Deutéronome 1 à 15

Hole Frank Binford

Extrait de Scripture Truth Vol. 41, 1962-64, p 11

1 - Deutéronome 1-7

1.1 - Chapitre 1-2

1.2 - Chapitre 3

1.3 - Chapitre 4

1.4 - Chapitre 5

1.5 - Chapitre 6

1.6 - Chapitre 7

2 - Deutéronome 8-15

2.1 - Chapitre 8

2.2 - Chapitre 9

2.3 - Chapitre 10

2.4 - Chapitre 11

2.5 - Chapitre 12

2.6 - Chapitre 13

2.7 - Chapitre 14

2.8 - Chapitre 15


1 - Deutéronome 1-7

Le titre de ce livre, qui signifie « Seconde-Loi », en indique le caractère, car Moïse y récapitule et renforce tout le système de la Loi auquel Israël était soumis. Les v. 2-3 du ch. 1, nous rappelle que le voyage dans le désert depuis Horeb, où la loi a été donnée, jusqu’à la frontière du pays devait normalement durer onze jours ; ils ont mis quarante ans à cause de leur incrédulité. L’ancienne génération qui avait été à Horeb, s’était éteinte et la loi devait donc être réaffirmée à la nouvelle génération. Une fois la loi donnée, sa force contraignante demeurait, comme cela ressort des dernières paroles de Malachie, écrites probablement un millier d’années plus tard.


1.1 - Chapitre 1-2

Comme une grande partie du contenu de ces chapitres est rapportée dans les livres précédents, nous les examinerons rapidement, tout en nous arrêtant ici et là pour examiner des détails qui doivent nous parler tout spécialement. Au ch. 1, Moïse doit rappeler au peuple sa condition déplorable. Ils n’avaient pas pu porter eux-mêmes leurs « fardeaux », leurs « peines et larmes » et leurs « disputes ». De plus, alors que Dieu leur avait dit clairement qu’Il leur avait donné le pays et qu’ils devaient y monter et le posséder, ils avaient insisté pour envoyer des espions afin de voir et rapporter ce qu’ils en avaient vu. La parole divine était : « Montez par la foi et possédez par la foi ». Leur réponse fut : « C’est par la vue que Nous voulons agir ou ne pas agir ». Le résultat fut, bien sûr, qu’ils refusèrent d’agir. Les espions virent des géants et des villes fortifiées, tandis que la foi voyait Dieu et obéissait à Sa parole.

Aujourd’hui, nous n’avons pas la vue, mais la foi. Lorsque le Seigneur dit à Paul : « Va, car je t’enverrai au loin vers les nations » (Actes 22:21), ce dernier avait devant lui une mission impossible du point de vue humain ; mais pour la foi, elle s’est largement vérifiée. Dieu choisit « les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes », comme on le voit par l’arrivée de Paul à Corinthe, et par ses épîtres dans les Écritures, qui ont édifié des millions de Gentils pendant vingt siècles. À l’époque de Moïse, les hommes de foi furent Caleb et Josué.

Au ch. 2, Moïse rappelle au peuple comment Dieu avait été avec eux dans leurs précédentes conquêtes. Les v. 24 et 31 méritent une attention particulière. Il y a d’abord ce que Dieu a fait : « j’ai livré » et « j’ai commencé à livrer ». Puis vient l’exhortation au peuple : « Commence, prends possession ». Aujourd’hui, Dieu agit en grâce à notre égard d’une façon similaire, comme nous le voyons dans les épîtres du Nouveau Testament. Tout d’abord, Il nous présente ce qu’il nous a donné en Christ. Puis, Il nous exhorte à commencer à posséder expérimentalement tout ce qui est donné, dans la puissance du Saint Esprit qui habite en nous.


1.2 - Chapitre 3

Le chapitre 3 continue à raconter comment la puissance de Dieu a renversé les royaumes à l’Est du Jourdain, et comment le territoire a été donné aux deux tribus et demie, sous la condition que leurs hommes armés aillent avec leurs frères conquérir le côté occidental, malgré l’absence de Moïse personnellement. Moïse devait reconnaître la discipline de Dieu à son égard. Il mourrait et Josué serait leur chef. Il devait seulement voir le pays, sans y entrer.

Il est toutefois réconfortant de reconnaître qu’il n’y a pas que la sagesse, mais aussi un élément de grâce dans la discipline que Dieu impose à Ses saints. Moïse a été épargné de bien des brisements de cœur que Josué a dû subir à cause des manquements du peuple. Bien des siècles plus tard, il s’est brièvement trouvé avec Élie dans le pays. Du haut du Pisga, il avait vu le pays rempli d’Amoréens dépravés. Sur la montagne de la Transfiguration, il n’a pas vu le pays, mais la gloire de Celui qui finalement le remplirait de la bénédiction millénaire.


