H. Smith
ME1993 p.129-140
Table des matières :
1 - Le croyant a un chemin dans ce monde : le chemin de la vie
8 - Christ l’homme qui s’est laissé conduire
10 - Christ l’homme qui s’est réjoui
On a dit très justement qu’il n’y avait pas de chemin dans le jardin d’Éden. L’homme innocent placé dans un jardin de délices n’avait rien d’autre à faire qu’à rester là où Dieu l’avait placé. Il n’avait pas besoin de chemin pour sortir de ce lieu. Dans le ciel, il n’y aura pas non plus de chemin. Un homme saint dans une scène de perfection n’éprouvera pas le désir de la quitter.
Pour traverser un monde ruiné et pour en sortir, il faut
nécessairement un chemin, et il y en a un. Car personne ne peut rester dans un
tel monde : l’homme coupable ne le peut pas, et le fidèle, même s’il le
pouvait, ne le voudrait pas. Chassé d’Éden, l’homme est devenu un vagabond dans
un monde ruiné — un pécheur qui, dès le moment où il entre dans le monde,
s’engage sur un chemin qui conduit hors du monde par la mort — le chemin de
la mort
.
Mais pour le croyant, il y a un autre chemin — le chemin de
la vi
e (Ps. 16v11). « Un sentier que l’oiseau de proie ne connaît
pas, et que l’œil du vautour n’a pas aperçu ; la bête fauve ne l’a pas
foulé, le lion ne l’a pas traversé
» (Job 28v7, 8). L’œil le plus perçant ne le trouve pas davantage que
la force la plus grande. L’esprit humain ne l’a jamais découvert et la
puissance de l’homme ne le foulera jamais. Comme le chemin de la mort, il
traverse un monde de souffrances, la vallée de l’ombre de la mort ; mais
lui, il conduit dans la présence du Seigneur, là où il y a un rassasiement de
joie et des plaisirs pour toujours.
Ce chemin, que l’homme naturel n’a jamais su découvrir, a été
révélé en grâce et a été suivi en perfection par un homme parfait — l’Homme
Christ Jésus. En raison de Sa perfection intrinsèque, Il a été Celui à qui,
ici-bas, le chemin de la vie a pu être révélé. « Tu me feras connaître le chemin de la vie
»
a pu dire le Seigneur Jésus. Il l’a foulé en perfection dans chacune de ses
étapes et en a atteint le but à la droite de Dieu. De plus, dans Sa marche, Il
devient le modèle parfait des Siens, qu’Il invite à suivre Ses traces ; en
effet, une des dernières paroles qu’Il leur a adressées avant de quitter ce
monde a été : « Suis-moi
».
Certes c’est d’un pas chancelant et avec bien des trébuchements que nous nous
engageons dans ce chemin où Christ, comme notre modèle et pour notre encouragement,
nous a précédés.
Ce chemin, le Psaume 16
nous le présente d’une manière
remarquable. En considérant le chemin que Christ a suivi en perfection, nous ne
pouvons que l’admirer ; et ce que nous admirons, nous cherchons à
l’imiter.
Avant d’examiner les détails de ce chemin béni,
demandons-nous : Qu’est-ce que le chemin de la vie
?
Il y a la vie quotidienne
avec tout
ce qu’elle comporte de devoirs et de relations : une vie
qui se déroule sur la
terre
, qui est limitée par le temps et qui se termine par la mort. Il y a
la vie de service et de lutte
contre
l’Ennemi : elle a aussi pour cadre une sphère terrestre. La
« vie » dont nous parlons n’est pas confinée à la terre, ni limitée
par le temps ou sujette à la mort. C’est une vie intérieure vécue avec Dieu et devant
Dieu. Une vie qui se passe sur la terre, qui soutient l’âme pendant
son passage à travers le temps et la mort, qui est goûtée dans sa plénitude à
la droite de Dieu et qui dure éternellement. Telle est la vie qui nous est
présentée d’une manière si belle dans le Psaume 16
. C’est une vie
intérieure de communion avec Dieu, aussi est-elle indépendante des
circonstances, tout en nous soutenant pendant que nous les traversons. Les
circonstances adverses occupent par conséquent peu de place dans ce psaume. Elles
ne sont pas ignorées : un monde impie, la mort et le sépulcre sont
mentionnés, mais ils ne sont que le sombre arrière-plan d’une vie qui peut être
vécue dans un monde mauvais, sans être atteinte par le mal.
