« De Dieu et non pas de nous » — 2 Cor. 4:7

Frank Binford Hole

Extrait de Scripture Truth, Vol. 14, 1922, page 257


1 - [Ministère de Paul selon 2 Cor. 3]

2 - [2 Cor. 4 — Le trésor dans des vases de terre]

3 - [Dans le livre des Juges]

3.1 - Ehud

3.2 - Shamgar

3.3 - Débora et Barak

3.4 - Gédéon

3.5 - Abimélec

3.6 - Jephté

3.7 - Samson

4 - [Paul avec les Corinthiens]

5 - [De nos jours, que l’œuvre se fasse par la puissance de Dieu et à la gloire de Dieu]

6 - [Connaître la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle]

7 - [Comme au temps des Juges, la puissance de Dieu opère par des serviteurs insignifiants]


Nous n’apprenons pas facilement la leçon que toute puissance est de Dieu, et que le plus grand des serviteurs du Seigneur n’est qu’un réceptacle, un vase, de cette puissance, et rien de plus.


1 - [Ministère de Paul selon 2 Cor. 3]

En 2 Corinthiens 3, l’apôtre Paul établit un contraste frappant entre l’ancienne alliance qui exige, et le ministère de bénédiction de la nouvelle alliance qu’il exerce selon qu’il avait été désigné pour le faire ; l’ancienne alliance a été glorieuse dans sa mesure, mais transitoire ; la nouvelle alliance a une gloire incomparable et durable ; l’une apporte avec elle, la mort et la condamnation, l’autre apporte la justice et l’Esprit, et elle a pour effet la transformation de ceux qui viennent dans la lumière de la gloire sans voile du Seigneur.


2 - [2 Cor. 4 — Le trésor dans des vases de terre]

En 2 Corinthiens 4, l’apôtre passe du caractère du ministère à celui du ministre (serviteur), et montre que ce dernier était en accord avec le premier. Chargé d’un tel ministère, non seulement il rejetait tous les artifices minables si courants chez les hommes lorsqu’ils s’efforcent de faire avancer « une cause » (4:2), mais il se tenait à l’écart. « Nous ne prêchons pas nous-mêmes, dit-il, mais le christ Jésus comme Seigneur » (4:5). Cette « connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » est la puissance de transformation du croyant, et elle est aussi celle qui rayonne du serviteur du Seigneur dans l’exercice de ce ministère de la nouvelle alliance (4:6).

L’apôtre ajoute ensuite que ce trésor, si grand soit-il, est contenu dans des « vases de terre » (4:7) et, dans les versets suivants, il montre comment Dieu lui-même s’occupe du vase de terre, et permet que toutes sortes de circonstances éprouvantes s’abattent sur lui, afin qu’en toute chose la sentence de mort pèse sur le vase, et que l’excellence du trésor qu’il contient soit ainsi plus clairement manifestée. De cette manière, il est démontré de manière incontestable que le vase n’est rien en tant que tel, et que l’« excellence » ou la « surabondance » de la puissance est « de Dieu et non pas de nous ».


3 - [Dans le livre des Juges]

Dans les allusions faites ici à la lumière qui brille, aux vases de terre et à l’action de Dieu sur ces vases, on peut penser que l’apôtre Paul faisait référence à l’incident de l’Ancien Testament concernant Gédéon et ses hommes avec les cruches et les lampes à l’intérieur, comparant le brisement des cruches qui permettait de voir la lumière des lampes, à l’action de Dieu sur les vases de terre, les réduisant au néant pour que la lumière brille.

Quoi qu’il en soit, il est certain que le livre des Juges, outre l’histoire de Gédéon, fournit des illustrations très frappantes de ce que la manière de Dieu consiste à prendre des instruments et des récipients (vases) en faisant ressortir très clairement que la puissance qui opère n’est aucunement celle de l’instrument ou du récipient, mais purement la Sienne.

Il y a au moins sept illustrations de ce genre dans le livre des Juges.


3.1 - Ehud

Ehud, le Benjaminite, suscité par Dieu pour délivrer d’Eglon, roi de Moab, était « un homme gaucher » (Juges 3:15), littéralement « fermé quant à sa main droite ». La « main droite » évoque la « puissance » ou la « force » dans le langage ordinaire. Voici un homme amoindri dans sa force, un homme qui n’aurait pas pu délivrer d’un coup toute la nation de l’oppresseur. Pourtant, c’est ce qu’il fit, grâce au coup porté par sa main gauche, et le pays connut le repos pendant pas moins de quatre-vingts ans.


