Deuxième Épître aux Corinthiens — Court exposé

Hamilton Smith

http://www.stempublishing.com/authors/smith/CORINTH2.html

Table des matières abrégée :

1 - Préface

2 - 2 Corinthiens 1

3 - 2 Corinthiens 2

4 - 2 Corinthiens 3

5 - 2 Corinthiens 4

6 - 2 Corinthiens 5

7 - 2 Corinthiens 6 et 7:1

8 - 2 Corinthiens 7:2 à 7:16

9 - 2 Corinthiens 8

10 - 2 Corinthiens 9

11 - 2 Corinthiens 10

12 - 2 Corinthiens 11

13 - 2 Corinthiens 12

14 - 2 Corinthiens 13


Table des matières détaillée

1 - Préface

2 - 2 Corinthiens 1

2.1 - 2 Cor. 1:1-2

2.2 - 2 Cor. 1:3-6

2.3 - 2 Cor. 1:7

2.4 - 2 Cor. 1:8-10

2.5 - 2 Cor. 1:11-12

2.6 - 2 Cor. 1:13-14

2.7 - 2 Cor. 1:15-18

2.8 - 2 Cor. 1:19

2.9 - 2 Cor. 1:20

2.10 - 2 Cor. 1:21-22

2.11 - 2 Cor. 1:23-24

3 - 2 Corinthiens 2

3.1 - 2 Cor. 2:1-3

3.2 - 2 Cor. 2:4

3.3 - 2 Cor. 2:5-8

3.4 - 2 Cor. 2:9-10

3.5 - 2 Cor. 2:11

3.6 - 2 Cor. 2:12-13

3.7 - 2 Cor. 2:14

3.8 - 2 Cor. 2:15-16

3.9 - 2 Cor. 2:17

4 - 2 Corinthiens 3

4.1 - 2 Cor. 3:1

4.2 - 2 Cor. 3:2

4.3 - 2 Cor. 3:3

4.4 - 2 Cor. 3:4

4.5 - 2 Cor. 3:5-6

4.6 - 2 Cor. 3:7-11

4.6.1 - Premièrement, la loi est un ministère de condamnation et de mort

4.6.2 - Deuxièmement, la loi était écrite et gravée sur des pierres

4.6.3 - Troisièmement, la loi prend fin

4.6.4 - Quatrièmement, la loi a été introduite avec gloire

4.6.5 - Le ministère de l’Esprit

4.6.6 - Le ministère de la justice

4.6.7 - Le ministère qui demeure

4.6.8 - Le ministère qui subsiste en gloire

4.7 - 2 Cor. 3:12-13

4.8 - 2 Cor. 3:14-16

4.9 - 2 Cor. 3:17-18

5 - 2 Corinthiens 4

5.1 - 2 Cor. 4:1

5.2 - 2 Cor. 4:2

5.3 - 2 Cor. 4:3-4

5.4 - 2 Cor. 4:5

5.5 - 2 Cor. 4:6

5.6 - 2 Cor. 4:7-9

5.7 - 2 Cor. 4:10-12

5.8 - 2 Cor. 4:13

5.9 - 2 Cor. 4:14

5.10 - 2 Cor. 4:15

5.11 - 2 Cor. 4:16

5.12 - 2 Cor. 4:17-18

6 - 2 Corinthiens 5

6.1 - 2 Cor. 5:1-4

6.2 - 2 Cor. 5:5

6.3 - 2 Cor. 5:6-8

6.4 - 2 Cor. 5:9

6.5 - 2 Cor. 5:10

6.6 - 2 Cor. 5:11

6.7 - 2 Cor. 5:12

6.8 - 2 Cor. 5:13-14

6.9 - 2 Cor. 5:15

6.10 - 2 Cor. 5:16-21

7 - 2 Corinthiens 6 et 7:1

7.1 - 2 Cor. 6:1

7.2 - 2 Cor. 6:2

7.3 - 2 Cor. 6:3

7.4 - 2 Cor. 6:4-10 — Une vie d’épreuves

7.4.1 - 2 Cor. 6:4

7.4.2 - 2 Cor. 6:5

7.4.3 - 2 Cor. 6:6-10

7.5 - 2 Cor. 6:11-13

7.6 - 2 Cor. 6:14

7.6.1 - 2 Cor. 6:14a — Contre le joug mal assorti

7.6.2 - 2 Cor. 6:14b

7.6.3 - 2 Cor. 6:15

7.6.4 - 2 Cor. 6:16

7.7 - 2 Cor. 6:17

7.8 - 2 Cor. 6:18

7.9 - 2 Cor. 7:1

8 - 2 Corinthiens 7:2 à 7:16

8.1 - 2 Cor. 7:2

8.2 - 2 Cor. 7:3

8.3 - 2 Cor. 7:4

8.4 - 2 Cor. 7:5-7

8.5 - 2 Cor. 7:8-11

8.6 - 2 Cor. 7:12

8.7 - 2 Cor. 7:13-16

9 - 2 Corinthiens 8

9.1 - 2 Cor. 8:1-5

9.2 - 2 Cor. 8:6-7

9.3 - 2 Cor. 8:8

9.4 - 2 Cor. 8:9

9.5 - 2 Cor. 8:10-15

9.6 - 2 Cor. 8:16-24

10 - 2 Corinthiens 9

10.1 - 2 Cor. 9:1-2

10.2 - 2 Cor. 9:3-5

10.3 - 2 Cor. 9:6

10.4 - 2 Cor. 9:7-9

10.5 - 2 Cor. 9:10-12

10.6 - 2 Cor. 9:13-14

10.7 - 2 Cor. 9:15

11 - 2 Corinthiens 10

11.1 - 2 Cor. 10:1

11.2 - 2 Cor. 10:2-3

11.3 - 2 Cor. 10:4-5

11.4 - 2 Cor. 10:6

11.5 - 2 Cor. 10:7-11

11.6 - 2 Cor. 10:12

11.7 - 2 Cor. 10:13-16

11.8 - 2 Cor. 10:17-18

12 - 2 Corinthiens 11

12.1 - 2 Cor. 11:1

12.2 - 2 Cor. 11:2-4

12.3 - 2 Cor. 11:5-6

12.4 - 2 Cor. 11:7-10

12.5 - 2 Cor. 11:11-12

12.6 - 2 Cor. 11:13-15

12.7 - 2 Cor. 11:16-21

12.8 - 2 Cor. 11:22

12.9 - 2 Cor. 11:23-29

12.10 - 2 Cor. 11:30-33

12.11 - Récapitulé de ce ch. 11

12.11.1 - L’apôtre, un modèle

12.11.2 - Les faux frères

13 - 2 Corinthiens 12

13.1 - 2 Cor. 12:1-6

13.2 - 2 Cor. 12:7

13.3 - 2 Cor. 12:8-10

13.4 - 2 Cor. 12:11-15

13.5 - 2 Cor. 12:16-18

13.6 - 2 Cor. 12:19-21

14 - 2 Corinthiens 13

14.1 - 2 Cor. 13:1-2

14.2 - 2 Cor. 13:3-6

14.3 - 2 Cor. 13:7

14.4 - 2 Cor. 13:8-9

14.5 - 2 Cor. 13:10

14.6 - 2 Cor. 13:11-13


1 - Préface

L’apôtre s’était proposé de visiter l’assemblée à Corinthe une seconde fois, mais s’était ensuite senti conduit à modifier ses plans. Il écrit cette deuxième épître pour leur en expliquer la raison, et pour préparer la mise en œuvre d’un troisième projet pour une seconde visite.

Déjà dans ces premiers temps, l’ennemi cherchait à corrompre la profession chrétienne par de « faux apôtres, des ouvriers trompeurs », et « de faux frères » (11:13, 27). L’apôtre craignait que de telles personnes aient opéré leur œuvre trompeuse à Corinthe, détachant les cœurs des saints de Christ, présentant de faux ministères (11:4), discréditant les vrais serviteurs de Christ, tout cela pour attirer des disciples après eux.

Le long de son épître, Paul avertit les saints contre ces maux en présentant la vérité qui dévoile le mal. Il présente Christ dans la gloire, Celui en qui toutes les promesses de Dieu sont oui et amen (ch.1). Il présente les saints sur la terre comme laissés ici-bas pour être la lettre de Christ (ch.3). Il présente le vrai ministère de l’Esprit, et les caractéristiques des vrais serviteurs du Seigneur par qui Son œuvre est effectué (ch.5-6). En outre, il exhorte les saints à Corinthe à servir les autres en amour en donnant aux nécessiteux (ch.8-9).

Ayant mis devant eux Christ, Son service, Ses serviteurs, et la grâce de Christ qui donne aux autres, il dévoile les fausses prétentions d’hommes mauvais qui cherchaient à corrompre les assemblées de Dieu en se présentant comme des anges de lumière et des ministres de justice (ch.10-11).


2 - 2 Corinthiens 1

2.1 - 2 Cor. 1:1-2

En écrivant sa deuxième épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul s’associe Timothée, qui leur était bien connu du fait qu’il avait travaillé au milieu d’eux ; et en s’adressant à l’assemblée, il inclut les saints en Achaïe dont Corinthe était la capitale. Il prend soin ainsi de montrer que, dans tout ce qu’il a à dire, il a la pleine communion de quelqu’un qui les connait bien, et que d’autre part il ne les considère pas comme indépendants des autres assemblées du Seigneur.


2.2 - 2 Cor. 1:3-6

L’apôtre commence son épître en rappelant ses épreuves. Il avait souffert la persécution de la part du monde, et une grande affliction et de l’angoisse de cœur à cause du bas état qui avait existé parmi les saints à Corinthe, ceux-là mêmes qui auraient dû être une source de joie pour lui (2:3-4). Néanmoins ces épreuves venant tant de l’intérieur que de l’extérieur du cercle chrétien, étaient devenues l’occasion de faire l’expérience des compassions de Dieu et de Sa consolation (1:4-5). David, en son temps, passa par des expériences similaires lorsque les orgueilleux se levaient contre lui, et que les hommes violents cherchaient son âme ; il a pu dire alors : « Mais toi, Seigneur ! tu es un Dieu miséricordieux [ou : de compassion] », et « Toi, ô Éternel ! tu m’auras aidé, et tu m’auras consolé » (Ps. 86:15,17).

L’expérience personnelle de la miséricorde [des compassions] et de la consolation de Dieu a eu un triple effet sur Paul :


Ainsi l’apôtre était capable d’apporter consolation et réconfort à ces saints qui enduraient de semblables souffrances (1:6). Dans le cas des saints de Thessalonique qui subissaient des persécutions et des tribulations, il pouvait aussi les remettre à Dieu « qui nous a donné une consolation éternelle » pour « consoler leurs cœurs » (2 Thes. 1:4 ; 2:16-17). Plus tard, en prison, il pouvait encore parler aux saints de Philippes de la « consolation en Christ » (Phil. 2:1 ; voir aussi Éph. 6:22 ; Col. 2:2 ; 4:8).


2.3 - 2 Cor. 1:7

Ainsi l’espérance de l’apôtre à l’égard de ces saints demeurait ferme. Il ne craignait pas pour eux à cause de leurs épreuves. Il comprenait que, s’ils avaient à endurer des souffrances, ils jouiraient aussi de la consolation.


2.4 - 2 Cor. 1:8-10

L’apôtre fait ensuite référence aux épreuves sévères qu’il avait traversées en Asie. La pression tombée sur lui dépassait les forces humaines ; il avait désespéré même de vivre (1:8). Néanmoins il avait pu constater qu’aucune épreuve ni aucune opposition que le chrétien doit affronter ne dépassent le puissant soutien de Dieu. L’apôtre pouvait désespérer de vivre, mais il ne désespérait pas de Dieu. Même face à la mort, et une mort violente entre les mains des méchants comme son Maître, pourtant Dieu était plus fort que la mort. Ainsi, dans ses grandes épreuves, il avait dû apprendre sa propre faiblesse et la toute-puissance de Dieu, afin qu’il ne se confie pas en lui-même, mais en Dieu qui ressuscite les morts (1:9). Regardant en arrière, il peut dire : Dieu m’a délivré ; regardant autour de lui, il peut dire : Dieu délivre ; et regardant en avant il peut dire : Dieu délivrera encore (1:10). Or ce que Paul pouvait dire dans ses grandes épreuves, le croyant le plus simple a aussi le privilège de le dire avec autant de confiance en Dieu.


2.5 - 2 Cor. 1:11-12

En outre, l’apôtre reconnaît avec joie la communion des saints de Corinthe à son égard dans ses épreuves. Ils avaient coopéré dans la prière pour l’apôtre pour que la grâce qui lui était accordé puisse avoir son effet pour la bénédiction des âmes et donc conduire à des actions de grâces à Dieu (1:11). Il pouvait en confiance compter sur leurs prières, car sa conscience témoignait de la pureté de ses motifs dans son service (1:12a). Il avait servi en simplicité avec un œil non double, et avec sincérité devant Dieu (1:12b). Son service n’était pas le fruit d’une sagesse charnelle, qui aurait fait ce qui est juste pour des motifs de politique humaine, comme cela arrive souvent (1:12c).


2.6 - 2 Cor. 1:13-14

Comptant ainsi sur leurs prières et sur ce qu’ils reconnaitraient ce qu’il leur disait dans sa lettre, il peut se réjouir en eux comme ils se réjouissent en lui, ayant tous en vue la journée du Seigneur Jésus.


2.7 - 2 Cor. 1:15-18

Cette confiance mutuelle l’amène à expliquer ses déplacements dont certains auraient pu penser qu’ils avaient été modifiés à la légère, ce qui affaiblissait leur confiance en lui. Il s’était proposé de leur faire une seconde visite (1:15-16), et bien qu’il ait changé ses plans, ce n’était pas à la légère, comme s’il agissait avec l’indécision de la chair (1:17). Ainsi, il pouvait vraiment déclarer devant Dieu que sa parole qu’il leur avait adressée « n’était pas oui et non » (1:18).


2.8 - 2 Cor. 1:19

Cela conduit les pensées de l’apôtre vers Christ, le modèle parfait de toute conduite chrétienne. Paul et ses compagnons de travail prêchaient « le Fils de Dieu, Jésus Christ ». Il n’y a aucune incertitude avec cette glorieuse Personne, aucun « oui et non », aucun « peut-être » ou « peut-être pas ». La vérité présentée en Lui, et par Lui, ne change pas. En Lui, tout était « oui », c’est-à-dire sûr et certain.

Ayant le cœur rempli de Christ, l’apôtre est conduit en quelques phrases concises à donner une belle présentation de Christ, des privilèges chrétiens, et de la manière choisie par Dieu pour nous faire entrer dans nos privilèges.


2.9 - 2 Cor. 1:20

D’abord, il présente Christ comme le oui et l’amen. Quand on lit les épîtres, il est important de voir la manière particulière dont Christ est présenté. Les saints de Corinthe avaient été dans un bas état moral, faisant grand cas de l’homme, et en conséquence ils oubliaient ce qui est dû à Dieu. Pour faire face à cet état, l’apôtre, dans sa première épître, leur avait annoncé Christ crucifié et Christ ressuscité ; car la croix met de côté la gloire de l’homme, tandis que la résurrection maintient la gloire de Dieu (1 Cor. 1:17, 18-23 ; 2:2 ; 15:4). Dans cette seconde épître, Christ est d’abord présenté, dans ce verset, comme le Oui et l’Amen, et ensuite au ch. 4 comme glorifié pour conduire ces saints dans toute la plénitude des bénédictions chrétiennes telles que présentées en Christ, de sorte qu’occupés de Lui dans la gloire ils puissent être changés en Son image.

Nous pouvons nous demander quel est le sens de cette déclaration concernant Christ, qu’« en lui est le oui et en lui l’amen ». Dans l’Ancien Testament, il y a des promesses faites par Dieu pour la bénédiction de la postérité d’Abraham, et pour la bénédiction des Gentils par le moyen d’Israël. Cependant, une grande difficulté empêchait l’accomplissement de la bénédiction : sur toute la scène il y avait l’ombre sombre de la mort. Comment donc les promesses seraient-elles accomplies ? Abraham à qui les promesses furent faites, mourut ; Isaac et Jacob moururent, comme nous le lisons : « Tous ceux-ci sont morts dans la foi, n’ayant pas reçu les choses promises » (Héb. 11:13). Si quelque grand avantage est promis à un homme pour dans un an, et qu’il meure avant ce terme, comment la promesse peut-elle être accomplie ? Il est clair que de grandes promesses de Dieu sont parsemées à travers les pages de l’Ancien Testament, mais la mort se dresse toujours là, obstruant le chemin de leur réalisation. Finalement est arrivé Celui en qui il n’y avait rien qui soit digne de mort (Actes 13:28), et qui ne pouvait pas être retenu par la mort bien qu’Il soit entré dans la mort (Actes 2:24). Ainsi on a enfin trouvé un homme qui était « le Oui » et « l’Amen » vis-à-vis des promesses de Dieu. En tant que « le Oui », Il est Celui en qui la bénédiction de toute promesse est annoncée ; et en tant que « l’Amen », Il est Celui par qui toute promesse est accomplie.

Voilà donc la présentation de Christ dans cette seconde épître. Or la manière dont Christ est présenté dans toutes les épîtres est en harmonie avec les doctrines particulières de l’épître. Dans cette épître-ci, une prédominance est donnée aux grandes vérités de la nouvelle alliance (2 Cor. 3) et de la réconciliation (2 Cor. 5). Dans les affaires des hommes, un testament, ou dernières volontés, énonce les dispositions du testateur envers ceux qui en reçoivent les avantages. Ainsi, dans la nouvelle alliance, ou Nouveau Testament, nous apprenons ce que Dieu est dans Sa bonté pour l’homme. La réconciliation énonce ce que l’homme est pour Dieu. En effet, elle énonce ce que tout sera pour Dieu ; car, non seulement les hommes doivent être réconciliés, mais « toutes choses » aussi doivent l’être, tant les choses sur la terre que celles dans les cieux (Col. 1:20). Regardant la scène au-delà de la mort, il se dresse devant nos yeux la vision d’un vaste univers de délices dans lequel tous et tout seront en plein accord avec Dieu, et seront donc une scène où Dieu pourra se reposer avec une parfaite satisfaction. La manière dont Christ est présenté dans l’épître correspond parfaitement à ces grandes vérités, car en Christ nous voyons parfaitement exposées les dispositions prises par Dieu envers les hommes ; en Christ encore, nous voyons parfaitement exposé tout ce que Dieu voudrait que nous soyons pour Lui ; par là-dessus, nous savons que tous les désirs du cœur de Dieu seront accomplis par le moyen de Christ.

