par H. Rossier
Table des matières :
La seconde Épître à Timothée,
dernier récit de l’apôtre Paul, alors qu’emprisonné pour la seconde fois à
Rome, il savait que le temps de son départ était arrivé, est, par cela même,
d’une importance toute spéciale pour les jours où nous vivons. Dans quel état
laissait-il l’Église, la maison de Dieu, dont il avait posé le fondement comme
un sage architecte ? Ressemblait-elle, cette Église responsable, à sa
première condition ? Était-elle même pareille à la description qu’il en
faisait à son enfant dans la foi, dans sa première épître, lui montrant comment
il devait s’y conduire ? Non ; le beau début d’autrefois avait été
remplacé par une indifférence presque générale envers l’apôtre inspiré. Les
fausses doctrines, l’opposition à la vérité, s’y faisaient jour de plus en
plus. L’avenir était sombre, n’offrant aucun espoir d’amélioration ; bien
au contraire, l’apôtre annonçait que le mal irait en s’aggravant, à mesure que
l’histoire de l’Église responsable dégénérerait en celle d’un christianisme
professant sans vie. Le déclin, déjà constaté au premier début de son histoire,
était maintenant en voie d’aboutir à la ruine. La chrétienté ne devait pas se
relever, mais, lors de l’approche des temps prophétiques à venir, son état
aboutirait à la décadence morale la plus complète. Au commencement de son
ministère, l’apôtre avait déjà déclaré que la dernière forme du mal serait l’apostasie
, le reniement même du christianisme, quand, après l’enlèvement
de l’Église, l’Antichrist serait révélé. (2 Thess. 2:3-12). Plus tard, avant sa
première captivité, il avait annoncé aux anciens d’Éphèse qu’après son départ
il entrerait parmi eux des loups redoutables qui n’épargneraient pas le troupeau
(Actes 20:29). La condition morale, décrite dans l’épître que nous allons
aborder, n’était donc que l’avant-goût et comme le prélude d’un état moral bien
pire, à mesure qu’approcheraient les temps de la fin.
En présence de cet état de
choses, quelle devait être l’attitude du chrétien appelé à le traverser ?
Grave et sérieuse question que l’apôtre adresse à Timothée ainsi qu’à tout
chrétien désireux de glorifier son Maître dans le temps actuel. Cette attitude
devient nécessairement de plus en plus individuelle
, quoique les fidèles soient appelés
à se grouper pour servir le Seigneur au milieu d’un état de choses qui ne peut
plus être réformé.
Cependant, circonstance
infiniment consolante, s’il ne peut plus l’être, il y a des ressources
pour le chrétien qui traverse
des temps où il serait en danger de perdre courage, n’y trouvant pas d’issue.
Ces ressources, comme nous le verrons, sont parfaites et souveraines, rendant
le fidèle capable de remporter individuellement la victoire dans la lutte et de
glorifier Dieu comme aux plus beaux jours de l’histoire de l’Assemblée. C’est
pourquoi nous rencontrerons continuellement, dans cette épître, le remède
indiqué chaque fois que le mal est mis en relief. Seulement ce dernier est si
étendu, si plein de dangers, entraîne après lui tant de souffrances, que le
témoin de Christ, conscient de sa faiblesse, a besoin d’être encouragé, consolé, exhorté,
pour ne pas
manquer à sa tâche, et, de cette manière, il arrivera au bout de la course
recevant la couronne promise à sa fidélité, après qu’il aura remporté la
victoire. C’est ce qui nous est présenté dans les exhortations continuelles
adressées, dans cette épître, à Timothée lui-même. Quant à l’apôtre, il s’offre
en exemple
à son cher fils, prenant
lui-même exemple sur les souffrances de son Maître et Seigneur. Il se
distingue, par sa forte foi personnelle, en présence de la ruine de l’Assemblée
qui n’est plus qu’une « grande maison », au lieu d’être « la maison de Dieu,
l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (2 Tim.
2:20 ; 1 Tim. 3:15). Cette foi, la ruine ne l’ébranle nullement, tout en
lui attirant une infinité de souffrances.
Tel est, en quelques mots, le contenu de cette précieuse épître, dernier héritage laissé par l’apôtre à ceux qui allaient lui succéder dans la carrière, et par conséquent à nous-mêmes.
Comme toujours, les
ressources qui nous sont présentées se résument finalement en un seul nom, Jésus Christ,
tel que sa Parole nous le
révèle. Avec un tel guide et une telle provision de force, le chrétien est plus
que vainqueur. Au milieu des souffrances et des obstacles, il possède une
espérance, une puissance, que la ruine de la maison de Dieu ne peut atteindre,
parce que ces bénédictions sont basées sur la personne divine et immuable de
Celui qui est ressuscité d’entre les morts ; sur ses promesses et sur la
Parole qui nous le révèle.
Vers. 1-2. — Paul, apôtre
de Jésus Christ par la volonté de Dieu,
selon la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus, à Timothée, mon
enfant bien-aimé : Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et
du Christ Jésus notre Seigneur.
