Le Fils de Dieu

Sa Déité, Son incarnation, Son humanité

Hamilton Smith


Table des matières :

1 - Introduction

2 - La Déité de Christ

3 - L’incarnation

4 - L’Humanité de Christ

5 - Conclusion


1 - Introduction

Depuis la venue du Fils de Dieu dans le monde que Ses mains ont formé, Sa Personne a fait l’objet d’attaques incessantes de la part de Son ennemi juré, le diable. De plus, la chair et son inimitié constante contre Dieu ont fourni au diable un instrument toujours prêt à fomenter la guerre contre Celui qui a été manifesté pour détruire les œuvres du diable (1 Jean 3:8).

À l’inverse, au cours de la longue période de l’absence de Christ, le Saint Esprit a été le témoin constant de la gloire du Fils. Conduisant les croyants dans toute la vérité, et leur montrant les choses qui concernent Christ, il a fait d’eux des vases capables d’exprimer les gloires et les perfections de Christ.

Et maintenant que « le jour baisse et que les ombres du soir s’allongent » (Jér. 6:4), que les attaques se renforcent et que la bataille devient plus féroce, il devient toujours plus urgent que tous les saints vrais de cœur rendent un témoignage clair et sans équivoque aux gloires du Fils de Dieu. L’amour ne se contente pas d’un son confus au sujet de Celui à qui nous devons toute bénédiction pour le temps et l’éternité. L’amour sera très jaloux de tout manque d’égards vis-à-vis de la gloire de Celui de qui tout racheté peut dire : « Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).

Nous devrions éviter toute disputation sur un sujet aussi saint. Notre instinct spirituel nous avertit que discuter sur Sa Personne fait perdre le contact avec Lui. Qui pourrait débattre au sujet de la Personne de Christ en Sa présence ?

Peut-être ressentons-nous tous aussi le danger d’être entraînés dans de la controverse sur un sujet aussi sacré, même si c’est dans un effort sincère d’affronter l’erreur et de la dévoiler. L’histoire passée et présente ne nous avertit-elle pas que, trop souvent, ceux qui lancent le combat contre une hérésie tombent dans une hérésie contraire ? Il nous est dit de « combattre pour la foi », et voilà qu’il semble parfois que nous interprétions ce passage de l’Écriture comme une exhortation à combattre vigoureusement l’erreur. Loin de nous de dire que nous ne devons jamais mener bataille contre ce qui est faux ; mais souvenons-nous qu’en le faisant nous sommes occupés de ce que l’esprit de l’homme a mis en avant et nous sommes ainsi en danger de penser que nous pouvons faire face aux pensées de l’homme par la puissance de nos propres pensées. En combattant pour la foi, nous sommes occupés de ce que Dieu a révélé, et la grandeur même de la vérité nous rejette sur Dieu ; une fois rejetés sur Lui, nous pouvons compter sur Son soutien.

Tout en sentant donc le danger des discussions et des controverses, nous devrions également sentir la nécessité constante de combattre pour la foi.

En combattant pour la vérité, nous devons nécessairement nous tourner vers la Parole de la vérité, nous souvenant qu’il est écrit que « nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu » (1 Cor. 2:12). L’indolence de nos affections peut nous faire manquer de tirer profit de ce qui est révélé, tandis que l’activité de nos esprits peut nous faire aller au-delà de ce qui est écrit. Puissions-nous donc prendre garde, recherchant avec des affections renouvelées et des pensées sous le contrôle de l’Esprit à entrer davantage dans tout ce qui a été révélé sur la Personne du Fils sans aller au-delà de ce qui est écrit. Contempler la gloire du Fils, le miracle de l’Incarnation et la perfection de Son humanité, c’est entrer dans des domaines où la spéculation humaine et nos propres conjectures n’ont pas leur place. En présence de Sa gloire, les séraphins eux-mêmes couvrent leur face de leurs ailes, le prophète enveloppait son visage avec son manteau, et Moïse, l’homme de Dieu, ôtait ses sandales de ses pieds. Bien que dans le temps présent de la grâce, nous contemplions la gloire du Seigneur « à face découverte », que ce soit toujours « avec des pieds déchaussés » que nous abordions les saints mystères qui entourent Sa Personne.

Parmi les nombreux privilèges accordés au peuple de Dieu, aucun ne peut être plus grand que de maintenir les gloires du Fils au sein des ombres grandissantes de l’apostasie qui s’approche. Puissions-nous être trouvés de fidèles administrateurs des mystères de Dieu (1 Cor. 4:1 ; 1 Pierre 4:10) et être fortifiés dans cette grâce qui seule nous rend capables de nous effacer, exaltant Christ au-dessus de tout, et « LE COURONNANT SEIGNEUR DE TOUT ».


2 - La Déité de Christ

Tout, dans le christianisme, est fondé sur l’existence incréée de Celui qui a créé toutes choses. Remettre en cause la Déité du Fils, c’est saper le fondement sur lequel repose toute bénédiction pour l’homme. Peu importe ce que les systèmes religieux sophistiqués des hommes peuvent construire, ou la mesure selon laquelle ils prétendent honorer le nom de Christ — s’ils n’édifient pas sur ce fondement, tout sera détruit.