Ensuite l’apôtre aborde les immenses privilèges du chrétien. Si toutes les promesses sont annoncées et accomplies en Christ à la gloire de Dieu, cela signifie que ces promesses sont assurées pour les croyants « à la gloire de Dieu par nous ». Ainsi au cours de l’épître, l’apôtre insiste sur notre témoignage dans le monde en tant que lettres de Christ. La gloire de Dieu implique la manifestation de Dieu dans Sa nature. Nous pouvons facilement comprendre que toute la gloire de Dieu est présentée en Christ, mais la merveille de la grâce est le dessein de Dieu que Sa gloire soit manifestée « par nous » : que ceux qui autrefois manifestaient les terribles effets du péché, soient maintenant chargés de manifester la gloire de Dieu. De plus, cette manifestation de la gloire de Dieu dans les saints n’est pas simplement future, mais déjà actuelle dans ce monde. Il est évident que, lorsque l’apôtre parle un peu plus loin (2 Cor. 3) d’être changé de gloire en gloire, il a le présent en vue. Nous savons que le dessein de Dieu aura son plein accomplissement dans l’assemblée [église] dans la gloire, car la première marque de la sainte cité, quand elle descendra du ciel, sera d’avoir « la gloire de Dieu » (Apoc. 21:10). Mais c’est aussi le dessein de Dieu que, tandis que les croyants traversent ce monde où ils étaient auparavant esclaves du péché et produisaient les fruits de l’injustice, ils deviennent les serviteurs de Dieu pour faire luire la gloire de Dieu.


2.10 - 2 Cor. 1:21-22

Dans les versets qui suivent, on voit la manière dont Dieu opère pour que Sa gloire soit manifestée en nous. Dans ce but Dieu nous a liés fermement à Christ, nous a oints, nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs.


Ainsi nous apprenons que Dieu « nous lie fermement », « nous a oints », « nous a scellés », et « nous a donné les arrhes de l’Esprit ».


2.11 - 2 Cor. 1:23-24

Dans les deux derniers versets du ch. 1, l’apôtre explique que, s’il n’avait pas visité Corinthe une seconde fois, c’était pour leur épargner un chagrin supplémentaire (1:23). Il n’avait aucun désir de prendre la place de quelqu’un dominant sur la foi des saints, mais plutôt d’être avec les autres croyants comme de ceux qui « coopèrent » à la joie du service du Seigneur (1:24a). C’est « par la foi » dans le Seigneur que nous sommes debout, non pas par la foi l’un dans l’autre (1:24b).


3 - 2 Corinthiens 2

3.1 - 2 Cor. 2:1-3

Poursuivant le sujet des derniers versets du ch. 1, l’apôtre exprime la crainte que, s’il les avait visités une seconde fois avant d’avoir appris l’effet de sa première lettre, cela leur aurait seulement causé de la tristesse (2:1). Normalement, nous devrions nous attendre à trouver de la joie de la part des saints, tout spécialement ceux auxquels nous avons pu être en bénédiction spirituellement, comme l’apôtre pour les Corinthiens (2:2). Il écrit donc cette seconde épître afin que soit éliminée toute source de nuage entre lui et ces croyants (2:3).


3.2 - 2 Cor. 2:4

C’était en effet avec une vraie angoisse et une vraie détresse de cœur qu’il avait écrit sa première épître, une lettre arrosée de beaucoup de larmes. S’il avait dû s’occuper du péché au milieu d’eux, ce n’avait pas été avec un quelconque esprit judiciaire froid, qui aurait mis le tort à nu, aurait indiqué la bonne manière de s’en occuper, et aurait ensuite délaissé la question. Le fait de ne pas être revenu vers eux pouvait conduire à cette conclusion erronée, mais il leur écrit pour leur assurer que derrière sa première lettre il y avait « une grande affliction et un grand serrement de cœur », et derrière la peine qu’il éprouvait, il y avait un profond amour pour eux.


3.3 - 2 Cor. 2:5-8

En outre, cet esprit d’amour qui avait animé l’apôtre en écrivant sa première lettre, il voudrait que l’assemblée à Corinthe en montre un semblable envers le coupable dont ils s’étaient occupés dans l’obéissance aux directions apostoliques. Dans leur zèle à s’occuper du mal, ils ne devaient pas négliger l’amour et la grâce envers le coupable qui avait donné des signes d’une vraie repentance (2:7-8).


3.4 - 2 Cor. 2:9-10

Paul écrivait cette seconde épître dans le but de les assurer de son amour et d’éveiller le leur. En effet la première épître les avait testés quant à leur amour par obéissance aux directions de l’apôtre (2:9 — comp. Jean 14:21 ; 15:10). S’ils prouvaient leur amour par obéissance, la confiance envers eux serait rétablie, de telle sorte qu’il pourrait dire « à celui à qui vous pardonnez quelque chose, moi aussi je pardonne » (2:10a). De cette façon ils agiraient de la part de l’apôtre ; et lui pareillement, en pardonnant les torts commis contre lui, représenterait Christ (2:10b) et mettrait en pratique sa propre exhortation qui figure dans une autre épître : « vous pardonnant les uns aux autres… comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi [faites] de même » (Col. 3:13).


3.5 - 2 Cor. 2:11

En cultivant ainsi un esprit de saint amour dans son propre cœur et dans le cœur des autres, l’apôtre contrecarrait les efforts de Satan pour semer la discorde parmi les saints ; Satan le fait non pas simplement en introduisant le mal parmi eux, mais en les amenant à traiter le mal d’une mauvaise manière et dans un mauvais esprit. Combien il est fréquent que les saints soient d’un même esprit quant au mal, et pourtant la discorde vient par le désaccord quant à la manière de s’en occuper. Combien il est important d’être sur nos gardes contre les artifices de l’ennemi de peur qu’il ne prenne avantage sur nous.


3.6 - 2 Cor. 2:12-13

En Troade où le Seigneur avait ouvert une porte pour prêcher l’évangile (2:12), l’apôtre avait espéré trouver Tite qui lui aurait apporté des nouvelles encourageantes des Corinthiens ; ne le trouvant pas, il n’avait pas eu de repos dans son esprit ; aussi il était reparti et avait poursuivi vers la Macédoine (2:13). Là, selon 2 Cor. 7:5-7, il trouva Tite qui le réconforta par le récit du bon résultat produit par sa première lettre.


3.7 - 2 Cor. 2:14

Le soulagement qu’il avait reçu conduisait l’apôtre à éclater en louange : « Grâces à Dieu qui nous mène toujours en triomphe dans le Christ ». Quand Dieu conduit, c’est en triomphe, — un triomphe sur les manquements des saints, sur l’opposition des pécheurs, sur les artifices de l’ennemi, et sur la pression des circonstances. Mais c’est un triomphe « en Christ ». Ce n’est pas le triomphe dans la chair, ni par les capacités ou la puissance de l’homme. En outre, dans la mesure où en Christ et par Christ on triomphe des difficultés et des angoisses, quel qu’en soit leur caractère, la douceur et la bénédiction de la connaissance de Christ sont rendues manifestes partout.


3.8 - 2 Cor. 2:15-16

Ainsi, il est possible de présenter Christ à la fois à ceux qui sont sauvés et à ceux qui ne le sont pas (2:15). Cela signifie cependant, pour ceux qui rejettent Christ, la mort avec l’anticipation d’une mort pire ; mais pour ceux qui acceptent le témoignage, cela signifie la vie avec l’anticipation de la plénitude de vie (2:16a). Or si des aboutissements aussi prodigieux que la vie et la mort dépendent du témoignage rendu à Christ, l’apôtre peut bien demander : « Qui est suffisant pour ces choses ? » (2:16b).


3.9 - 2 Cor. 2:17

Paul réalisait la grandeur de la Personne qu’il prêchait, le besoin profond de ceux à qui il prêchait, et l’immensité des enjeux. Il ne faisait pas comme beaucoup qui, déjà en ce jour-là (et combien plus aujourd’hui), « frelatent la parole de Dieu » — ou : en font commerce [JND en anglais] (2:17a) —. L’homme qui a peu d’estime pour la parole de Dieu au point d’en faire commerce — prêchant pour gagner sa vie — n’aura guère le sentiment de la grandeur de cette parole, de la solennité des enjeux, et de sa propre insuffisance. La ruine le guettera s’il pense que l’éducation humaine, la capacité naturelle et la réussite intellectuelle donnent de la compétence pour s’occuper de l’œuvre de Dieu. Or la capacité naturelle et tout ce qui vient de l’homme ne donnent de la compétence qu’aux yeux des hommes. Elles ne peuvent donner ni sincérité ni compétence aux yeux de Dieu. La compétence de l’apôtre venait « de la part de Dieu », et il prêchait, non pas comme un homme cherchant à plaire aux hommes, mais en sincérité « devant Dieu » ; non pas dans la chair, mais « en Christ » (2:17b).


4 - 2 Corinthiens 3

À l’époque de l’apôtre deux grands maux de la profession chrétienne débutaient déjà :


Des ministres corrompus conduisent à la corruption du ministère. Ce qui commençait au temps de l’apôtre s’est pleinement développé de nos jours. Pour faire face à ces deux maux, l’apôtre place devant nous au ch. 3 le vrai ministère et ses résultats, et aux ch. 4 et 5, le vrai ministre [serviteur] et ses caractéristiques. Ayant ainsi la norme de Dieu, nous sommes en mesure de juger l’éloignement solennel de la profession chrétienne, tandis qu’en même temps nous pouvons nous examiner nous-mêmes pour voir à quel point nous sommes loin de répondre aux pensées de Dieu.

Au ch. 3 l’apôtre commence donc avec le grand objectif de montrer que les chrétiens, comme ensemble, sont la lettre de Christ, et comment ils le deviennent par le ministère de l’évangile, et comment ce qui est écrit sur cette lettre est maintenu lisible de manière à ce que tous les hommes puissent lire Christ dans les Siens.


4.1 - 2 Cor. 3:1

Avant de parler sur ce grand sujet, Paul prend soin de montrer qu’il ne le fait pas dans un but intéressé. Les faux docteurs avaient contesté son apostolat ; de faux enseignements avaient obscurci le ministère. Cela le contraignait à défendre le vrai ministère et les vrais ministres [serviteurs] ; mais s’il le faisait, ce n’était pas pour se recommander, ni pour chercher l’approbation des Corinthiens, ni par besoin de se faire recommander à eux.


4.2 - 2 Cor. 3:2

Pour dissiper une telle pensée, il se tourne avec beaucoup de délicatesse vers les Corinthiens, et leur dit pour ainsi dire : « Si nous voulions nous recommander nous-mêmes, nous ne devrions pas parler de notre ministère ni de nous-mêmes, mais de vous ». « C’est vous notre lettre », dit-il en substance. Ils avaient une place si réelle dans ses affections que si quelqu’un contestait son apostolat, il était toujours prêt à désigner tous ceux de l’assemblée à Corinthe comme étant ceux qui le recommandaient, lui et son ministère.


4.3 - 2 Cor. 3:3

Comment se faisait-il que l’assemblée à Corinthe servait à recommander Paul ? N’était-ce pas en ce qu’ils étaient l’expression vivante du caractère de Christ que Paul avait prêché ? Ils étaient dans leur vie pratique une lettre en faveur de l’apôtre, parce qu’ils étaient une lettre qui recommandait Christ à tous les hommes.

Paul avait prêché Christ aux Corinthiens. L’Esprit de Dieu avait utilisé son ministère pour rendre Christ précieux à ces croyants de Corinthe. Il avait écrit Christ sur leurs cœurs. Christ écrit sur leurs cœurs avait été exprimé de manière vivante dans leur vie. Christ étant exprimé dans leur vie, ils étaient devenus des témoins de Christ, — une lettre pour ainsi dire connue et lue de tous les hommes. Recommandant Christ, ils étaient devenus une lettre recommandant Paul, le vase choisi par lequel ils avaient entendu parler de Christ.

Ici, donc, nous avons une belle description de la vraie assemblée chrétienne, composée de croyants sur le cœur desquels Christ a été écrit, non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ; non pas sur des tables de pierre, mais sur les tables de chair du cœur. De même que les hommes d’autrefois pouvaient lire les dix commandements sur des tables de pierre, on peut maintenant lire Christ sur les croyants. La loi était écrite sur des tables de pierre muettes qui constituaient un témoignage à ce que les hommes devraient être, mais elle ne touchait pas le cœur. Par le ministère de l’évangile, l’Esprit du Dieu vivant écrit Christ sur le cœur d’hommes vivants qui sont un témoignage à tout ce que Christ est.

Les chrétiens disent parfois : « Nous devrions être des lettres de Christ ». Or l’apôtre ne dit pas « vous devriez être », mais « vous êtes… la lettre » de Christ. Puis, voyant que l’assemblée à Corinthe avait été ramenée à un bon état, il peut ajouter : « Vous êtes manifestés comme étant la lettre de Christ ». L’apôtre distingue donc entre « être la lettre de Christ » et « être manifesté comme telle », une lettre connue et lue de tous les hommes. Si nous entretenons la fausse pensée que nous devrions être la lettre de Christ, nous nous mettrons à agir pour nous efforcer de le devenir par nos propres efforts. Cela nous conduira non seulement à être occupés de nous-mêmes de manière légale, mais exclura également le travail de l’Esprit du Dieu vivant. Le fait est que nous devenons la lettre de Christ, non pas par nos propres efforts, mais par l’Esprit de Dieu écrivant Christ dans nos cœurs. Si nous ne sommes pas des lettres de Christ, nous ne sommes pas chrétiens du tout. Un chrétien est quelqu’un à qui Christ est devenu précieux par une œuvre de l’Esprit de Dieu dans le cœur. Ce qui constitue un chrétien n’est pas simplement une connaissance de Christ dans la tête comme un inconverti peut l’avoir, mais c’est Christ écrit sur le cœur. En tant que pécheurs, nous découvrons notre besoin de Christ, et nous sommes accablés par nos péchés. Nous trouvons un soulagement en découvrant que Christ, par Son œuvre propitiatoire, est mort pour nos péchés, et que Dieu a accepté cette œuvre et a fait asseoir Christ dans la gloire. Nos affections sont attirées vers Celui grâce à qui nous avons été bénis : Il devient précieux pour nous. Ainsi Christ est écrit sur notre cœur.

Notre responsabilité n’est pas de chercher à bien marcher pour devenir une lettre de Christ, mais du fait que nous sommes la lettre de Christ, nous avons la responsabilité de bien marcher afin qu’elle puisse être lue de tous les hommes. Il est évident que si quelqu’un écrit une lettre, c’est dans le but exprès qu’elle soit lue. Si la lettre est une lettre de recommandation, c’est pour recommander la personne nommée dans la lettre. Ainsi quand l’Esprit de Dieu écrit Christ sur le cœur des croyants, c’est pour qu’ils puissent devenir ensemble une lettre de recommandation pour recommander Christ au monde alentour ; c’est pour que, par leur marche sainte et séparée, par leur amour mutuel l’un pour l’autre, par leur humilité et leur débonnaireté, leur douceur et leur grâce, ils puissent présenter le beau caractère de Christ.

Notons que l’apôtre ne dit pas que vous êtes « des lettres » de Christ, mais vous êtes « la lettre » de Christ. Il considère tout cet ensemble de saints comme présentant le caractère de Christ. Nous pouvons à juste titre être très exercés quant à notre marche individuelle, et pourtant être négligents ou indifférents quant à l’état de l’assemblée.

C’était le cas des saints à Corinthe. En effet, ils avaient marché d’une manière désordonnée ; mais sous l’effet de la première épître de l’apôtre, ils s’étaient défaits du mal de sorte qu’il pouvait non seulement dire que comme assemblée ils étaient une lettre de Christ, mais qu’ils étaient une lettre « connue et lue de tous les hommes ».

Hélas, l’écriture peut devenir confuse, mais la lettre ne cesse pas d’être une lettre parce qu’elle est barbouillée ou tachée. Les chrétiens sont souvent comme l’écriture sur certaines vieilles pierres tombales. Il y a de faibles indications d’une inscription ; une lettre majuscule ici ou là indique qu’un nom était autrefois écrit sur la pierre ; mais il est si rongé par les intempéries, et noirci par la saleté, qu’il n’est guère possible de déchiffrer l’écriture. Il se peut, hélas, qu’il en soit de même pour nous. Quand l’Esprit commence à écrire Christ sur le cœur, les affections sont chaudes et la vie parle ouvertement de Christ. L’écriture fraîche et claire est connue et lue de tous les hommes ; mais, à mesure que le temps passe, le monde est susceptible de se glisser dans le cœur et Christ disparaît de la vie. L’écriture commence à devenir indistincte jusqu’à ce que finalement les hommes voient surtout le monde et la chair, et qu’ils voient très peu de Christ dans la vie, si tant est qu’ils en voient quelque chose.

Néanmoins en dépit de tous leurs manquements, les chrétiens sont la lettre de Christ, et la grande intention de Dieu reste toujours que les hommes apprennent le caractère de Christ dans la vie des Siens. De même que sur les tables de pierre d’autrefois, les hommes pouvaient lire ce que la justice de Dieu requiert des hommes sous la loi, ainsi maintenant dans la vie du peuple de Dieu, le monde devrait lire ce que l’amour de Dieu apporte à l’homme sous la grâce.


4.4 - 2 Cor. 3:4

La prédication de l’apôtre avait eu comme effet visible très heureux les vies transformées des Corinthiens ; le Saint Esprit avait opéré cela, et ce résultat donnait confiance à l’apôtre quant à son ministère. Il avait la confiance que, par la grâce de Dieu qui lui était donnée par Christ, son ministère était la vérité dont l’Esprit pouvait se servir pour donner la vie.


4.5 - 2 Cor. 3:5-6

En même temps, l’apôtre prend soin de nier toute compétence intrinsèque qu’il aurait en lui-même. Il dépendait entièrement de Dieu pour la grâce qui le rendait capable de proclamer la vérité. Sa compétence venait de Dieu (3:5) qui, des apôtres, avait fait des ministres compétents de la nouvelle alliance (3:6a).