1.3 - Chapitre 4

Dans ce chapitre 4 nous avons de touchants appels de Moïse au peuple, les exhortant à obéir à la loi qui avait été donnée, et à la garder dans son intégrité. Ils ne devaient ni y ajouter ni en retrancher quoi que ce soit. Ce commandement est répété à la fin du ch. 12, et réappliqué aux révélations que Dieu a données à la fin du Nouveau Testament. La loi donnée à Israël comprenait « des statuts et des ordonnances », comme l’indique le v. 5, ainsi que les dix commandements. Tous ces éléments étaient obligatoires pour eux, et Moïse leur dit au v. 6 que les observer et les mettre en pratique serait « leur sagesse et leur intelligence ». Cette « sagesse », ils ne l’ont jamais eue, et nous non plus. Cependant, le croyant, aujourd’hui, est « dans le Christ Jésus », et c’est Lui qui est désormais notre sagesse, selon 1 Corinthiens 1:30. Voilà la sagesse parfaite !


Ce chapitre témoigne aussi de l’avertissement clair et pressant que donna Moïse quant aux conséquences de leur désobéissance, les v. 25-27 étant particulièrement précis et prédisant leur triste histoire sous les juges et sous les rois dans les siècles suivants. Cependant, si, une fois dispersés, ils se tournaient vers le Seigneur et le cherchaient, leur obéissance leur ferait trouver miséricorde. Ils avaient été privilégiés par rapport à tous les autres peuples et étaient donc plus responsables que tous les autres, mais la miséricorde leur serait accordée. Nous pouvons nous souvenir qu’à la fin de Romains 11, à la fois les Juifs et les Gentils sont pris en compte, et la bénédiction les atteindra finalement tous, mais elle sera fondée sur la miséricorde : « Dieu les a tous renfermés dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous ». Nous attendons « la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle » (Jude 21). Ainsi, dans le siècle à venir, la miséricorde de Dieu sera manifestée dans l’Église en haut, et aussi dans Israël enfin établi en bénédiction sur la terre.


1.4 - Chapitre 5

Dans les premiers versets du ch. 5, l’appel à l’obéissance lancé par Moïse est particulièrement clair. Remarquons les quatre verbes figurant dans le premier verset : « écouter », « apprendre », « garder », « pratiquer ». Nous ne sommes pas sous la loi mais sous la grâce, et pourtant nous pouvons accepter ces quatre verbes comme exprimant ce qui devrait nous caractériser en face des nombreuses instructions qui remplissent le Nouveau Testament. Le but des trois premiers verbes est le quatrième verbe, car toute la vérité connue par la foi en Christ, et qui nous est communiquée, doit régir notre vie dans ce monde durant notre attente du Sauveur, et elle doit être manifestée dans nos actions. L’apôtre Paul, qui devait être un « modèle » pour les autres, a écrit : « Ce que vous avez et appris, et reçu, et entendu, et vu en moi, faites-ces choses, et le Dieu de paix sera avec vous » (Phil. 4:9).

De plus, dans ces premiers versets, Moïse a clairement indiqué que la loi était réellement et véritablement établie autant avec ceux à qui il parlait qu’avec leurs pères, quelque quarante ans auparavant. Dans toutes les dispensations, ce que Dieu a dit au début reste valable. Souvenons-nous en. Ce que Dieu a, par exemple, établi par l’intermédiaire de l’apôtre en 1 Corinthiens 12-14 quant à l’assemblée chrétienne et à son ordre, s’applique tout au long du temps de l’Église et est autant valable aujourd’hui qu’au moment où cela a été écrit, à l’origine.

L’alliance de la loi fut donc conclue avec la génération à laquelle Moïse s’adressait, et il répéta les commandements apparus pour la première fois en Exode 2, puis il leur rappela que leurs pères furent remplis de frayeur lorsqu’ils virent la gloire de l’Éternel au Sinaï et entendirent Sa voix du milieu de l’obscurité et du feu. Ils supplièrent alors Moïse de recevoir les paroles de Dieu en leur nom, car ils dirent : « Si nous entendons encore la voix de l’Éternel notre Dieu, nous mourrons ». Pourquoi cette peur de la mort ?

Pour eux, c’était instinctif, mais pour nous, la réponse est claire à la lumière de l’évangile. « La loi produit la colère » (Rom. 4:15) ; c’est « un ministère de mort, gravé en lettres sur des pierres… un ministère de condamnation » (2 Cor. 3:7, 9). L’apôtre Paul nous dit que « la loi est bonne, si quelqu’un en use légitimement » (1 Tim. 1:8) ; or si la loi est utilisée pour inscrire la sentence de condamnation et de mort sur le cœur d’un pécheur, elle est utilisée d’une manière tout à fait légitime.

En Deut. 5:29, Moïse rapporte les paroles que l’Éternel lui a adressées personnellement à l’époque. Il savait ce qui manquait du côté du peuple. Eux n’avaient pas « en eux, ce cœur-là » qui les inclinerait à la crainte et à l’obéissance pieuses. Plus loin dans ce livre, nous trouverons Moïse déplorant la même chose et parlant du peuple comme n’ayant pas de « foi ». Ils avaient, comme aucun autre peuple, une religion de la vue et de l’ouïe, mais sans la foi, cela ne servait à rien. L’épître aux Hébreux marque fortement le contraste avec cette situation. Les chrétiens hébreux n’étaient pas venus à la montagne que l’on peut toucher et aux choses visibles et audibles (Héb. 12:18,19), mais aux réalités invisibles, et c’est pourquoi nous avons le grand chapitre sur la foi et la déclaration que sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11:6).

