Épître à Tite

F.B. Hole


Table des matières abrégée :

1 - Introduction

2 - Chapitre 1

3 - Chapitre 2

4 - Chapitre 3


Table des matières détaillée :

1 - Introduction

2 - Chapitre 1

2.1 - Ch. 1:1

2.2 - Ch. 1:2

2.3 - Ch. 1:3

2.4 - Ch. 1:5-13a

2.5 - Ch. 1:13b-16

3 - Chapitre 2

3.1 - Ch. 2:1-8

3.2 - Ch. 2:9-10

3.3 - Ch. 2:11-13

3.3.1 - Ch. 2:11

3.3.2 - Ch. 2:12

3.3.3 - Ch. 2:13

3.4 - Ch. 2:14-15

4 - Chapitre 3

4.1 - Ch. 3:1-4

4.2 - Ch. 3:5a

4.3 - Ch. 3:5b

4.4 - Ch. 3:6

4.5 - Ch. 3:7

4.6 - Ch. 3:8

4.7 - Ch. 3:9-11

4.8 - Ch. 3:12-15


1 - Introduction

Il y a une très grande ressemblance générale entre la première épître à Timothée et l’épître à Tite, au point qu’à première vue, on serait porté à penser (à tort) que l’épître à Tite est surtout une répétition de la première épître à Timothée. En examinant l’épître à Tite plus en détail, on se rend vite compte qu’elle a des traits spécifiques, et qu’elle occupe un petit domaine bien déterminé dans l’ensemble de la vérité chrétienne, — domaine qui resterait vide en l’absence de cette épître.

Comme on l’a déjà remarqué à l’occasion de la vue d’ensemble des quatre épîtres personnelles de Paul, l’épître à Tite est l’épître de la sobriété et de ce qui est sain. Elle est aussi marquée par la forte affirmation de l’autorité, — autorité conférée à Paul comme apôtre du Seigneur, et à Tite comme délégué de Paul. Cette affirmation était rendue nécessaire par les conditions prévalant en Crète, dues aux caractéristiques raciales des Crétois auxquelles Paul fait allusion au chapitre 1. Mais il n’y a que trop de difficultés des Crétois, voire de leur caractère, qu’on retrouve chez nous et parmi nous aujourd’hui, aussi verrons-nous que les exhortations de cette épître sont particulièrement salutaires pour nos âmes.


2 - Chapitre 1

2.1 - Ch. 1:1

Paul s’adresse à Tite au verset 4, mais auparavant il souligne les traits caractéristiques de son apostolat et de son service par une série d’expressions courtes et concises. Ils étaient « selon la foi des élus de Dieu ». Sur un plan général, on peut dire que la préposition « selon » indique le caractère. Ce qui caractérisait son apostolat, c’était la foi, et aussi la vérité qui est « selon » la piété. Trop nombreux sont ceux qui, de nos jours, se disent ministres de Christ, mais qui désirent néanmoins exercer leur ministère selon les dernières conclusions de la science, faussement ainsi nommée, ou selon les derniers raisonnements de l’incrédulité. Remarquez que « la foi » dont il est question, n’est pas la foi du monde, ni même la foi de la chrétienté, mais celle « des élus de Dieu ». Il est très triste, mais pas du tout surprenant, que des pasteurs ou des prédicateurs inconvertis nient, et même ridiculisent la foi. Ils n’ont jamais eu la foi, bien qu’ils aient pu, un temps, y adhérer intellectuellement.

Remarquons aussi qu’il est dit que la vérité est caractérisée par la piété. Voilà un très bon test à appliquer dans les deux sens. On insiste sur certaines choses pour nous assurer qu’il s’agit de la vérité même de Dieu. Or nous ne sommes guère à même de les analyser, de les comparer avec l’Écriture et d’en démontrer la fausseté, mais il ne nous est pas difficile d’observer que l’effet pratique produit lorsqu’on les reçoit comme étant la vérité, c’est le rejet de la piété. Cela suffit. Ces choses ne sont pas la vérité de Dieu. Il peut aussi s’agir d’actions à entreprendre, qui sembleraient tout à fait profitables et assez judicieuses, et qu’on cherche à nous imposer. Mais ce n’est pas selon la vérité. Alors nous pouvons être sûrs que ce n’est pas la piété, et qu’il faut les éviter.