Il semble que ce terme : « par la volonté de Dieu », terme que l’on retrouve dans les épîtres aux Corinthiens, aux Éphésiens et aux Colossiens, acquière ici une force particulière par les circonstances que l’apôtre traverse. Sa volonté, à lui, n’y est pour rien et il y trouve un sujet d’entière confiance dans un temps où l’on cherchait à mettre en question s’il ne s’était pas trompé sur son apostolat. Mais lui, s’appuie sur cette certitude. Qu’il soit apôtre en liberté ou dans les chaînes, en captivité mitigée ou sévère, comme ici, il n’en est pas moins « apôtre par la volonté de Dieu ». Son apostolat s’était exercé jadis en voyage ; par la prédication au milieu des populations, dans les campagnes et dans les villes ; puis en prison, soit par la parole écrite, soit en s’adressant oralement à ses compatriotes ou à ses juges ; dans un temps de prospérité spirituelle pour l’Église, ou, comme ici, dans un temps de déclin ; rien ne pouvait changer ce grand fait qu’il était apôtre par la volonté de Dieu et que Dieu dirigeait à Sa volonté toutes les circonstances de sa carrière. Or si son apostolat n’avait pas été par la volonté de Dieu, quand le témoignage, confié à l’Assemblée, était en train de disparaître, dans quel état moral ne serions-nous pas aujourd’hui, n’ayant pas la parole de cet apôtre pour nous enseigner le chemin agréable à Dieu en un temps de ruine 1 Toute la puissance de sa mission subsistait en un temps décrit dans cette seconde épître à Timothée ; à bien plus forte raison en des jours comme les nôtres où l’activité même de l’apôtre est placée sous nos yeux dans cette parole infaillible, sortie par l’Esprit de Dieu de sa plume.
D’une manière générale
l’apostolat de Paul avait pour but de porter le nom de Christ « devant les
nations, et les rois, et les fils d’Israël » (Actes 9:15) ; aussi Paul
est-il appelé, comme en d’autres épîtres : « Apôtre de Jésus Christ ». Ce
seul nom caractérisait le sujet tout entier de sa mission. En rapport avec ce
nom, Paul portait l’Évangile de Dieu
devant les hommes, Évangile ayant
pour contenu : la ruine irrémédiable du vieil homme ; une nouvelle
nature communiquée à l’homme par la foi en Christ ; une vie nouvelle, par
le Saint Esprit, en Christ ressuscité ; la justification, la paix, la
liberté, la gloire — et tout cela en contraste avec Israël et la loi. Mais en
outre cet apostolat, en contraste avec celui des autres apôtres, avait pour but
spécial l’Assemblée
, formée en un corps avec son Chef glorieux dans le
ciel, par la descente du Saint Esprit ; l’Assemblée bâtie par
Christ ; l’Assemblée enfin, maison de Dieu confiée à la responsabilité de
l’homme.
Cependant le passage que nous
venons de lire ne nous parle aucunement, comme d’autres épîtres, du sujet de
l’apostolat de Paul, sujet que nous venons de mentionner. Il remonte aussi loin
que possible, dans l’éternité passée, pour nous en montrer le caractère
.
Cet apostolat est « selon la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus »,
vie que l’apôtre possédait. Le caractère de son apostolat n’était donc ni la
puissance, ni les dons miraculeux, mais la possession d’une vie qui était dès
les temps éternels, d’une vie établie pour l’éternité. Quand tout est ébranlé,
ce fondement ne peut l’être ; il donnait une assurance absolue à Paul.
Cette promesse
de la vie est bien antérieure aux promesses dont Abraham
était le dépositaire. Elle est dans le Christ Jésus
, et c’est en Lui
seul qu’on peut trouver cette vie. Cela signifie que tous les hommes sont sous
la sentence de mort et que cette sentence est abolie en Christ. Quiconque a
reçu le Christ par la foi possède cette vie, don suprême de Dieu. Aucune
incertitude quant à sa possession ! C’est une promesse à laquelle Dieu ne
peut être que fidèle. Mais ce mot la promesse
ne signifie pas que ce
soit une chose future. Au contraire, c’est une chose accomplie, actuelle et
éternelle, comme nous le verrons au v. 10. La vie promise nous appartient.
C’est Christ en nous et nous en Lui. Elle rendait le caractère de l’apôtre
absolument stable et inébranlable, quelle que fût la ruine de tout ce qu’il
avait édifié.
« À Timothée, mon enfant
bien-aimé », est une expression particulière de tendresse, plus intime encore
que : « Mon véritable enfant dans la foi » de 1 Tim. 1:2, ou que : « mon
véritable enfant selon la commune foi » de Tite 1:4. Timothée, caractère tendre,
mais coeur facilement ébranlé et aussi facilement découragé, avait besoin de
cette marque toute particulière d’affection, mais en avait aussi besoin
afin d’être capable de recevoir les exhortations que l’apôtre lui adressait,
plus instamment encore que dans la première épître. Les dangers de la position
de Timothée (nous ne disons pas de sa mission
, car il n’est pas prouvé
que l’apôtre lui adressât cette épître à Éphèse) s’étaient considérablement
accrus dans l’intervalle, car plusieurs années s’étaient écoulées entre les
deux épîtres, et Paul lui-même réalisait, pendant cette seconde captivité à
Rome, que le temps de son départ était arrivé. « Je sers déjà de libation »,
disait-il, libation pareille à celles qu’on faisait après
le sacrifice
(Ex. 29:40).
Vers. 3-4. — Je suis
reconnaissant envers Dieu, que je sers dés mes ancêtres avec une conscience
pure, de ce que je me souviens si constamment de toi dans mes supplications,
nuit et jour (désirant ardemment de te voir, me souvenant de tes larmes, afin
que je sois rempli de joie).