La nouvelle alliance est présentée par le prophète Jérémie (Jér. 31:31-34). Les deux grandes bénédictions de la nouvelle alliance sont le pardon des péchés et la connaissance de Dieu. Ces bénédictions, comme toutes les autres, échoient à l’homme sur la base du sang de Christ, de sorte que le Seigneur a pu dire en instituant la Cène : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ».

La vérité que les saints sont une lettre écrite sur le cœur en contraste avec l’écriture de la loi sur des tables de pierre, conduit naturellement l’apôtre à se référer à la nouvelle alliance, car dans la nouvelle alliance l’écriture est aussi sur le cœur, comme nous lisons : « En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs » (Héb. 8:10). Mais, bien qu’il parle de lui-même comme étant ministre de la nouvelle alliance, il a soin d’ajouter : « non de la lettre, mais de l’esprit » (3:6b). Il écrit à des Gentils, et pour eux, la lettre de la nouvelle alliance ne faisait que « tuer », autrement dit « les excluait de toute bénédiction » ; car, pour autant que la lettre soit concernée, la nouvelle alliance ne s’applique effectivement qu’à la maison d’Israël et de Juda. L’esprit de la nouvelle alliance, ou la bénédiction qui est dans la pensée de Dieu dont parle cette alliance, est pour tous les hommes, selon la mission du Seigneur confiée à Ses disciples : prêcher « la repentance et la rémission des péchés… en son nom à toutes les nations » (Luc 24:47).

Puis, passant de l’esprit de la nouvelle alliance au Saint Esprit (3:6c), l’apôtre dit que « l’Esprit vivifie ». Le Saint Esprit donne la vie en opérant dans les âmes de manière à les amener à la connaissance du Seigneur et à la rémission de leurs péchés (Héb. 8:10-12).


4.6 - 2 Cor. 3:7-11

Dans ce qui suit, l’apôtre fait une longue parenthèse (3:7-16) où il met en contraste l’ancienne et la nouvelle alliance. C’était nécessaire du fait des faux docteurs qui frelataient la parole de Dieu (2:17), mettant les saints en danger d’être détournés du terrain de la grâce et mis dans un mélange de loi et de grâce. L’apôtre montrera à la fin du chapitre que le seul moyen d’être gardés consciemment sur le terrain de la grâce dans nos âmes, est d’avoir l’œil fixé sur Christ dans la gloire, Celui par qui toute la grâce de Dieu se déverse sur nous. Mais il commence par parler du caractère de l’ancienne alliance, et de son effet sur ceux qui y sont assujettis.


Paul fait plusieurs déclarations précises à l’égard de la loi :

4.6.1 - Premièrement, la loi est un ministère de condamnation et de mort

Nous devons nous rappeler que la loi est « sainte, juste et bonne » (Rom. 7:12). C’était une règle divinement donnée pour la conduite des hommes sur la terre, et non pas un moyen de montrer le chemin du ciel. Or elle s’appliquait à l’homme pécheur, et il en résultait qu’en interdisant ce qu’il faisait, elle prouvait qu’il commettait des péchés. De plus, elle prouvait l’existence d’une nature mauvaise qui désire faire ce qui est interdit. Si neuf des commandements se réfèrent à la conduite extérieure, le dixième s’applique à la disposition intérieure : « Tu ne convoiteras point ». Un homme peut avoir une conduite extérieurement irréprochable, mais l’application de cette loi à ses pensées intérieures prouve qu’il a convoité, et donc qu’il a enfreint la loi.

La loi, donc, convainc de péchés effectifs, et prouve l’existence d’une nature mauvaise. Elle devient ainsi un ministère de condamnation, et la condamnation est la mort. La sainte loi de Dieu appliquée à un homme qui est déjà pécheur ne peut que devenir pour lui un ministère de condamnation et de mort.


4.6.2 - Deuxièmement, la loi était écrite et gravée sur des pierres

La loi n’a rien écrit sur le cœur des hommes. Elle ne dit pas directement aux hommes ce qu’ils sont, mais plutôt ce qu’ils devraient être, dans leur cœur et dans leur conduite extérieure ; mais elle ne touchait pas leur cœur. Elle disait aux hommes ce que leur vie devait être, mais elle ne leur donnait pas la vie, ni la force, ni une nouvelle nature. L’écriture sur des pierres est un témoignage parfait de ce que je devrais être comme enfant d’Adam, à la fois dans mes relations avec Dieu et avec mon prochain.

Si elle était quand même un témoignage qui m’était adressé, elle était un témoignage contre moi, car elle prouvait que je ne suis pas ce que je devrais être. L’écriture sur les pierres dit : « Fais ceci et tu vivras ». Mais je sais que je n’ai pas gardé la loi ; la loi gravée sur des pierres devient donc pour moi un ministère de mort.


4.6.3 - Troisièmement, la loi prend fin

L’apôtre parle de la loi comme ce qui « devait prendre fin ». Elle doit céder la place à ce qui demeure. Elle a servi intermédiairement jusqu’à ce que vienne la Semence [la postérité, Christ]. Elle a prouvé la ruine complète de l’homme et a donc préparé le terrain pour que Dieu manifeste Sa grâce. L’homme étant entièrement mis à nu, la loi a fait son travail et cède la place à la grâce et à la vérité qui sont venues par Jésus Christ.


4.6.4 - Quatrièmement, la loi a été introduite avec gloire

Pour comprendre la déclaration que l’ancienne alliance « a été introduite avec gloire », il faut se rappeler que la gloire est la manifestation de Dieu. La gloire de Dieu proclame qui est Dieu. Gardons aussi à l’esprit que la loi a été donnée en deux occasions, et que l’apôtre se réfère à la deuxième. La première fois, Moïse descendit de la montagne avec les tables de pierre à la main, mais sans gloire sur son visage (Exode 32:15). C’était la loi pure qui exigeait de l’homme sans qu’elle soit accompagnée d’aucune révélation de la gloire de Dieu en miséricorde à l’égard de l’homme. Quand Moïse s’est approché du camp, il a trouvé le peuple tombé dans l’idolâtrie, ayant donc déjà transgressé le premier commandement. Amener la loi pure au milieu d’un tel peuple les aurait écrasés sous un jugement instantané. Moïse, par conséquent, « jeta les tables de ses mains et les brisa » (Exode 32:19). Il entra au milieu du peuple sans les deux tables. La loi pure n’est jamais entrée dans le camp.

Là-dessus, Moïse remonta sur la montagne une seconde fois et plaida avec Dieu en faveur du peuple. Dieu répondit en grâce à cette plaidoirie, et donna une révélation partielle de Lui-même en bonté, en grâce, et en miséricorde. C’était un aperçu de Sa gloire : non pas la loi exigeant ce que l’homme devrait être, mais la gloire révélant ce que Dieu est. Ainsi, « l’Éternel passa devant lui, et cria : L’Éternel, l’Éternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers [de générations], pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché, et qui ne tient nullement [celui qui en est coupable] pour innocent, qui visite l’iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, sur la troisième et sur la quatrième [génération] ! » (Exode 34:6-7). Ce n’est évidemment pas la loi pure, ni non plus la grâce pure (la grâce souveraine de Dieu révélée en Christ). C’est plutôt la bonté de Dieu en gouvernement sous laquelle il est dit que Dieu ne tient point le coupable pour innocent, alors que, sous la grâce, Dieu peut justifier l’impie.

L’effet de cette manifestation partielle de gloire a été que, lorsque Moïse descendit de la montagne la seconde fois son visage rayonnait (Exode 34:29-35). Mais même ainsi, le peuple ne pouvait pas supporter le reflet de cette manifestation partielle de la gloire de Dieu sur le visage de Moïse. Ils ne pouvaient fixer de leurs yeux le visage de Moïse à cause de la gloire de son visage. Aucun homme ne peut supporter une révélation de Dieu, même partielle, si elle est accompagnée de la loi. Dans de telles circonstances, « soit on cherche à se cacher de Dieu comme fit Adam au jardin d’Éden, soit on cherche à cacher Dieu comme Israël le fit en suppliant Moïse de mettre un voile sur son visage » (JND).

Il est ainsi prouvé que nous ne pouvons pas supporter le moindre témoignage à la gloire de Dieu en sainteté, en grâce et en bonté, s’il est accompagné d’une demande de répondre à cette gloire par nos propres efforts. Non, lorsque la gloire de Dieu est accompagnée d’une demande que je lui corresponde, plus cette gloire est révélée, plus il nous est impossible de la supporter.

Après avoir montré le caractère et l’effet de la loi, l’apôtre présente en contraste le ministère de la grâce. Il parle de ce ministère comme étant « le ministère de l’Esprit », « le ministère de la justice », le ministère qui demeure, et finalement comme le ministère qui non seulement abonde en gloire, mais qui subsiste en gloire (3:8-11).


4.6.5 - Le ministère de l’Esprit

La loi était « l’écriture de Dieu gravée sur les tables » de pierre (Exode 32:16) ; l’évangile est un ministère de l’Esprit de Dieu, par lequel Christ est écrit sur le cœur. En outre l’existence, le commencement et la poursuite de ce ministère de l’Esprit, dépendent de la gloire de Christ. La gloire dans laquelle Christ est assis est le témoignage à la satisfaction infinie de Dieu en Christ et en Son œuvre. C’est ainsi que Dieu est pleinement satisfait qu’il y ait maintenant un Homme dans la gloire — un homme entièrement approprié à la pleine révélation de Dieu. La venue de l’Esprit fait suite à Sa gloire. Du fait que Christ est dans la gloire, le Saint Esprit a pu venir travailler dans le cœur des pécheurs, leur révélant tout ce que Dieu est, selon que cela est donné à connaître dans la face de Christ.


4.6.6 - Le ministère de la justice

En outre, nous apprenons que l’évangile de la gloire de Christ est « le ministère de la justice ». La loi était un ministère de condamnation, car elle exigeait la justice de la part du pécheur, et elle le condamnait à cause de son injustice. Au lieu d’exiger la justice de la part du pécheur, l’évangile proclame la justice de Dieu au pécheur. Il nous dit que :


Ainsi, l’évangile de la gloire de Christ, non seulement nous parle de l’amour et de la grâce de Dieu, mais il déclare la justice de Dieu.


4.6.7 - Le ministère qui demeure

Contrairement à la loi, le ministère de la grâce est celui qui demeure. La loi est venue intermédiairement pour dévoiler ce qu’est l’homme ; ce n’était que pour préparer la voie à la venue de Christ. Christ étant venu, nous avons Celui qui ne peut jamais passer, dont la gloire ne peut pas pâlir, et dont l’œuvre ne peut pas perdre son efficacité. Par conséquent, toutes les bénédictions de l’évangile de la gloire durent autant que Christ Lui-même, car elles dépendent de la gloire de Christ.


4.6.8 - Le ministère qui subsiste en gloire

La loi qui a pris fin a été introduite avec un aperçu de gloire ; le ministère qui demeure non seulement abonde en gloire, mais subsiste en gloire ; il dépend pour son existence de la pleine révélation de la gloire de Dieu en Christ. Maintenant que la gloire de Dieu a été pleinement satisfaite par Christ et par Son œuvre, la gloire de Dieu peut être pleinement révélée dans l’évangile de la gloire.


4.7 - 2 Cor. 3:12-13

En voyant alors la bénédiction du ministère de l’évangile qui nous donne une place stable dans la gloire, nous pouvons user d’une grande franchise [liberté] de parole. Nous n’avons pas comme Moïse à mettre un voile sur la gloire. La gloire de Dieu en sainteté et en amour, peut être totalement déclarée, étant donné qu’elle est manifestée dans la face de Christ, Lui qui est mort pour ôter tout ce qui est contraire à cette gloire. La gloire sur le visage de Moïse était voilée, avec comme résultat qu’Israël ne pouvait voir ni la mesure de gloire manifestée dans la loi, ni Christ « la fin » vers laquelle la loi dirigeait les regards.


4.8 - 2 Cor. 3:14-16

Les pensées d’Israël ont été obscurcies, et elles le restent jusqu’à aujourd’hui. Quand les Israélites lisent la loi, ils ne peuvent pas voir Celui vers lequel la loi dirige les regards à cause de l’incrédulité de leurs cœurs. Le voile qui était sur le visage de Moïse est maintenant sur les cœurs d’Israël. Lorsqu’Israël se tournera finalement vers le Seigneur, le voile sera ôté. De même, pour nous, ce n’est que dans la mesure où nous nous tournons vers le Seigneur que l’aveuglement et les ténèbres s’en vont de notre cœur.


4.9 - 2 Cor. 3:17-18

La parenthèse des v. 7 à 16 étant close, l’apôtre reprend le sujet du v. 6. Il parlait là de l’esprit de la nouvelle alliance, qui est pour tous en contraste avec la lettre qui limite cette alliance à Israël.

Poursuivant ce sujet, l’Apôtre dit maintenant « le Seigneur est l’esprit » (3:17a). Si l’on écrit le mot « esprit » avec une majuscule, le mot se réfère alors à l’Esprit Saint, et cela ne semble guère intelligible (voir W. Kelly sur 2 Cor.). Le sens semble être que le Seigneur Jésus est l’esprit, ou l’essence de l’ancienne alliance. Toutes ses formes, ses sacrifices et cérémonies, préfiguraient Christ de différentes manières. La loi avait une ombre des choses à venir, mais Christ en est la substance (Héb. 10:1 ; Col. 2:17). L’incrédulité manque de voir Christ dans toutes les Écritures, mais la foi saisit le Seigneur dans chaque partie de la Parole, et jamais plus clairement que dans le tabernacle, ses sacrifices et ses services.

Ayant parlé du Seigneur comme étant l’esprit, donnant ainsi « la vraie portée intérieure de ce qui était communiqué », l’apôtre continue en parlant de l’Esprit du Seigneur (3:17b). Ici, sans aucun doute la majuscule est utilisée à juste titre, car chacun est d’accord qu’il s’agit du Saint Esprit. L’apôtre déclare que « là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté ». Ceux qui frelataient la Parole de Dieu selon 2 Cor. 2:17, amenaient les saints dans la servitude en les occupant d’eux-mêmes ; l’Esprit amène dans la liberté en tournant leur âme vers Christ dans la gloire. Ceux-ci n’ont alors pas peur de la gloire du Seigneur. Ils peuvent considérer sans voile la gloire vue dans la face de Christ, car Celui sur la face duquel la gloire rayonne a répondu à ce qu’exige la gloire.

En outre, contempler le Seigneur dans la gloire a une puissance qui transforme, et celle-ci est disponible pour tous les croyants, du plus jeune au plus âgé (3:18). « Nous tous », non pas simplement « nous les apôtres », « contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image ». Ce changement ne s’effectue pas par nos propres efforts, ni en nous fatiguant en s’efforçant d’être comme le Seigneur ni en cherchant à imiter quelque saint dévoué. C’est en contemplant la gloire du Seigneur. Il n’y a aucun voile sur Son visage ; et à mesure que nous Le contemplons, non seulement tout voile d’obscurité disparait de nos cœurs, mais moralement nous Lui devenons de plus en plus semblables, transformés de gloire en gloire.

Ainsi, non seulement le Saint Esprit écrit Christ sur le cœur, pour nous faire devenir des lettres de Christ mais en engageant nos cœurs avec Christ dans la gloire, Il nous transforme à Son image, et maintient ainsi l’écriture clairement lisible. Non seulement nous sommes ainsi des lettres de Christ, mais nous devenons des lettres connues et lues de tous les hommes.

De plus, le Saint Esprit ne nous occupe pas de notre propre rayonnement pour Christ. Moïse a eu un aperçu de la gloire de Dieu, et immédiatement son visage a rayonné ; mais nous lisons « Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait » (Exode 34:29). Il n’était pas occupé de son visage qui rayonnait, mais de la gloire de Dieu. La gloire est en Christ, et c’est seulement dans la mesure où nous sommes occupés de Lui que nous refléterons un peu de Sa gloire.


5 - 2 Corinthiens 4

Dans les ch. 4 et 5, l’apôtre passe du ministère de l’évangile aux ministres, ou serviteurs de Christ. C’était nécessaire du fait de tous ceux qui avait surgi parmi les chrétiens et qui corrompaient la Parole de Dieu, et aussi du fait de ceux qui assaillaient les serviteurs de Dieu, les surveillant, guettant et accusant de marcher selon la chair. C’était des ouvriers trompeurs qui se transformaient en apôtres de Christ (10:3 ; 11:12-13). En contraste avec eux, l’apôtre montre dans ces chapitres les caractères des vrais serviteurs de Dieu.


5.1 - 2 Cor. 4:1

Ayant ce ministère de l’Esprit et de la justice fondé sur Christ dans la gloire, et ayant reçu la miséricorde pour la faire connaître malgré toute l’opposition, l’apôtre peut dire : « Nous ne nous lassons point ». En regardant au Seigneur, Pierre pouvait marcher sur l’eau agitée ; en abaissant son regard sur l’eau, il commençait à s’enfoncer, même si l’eau avait été calme. De même l’apôtre, ayant les yeux fixés sur Christ dans la gloire et contemplant la gloire du Seigneur, il peut dire : « Nous ne nous lassons point ».


5.2 - 2 Cor. 4:2

De plus, la vie de l’apôtre était en accord avec son ministère. Il ne permettait pas dans sa vie des choses cachées honteuses tout en prêchant un évangile qui les dénonçait.

Il ne marchait pas dans la tromperie comme certains dont il parle un peu plus loin comme étant « des ouvriers trompeurs ». Il ne cherchait pas à servir à ses propres fins, ou à s’exalter tout en prenant la place d’un serviteur du Seigneur. Il ne falsifiait pas non plus la parole de Dieu. Il n’essayait pas de tordre la parole de Dieu pour s’adapter aux théories de l’homme, ni à l’atténuer pour épargner la chair. Il ne cachait pas ses déclarations les plus claires, que ce soit celles exposant la ruine de l’homme et sa condamnation, ou la plénitude de la grâce de Dieu.