2.2 - Ch. 1:2

En outre, selon le verset 2, l’apostolat de Paul avait en vue une immense bénédiction dont la plénitude est future. En lisant le Nouveau Testament, nous rencontrons assez fréquemment l’expression : « la vie éternelle » ; en regardant de près tous les passages, nous découvrirons qu’il n’est pas facile d’en épuiser toute la signification : elle comprend des immenses profondeurs de bénédiction.

Il est tout à fait certain selon l’Écriture que celui qui croit en Christ a la vie éternelle, et qu’il l’a déjà maintenant. C’est l’apôtre Jean qui insiste particulièrement sur ce côté des choses dans ses écrits. Nous les croyants, nous avons déjà cette vie en Christ, et nous sommes déjà introduits dans les relations qui sont propres à cette vie, et nous sommes rendus participants de l’intelligence, de la communion, des joies et des activités qui sont propres à cette vie. Pourtant la plénitude de cette vie n’est pas encore là, comme notre verset 2 l’indique, et cet aspect de la vie éternelle est en harmonie avec la première allusion qu’en fait l’Écriture au Psaume 133:3. La seule autre allusion dans l’Ancien Testament se trouve en Daniel 12:2, et dans ces deux passages, l’expression « la vie éternelle » se réfère à la bénédiction de l’ère brillante à venir, une fois la malédiction ôtée de la création, et une fois que la mort sera devenue l’exception et non plus la règle, comme maintenant. Quand la terre sera inondée de la lumière de la connaissance de Dieu, on jouira alors de la bénédiction de la vie éternelle.

L’Ancien Testament n’élève pas nos pensées au-dessus de la terre comme le fait le Nouveau Testament. Le verset que nous considérons nous montre que la vie éternelle était dans les pensées de Dieu avant que le monde fût, et en harmonie avec cela, elle demeurera dans toute sa plénitude quand le monde présent aura cessé d’exister. Nous vivons dans l’espérance de la vie éternelle, et notre espérance est sûre parce qu’elle est basée sur la Parole de Dieu qui ne peut mentir.

Si certains éprouvent de la difficulté à faire accorder l’assurance de Jean quant à la possession présente de la vie éternelle, et l’espérance, chez Paul, de la vie éternelle dans le futur, ils feront bien de se souvenir que nous utilisons communément le mot « vie » dans plusieurs sens. Par exemple, en parlant d’un malade dans un état critique, on dit : « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Par « vie », on entend l’étincelle de vie, l’énergie vitale PAR laquelle nous vivons. En parlant de quelqu’un qui a gaspillé beaucoup d’argent à poursuivre les plaisirs, on dit qu’il « profité de la vie ». C’est une erreur bien sûr quant à ce qui constitue vraiment la vie, mais on utilise clairement le mot de « vie » en lui donnant la signification de ces relations et de ces plaisirs qui enjolivent la vie pratiquement — la vie DANS laquelle nous vivons.

Nous avons la vie éternelle maintenant aussi véritablement, et autant, que nous l’aurons, si nous parlons du premier sens du mot. Mais si nous pensons au second sens, nous pouvons nous réjouir de ce que nous allons la connaître dans une bien plus grande mesure que maintenant. Visitant une serre tropicale, nous avons découvert, parmi d’autres plantes, un cactus ressemblant à un concombre couvert de petites épines et planté bien droit dans son pot. Nous avons reconnu qu’il s’agissait d’un spécimen nain d’un cactus de plus de 6 mètres de haut, fort abondant en Jamaïque. Le cactus nain est aussi vivant que le cactus géant. Sa vie est tout à fait du même ordre. Toute la différence réside dans l’environnement.