Paul dit ici : « Je suis
reconnaissant envers Dieu
». Il ne parle, ni du Père, ni du Fils, mais du
Dieu d’Israël que ses ancêtres avaient servi. Cela va plus loin, sans doute,
que le service des « douze tribus » dont il parle en Actes 26:7. Ses pensées,
presque à la veille de son sacrifice, peuvent se reporter vers la foi de ses
ancêtres. Lui qui avait tant dû combattre pour faire triompher l’Évangile sur
le judaïsme, il peut maintenant dire ce que la religion légale avait pu
présenter d’agréable à Dieu. La foi qui saisissait la révélation de Dieu
était une foi qui sauvait : Abraham crut Dieu. Les ancêtres de Paul
étaient de vrais fils d’Abraham. L’apôtre partageait leur foi, bien qu’une tout
autre révélation fût venue s’y ajouter. Quant à Paul, il pouvait servir Dieu
« avec une conscience pure », ce que le service de Dieu ne pouvait jamais
produire sous la loi. Il fallait l’aspersion du sang de Christ pour purifier le
coeur « d’une mauvaise conscience » (Hébr. 10:22). Il fallait avoir été purifié une
fois
, par un autre sacrifice que les sacrifices lévitiques, pour n’avoir
plus aucune conscience de péchés (Hébr. 10:2). La loi ne pouvait le faire qu’en
type (Ex. 29:21), mais jamais en réalité. Maintenant l’apôtre, au moment de
quitter la scène, peut jeter les yeux en arrière et se rappeler avec joie que
ses ancêtres avaient une place dans les bénédictions futures et qu’il allait
les retrouver dans le repos céleste où leurs âmes l’avaient devancé.
Paul était reconnaissant envers Dieu de ce qu’il se souvenait constamment de Timothée dans ses supplications. Ainsi le souvenir lui-même était un don de la grâce de Dieu. Sans doute, la grande affection de Paul pour son enfant dans la foi l’empêchait absolument d’oublier ce dernier, mais il était affermi dans la certitude que Dieu lui-même s’intéressait à l’état de Timothée dont il connaissait les besoins, les craintes, les dangers, et qu’Il présentait constamment ce sujet aux prières que son apôtre lui adressait nuit et jour.
Le désir de son coeur le portait aussi ardemment vers la possibilité de revoir Timothée. Cela faisait partie de ses supplications, mais il le demandait d’autant plus qu’il se souvenait des larmes de son enfant bien-aimé quand il s’était vu séparé de son protecteur au moment d’une seconde capture, suivie de ce second emprisonnement. En effet, quel brisement de coeur Timothée avait dû éprouver, réalisant, ou craignant seulement peut-être, que ce fidèle serviteur de Christ, son père dans la foi, allât au devant du supplice. Toutes les recommandations de Paul dans cette épître nous prouvent que Dieu lui a effectivement accordé de revoir son disciple bien-aimé. Au milieu de ces sombres et douloureuses perspectives, le Seigneur préparait à son fidèle apôtre cette réunion qui, à elle seule, devait lui apporter une plénitude de joie.
Vers. 5. — Me rappelant la
foi sincère qui est en toi, et qui a d’abord habité dans ta grand-mère Loïs et
dans ta mère Eunice, et, j’en suis persuadé, en toi aussi
.
En se souvenant de Timothée, de sa tendresse, des preuves d’amour qu’il en avait reçues, l’apôtre se souvenait en même temps des femmes de foi que son disciple avait eues dans sa famille. Ce souvenir dépassait sans doute en valeur celui de ses propres ancêtres. Il avait été frappé de la foi sincère rencontrée jadis en Timothée quand il fit sa connaissance à Lystre (Actes 16:1-3), foi qui, dès lors, n’avait pas varié, mais il avait trouvé dans cette famille, du côté des femmes, mère et grand-mère, un milieu favorable au développement de la piété de Timothée, piété qui existait chez lui, l’apôtre en était persuadé, au moment même de leur rencontre, car alors Timothée était déjà disciple. Ce souvenir était très doux à Paul, maintenant qu’il arrivait au bout de sa carrière. C’est au moment où notre service et notre témoignage sont terminés, où le présent n’a plus besoin d’exiger toute notre énergie pour nous adonner complètement à l’oeuvre, qu’il est très précieux d’arrêter nos regards sur le passé et sur les affections naturelles. Nous en trouvons l’exemple parfait sur la croix où nous entendons ces paroles de la bouche du Sauveur : « Femme, voilà ton fils » ; et encore : « Voilà ta mère » ; tandis qu’au milieu de l’exercice de son ministère le Seigneur disait : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? » ou bien : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Jamais le service ne refroidit le coeur et les affections, mais, précisément parce qu’elles sont si douces, nous ne devons rien enlever à la tâche qui nous est assignée, pour nous laisser retenir par les délices des relations naturelles, comme il nous est dit dans les Proverbes : « Mon fils, mange du miel, car il est bon ». « Manger beaucoup de miel n’est pas bon ». (Prov. 24:13 ; 25:27).
Vers. 6. — C’est pourquoi
je te rappelle de ranimer le don de grâce de Dieu qui est en toi par
l’imposition de mes mains
.
C’est en vertu de la « foi
sincère » qui est en lui que l’apôtre exhorte Timothée à ranimer
le don
de grâce qu’il possède, c’est-à-dire à ne pas le laisser s’éteindre. Un don
peut s’éteindre par manque d’usage. Le don de Timothée avait pour but
l’exposition de la Parole, l’exhortation, l’enseignement (1 Tim. 4:13). Il lui
était conféré afin de combattre les enseignements sataniques qui commençaient à
s’introduire dans l’Église. (1 Tim. 4:1). Ce don avait d’autres faces, sans
doute, mais était en somme assimilable à celui de pasteur et docteur en Éph.