3.2 - Shamgar

« Après lui, il y eut Shamgar… qui tua six cents hommes des Philistins avec un aiguillon à bœufs, et il délivra aussi Israël » (Juges 3:31).

De ce Shamgar, nous ne savons pas grand-chose. Les Philistins opprimaient durement Israël, du moins la partie méridionale du pays, car de son temps « les chemins étaient délaissés, et ceux qui allaient par les grands chemins allaient par des sentiers détournés » (Juges 5:6). Apparemment aussi, ils poursuivaient la stratégie adoptée par leurs descendants plusieurs centaines d’années après, consistant à extirper tous les forgerons du pays d’Israël, afin que les Israélites soient sans armes et sans défense (1 Sam. 13:19-21). Shamgar était donc réduit à se servir d’un aiguillon à bœufs comme arme de guerre. Voyez-le affronter au moins 600 hommes, armé seulement d’un long bâton, ayant juste au bout une petite pointe de fer ! Pour un éleveur de bétail ou un berger, c’est, bien sûr, un excellent outil, mais quittant ses bœufs pour devenir guerrier avec cette seule arme, cela devenait extrêmement ridicule. Pourtant, quelle victoire avec cette arme primitive ! Devons-nous faire l’éloge de l’aiguillon à bœufs ? Non, l’excellence de la puissance n’était pas de l’homme ni de son arme.


3.3 - Débora et Barak

Le peuple tomba de nouveau sous la puissance de ses ennemis, et Jabin, roi de Hatsor, les asservit. Il les opprima « fortement ». Mais Dieu intervint et le fit tomber. Le vase choisi pour ce nouveau service fut Débora, une prophétesse. Elle réveilla et inspira Barak qui tremblait. Un autre vase fut utilisé de manière secondaire, Jaël, femme de Héber le Kénien, encore une femme ; et encore une fois elle se servit d’un instrument particulier contre Sisera, le capitaine de l’armée de Jabin : c’était « un pieu de la tente », ce qu’on utilise pour tenir toiles et cordages.

Dirigés par une femme, Barak et ses dix mille hommes affrontèrent la puissante armée de Jabin, fortifiée par neuf cents chars de fer, et la battirent complètement. « Toute l’armée de Sisera tomba au fil de l’épée, et il n’en resta pas un seul », dit l’Écriture (Juges 4:16). Pour couronner la défaite, le grand Sisera, héros de tant de victoires, tomba devant une femme avec un piquet de tente ! Barak avait été averti auparavant que l’entreprise dans laquelle il s’engagea avec tant de réticence et de timidité, ne serait pas à son honneur ; c’est bien ce qui arriva. La faiblesse et l’insignifiance des moyens employés montrèrent clairement que tout l’honneur et toute la gloire revenaient à Dieu.


3.4 - Gédéon

Israël pécha de nouveau et les Madianites les opprimèrent. Dieu choisit alors comme libérateur Gédéon, qui reconnait lui-même : « Mon millier est le plus pauvre en Manassé, et moi je suis le plus petit dans la maison de mon père » (Juges 6:15). Gédéon se retrouva à la tête de 32 000 hommes, de sorte que les armées d’Israël commençaient à prendre des proportions respectables. Pourtant, avant d’être utilisables par Dieu, elles furent réduites à un noyau minable de 300 hommes ; et pour rendre même ridicule cette petite armée méprisable, leurs seules armes furent des trompettes, des cruches et des lampes !

Cependant, Gédéon et ses faibles 300 hommes battirent complètement la grande armée madianite. Ils étaient comme « un gâteau de pain d’orge » qui « roulait dans le camp de Madian, et il arriva jusqu’à la tente et la heurta, et elle tomba ; et il la retourna sens dessus dessous, et la tente était là renversée » (Juges 7:13). Les trompettes, les cruches et les lampes sont des armes merveilleusement efficaces si Dieu veut bien s’en servir, mais il est alors évident que l’excellence de la puissance ne vient pas d’elles, mais de Dieu.