Les hommes ne pouvaient trouver aucun prétexte pour refuser l’évangile que Paul prêchait, parce que rien dans sa vie n’offensait la conscience, il n’y avait aucun motif indigne dans sa prédication, ni aucune dissimulation ni perversion de la vérité. Hélas ! il en avait été bien autrement chez les saints de Corinthe. Comme le montre la première épître, ils avaient laissé faire bon nombre de choses cachées honteuses. L’esprit de parti au milieu d’eux avait conduit à une marche dans la tromperie. Certains avaient falsifié la parole de Dieu, allant jusqu’à nier la résurrection. Ils avaient marché, et traité la Parole de Dieu, d’une manière choquant même la conscience naturelle. Les vrais serviteurs de Dieu se recommandent à la conscience des hommes pour qu’on soit obligé d’admettre qu’ils agissent justement aux yeux de Dieu. Les gens ne sont pas prêts à suivre le Seigneur, mais il faut qu’ils admettent ne trouver aucune faute en Lui.


5.3 - 2 Cor. 4:3-4

Vu que la vie de l’apôtre était en accord avec sa prédication, et que l’évangile qu’il prêchait était une présentation intacte et complète de la parole de Dieu, il peut dire : « Si aussi notre évangile est voilé, il est voilé en ceux qui périssent » (4:3). Avec Paul il n’y avait pas de voile, rien pour obscurcir le témoignage, ni dans la prédication, ni dans le prédicateur. Il redonnait la vérité aussi purement qu’il l’avait reçue. Avec un tel ministère, si l’évangile était rejeté, c’était qu’un voile d’incrédulité recouvrait le cœur des auditeurs. Satan, le dieu de ce monde, utilisait l’incrédulité de l’homme pour aveugler leurs esprits face à la lumière de l’évangile de la gloire de Christ (4:4). Pour de telles personnes, le résultat était fatal ; il les laissait dans leur état de perdition. Comme quelqu’un l’a dit : « Ce n’est pas simplement que Satan l’obscurcissait pour eux, mais c’est leur propre incrédulité qui les amenait sous la puissance de Satan ».

Quant à nous, il peut y avoir dans nos vies des inconséquences qui nuisent à l’évangile prêché ; et l’évangile que nous prêchons peut être mêlé d’imperfection, de sorte que nous ne pouvons pas dire catégoriquement que celui qui l’entend et s’en va sans être sauvé, a effectivement refusé l’évangile. Il y a une grande différence entre entendre et refuser. Un auditeur de l’évangile peut revenir et réentendre et être sauvé.

En outre, l’évangile que Paul prêchait était non seulement que Christ était mort et est ressuscité, mais qu’Il est glorifié : c’est « l’évangile de la gloire de Christ ». C’est non seulement que Christ est dans la gloire, mais que Celui qui a pleinement manifesté Dieu est glorifié ; cet évangile comprend donc aussi le témoignage éternel à la satisfaction infinie de Dieu en Christ et dans Son œuvre, ainsi que la position d’acceptation et de faveur du croyant, et la base juste pour proclamer le pardon et le salut aux pécheurs.


5.4 - 2 Cor. 4:5

Ayant présenté sa manière de prêcher, et l’évangile qu’il prêchait, l’apôtre peut dire en vérité : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ». Quand la lumière de l’évangile de la gloire de Christ eut brillé dans son cœur, il apprit son propre néant. Il découvrit que malgré tous les privilèges dont il se vantait sous la loi, il était perdu, et malgré toute son hostilité contre Christ et les Siens, c’est par grâce qu’il était sauvé. De ce fait, il ne pouvait pas parler de lui-même, mais seulement du Christ Jésus le Seigneur, lui-même étant esclave. Le pharisien orgueilleux d’autrefois était devenu, pour l’amour de Jésus, l’esclave de ceux qu’il avait jadis persécutés.

Cet esclavage pouvait bien impliquer des souffrances de toutes sortes, et conduire à être incompris, et parfois négligé ou même à rencontrer l’opposition des saints eux-mêmes ; pourtant l’apôtre endurait tout pour l’amour de Jésus. L’intérêt personnel, le gain temporel, l’auto-exaltation et les applaudissements des hommes, tout cela était perdu de vue du fait de la joie de servir pour l’amour de Christ. Combien il pouvait dire en vérité : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ».


5.5 - 2 Cor. 4:6

Ce grand changement était dû à l’opération de Dieu dans le cœur de l’apôtre ; par cette opération, la lumière de la gloire de Dieu dans la face de Jésus avait brillé dans son âme sombre, de même que, par la parole de Dieu, la lumière physique avait dissipé l’obscurité quand Dieu forma la terre pour l’homme. En outre, la lumière qui pénétrait dans le cœur de l’apôtre était non seulement la source de sa propre bénédiction, mais elle faisait aussi « luire » pour les autres l’évangile de la gloire de Christ.


5.6 - 2 Cor. 4:7-9

Dans les versets 7 à 12 qui suivent, l’apôtre parle des vases dont Dieu se sert pour Son service. Les anges sont des serviteurs, mais ils sont laissés de côté, et nous apprenons que Dieu a choisi pour Son service des hommes avec des corps susceptibles de souffrir, dépérir et mourir. Le trésor est ainsi placé dans des vases de terre. Les hommes mettent souvent leurs trésors dans un coffret très coûteux ; et parfois le coffret éclipse les bijoux. Dieu met Son trésor dans un vase d’argile fragile et périssable. Il fait ainsi grand cas du trésor d’une part, et de l’excellence de Sa puissance d’autre part. Combien toutes les voies de Dieu sont parfaites en sagesse ! Si Dieu avait mis ce trésor dans des anges glorieux qui excellent en force, l’homme n’aurait-il pas été arrêté par la gloire du vase plutôt que par la gloire du trésor ? Et quelle portée aurait pu avoir le déploiement de la puissance de Dieu sur un être spirituel qui excelle en force ? On pourrait alors penser que le vase de terre serait une entrave au resplendissement de la lumière. Mais la faiblesse même du vase devient seulement l’occasion de rendre manifeste l’excellence de la puissance de Dieu. Si la lumière brille à partir d’un homme pauvre et faible, il est évident que la puissance est de Dieu. Si deux pêcheurs illettrés et ignorants peuvent faire marcher parfaitement un boiteux et prêcher de manière à convertir cinq mille hommes, malgré toute l’opposition des chefs religieux et des dirigeants de ce monde, il est évident qu’ils sont soutenus par une puissance surabondante et supérieure à toute la puissance organisée contre eux. Cette puissance est la grande puissance de Dieu présent auprès de Son peuple par l’Esprit Saint.

Le vase de terre, avec la lumière qui resplendit, semble être une allusion à Gédéon et aux trois cents hommes qui le suivaient. Ils devaient prendre « des cruches vides, et des torches dans les cruches ». Puis, au bon moment, ils sonnèrent de leurs trompettes, cassèrent leurs cruches, et les torches brillèrent (Juges 7:16-20). Le vase vide dans lequel la lumière avait été mise, était en un sens, une entrave au resplendissement de la lumière. Le vase devait donc être brisé. Ce chapitre fait voir que les circonstances pénibles qui viennent sur l’homme extérieurement, sont permises pour montrer que, si l’homme extérieur dépérit, c’est pour que la puissance de Dieu soit manifeste et que la lumière resplendisse.

Si un ange avait été envoyé pour ce service, il n’aurait pas pu être réduit à l’étroit, ni rendu perplexe, ni être persécuté ; car il n’aurait pas eu de corps pouvant être affecté par les circonstances. Un témoignage rendu par un ange aurait été rendu par quelqu’un d’une puissance irrésistible comme il y en aura aux jours à venir dont parle l’Apocalypse. Un témoignage rendu par un homme au corps fragile est un témoignage rendu dans des circonstances de faiblesse, laquelle ne fait que démontrer l’excellence de la puissance de Dieu.

Ainsi Paul a été dans la tribulation de toutes parts (c’est le vase de terre). Bien que dans la tribulation, il n’était pas réduit à l’étroit (c’est la puissance de Dieu). Il était dans la perplexité (c’est le vase de terre), mais son chemin n’était pas entièrement bouché (c’est la puissance de Dieu). Il était persécuté (c’est le vase de terre), mais non pas abandonné (c’est la puissance de Dieu). Il était abattu (c’est le vase de terre), mais non pas détruit (c’est la puissance de Dieu).


5.7 - 2 Cor. 4:10-12

Dans toutes ces afflictions, il portait partout dans le corps le mourir de Jésus afin que la vie de Jésus soit manifestée (4:10). Il est bon de remarquer que l’apôtre ne dit pas la mort de Jésus. La mort de Christ a en effet placé le croyant au-delà de la puissance de la mort et du jugement dans une position toute nouvelle devant Dieu : en Christ. Ici, cependant, l’apôtre parle non pas de la mort de Jésus comme faisant l’expiation devant Dieu, mais du mourir de Jésus comme le saint Martyr souffrant entre les mains des hommes. En mourant sur la croix, Il était l’objet de l’opprobre et du mépris des hommes — Celui sur lequel ils entassaient toutes les insultes et l’indignité. Nous ne pouvons pas partager les souffrances expiatoires de Sa mort sous la main de Dieu ; mais nous pouvons avoir part dans une mesure aux souffrances de martyr en train de mourir entre les mains des hommes. Portant un tel témoignage fidèle à Christ, Paul a dû supporter dans une certaine mesure ce que le Seigneur a enduré à fond quand Il mourait (4:11a). Le corps de Paul était constamment soumis à la souffrance et aux insultes, et de cette façon il portait toujours et partout dans son corps ce que le Seigneur a dû porter quand Il mourait, avec le résultat béni que la vie parfaite de Jésus était manifeste dans son corps d’apôtre (4:11b). Les souffrances du Seigneur comme martyr quand Il mourait, n’ont suscité ni murmure ni plainte de Ses lèvres ; au contraire, elles ont fait jaillir l’amour infini de Son cœur et L’ont conduit à prier pour Ses bourreaux. À la suite de ce modèle parfait, les souffrances et les persécutions auxquelles l’apôtre était exposé dans son corps, ont été l’occasion de manifester les grâces de la vie de Jésus. Si l’apôtre était sans cesse livré à la mort, ce n’était pas en châtiment pour quelque chose qui avait besoin d’être corrigé dans sa vie. Ce n’était pas à cause de lui-même, mais pour l’amour de Jésus qu’il a été permis à la mort de peser sur lui afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans sa chair mortelle. Tandis que Paul subissait les épreuves de la mort, d’autres voyaient la béatitude de la vie ; il pouvait donc dire : « Ainsi donc la mort opère en nous, mais la vie en vous » (4:12).


5.8 - 2 Cor. 4:13

L’apôtre continue en parlant de la puissance qui, de son côté, l’a soutenu dans toutes ces épreuves. C’était la puissance de la foi. C’était le même esprit de foi qui soutenait le psalmiste quand les douleurs de la mort l’entouraient, quand il rencontrait difficultés et douleur, et qu’il était grandement affligé. Il pouvait alors parler de la vie, car il dit : « Je marcherai devant l’Éternel dans la terre des vivants ». Puis il nous dit comment il se faisait qu’au milieu de la mort, il pouvait parler de la vie, car il dit : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé » (Psaume 116:3, 9-10).


5.9 - 2 Cor. 4:14

De plus, l’apôtre nous dit ce qui soutenait sa foi. Il avait devant lui la puissante force de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts ; par la foi, il savait que cette même puissance le concernait et le ressusciterait avec Jésus et le présenterait à Jésus en compagnie des saints vivants et des saints transmués. Ainsi, il pouvait faire face chaque jour à la mort, étant soutenu par la foi dans le Dieu de résurrection.


5.10 - 2 Cor. 4:15

En outre, toutes les épreuves et expériences que l’apôtre traversait étaient pour l’amour de l’assemblée [église] et pour la gloire de Dieu. Ses épreuves n’étaient pas simplement pour son bien, mais pour le bien de tous ; de cette façon, la grâce accordée à l’un abonde pour beaucoup, étant une source d’actions de grâces de la part de beaucoup à la gloire de Dieu.


5.11 - 2 Cor. 4:16

Ainsi, l’apôtre ne se lassait pas du fait que la gloire de Dieu était assurée à travers ses épreuves. Néanmoins l’homme extérieur — l’homme en contact avec la scène présente — dépérit sous la pression des épreuves, de la persécution, des infirmités et de l’âge. L’homme intérieur — l’homme en contact avec les choses spirituelles et invisibles — est renouvelé de jour en jour. Il y a de la croissance spirituelle dans l’homme intérieur. Les épreuves et les infirmités elles-mêmes qui affaiblissent et fatiguent le corps deviennent l’occasion de fortifier et renouveler l’esprit.


5.12 - 2 Cor. 4:17-18

Vu donc que l’homme intérieur est renouvelé dans les épreuves et les afflictions, l’apôtre estime les afflictions présentes comme « légères », et ne durant « qu’un moment », et elles opèrent pour le bien. Ces épreuves momentanées auront une réponse éternelle. Les afflictions sont temporaires, légères et humiliantes, mais elles opèrent un « poids éternel de gloire » (4:17).

Cependant c’est seulement dans la mesure où nous regardons aux choses qui ne se voient pas, et non pas à celles qui se voient, que nous sommes soutenus sans nous lasser au milieu des épreuves. Les choses qui se voient sont seulement pour un temps ; les choses qui ne se voient pas sont éternelles (4:18).

Le chapitre précédent s’était terminé sur le fait de contempler la gloire du Seigneur ; celui-ci se termine sur le fait de regarder aux choses invisibles. Là (ch. 3) le croyant reflétait Christ en Le contemplant dans la gloire, et était ainsi soutenu comme une lettre de Christ connue et lue de tous les hommes. Ici (ch. 4) il est soutenu au milieu des épreuves en regardant le poids de gloire éternel et invisible encore à venir.

Au cours du ch. 4 nous voyons la belle manifestation d’un vrai serviteur considéré comme un vase du Seigneur. Nous parlons parfois d’être des canaux de bénédiction. Mais l’Écriture parle-t-elle jamais de cette façon ? Un canal est simplement un conduit à travers lequel quelque chose coule ; il ne retient rien. Un vase contient quelque chose et doit être rempli avant de pouvoir donner aux autres.



6 - 2 Corinthiens 5

Au ch. 4 nous avons appris que l’apôtre était préservé de se lasser dans ses nombreuses épreuves, en regardant au-delà des choses visibles et temporelles, vers les choses invisibles de l’éternité. Au ch. 5, nous avons le privilège d’apprendre quelque chose de la béatitude de ces choses éternelles. Nous regardons dans « les cieux » pour voir qu’un corps de gloire y attend chaque croyant ; et voir que nous serons avec le Seigneur (5:8), ayant part à la nouvelle création dans laquelle « les choses vieilles sont passées » et « toutes choses sont faites nouvelles » (5:17).


6.1 - 2 Cor. 5:1-4

Utilisant l’image d’une maison, l’apôtre met en contraste ces corps mortels dans lesquels nous habitons avec les corps de gloire qui nous sont préparés. Notre maison actuelle est terrestre, humaine, temporelle et mortelle. Notre corps de gloire est « du ciel », « de Dieu », éternel et immortel. Avec la confiance que donne la foi, le croyant peut dire sans l’ombre d’une incertitude, « nous savons », c’est-à-dire nous connaissons la portion bénie qui nous attend quand nous serons libérés de ces corps mortels (5:1). Cette portion nous étant assurée, l’apôtre peut dire deux fois « Nous gémissons » (5:2,4). Ayant en vue la gloire du corps nouveau, nous gémissons avec le désir ardent de le revêtir (5:2). Sentant les charges qui pèsent sur le corps mortel, nous gémissons avec l’envie de l’avoir dépouillé. Ici-bas, le Seigneur a frémi en sentant les douleurs qui accablaient les Siens tandis qu’ils étaient dans ces corps mortels (Jean 11:33, 38). Dieu admet un gémissement, un frémissement, mais jamais une plainte.

Étant revêtus de ce corps glorieux, nous ne serons pas trouvés « nus » (5:3), comme Adam déchu et exposé au jugement. L’apôtre ne désirait pas la mort en tant que telle. Il ne cherchait pas simplement à être dépouillé, et ainsi à échapper aux épreuves du présent, aussi béni cela soit-il. Il aspirait à la pleine bénédiction d’avoir le corps nouveau (5:4). Il attendait l’enlèvement lorsque les corps des croyants vivants seront transformés en corps de gloire sans passer par la mort ; car ici il ne parle pas de corruption revêtant l’incorruptibilité, mais du corps mortel revêtant l’immortalité, et étant ainsi « absorbé par la vie » (5:4).


6.2 - 2 Cor. 5:5

Cette portion bénie sera entièrement le résultat de l’œuvre de Dieu. Il nous a façonné en vue du corps de cette nouvelle création, et aussi afin que nous puissions déjà maintenant entrer dans la béatitude à venir : Il nous a donné les arrhes de l’Esprit.


6.3 - 2 Cor. 5:6-8

Entrant dans cette perspective glorieuse par les arrhes de l’Esprit, « nous avons donc toujours confiance » (5:6). Si nous sommes encore présents dans le corps, et donc absents du Seigneur, nous sommes confiants, car nous marchons par la foi, non pas par la vue (5:7). Si nous sommes appelés à passer par la mort avant la venue du Seigneur, « nous avons de la confiance », car cela signifiera la béatitude d’être « présents avec le Seigneur » (5:8).


6.4 - 2 Cor. 5:9

L’effet pratique d’entrer dans la béatitude de la portion qui se trouve devant nous, sera de nous rendre zélés pour être « agréables » à Dieu dans toute notre marche et nos voies ; non seulement dans le futur, mais tant que nous sommes absents du Seigneur. Nous pouvons, en effet, montrer beaucoup de zèle en cherchant à vivre d’une manière qui nous soit agréable, ou en nous rendant agréables aux autres. Mais il est bon que nous nous demandions : Sommes-nous zélés dans toutes nos pensées, nos paroles, notre marche et nos voies, de manière à être agréables à Dieu ?


6.5 - 2 Cor. 5:10

La mention de notre marche conduit l’apôtre à parler de notre responsabilité, et de ce que nous avons fait en contraste avec ce que Dieu a opéré dans Sa souveraineté. Il considère ainsi le tribunal de Christ qui se trouve à la fin de notre chemin de responsabilité. Il dit : « Il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ ». Le contexte semble montrer que cette déclaration de l’apôtre est générale, et qu’elle inclut aussi bien les croyants que les incroyants. Cependant, du fait que les croyants y seront, il ne dit pas : « Il faut que nous soyons tous jugés », mais « Il faut que nous soyons tous manifestés ». Pour la même raison, semble-t-il, il ne parle pas du jugement des personnes, mais il parle des « choses accomplies dans le corps ». Les propres paroles du Seigneur nous disent que le croyant « ne vient pas en jugement » (Jean 5:24). Rappelons-nous aussi que nous atteindrons le tribunal de Christ par la venue de Christ, à l’occasion de laquelle nous serons transformés à ‘l’image du céleste’. Ainsi, lorsque nous nous tiendrons devant le tribunal de Christ, nous aurons un corps de gloire comme Christ ; nous serons comme le Juge.