4:11. Au chap. 4:14 de la première épître à Timothée, ce dernier est exhorté à ne
pas le négliger
. Il pouvait y être enclin à cause d’une certaine
timidité de caractère qui l’aurait porté à céder devant ceux qui auraient pris
occasion de sa jeunesse pour le mépriser et se faire valoir eux-mêmes. Nous
devons estimer comme très précieux un don que Dieu nous a départi, mais nous ne
le ferons que dans la proportion où nous ne nous estimerons pas nous-mêmes. Une
vraie humilité caractérisera nécessairement celui qui réalise que son don
provient uniquement de Dieu. L’humilité de Timothée le portait à négliger
plutôt son don qu’à s’en parer, mais cela aussi constitue un danger réel. Ainsi
l’on peut trouver, d’un côté l’orgueil de la chair qui s’attribue le don, de
l’autre une certaine crainte charnelle qui nous empêcherait de le faire valoir.
Défiance de soi, timidité naturelle, sont encore le moi
. Nous estimer
moins que peu de chose, c’est-à-dire rien du tout, nous met en garde contre le
danger de n’estimer le don
que peu de chose, au lieu de l’estimer bien
haut, comme tout ce qui vient de Christ.
Mais, dans cette épître,
Timothée courait un autre danger. En présence du triste état de l’Église, du
mépris auquel était exposé l’apôtre bien-aimé, du peu de résultat qu’avaient eu
ses exhortations et son enseignement, d’un mal grandissant, de telle manière
que les porteurs du témoignage étaient attaqués, livrés à l’opprobre et qu’avec
eux le témoignage lui-même semblait près de s’éteindre, il pouvait paraître que
l’exercice d’un don était désormais inutile. De là l’exhortation de l’apôtre à
le ranimer
. Quelles que soient les circonstances, notre responsabilité à
l’égard de ce que Dieu nous a confié, reste pleine et entière et nous n’avons
qu’à nous acquitter de notre tâche en regardant à Lui, sans tenir compte de
l’état de ruine de l’Église et du témoignage. S’agit-il de l’enseignement,
enseignons ; des soins du troupeau, exerçons le pastorat sans nous
préoccuper du nombre grand ou petit des brebis. L’esprit de crainte
(v.
7) n’est pas l’Esprit saint, mais est simplement la chair ; il est
dangereux, quoique moins peut-être que la confiance en soi. Il paralyse notre
énergie spirituelle, tandis que la confiance en soi substitue l’énergie de la
chair à celle de l’Esprit de Dieu.
Vers. 7. — Car Dieu ne
nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de
conseil
.
Timothée devait donc ranimer son don, car Dieu, dit l’apôtre, ne nous a pas donné un esprit de crainte. La crainte (à part, cela va sans dire, la crainte de Dieu) et l’Esprit sont incompatibles. La crainte hésite devant la tâche, est timide là où il faudrait la décision, le courage, la foi, la hardiesse qui surmonte les obstacles, et qui tient la tourmente de la mer pour non avenue, parce que le Seigneur est dans la nacelle avec nous, produisant un grand calme au moment où les vagues menacent de nous engloutir.
En parlant de l’esprit de
crainte, l’apôtre ramène Timothée au don du Saint Esprit, à la bénédiction
initiale ayant son origine à la Pentecôte. La puissance
de l’Esprit que
nous possédons reste la même, et ne change jamais aux plus mauvais jours de
l’Église. Nous pouvons lui mettre des obstacles, le contrister, en sorte qu’il
soit obligé de rester inactif, mais lui n’est nullement affaibli. Il n’y a
aucune raison en lui-même pour ne pas remplir
le vase dans lequel il a
été versé. Son silence provient de notre mondanité et de ce que nous maintenons
dans nos coeurs des idoles auxquelles le Saint Esprit ne peut permettre
d’exister à côté de lui, en nous qui sommes son temple.
Mais ce n’est pas seulement
la puissance ; c’est aussi l’amour
qui caractérise le Saint Esprit
dont nous sommes les vases. Par la puissance seule les âmes ne sont pas
attirées à Christ ; c’est l’amour qui les attire. La puissance peut
précipiter Satan du ciel, comme un éclair, elle peut nous assujettir les mauvais
esprits, convaincre les contredisants, etc., etc. L’Esprit d’amour agit comme
un aimant. C’est lui qui dit : « Venez à moi, vous qui êtes travaillés et
chargés » ; c’est lui qui nous ouvre le ciel et y inscrit nos noms pour
toujours ; lui qui nous révèle le coeur du Père et le coeur du Fils ;
lui qui dit : Aie bon courage ; ne crains pas ; ne pleure
pas !
Timothée avait aussi à se
souvenir que l’Esprit, donné de Dieu, est un Esprit de conseil
ou de sobre
bon sens
. Nous avons besoin d’une direction, après être devenus les vases
du Saint Esprit. Il ne s’agit plus, dans le temps de ruine qui caractérise
l’Église, de manifestations frappantes de puissance, de dons miraculeux qui
caractérisaient, à son début, le ministère des apôtres et des premiers disciples.