La Déité absolue du Fils nous est présentée dans de nombreux passages de l’Écriture, mais aucun n’est aussi frappant que le début de l’évangile selon Jean. Cet évangile commence par la déclaration majestueuse : « Au commencement était la Parole ». Toutes les choses créées, et toute créature de l’univers a eu un commencement, mais la Parole était au commencement. Au commencement de tout, la Parole était là, sans commencement. « Au commencement était la Parole » : voilà l’affirmation formelle de l’existence éternelle de la Parole.

Ensuite, il nous est dit que « la Parole était auprès de Dieu ». La Parole était une personne distincte dans la Déité, car elle était « auprès de Dieu ». En outre nous lisons : « la Parole était Dieu ». Bien que distincte dans Sa Personne, Elle (Il) n’était pas différente dans Sa nature, car Elle (Il) était Dieu — une Personne divine.

Puis nous avons la déclaration supplémentaire : « Elle était au commencement auprès de Dieu ». L’esprit de l’homme a pu argumenter que, même en admettant que la Parole est maintenant une Personne distincte, il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Mais ce verset réfute une telle pensée et nous dit clairement que Sa personnalité distincte est aussi éternelle que Sa Déité.

Nous avons donc ici le solide fondement de notre foi chrétienne — la gloire de la Personne du Fils — une Personne éternelle, une Personne distincte, une Personne divine et une Personne distincte de toute éternité.

Beaucoup d’autres passages de l’Écriture témoignent tout aussi clairement de la Déité du Fils, et on peut citer l’un des plus explicites : en Hébreux 1, le Fils est désigné comme Dieu : « Mais quant au Fils : ‘Ton trône, ô Dieu, est aux siècles des siècles’ » (Héb. 1:8). Il est adoré par les anges (Héb. 1:6) ; au commencement Il a posé les fondements de la terre (Héb. 1:10). Il est désigné comme le Dieu qui demeure et est immuable : « Toi, Tu demeures » (Héb. 1:11) et « Toi, Tu es le même » (Héb. 1:12).

L’Écriture rend donc un témoignage direct et formel à la Déité absolue du Fils. Une difficulté peut cependant surgir dans les pensées de plusieurs en raison de certaines expressions employées au sujet du Fils ; on peut les examiner brièvement :

Tout d’abord, nous lisons au sujet du Fils qu’Il est le Fils unique [en anglais « le seul engendré »]. L’expression « Fils unique » (ou « seul engendré ») pourrait faire penser que cela implique nécessairement une naissance et un commencement. La foi, si elle est incapable de résoudre cette difficulté, sait très bien que l’Écriture ne peut pas se contredire et que les déclarations claires des premiers versets de l’évangile selon Jean interdisent une telle interprétation. Mais l’Écriture ne donne-t-elle pas quelque lumière sur le sens de l’expression « Fils unique » [« seul engendré »] appliquée au Fils ? Incontestablement elle le fait. L’expression revient à neuf reprises dans le Nouveau Testament, et dans cinq d’entre elles, elle est attribuée au Fils (Jean 1:14, 18 ; Jean 3:16, 18 ; 1 Jean 4:9). L’un des passages — Héb. 11:17 — est particulièrement instructif en ce qu’il montre le sens dans lequel l’expression est utilisée. Nous y lisons : « Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique ». Il est évident que le terme « fils unique » ne peut pas signifier qu’Isaac était le seul fils engendré par Abraham, car nous savons qu’Abraham avait un autre fils. Il est tout aussi évident qu’il y avait une relation particulière et unique entre Isaac et Abraham et son fils, et qu’elle n’était partagée par aucun autre fils. C’est sans aucun doute cette relation unique qu’expriment les mots « Fils unique » [« seul engendré »]. Si l’Écriture met clairement en évidence qu’il y a des Personnes distinctes dans la Déité, elle montre aussi que ces Personnes de la Déité ne sont pas indépendantes les unes des autres, mais reliées entre elles. Il en est pour les Personnes Divines comme pour Abraham et Isaac : l’expression « fils unique » est utilisée pour indiquer la relation unique qui a existé éternellement entre le Fils et le Père. « Nous vîmes Sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père » dit l’apôtre (Jean 1:14) ; nous lisons plus loin : « le Fils unique, qui est dans le sein du Père » (Jean 1:18) ; ces passages placent devant nous la réciprocité d’affections divines et éternelles entre le Père et le Fils : Le Père trouvant Ses délices dans le Fils comme dans un Fils unique, et le Fils dans le sein du Père se réjouissant dans l’amour du Père. Nous savons que les croyants sont aimés du même amour dont le Père a aimé le Fils comme Homme (Jean 17:23), mais il y aura pour toujours l’affection particulière entre les Personnes Divines — le Père et le Fils — que nul autre ne partagera, et qui est exprimée dans l’expression « Fils unique ».

En outre, le terme « engendré » est utilisé en rapport avec le Fils au Psaume 2 où nous lisons : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré ». Ce passage est cité en Actes 13:33, Héb. 1:5 et 5:5. Cela ne présente cependant aucune difficulté puisque cela se réfère clairement à Christ comme homme, à l’Oint de l’Éternel et au Roi de l’Éternel en relation avec ce monde. Les expressions qui sont employées : « la montagne de Sion », « les bouts de la terre » et « aujourd’hui » sont clairement liées à la terre et au temps, confirmant ainsi ce point de vue.