Pour nous, croyants, ce seront nos actes, les choses faites dans la chair, tant bonnes que mauvaises, qui seront passées en revue. Combien de manquements, aussi bien que de bonnes choses, dans nos vies, avons-nous complètement oubliés, ou même jamais connus, mais tout sera alors rappelé, de sorte que nous connaitrons comme nous avons été connus (1 Cor. 13:12). L’effet n’en sera-t-il pas d’accroitre l’appréciation de l’amour et de la grâce qui d’une part se sont déjà occupés de tout notre mal et nous ont amenés sains et saufs à la maison malgré nos nombreux manquements — et qui d’autre part récompenseront le moindre acte ayant eu Christ pour motif ? Si tout le passé n’était pas rappelé, « nous perdrions », comme quelqu’un l’a dit, « des motifs pour le chant de louange qui sera le nôtre pour toujours ». La manifestation au tribunal de Christ n’est pas pour nous rendre propres pour la gloire, mais pour nous permettre de jouir pleinement de la gloire.


6.6 - 2 Cor. 5:11

L’apôtre parle ensuite de l’effet présent de savoir que nous devons tous être manifestés devant le tribunal de Christ. Bien que ceux qui y comparaitront soient à la fois les croyants et les non-croyants, nous savons par d’autres passages que ce sera à des moments très différents et dans des buts très différents. Pour les non-croyants, le jour de la manifestation sera un jour de terreur, car il signifiera non seulement la manifestation des actes accomplis, mais le jugement des personnes. Sachant cela, l’apôtre persuadait les hommes de fuir la colère à venir (5:11a).

Pour le croyant, savoir qu’il sera manifestés au tribunal de Christ doit le pousser à chercher à être « manifesté à Dieu » déjà maintenant, et donc de vivre et marcher dans la présence de Celui qui nous connaît parfaitement. Quant à lui-même, l’apôtre avait confiance que, marchant ainsi devant Dieu, il manifesterait une marche personnelle envers les saints qui serait approuvée par leurs consciences (5:11b).


6.7 - 2 Cor. 5:12

Sa vie parlant ainsi, il n’avait plus besoin de se recommander lui-même ; néanmoins, il avait confiance que sa vie leur donnerait l’occasion de se glorifier de lui, et ainsi de répondre à ceux qui se glorifiaient de leur apparence extérieure devant les hommes, alors qu’il leur manquait les motifs de cœur purs et cachés devant Dieu.


6.8 - 2 Cor. 5:13-14

En contraste avec ceux qui se vantaient sans cœur de leur apparence extérieure (5:12), l’apôtre était animé par des affections divines qui l’élevaient en-dehors de lui dans la joie de tout ce que Dieu est (5:13a), et qui pourtant le rendaient de sens tout à fait rassis par rapport aux saints (5:13b). Mais hors de lui-même, ou de sens rassis, c’était toujours l’amour de Christ qui l’étreignait (5:14a). Cet amour avait été manifesté dans toute sa plénitude à la croix. Là Christ est mort pour tous (5:14b) ; la croix est le témoignage à la fois de l’amour du Christ pour tous, et du profond besoin de tous. Ainsi, dans sa prédication au monde, Paul était animé à la fois par la crainte [la frayeur] du Seigneur (5:11), et par l’étreinte de l’amour de Christ (5:14).

Ainsi, dans ces versets qui nous sondent, on voit l’effet pratique de savoir que nous devons tous comparaître devant le tribunal de Christ :

Par conséquent, dans sa marche et dans ses voies, il tenait compte (1) du besoin du monde, (2) de la crainte de Dieu, et (3) des consciences des saints.


6.9 - 2 Cor. 5:15

L’apôtre continue en parlant de l’amour de Christ comme la puissance qui étreint la nouvelle vie du croyant. Si, dans Son grand amour, Christ est mort pour nous et est ressuscité, il nous convient de ne plus vivre pour nous-mêmes, mais pour Lui.


6.10 - 2 Cor. 5:16-21

Or si Christ est mort et est ressuscité, on ne peut plus Le connaître sur terre et dans la chair, mais seulement comme Celui qui a un corps glorifié, dans une toute nouvelle position dans la gloire (5:16). Cela conduit l’apôtre à parler de la « nouvelle création » (5:17a). La mort est la fin de l’ancienne création, et la résurrection est le commencement de la nouvelle. Dans l’ancienne création, il y a eu d’abord la création du monde matériel, puis celle d’Adam, le chef [ou : tête] de cette création-là. Dans la nouvelle création, Christ, la Tête, vient en premier, puis ceux qui sont de Christ, et enfin les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans lesquels « les choses vieilles sont passées » (le péché, la douleur, la peine, les larmes et la mort), et dans lesquels « toutes choses sont faites nouvelles » (5:17b) et « toutes sont de Dieu » (5:18a). Toutes choses étant de Dieu dans cette scène de justice, toutes seront appropriées à Dieu, et ce sera donc une scène dans laquelle Dieu pourra se reposer avec une pleine satisfaction. En attendant (5:18b), Dieu a déjà réconcilié les croyants avec Lui-même par Jésus Christ. Par l’œuvre de Christ, nous sommes placés devant Dieu en Christ, délivrés des conséquences du péché et placés dans toute la faveur qui repose sur Christ dans la gloire, avec en plus l’amour de Dieu versé dans nos cœurs.

Étant réconciliés, l’apôtre peut dire qu’un ministère de réconciliation nous est donné (5:18c), avec lequel nous pouvons aller vers le monde. Quand Christ était ici-bas, Dieu était en Christ proclamant l’amour et la grâce de Dieu (5:19). Mais Christ a été rejeté et a quitté le monde. Mais même ainsi, pendant le temps de Son absence, la grâce de Dieu envoie Ses serviteurs comme ambassadeurs pour Christ et à Sa place, pour supplier ce pauvre monde d’être réconcilié avec Dieu (5:20).

Certaines versions écrivent le v.20 avec deux fois le mot « vous » : « Dieu, pour ainsi dire, [vous] exhortant par notre moyen ; nous [vous] supplions pour Christ ». Ces « vous » doivent être omis. Leur insertion limite la vérité aux croyants ; alors que l’appel est pour le monde.

Le croyant est réconcilié, et sait que cette réconciliation a été effectuée par la mort de Christ, dans laquelle Il a été fait, sur la croix, ce que nous étions devant Dieu (péché), afin que nous puissions devenir ce qu’Il est devant Dieu dans la gloire (justice de Dieu), étant donc rendus parfaitement convenables pour Dieu (5:21).

En vue du jugement à venir, l’apôtre « persuade » les hommes (5:11) ; en vue de la grâce de Dieu qui proclame l’œuvre de la réconciliation, il « supplie » les hommes (5:20). Si les hommes refusent la grâce qui réconcilie, il ne reste rien pour eux que la terreur du jugement.


Pour résumer les grandes vérités de ce ch. 5, il a été placé ceci devant nous :


7 - 2 Corinthiens 6 et 7:1

7.1 - 2 Cor. 6:1

À la fin du ch. 5, l’apôtre nous dit qu’il supplie les pécheurs d’être réconciliés avec Dieu (5:20). Ce ch. 6 débute par un appel aux saints, les exhortant à ne pas recevoir [ou : avoir reçu] la grâce de Dieu en vain. Cette exhortation n’a pas du tout la pensée de remettre en question la sécurité du croyant, ni ne suggère que la grâce, une fois reçue, pourrait être perdue. Le contexte, avec le v. 3, montre clairement que c’est un appel à ceux qui ont reçu la grâce de Dieu qui apporte le salut, à prendre garde de ne pas permettre, dans leur vie pratique, quoi que ce soit d’incompatible avec cette grâce. C’est une exhortation dont nous faisons tous bien de tenir compte, mais elle s’appliquait spécialement à ceux dont la conduite avait fait l’objet d’une censure sévère.


7.2 - 2 Cor. 6:2

Pour montrer la grandeur de la grâce de Dieu qui proclame le salut à un monde de pécheurs, l’apôtre cite Ésaïe 49. Dans cette prophétie, nous apprenons que Dieu a été glorifié en Christ bien que Christ ait été rejeté par l’homme, et que Christ est glorieux aux yeux de l’Éternel (Ésaïe 49:3-5). Puis Dieu étant glorifié, nous apprenons qu’Israël sera restauré dans le futur, et que la bénédiction s’étendra aux Gentils, apportant le salut jusqu’aux bouts de la terre (Ésaïe 49:6). Cela amène au passage cité par l’apôtre (Ésaïe 49:8) qui nous dit que toute cette bénédiction vient par Christ qui a été exaucé, agréé, et secouru par Dieu. Sur la base de tout ce que Christ est et a fait (6:2a), la grâce de Dieu est prêchée aux Gentils durant le temps où Christ est l’Homme agréable dans la gloire, et où les croyants sont agréables en Lui, introduisant ainsi le sujet du jour où le salut est proclamé aux pécheurs (6:2b).


7.3 - 2 Cor. 6:3

Combien il est important, en ce jour de salut, que ceux qui ont reçu cette grâce ne permettent rien d’incompatible dans leur vie qui scandaliserait ceux à qui la grâce est proclamée, ou qui rendrait la prédication méprisable. Le christianisme doit être donné à connaître non seulement par la proclamation de grandes vérités, mais aussi par les vies transformées de ceux qui prêchent ces vérités.


7.4 - 2 Cor. 6:4-10 — Une vie d’épreuves

Ainsi, dans un passage frappant, l’apôtre est amené à exposer ce qu’il vivait, lui et ses compagnons d’œuvre, avec des épreuves et de l’opposition qui non seulement n’apportaient aucun blâme sur le ministère, mais faisaient voir des qualités morales qui recommandent les serviteurs.


7.4.1 - 2 Cor. 6:4

L’apôtre parle premièrement de circonstances éprouvantes communes à tous les humains : « les tribulations » qui touchent le corps ; « les nécessités » qui proviennent des besoins quotidiens ; et « les détresses » causées par un manque de ressources pour répondre à ces besoins. Toutes ces choses étaient traversées avec « patience » ou « endurance », ce qui recommandait les serviteurs.


7.4.2 - 2 Cor. 6:5

En second lieu ces serviteurs se recommandaient par la patience avec laquelle ils affrontaient les épreuves spéciales qui les atteignaient en tant que serviteurs du Seigneur : les coups, les emprisonnements et les troubles.

En troisième lieu ils se recommandaient par la patience avec laquelle ils traversaient tous les exercices liés à l’œuvre du Seigneur et aux croyants : les travaux, les veilles et les jeûnes.


7.4.3 - 2 Cor. 6:6-10

Quatrièmement (6:6), ces serviteurs se recommandaient parce qu’ils manifestaient certaines belles qualités morales caractéristiques de Christ dans Son chemin à travers ce monde : la pureté, la connaissance, la longanimité et la bonté.

Cinquièmement (6:7a), ils se recommandaient également par la puissance et les motifs qui les animaient dans leur service. Celui-ci était exercé non pas par la chair, mais « par l’Esprit Saint » ; non pas dans la malice et dans l’envie (Tite 3:3), mais « par un amour sans hypocrisie » ; non pas selon les spéculations de l’homme, mais « par la parole de la vérité » ; non pas par la puissance de l’homme, mais « par la puissance de Dieu ».

Sixièmement (6:7b-8a), ils se recommandaient par une vie de justice pratique en relation avec les hommes de toute part, qu’ils soient traités avec honneur ou déshonneur, dans la mauvaise ou la bonne renommée. Ayant ainsi la cuirasse de la justice, ils étaient armés contre toute attaque de l’ennemi.

Septièmement, ils se recommandaient comme serviteurs de Dieu en suivant, dans leur mesure, le chemin où Christ avait marché en perfection. Dans un monde tel que le nôtre, le vrai serviteur de Dieu sera tantôt traité de « séducteur » par les uns et tantôt comme « véritable » par les autres (6:8b). Il en était ainsi avec le Seigneur quand certains osaient dire : « Il séduit la foule », tandis que d’autres disaient : « Il est homme de bien » (Jean 7:12). Ainsi aussi, dans Son chemin, le Seigneur a été traité d’« inconnu » (2 Cor. 6:9a) quand les pharisiens disaient : « Pour celui-ci, nous ne savons d’où il est », tandis que l’aveugle-né guéri pouvait dire : « nous savons » qu’il est « de Dieu » (Jean 9:29-32). Lui aussi, à de multiples reprises, a été confronté à la mort (2 Cor. 6:9b — Luc 4:29-30 ; Jean 8:59), et pourtant Il vivait (2 Cor. 6:9b — Jean 7:30 ; 8:20). Dans toutes ces voies, le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son Seigneur. Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son Seigneur (Matt. 10:25).


En outre, nous devons affronter dans notre chemin ce qui était inconnu au Seigneur. Pour garder nos pieds dans le chemin, il se peut que nous devions être disciplinés par des circonstances éprouvantes, tout en étant préservés de la mort (6:9c). Dans de telles épreuves, les serviteurs du Seigneur peuvent faire preuve de soumission, comme Job qui, dans sa grande épreuve, pouvait dire : « L’Éternel a donné, l’Éternel a pris ; le nom de l’Éternel soit béni ! » (Job 1:21). De telles voies du Seigneur nous préparent à entrer quelque peu dans les expériences du Seigneur, Lui qui était en effet l’homme de douleurs et avait pourtant une source de joie cachée (2 Cor. 6:10a — Luc 10:21). Lui aussi est devenu pauvre afin que, par Sa pauvreté, nous soyons enrichis (2 Cor. 6:10b — 8:9) ; et Il a traversé ce monde comme n’ayant rien et possédant toutes choses (6:10c). Sans argent pour payer le tribut, il pouvait néanmoins commander aux poissons de la mer (Matt. 17:24-27).

Ainsi, à la fois dans les circonstances qu’ils traversaient et les épreuves qu’ils devaient affronter, dans les exercices spirituels que leur service impliquait et les qualités morales qu’ils manifestaient, dans la justice pratique qui les caractérisait et dans le chemin qu’ils foulaient en suivant le Maître, — dans tout cela l’apôtre et ses compagnons d’œuvre se recommandaient comme serviteurs de Dieu.


7.5 - 2 Cor. 6:11-13

En passant en revue devant l’assemblée à Corinthe la vie qu’il vivait, il leur ouvrait grand son cœur, et le faire de cette manière était une preuve de son amour pour eux. Son cœur s’élargissait envers eux (6:11). Ils n’avaient pas une place étroite dans ses affections, même si eux avaient perdu leur affection pour l’apôtre (6:12). En outre, en leur ouvrant son cœur, il s’attendait à réveiller leur amour pour lui, et donc à ce que son amour à lui soit récompensé (6:13). Ils étaient ses enfants dans la foi ; il pouvait donc bien compter que leurs cœurs s’élargissent en amour envers lui.


7.6 - 2 Cor. 6:14

Après avoir fait appel à leur cœur, l’apôtre s’adresse maintenant à leur conscience. L’origine de leurs affections rétrécies envers l’apôtre pouvait provenir de leurs associations relâchées avec les incrédules. Comme toujours, les associations mondaines dérobent les affections spirituelles des croyants, et les rendent impropres à la communion avec Christ, et à la jouissance de la compagnie des chrétiens. Si l’œil est simple quant à Christ, nos pieds seront conservés dans le chemin étroit de la séparation du monde, tandis que nos cœurs s’élargiront vers tous ceux qui sont de Christ.


7.6.1 - 2 Cor. 6:14a — Contre le joug mal assorti

Faisant allusion à la loi qui interdisait d’atteler ensemble sous un joug à la charrue des animaux différents comme le bœuf et l’âne (Deut. 22:10), l’apôtre nous met en garde contre le fait d’être « sous un joug mal assorti avec des incrédules ». L’apôtre avance alors quatre raisons qui montrent l’inconséquence totale du joug inégal (ou : joug mal assorti).


7.6.2 - 2 Cor. 6:14b

Premièrement, croyants et incroyants sont gouvernés par des principes opposés. La justice ne peut avoir aucune communion avec l’iniquité, ni la lumière avec les ténèbres. L’apôtre ne veut pas dire que l’incrédule est nécessairement malhonnête dans ses rapports avec son partenaire ; mais il agit selon sa propre volonté sans tenir compte de Dieu, et il marche dans l’ignorance de Dieu.


7.6.3 - 2 Cor. 6:15

Deuxièmement, croyants et incrédules ont des maitres très différents. Le croyant est contrôlé par Christ ; l’incrédule est dirigé par le prince de ce monde — Béliar, un nom qui implique une personne sans valeur, sans loi ; c’est un mot utilisé comme nom propre désignant Satan. Quel accord peut-il y avoir entre Christ et Béliar ?

Troisièmement, s’il n’y a pas d’accord entre Christ et Béliar, il ne peut rien y avoir de commun entre ceux qui les suivent, les croyants et les incrédules.


7.6.4 - 2 Cor. 6:16

Quatrièmement, les saints de Dieu considérés collectivement comme le temple de Dieu, ne peuvent pas être en accord avec ceux qui poursuivent un but idolâtre qui ignore Dieu. L’Écriture montre clairement que même sous la loi, l’intention de Dieu était d’habiter parmi Son peuple (Exode 29:45 : Lév. 26:12). Ceci est vrai, dans un sens beaucoup plus profond et plus spirituel, depuis que le Saint Esprit est venu, car l’apôtre peut dire : « Vous êtes le temple de Dieu » (1 Cor. 3:16).


7.7 - 2 Cor. 6:17

Étant donné que les croyants sont caractérisés par la justice et la lumière, par le fait d’être sous la direction de Christ et de provenir du temple de Dieu, ils ont l’obligation impérative de sortir du monde et d’être séparés du mal. L’apôtre insiste sur son exhortation en faisant allusion à Ésaïe 52:11, où nous lisons : « Partez, partez ; sortez de là ; ne touchez pas à ce qui est impur ! Sortez du milieu d’elle, soyez purs, vous qui portez les vases de l’Éternel ! ».