3.5 - Abimélec

Après Gédéon vint Abimélec, son fils ; sans scrupules, il devint un véritable fléau pour la nation. Ils étaient dès lors affligés de l’intérieur, et non plus de l’extérieur ; pendant quelques années, il y eut des troubles et une guerre civile. Abimélec avait un caractère très fort, et il semblait que son joug tyrannique n’en serait que plus solidement attaché aux épaules d’Israël, quand soudain la délivrance arriva. Abimélec s’empara de la ville de Thébets et, en désespoir de cause, ses habitants survivants se réfugièrent dans une tour. Au moment où le feu allait être allumé pour leur destruction, Abimélec fut terrassé. Et comment ? Une femme jeta du haut de la tour une meule tournante. Elle lui frappa la tête, « et lui brisa le crâne » (Juges 9:53).

Une fois encore, une femme est devenue le vase de la puissance de Dieu, et un fragment sans valeur d’une meule autrefois utile, en est devenu l’instrument.


3.6 - Jephté

Une fois de plus, Israël tomba sous une domination étrangère, et Ammon devint leurs oppresseurs. Ce trouble incita Israël à se repentir, à confesser et à ôter les dieux étrangers. Finalement, ils se levèrent pour se libérer de l’ennemi, mais il manquait un chef, et la question fut de savoir où en trouver un.

Sur qui Dieu posa-t-Il sa main pour diriger cette œuvre de délivrance ? Sur un individu des plus inattendus. Jusqu’à présent, nous avons remarqué qu’il Lui plaisait d’utiliser des choses faibles, insignifiantes et même ridicules. Nous Le voyons maintenant choisir un individu dont l’origine suggère non pas l’insignifiance, mais la honte.

« Jephté, le Galaadite, était un fort et vaillant homme, et il était fils d’une prostituée » (Juges 11:1). En vérité, dans ces domaines, les voies de Dieu sont différentes des nôtres.


3.7 - Samson

Le dernier des Juges est Samson. Quant à la force physique, il fut de loin le plus fort d’eux tous, mais quant au caractère, il apparaît comme le plus faible de tous.

Ses remarquables pouvoirs physiques n’étaient manifestement pas simplement de lui. Ils ne durèrent qu’aussi longtemps qu’il conserva intact son nazaréat. La présence du danger le stimulait et, dans des moments cruciaux, « l’Esprit du Seigneur le saisit » (Juges 14:19 ; 15:14). Selon la manière de Dieu, les instruments utilisés pour accomplir ses exploits furent des plus simples. À une occasion, nous lisons « quoiqu’il n’eût rien en sa main » (14:6), et à une autre occasion encore, lorsqu’un instrument fut utilisé, ce n’était qu’« une mâchoire d’âne fraiche » ; c’est avec cet instrument qu’il eut la victoire sur mille hommes (15:15).

Comme instrument de combat, la mâchoire d’un âne, qu’elle soit neuve ou ancienne, n’est guère efficace ; mais après tout, elle était mieux que rien du tout !


4 - [Paul avec les Corinthiens]

Ces incidents du livre des Juges illustrent donc pleinement la grande déclaration de l’Écriture de 1 Corinthiens 1 (v.27-29), où il est dit que « Dieu a choisi les choses folles du monde, … les choses faibles, … les choses viles, … les choses méprisées, … et les choses qui ne sont pas … » — les rien du tout dans le monde. Non seulement Dieu a ainsi choisi des gens pour être Ses saints, mais Il les a choisi aussi comme Ses serviteurs dans Son œuvre.

Les saints de Corinthe étaient charnels, et pensaient beaucoup trop à l’homme, à ses qualifications et à ses pouvoirs. L’éloquence et la sagesse les attiraient puissamment. L’apôtre Paul désavouait expressément de telles choses (1 Cor. 2:1). Pour lui, elles n’étaient qu’un embarras, comme l’armure de Saül pour David. Il les mettait de côté définitivement comme des artifices honteux que les hommes emploient parfois pour arriver à leurs fins, comme nous l’avons vu dans 2 Cor. 4:2. Les armes de son combat n’étaient pas du tout charnelles (2 Cor. 10:4), car il reconnaissait que seule la puissance de Dieu suffit à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. Rappelons-nous que Dieu ne change pas les principes fondamentaux de Ses manières de faire, et celle-ci est encore exactement la même aujourd’hui.