C’est là une illustration de notre sujet, car pour nous qui avons la vie éternelle, le monde est un lieu glacial, et les plaisirs propres à cette vie se trouvent, par le Saint Esprit qui nous a été donné, dans la Parole de Dieu et parmi le peuple de Dieu et au service de Dieu, ce qui nous procure un environnement comme une serre chaude au milieu d’un monde glacial. Nous avons cependant l’espérance d’être transplantés dans les régions tropicales chaudes auxquelles la vie éternelle appartient. L’apôtre vivait et servait dans cette espérance, comme nous aussi.

Remarquons le mot « promise » au verset 2. La vie éternelle n’était pas seulement une intention avant que le monde existe, mais elle était promise. À qui, — sachant que l’homme n’existait pas encore ? En tout cas, nous pouvons dire sans risque que, quand le Seigneur Jésus est devenu Homme pour glorifier le nom de Dieu et racheter les hommes, Il avait la promesse qu’Il deviendrait la Source de la vie éternelle pour ceux qui Lui seraient donnés, selon la déclaration de Jean 17:2.


2.3 - Ch. 1:3

Si le verset 2 de notre chapitre regarde vers une éternité future, quand la promesse faite dans l’éternité passée sera accomplie, le verset 3 parle du présent dans lequel la parole de Dieu est manifestée par la prédication. Et le commandement autorisant cette prédication provenait « de notre Dieu sauveur » ; le résultat de cette prédication quand on y croit, c’est donc le salut. Cette prédication, ou proclamation, avait été confiée en premier lieu à Paul. Il serait vraiment bon que tous ceux qui, de nos jours, ont part à cette grande œuvre, étaient profondément marqués par sa dignité et son importance. Malheur à nous si nous faisons de notre prédication un moyen de manifester notre intelligence ou notre importance ! Ce que notre prédication doit manifester, c’est la Parole de Dieu.


2.4 - Ch. 1:5-13a

Le thème principal de l’épître commence au verset 5. Paul avait été en Crète, et en était parti avant d’avoir eu le temps de donner aux toutes jeunes églises des instructions sur beaucoup de points. Il avait donc laissé Tite pour le faire, et aussi pour qu’il désigne des anciens avec son autorité. Les versets 6 à 9 qui suivent donnent les caractéristiques requises chez ces anciens.

Ces versets ne sont pas une simple répétition de 1 Timothée 3. Les conditions de la Crète différaient de celles d’Éphèse. Il y avait des dangers similaires provenant « d’insubordonnés, vains discoureurs et séducteurs » (1:10) dans les deux endroits, mais les caractéristiques naturelles de la race crétoise étaient particulièrement mauvaises, au point qu’un de leurs prophètes, un voyant païen, avait été poussé à les dénoncer en des termes aussi forts que « toujours menteurs, de méchantes bêtes [sauvages], des ventres paresseux ». Telle était la vieille nature des Crétois convertis, et telle elle demeurait chez ceux qui se convertissaient ; hélas, elle se manifestait, et c’est pourquoi Tite, au verset 13, reçoit l’instruction de les reprendre vertement.

Un menteur n’aime évidemment pas la vérité. Une méchante bête sauvage (car tel est bien le sens du mot) n’aime pas la contrainte, spécialement la contrainte de la part du bien, car sa nature est d’être insoumise. Un ventre paresseux ne pense guère qu’à ce qui est procuré à son moi, et son moi avec ses désirs les plus bas. Voyez combien les instructions apostoliques répondaient complètement à cette triste condition.

Ces anciens que Tite devait établir comme surveillants devaient être capables de tenir ferme la fidèle parole. Ils devaient aimer la vérité. En outre ils devaient la tenir ferme comme ils avaient été enseignés [« selon la doctrine »], c’est-à-dire qu’ils devaient reconnaître l’autorité avec laquelle elle leur avait été donnée à l’origine, la respecter soigneusement et y être soumis. C’est pourquoi, outre le fait d’être eux-mêmes sobres, ils devaient être capables d’exhorter par un sain enseignement efficacement. Les hommes stigmatisés par l’apôtre comme des séducteurs étaient prêts à enseigner n’importe quoi pourvu qu’ils y trouvent un gain, et ceci était bien en accord avec le caractère crétois, car être capable d’acquérir facilement de l’argent est une nécessité primordiale pour un ventre paresseux. D’autre part, le surveillant devait être ni « adonné au vin », ni « avide d’un gain honteux ». Marqué lui-même par ces caractères de piété, tout à fait à l’opposé des traits naturels des Crétois, il serait bien qualifié pour exercer l’autorité parmi eux.