7.8 - 2 Cor. 6:18

L’apôtre cite de nouveau l’Ancien Testament pour montrer qu’en étant à l’écart — dans la séparation du monde et de son impureté — les croyants peuvent jouir de leur relation avec Dieu comme Père. En effet la grâce a assuré cette relation aux croyants sur la base de l’œuvre de Christ : mais ils ne peuvent en jouir que dans la mesure où ils sont séparés du monde et du mal qui s’y trouve. Le Père est toujours prêt à manifester Son amour, mais Il ne peut pas compromettre Sa sainteté.

L’apôtre cherche ainsi à éveiller nos consciences vis-à-vis de toute association incompatible avec notre portion et nos privilèges comme chrétiens, afin que nos pieds soient gardés dans le chemin étroit de la séparation, nos cœurs étant élargis de manière à embrasser tout le peuple de Dieu, tandis que notre marche reste dans la crainte de Dieu.


7.9 - 2 Cor. 7:1

L’apôtre résume son exhortation en faisant appel à ces saints en tant que bien-aimés, pour qu’ils agissent en se basant sur ces promesses et pour qu’ils se purifient de toute souillure de chair et d’esprit. Nous pouvons, hélas ! être soigneux dans le maintien d’une vie extérieurement irréprochable, et être cependant négligents quant à nos pensées. Si nous marchons dans la séparation du mal au-dehors et au-dedans, il y aura croissance dans la sainteté tandis que nous marcherons dans la crainte de Dieu.


8 - 2 Corinthiens 7:2 à 7:16

Ayant exposé la vie conséquente qui était la sienne et celle de ses compagnons d’œuvre, et ayant exhorté l’assemblée à Corinthe à être conséquente avec la grâce de Dieu dans leur vie et leurs associations, l’apôtre cherche maintenant à ôter toute mauvaise impression de lui-même qui pourrait germer dans leurs cœurs. Cette mauvaise impression pourrait provenir soit de ses voies fidèles envers eux, soit des insinuations malveillantes de ceux qui cherchaient à le rabaisser pour s’exalter eux-mêmes (2 Cor. 10). Il cherche à montrer que, dans toutes ses lettres et ses actions fidèles envers cette assemblée, il était animé par sa sollicitude pour les saints devant Dieu (7:12).


8.1 - 2 Cor. 7:2

Il désirait être reçu par eux sans soupçon ni réserve. Il n’avait fait du tort à aucun d’eux, ni ne s’était servi de sa position ou de son ministère pour s’enrichir, et ainsi léser qui que ce soit.


8.2 - 2 Cor. 7:3

Mais, en parlant ainsi, il n’avait aucun désir de les condamner ; mais plutôt d’ôter tout obstacle à l’épanchement de son amour envers eux ; cet amour souhaitait avoir leur pleine communion tant dans la mort que dans la vie.


8.3 - 2 Cor. 7:4

Ainsi, loin de condamner, il voulait se glorifier d’eux avec la plus grande franchise de langage, car il était rempli de consolation à leur sujet. Son cœur, qui s’était effectivement fermé avec douleur à leur égard, était maintenant ouvert dans la joie pour exprimer son affection sans réserve.


8.4 - 2 Cor. 7:5-7

Il voulait qu’ils sachent que la source de sa joie était le Dieu de toute consolation, qui s’était servi de la venue de Tite pour le consoler. En effet Tite lui avait rapporté leurs larmes quant à tout ce qu’il avait condamné chez eux, ainsi que l’amour fervent qu’ils lui avaient montré, à lui Paul. L’apôtre voulait ainsi non seulement tourner leurs pensées et leurs affections vers lui-même, mais aussi vers Tite qui avait si bien parlé d’eux, et surtout vers la source de toute bénédiction : le Dieu de toute consolation.


8.5 - 2 Cor. 7:8-11

Il reconnaît que la première épître les avait attristés, et cela il l’avait regretté : mais depuis qu’il avait appris par Tite l’effet produit, il n’avait plus de regrets (7:8). Car il savait maintenant que sa lettre avait produit de la repentance (7:9), et que leur tristesse était selon Dieu, non pas la tristesse désespérée du monde qui opère la mort (7:10). Paul peut ainsi se réjouir, non pas de la tristesse, mais de ce que la tristesse avait produit. Cette tristesse n’était que pour un temps ; c’était une tristesse selon Dieu ; étant selon Dieu, cette tristesse opérait une repentance à salut, dont on n’a pas de regret ; et elle produisait des fruits dignes de la repentance ; ces fruits se voyaient dans la manière sérieuse avec laquelle ils s’étaient occupés de l’affaire et s’étaient purifiés du mal (7:11). En outre, ils s’étaient non seulement occupé du mal de l’affaire, mais ils s’étaient purifiés eux-mêmes de leur propre laxisme. Quelle différence avec la tristesse de ce monde comme on la voit dans le cas solennel de Judas, dont la tristesse, au lieu d’être pour un temps, est pour l’éternité ; au lieu d’être selon Dieu n’a été que selon l’homme ; et au lieu d’opérer la repentance, n’a conduit qu’à la mort.


8.6 - 2 Cor. 7:12

En outre, l’apôtre assurait ces saints qu’en écrivant sa première épître, il avait en vue, non pas simplement le coupable, ni même la victime, mais le soin de tous les croyants aux yeux de Dieu.


8.7 - 2 Cor. 7:13-16

Il était d’autant plus consolé du fait qu’eux étaient consolés, et il se réjouissait de ce que Tite avait été rafraîchi en esprit par eux tous. Il n’avait donc pas honte d’avoir parlé en bien d’eux à Tite, car tout ce qu’il avait dit s’était avéré vrai ; et l’amour de Tite envers eux abondait d’autant plus qu’il se rappelait leur obéissance ; et la confiance de l’apôtre en eux était confirmée.

Qu’il est beau de voir ces soins selon Dieu pour des croyants, — des soins qui s’exprimaient devant Dieu :


9 - 2 Corinthiens 8

Ayant cherché à assurer l’assemblée à Corinthe de son intérêt pour les croyants devant Dieu (7:12), l’apôtre cherche maintenant à éveiller leur intérêt pour les nécessiteux parmi le peuple du Seigneur.


9.1 - 2 Cor. 8:1-5

Il cherche à éveiller leur affection pour les autres, en plaçant devant eux l’exemple des assemblées de Macédoine qui avaient contribué à répondre aux besoins de leurs frères persécutés à Jérusalem et en Judée. S’ils avaient donné à d’autres, c’était toutefois la grâce de Dieu qui les avait rendus capables d’aider les nécessiteux, alors qu’eux-mêmes passaient par des afflictions et étaient dans une profonde pauvreté. S’ils passaient par des afflictions dans les choses temporelles, ils avaient néanmoins une abondance de joie dans les bénédictions spirituelles. Cette joie dans les choses spirituelles faisait qu’ils donnaient de bon gré des choses temporelles à ceux de qui ils avaient reçu des bénédictions spirituelles. Ils avaient donc supplié l’apôtre, avec beaucoup d’insistance, de leur permettre d’avoir communion avec eux en se chargeant de transmettre leur don à ces saints en Judée.

De plus, derrière leurs dons pour les saints, il y avait le fait béni qu’ils s’étaient d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur. Il était dès lors tout simple d’accomplir la volonté de Dieu en s’en remettant à l’apôtre pour administrer leur don. La joie dans le Seigneur les avait conduits à se donner eux-mêmes entièrement au Seigneur pour faire Sa volonté, et ainsi à donner aux Siens. Leur service dans le domaine matériel avait un motif spirituel.


9.2 - 2 Cor. 8:6-7

L’apôtre désire maintenant que la grâce vue dans les assemblées de Macédoine se retrouve dans l’assemblée à Corinthe. Il espérait que Tite soit utilisé dans ce but au milieu d’eux. Il reconnaît combien il y avait chez eux comme assemblée, abondance de foi, de parole, de connaissance, de toute diligence, et d’amour pour lui : mais il désirait qu’ils abondent également dans cette grâce qui se soucie des besoins du peuple de Dieu.


9.3 - 2 Cor. 8:8

Néanmoins dans l’exhortation qu’il leur faisait ainsi, il n’y avait en aucune manière un ordre de faire un don, mais il se servait simplement de la libéralité d’autrui pour les inciter à agir avec la même grâce, et à prouver ainsi la sincérité de leur amour pour le peuple du Seigneur.


9.4 - 2 Cor. 8:9

Pour éveiller cet amour, l’apôtre leur rappelle que nous avons en Christ le meilleur exemple de donner. Les riches peuvent donner de l’abondance de leurs richesses ; d’autres, comme les croyants de Macédoine, peuvent donner à cause de l’abondance de leur joie, étant eux-mêmes dans une grande pauvreté ; mais en Christ, nous voyons Celui qui était riche, mais qui pourtant par amour pour nous, est devenu pauvre pour donner à d’autres les vraies richesses.


9.5 - 2 Cor. 8:10-15

Ayant placé devant eux l’exemple de don des assemblées de la Macédoine, et surtout l’exemple suprême du Seigneur Jésus, et ayant établi clairement qu’il ne donnait pas un commandement apostolique, l’apôtre donne maintenant son avis. Ce qu’ils avaient déjà commencé de faire « dès l’année passée » pour aider leurs frères juifs dans le besoin, qu’ils l’achèvent maintenant. Mais que leur don soit sur basé sur de bons principes.

Premièrement, que ce soit « de bon gré » : car, comme l’apôtre le leur dit un peu plus loin, « Dieu aime celui qui donne joyeusement » (9:7).

Secondement, que leurs dons soient « selon ce qu’on a ». Il n’y a pas la pensée de répondre au besoin de l’un en réduisant un autre à être dans le besoin, autrement dit d’alléger le fardeau de l’un en alourdissant celui de l’autre.

Troisièmement, le don doit produire une « égalité ». Non pas nécessairement une égalité dans la richesse, ou dans la position sociale, mais que chacun puisse être également délivré du besoin. L’apôtre donne un exemple de cette égalité en se référant à la manne. Il pouvait y avoir une grande différence de la quantité de manne recueillie par différentes personnes, certains ramassant beaucoup et d’autres peu ; mais tous étaient semblables en ce que chacun avait son besoin satisfait.


9.6 - 2 Cor. 8:16-24

Dans le reste du chapitre, on voit l’apôtre se soucier de ce que l’administration des dons des saints soit au-dessus de tout soupçon, non seulement aux yeux du Seigneur, mais aussi aux yeux des hommes (8:21). Il peut remercier Dieu de ce que la même sollicitude pour le peuple de Dieu qui remplissait son cœur, se trouvait aussi dans le cœur de Tite (8:16-17 — comparez 8:16 et 7:15). En outre, pour que tout soit au-dessus de tout soupçon ou question, l’apôtre envoie deux autres frères avec Tite. L’un d’eux (8:18), remarquons-le, est non seulement approuvé par l’apôtre, mais un objet de louange dans toutes les assemblées, et est choisi par les assemblées (8:19) pour administrer cette libéralité. Tandis qu’il est répondu au besoin des saints, la gloire du Seigneur est maintenue, et tout risque de suspicion est évité (8:20). L’autre frère (8:22) était quelqu’un qui, par expérience, avait déjà démontré son zèle en beaucoup de choses et avait « une grande confiance » en l’assemblée de Corinthe.

Si quelqu’un s’enquérait sur ces frères, il pouvait noter que Tite était un associé et un compagnon d’œuvre de l’apôtre dans ses soins envers l’assemblée à Corinthe (8:23a), et les deux autres frères étaient bien connus comme messagers des assemblées, et comme tels ils étaient la gloire de Christ (8:23b). Les Corinthiens pouvaient donc avoir toute confiance pour exprimer leur amour devant ces frères et devant les assemblées, par le moyen de leur libéralité pour les nécessiteux du peuple de Dieu, et ainsi justifier la fierté de l’apôtre à leur sujet (8:24).


10 - 2 Corinthiens 9

10.1 - 2 Cor. 9:1-2

Bien que l’apôtre ait écrit à l’assemblée à Corinthe pour éveiller leur intérêt pour les nécessiteux parmi le peuple de Dieu, il l’estimait un peu superflu (9:1), car il connaissait leur promptitude à aider dans ce service (9:2a). En effet il s’était glorifié d’eux à ce sujet devant les Macédoniens, tout comme il venait de donner les saints de Macédoine en exemple à ceux à qui il écrivait en Achaïe (9:2b). Leur zèle avait été utilisé pour en engager d’autres à cette bonne œuvre (9:2c).


10.2 - 2 Cor. 9:3-5

Il avait néanmoins cru bon d’envoyer les frères au sujet desquels il avait écrit, afin que le don que les assemblées en Achaïe s’étaient proposées d’envoyer aux frères pauvres de Jérusalem et de Judée, soit prêt quand il viendrait accompagné par certains de Macédoine. Le don étant prêt à l’avance, il n’aurait aucune honte d’avoir tant parlé en bien des saints de Corinthe à ceux de Macédoine (9:4). Il désirait que leur don soit une affaire de vraie libéralité et non pas quelque chose d’extorqué comme si on convoitait leur richesse (9:5).


10.3 - 2 Cor. 9:6

Citant les Proverbes (11:24-25 ; 22:9), il leur rappelle combien il est vrai que celui qui sème chichement moissonnera chichement, de même que celui qui sème libéralement récoltera en abondance.


10.4 - 2 Cor. 9:7-9

Cela conduit l’apôtre à parler de l’esprit dans lequel on donne, qui, aux yeux de Dieu, est plus important que le don lui-même. Que chacun donne « selon qu’il se l’est proposé dans son cœur », non pas influencé par une pression extérieure, et donc à contrecœur ou par obligation, car Dieu aime celui qui donne joyeusement aux nécessiteux (9:7). Dieu peut faire abonder toute grâce pour que le donateur ait tout ce qu’il lui faut, et soit donc en mesure d’abonder en toute bonne œuvre (9:8). Ceci est en effet conforme aux principes immuables du gouvernement de Dieu (9:9), selon qu’il est écrit : « Il a répandu, il a donné aux pauvres ; sa justice demeure éternellement » (Ps. 112:9).


10.5 - 2 Cor. 9:10-12

Dans cette confiance en la grâce de Dieu, l’apôtre regarde à Dieu pour qu’Il multiplie les moyens dont ils disposaient (9:10) pour qu’ils soient en mesure de donner en toute libéralité, ce qui produirait des actions de grâces à Dieu (9:11). Car ce service de donner, non seulement répondait aux besoins des saints pauvres, mais devenait l’occasion d’amener beaucoup de cœurs à se tourner vers Dieu en actions de grâces (9:12).


10.6 - 2 Cor. 9:13-14

En outre, ce don de païens convertis aux croyants juifs devenait une occasion pour glorifier Dieu de ce que les païens aient reçu l’évangile de Christ, et de ce qu’ils soient libéraux (9:13). De plus il produisait leurs prières en faveur de ces saints, ainsi que des actions de grâces envers Dieu (9:14).


10.7 - 2 Cor. 9:15

Mais, au-dessus de tous les dons temporels dont nous pouvons être à juste titre reconnaissants, l’apôtre nous rappelle de ne jamais oublier de rendre grâces à Dieu pour Son « don inexprimable » — le don de Son Fils bien-aimé, le Seigneur Jésus Christ.


11 - 2 Corinthiens 10

Dans les deux chapitres précédents, l’apôtre a traité le sujet de donner et de recevoir, mais il a pris soin d’expliquer que ce faisant, il n’écrivait pas un commandement apostolique, mais plutôt un conseil fraternel (8:8-10). Cependant, certaines personnes qui se glorifiaient dans la chair et avaient pour but de s’élever, cherchaient à discréditer l’apôtre en remettant en cause l’autorité que Dieu lui avait donnée. Ils cherchaient à affaiblir son témoignage, et ainsi à éloigner les saints de Celui à qui ils avaient été fiancés par le ministère de l’apôtre. Il devenait donc nécessaire pour l’apôtre de justifier son autorité comme apôtre de Christ, et de mettre en garde contre des adversaires qui, sous fausse profession d’être « apôtres de Christ », étaient en réalité des ministres de Satan (11:13-14). Maintenir son apostolat comme donné en vérité, et démasquer ces faux prétendants, voilà le sujet principal du reste de l’épître.


11.1 - 2 Cor. 10:1

Cependant l’apôtre sentait évidemment la gravité de parler de lui-même et d’exposer le mal chez les autres ; mais les circonstances le rendant nécessaire, il cherchait à parler dans un bon esprit, avec la douceur et la débonnaireté de Christ. De même, ultérieurement, il a pu exhorter Timothée à être « doux » et à « avoir du support » et à répondre avec « douceur » aux « opposants » (2 Tim. 2:24-25).

L’apôtre admet que lorsqu’il était présent, il pouvait avoir une apparence personnelle chétive du point de vue de ces grecs qui faisaient naturellement grand cas de la beauté physique ; pourtant ils devaient reconnaître que lorsqu’il était absent, il usait d’une grande hardiesse dans ses lettres.


11.2 - 2 Cor. 10:2-3

Bien que chétif dans son apparence personnelle, il les avertit cependant de prendre garde à ce que, lorsqu’il serait présent, il n’ait pas l’occasion d’user de hardiesse pour démasquer ceux qui pensaient qu’il « marchait selon la chair ». Il pouvait en effet « marcher dans la chair », celle d’un pauvre corps chétif ; mais il ne combattait pas contre l’ennemi « selon la chair », selon la vieille nature mauvaise. On a dit à juste titre : « Tous ceux qui vivent ici-bas peuvent dire la première chose ; mais combien peu la seconde ; l’apôtre, lui, le pouvait » (WK).


11.3 - 2 Cor. 10:4-5

Ne combattant pas selon la chair, il ne s’était pas servi d’armes charnelles dans son conflit avec l’ennemi. Il trouvait que la douceur et la débonnaireté de Christ étaient les armes utilisées par Dieu (10:4). Cinq pierres lisses et une fronde semblaient des armes faibles pour affronter un géant avec une armure complète, mais une pierre dans les mains d’un jeune homme a été puissante par Dieu pour abattre le géant. De même, la douceur et la débonnaireté de Christ utilisées par un homme dont l’apparence corporelle était insignifiante, étaient « puissantes par Dieu » pour renverser les forteresses de Satan (10:4), réduisant à néant les raisonnements orgueilleux de l’esprit humain qui s’exaltent contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée dans la soumission à Christ (10:5).