La puissance est occupée aujourd’hui à résister à l’envahissement toujours
croissant du mal, à tenir ferme sur les positions acquises, à vaincre en
nageant contre le courant qui emporte rapidement la chrétienté vers l’apostasie
finale : Il n’est question pour nous, ni d’activité prétentieuse, ni de
vanterie, ni d’exaltation mystique qui n’est au fond que l’adoration de
soi-même ; non, mais il faut un Esprit qui pèse calmement les
circonstances sous le regard du Seigneur, qui ne prétende pas à de grandes
choses (ce serait renier l’affaissement général, la ruine humiliante à laquelle
nous avons tous participé), qui juge enfin équitablement selon les
circonstances et agit dans le cercle restreint qu’un sobre bon sens trace
autour de nous. Cet esprit ne tremble pas, n’est pas saisi de crainte vis-à-vis
des résultats de son action ; il va paisiblement en avant dans le chemin
uni
que Dieu lui a tracé, sans grande manifestation, sans grand fracas,
mais développant d’autant plus ses caractères de puissance et d’amour, qu’il le
fait dans les circonstances de la vie moyenne et journalière où il est appelé à
agir.
Nous trouvons, comme nous
l’avons remarqué autre part, ces trois caractères de l’Esprit traités tout au
long dans la première épître aux Corinthiens : au chap. 12, l’Esprit de
puissance, au chap. 13, l’Esprit d’amour, au chap. 14, l’Esprit de Conseil. Ce
dernier a pour résultat que nous ne sommes pas des enfants, mais des hommes
faits
dans nos entendements (14:20) ; il n’expose pas les enfants de
Dieu à être nommés des fous
par le monde (v. 23). Il exige que quelqu’un
interprète quand un frère parle en langue (v. 13), il assujettit les esprits
des prophètes aux prophètes (v. 32) ; il s’oppose à toute action des
femmes dans l’Assemblée (v. 35).
Vers. 8 — N’aie donc pas
honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais prends
part aux souffrances de l’Évangile, selon la puissance de Dieu
.
Cette épître contient, comme nous l’avons déjà remarqué, beaucoup de sujets dont nous aurons à nous occuper tour à tour. 1° La description du mal qui caractérise la maison de Dieu au temps de la fin. 2° Les ressources que les fidèles possèdent pour marcher d’une manière digne de Dieu en le glorifiant au milieu de ce mal. 3° Les expériences personnelles de l’apôtre dans un tel état de choses. 4° Les exhortations à Timothée pour s’y conduire personnellement d’une manière digne de Dieu. C’est de ces dernières, commencées déjà au v. 6, que nous allons continuer à nous occuper.
Le fait est que, dans les
derniers jours de l’apôtre, le témoignage chrétien était en butte aux assauts
victorieux de l’ennemi pour le corrompre. Or il ne l’était pas au commencement,
sauf que, dès le début, il était un objet de persécution et de haine car il
n’aurait pas été le témoignage de Dieu sans cela. Mais, dès lors, il a continué
à être de plus en plus déprécié par l’infidélité avec laquelle l’ensemble de la
famille de Dieu l’a rendu. Au temps que nous décrit la seconde épître à
Timothée, ce témoignage était, en apparence
, complètement ruiné et
l’Esprit se sert de sa condition d’alors pour nous décrire prophétiquement ce
qu’il est aujourd’hui et ce qu’il sera à la fin des jours. L’apôtre, placé à la
tête de ce témoignage, était emprisonné ; l’Évangile était méprisé et
persécuté, ce qui n’était pas, comme au début, l’inévitable et précieux
résultat de la fidélité des témoins.
On comprend que, voyant, du
côté des hommes, tous ses espoirs anéantis, la honte
du témoignage
chrétien pût accabler le coeur de Timothée, si fidèle à le maintenir avec son
cher père dans la foi. Anéantis quant à notre témoignage
, mais nullement
anéantis quant au témoignage de notre Seigneur
! Telle est, en
effet, la consolation et la seule ressource en un temps de ruine ; il ne
s’agit plus de nous appuyer sur notre
témoignage, mais sur le témoignage
infaillible du Seigneur. Jamais celui-ci ne peut sombrer, tandis que nous
menons deuil avec raison sur les ruines de ce qui a été confié à notre
responsabilité. Son témoignage, le Seigneur, sous une forme ou sous une autre,
le conservera jusqu’à la fin. Les vérités qui le constituent aujourd’hui, il
saura les maintenir jusqu’à sa venue pour enlever son Assemblée. Comment
Timothée, comment nous-mêmes, en aurions-nous honte ? Mais peut-être,
voyant le porteur éminent de ce témoignage en prison et chargé de chaînes,
Timothée aurait-il pu avoir honte ? Non, dit l’apôtre. Paul n’était pas
mis là à une place honteuse ; il n’était pas le prisonnier des hommes,
mais le prisonnier du Seigneur
. C’était précisément pour son témoignage
à Lui
que le Seigneur l’y gardait. Il a complété
sa Parole par un
Paul prisonnier ; dans un Paul prisonnier Il s’est glorifié devant le
monde. Paul prisonnier a été seul
quand tous l’avaient abandonné ;
en cela, comme en tant d’autres points, semblable à son Maître et le
représentant devant le monde. Y avait-il lieu de rougir quand, sur les ruines
du témoignage des hommes, celui du Seigneur demeurait en son entier ?
Si Timothée pouvait être exhorté à ne pas avoir honte, il avait sous les yeux l’exemple de l’apôtre qui dit au v. 12 : « Je n’ai pas de honte », passage sur lequel nous reviendrons. Au v. 16, Onésiphore est cité comme un frère fidèle qui n’a pas eu honte de la chaîne de l’apôtre. Aussi cela lui sera compté au jour des récompenses. Plus tard, dans les exhortations à Timothée (2:15), l’apôtre l’exhorte encore, comme il l’avait fait au sujet de la crainte, à n’avoir pas honte dans l’exercice de son ministère, et à ne pas penser à lui-même, ni aux hommes, mais uniquement à Dieu pour être approuvé de Lui. Cela ne devait-il pas lui suffire ?