La beauté d’une telle vie est inexprimable. Quelqu’un a dit : « Cette relation vivante avec Dieu jette une lumière, un halo sur tout ; elle rend l’âme tellement consciente de la bénédiction divine que rien ne saurait lui être comparé, sinon sa pleine réalisation dans la présence de Dieu. Vivre avec Dieu, jouir de Lui dans une nature capable de le faire, avec tout ce qui en résulte nécessairement là où ce sera réalisé sans nuage — être comme Christ a été dans ce monde avec Dieu — c’est la joie la plus parfaite possible, si l’on fait exception de l’accomplissement éternel de tout ce qui est connu et ressenti dans une telle relation ».
Cela est profondément vrai, et pourtant avec quelle facilité ne négligeons-nous pas cette vie intérieure ! Assurés de notre position devant Dieu, nous veillons à mener une vie extérieure correcte devant les hommes et à être actifs dans le service, sans être beaucoup exercés quant à notre vie intérieure devant Dieu. Mais souvenons-nous que tant une marche droite devant les hommes qu’un service véritable pour Christ sont le résultat d’une vie vécue devant Dieu.
Après ces quelques remarques préliminaires, considérons
maintenant cette vie intérieure telle qu’elle est présentée en Christ. À
plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, ce Psaume 16
Lui est
appliqué. L’apôtre Pierre cite les versets 8 à 11 pour prouver la résurrection
de Christ (Actes 2v
25-28) ; l’apôtre Paul fait de même avec le
verset 10 (Actes 13v
35) ; et l’auteur de l’épître aux Hébreux
applique le principe du premier verset (sans le citer directement) pour prouver
que Christ a participé à la nature humaine (Héb. 2v
13).
Nous sommes donc autorisés par l’Écriture elle-même à appliquer ce psaume à
Christ personnellement.
Le psaume commence par la présentation de Christ comme l’homme parfaitement
dépendant. « Garde-moi, ô Dieu !
» est l’expression de la
dépendance. Or la dépendance est
le premier grand principe de la vie intérieure vécue devant Dieu. L’homme est
par nature dépendant de son Dieu ; pourtant l’homme déchu est prêt à
dépendre de n’importe quoi et de n’importe qui plutôt que de Dieu. En Christ il
y a enfin eu sur la terre un homme entièrement dépendant de la puissance de
Dieu pour être gardé à chaque pas dans Son chemin. Il aurait certes pu se
préserver Lui-même ; mais en grâce Il a pris la place d’homme dépendant.
Quant à nous, nous acceptons assez volontiers d’être dépendants de Dieu lorsque
nous sommes en difficulté, mais nous réalisons peu la dépendance pure et simple
de Lui lorsque nous pensons pouvoir compter sur nos ressources.
Toutes les ressources de
la création étaient à la disposition de Christ, toutes les armées célestes
étaient prêtes à obéir à Son commandement, et pourtant Il dit : « Garde-moi,
ô Dieu !
»
« Je me confie en toi
». La
dépendance parfaite de Christ était le résultat de Sa confiance parfaite
en Dieu. Il avait une confiance illimitée dans Son amour infini. La tempête sur
la mer a trouvé Christ dormant paisiblement, la tête sur un oreiller. Mais
l’amour du Père était le véritable oreiller de son cœur. Comme l’homme parfait,
Il peut déclarer : « Je me confie en toi
» et dormir dans
la tempête ; et puis, comme le Dieu tout-puissant, Il se lève et
dit : « Fais silence, tais-toi !
» et Il apaise la
tempête. On a remarqué très justement que « les tempêtes nous rejettent sur
Lui, alors que la tempête L’a trouvé chez Lui ». Les tempêtes
qui nous conduisent au Père L’ont trouvé avec le Père. Rien ne L’a jamais
détourné de la dépendance de la puissance du Père, ni de la confiance dans
l’amour du Père. Il s’en est allé, mais Il a laissé derrière lui Son
« oreiller » : l’amour du Père nous reste.
Le verset 2 fait
ressortir un troisième caractère important de la vie intérieure de l’homme
parfait. « Tu as dit à l’Éternel : Tu es le Seigneur
».
Celui qui s’exprime ainsi prend la place de soumission et d’obéissance à
la volonté d’autrui. Quelle perspective intolérable pour l’homme naturel qu’une
vie de soumission absolue à la volonté souveraine de Dieu, en tout temps !
