20:47 à 21:7

09-08-1977

Les scribes faisaient autrefois de longues prières pour calmer leur conscience lorsqu’ils dévoraient les maisons des veuves.

Le danger subsiste pour nous des prières trop longues ou manquant de réalité.

« Quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme ceux des nations, car ils s’imaginent qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup » (Matt. 6:7).

« Ne te presse point de ta bouche, et que ton cœur ne se hâte point de prononcer une parole devant Dieu ; car Dieu est dans les cieux, et toi sur la terre ; c’est pourquoi, que tes paroles soient peu nombreuses » (Ecclésiaste 5:2).

Celui qui prie en assemblée est l’organe de l’assemblée qui s’adresse à Dieu, de sorte que l’édification n’y a point de place, bien que l’assemblée puisse être édifiée par une prière présentée par l’Esprit Saint.


Les 4 premiers versets du ch. 21 présentent l’offrande de la veuve, mentionnée aussi en Marc 12:41-44. Les deux pites de la veuve étaient peu de choses en comparaison des dons des gens riches. Mais le Seigneur pesait les choses à la balance du sanctuaire, considérant beaucoup plus l’offrande d’après ce que l’on gardait pour soi ; or la veuve avait tout donné ce qu’elle avait, manifestant ainsi la réalité de sa foi en Dieu, comme la veuve de 1 Tim. 5:5 qui « laissée seule, a mis son espérance en Dieu ».

Dans un temps d’autrefois, la veuve de Sarepta visitée par le prophète Élie, avait été mise à l’épreuve de sa foi, lorsqu’elle devait prendre soin de l’homme de Dieu, avant de penser à elle-même et à son fils (1 Rois 17:13).

Quel contraste saisissant entre ces deux veuves et l’état moral d’Ananias et Saphira qui, de connivence, gardent par devers eux une partie du prix de leur terre.

Dieu juge les motifs et pensées du cœur, tels que manifestés par nos actes, le Seigneur regardait ainsi comment la foule jetait de la monnaie au trésor, et non pas ce qu’elle donnait (Marc 12:41).

Promptitude à donner libéralement, joie du cœur à le faire (2 Cor. 9:2 et 9 :7), se donner premièrement au Seigneur et ensuite aux saints, comme les croyants de la Macédoine (2 Cor. 8:5) et « Il est plus heureux de donner que de recevoir » (Actes 20:35).

Ce sont donc les exhortations données dans le Nouveau Testament en rapport avec la bienfaisance, mais qui règlent aussi nos cœurs en rapport avec le service de la louange, ces deux services étant liés en Hébreux 13. Le cœur attaché au Donateur, lui rend ce qui vient de Lui comme David autrefois en 1 Chr. 29.


À partir du v. 5, le Seigneur annonce prophétiquement ce qui allait arriver à la ville de Jérusalem et au temple juif.

C’est la vue du temple magnifique, soulignée par les disciples, qui donne l’occasion au Seigneur de leur annoncer ces événements à venir.

Moins complète que la prophétie correspondante de Matt. 24 et 25, celle de Luc annonce la destruction de Jérusalem (v. 12-24), mais s’étend néanmoins sur toute la période séparant les deux venues de Christ sur la terre, en traversant la période de l’Église.


11.2 - Luc 21:8 à 15

16-08-1977

Le Seigneur enseigne à ses disciples, dans cet évangile, le témoignage qu’ils auront à Lui rendre sur la terre après son départ, jusqu’à son retour en gloire, c’est-à-dire pendant toute la période entre sa première et sa seconde venue.

Jusqu’au v. 25 et particulièrement dans les v. 12 à 25 il s’agit de la période qui a immédiatement suivi l’ascension de Christ dans le ciel jusqu’à la destruction de la ville de Jérusalem par les armées romaines en l’année 70, lorsque le temple a été entièrement brûlé par le feu puis détruit, et environ un million de Juifs périrent. C’est le jugement qui a mis fin à l’histoire de ce peuple sur la terre avant la restauration et la bénédiction de la période millénaire. Dans l’intervalle se déroule la période du « temps des nations » (v. 24) qui se terminera par la venue en gloire de Christ et les jugements qui la précéderont.