« Mais prends part aux
souffrances de l’Évangile, selon la puissance de Dieu ». Dans un temps de
déclin, comme celui que traversaient le grand apôtre des Gentils et le fidèle
Timothée, ce n’était pas seulement le témoignage de l’Église de Christ qui
était tombé en discrédit par la faute de ceux qui en étaient les porteurs, en
sorte que les yeux de la foi avaient à se porter sur le témoignage du Seigneur
qui, ne pouvant être anéanti, s’adaptait aux circonstances actuelles de
l’Église pour atteindre son but — c’était aussi l’Évangile
, (la bonne
nouvelle présentée aux hommes comme leur apportant le salut) qui, au lieu
d’être exalté, était persécuté, rejeté, emprisonné, couvert d’opprobre, dans la
personne de ceux qui le portaient. Timothée ne devait pas s’en indigner, mais
avoir communion avec ses souffrances, car l’Évangile est personnifié ici. N’en
avait-il pas été de même de Jésus Christ ? Avait-il été reçu avec les
honneurs et la reconnaissance dus au salut qu’il apportait ? Il avait été
rejeté, outragé, crucifié ! Les fidèles devaient prendre part à ces
souffrances, car elles étaient de tous les temps et le Seigneur les avait
annoncées à ses disciples en les quittant. Sans doute il y avait eu des temps
où les fidèles, bien unis et liés ensemble, avaient combattu comme une armée
bien disciplinée dans un même esprit, avec une même âme et une même foi pour le
triomphe de l’Évangile. Maintenant Satan semblait avoir le dessus, mais les
chrétiens devaient s’adapter à ces circonstances et prendre part à ces
souffrances spéciales ; or il leur fallait autant de puissance, et plus
même que par le passé, pour agir ainsi, car il fallait la puissance de Dieu
pour endurer ces souffrances et pour maintenir et faire triompher, malgré tout,
l’Évangile dans le monde.
Vers. 9-10. —…qui nous a
sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos oeuvres, mais selon
son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ
Jésus avant les temps des siècles, mais qui a été manifestée maintenant par
l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait
luire la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile ; pour lequel moi j’ai
été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations
.
Cette puissance de Dieu était-elle diminuée par notre infidélité ? Ne s’était-elle pas affirmée dans notre salut ? Ne nous avait-elle pas appelés d’un saint appel ? Appelés à être saints et irréprochables devant Lui, en amour ? Tel est, en effet, notre appel céleste qui sera pleinement réalisé quand nous serons avec Christ et tels que Lui dans la gloire, mais qui, maintenant déjà, nous met à part pour Dieu (Éph. 1:4). Ce salut, cet appel, la ruine ne peut les atteindre. Ce que Dieu nous a donné, il l’a donné dès l’éternité et pour l’éternité ; oui, immuable, inaltérable, éternel ! La même puissance de Dieu qui nous appelle à souffrir au milieu de la ruine, nous a établis à jamais au milieu des choses immuables.
Remarquez que, dans ce
passage où, en vertu de la ruine, tout est faiblesse, même dans l’âme d’un
fidèle témoin comme Timothée, où le témoignage confié aux fidèles n’est plus
que décombres, l’apôtre insiste sur la puissance, sur la puissance, si j’ose
parler ainsi, de la Trinité avec nous : la puissance de l’Esprit
pour remplacer la crainte (v. 7) ; la puissance de Dieu
, pour nous
faire prendre part aux souffrances de l’Évangile (v. 8) ; la puissance
de Christ
pour garder ce que l’apôtre lui a confié (v. 12). Pas un mot de
notre propre puissance, car elle n’existe pas. Au contraire, c’est dans notre
infirmité qu’elle s’accomplit (2 Cor. 12:9) et c’était cette expérience que
Timothée avait à faire comme déjà l’apôtre lui-même l’avait faite.
Maintenant la mention de
cette puissance de Dieu amène l’apôtre à décrire ce qu’elle a fait pour nous,
et entièrement en dehors de nous. Merveilleuse description ! D’abord,
comme nous l’avons vu plus haut, nous avons par elle le salut et le saint
appel ; le salut qui comprend toute l’oeuvre de la grâce à notre égard,
depuis le pardon des péchés jusqu’à l’entrée dans la gloire ; le saint
appel, qui est notre parfaite conformité avec Christ dans la gloire :
saints et irréprochables devant Lui en amour. Cette grâce n’a nullement affaire
avec notre activité, nos oeuvres, dont elle est absolument indépendante. Elle
dépend uniquement du dessein éternel de Dieu. Elle nous a été donnée en Christ
avant les temps des siècles (v. 9) ; elle a été manifestée par son
apparition comme Sauveur (v. 10) ; elle est
en Lui (2:1) et nous
pouvons y puiser chaque jour et à chaque instant la force dont nous avons
besoin, car elle est intarissable.
C’est un privilège immense,
que cette grâce soit manifestée maintenant
par la première apparition de
notre Sauveur Jésus Christ, car nous en connaissons les résultats immuables dès
ici-bas. Ils sont de deux sortes : 1° La mort, gage du péché, est annulée
.
Ce n’est pas seulement que celui qui avait le pouvoir de la mort, le Diable, a
été rendu impuissant à la croix, mais la mort a été annulée par la résurrection
de Christ. Il s’est trouvé un homme que la mort, dans laquelle il est
volontairement entré et qu’il a subie dans toute son horreur, n’a pu
retenir ; un homme qui est sorti en résurrection de la mort et s’est assis
à la droite de Dieu. Pour lui, la mort n’existe plus
. Mais pourquoi y
est-il entré et en est-il sorti ? C’est afin que le pouvoir de la mort sur
nous, fruit du péché, pût être anéanti à jamais !