Remarquez aussi, au v. 29, les mots « tous », « toujours », « à toujours ». L’obéissance doit être complète et continue. Sous la loi, l’homme est tel un bateau dans la tempête, maintenu en sécurité par une chaîne composée de nombreux maillons. Si chaque maillon est intact, en permanence, c’est bien. Mais si, à un moment donné, un seul maillon se brise, le bateau part à la dérive sur des écueils aussi sûrement que si tous les maillons s’étaient rompus. Voilà la portée de « tout » et « toujours ». C’est ce que souligne à nouveau le dernier verset de notre chapitre.


1.5 - Chapitre 6

Les premiers versets du ch. 6 montrent que Moïse continuait à insister sur ce fait auprès des esprits et de la conscience du peuple. Qu’est-ce qui les inciterait à observer toutes les lois et tous les statuts qui étaient placés devant eux ? Rien d’autre que la foi opérante par l’amour. C’est pourquoi, au v. 5, nous trouvons les paroles auxquelles notre Seigneur fait allusion en Matthieu 22:36-37, et qu’Il a appelées « le grand et premier commandement ». L’Éternel est un, contrairement aux nombreux faux dieux du monde païen, et s’Il est l’objet suprême de l’amour, l’obéissance suivra certainement. Il avait montré Son amour pour Israël par tout ce qu’Il avait fait en leur faveur, et ceci aurait dû susciter leur amour à Son égard. Ils n’avaient, bien sûr, pas connu la grande manifestation de l’amour de Dieu dans le don de Son Fils, telle que nous la connaissons. Nous, nous pouvons en effet dire : « Nous L’aimons, parce que Lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19), et nous connaissons ainsi l’amour manifesté au plus haut degré. Pourtant, Dieu leur avait montré Son amour en tant que peuple, comme cela leur est rappelé au chapitre suivant. Ils auraient dû L’aimer en retour.

Leur danger était d’oublier, comme le montrent les versets suivants ; le même danger nous guette aujourd’hui. D’où les instructions données aux v. 7-12. Ils devaient enseigner (inculquer, même) les lois de Dieu à leurs enfants, en parler dans leurs maisons et les écrire sur leurs poteaux et leurs portes. Il s’agit là d’une parole que nous devons aussi nous approprier. Nous pouvons évidemment remarquer que l’invention de l’imprimerie nous a donné un avantage énorme par rapport à la situation il y a environ trois mille cinq cents ans. C’est vrai, mais si nous n’étudions pas assidûment nos Bibles, si nous n’enseignons pas et ne parlons pas de leur contenu, nous sommes vraiment coupables.

Cela nous amène à demander à tous nos lecteurs : lisez-vous les Écritures seulement pour vous-mêmes, ou bien profitez-vous des nombreuses occasions d’assister à des réunions où la Parole de Dieu est lue et étudiée, ou à des réunions où des serviteurs du Seigneur l’annoncent ? Quand vous avez d’autres croyants chez vous, vos conversations tournent-elles autour des choses de Dieu ? Nous ne sommes pas autosuffisants dans ces domaines ; si c’était le cas, le Seigneur ne susciterait pas ceux qui peuvent enseigner et paître Ses saints. Si nous abandonnons « le rassemblement de nous-mêmes, comme quelques-uns ont l’habitude de faire » (Héb. 10:25), et si donc nous recevons peu d’enseignement et d’exhortation de la part des autres, notre vie spirituelle et notre témoignage manqueront probablement de vigueur. Nous ne jouirons que faiblement des bénédictions qui sont les nôtres et des responsabilités qui en découlent. Puissions-nous tous être revigorés quant à ces choses.

Cette exhortation à inculquer la Parole de Dieu, à en parler et à l’écrire, est suivie d’un avertissement très nécessaire sur le danger qui guettait le peuple quand ils seraient entrés dans le pays et qu’ils y jouiraient de la prospérité. Là, au milieu de choses agréables, ils pourraient facilement oublier l’Éternel et Ses commandements et suivre les voies des peuples environnants, en allant après leurs dieux. Cette parole s’adresse aussi à nous ; en l’observant, nous pouvons être rendus sages pour être sauvés d’un danger similaire.

Nous pouvons dire que les temps de prospérité terrestre sont des temps de danger spirituel, et généralement de déclin spirituel. L’histoire d’Israël en donne l’exemple : un rapide déclin a suivi la magnificence du règne de Salomon. L’histoire du début de l’Église illustre aussi cela : quand le temps des persécutions a cessé et que, sous le patronage de Constantin, l’Église a connu la faveur et la prospérité extérieure, un déclin rapide a pris place. Il en va de même aujourd’hui dans certaines parties du monde, en particulier dans les pays occidentaux : beaucoup disent n’avoir jamais eu autant de bien-être, mais sont totalement indifférents aux choses spirituelles. Qu’en est-il de nous ? N'illustrons-nous pas trop souvent les paroles du Seigneur : « Parce que l’iniquité prévaudra, l’amour de plusieurs sera refroidi » (Matt. 24:12). On aurait pu penser que beaucoup d’iniquité inciterait les saints à plus de chaleur, mais non. Un accroissement de la prospérité conduit à un accroissement de l’iniquité dans le monde, et cela affecte négativement les saints, les détournant des réalités spirituelles qui font la vraie vie.