Avant d’aller plus loin, remarquons que ce passage tient comme établi que les problèmes dans l’assemblée doivent être réglés par Dieu. S’il ne s’était agi que d’une préférence humaine ou d’un choix humain, Paul aurait dit à Tite de pousser les Crétois à développer un ordre ecclésiastique, et à établir les coutumes religieuses les plus appropriées à leur île et à leurs coutumes. Il ne fait rien de tel, mais il lui dit plutôt de mettre « en bon ordre les choses qui restent à régler » puisque l’ordre divin leur avait été donné à connaître. Le fait est que l’ordre divin est extrêmement simple, ne demandant rien que de l’humilité, de la grâce et de la spiritualité — mais c’est justement là que réside le problème, car les hommes aiment naturellement ce qui est orné, voyant et imposant.

Remarquez aussi que les hommes qui devaient être établis comme anciens au v. 5, sont appelés surveillants au v. 7. Le mot du verset 5 est presbuteros qui a donné les mots presbytère et presbytérien. Le mot du verset 7 est episcopos qui a donné les mots épiscopal et épiscopalien. Le sens direct de presbuteros est « ancien », et celui de episcopos ou évêque, est « surveillant ». À l’origine ce n’était que des mots différents pour désigner un même homme !


2.5 - Ch. 1:13b-16

Les surveillants devaient être sobres et sains dans la foi, comme nous l’avons vu, mais selon le verset 13, tous les croyants doivent être sains dans la foi. C’est un point de toute importance. Si nous sommes nous-mêmes justes, c’est-à-dire purs, alors toutes les choses sont pures pour nous, car la sainteté intérieure préserve de l’infection. Au contraire, les souillés et incrédules souillent tout ce qu’ils touchent.


3 - Chapitre 2

3.1 - Ch. 2:1-8

Au début du chapitre 2, l’apôtre attire l’attention de Tite non plus sur les surveillants, mais vers ceux qu’on pourrait appeler les simples croyants de l’église. Il y avait plus d’un surveillant par assemblée au début, mais tous les hommes âgés n’étaient pas surveillants. Il y avait par conséquent des hommes âgés auxquels on pouvait s’adresser comme à une classe à part, comme aussi des femmes âgées, des jeunes femmes et de jeunes hommes. Des instructions adaptées à leurs diverses conditions sont adressées à chaque classe. On est frappé de voir la répétition des mots « sain » et « sobre » dans ces versets. On les trouve chacun trois fois, même si le terme utilisé dans l’original n’est pas exactement le même dans chaque cas. Il est à noter cependant que le mot plusieurs fois répété et traduit par « sain », est celui dont dérive le mot « hygiénique », souvent utilisé aujourd’hui. Il signifie salubre. La saine doctrine est effectivement la doctrine qui favorise la bonne santé spirituelle.


3.2 - Ch. 2:9-10

Au verset 9, il passe aux esclaves, ou serviteurs. Un service quelconque demandé à quelqu’un qui est une méchante bête sauvage par nature, c’est comme un joug ulcérant son cou. Mais ici il s’agit de convertis. Dans les jours de leur vieille nature de bête sauvage, ils avaient servi sous le fouet, comme sert une bête sauvage : ils répliquaient et contredisaient autant qu’ils l’osaient, ils volaient leurs maîtres en toute occasion. Maintenant il leur fallait obéir à leurs maîtres, et leur complaire en toutes choses, montrant toute bonne fidélité, — avec pour effet d’orner « en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur ». La doctrine est belle en elle-même, si belle, penserait-on, qu’il est impossible de l’orner davantage. Mais cela se peut. Quand la doctrine de Dieu est traduite en exemple et appliquée dans la belle vie d’un pauvre esclave, qui, avant sa conversion, était une terreur, elle est vraiment ornée, et rendue belle y compris aux yeux de spectateurs inattentifs.