C’est pourtant le chemin de la vie et de la joie. L’unique voie de la bénédiction
est dans l’accomplissement de la volonté de Celui qui, dans Son amour infini,
m’a destiné à la bénédiction éternelle et, dans Sa puissance et Sa sagesse
divines, réalise Ses desseins. Christ a foulé en perfection ce chemin de la
soumission à la volonté d’un autre. En entrant dans le monde, Il a pu
dire : « Voici, je viens… pour
faire, ô Dieu, ta volonté
» ; en le traversant : « Je
fais toujours les choses qui lui plaisent
» ; et en le
quittant : « Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit
faite
». Il y a eu un homme ici-bas, qui, en toutes circonstances et
en tout temps, n’a fait que la volonté de Dieu.
Quand l’opposition
s’élevait de tous côtés, semblable à une tempête, Il pouvait dire :
« Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi
». Malgré
les nuages qui s’amoncelaient sur Son chemin, Il s’est toujours confié dans
l’amour du Père, Il s’est toujours soumis à la volonté du Père. Et au moment où
la plus terrible de toutes les tempêtes, celle qui menaçait nos têtes, allait
s’abattre sur Lui, Il s’est confié encore en l’amour du Père et a pu
dire : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je
pas ?
»Il s’est soumis à la volonté du Père : « Que
ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite
»
Le psaume 2
présente Christ comme le Dominateur qui brisera toute insubordination avec un
sceptre de fer. Quelle bénédiction de savoir qu’un Homme viendra juger toute
l’iniquité du monde et assujettir toutes choses à la volonté de Dieu ! Si
nous nous souvenons qu’il s’agit du Roi oint de Dieu, nous ne serons pas
surpris.
Le Psaume 8
nous
transporte dans un temps où toute la création sera assujettie à Christ. « Tu
as mis toutes choses sous ses pieds
», est-il dit. Quelle bénédiction
en effet, mais encore une fois nous ne serons pas surpris si nous nous
rappelons qui Il est : le Fils de l’homme couronné de gloire et d’honneur.
Mais le Psaume 16
nous apprend que Celui qui assujettira
toutes choses à Dieu, et auquel
tout sera assujetti
, a Lui-même été
l’homme parfaitement soumis. Quel sujet d’émerveillement ! Et nous
pouvons dire que Son pouvoir de s’assujettir tout l’univers a sa source dans le
fait qu’un jour Il a été l’homme parfaitement soumis. Ainsi, les premiers
versets de notre psaume présentent les trois grandes caractéristiques du chemin
de la vie : la dépendance de la puissance de Dieu, la confiance dans
l’amour de Dieu et la soumission à la volonté de Dieu.
Un autre très beau
caractère du chemin de la vie, illustré en perfection dans la vie de Christ,
c’est Son humilité. Parlant comme homme, Christ pouvait dire à
Dieu : « Ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi
» ; et
au sujet des saints qui sont sur la terre, les excellents : « En
eux sont toutes mes délices
». Les saints et les excellents de la
terre se recrutent rarement parmi les princes de ce monde. Souvenons-nous des
paroles de l’apôtre aux Corinthiens : « Car considérez votre
appel, frères,
— qu’il n’y a pas
beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de
nobles… Mais Dieu a choisi les choses folles… les choses faibles… les choses
viles… et celles qui sont méprisées
». C’est parmi ceux-ci que se trouveront les
« excellents » et c’est avec eux que le Seigneur s’est identifié,
dans Son amour et dans Son humilité. Si nous voulons avoir la compagnie de
Christ, il nous faut également avoir celle des humbles de ce monde, car avec
eux nous Le trouverons Lui. Simon le pharisien invite le Seigneur de gloire
dans sa maison ; mais il doit alors recevoir aussi une femme de la ville,
qui était une pécheresse. Et non seulement Christ s’associe aux humbles, Il
trouve en eux Ses délices. Il était humble d’esprit. Il pouvait dire : « Je
suis débonnaire et humble de cœur
». Il s’agissait non pas d’une simple humilité dans Sa conduite ou
dans Son langage — quelque chose qu’il nous est facile d’affecter — mais de
l’humilité du cœur. « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui
a été aussi dans le Christ Jésus
» ; et « que, dans l’humilité,
l’un estime l’autre supérieur à lui-même
». Prenons à cœur ces
exhortations !