Ainsi, dans la dernière partie de ce chapitre, le peuple est clairement averti de la facilité avec laquelle ils risquaient d’oublier comment l’Éternel les avait délivrés de l’esclavage de l’Égypte, et les avait fait sortir pour qu’ils Le servent et obéissent à Sa parole. Il leur est dit que s’ils craignaient l’Éternel et obéissaient à Ses lois, ce serait « pour leur bien, toujours », et qu’une telle obéissance serait « leur justice ». Cela aurait été une justice légale, mais ils ne l’ont jamais eue. L’évangile ne nous présente pas cela, mais plutôt la justice qui vient de Dieu.


1.6 - Chapitre 7

Dans les premiers versets du ch. 7, il est clairement dit au peuple d’exterminer totalement les nations qui possédaient alors le pays. Ils ne devaient ni conclure d’alliance avec elles ni leur faire miséricorde. Les « sceptiques » disent que ce commandement est d’une sauvagerie indigne de Dieu, s’Il est un Dieu de bonté. Examinons donc cela un instant. Israël ne l’a pas entièrement mis en œuvre, mais s’ils l’avaient fait, cela aurait été la troisième fois que Dieu agissait par un jugement soudain et global.

Le premier cas a été bien sûr le déluge. L’humanité a alors été rayée de la surface de la terre, à l’exception de huit âmes. Le deuxième cas a été la destruction des villes de la plaine, spécialement Sodome et Gomorrhe, dont seuls le juste Lot et ses deux filles ont été sauvés. Dans ces deux cas, la destruction était un acte de Dieu — par l’eau et par le feu et le soufre. Dans les deux cas, la corruption humaine avait atteint un tel niveau qu’elle ne pouvait plus être tolérée. C’était le cas des nations des Amoréens. Environ quatre cents ans auparavant, il avait été dit à Abraham : « l’iniquité des Amoréens n’est pas encore venue à son comble » (Gen. 15:16), mais maintenant elle était évidemment « à son comble », et Dieu avait l’intention de les exterminer comme Il l’avait fait auparavant avec le monde antédiluvien, puis avec Sodome, — mais cette fois-ci c’était en utilisant Israël comme instrument pour le faire, et donc en utilisant des hommes pour faire « Son œuvre étrange et Son travail inaccoutumé » (És. 28:21) de jugement ; Israël a failli, et le travail n’a pas été accompli, contrairement à ce qui était arrivé lorsque Dieu agissait par les forces de la nature.

Israël devait donc exécuter le jugement de Dieu sur ces peuples complètement corrompus, et leur extermination avait en vue un effet salutaire. Elle devait empêcher les mariages avec les filles des divers peuples, ces mariages étant le moyen le plus sûr d’infecter par les abominables systèmes idolâtres. La suite de leur histoire montre que leur défaillance dans ce domaine a largement contribué à ce qu’ils soient constamment tentés par l’idolâtrie, ce qui a finalement entraîné leur propre jugement et leur dispersion par les Assyriens et les Babyloniens. Ayant failli à juger et à détruire le mal, ils ont été contaminés et sont tombés sous son emprise. La séparation prescrite était d’ordre plutôt naturel que spirituel, mais c’était une nécessité absolue, et Dieu le savait bien.

Aujourd’hui, comme chrétiens, nous sommes tenus à une séparation de nature spirituelle, comme l’indique très clairement 2 Corinthiens 6:14-18. Israël, en tant que nation, était l’objet de l’amour de Dieu, amour qui s’est porté sur eux, non en raison de quelque chose de grand en eux-mêmes, car ils étaient peu nombreux et insignifiants, mais parce que Dieu était fidèle au serment qu’Il avait fait à leurs pères ; étant ainsi aimés, ils devaient être un peuple saint, ou séparé, dans toutes leurs voies. Nous, chrétiens, sommes aimés d’une manière plus personnelle et plus intime, et c’est pourquoi notre séparation et notre délivrance de ce présent siècle mauvais sont encore plus nettes. Nous sommes dans le monde, mais nous avons à être gardés du mal qui s’y trouve, comme l’a dit le Seigneur Jésus : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17:16).

Séparé des nations qui se trouvaient alors dans le pays, Israël ne devait pas les craindre, bien qu’elles fussent plus puissantes et plus nombreuses que lui, car Dieu, qui avait montré Sa puissance envers le Pharaon, était encore du côté d’Israël, et Il voulait déposséder les nations « peu à peu » — non pas d’un seul coup, mais étape par étape. C’est toujours ainsi que Dieu agit envers les saints. Nous ne saisissons pas tout d’un seul coup. Dans les choses de Dieu, c’est pas à pas que nous pouvons avancer. Nous commençons tous comme des petits enfants spirituels, et c’est heureux si nous progressons pour devenir des « jeunes gens », puis les « pères » de 1 Jean 2.

À la fin du chapitre, une fois de plus, ils sont mis en garde contre l’amour de l’argent et de l’or liés aux images idolâtres. Ils ne devaient ni craindre leur puissance, ni être fascinés par leur luxe. La suite de leur histoire a montré que, de ces deux sujets de crainte, c’est la tendance à être fasciné qui a eu sur eux l’effet le plus désastreux.