3.3 - Ch. 2:11-13

Or, qu’est-ce qui peut produire un pareil changement dans nos vies ? Qu’est-ce qui l’a produit dans la vie de certains de ces Crétois avilis ? Rien que la grâce de Dieu. Or c’est de cette grâce que le verset 11 nous parle. La loi avait été donnée par Moïse, et communiquée au petit cercle de la race d’Israël. La grâce de Dieu s’est levée comme le soleil dans le ciel pour briller sur tous les hommes. Nous sommes venus sous l’éclat de sa lumière, ce dont nous bénirons Dieu éternellement.


3.3.1 - Ch. 2:11

Le verset 11 doit bien se lire : « Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes », et non pas selon le Texte Reçu qui dit : « Car la grâce de Dieu qui apporte le salut à tous les hommes est apparue ». L’accent est mis sur le fait qu’il y a maintenant un salut pour tous, et que la grâce de Dieu qui a apporté le salut au monde entier, nous enseigne comment vivre en attendant l’apparition de la gloire. Le verset 13 n’est pas aussi clair qu’il le faudrait dans la Version Autorisée anglaise, car elle traduit « l’apparition glorieuse », au lieu de « l’apparition de la gloire ». Il y a un lien et un contraste frappants entre la grâce qui est apparue et la gloire qui doit encore apparaître.


3.3.2 - Ch. 2:12

La grâce de Dieu a brillé dans toute sa splendeur en Christ et dans Son œuvre rédemptrice. Dans son étendue et sa portée, elle n’est pas confinée à Israël, comme l’était la loi, mais elle englobe tous les hommes, bien que, dans son application, elle soit bien sûr limitée à ceux qui croient. C’est pourquoi le verset 12 commence par : « nous enseignant ». Non pas « enseignant tous », mais « nous enseignant », c’est-à-dire nous qui croyons. Ceux qui reçoivent ce salut que la grâce a apporté, sont mis par-là à l’école que la grâce a instituée.

Ce fait important est trop souvent négligé, causant beaucoup de dommages et de pertes. Il y a en effet ceux qui refusent et dénoncent le fait de la sécurité éternelle du vrai croyant, parce qu’ils pensent que c’est la porte ouverte à toute sorte de relâchements ! Ils imaginent que, si l’on était assuré du salut éternel, toute contrainte serait ôtée, comme si la seule contrainte efficace était la crainte du fouet — le fouet de la damnation éternelle. La grâce est bien plus puissante dans ses effets que la peur, et même que la peur engendrée autrefois par la loi de Moïse.

Nous lisons que « la loi était faible par la chair » (Rom. 8:3), et elle a failli entièrement à refréner la chair. Tout vrai croyant a cependant passé par la nouvelle naissance, et il possède donc une nouvelle nature. La chair, la vieille nature, reste encore en lui, mais elle est jugée et condamnée, et la grâce pose sur elle une main qui retient, tandis qu’elle stimule tout ce qui est de la nouvelle nature. « L’impiété et les convoitises mondaines » sont l’expression naturelle de la vieille nature, et la grâce nous enseigne à les repousser. La nouvelle nature s’exprime par la sobriété, la justice et la piété, et la grâce nous enseigne que ces choses doivent nous caractériser.

Il y avait bien sûr un enseignement de ce genre sous la loi, car les Juifs avaient « la formule de la connaissance et de la vérité dans la loi » (Rom. 2:20). Cela consistait à formuler clairement ce qui était juste et ce qui était mal. La loi était comme un maître d’école distribuant impartialement un code de règles, tout à fait péremptoire, très clair et bien imprimé, mais sans offrir aux élèves la moindre assistance pour appliquer ces règles. La grâce enseigne d’une manière bien plus efficace. Il y a bien sûr la même clarté sur tout ce qu’elle commande, et le niveau requis est même plus élevé que celui exigé par la loi, mais en plus, il y a le fait qu’elle opère EN nous. Quand Paul prêchait la grâce de Dieu aux Thessaloniciens et qu’ils recevaient son message dans son vrai caractère de Parole de Dieu, il pouvait dire qu’elle opérait en eux qui croyaient (1 Thes. 2:13).