Enfin, nous avons le mot « premier-né », utilisé en rapport avec Christ, déterminant Sa prééminence vis-à-vis des personnes et des choses dans le temps (Rom. 8:29 ; Col. 1:15), tout comme l’expression « Fils unique » établit Sa relation éternelle avec Son Père, avant que le temps fût.

Outre les déclarations positives quant à la Déité du Fils dans les passages explicites de l’Écriture auxquels nous avons fait allusion, il y a d’autres passages et d’autres manières de le faire ; nous pouvons faire brièvement référence à quelques-uns d’entre eux qui, de manière moins formelle mais peut-être plus touchante, présentent la Déité du Fils aux affections des Siens.


L’affirmation d’être un avec le Père impliquait Sa Déité.

Le Seigneur a pu dire : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10:30). Aussitôt Ses ennemis répondirent : « Toi, étant homme, tu te fais Dieu » (Jean 10:33). La vérité est effectivement qu’étant Dieu, Il est devenu homme ; mais au moins Ses ennemis reconnaissaient à juste titre que Celui qui prononçait de telles paroles revendiquait la Déité.


La revendication de recevoir les mêmes honneurs que le Père impliquait Sa Déité.

Il pouvait dire : « Le Père… a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père » (Jean 5:22-23).


L’affirmation de Sa préexistence impliquait Sa Déité.

Il pouvait dire : « Avant qu’Abraham fût, Je suis » (Jean 8:58). C’était vraiment la revendication d’une préexistence, mais cela va plus loin encore car le Seigneur ne dit pas : « J’étais » mais « JE SUIS ». C’est la conscience de Son existence éternelle aussi bien que l’affirmation de Sa préexistence. C’est là le langage de Celui qui ne connaît ni passé ni futur, Celui pour qui le temps est comme inexistant, qui n’a ni commencement ni fin — l’éternel JE SUIS.


Sa revendication d’avoir une autorité absolue implique Sa Déité.

Les prophètes débutaient leurs oracles inspirés par « Ainsi dit l’Éternel ». Ils faisaient appel à leurs auditeurs en s’appuyant sur l’autorité de l’Éternel. Il en était autrement des paroles de Christ qui commençaient par : « En vérité, Je vous dis ». Il ne pouvait pas faire appel à aucune autorité plus élevée que la Sienne, car Lui était et est le Seigneur.


Les titres personnels du Seigneur impliquent Sa Déité.

D’autres ont rendu témoignage aux dignités du Seigneur. Lui, les a revendiquées pour Lui-même. David a pu dire : « L’Éternel est mon berger », mais Christ a dit : « Moi, Je suis le bon berger » (Jean 10:11,14). Jean Baptiste a rendu témoignage à la lumière ; le Seigneur a dit : « Moi, Je suis la lumière » (Jean 8:12). Marthe a pu rendre témoignage à la résurrection, disant au sujet de son frère mort : « je sais qu’il ressuscitera » ; le Seigneur a répondu : « Moi, Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11:25).


Le fait d’avoir été un Objet pour le ciel, proclame Sa Déité.

D’autres, pour être bénis, doivent avoir un objet en dehors d’eux-mêmes ; Jésus était l’Objet du ciel au lieu d’avoir Lui-même un objet. Étienne, levant les yeux, trouva en Jésus un Objet glorieux dans les cieux qui a pu le soutenir dans le dernier passage ardu de son chemin vers la gloire. Mais le ciel a abaissé ses regards sur Jésus, et la voix du Père a déclaré : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui J’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3:17 ; 17:5).


Le fait qu’Il ait rassemblé auprès de Lui, est une preuve de Sa Déité.

Il pouvait dire : « Venez à Moi » (Matt. 11:28). On a dit à juste titre : s’Il n’avait pas été Dieu, dire cela aurait été épouvantable. S’Il n’avait été qu’un homme, prononcer de telles paroles aurait été une tentative de détourner les hommes de Dieu.


Ses paroles ont proclamé Sa Déité.

Combien est vrai le verdict rendu par le monde : « Jamais homme ne parla comme cet Homme » ! (Jean 7:46). Quand nous entendons Jésus près du tombeau adresser des paroles de tendre consolation à des femmes au cœur brisé, et que peu après nous entendons dans la chambre haute les paroles sublimes de Son dernier discours, — paroles qui transportent nos cœurs au-dessus des douleurs de la terre jusque dans la maison du Père, nous réalisons que nous nous trouvons effectivement en présence du Dieu duquel il est écrit : « C’est Lui qui guérit ceux qui ont le cœur brisé… qui compte le nombre des étoiles » (Ps. 147:3-4).


Ce sont là quelques-uns des témoignages brillants de la gloire divine de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. En méditant les Écritures qui, directement ou indirectement, parlent de Sa Déité, et en entrant dans une faible mesure dans leur signification profonde, nous nous tournerons assurément vers Celui dont elles parlent, trouvant nos délices à reconnaître :

Tu es la Parole éternelle,

Le Fils unique du Père ;

Dieu manifesté, Dieu vu et entendu,

Le Bien-aimé du ciel.