N’oublions pas que la même tendance opère parmi nous aujourd’hui. C’est pourquoi la première épître de Jean se termine par ces mots : « gardez-vous des idoles ». Pour nous, une idole, c’est tout ce qui piège nos cœurs et y usurpe la place qui revient à Dieu seul.


2 - Deutéronome 8-15

2.1 - Chapitre 8

Dans les premiers versets du ch. 8, Moïse met le peuple en face de certains faits qui sont spécialement parlant pour nous aujourd’hui. Tout d’abord, l’accent est à nouveau mis sur « tous les commandements » que Dieu a donnés. Les exigences du système de la loi étaient marquées par leur unité, tout comme la révélation que nous avons dans le Nouveau Testament, à savoir la révélation de Dieu en Christ, et de tout ce qui est établi en Lui, comme la grande expression de la grâce. Israël n’était pas libre de choisir parmi les commandements, pas plus que nous ne sommes libres aujourd’hui de choisir parmi les nombreuses instructions fournies par la grâce.

Ils devaient aussi se souvenir de « tout le chemin » par lequel Dieu les avait fait passer pour les éprouver dans le désert, pour les humilier et leur révéler ce qu’il y avait vraiment dans leur cœur, et pour leur montrer que leur vraie vie n’était pas basée sur la nourriture matérielle, mais sur les instructions et la nourriture spirituelles qu’on trouve dans la parole de Dieu. Ici, au v. 3, nous avons les paroles que le Seigneur Jésus cita à Satan lors de Sa tentation dans le désert. Les tentations d’Israël dans le désert ont révélé leur faillite totale, alors que la tentation de notre Seigneur a été permise pour révéler Sa perfection absolue. Il vivait en effet de « toute parole qui sort de la bouche de Dieu » ; autrement dit, Sa vie était marquée par une parfaite obéissance à la volonté du Père, en toutes choses. Nous sommes « élus … en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance … de Jésus-Christ » (1 Pierre 1:2). Nous devons obéir comme Lui a obéi.

En outre, il leur était rappelé que lorsque Dieu les a mis à l’épreuve dans le désert, Il a accompli en leur faveur un miracle qui a duré 40 ans. Nous osons dire que personne d’autre n’a jamais porté de vêtements durant autant d’années sans qu’ils vieillissent ni s’usent. Le châtiment dont parle le v. 5 a peut-être contribué à atténuer leur reconnaissance du miracle, bien sûr, mais ils ont subi ce châtiment parce qu’ils étaient en relation avec Dieu. Les hommes châtient leurs propres fils, pas ceux des autres. C’est exactement le principe d’Hébreux 12 qui est appliqué pour nous, où il est dit : « vous endurez des peines comme discipline : Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le Père ne discipline pas ? » Il nous est dit en outre que, bien qu’aucune discipline ne soit un sujet de joie, elle produit plus tard « le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle ». Le v. 6 indique qu’Israël devait être exercé à garder les commandements, à marcher dans les voies de Dieu et à le craindre, et ce d’autant plus qu’ils devaient être introduits dans un pays de grande prospérité terrestre ; quant à nous, nous sommes introduits dans une richesse de bénédictions spirituelles.

Dans la dernière partie de ce chapitre, Moïse les avertit des dangers qui se cachent dans la prospérité. Ils seraient alors tentés de se reposer dans le luxe, d’oublier la bonté de Dieu à leur égard et de rechercher de faux dieux. C’est ce qui est arrivé au cours de leur histoire, nous le savons. À nouveau, en tant que chrétiens, nous devons nous rappeler que, pour nous aussi, les jours de prospérité extérieure et terrestre sont des temps de danger spirituel et de défaite.


2.2 - Chapitre 9

Au ch. 9, Moïse rappelle au peuple la grande force, du point de vue militaire, de ceux qui se trouvaient alors dans le pays. Il y avait beaucoup de géants et leurs villes étaient solidement fortifiées. Mais Dieu étant pour Son peuple, ils auraient le pouvoir de les détruire complètement ; cependant, ce pouvoir serait exercé, non pas parce qu’eux étaient justes, mais parce que les peuples du pays étaient méchants. C’est comme s’il était dit au peuple : « Ne pensez pas que Dieu vous donnera la victoire parce que vous l’avez méritée ». Puis, dans le reste du chapitre, il rappelle au peuple son incrédulité et son grand péché dans l’affaire du veau d’or, et leur refus de monter dans le pays après le retour des espions. Tout cela prouvait qu’ils n’avaient aucune justice en eux-mêmes pour se tenir devant leur Dieu.

Que restait-il alors ? Il y avait la promesse faite à Abraham, confirmée à Isaac et à Jacob, pour laquelle ils n’avaient aucune condition à remplir. C’est ce qui restait, et ce que Moïse a plaidé devant Dieu, comme le révèle le v. 27. L’alliance avec les patriarches était une alliance de grâce ; elle s’accomplira dans la « nouvelle alliance », annoncée en Jérémie 31, lorsque la fin des voies de Dieu envers Israël sera atteinte. La base de cette nouvelle alliance repose sur la mort et la résurrection de Christ, et c’est sur cette base que l’évangile est diffusé aujourd’hui, comme le montre 2 Corinthiens 3:6. C’est « l’alliance éternelle », de Hébreux 13:20.