C’est la manière d’opérer de la grâce. Elle opère en nous, elle nous soumet. Elle ne place pas seulement un livre de leçons devant nos yeux, mais, élément par élément, elle produit en nous exactement ce qu’indique le livre de leçons. C’est le cas, bien sûr, quand la grâce de Dieu est réellement reçue. Là où elle n’est pas réellement reçue, les gens peuvent faire toutes sortes de choses sous couvert de la grâce, « changeant la grâce de Dieu en dissolution » comme dit Jude au verset 4. Mais c’est parce que ce sont des impies, et non de vrais chrétiens.

La grâce nous enseigne à vivre sobrement, c’est-à-dire « avec retenue et réflexion ». Elle nous redresse donc chacun quant à nous-mêmes. Elle nous enseigne à vivre justement, c’est-à-dire d’une manière juste vis-à-vis des autres. Elle nous enseigne à vivre pieusement, c’est-à-dire à donner à Dieu Sa juste place dans nos vies. Elle nous met dans le droit chemin quant à Dieu, quant à l’homme et quant à nous-mêmes, et elle nous place dans l’attente de « l’apparition de la gloire » (2:13).


3.3.3 - Ch. 2:13

Voici un Crétois converti. Cette bête sauvage d’homme est complètement domptée, et peine maintenant pour servir son maître sobrement, justement et pieusement. Mais supposez qu’il n’ait pas d’espérance : la vie lui semblerait bien grise. Mais la grâce lui enseigne à lever les yeux, et à attendre la gloire qui approche, la gloire « de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (2:13). La gloire sera le résultat de toutes les espérances que la grâce a éveillées. Il est bien possible que, par « la bienheureuse espérance », l’apôtre désigne la venue du Seigneur pour les Siens, dont il parle aux Thessaloniciens dans sa première épître (1 Thess. 4:15-17), et s’il en est ainsi, nous avons devant nous au verset 13 l’espérance à la fois de Sa venue pour les Siens, et de Sa venue avec les Siens.


3.4 - Ch. 2:14-15

Celui qui va bientôt apparaître est Celui qui s’est offert Lui-même sur la croix, et le verset 14 déclare de manière très frappante l’un des grands buts qu’Il avait devant Lui en se donnant Lui-même. C’était afin de nous racheter de toute l’iniquité [marche sans loi et sans frein] où nous étions tombés afin qu’étant entièrement purifiés, nous puissions être un peuple acquis pour être Sa possession spéciale, « zélé pour les bonnes œuvres ». Il ne suffit pas d’être délivrés de la pratique du mal ; nous avons à être zélés dans la poursuite du bien, non seulement de façon théorique, mais aussi pratiquement. Nous devons non seulement faire de bonnes œuvres, mais aussi les faire avec zèle. Combien tout ceci ornera de manière saisissante la doctrine de notre Dieu Sauveur. Autrefois menteur, une méchante bête sauvage, un ventre paresseux, et maintenant racheté de l’iniquité, purifié devant Dieu, et zélé pour les bonnes œuvres. Quelle transformation !


4 - Chapitre 3

4.1 - Ch. 3:1-4

Les deux premiers versets du chapitre 3 poursuivent le même thème, donnant de plus amples détails sur la conduite pieuse que l’évangile inculque. L’obéissance et la soumission aux autorités, la douceur et l’humilité envers tous les hommes sont des traits diamétralement opposés à tout ce qu’étaient les Crétois par nature, et à ce que nous sommes nous aussi, comme l’apôtre le rappelle au verset 3. « Nous » dit-il en contraste avec « leur » (= eux) au verset 1. Quelle image il donne de lui-même, de Tite et de nous tous dans ce verset, selon nos caractères naturels ! Quelle accusation effrayante, mais vraie ! Ceci étant, se haïr l’un l’autre n’est guère surprenant quand on est haïssable soi-même. Combien le verset 4, venant après tout cela, est merveilleux !