2° Mais ce n’est qu’un côté
de cette oeuvre, son côté négatif. Le côté positif, c’est qu’Il a fait luire la
vie et l’incorruptibilité
par l’Évangile. La vie était la lumière des
hommes (Jean 1:5). C’est nous qu’elle avait en vue ! Quelle merveilleuse
grâce ! Maintenant elle a lui aux yeux des hommes dans la résurrection de
Christ. Sans cette résurrection, la vie demeurait cachée. Sans doute elle
pouvait produire ses effets, ce qui est prouvé par toute la carrière de Christ
ici-bas. Ses paroles étaient Esprit et vie quand on les recevait par la
foi ; en outre, il ressuscitait les morts, leur communiquait la vie, mais
une vie qui pouvait être de nouveau interrompue par la mort. Mais, dans sa
personne, la vie a lui, une vie que ni la mort, ni la corruption ne pouvaient
atteindre, une vie dont la qualité même était qu’elle se trouvait au-dessus et
complètement indépendante de la corruption. Ainsi est maintenant accomplie la
« promesse de la vie » du v. 1. Christ pouvait laisser sa vie humaine, et même
c’était pour cela qu’il l’avait prise, mais en la laissant il a fait luire une
vie que la corruption ne pouvait atteindre. L’incorruptibilité
n’a été
jusqu’ici manifestée que dans sa personne, selon qu’il est dit : « Tu ne
permettras pas que ton saint voie la corruption » (Ps. 16:10), car il faut qu’en
toutes choses il ait le premier rang. Quant à nous, par son oeuvre, nous
possédons déjà la vie éternelle pour nos âmes, mais non pas l’incorruptibilité
pour nos corps. Dans un temps futur, à sa venue
, nous la revêtirons.
Alors ce sera une réalité, que nous lui serons semblables
. Le Seigneur
fait luire ces choses par l’Évangile, car l’Évangile nous apporte cette vie
d’un côté, cette espérance de l’autre.
« Pour lequel moi j’ai été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations ». La prison et les chaînes ne changeaient rien à cet établissement. Dans cette épître même, nous voyons Paul exercer son apostolat sans qu’aucune entrave puisse y être apportée. En outre, n’est-il pas frappant de voir ici que, dans un temps de ruine, le croyant soit reporté aux vérités immuables de l’Évangile qu’aucune ruine ne peut atteindre : à la vie éternelle, à la grâce donnée en Christ avant les temps éternels, à l’annulation de la mort, à la manifestation de la vie et de l’incorruptibilité ?
Vers. 12 — C’est pourquoi
aussi je souffre ces choses ; mais je n’ai pas de honte, car je sais qui
j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai
confié, jusqu’à ce jour-là
.
C’est en vue d’un tel
Évangile — Évangile d’une si immense portée, annonçant hautement dans ce monde
la fin des suites du péché : la mort
; et le règne d’une chose
toute nouvelle : la vie
, entraînant avec elle l’impossibilité de la
corruption qui avait régné dans le monde depuis la chute — que l’apôtre avait
reçu sa mission parmi les nations ; mission universelle, car elle n’avait
pas seulement en vue le peuple juif. Il avait une telle conviction de
l’importance de cette mission qu’il ne reculait pas, pour s’en acquitter,
devant les souffrances à endurer, souffrances rendues mille fois plus cuisantes
par l’abandon de ceux même qui avaient reçu cet heureux message. C’est pourquoi,
comme nous l’avons déjà dit, il n’avait pas de honte, il levait la tête avec
assurance, car, dit-il, « je sais qui j’ai cru ». Il connaissait la personne
de Celui dans lequel il avait mis sa confiance. C’est la connaissance de cette
personne, d’elle-même, et non seulement de ses ressources, qui élève notre âme
au-dessus des difficultés, des dangers, des obstacles de la route. Nous
trouvons une vérité semblable au Psaume 27. La contemplation de la présence
ravissante de l’Éternel élève la tête du croyant au-dessus de ses ennemis.
Connaissant cette personne il se sent au siège même de la puissance. Ceci est
de toute importance. Si Paul avait, si nous-mêmes avions confiance dans
l’oeuvre, quelque précieuse qu’elle soit, qui nous a été confiée, nous serions
abattus et déçus, en la voyant perdue, ruinée, anéantie entre nos mains. Même
le grand apôtre dut assister à cette ruine dans les derniers jours de sa
carrière. La conséquence aurait été la honte d’une pareille faillite s’il
n’avait connu la personne dans laquelle la réalité de cet Évangile de la vie et
de l’incorruptibilité avait été démontrée. Cela lui donnait une pleine
assurance. Christ avait la puissance de garder ce que Paul lui avait confié et
Paul avait toute confiance en Lui. La sécurité de son âme et de son corps, le
résultat de son oeuvre, l’avenir du témoignage, en un mot tout ce que le
Seigneur avait confié à sa responsabilité, l’apôtre le remettait à Sa garde.
Lui seul avait la puissance de garder intact le dépôt qui, laissé entre les
mains de l’homme, aurait été irrémédiablement perdu. Il le conserverait tout
entier « jusqu’à ce jour-là » , jusqu’au jour de son apparition en gloire avec
tous ses rachetés. Ce jour est celui des récompenses. (Voy. v. 18).
Vers. 13. — Aie un modèle
des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l’amour qui est
dans le christ Jésus
.