Après ce plaidoyer, Moïse osa rappeler à l’Éternel qu’Il avait fait sortir le peuple d’Égypte en vertu de l’alliance avec les patriarches avant même que la loi soit donnée au Sinaï. Maintenant que la loi avait été donnée et qu’ils avaient entièrement failli dans cette affaire du veau d’or, si l’Éternel les détruisait, les Égyptiens et les autres nations interpréteraient cela comme signifiant que Dieu n’était pas capable d’achever Son œuvre et de les amener dans le pays qu’Il s’était proposé.


2.3 - Chapitre 10

Ce ch. 10 s’ouvre sur le rappel de ce que les pierres originales sur lesquelles la loi était écrite, et qui avaient été brisées par Moïse, furent remplacées lors de son second séjour sur la montagne. Cette fois, ces secondes tables de la loi furent placées dans l’arche en bois de sittim (acacia), comme témoin permanent des saintes exigences de Dieu. La nomination de la tribu de Lévi à ce service spécial, à ce moment-là, témoignait du fait que Dieu supportait encore leur manque d’obéissance, et qu’eux appréciaient Sa bonté envers eux.

Ce que nous avons vu en Deut. 6:5 est de nouveau mentionné ici (10:12) : ce que notre Seigneur a appelé « le grand et premier commandement » (Matt. 22:38) ; car aimer Dieu sincèrement de tout son cœur et de toute son âme entraînerait l’obéissance à tous les commandements qu’Il avait donnés. D’où cette parole de l’apôtre Paul : « L’amour donc est la somme de la loi » (Rom. 13:10). Ce qui aurait dû les toucher, c’est l’amour que Dieu avait manifesté à leurs pères, et le fait qu’Il les avait choisis pour être tout spécialement Son peuple au-dessus de tous les autres. Mais combien plus grand est l’amour que Christ nous a manifesté !

En réponse à l’amour qui leur avait été témoigné, ils devaient tout d’abord « circoncire » leurs cœurs, comme le dit le v. 16. L’apôtre Paul y fait allusion en Romains 2:29. Le rite de la circoncision a été établi en relation avec l’alliance avec les patriarches en Genèse 17, même s’il a été confirmé plus tard en relation avec la loi. La tendance invétérée est d’observer le cérémonial extérieur et de méconnaitre sa signification. Israël devait être un peuple entièrement séparé pour Dieu. S’il y avait eu circoncision du « cœur », il y aurait eu le rejet de l’amour propre ou égoïsme par la connaissance de l’amour de Dieu.

Nous avons aujourd’hui la même tendance à mettre l’accent sur ce qui est cérémonial extérieur et visible, tout en négligeant l’importance de ce qui est intérieur et spirituel. Prenons par exemple l’ordonnance du baptême. Nous ne disposons pas d’une description exacte et détaillée de la manière dont il était administré, d’où les nombreux débats et arguments concernant le cérémonial extérieur. Si l’on avait accordé autant d’attention à la signification spirituelle de l’ordonnance, telle qu’elle est énoncée au début de Romains 6, nous en aurions tiré bien plus de profit : Morts et ensevelis avec Christ — notre ancienne vie, celle d’Adam, est jugée — une « nouveauté de vie » doit maintenant nous caractériser.

Si ceux d’Israël avaient circoncis leur cœur, une deuxième chose les aurait marqués. Ils auraient montré de l’amour pour l’étranger présent au milieu d’eux. Nous devons manifester l’amour qui nous a atteints en allant à la rencontre des autres avec l’évangile de la grâce de Dieu.


2.4 - Chapitre 11

Le ch. 11 est consacré entièrement aux exhortations de Moïse qui promettait, de la part de Dieu, de nombreuses bénédictions terrestres s’ils obéissaient, mais qui, par ailleurs, les avertissait de la malédiction qui pèserait sur eux s’ils désobéissaient. La fertilité de la terre à laquelle ils étaient appelés dépendait spécialement de la pluie du ciel en sa saison, et il serait donc désastreux pour eux si Dieu la retenait. Pour qu’ils obéissent, il leur était à nouveau demandé de garder continuellement devant eux tous les commandements, de les enseigner, d’en parler, de les écrire, comme il leur avait déjà été dit. S’ils obéissaient, Dieu serait avec eux avec une puissance à laquelle nul ne pourrait résister, et tous les lieux qu’ils fouleraient de leur pied leur appartiendraient.

Mais Moïse les avertissait également de la malédiction qui accompagnerait leur désobéissance et que, dans le pays, il devrait y avoir deux montagnes, l’une marquée par la malédiction et l’autre marquée par la bénédiction. Il est tristement significatif que le tout dernier mot de l’Ancien Testament soit le mot « malédiction ».