Dans Son chemin comme
homme parfait, Christ ne permettait à rien de s’interposer entre Son âme et
Dieu. Il ne rendait pas hommage aux objets que les hommes adorent, Il ne
prenait pas leurs noms sur Ses lèvres. Une idole n’est pas nécessairement une
image matérielle que l’on vénère à la place du vrai Dieu. C’est tout ce que
nous laissons se placer, dans les affections de notre cœur, entre l’âme et
Dieu ; aussi l’apôtre peut-il écrire, même à des croyants : « Enfants,
gardez-vous des idoles
» Que de fois, hélas ! nous
nous détournons à la poursuite d’objets qui viennent s’interposer entre notre
âme et Dieu ! Mais nous devons bientôt apprendre à connaître la vérité des
paroles du psalmiste : « Les misères de ceux qui courent après un
autre seront multipliées
». L’homme déchu a de nombreux objets qui
séparent son cœur de Dieu ; mais le nouvel homme a
un seul objet : « Pour moi, vivre c’est Christ
»,
et « Ce que je vis maintenant… je le vis dans la foi, la foi au
Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi
».
Christ n’a pas été
seulement l’homme séparé ; il a aussi été l’homme parfaitement satisfait.
Il pouvait dire : « L’Éternel est la portion de mon héritage et de
ma coupe
». L’héritage c’est ce vers quoi nous marchons — la portion
permanente de l’âme ; la coupe parle plutôt de ce que nous goûtons en
chemin. L’héritage nous appartient de droit, la coupe est la mesure de notre
jouissance présente de l’héritage. Le Seigneur est la portion de notre
héritage, comme de notre coupe ; aussi la coupe n’est-elle pas la
jouissance des circonstances dans le chemin, mais plutôt la jouissance du
Seigneur dans les circonstances par lesquelles nous passons. Celles-ci peuvent
revêtir le caractère douloureux du chemin dans le désert, mais pourtant, au
Psaume 23
, le psalmiste dit : « Ma coupe est comble
».
La jouissance qu’il avait de l’Éternel dans les circonstances du chemin le
comblait de joie. C’est l’expérience que le Seigneur a faite en perfection dans
les souffrances qu’Il a rencontrées ici-bas. Dans un des moments les plus
douloureux de Sa vie, rejeté par Israël, incompris des siens, « en
cette même heure, Jésus se réjouit en esprit et dit : Je te loue, ô Père,
Seigneur du ciel et de la terre
». Il buvait de la coupe dans le
chemin, Lui l’héritier de toutes choses qui pouvait déclarer : « Toutes
choses m’ont été livrées par mon Père
».
Nous avons un glorieux
héritage ; il nous appartient de boire de la coupe dans le chemin et de
réaliser que cet héritage est conservé pour nous : « Tu maintiens
mon lot
». Boire de cette coupe, c’est entrer dans la félicité de
l’héritage ; et dans la mesure où nous le faisons, nous sommes occupés de
ce qui demeure, de ce qui sera maintenu, au lieu de poursuivre les choses d’un
monde qui « s’en va », avec sa convoitise.
En traversant le monde
de la mort, le Seigneur, en raison de Ses circonstances, a été l’homme de
douleurs, sachant ce que c’est que la langueur ; mais dans la perspective
du « bel héritage » qui Lui était échu, Il pouvait dire : « Les
cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables
».
Nous réalisons mieux la
perfection de l’humanité que Christ a revêtue, lorsque nous L’entendons
dire : « Je bénirai l’Éternel qui me donne conseil
».
Lui qui, comme Dieu, donne conseil, Lui dont le nom est Merveilleux,
Conseiller, est Celui qui, comme homme, reçoit conseil. Dans un monde de péché,
nul homme ne peut par sa propre sagesse suivre le chemin de la vie divine. Pour
chaque pas, nous avons besoin du conseil de Dieu au milieu de la confusion
engendrée par le péché et la volonté propre. Pour pouvoir, selon les paroles du
prophète, « soutenir par une parole celui qui est las
» nous devons
avoir notre oreille ouverte « chaque matin… comme ceux qu’on enseigne
».
N’est-ce pas là encore le langage du Seigneur ? Comme homme, Il a marché
jour après jour selon le conseil de Dieu. Qu’il est donc important pour nous de
nous tenir chaque jour à Ses pieds pour écouter Sa Parole !
Toutefois, outre le conseil divin pour nous diriger, il y a l’intelligence spirituelle (Col. 1v9, 10). Elle est illustrée par les « reins » ; les principes directeurs de l’âme sont formés par elle. Cette intelligence discerne plus clairement le chemin de Dieu lorsque l’âme est à l’écart des influences du monde agité qui l’entoure, comme pendant le repos de la nuit. L’intelligence spirituelle vivifiée par le conseil divin, verra alors effectivement avec plus de clarté le chemin de la vie au travers d’un monde de péché et de mort.