11.4 - 2 Cor. 10:6

L’apôtre avait toutefois confiance que, lorsqu’il serait de nouveau présent avec eux, il ne serait pas obligé d’utiliser cette sainte hardiesse contre les opposants. Il reconnaissait leur mesure d’obéissance à sa première lettre, et était confiant qu’ils seraient tous unis dans une pleine obéissance avant sa prochaine visite. Cependant, s’il y avait encore des désobéissants, il serait prêt à « tirer vengeance de toute désobéissance ».


11.5 - 2 Cor. 10:7-11

La question de l’apôtre, « Considérez-vous les choses selon l’apparence ? », indique que certains, dans l’assemblée de Corinthe, avaient fait valoir que quelqu’un d’apparence si chétive, et d’éloquence si médiocre, ne pouvait pas être un ambassadeur de Christ. Ces gens tiraient donc l’assurance d’être à Christ de quelque qualité imaginaire qu’ils avaient (10:7). Contrairement à ses détracteurs, ne pouvait-il pas avancer, sans honte, comme preuve qu’il était à Christ, le fait de l’autorité apostolique que le Seigneur lui avait donnée pour l’édification des saints, et non pour leur destruction ? (10:8). Cependant, il s’abstenait d’insister sur son autorité apostolique de peur que cela puisse paraître qu’il cherchait à les effrayer par ses lettres, et que cela donne une occasion à ses opposants (10:9). Car, apparemment, ses détracteurs cherchaient à saper l’influence de l’apôtre en suggérant que les saints n’avaient pas besoin de prêter attention à ses lettres graves et fortes puisqu’elles étaient simplement un effort pour contrebalancer l’effet produit par la faiblesse de sa présence corporelle et par sa parole méprisable (10:10). Ils devaient toutefois se rappeler que, comme il était en parole lorsqu’il était absent, de même il serait en action envers ces opposants lorsqu’il serait présent (10:11).


11.6 - 2 Cor. 10:12

L’apôtre n’osait pas se joindre à ceux qui trahissaient des prétentions charnelles en s’élevant eux-mêmes et en rabaissant les autres. Se mesurant ainsi selon des critères humains, et se comparant eux-mêmes l’un avec l’autre, ils trahissaient un manque total d’intelligence spirituelle.


11.7 - 2 Cor. 10:13-16

L’apôtre ne voulait pas se glorifier de choses en dehors de la sphère dans laquelle Dieu l’avait envoyé (10:13). La mesure dans laquelle son ministère devait s’étendre, avait été donnée par Dieu, et atteignait les Corinthiens (10:13b-14). Par conséquent en venant vers eux, comme en leur écrivant, il ne dépassait pas la mesure donnée par Dieu, ni n’empiétait sur la sphère de travail d’autrui (10:15a). Ayant confiance qu’à Corinthe il travaillait en obéissant à la volonté de Dieu, il espérait qu’avec l’accroissement de leur foi en Dieu pour diriger Ses serviteurs, il aurait davantage de place dans leurs affections et serait utile pour produire une bénédiction plus abondante (10:15b). Il espérait ainsi qu’avec leur aide, le chemin s’ouvrirait pour prêcher l’évangile dans les régions au-delà d’eux (10:15b-16a), là où aucun serviteur de Dieu n’avait encore travaillé jusque-là (10:16b). Il ne voulait pas se glorifier dans du travail déjà accompli par le service d’un autre.


11.8 - 2 Cor. 10:17-18

En outre, l’apôtre nous avertit non seulement de veiller à ne pas chercher à nous élever au moyen des travaux des autres, mais aussi de veiller à ne pas nous glorifier dans notre propre travail. « Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (10:17). Il est bon, en effet, que tout serviteur s’abstienne de se recommander lui-même, et ne cherche pas non plus la recommandation de ses frères, mais qu’il recherche seulement l’approbation du Seigneur, « car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, mais celui que le Seigneur recommande » (10:18).


12 - 2 Corinthiens 11

12.1 - 2 Cor. 11:1

Si, comme l’apôtre vient de le dire, c’est seulement celui que le Seigneur recommande qui est approuvé, ce n’est que folie, dans des circonstances ordinaires, de se recommander soi-même. L’occasion était toutefois venue où il jugeait nécessaire de parler de lui-même. Il demande donc aux saints de le supporter dans ce qui pourrait sembler être un peu de la folie de sa part.


12.2 - 2 Cor. 11:2-4

Par conséquent, il commence par présenter le motif qui l’incitait à parler de lui-même, ainsi que l’occasion qui l’appelait à se justifier. L’apôtre n’était pas mû par une simple vanité de la chair qui aime à s’élever, mais par une jalousie de Dieu pour la gloire de Christ et pour la bénédiction des saints. Utilisant la figure d’un homme et de sa fiancée, il dit : « Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (11:2). Il leur avait présenté Christ comme Celui qui est tout à fait digne d’être aimé, et il avait engagé leurs cœurs avec Lui. Son désir maintenant était de les présenter à Christ en parfaite convenance comme une vierge chaste. Il désirait que les saints soient trouvés dans une sainte séparation de ce monde qui souille, marchant dans un dévouement de cœur exclusif pour Christ. Il voyait que l’ennemi tentait subtilement de les éloigner de Christ, comme il avait séduit Ève au jardin d’Éden en la détournant de son obéissance à Dieu (11:3a). Nous savons que Satan a tenté Ève par l’acquisition de connaissance. Il dit : « Vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (Gen. 3:5). Il cherchait de nouveau à dérober les cœurs des saints de Corinthe à Christ (l’Arbre de Vie) en les tentant par l’Arbre de la Connaissance (11:3b). Dans sa première épître, l’apôtre admettait qu’ils étaient enrichis « en toute connaissance », mais il les avertit que la connaissance sans l’amour « enfle » (1 Cor. 1:5 ; 8:1-3). Comme autrefois l’ennemi a approché Ève avec la question : « Quoi Dieu a dit ? » remettant ainsi en question la parole de Dieu ; il cherche de même aujourd’hui à saper la parole de Dieu en substituant la raison humaine à la révélation divine, et il a ainsi corrompu la grande profession chrétienne en présentant « un autre Jésus », « un autre Esprit » et « un autre évangile » que ceux de la parole de Dieu (11:4). Des âmes ont ainsi été détournées de la vérité qui est présentée en Christ. Ceci est sûrement la racine du mal qui mènera à la grande apostasie. Si c’était là le danger auquel les saints de Corinthe étaient exposés, ils pouvaient donc bien supporter l’apôtre (*), par qui ils avaient reçu la vérité, s’il devait parler de lui-même en défendant les saints contre des faux frères.


(*) NdT : nous avons laissé ce texte selon ce qu’a écrit l’auteur, alors que la version Darby écrit « vous pourriez bien [le] supporter », [le] se rapportant à ce qui est prêché (un autre Jésus, un autre évangile). Dans la version KJV (King James), [le] se rapporte à celui qui prêche autre chose. Le texte biblique grec ne comporte pas de complément au verbe « supporter ». C’est donc le contexte qui doit faire comprendre ce qui est supporté.


12.3 - 2 Cor. 11:5-6

Ces faux docteurs cherchaient à saper le travail de l’apôtre en remettant en question son apostolat et son service. Il pouvait vraiment dire : « Je n’ai été en rien moindre que les plus excellents apôtres » (11:5). Il pouvait être rude dans ses propos, mais il ne manquait pas de connaissance divine, car en tout il leur avait manifesté la vérité (11:6).


12.4 - 2 Cor. 11:7-10

Était-ce une offense d’avoir travaillé de ses propres mains pour répondre à ses besoins quand il était avec eux, ce qui lui avait permis de leur prêcher l’évangile gratuitement ? (11:7). Il avait en effet reçu de l’aide d’autres assemblées pour le service rendu aux saints à Corinthe (11:8), et ceux qui l’accompagnaient depuis la Macédoine avaient contribué à pourvoir à ses besoins temporels (11:9). Personne ne pouvait donc l’empêcher de se glorifier de n’avoir pas été à charge financièrement à ceux d’Achaïe (11:10).


12.5 - 2 Cor. 11:11-12

Était-ce parce qu’il ne les aimait pas qu’il refusait leur aide temporelle ? Loin de là. Son motif était d’ôter l’occasion à ceux qui se vantaient que, contrairement à l’apôtre, ils n’étaient pas à charge à l’assemblée.


12.6 - 2 Cor. 11:13-15

Ceux-ci étaient de faux apôtres, des ouvriers trompeurs ; ils n’étaient pas comme Paul, « apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu », mais ils étaient des apôtres autoproclamés, « se transformant en apôtres de Christ » (11:13). Ils étaient en réalité des ministres de Satan qui sait comment tromper sous une belle apparence en se transformant en ange de lumière (11:14). Imitant leur maître, ces hommes faux couvraient leur méchanceté d’une apparence de bonnes œuvres, comme s’ils étaient des ministres de justice. Leur fin serait selon leurs œuvres (11:15). Dans l’opposition de ces ministres de Satan au vrai ministre de Christ, nous voyons le commencement de ce vaste système corrompu dont Dieu déclare à sa fin qu’en lui « a été trouvé le sang des prophètes, et des saints, et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre » (Apoc. 18:24).


12.7 - 2 Cor. 11:16-21

L’apôtre a montré que, contrairement à ces « faux apôtres », il avait prêché « l’évangile de Dieu », attachant les âmes à Christ, et qu’il avait servi gratuitement pour ôter une occasion à ceux qui s’exaltaient, tout en prenant l’argent des saints (v.20). Mais il y a un autre domaine où le vrai serviteur est en contraste frappant avec ces hommes faux : c’est celui de l’opprobre et des souffrances endurées pour l’amour du Seigneur dans le cadre de Son service. L’apôtre parle maintenant de ces souffrances ; mais avant de le faire, il réitère sa profonde réticence à parler de lui-même. S’il devait le faire pour prouver son intégrité, il avait confiance que personne ne le tiendrait pour fou. Si on pensait quand même qu’il parlait comme un fou, qu’on veuille le supporter un peu (11:16). L’apôtre réalisait que se glorifier était loin d’être du Seigneur, quelle qu’en soit la forme, et aussi bien qu’il s’agisse de la facilité de parler, ou des facultés intellectuelles, ou de l’autonomie financière, ou des liens familiaux, ou de la position sociale (11:17). Mais s’il y en avait qui se glorifiaient selon la chair, lui aussi pouvait le faire (11:18), et ils n’auraient aucun motif de s’en plaindre vu qu’ils supportaient facilement les fous qui les asservissaient, les dévoraient, les dépouillaient, et s’exaltaient en insultant les autres (11:19-20). Ne pas agir comme ces gens avaient agi, pouvait paraître n’être que de la faiblesse de sa part (11:21a). Néanmoins, si on le jugeait faible, il montrerait qu’il pouvait être hardi, bien qu’il persiste à penser que parler de soi est une folie (11:21b).


12.8 - 2 Cor. 11:22

Si ses adversaires s’abaissaient à s’enorgueillir de leur origine juive comme étant Hébreux, et de la nation d’Israël, se réclamant de descendre d’Abraham, l’apôtre pouvait bien en dire autant.


12.9 - 2 Cor. 11:23-29

Mais en se mettant à parler du privilège bien plus élevé d’être serviteur de Christ, il demande : « Sont-ils ministres de Christ ? ». Peut-être parlait-il follement, mais il n’avait aucune hésitation à dire qu’il était ministre de Christ « outre mesure », plus que ces gens. Pour prouver ses dires, il met en avant un merveilleux résumé de ses labeurs et de ses souffrances pour l’amour de Christ. Ses travaux fidèles comme serviteur de Christ l’avaient amené en prison et face à la mort et dans la persécution de la part des Juifs (11:23-24). Il avait eu besoin de faire de nombreux voyages avec des naufrages, il avait dû traverser des fleuves, affronter des brigands et la haine de ses concitoyens et l’opposition des païens (11:25-26a). Il avait fait face à des périls en ville, au désert et en mer (11:26b). Par-dessus tout cela, il avait dû faire face à des périls « parmi de faux frères » (11:27a). Ces périls impliquaient pour lui, du labeur et de la peine, des veilles constantes, des jeûnes, de la faim et de la soif, du froid et de la nudité (11:27b). En plus de toutes ces souffrances extérieures, il endurait dans son esprit la sollicitude pour toutes les assemblées (11:28). Si certains étaient faibles, il compatissait à leur faiblesse. Si certains étaient scandalisés, il brûlait contre ceux qui étaient la source du scandale (11:29).


12.10 - 2 Cor. 11:30-33

Cependant, même s’il fallait absolument que l’apôtre se vante, il ne parlait pourtant pas de sa grande puissance pour faire des miracles, ni des révélations qu’il avait reçues — choses qui lui étaient spécifiques en tant qu’apôtre — mais il se glorifiait plutôt de ce qui concernait ses infirmités — choses auxquelles d’autres pouvaient aussi avoir part dans leur petite mesure (11:30). Sur cela, il peut dire que Dieu sait qu’il disait la vérité (11:31). De plus, beaucoup de ces choses ont un caractère qui aurait fait garder le silence à l’homme naturel. Il termine cette partie de sa lettre en se référant à un incident à propos duquel quelqu’un a dit : « aucun visiteur angélique n’a ouvert les verrous et les barres de portes massives, ni n’a aveuglé les yeux d’une garnison » (11:32-33). En effet, pour échapper à ses ennemis, il avait dû subir l’indignité d’être dévalé dans un panier par une fenêtre d’un mur de ville (v.33 ; cf Actes 9:25). Ainsi, si d’autres se vantent de leurs dons, de leurs connaissances et de leur éloquence, lui pouvait se glorifier de ses infirmités et de ses faiblesses, qui devenaient l’occasion de manifester la puissance de Dieu : Dieu peut garder et utiliser Son serviteur en dépit de toutes les faiblesses et au milieu des circonstances les plus pénibles.


12.11 - Récapitulé de ce ch. 11

En lisant ce chapitre profondément instructif, nous voyons


[ces deux points sont repris ci-après]

12.11.1L’apôtre, un modèle

Regardant d’un peu plus près ces deux tableaux, remarquons d’abord qu’en rapport avec l’apôtre, il n’y a dans ce passage aucune mention d’un quelconque don miraculeux de guérison, ni de démons chassés ni de morts ressuscités. Il n’y a pas non plus d’allusion aux prérogatives apostoliques, qu’il s’agisse de nouvelles révélations ou de prédictions d’événements futurs. Il n’y a pas non plus d’indice relatif à des capacités exceptionnelles permettant de parler avec éloquence ou de faire appel aux émotions et à l’intellect. Il n’y a aucune prétention à la richesse, à la position sociale, à de hautes relations, ou à une éducation supérieure, susceptibles d’influencer les hommes et d’assurer position et reconnaissance dans ce monde. Ainsi rien de ce qui est placé devant nous n’est hors de portée du plus humble serviteur du Seigneur. Pour cette raison, même si nous sommes très loin du niveau de service atteint par l’apôtre, il apparaît dans ce passage comme un exemple merveilleux de service dévoué, valable comme modèle pour tout serviteur du Seigneur. Regardant alors à l’apôtre comme serviteur-modèle, nous voyons tout d’abord que Christ, Lui-même, était le grand But de son service. Son grand désir était de présenter les saints à Christ. Certains peuvent faire du salut des pécheurs leur objectif principal ; d’autres peuvent avoir un but plus élevé et faire de l’assemblée si chère à Christ, leur grand objectif ; mais ceux qui iront le plus haut dans leur service sont ceux qui ont Christ pour but premier. Ceux-là en effet ne négligeront ni l’évangile pour les pécheurs, ni le ministère pour les saints, mais tout leur service aura en vue de satisfaire le désir du cœur de Christ, celui d’avoir les Siens avec Lui, et comme Lui, au grand jour des noces de l’Agneau, quand Il verra du fruit du travail de Son âme et sera satisfait.

Ayant ainsi Christ comme son grand objet, l’apôtre avait cherché à gagner des pécheurs pour Christ par la prédication de l’évangile, ce qu’il avait fait à Corinthe et ailleurs (11:7). Ayant été utilisé pour la conversion de pécheurs, avec Christ encore devant lui, il cherchait à attacher les saints à Christ (11:2). Ayant attiré les saints à Christ, il cherchait à préserver les saints de toute forme de mal susceptible de les séduire et de les détourner de leur obéissance à Christ. En outre, nous voyons qu’ayant Christ devant lui comme son grand objet, il était prêt pour accomplir Son service à endurer la souffrance, que ce soit dans le labeur ou les peines, la persécution ou l’emprisonnement, les périls ou l’indigence, le froid ou la nudité.


12.11.2Les faux frères

Regardant l’autre côté du tableau, nous voyons que, dans ces premiers temps, il y avait des « faux frères » qui, non seulement faisaient profession de christianisme, mais prétendaient être des apôtres. Ils étaient de « faux apôtres », des « ouvriers trompeurs ». Néanmoins, ils venaient vers les saints avec une si belle apparence dans la chair qu’ils paraissaient être des anges de lumière et des ministres de justice. Avec une subtilité satanique, ces hommes pervertissaient la vérité en prêchant « un autre Jésus », « un autre Esprit », et « un autre évangile » (11:4). De plus, l’apôtre prévoyait que, si les assemblées supportaient ces mauvais ouvriers en leur sein, le cercle chrétien allait être détourné de la simplicité quant à Christ ; le résultat en serait que les cœurs des saints seraient détournés de la vraie obéissance à Christ, et qu’ils deviendraient des disciples de ceux qui, pour leur propre exaltation, attiraient les disciples après eux (11:20). En prétendant ainsi être ce qu’ils n’étaient pas, ils pervertissaient la vérité, corrompaient la profession chrétienne, et s’exaltaient au détriment des autres.

Regardant en arrière à travers les siècles, nous voyons que ce qui avait commencé au temps des apôtres s’est développé depuis en un vaste système corrompu qui, tout en revendiquant la succession apostolique, a perverti la vérité, s’est exalté et enrichi lui-même au détriment des autres, et a persécuté les saints.