Tu es digne, ô Agneau de Dieu,

Que tout genou se ploie devant Toi.


3 - L’incarnation

Afin d’avoir clairement devant nous la grande vérité de l’incarnation, il est bon de citer les passages suivants de l’Écriture qui se réfèrent directement à cette vérité fondamentale.


Ces passages montrent clairement que la vérité de l’incarnation consiste dans le grand fait qu’une Personne divine — le Fils — est devenu chair, a pris une forme d’esclave, a été fait à la ressemblance des hommes, a été trouvé en figure comme un homme, a eu part au sang et à la chair, et a habité dans le corps préparé pour Lui.

Qu’est-ce qui peut dépasser le miracle de l’incarnation ? « Dieu manifesté en chair ». La manifestation suppose une existence antérieure, mais une existence cachée ; et que Celui qui était jusqu’à présent caché vient à être manifesté. Celui qui, dans Son Être essentiel, « habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu, ni ne peut voir » (1 Tim. 6:16), a été manifesté en chair — a été vu des anges (1 Tim. 3:16), tandis que les cœurs de Ses disciples, remplis d’adoration, pouvaient dire : « nous avons entendu, nous avons vu de nos yeux, nous avons contemplé, nos mains ont touché la Parole de la vie » (1 Jean 1:1).

De plus, la manière dont l’incarnation a eu lieu, est aussi merveilleuse que le fait lui-même est prodigieux. Car nous lisons : « Vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche » (Luc 2:12) — voilà la réponse divine au cri qui était monté du cœur de l’homme : « Oh ! si Tu fendais les cieux ! Si Tu voulais descendre » (És. 64:1-3). Dieu est en effet descendu, non pas de la manière désirée par le prophète — comme du feu qui brûle et fait bouillonner l’eau, pour faire trembler les nations devant Lui — Il a répondu au cri, mais à Sa manière et selon Son cœur, une manière qui calme nos craintes et qui captive le cœur touché par la grâce et l’amour divins. Il a pu être dit à juste titre : « Rien dans la vie humaine ne nous met autant à l’aise qu’un enfant dans son berceau ». Dieu s’est approché de nous jusqu’au point le plus bas de notre faiblesse, et dans la plus grande profondeur de notre pauvreté. Il a ignoré la cité impériale de Rome, Il a passé à côté de la cité royale de Jérusalem, et Il a choisi Bethléem, bien qu’elle soit « petite entre les milliers de Juda » (Mich.5) ; et même alors, Il a laissé la maigre hospitalité de l’auberge du village et Il a choisi de s’abriter dans l’étable des bœufs. Là, dans l’étable de Bethléem, Celui dont « les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité » a été mis au monde et a été couché dans une crèche. Le sein de la vierge, la crèche de Bethléem, les bras de Siméon et la maison à Nazareth marquent les étapes de cette merveilleuse histoire du Fils incarné — Dieu manifesté en chair.

Quel était le grand but de l’incarnation ? L’Écriture qui présente l’incarnation elle-même de façon si vivante, parle avec la même clarté de son but. Ayant déclaré le fait fondamental que « la Parole devint chair », l’apôtre continue en disant que Celui qui s’est incarné « habita au milieu de nous » et que Celui qui a habité au milieu de nous est le Fils unique du Père, qui fait connaître le Père. Nous avons ici assurément une indication très nette du double but de l’incarnation : Dieu habitant au milieu des hommes, et Dieu connu par les hommes.

Si la première étape de l’accomplissement de ce propos béni a eu lieu en ce grand jour où la Parole est devenu chair et a habité au milieu de nous, la dernière étape du voyage sera atteinte en ce jour plus grand encore où, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, le tabernacle de Dieu sera avec les hommes et Il habitera avec eux, et ils seront Son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux. Nous savons en effet qu’entre le début et la fin de ce long voyage, il a fallu la Croix, avec la grande œuvre de l’expiation. Car l’homme est déchu et coupable, et si Dieu doit habiter avec les hommes, il faut que ce soit avec des hommes rendus propres à la présence de Dieu par l’œuvre de Son propre Fils — une œuvre qui glorifie Dieu et qui ôte le péché de l’homme. L’incarnation implique la Croix et conduit à la gloire. Et quand enfin cette gloire sera atteinte, Dieu habitera avec une entière satisfaction au milieu d’un peuple rendu infiniment heureux dans la connaissance de Lui-même.

De plus, si les Écritures déploient devant nous le miracle et le but de l’incarnation, elles veillent avec tout autant de soin à préserver la gloire de Celui qui s’est incarné. L’incarnation a donné à l’homme déchu l’occasion d’exprimer en parole et en actes l’inimitié de son cœur contre Dieu. Le Seigneur Lui-même pouvait dire : « Les outrages de ceux qui T’outragent sont tombés sur moi » (Ps. 69:9). La haine de l’homme envers Dieu est telle qu’il attaque chacune des Personnes de la Déité, mais en raison de l’incarnation, la Personne du Fils a toujours été l’objet spécial de l’hostilité de l’homme. Les hommes ont pris occasion de l’humble grâce de Son Humanité pour nier les gloires de Sa Déité, et pour remettre en question Sa perfection morale. Les Écritures ont anticipé la méchanceté des hommes en révélant clairement que l’incarnation du Fils n’implique aucun changement dans Sa Personne glorieuse, et ne lui communique aucune des taches de l’humanité déchue.