Les évangiles de Matt. et Marc en rapportant les paroles prophétiques du Seigneur (Matt. 24 et 25 et Marc 13), insistent toujours sur le peuple Juif et sur ces événements de la fin qui précéderont immédiatement l’introduction du règne de Christ, encore à venir pour nous, et qui ne forment pas à proprement parler l’objet de notre espérance ni l’occasion de notre exhortation. Toutefois les principes moraux présentés subsistent et s’appliquent à l’Église.

Le premier danger pour les disciples était de se laisser séduire par des hommes venant au Nom du Seigneur, c’est ainsi que Satan, le serpent ancien se déguise encore en ange de lumière. Nous ne devons écouter que la voix du Bon Berger, pas celle des étrangers.

Des signes extérieurs tels que guerres, tremblements de terre, signes dans le ciel, devaient précéder pour les témoins du Seigneur le jugement de Jérusalem (v. 9-11).

Satan emploierait aussi la violence (c’est le deuxième caractère de ses attaques), la persécution, la prison de la part du monde (v. 12-15) et même de la part des membres de la famille du fidèle (v. 16-17).

Le livre des Actes nous rapporte l’accomplissement de cette prophétie en rapport avec plusieurs circonstances des apôtres, Pierre, Jacques et Paul notamment.

La fidélité dans le témoignage pour Christ, devant ce monde, pouvait conduire au martyr (v. 16). C’est un caractère de tous les temps : Jacques, Pierre, Paul, au début de l’Église, les fidèles de Smyrne et Antipas à Pergame plus tard, plus tristement encore les martyrs de l’Inquisition.

Devant les hommes, la confiance paisible en Dieu devait caractériser les témoins :

Christ leur donnerait une bouche et une sagesse à laquelle les adversaires ne pourraient résister.

En Marc 13:11, il est dit : « ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit Saint », tandis qu’en Matthieu 10:20 qui s’applique plutôt à cette période que Matthieu 24 : « ce n’est pas vous qui parlez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parle en vous ».

La patience, autre trait d’un témoignage fidèle, devait prendre possession de l’âme.


11.3 - Luc 21:12-24

23-08-1977

Les v. 12 à 24 se rapportent aux circonstances passées de la destruction de Jérusalem par les armées romaines de Titus.

Les persécutions dirigées contre les croyants viendraient des nations ou des Juifs — expression de la haine religieuse la plus affreuse —, et même au sein des familles, mais le Seigneur veillerait sur les siens : « pas un cheveu de votre tête ne périra » (v. 18). Envoyés comme des brebis au milieu des loups, avec la prudence d’un serpent et la simplicité de la colombe (Matt. 10:16), ils seraient l’objet des soins attentifs du Seigneur, jusqu’au moment où certains devraient sceller leur témoignage par le sacrifice de leur vie (v. 16).

Le signe de la destruction prochaine de Jérusalem serait la présence des armées (v. 20) ; les disciples ont pu effectivement mettre à profit cet avertissement du Seigneur pour trouver refuge en dehors de la ville avant sa destruction. Les exhortations présentées ici dans cet évangile présentent une analogie avec celles des évangiles de Matthieu 24:16-21 et Marc 13:14-18. Ces derniers toutefois se rapportent à un temps à venir qui sera marqué par l’abomination de la désolation : l’idole placée dans le temple de Jérusalem.

Le résidu de ce temps à venir sera aussi invité à fuir Jérusalem pour échapper au double siège dont la ville sera l’objet.

Le jugement qui a atteint le peuple juif coupable du rejet et de la mise à mort du Messie (« Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » ; Matt. 27:25) est qualifié par le Seigneur de jours de vengeance (v. 22), de grande détresse sur le pays (v. 23), de colère contre le peuple (v. 23).