5 - [De nos jours, que l’œuvre se fasse par la puissance de Dieu et à la gloire de Dieu]

Nous avons souvent entendu beaucoup de surprise exprimée, et nous l’avons ressentie nous-mêmes, lorsque Dieu a manifestement agi par des voies qui nous semblaient les plus improbables et les moins appropriées. Nous pensons à tel serviteur, doué du Seigneur, qui prêchait l’Évangile avec beaucoup de fidélité et de pertinence, et avec une compréhension intelligente de ses principes fondamentaux ; nous en étions ravis, pourtant, aucun résultat frappant ne suivait. Un autre vint, sans aucune de ces qualifications ; nous ne pouvions que le considérer comme cruellement dépourvu de capacité et d’intelligence ; pourtant des effets très notables furent produits. Ce n’était pourtant pas étonnant, car une telle manière de la part de Dieu était strictement conforme à ce que nous avons vu dans le livre des Juges.

En vérité, puisque la puissance qui accomplit réellement l’œuvre de Dieu est « de Dieu et non pas de nous », ce qui est de première importance est que tout soit manifestement fait par la puissance de Dieu et à la gloire de Dieu. La capacité, le don et l’intelligence du serviteur sont souhaitables, et ne doivent pas être méprisés. Mais si le serviteur qui les possède est, un tant soit peu, tenté de s’appuyer sur eux, ou, ce qui est encore pire, d’en faire parade, Dieu se passera de lui, et utilisera quelque instrument stupide ou insignifiant, à notre grand étonnement.

Dieu l’a souvent fait dans le passé et le fait fréquemment aujourd’hui – triste preuve qu’il est rare que l’un de nous possède une capacité, un don ou une intelligence sans être tenté de s’appuyer dessus.


6 - [Connaître la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle]

Que personne ne s’imagine que nous lançons une sorte de plaidoyer contre l’intelligence et la compréhension dans les choses de Dieu. Ce n’est pas le cas. Si nous le faisions, nous irions à l’encontre de l’Écriture, puisque l’apôtre priait pour que les saints soient « remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle » (Col.1:9). Que personne ne dise non plus : « Alors, je ne chercherai pas à connaître les Écritures. J’irai vers ce qui vise à la conversion des âmes, mais je ne chercherai pas à aller au-delà ». Freiner ainsi délibérément la croissance de quelqu'un dans la compréhension spirituelle, c’est courir vers des troubles et des désastres.


7 - [Comme au temps des Juges, la puissance de Dieu opère par des serviteurs insignifiants]

Nous prions sincèrement pour que nous puissions tous nous rappeler que la première qualification d’un serviteur du Christ est qu’il prenne à tous égards la place de serviteur, insignifiant et sans valeur : tout en exerçant le don qu’il possède avec toute l’intelligence qu’il a pu acquérir, que dans ses pensées il se dépouille de toute apparence de puissance et d’éclat que son don peut lui donner ; que, dans son état et sa conscience, il soit comme un gaucher, ou un aiguillon à bœufs, ou un pieu de tente, ou des trompettes, des cruches et des lampes, ou un morceau de meule, ou le fils d’une prostituée, ou la mâchoire d’un âne, ou même rien du tout.

C’est ce qu’il en était de l’apôtre Paul, de manière prééminente. Qui avait des dons spirituels aussi puissants que lui ? Qui avait une telle intelligence de l’ensemble du conseil de Dieu ? Qui avait une telle force de caractère ? Pourtant, comme un vase d’argile, il a été malmené et réduit à néant. Le résultat en est l’accomplissement, à travers lui, de résultats jamais égalés dans l’histoire de l’église. Lui et ses compagnons étaient connus comme « ces gens qui ont bouleversé la terre habitée » (Actes 17:6). Il y avait en eux une puissance que personne ne pouvait nier, et l’excellence de cette puissance était très manifestement DE DIEU.

L’ère apostolique est passée depuis longtemps, et nous sommes dans des jours très analogues à ceux des Juges, ce qui ne fait qu’accentuer ce que nous avons dit. « Je ne donnerai pas ma gloire à un autre » (Ésaïe 42:8) : cela reste toujours la parole de Dieu, et, dans nos jours caractérisés par l’infidélité de l’Église et la confusion qui en résulte, nous pouvons compter que Dieu accomplira Son œuvre de manière à manifester Sa gloire et à ne faire aucun cas de l’homme.