Quant à la gloire de Sa Personne.

L’Écriture prend soin de montrer que l’Incarnation n’introduit aucun changement dans la Personne de Celui qui s’est incarné, ni ne Lui ajoute rien. Il a toujours été le Fils, et Il demeure le Fils. Il y a eu certes un grand changement dans la « forme » qu’Il a prise, dans la « ressemblance » dans laquelle Il a été trouvé et la nature à laquelle Il a participé, mais il n’y a eu aucun changement quant à Sa Personne. Rien de ce qu’en grâce Il est devenu ne pouvait ajouter, ou retrancher à ce qu’Il était. Il n’y avait pas de double personnalité dans le Fils incarné. Il a pu dire : « Moi et le Père, nous sommes un » — Il n’a jamais dit : « Moi et le Fils, nous sommes un », car Il était le Fils, et l’humanité qu’Il a prise ne Lui a conféré aucune nouvelle personnalité distincte de la Personne du Fils, ou conjointe avec elle. La Personne était une, et rien ne pouvait y être ajouté par ce qu’Il était devenu. Il est sorti d’auprès du Père (Jean 16:27,28 ; 17:8), Il a été envoyé par le Père, ayant la nature même du Père, mais Il est né de femme et a ainsi participé à la nature humaine, tout en restant toujours une Personne Divine. Nous ne voyons pas deux personnes unies en Christ, comme certains l’ont faussement enseigné, mais nous voyons deux natures en Une Seule Personne, et ces deux natures sont assurément distinctes bien qu’elles ne doivent jamais être considérées comme séparées.

Lui, par Sa naissance, a participé à la nature humaine tout en restant toujours une Personne Divine ; nous, par grâce, nous participons à la nature divine tout en restant toujours des personnes humaines.

La personnalité, qu’elle soit humaine ou divine, reste toujours la même, aussi variables que soient les conditions dans lesquelles elle peut se trouver.

Un serviteur du Seigneur bien connu a dit, en parlant de Christ : « Il pouvait dire ‘Je’ en tant que Dieu — ‘Avant qu’Abraham fût, Je suis’. Et Il pouvait dire ‘Je’ en tant qu’homme — ‘Moi, Je me confierai en Lui’. Mais ce ne sont pas deux ‘Je’, la Personne était une, ‘le Fils’ ». Se référant à nouveau à l’Écriture, il dit : « J’y lis au sujet d’une Personne qui est la Parole, existant de toute éternité, Elle-même le Créateur. Je lis au sujet de cette même Personne qu’elle est devenue chair, un homme sur la terre au milieu des hommes, un individu vrai et réel, mais la même Personne bénie — Dieu manifesté en chair, le Fils que Dieu a envoyé en ressemblance de chair de péché, le Fils de Dieu, né de femme. Il ne se trouve aucune pensée de changement dans la Personne, le véritable ‘Je’. Il est toujours le même, bien que Sa ‘forme’ ait changé ainsi que la condition dans laquelle Il a eu la vie. Lorsque ‘Il’ a pris part au sang et à la chair, qui était-‘Il’ ? L’identité personnelle ne change pas, bien que la forme et la condition le puissent ».

Ce sont là des paroles saines et sobres auxquelles nous pouvons ajouter encore le témoignage d’un autre commentateur des paroles du Seigneur ; au sujet de celle-ci : « Avant qu’Abraham fût, JE SUIS », il fait remarquer très justement que « ‘JE SUIS’ est l’expression appropriée à Son existence. Tandis que le temps passe, ‘JE SUIS’ reste inchangé, et quand le temps a disparu, ‘JE SUIS’ demeure le Même ». Voilà un témoignage vrai, en accord avec l’Écriture qui déclare : ‘TOI, TU DEMEURES’ et ‘TOI, TU ES LE MÊME’. C’est la même Personne glorieuse — qu’elle soit dans le sein du Père, dans le ventre de la vierge, ou dans les bras de Siméon ; qu’elle soit dans la crèche de Bethléem, au jardin de Gethsémané, ou sur la Croix du Calvaire ; qu’elle soit avant la fondation du monde, à travers les siècles, ou quand le monde ne sera plus ; « D’ÉTERNITÉ EN ÉTERNITÉ, TU ES DIEU ».

Notons encore ceci : bien que le Créateur soit venu dans Sa propre création, et se soit approché de Sa créature, ce faisant Il n’a pourtant jamais cessé d’être le Créateur et Celui qui soutient toutes choses. La manière dont Il a été conçu dans le sein de la vierge rompt la lignée continue depuis Adam, l’homme créé. Divinement conçu, le Bébé a été formé et s’est développé dans le sein de la vierge. Il n’est pas dit que le corps qu’Il a pris a été « créé », mais qu’il a été « formé » (Héb. 10:5). Adam a été créé, la femme a été formée à partir d’Adam (Gen. 2:22), et Christ a été la « semence de la femme » et cela par conception divine. Ainsi nous condamnons, avec un soin jaloux, la pensée profane qui parlerait de Christ comme d’une « créature » du fait qu’Il est devenu un Homme parmi Sa propre création.