Le peuple avait comblé la mesure de leur égarement, et Dieu visitait leur iniquité sur eux en sortant de son lieu (Ésaïe 26:21), accomplissant ainsi son œuvre étrange et son travail inaccoutumé.

Toutes les prophéties annoncées au v. 24 ont été réalisées à la lettre : morts par l’épée — captivité parmi les nations — la ville foulée aux pieds par les nations.

Nous sommes encore aujourd’hui aux temps des nations, mais ceux-ci s’achèvent. Ce temps a commencé lorsque le Trône de Dieu a été retiré de Jérusalem et le gouvernement confié aux nations, d’abord à Babylone et aux Chaldéens, sous Nébucadnetsar.

Cette période s’achèvera par la destruction du dernier empire, l’empire romain reconstitué, et l’introduction glorieuse du règne de Christ.


11.4 - Luc 21:25-28

31-08-1977

Cette dernière partie du discours prophétique du Seigneur (v. 25 à 28) se rattache directement au v. 12 et concerne les temps de la fin.

v. 9 : la fin ne sera pas tout aussitôt. Il fallait auparavant que les temps des nations soient accomplis. Alors des signes annonceraient la fin, c’est-à-dire la venue en gloire de Christ comme Fils de l’homme :


Les premiers jugements constitueront l’heure de l’épreuve, « un commencement de douleurs » (Matt. 24:8), l’appel à la repentance étant encore adressé aux hommes, car l’évangile du royaume sera prêché.

Ensuite, viendra le jour de la colère où Dieu « sort de son lieu pour visiter l’iniquité des habitants de la terre » (Ésaïe 26:21).

Le début de ce temps terrible pour la terre sera marqué :


Le Seigneur présente ici ces événements en rapport avec son peuple Juif sur la terre, de même que les écrits prophétiques de l’Ancien Testament.

Au contraire, l’Apocalypse considère les Juifs en rapport avec le monde religieux et la fausse église Babylone. Toutefois, les mêmes évènements y sont annoncés :

Les 7 sceaux sont des jugements providentiels exercés par Christ, Agneau qui prend en main le gouvernement du monde. Ces jugements atteignent le quart de la terre, particulièrement le monde christianisé professant.

Les 7 trompettes (contenues dans le septième sceau) sont des jugements publics et directs atteignant le tiers de la terre, s’étendant en Orient sur la terre prophétique, exercés par Christ dans son pouvoir angélique.

Enfin, les 7 coupes de la colère de Dieu (contenues dans la septième trompette dite troisième trompette de malheur) sont des jugements universels.

Les deux premiers groupes de jugements constituent l’heure de l’épreuve alors que les 7 coupes sont celles de la colère de Dieu déjà révélée du ciel maintenant, mais s’abattant sur l’homme de la terre pendant la grande tribulation.


11.5 - Luc 21:27-33

06-09-1977

À partir du v. 25, le Seigneur parle d’événements à venir pour nous, et qui ne concernent pas directement l’Église puisqu’elle sera ravie au ciel auparavant pour ne plus le quitter.

Le Seigneur, dans son caractère de Fils de l’homme revient en gloire sur la terre (v. 27).

C’est la scène décrite en Apocalypse 19:11-16 où le Seigneur vient pour exercer le jugement guerrier avec ses armées célestes. C’est l’éclair qui brille dans le ciel, à la venue du Fils de l’homme en son jour, selon l’expression de Luc 17:24 qui évoque la même période — objet de lamentation pour le monde et les hommes qui y habitent.

« Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui, Amen ! » (Apocalypse 1:7).

Cette apparition est en même temps le signe de la délivrance pour le résidu qui traverse les tribulations de la fin : « regardez en haut, et levez vos têtes, parce que votre rédemption approche » (v. 28).

L’Église aura été enlevée auparavant comme Hénoc l’avait été sans passer par la mort avant le déluge, alors que la part de Noé, sauvé à travers les eaux du déluge, préfigure celle du résidu fidèle de la fin à travers les jugements.

Dans les v. 29 à 36, le Seigneur termine ses paroles prophétiques par une parabole où les Juifs sont montrés sous l’image du figuier et les nations sous celle des autres arbres (v. 29).