Haïssables… nous l’étions tous. Bien qu’aveugles vis-à-vis de notre caractère haïssable, nous étions très sensibles à ce qui était détestable chez les autres, et c’est pourquoi le monde est plein de haine. Alors Dieu abaisse Ses yeux sur cette scène, et voilà qu’éclate sur ce monde de haine la lumière de Sa bonté et de Son amour. Que Dieu aime ceux qui n’étaient pas aimables est merveilleux ; qu’Il aime ceux qui étaient positivement haïssables est encore plus merveilleux ! Or c’était bien le cas ! L’expression « amour envers les hommes » traduit un seul mot grec, philanthropia. La bonté et la philanthropie [amour du genre humain] de notre Dieu Sauveur sont apparues. Le mot n’indique pas simplement que Dieu aime l’homme comme Il aime toutes Ses créatures, mais qu’Il a une affection spéciale pour l’homme — un coin spécialement chaud dans Son cœur pour l’homme, si l’on ose parler ainsi. Sa philanthropie s’est exprimée dans Sa bonté et Sa miséricorde, et c’est par Sa miséricorde que nous avons été sauvés.


4.2 - Ch. 3:5a

Dans l’Écriture, le salut est généralement lié à l’œuvre accomplie pour nous. C’est vrai aussi bien dans les types de l’Ancien Testament que dans la doctrine du Nouveau Testament. Nous avons à rester tranquille et à voir le salut du Seigneur qui s’opère en dehors de nous. Notre passage est une exception à cette règle générale, puisqu’il nous est dit que nous sommes sauvés par une œuvre accomplie sur nous et en nous. L’œuvre en nous est tout aussi nécessaire que celle opérée pour nous. C’est très clair si l’on considère le type de la délivrance d’Égypte avec Israël. Par l’œuvre puissante de Dieu accomplie pour eux, ils furent sauvés / libérés du pays d’esclavage, mais malgré tous les miracles accomplis en leur faveur, la grande majorité d’entre eux est tombée dans le désert, et n’a jamais atteint le pays de la promesse. Pourquoi ? La réponse de l’Écriture est : « Et nous voyons qu’ils n’y purent entrer à cause de l’incrédulité » (Héb. 3:19), c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas de foi, aucun travail de Dieu n’avait eu lieu en eux.


4.3 - Ch. 3:5b

Selon le verset 5, le salut n’est pas selon des œuvres de justice que nous aurions accomplies, mais selon la miséricorde de Dieu, et les moyens en sont « le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint ». En Jean 3 où il est question de la nouvelle naissance, l’Esprit de Dieu est l’Agent ou Opérateur, et « l’eau » est l’instrument qui la produit. Ici aussi nous avons l’Esprit et l’eau, mais il est seulement fait allusion à l’eau par le mot « lavage ». Remarquons que le mot « régénération » dans ce verset n’est pas l’équivalent exact de la nouvelle naissance. Le seul autre passage où ce mot est utilisé est en Matthieu 19:28, et il vise le nouvel ordre de choses qui sera établi au jour de la gloire de Christ. Nous n’avons pas encore ce nouvel ordre de choses, mais nous sommes passés par le lavage, la purification, le renouvellement moral et spirituel qui est en harmonie avec ce jour-là.

Ce lavage est par la Parole. C’est ce qu’affirme Éph. 5:26, mais il s’agit là de l’action continuelle et répétée de la Parole, tandis qu’ici, il s’agit de l’action faite une fois pour toutes, et jamais répétée, de la Parole dans notre nouvelle naissance. Cependant la parole n’est pas active sur nous en dehors de l’action du Saint Esprit qui opère en puissance régénérante.


4.4 - Ch. 3:6

Ce passage de l’Écriture ne parle pas seulement du travail initial du Saint Esprit en nous pour la nouvelle naissance, et du renouvellement qui en résulte, mais aussi du don de l’Esprit. Il a été « répandu richement sur nous ». Étant ainsi accordé, Il est l’énergie de la vie nouvelle que nous avons maintenant, et jour après jour, Il opère en nous un renouvellement, qui lui-même opère une délivrance continuelle et croissante de l’ancienne vie dans laquelle nous vivions autrefois. Le Saint Esprit a été répandu en nous par Jésus Christ notre Sauveur, et comme fruit de Son œuvre. Il a été répandu en nous abondamment, et ainsi nous pouvons jouir de ce qui est vraiment la vie en abondance. Nous n’avons pas seulement la vie, mais nous l’avons en abondance, comme le Seigneur le dit en Jean 10:10.