Ici donc, nous avons les deux tableaux. L’un donne en exemple le vrai serviteur ; l’autre donne les faux serviteurs en avertissement. Nous voyons le service du vrai serviteur conduire au grand jour des noces de l’Agneau, lorsque l’assemblée, présentée sous la figure de « la sainte cité, la nouvelle Jérusalem », sera vue en gloire comme « la femme de l’Agneau ». Nous voyons aussi les ministres de Satan travaillant au sein de la chrétienté, et poursuivant jusqu’au jour solennel où, sous la figure de cette grande ville, Babylone, la profession chrétienne corrompue sera écrasée sous le jugement.

Il est bon que chacun se laisse sonder dans son cœur avec la question : « Quelle ville, dans ma vie et dans mon service, est-ce que j’aide à construire ? » Dans notre travail et nos associations, aidons-nous les corruptions de Babylone ? Ou avons-nous répondu à l’appel du Seigneur : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple » (Apoc. 18:4) ? et dans la séparation d’avec les corruptions de la chrétienté, cherchons-nous à servir le Seigneur en vue de la Sainte Cité ? Beaucoup de saints, qui parcourent la route qui mène à cette cité bénie, peuvent, comme l’apôtre, avoir à passer par le feu du martyre, ou à traverser les eaux de la mort ; mais cette route conduit finalement au grand jour des noces de l’Agneau. À la lumière de la mesure surabondante du poids et éternel de gloire de ce grand jour, l’apôtre pouvait regarder périls et persécutions, labeur et peines, souffrances et insultes, comme de légères tribulations qui ne sont que pour un moment (4:17).

Si donc, dans notre petite mesure, nous désirons suivre l’exemple de l’apôtre, que notre premier désir soit que Christ habite par la foi dans nos cœurs (Éph. 3:17). Ayant ainsi Christ devant nous comme notre seul objet, nous pourrons désirer gagner des âmes pour Christ, attacher les cœurs des saints à Christ, et chercher à nous défendre l’un l’autre contre tout ce qui voudrait nous dérober la vérité et entrainer nos âmes loin de Christ. Et si, dans quelque petite mesure, un tel service entraîne souffrance et opprobre, puissions-nous être capables de l’endurer, considérant la gloire surabondante du grand jour des noces de l’Agneau.


Prends nos cœurs pour Toi

Et ferme-les à tout ce qui n’est pas Toi ;

Soyons des serviteurs de bon gré

Qui portent le sceau de l’amour pour toujours.


13 - 2 Corinthiens 12

Au ch. 11, l’apôtre s’est mis en contraste avec les faux frères, mais il s’est gardé de toute mention d’autorité apostolique spéciale, et il s’est uniquement référé à la manière de vivre et à des expériences qui auraient été possibles pour ses adversaires s’ils avaient été de vrais frères. Dans ce ch. 12, il parle d’expériences merveilleuses qui dépassent de loin l’expérience chrétienne ordinaire. Ainsi, dans cette portion de son épître, il ne trace plus un contraste entre lui et les faux frères ; ceux-ci ne sont plus mentionnés, mais il se compare plutôt aux vrais apôtres, n’étant en rien moindre que les plus excellents (12:11).


13.1 - 2 Cor. 12:1-6

Il poursuit donc en parlant de « visions et de révélations du Seigneur » (12:1). Il raconte une expérience remarquable dont il avait bénéficié quatorze ans auparavant. Un chrétien à l’esprit charnel se serait sans doute immédiatement vanté d’une telle expérience, et cela à maintes reprises. Mais l’apôtre réalisait qu’il ne convenait pas de se glorifier, et il s’était abstenu de toute allusion à cette expérience pendant quatorze ans. Il venait juste de parler d’une expérience humiliante dans le corps (11:33), et maintenant il nous parle d’une expérience merveilleuse qu’il avait connue comme « un homme en Christ ». Celui qui avait connu sur la terre ce que c’est d’être « dévalé » dans une corbeille, a connu aussi l’immense privilège d’être « ravi jusqu’au troisième ciel » (12:2). Le troisième ciel parle de la demeure de Dieu. Il y a les cieux atmosphériques, puis les cieux étoilés, et enfin le troisième ciel où se trouve le trône de Dieu. L’apôtre parle du troisième ciel comme étant le paradis, ce qui en indique la béatitude comme étant celle d’une scène de joie, de beauté, et de gloire, — un jardin de délices où on ne verra jamais aucune ombre de mort. Il prend soin de nous dire que ce n’était pas comme homme dans la chair qu’il a été ravi, mais comme « un homme en Christ ». Dans une autre épître il parle de ses avantages naturels comme « homme dans la chair », mais ce n’était pour lui que des ordures. Par contre il pouvait à juste titre se glorifier de sa position et de ses privilèges comme « homme en Christ », car toutes les bénédictions de notre position en Christ, nous les devons à Christ. Ravi au paradis, il n’était plus conscient du corps avec ses besoins et ses faiblesses (12:3). Il avait entendu là des choses dont il serait entièrement déplacé de parler, même à des chrétiens, tandis qu’ils sont encore sur la terre et dans ces corps mortels (12:4). Néanmoins, rappelons-nous que, bien que nous ne fassions pas d’expériences miraculeuses comme celle d’être ravis au troisième ciel, tout ce qui a été révélé à l’apôtre lorsqu’il a été ravi appartient pourtant au plus simple croyant comme étant « en Christ ».

Jusque-là l’apôtre n’avait pas parlé de cette merveilleuse expérience, de peur qu’en s’en glorifiant il pût donner l’impression qu’il était plus grand spirituellement qu’il n’apparaissait dans sa vie réelle ou par les rapports entendus à son sujet (12:5-6). Quelle leçon pour nous tous de nous garder de l’esprit prétentieux et outrecuidant qui nous est si naturel, et qui se saisit volontiers de certaines expériences frappantes pour nous élever, et chercher à donner aux autres l’impression d’une spiritualité et d’un dévouement que nous ne possédons pas en réalité.


13.2 - 2 Cor. 12:7

Aussi élevées qu’aient été les expériences dont l’apôtre avait bénéficié, la chair était encore en lui tandis qu’il était encore dans ce corps. Et la chair, bien que se montrant sous différentes formes, n’est pas différente, quant à sa nature, chez un apôtre de ce qu’elle est chez tout autre homme. Nous devons apprendre qu’en la chair il n’y a pas de bien (Rom. 7:18) ; qu’elle ne change jamais et qu’en nous-mêmes nous n’avons aucune force contre elle. Après une telle expérience, la chair, même d’un apôtre, pouvait agir, conduisant à s’exalter en suggérant qu’aucun autre apôtre n’avait été ravi au troisième ciel. Afin qu’il soit gardé conscient de sa propre faiblesse, une écharde lui a été envoyée pour lui rappeler que, tant qu’il était encore dans le corps, il était entièrement dépendant de la puissance du Seigneur pour le préserver de l’action de la chair. L’apôtre ne dit pas directement ce qu’était cette écharde. C’était apparemment une faiblesse corporelle tendant à rendre l’apôtre méprisable ou insignifiant aux yeux des hommes, et qui faisait contrepoids à ces visions et révélations miraculeuses qui auraient pu l’élever devant les hommes. Remarquons, cependant, que l’écharde a été permise, non pas pour corriger quelque chose de mauvais chez l’apôtre, mais plutôt préventivement contre la vantardise charnelle, et aussi pour lui donner un sentiment plus profond de sa dépendance du Seigneur.


13.3 - 2 Cor. 12:8-10

Jugeant que son écharde était un obstacle à ses services, l’apôtre a supplié trois fois le Seigneur de la lui ôter (12:8). Le Seigneur a répondu à sa prière, mais il n’a pas accordé sa requête. Deux grandes vérités lui ont été dites, dont nous avons tous besoin de nous souvenir : premièrement, que la grâce du Seigneur est suffisante pour soutenir dans toutes les épreuves ; et deuxièmement, que notre faiblesse n’est que l’occasion de manifester Sa puissance (12:9).

Voyant que cette infirmité empêche la chair de se vanter, et devient l’occasion de manifester la grâce et la puissance de Christ, l’apôtre se glorifie désormais de la faiblesse même dont il voulait être débarrassé (12:10). Ainsi, il peut prendre plaisir dans les choses mêmes dont nous avons tant horreur comme hommes naturels : les faiblesses, les insultes, les nécessités, les persécutions et les détresses — toutes des choses subies pour l’amour de Christ, et qui, tout en manifestant la faiblesse du corps, manifestent également la puissance de Christ, de sorte que l’apôtre peut dire : « Quand je suis faible, alors que je suis fort ».


13.4 - 2 Cor. 12:11-15

L’apôtre sent toujours que parler de soi est une folie, tant en rapport avec les visions et les révélations dont il a bénéficié en étant ravi au troisième ciel, qu’avec les faiblesses et les détresses pour l’amour de Christ dont il avait souffert sur la terre. Voyant cependant que les saints de Corinthe qui auraient dû le recommander manquaient de le faire, il est contraint de se justifier. Ils auraient dû rendre témoignage à la vérité qu’en rien il n’était moindre que les plus excellents apôtres, même si, à cause de ses infirmités dans la chair, il pouvait être méprisé comme ne valant rien aux yeux du monde (12:15). N’avait-il pas manifesté les signes d’un apôtre au milieu d’eux, par toute patience, accompagnés de signes et de prodiges et de miracles ? (12:12).

S’étaient-ils sentis humiliés de ce qu’il avait refusé l’aide de l’assemblée ? Si oui, qu’ils lui pardonnent ce tort (12:13). Si ce troisième projet de venir vers eux se réalisait, il ne voulait pas leur être à charge, car il voulait qu’ils apprennent que son cœur ne recherchait pas leur argent, mais les voulait les gagner eux (12:14). Il voulait être parmi eux comme un donateur, et non un receveur, même si son amour n’était guère apprécié (12:15).


13.5 - 2 Cor. 12:16-18

En outre, il déjouait la triste insinuation que, tout en refusant une aide directe, il avait utilisé d’autres personnes pour profiter d’eux (12:16-17). Il avait en effet envoyé Tite et un autre frère pour servir parmi eux (12:18). Ceux-ci n’avaient-ils pas marché dans le même esprit que l’apôtre et refusé toute aide ?


13.6 - 2 Cor. 12:19-21

En outre, l’assemblée à Corinthe pouvait penser qu’en parlant ainsi de lui-même, il cherchait simplement à se justifier. À cette objection, il répond en toute solennité qu’il avait autant conscience d’être devant Dieu quand il déclarait être motivé par l’amour qui cherchait leur édification (12:19). Du fait qu’il les aimait et désirait leur édification, il n’hésitait pas à leur faire part de ses craintes. Il redoutait de venir auprès d’eux et de les trouver dans un état éloigné de ce qu’il voudrait, et de devoir par conséquent prendre à leur égard une attitude qu’ils ne voudraient pas (12:20a). Malgré le bon effet de sa première épître, l’apôtre persistait à redouter qu’à cause des « faux frères » et « des ouvriers trompeurs » dont il avait parlé, il pourrait trouver parmi eux « des querelles, des jalousies, des colères, des intrigues, des médisances, des insinuations, des enflures d’orgueil, des désordres » (12:20b). Au pire, il craignait d’être humilié par l’affliction de voir l’absence de repentance chez plusieurs qui avaient péché (12:21).

Ainsi, comme on l’a souvent remarqué, ce ch. 12 qui commence avec les plus hauts privilèges d’un chrétien dans le paradis, se termine par les péchés les plus bas dans lesquels un chrétien peut tomber sur la terre. Dans un cas, nous voyons la béatitude d’être en Christ ; dans l’autre la solennité de laisser agir la chair en nous. Entre ces deux extrêmes, nous voyons « la puissance de Christ » disponible pour nous contre la chair, malgré toute notre faiblesse.

Ayant appris quelque chose du mal intégral de la chair, et de notre propre faiblesse pour lui résister, combien il est bon de nous remettre chaque jour dans les mains du Seigneur, et reconnaissons en même temps que la chair est en nous dans toute sa méchanceté irrémédiable, prête à se manifester à tout moment par les péchés les plus grossiers, et qu’en nous il n’y a aucune force pour lui résister. Partant de cette base, combien il est bon alors de découvrir que Sa puissance est disponible pour nous dans toute notre faiblesse. Ainsi, nous sommes délivrés de nos propres efforts pour contrôler la chair, et amenés à nous tourner vers le Seigneur Jésus pour nous garder.


14 - 2 Corinthiens 13

14.1 - 2 Cor. 13:1-2

L’apôtre termine son épître en se référant à son troisième projet pour une deuxième visite. Il leur a déjà dit que son second projet de les visiter avait été abandonné pour les épargner, n’ayant pas voulu venir avec de la tristesse (2:1-2). Tout en reconnaissant le bon effet de sa première épître sur l’assemblée dans son ensemble (ch. 2), il craignait encore que plusieurs ne se soient pas repentis de leurs péchés. S’il revenait et trouvait alors de telles personnes, et que leur péché soit pleinement confirmé « par la bouche de deux ou de trois témoins » (13:1), il ne les épargnerait pas (13:2).


14.2 - 2 Cor. 13:3-6

Il semble cependant que certains remettaient en question l’autorité de l’apôtre et son droit à s’occuper de la confusion et du mal au milieu d’eux. Ils demandaient une preuve que Christ parlait vraiment à travers lui (13:3a). Avant de répondre à cette objection, l’apôtre, dans la parenthèse allant de 13:3b à 13:4, leur rappelle que, s’ils pouvaient profiter de ses infirmités pour l’accuser de faiblesse, aucune accusation de ce genre ne pouvait être portée contre Christ, « lequel » dit-il « est puissant au milieu de vous » (13:3b). Effectivement Christ avait été crucifié en faiblesse, mais comme Homme ressuscité et glorifié, Il vit par la puissance de Dieu (13:4a). Quant à ses circonstances, Paul était faible dans la mesure où il était en relation avec un Christ rejeté sur la terre ; mais par la puissance de Dieu, il vivait avec Christ, et cette puissance de Dieu s’était exprimée envers eux par le moyen de l’apôtre (13:4b).

Ayant rappelé dans cette parenthèse la source de toute vraie puissance spirituelle, il reprend le sujet selon lequel certains contestaient que Christ parlait en lui (13:5). C’était virtuellement une mise en cause de savoir s’il était vraiment un chrétien (13:6). En réponse, l’apôtre dit : « Examinez-vous vous-mêmes, [et voyez] si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes ». S’ils doutaient que Christ était en lui, qu’ils regardent à eux-mêmes si Christ était en eux ; sinon, ils étaient des réprouvés, des gens retranchés, des bons à rien. Le fait qu’ils étaient dans la foi par le moyen de la prédication de Paul, aurait dû être une preuve irréfutable que Christ avait parlé par lui.

Les paroles de l’apôtre ne suggèrent aucunement que le chrétien doive regarder en lui pour s’assurer s’il est chrétien. C’est le regard extérieur vers Christ ressuscité qui donne la paix intérieure, et la parole de Dieu qui donne l’assurance. Lorsque le Seigneur est apparu parmi Ses disciples au jour de la résurrection, Il les a trouvés troublés par des pensées montées de leurs cœurs. Il dissipa de suite leurs craintes en dirigeant leurs regards vers Lui-même : « Voyez mes mains et mes pieds que c’est moi-même » (Luc 24:36-39). Le fait de regarder en eux les remplissait de doutes et de craintes ; ayant regardé au-dehors vers leur Seigneur ressuscité, ils ont vu immédiatement dans Ses mains et Ses pieds les preuves qu’Il était mort pour eux, et qu’Il était ressuscité, et cela a apporté la paix et la joie dans leurs cœurs.

Quand l’apôtre dit à ces saints de s’examiner pour savoir s’ils sont dans la foi, il dit en quelque sorte : « À cause de mes infirmités, vous avez soulevé à tort la question de savoir si Christ est en moi ; mais appliquez cette question à vous-mêmes et vous verrez combien c’est un tort de la poser ». Ayant appris la folie de leur question, il avait confiance qu’ils se rendraient compte qu’il n’était pas un réprouvé (13:6).


14.3 - 2 Cor. 13:7

Sa prière à Dieu était qu’ils soient gardés de pratiques mauvaises, non pas simplement pour recommander l’apôtre qui avait été l’instrument de leur conversion, mais pour que, eux agissant honnêtement, le monde ait la preuve qu’ils n’étaient pas réprouvés, même si le monde dénigrait beaucoup l’apôtre.


14.4 - 2 Cor. 13:8-9

Toutefois, quoi que disent les hommes sur l’apôtre, rien ne prévaudra contre la vérité. Allez contre la vérité et vous perdrez votre puissance. Nous ne sommes vraiment forts que lorsque nous tenons pour la vérité (13:8), que ce soit la vérité concernant Christ, ou la vérité concernant les Siens. Il était, cependant, content d’être faible dans ses infirmités si cela conduisait à ce qu’ils soient forts dans la défense de la vérité, car il désirait sincèrement leur « perfectionnement » (13:9), dans la connaissance complète du christianisme et de la pensée du Seigneur.


14.5 - 2 Cor. 13:10

Il avait écrit ces choses, étant absent, dans l’espoir que, lors de sa visite il n’ait pas l’occasion d’user de sévérité, selon l’autorité qui lui était donnée par le Seigneur pour leur édification, et non pour leur destruction. Vu que nous avons la chair en nous, combien avons-nous besoin de faire attention que la sévérité, s’il est nécessaire d’en user, ne soit pas utilisée avec une méchanceté charnelle, cherchant à provoquer la destruction d’un frère.


14.6 - 2 Cor. 13:11-13

Dans ses salutations finales, l’apôtre désire que ces saints puissent se réjouir. Quels que soient les manquements qui aient pu les marquer, ils pouvaient toujours se réjouir dans le Seigneur. Par ailleurs, il désirait qu’ils se perfectionnent, répondant pleinement à la pensée du Seigneur pour eux. En dépit de tout ce qu’ils avaient à affronter de la part de faux docteurs, ils étaient encouragés à poursuivre d’un même sentiment et en paix. En effet ils trouveraient alors, que le Dieu d’amour et de paix serait avec eux (13:11). Que la méthode du monde de se saluer [le baiser] soit utilisée dans la sainteté (13:12). Les saints accompagnant Paul se joignaient à lui pour leur envoyer leurs salutations. Il termine par la bénédiction qui désire de manière si heureuse que la grâce du Seigneur Jésus, l’amour de Dieu, et la communion qui découle du Saint Esprit opérant en nous, soient avec eux (13:13).