Israël est désigné soit comme la vigne de Dieu (Ésaïe 6 en particulier ou Jean 15), soit comme l’olivier (Romains 11) ou le figuier (seul miracle en jugement du Seigneur pendant son ministère).

Ici, les nations (les autres arbres) sont ajoutés à la parabole, car les droits de Christ comme Fils de l’homme sont universels, alors que l’évangile de Matthieu, moins général, considère Christ comme Messie en rapport avec les Juifs.

La résurrection nationale du peuple marque la reprise des relations de Dieu avec son peuple : « quand les arbres ont déjà commencé à pousser… l’été (la période de la bénédiction) est déjà proche » (v. 30), en opposition à Jérémie 8:20 : « La moisson est passée, l’été est fini, et nous ne sommes pas sauvés ».

Car manifestement pour Israël l’hiver est passé (Cant. des Cant. 2:11), où le peuple était « Lo Ammi » ; le royaume de Dieu était proche, son établissement terrestre pour la bénédiction (v. 31).

Au v. 32 le mot génération ne signifie pas la durée de la vie humaine comme en Ecclésiaste 1:4 : « Une génération s’en va, et une génération vient ; et la terre subsiste toujours », mais désigne au contraire le caractère moral de certaines personnes considérées comme formant l’ensemble. Ceux qui allaient rejeter et crucifier Christ à sa première venue manifestaient les mêmes caractères que ceux qui suivraient l’Antichrist et la Bête romaine dans leur révolte ouverte contre Christ à sa seconde venue.

De même ceux qui avaient entouré leur Sauveur rejeté sur la terre en persévérant avec Lui dans les tentations avaient eu le même caractère qu’on retrouvera dans le résidu qui attendra la délivrance à l’apparition glorieuse de Christ.


12 - Luc 23

04-09-1979

v. 44-46

La scène où resplendit la lumière d’un autre monde pour le cœur du brigand purifié par la foi, fait place maintenant aux ténèbres qui convenaient à cette heure solennelle, où Christ entre seul pour supporter la colère de Dieu contre le péché. Comme la nuit de la Pâque qui était à garder pour l’Éternel par Israël, les croyants de l’Église en conservent le souvenir éternel. Les deux évangiles de Matthieu et Marc insistent sur le côté des souffrances expiatoires du Sauveur et rapportent le cri de son abandon de Dieu, selon la parole prophétique du Ps. 22 ; Luc montre cette œuvre de l’expiation, centre des conseils éternels de Dieu, s’accomplissant dans les ténèbres du jugement, en dehors de tout regard, et introduisant alors la lumière d’un chemin nouveau et vivant établi dans les lieux célestes à travers un voile déchiré

Notre communion est avec Dieu par le Seigneur Jésus, et nous sommes saints et irrépréhensibles devant Lui en amour.

Alors, lorsque tout est accompli, le Seigneur encore plein de force, rend Lui-même Son Esprit à Son Père, dernier acte d’une vie entièrement vécue dans la puissance du Saint Esprit et la confiance et la dépendance du Père. La mort est vaincue et Lui y entre alors en pleine communion avec Son Père et non pas sous la colère judiciaire de Dieu.

« En toi, Éternel, j’ai placé ma confiance… En ta main je remets mon esprit » (Ps. 31:1, 5) : prophétie réalisée littéralement en Christ selon la septième parole rapportée par Lui : « Père ! entre tes mains je remets mon esprit » (v. 46).

Alors le Seigneur expire, car Il avait la mort devant Lui, mais l’obéissance à Dieu et la confiance en Son Père étaient également parfaites.

Les Évangiles soulignent les témoignages exceptionnels de la nature à l’égard de son créateur :


Le chemin de la lumière du ciel s’est ouvert pour nous dans les ténèbres des heures de l’expiation, finies en durée mais infinies en profondeur.

Maintenant le chemin de la vie (Ps. 16) nous est fait connaître par Dieu par la mort de Son Fils.