4.5 - Ch. 3:7

L’œuvre en nous est alors tout autant nécessaire que l’œuvre pour nous. Il est également vrai que l’œuvre pour nous est tout autant nécessaire que l’œuvre en nous, et c’est ce qu’indique le verset 7. Nous ne pouvions pas devenir héritiers de Dieu simplement par l’œuvre de l’Esprit en nous, car il nous fallait être justifiés devant Dieu, et ceci est accompli par la grâce qui travaille pour nous en Christ. Lavés, régénérés et justifiés, la grâce pouvait alors aller plus loin et faire de nous des héritiers, mais ces trois choses étaient toutes nécessaires.

Remarquez que nous avons été faits « héritiers selon l’espérance de la vie éternelle », c’est-à-dire que nous partageons avec Paul cette merveilleuse espérance, comme on peut le voir en comparant ce verset avec 1:2, bien qu’aucun d’entre nous ne soit apôtre.

Dieu nous sauve pour faire de nous Ses héritiers, et il est frappant de voir combien Il est présenté comme Sauveur dans cette épître. Il est encore plus frappant que le terme de Sauveur soit appliqué à la fois à Dieu et au Seigneur Jésus, d’une manière telle qu’elle nous assure que Jésus est Dieu. Au chapitre 1, nous lisons « notre Dieu Sauveur » (1:3), et « Christ Jésus notre Sauveur » (1:4). Au chapitre 3, nous lisons « notre Dieu Sauveur » (3:4), et « Jésus Christ, notre Sauveur » (3:6). Au chapitre 2, c’est « notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (2:13).


4.6 - Ch. 3:8

Quand, au début du verset 8, l’apôtre dit « c’est une parole certaine », il n’est pas facile de déterminer s’il se réfère à ce qu’il vient juste d’écrire, ou à ce qui suit immédiatement, mais il semble que la première suggestion soit la bonne. Il semble que Tite devait constamment replacer devant ces Crétois convertis la manière dont ils avaient été lavés, renouvelés, justifiés et faits héritiers, pour qu’ils puissent être stimulés à poursuivre ces bonne œuvres qui sont en harmonie avec une telle grâce, et non seulement en accord avec la grâce, mais aussi avec ce qui est bon et profitable pour les hommes. Combien cela illustre clairement ce qu’on dit souvent, à savoir que toute bonne conduite découle de la compréhension de la position où nous sommes mis. Ici encore nous rencontrons le fait que la connaissance de la grâce pousse à la sainteté pratique, et non pas à l’insouciance.


4.7 - Ch. 3:9-11

En gardant et affirmant constamment la vérité, Tite pourrait éviter toutes ces folles questions et contestations au sujet de la loi, si communes en ce temps-là. Rien ne vaut le zèle dans ce qui est bon pour chasser le mal. Bien sûr, il peut arriver qu’il y ait un homme amenant ces questions et controverses à un point tel qu’il devienne un chef de faction dans l’église, un faiseur de secte, un homme sectaire (c’est le sens du mot ici, bien que la version anglaise le traduise par « hérétique »). Un tel homme devait recevoir « une première et une seconde admonestation », et s’il restait inflexible, il devait être rejeté. Se faire chef de parti est un grave péché.


4.8 - Ch. 3:12-15

L’épître se termine par quelques mots à l’égard d’autres serviteurs du Seigneur. Il fallait leur fournir tout ce qui est nécessaire, et cela conduit l’apôtre à placer devant les saints l’obligation de s’appliquer à travailler de la bonne manière pour pouvoir non seulement disposer soi-même des nécessités de la vie, mais pour avoir aussi les moyens de donner, et ainsi de porter du fruit. Les Crétois autrefois paresseux, devaient être maintenant des travailleurs zélés, et aider les autres.