Pour marcher dans le
chemin de la vie, le conseil divin et l’intelligence spirituelle ne suffisent
pas ; il nous faut aussi le soutien divin. C’est là encore un
élément que nous voyons réalisé en perfection dans la marche du Seigneur comme
homme. Il pouvait dire : « Je me suis toujours proposé l’Éternel
devant moi
», et ayant l’Éternel devant Lui, Il avait conscience que
l’Éternel était avec Lui : « Il est à ma droite
» ;
et avec l’Éternel à Sa droite, Il peut ajouter : « Je ne serai pas
ébranlé
». Nous avons le privilège de pouvoir suivre le Seigneur dans
ce chemin, même si Lui seul pouvait dire : « Je me suis toujours
proposé l’Éternel devant moi
». Hélas, nous ne pouvons pas dire
« toujours » en ce qui nous concerne ; nous n’avons pas
« toujours » cet œil simple qui n’a pas d’autre objet que Christ. Si
ce n’est pas l’argent ou quelque autre chose de ce monde qui nous poursuivons,
ce peut être le « moi » sous une forme ou une autre. La recherche des
aises, de la satisfaction de soi, de la gloire personnelle, peuvent obscurcir
la vision de notre âme. Si notre œil est simple, si Christ est notre unique
objet, nous sentirons la présence du Seigneur avec nous ; et s’Il est avec
nous, nous ne serons pas ébranlés. Le monde qui nous entoure est rempli d’une
profusion de voix discordantes, une grande confusion règne parmi les enfants de
Dieu, mais soutenus par le Seigneur, nous ne serons pas ébranlés.
Le chemin de la vie que
le Seigneur a suivi a passé par la mort. Ce qui est envisagé ici, ce n’est pas
Sa mort expiatoire en faveur des Siens, mais la félicité d’une vie que la mort
ne peut pas atteindre. C’est le chemin de la vie au travers de
la mort.
La perspective de la mort ne jette ici nulle ombre sur Son esprit. Son cœur
n’est pas abattu par cette pensée ; Il se réjouit ; Son âme s’égaie
et Sa chair reposera en assurance. Pour celui qui est engagé sur le chemin de
la vie, la mort n’est que le passage à une jouissance plus grande de la vie.
Tandis que l’homme naturel qui se trouve sur le chemin de la mort est rempli de
tristesse et d’appréhension, celui qui foule le chemin de la vie est
caractérisé par la joie, la louange et le repos de l’espérance.
Le secret de cette joie réside dans le but glorieux qui est en vue. Le chemin de la vie traverse un monde de douleurs, il passe par la vallée de l’ombre de la mort, mais il aboutit dans la présence de Dieu. Pour Christ, et pour ceux qui sont liés à Lui, c’est la présence du Père. Celle-ci est davantage que la gloire, c’est la maison du Père, la maison où le cœur du Père est révélé, où la connaissance et la jouissance du Père sont pleinement réalisées. Ici-bas, au milieu des douleurs inhérentes à la terre, nous pouvons boire à la coupe de la vie ; là-haut, au milieu des joies du ciel, nous aurons la plénitude de la vie. Ici-bas il y a des plaisirs sur le chemin ; là-haut ce sont des plaisirs pour toujours.
Telle a été la vie intérieure que le Seigneur comme homme a vécue avec Dieu et devant Dieu en traversant ce monde. L’homme innocent en Éden ne pouvait pas la connaître et elle est impossible pour l’homme déchu. Seul un homme saint traversant ce monde pouvait vivre une vie caractérisée par la dépendance de la puissance de Dieu, la confiance dans l’amour de Dieu et la soumission à la volonté de Dieu ; une vie d’humilité qui s’associait avec ceux qui moralement étaient les excellents de la terre, tout en maintenant la séparation d’avec le mal dans le monde ; une vie dans la satisfaction de l’héritage à venir ; une vie qui connaît la direction divine et le soutien divin ; une vie que la mort ne peut pas toucher, à laquelle le sépulcre ne peut pas mettre fin, et qui conduit dans la présence de Dieu où il y a abondance de joie et des plaisirs pour toujours. Une vie conçue pour nous dans le cœur du Père, dans laquelle nous avons le soutien de Sa main, jusqu’au moment où nous serons introduits dans la plénitude de cette vie, dans la maison du Père.
En Christ seul cette vie a été vécue dans sa perfection absolue. Mais elle est possible pour les Siens dans la puissance du Saint Esprit.