2.5 - Chapitre 12

Après ce nouvel avertissement solennel, le ch.12 est consacré à des « statuts et des ordonnances » se rapportant spécialement à leur vie, quand ils seraient dans le pays où ils se rendaient. Il commence par leur dire de détruire entièrement les nations qui se trouvaient alors dans le pays et d’éliminer toute trace de leurs pratiques idolâtres. Le chapitre se termine sur la même note, car le mal idolâtre est très contagieux, alors que le bien spirituel ne l’est pas. Ce principe se retrouve même dans les choses de la nature. Une bonne pomme placée parmi des pommes pourries n’enlèvera pas la pourriture de celles-ci, tandis qu’une pomme pourrie placée parmi de bonnes pommes fera rapidement pourrir toutes les bonnes. Nous ne devons jamais oublier que, bien qu’ayant une nouvelle nature parce que nous sommes nés de Dieu, l’ancienne nature adamique est encore en nous ; si elle n’est pas jugée, elle réagit aussitôt à tout mal qui la provoque.

Ainsi, tous les hauts lieux de ces nations, leurs arbres verts, leurs colonnes, leurs autels, leurs images, devaient être détruits, et leurs noms effacés de la mémoire. On se souvient que, lors de la division du royaume, Jéroboam a désobéi à ce commandement, et que ce mal a infecté tous les rois suivants des dix tribus, ce qui précipita leur captivité sous les rois d’Assyrie. Tout ce mal devait donc disparaître.

Mais des statuts d’une nature plus positive suivent. Une fois dans le pays, Dieu Lui-même choisirait un lieu où Il établirait Son nom, et c’est là que le peuple devait apporter leurs sacrifices et leurs offrandes. C’est là qu’ils pourraient manger devant Dieu et se réjouir, et ils sont spécialement mis en garde contre ce qui les avait tant caractérisés, à savoir que chacun fasse ce qui est bon à ses propres yeux. Cette injonction fut vite oubliée, quand les juges les dirigèrent dans le pays, pendant plusieurs siècles. Le livre des Juges se termine sur cette triste note : « En ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël ; chacun faisait ce qui était bon à ses yeux ».

Notez bien qu’ils ne considéraient pas ce qu’ils faisaient comme mauvais, mais comme juste ; mais ce n’était pas ce que Dieu avait ordonné, et donc ce n’était pas juste, selon Lui. Ce même problème s’est tristement manifesté dans l’histoire de la chrétienté. Une multitude de choses ont été faites et introduites dans le culte et le service de Dieu, parce qu’elles semblaient justes, même aux yeux de gens pieux, mais elles sont très éloignées de la simplicité établie dans le Nouveau Testament et telle qu’observée par l’Eglise primitive sous la direction des apôtres.

Dans ce chapitre, il y a donc des instructions sur le lieu que Dieu choisirait, et aussi sur la manière dont ils devraient apporter leurs offrandes d’animaux purs, et répandre leur sang, en prenant garde de ne pas en manger eux-mêmes. Ceci est répété deux fois dans ce chapitre, et il leur est rappelé que « le sang est la vie », et que la vie vient directement de Dieu ; ainsi, lorsqu’ils tuaient un animal, ils devaient verser le sang comme de l’eau sur la terre. C’était un sang « comme de l’eau ». Il est remarquable que lorsque le soldat perça le côté de Jésus, « aussitôt il en sortit du sang et de l’eau » (Jean 19:34). Dans son épître, l’apôtre Jean nous rappelle que notre Seigneur est venu par le sang mais aussi par l’eau, c’est-à-dire que ce qui a coulé du côté du Seigneur n’est pas seulement la base de la purification morale et spirituelle, mais que la peine du péché a été payée par le don de Son sang. C’est bien ce dernier fait que, de nos jours, beaucoup ne veulent pas admettre, mais qui est d’une importance capitale. La vie vient de Dieu, et le sang étant la vie de toute chair, il est sacré et ne doit pas être mangé comme une chose commune.

Ce n’était guère pris en considération par les nations, comme le montrent les derniers versets du chapitre. Ils brûlaient même leurs fils et leurs filles au feu en l’honneur de leurs faux dieux.


2.6 - Chapitre 13

Les premiers versets du ch. 13 mentionnent un autre danger qui pouvait se présenter à eux lorsqu’ils entreraient dans le pays. Moïse avait été leur grand prophète, par lequel Dieu leur avait parlé à maintes reprises. Or, l’une des ruses de l’adversaire consiste à imiter ce que Dieu fait. C’est pourquoi des prophètes inspirés non par Dieu, mais par l’ennemi, allaient surgir afin d’égarer le peuple. Ils ne devaient pas écouter de tels prophètes, mais les mettre à mort.

Le diable a utilisé des tactiques similaires contre la foi en Christ, comme nous le voyons en 1 Corinthiens 12:3 par exemple. Dans les premières assemblées chrétiennes, alors que le Nouveau Testament n’était pratiquement pas encore écrit, des hommes doués du don de prophétie prononçaient des paroles inspirées par l’Esprit de Dieu. Il pouvait se présenter parmi eux des hommes qui parlaient étant inspirés par un mauvais esprit ; il fallait les détecter et les rejeter. D’où l’injonction : « Que les prophètes parlent, deux ou trois, et que les autres jugent » (1 Cor. 14:29). En 1 Corinthiens 4, il leur avait été dit de ne pas juger avant le temps, quand ils essayaient d’estimer la valeur des différents serviteurs de Dieu ; mais ensuite (ch.14), il est dit que les paroles des prophètes dans l’assemblée devaient être écoutées avec un soin et un jugement pieux, de peur que des choses qui ne sont pas de Dieu soient dites. Une telle prudence et un tel jugement sont nécessaires aujourd’hui lorsque nous écoutons ce qui prétend être le ministère de la parole de Dieu. Cela anéantit l’idée qu’il soit possible que des hommes parlent de telle manière que tout ce qu’ils disent doive être reçu sans discuter.