Quant à Sa Perfection morale.

Si la gloire de la Personne qui s’est incarnée est soigneusement maintenue, de même Sa Personne est jalousement préservée de toute tache de mal qui serait due à l’incarnation. Cela nous est assuré par la manière dont l’incarnation a eu lieu selon le récit de l’évangile de Luc. Nous y apprenons qu’il a été dit à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35). Quelqu’un a dit : « Le Saint Esprit a dû venir sur elle, et a dû agir en puissance sur ce vase terrestre, sans que sa volonté ou celle d’un homme entrent en jeu. C’est pourquoi, ‘cette sainte chose’ née de Marie a été appelée Fils de Dieu. Dieu agissant sur Marie… était la source divine de Son existence sur la terre en tant qu’Homme ». Il n’était pas un homme innocent, encore moins un homme déchu : Il était un homme saint. « En Lui, le cours inexorable du péché qui se transmettait à tous les hommes a été interrompu par Sa naissance surnaturelle d’une mère vierge ».


4 - L’Humanité de Christ

Le mystère inscrutable de l’incarnation du Fils de Dieu nous amène à contempler la perfection de l’Humanité qu’Il a prise. Dans le cadre de ce sujet si élevé, nous pouvons d’abord nous demander : « En quoi consiste l’humanité ? »

L’apôtre Paul écrit ceci comme désir final pour les saints de Thessalonique : « Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre seigneur Jésus Christ » (1 Thess. 5:23). L’apôtre désire par-là la sanctification de l’homme tout entier, et ne laisse aucun doute sur ce qu’il entend par l’homme tout entier : car il ne se contente pas de désirer que les saints soient sanctifiés « entièrement », mais il identifie précisément les éléments constitutif d’un homme : esprit, âme, et corps.

À la lumière de ce passage, la conclusion semble s’imposer absolument que, selon l’Écriture, l’esprit, l’âme et le corps constituent un homme, comme J.N.Darby a dit : « un homme n’est pas un homme sans un corps, une âme et un esprit ». (*)


(*) Il est tellement vrai qu’un homme est composé de l’esprit, de l’âme et du corps, que nous ne pouvons pas nous rappeler un seul exemple dans l’Écriture où le terme « homme », au sens d’être humain, soit appliqué à ceux qui sont passés dans l’état intermédiaire après la mort. Il est parlé en effet des « esprits des justes consommés » (Héb.12:23), et souvent des corps des hommes morts, mais ni le corps sans l’esprit et l’âme, ni l’esprit et l’âme sans le corps, ne sont jamais désignés par le terme « homme ». 2 Rois 13:21 et Luc 7:12 pourraient paraître faire exception, mais ce n’est pas le cas. Dans le passage du livre des Rois, le mot original pour « homme » n’est pas le mot « adam » signifiant un « être humain », mais le mot « ish » signifiant un homme par opposition à une femme, et il est utilisé à l’évidence pour désigner le sexe du corps. Dans le passage de Luc, c’est la seule fois où le mot grec est traduit par « homme mort » [version autorisée anglaise]. Dans les douze autres exemples de l’usage de ce mot, il est traduit simplement par le mot « mort » [même chose dans la traduction française J.N. Darby de Luc 7:12] ; ce mot, en grec, signifie simplement quelqu’un qui est mort.


Le passage ci-dessus (1 Thes. 5:23) est en accord avec le récit de la Genèse sur la création de l’homme. Nous y lisons : « Et l’Éternel Dieu forma l’homme, poussière du sol, et souffla dans ses narines une respiration de vie, et l’homme devint une âme vivante » (Gen. 2:7). Cela ne nous enseigne-t-il pas que, quant à sa partie matérielle, le corps, l’homme a été formé de la poussière du sol ; puis, le corps ayant été formé, Dieu a communiqué la vie en soufflant dans ses narines une respiration de vie. Il s’agit là certainement de la partie spirituelle, ou immatérielle, de l’homme : il l’a reçue directement de Dieu.

Le Prédicateur (l’Ecclésiaste), en parlant de la mort, se réfère aussi aux deux parties de l’homme — la partie matérielle et la partie spirituelle — quand il dit « que la poussière retourne à la terre, comme elle y avait été, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné » (Eccl. 12:7). Élihu fait lui aussi référence à ce qui est matériel et à ce qui est spirituel lorsque, parlant de Dieu, il dit : « S’il ne pensait qu’à lui-même et retirait à lui son esprit et son souffle, toute chair expirerait ensemble et l’homme retournerait à la poussière » (Job 34:14-15). Ce passage nous donne plus de lumière dans la mesure où l’esprit est lié à la pensée du souffle, ce qui suggère que la respiration de vie de Gen. 2:7 est l’esprit de l’homme.