Dans la dernière partie de ce chapitre, le peuple est mis en garde contre un danger similaire, mais pas de la part de prophètes autoproclamés. Des hommes méchants surgiraient au milieu d’eux et détourneraient une ville entière de l’Éternel pour l’entraîner au culte de faux dieux avec leurs abominations. Si le fait d’un tel mal était établi de manière indiscutable, il devait être entièrement détruit du milieu d’eux.

Nous devons noter attentivement ce que dit le v. 14. Le jugement ne devait pas être exécuté avant qu’il y ait eu enquête et recherche diligente des faits, de manière à ce que le mal signalé soit certain et incontestable. Une action hâtive pouvait facilement conduire à une erreur judiciaire. Si l’Église, aujourd’hui, faisait preuve d’une diligence et d’un soin semblables, nous serions rendus sage à salut (2 Tim. 3:15) vis-à-vis de certaines difficultés qui nous menacent.


2.7 - Chapitre 14

Les 21 premiers versets du ch. 14 soulignent le fait qu’Israël, en tant que nation, était un peuple spécialement mis à part pour Dieu, et qu’ils devaient donc, d’une part éviter certaines pratiques courantes, et d’autre part, faire très attention à ce qu’ils mangeaient. Éviter les choses interdites était sans nul doute pour leur bien physique et contribuait à les distinguer des autres peuples. Bien des siècles plus tard, quand, dans les milieux chrétiens, les Gentils ont rapidement dépassé en nombre les Juifs, ces restrictions ont donné lieu à des contestations sur des « questions douteuses » dont parle Romains 14. Dans ce chapitre, l’Esprit de Dieu ne légifère pas, mais laisse à chacun le soin de se convaincre par lui-même de ce qu’il doit faire. Nous pouvons utilement transposer cette pensée à ce que nous pouvons lire mentalement et digérer intérieurement. Veillons à ne pas nous nourrir nos âmes de ce qui est impur.

Le chapitre passe ensuite de ce dont ils devaient se nourrir à ce qu’ils devaient donner comme dîme, et à la manière dont ils devaient la présenter au Seigneur. La dîme était destinée à l’entretien des Lévites, dont la vie devait être consacrée au service de Dieu ; elle devait également être utilisée pour les pauvres et les nécessiteux qui se trouvaient parmi eux.


2.8 - Chapitre 15

La quasi-totalité du ch. 15 traite de la législation sur la manière dont les pauvres devaient être considérés parmi eux. Chaque septième année devait être une année de relâche. L’Israélite aisé pouvait prêter de l’argent à son voisin pauvre, mais tout ce qui n’était pas remboursé la septième année devait être lâché et laissé entre les mains du pauvre. Nous voyons donc que la loi exigeait un esprit de bienveillance à l’égard des pauvres parmi le peuple, bien que cette disposition ne s’appliquât pas aux étrangers parmi eux. S’il n’y avait pas de pauvres, la règle deviendrait caduque, mais au v. 11, il est dit clairement qu’il ne cesserait pas d’y avoir des pauvres au milieu du pays. Pour nous, chrétiens, il est tout aussi vrai qu’il y aura toujours parmi nous des « faibles dans la foi », qui ne sont que de « petits enfants » en Christ ; et ceux qui sont forts dans la foi doivent veiller à ne pas faire périr, par leur « connaissance », « le frère faible pour lequel le Christ est mort » (1 Cor. 8:11). Les pauvres et les faibles doivent être pris en considération.

Aux v. 16-18, il est reparlé de la loi au sujet du « serviteur hébreu », donnée pour la première fois en Exode 21. Il est remarquable qu’il en est reparlé ici, en relation avec ceux qui sont « pauvres » ; nous y voyons quelque chose qui a été parfaitement accompli dans le Seigneur Jésus. Il a pris « la forme d’esclave » et, bien qu’étant riche, Il a vécu dans la pauvreté pour nous, comme il est dit en 2 Corinthiens 8:9. Il est à nouveau rappelé que l’on perçait l’oreille contre la porte, ce qui impliquait l’effusion de sang, même s’il ne s’agissait que d’une goutte. Comme en Égypte, il devait y avoir du sang sur la porte, mais cette fois-ci pour signifier le dévouement de celui dont le sang a été versé.

L’image présentée dans ce chapitre est évidemment celle de la grâce qui devait briller au milieu des exigences de la loi. Nous pouvons clore notre méditation sur ces choses en observant que, s’il devait y avoir une manifestation de la grâce quand la loi régnait, combien plus la grâce devrait-elle caractériser tout notre comportement aujourd’hui, puisque « nous ne sommes pas sous la loi mais sous la grâce » (Rom. 6:14).