Son esprit lui ayant été ainsi directement communiqué de Dieu, l’homme est devenu une âme vivante, le corps constituant la partie matérielle, et l’esprit et l’âme constituant la partie spirituelle de l’homme. (*)


(*) Nous n’avons pas à nous creuser la tête pour essayer de tracer une ligne de démarcation ferme et nette entre « l’esprit » et « l’âme ». Ils forment ensemble la partie immatérielle de l’homme et, bien qu’à la mort ils peuvent être séparés du corps pour un temps, ils ne sont cependant pas séparés l’un de l’autre, pas plus que les jointures et les moelles du corps, ou que les pensées et les intentions du cœur (Héb.4). Pourtant, le caractère scrutateur de la Parole de Dieu lui permet de faire la distinction entre des choses si intimement liées qu’on ne peut les séparer (Héb. 4:12).


En outre, il est évident que l’esprit est la partie la plus élevée d’un homme par laquelle il est placé dans une position de responsabilité vis-à-vis de Dieu et, étant tel, ne peut-on pas dire que l’esprit de l’homme est la partie distinctive et la plus importante de l’homme, la plus indispensable pour faire de lui un être distinct de la création animale ? (voir Éccl. 3:21).

Si donc le Fils est devenu Homme, c’est assurément qu’Il est devenu un vrai homme, esprit, âme et corps, car, comme dit l’Écriture, « Il dût, en toutes choses, être rendu semblable à Ses frères » (Héb. 2:17). Mais, sur un sujet aussi saint, nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes pour tirer nos propres conclusions, car nous trouvons dans l’Écriture chaque élément constitutif de l’homme attribué au Fils comme Homme. Citons quelques-uns de ces passages :


Quant au corps, le Seigneur a pu dire :


Quant à l’esprit (pneuma), nous lisons :


Quant à l’âme (psuche), Il peut dire :


Voilà donc quelques passages des Écritures qui nous parlent directement de l’esprit, de l’âme et du corps en rapport avec l’Humanité de notre Seigneur. D’autres passages font allusion au corps, à l’esprit et à l’âme de notre Seigneur sans pour autant utiliser ces mots mêmes ; nous y faisons brièvement référence :


Quant à Son esprit — la partie la plus élevée de l’homme, qui fait de l’homme un être intelligent dans une position de responsabilité envers Dieu, — nous lisons que dans l’enfance, Il était « rempli de sagesse » et aussi qu’Il « avançait / croissait] en sagesse » (Luc 2:40, 52). La sagesse fait certainement allusion à l’esprit intelligent d’un homme. Nous savons qu’« en Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2:9) ; mais ici c’était quelque chose de très différent, car qui pourrait relier une « croissance » avec « la plénitude de la Déité » ? Il s’agit assurément de l’esprit avec les caractéristiques propres à l’esprit d’un homme. Par ailleurs, au cours de Son chemin à travers le monde, combien le Seigneur s’est trouvé constamment en prière ! Et encore, lors du dernier Souper Il a pu dire qu’Il avait « fort désiré de manger cette pâque » ; dans le Jardin, Il était ‘dans l’angoisse du combat’, mais Il était soumis à la volonté du Père. Encore une fois nous posons la question : Ces prières, ce désir, ce combat, cette soumission ne sont-ils pas en rapport avec l’esprit, et ne sont-ils pas caractéristiques de l’esprit d’un homme en relation avec son Dieu ?


Quant à Son âme — à laquelle nous relions les émotions et les affections — nous lisons du Seigneur qu’Il a été ému de compassion, qu’Il a pleuré sur Jérusalem, qu’Il a pleuré au tombeau, qu’Il a parfois été indigné et qu’Il a regardé Ses adversaires hypocrites avec colère. Nous posons à nouveau la question : Cette compassion et ces pleurs, cette indignation et cette colère, n’expriment-ils pas les profonds sentiments d’une âme humaine ?


Quant à Son corps saint. Il a été conçu dans le sein de la vierge. À sa naissance, le bébé a été couché dans la crèche, circoncis le huitième jour ; nourri au sein par une mère humaine (Luc 11:27) ; porté dans les bras de Siméon. Il a grandi dans Son corps de l’enfance à l’adolescence, et de l’adolescence à l’âge adulte. Il est parlé du Seigneur mangeant et buvant, à la fois avant et après Sa résurrection. Il a eu faim au désert, et Il a eu soif sur la Croix. Il a été fatigué au bord du puits, et a dormi dans la barque.

Naissance et croissance physique, manger et boire, faim et soif, fatigue et sommeil, voilà des choses liées essentiellement au corps humain ; et présentées en rapport avec le corps du Seigneur, elles prouvent combien le corps qu’Il a pris était réel, et combien il était vraiment marqué par tout ce qui caractérise le corps humain, à part le péché.


Quelle est alors la vraie force de ces passages des Écritures qui, directement ou indirectement, font allusion à l’esprit, à l’âme et au corps en rapport avec l’humanité de notre Seigneur ? Quelle impression font-ils sur nos esprits ? Quelle vérité enseignent-ils ? N’est-ce pas que la parfaite Humanité de Christ comprenait ces trois éléments, l’esprit, l’âme et le corps — chacun possédant toutes les caractéristiques propres à un Homme parfait dans un monde déchu ? C’est bien ainsi qu’« Il dût, en toutes choses, être rendu semblable à Ses frères » (Héb. 2:17).

En outre, nous discernons que l’Écriture fait une distinction entre la « personnalité » — le « Je » conscient — et l’esprit, l’âme et le corps, dans la mesure où elle n’identifie pas précisément, et encore moins exclusivement, la personnalité avec l’un de ces trois éléments. Nous lisons que « les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes » (1 Cor. 14:32). Un verset de l’Ancien Testament parle de celui « qui gouverne son esprit » (Prov. 16:32). En relation avec l’âme, David dit : « J’humiliais mon âme » (Ps. 35:13), « j’élève mon âme » (Ps. 86:4). Salomon parle d’un homme qui détruit son âme et qui fait tort à son âme (Prov. 6:32 ; 8:36). Quant au corps, Paul peut dire : « Je mortifie mon corps » (1 Cor. 9:27). Ces passages et bien d’autres d’un caractère semblable, sont là pour montrer que dans l’homme il y a l’union du matériel et du spirituel dans une seule personnalité, comme quelqu’un a dit : « Jour après jour, heure après heure, minute après minute, nous observons chacun en soi une autorité centrale, qui dirige et qui contrôle d’une part les mouvements et les agissements du domaine animal, et d’autre part les facultés et les efforts d’un esprit intelligent — les deux trouvant un point d’unité sous cette autorité ou personne centrale. Comment cela peut-il se faire, nous ne le savons pas ». À ceci nous pouvons ajouter que si la mort survient, le « Je » est identifié avec ce qui est immatériel — l’esprit et l’âme — tandis que dans le corps, soit maintenant soit dans l’état de résurrection, le « Je » est sûrement identifié avec l’esprit, l’âme et le corps.

Cette distinction entre la personnalité et {l’esprit, l’âme et le corps} ne se voit-elle pas également dans les déclarations de notre Seigneur comme Homme, — bien qu’en rapport avec l’Humanité de Christ, il nous faille toujours nous souvenir que Sa Personne était Divine, le Fils inchangé et inchangeable quant à Sa Personne. Là encore, nous devons être sur nos gardes, de peur qu’à cause de la faiblesse du langage humain il puisse être soutenu que nous suggérons une humanité impersonnelle. Bien qu’étant toujours le Fils dans Sa Personne, Il est cependant entré personnellement dans l’Humanité — esprit, âme et corps, et de façon si réelle qu’on a pu dire : « Rien en Lui ne manquait de tout ce qui est le propre d’une parfaite humanité — Il était tout et ressentait tout ce que l’homme doit être et doit ressentir — Il a été rendu en toutes choses semblable à Ses frères »… « Il est né de femme, Il a participé au sang et à la chair — Il était réellement la semence de la femme, et c’est de la femme que dérivait la nature d’homme qui Le plaçait en relation avec Dieu et les choses d’ici-bas comme un Homme responsable sur la terre ».

« En devenant un Homme, Il est entré dans tout ce que comportait la réalité de la place qu’Il prenait comme Homme »… « Le Seigneur est entré dans toutes les conditions de la vie humaine, dans ses sensibilités, ses sentiments et ses affections, dans tout ce qui dépend de la condition et du domaine de l’homme, à part le péché ».

Il s’est approché, en effet, de si près de Son peuple que Siméon a pu tenir dans ses bras Celui qui « a mesuré les eaux dans le creux de Sa main », et l’apôtre bien-aimé pouvait se pencher sur la poitrine de Celui qui est dans le sein du Père. Nous nous trouvons là en présence de Celui qui surpasse la compréhension de nos entendements, et qui pourtant fait jaillir la louange et l’adoration de nos cœurs.


5 - Conclusion

En écrivant sur ce sujet élevé, nous avons cherché à suivre l’Écriture où elle nous conduit, avec le désir d’apprendre ce qui est révélé, aussi bien que la signification de ce qui est révélé concernant le Fils bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ. Mais tout en cherchant à profiter de ce qui est écrit, nous ne devons jamais oublier que dans la Personne du Fils, dans l’Incarnation et l’Humanité de Christ, il y a ce qui sera à jamais insondable et inscrutable par l’esprit limité de l’homme. « Personne ne connaît le Fils » (Matt. 11:27) est une parole à laquelle nous faisons bien d’être attentifs. Il ne nous est permis de connaître les Personnes divines que SELON qu’elles sont révélées et QUAND elles le sont.

Comment une Personne divine peut devenir chair, nous ne le savons pas. Nous devons nous méfier de toute déclaration visant à expliquer à l’esprit humain le mystère inscrutable de l’incarnation. Toute déclaration ayant ce but avoué doit aussitôt éveiller nos soupçons. Nous pouvons être sûrs que toute tentative de ce genre, non seulement manquera son but, mais finira par propager des théories corruptrices de la vérité et déshonorantes pour le Fils.

Notre grande préoccupation devrait être d’apprendre ce qui est écrit, et d’accepter la vérité telle qu’elle est écrite, sans question et sans raisonnement. Dieu évacue rapidement l’homme qui remet en question Sa révélation, car lorsqu’au sujet de ce qui est inscrutable l’homme demande : « Comment ? », Dieu répond : « Insensé ! » (1 Cor. 15:36). Mais quand le raisonnement orgueilleux est mis de côté, la foi simple et les affections conduisent très en avant dans des profondeurs de gloire, « selon qu’il est écrit : Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Cor. 2:9). Que ce soit notre part d’aimer, écouter et adorer.