Après l’exposé de son
Évangile et de sa doctrine, l’apôtre revient aux instructions et aux
exhortations qu’il adresse à son cher Timothée. La première était d’avoir « un
modèle » (*) des saines paroles qu’il avait
entendues de l’apôtre. En un temps où la parole inspirée n’était pas encore
complétée et où tous ceux qui en étaient les porteurs n’avaient pas disparu de
la scène, l’enseignement divin, donné par cet homme de Dieu, devait être gardé
intact par son disciple. Ce dernier devait avoir pour lui
un résumé des
vérités qu’il avait entendues, car il y a plus de sûreté à retenir la vérité dans
les termes
dans lesquels elle a été communiquée. Ces saines paroles
étaient la parole de Dieu, car Timothée devait en garder la forme, en faire, à
son usage, l’exposé. Elles étaient des paroles inspirées, communiquées
oralement, comme on le voit en 1 Thess. 2:13. La « saine doctrine », le « sain
enseignement » ne sont jamais autre chose que la parole inspirée
(voyez 1
Tim. 1:10 ; 2 Tim. 4:3 ; Tite 1:9 ; 2:1). Or Timothée qui avait
à les communiquer à d’autres, était moins en danger de les altérer en se les
remémorant à lui-même. C’était aussi ce que personnellement faisait l’apôtre (1
Cor. 2:12-13). Ce n’étaient pas des paroles sèches, des vérités théologiques,
car Timothée devait garder ce modèle « dans la foi et dans l’amour qui est dans
le christ Jésus ». C’est ainsi que ces choses avaient été communiquées par
l’apôtre et devaient être conservées. L’intelligence naturelle n’y était pour
rien ; la foi et l’amour qui est en Christ les communiquaient au coeur et
à l’âme et leur donnaient leur réalité divine.
(*) Hupotupôsis. En 1 Tim. 1:16, ce même mot est traduit par exemple.
Vers. 14. — Garde le bon
dépôt par l’Esprit
Saint qui habite
en nous.
C’était ce que l’apôtre avait
déjà recommandé à Timothée dans sa première épître (6:20). Un dépôt lui avait
été confié, il devait le garder fidèlement. Ce dépôt était le bon dépôt
,
les saines paroles ; il n’y en avait pas un autre qui eût une pareille
valeur, pas un autre qui méritât ce nom. La responsabilité de le garder incombe
au fidèle.
Mon lecteur a-t-il jamais pensé à ce que cela signifie ? Ne négliger aucune de ces « saines paroles », n’en perdre, n’en laisser tomber aucune à terre comme inutile ; n’y introduire aucun élément étranger qui pourrait altérer son aspect ou diminuer son prix ; être convaincu de la perfection divine de ce que Dieu nous a confié ; être occupé, comme Timothée, à en faire ressortir à d’autres la valeur (et je ne parle pas ici de l’exercice d’un don à cet effet) ; estimer ce dépôt comme le plus précieux trésor, parmi tous ceux que nous pourrions posséder… mais comment énumérerais-je jamais ses perfections quand je le contemple et m’en nourris ?
Ceux qui laissent dormir ce
dépôt dans la poussière, qui préfèrent se nourrir de la parole humaine, plutôt
que de ces « saines paroles », peuvent-ils prétendre le garder parce qu’ils en
ont un exemplaire quelque part dans leur maison et le parcourent ici et là d’un
oeil distrait ? Ah ! combien de chrétiens sont coupables, comme le
paresseux esclave, d’enfouir ce trésor ! Ils diront peut-être : J’ai
beau m’efforcer de comprendre ces choses ; elles sont pour moi lettre
morte. Un sermon, bien composé, m’édifie davantage… Un sermon, soit dit en
passant, est souvent un fort mauvais dépôt. Vous dirai-je ce qui vous
manque ? Il vous manque de savoir comment vous pouvez garder ce dépôt.
L’apôtre vous le dit ici : « par l’Esprit saint qui habite en nous ». Il ne
dit pas à Timothée : Par l’Esprit Saint qui habite en toi
, mais en
nous. On pourrait croire que Timothée, ce compagnon de l’apôtre, cet homme de
Dieu, était, en vertu de sa position ecclésiastique, plus qualifié que d’autres
pour garder le bon dépôt. Nullement ! Le Saint Esprit habitait en lui
comme en tout chrétien et chacun, du plus humble au plus intelligent, est tenu
de le garder par l’Esprit. C’est lui seul qui enseigne la Parole, l’applique,
la fait comprendre et mettre en pratique. Et remarquez que ce sont souvent les
plus intelligents qui gardent le moins
ce bon dépôt, car leur piège est
précisément l’intelligence humaine se substituant à l’Esprit de Dieu qui seul
peut faire comprendre et retenir les « saines paroles » dans la foi et dans l’amour.
Oui certes, cette parole, la parole de la grâce « a la puissance d’édifier et de
nous donner un héritage avec tous les sanctifiés ! » (Actes 20:32).
Nous retrouverons au chapitre suivant les exhortations à Timothée, car cette épître en est pleine, nous montrant ainsi qu’à mesure que la ruine s’accentue, Dieu fait davantage appel à l’activité individuelle. Mais les derniers versets de notre chapitre vont d’abord nous présenter une nouvelle forme du mal qui caractérise la ruine de l’Assemblée.
Vers. 15-18. — Tu sais
ceci, que tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont Phygelle et
Hermogène, se sont détournés de moi. Le Seigneur fasse miséricorde à la maison
d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé et n’a point eu honte de ma chaîne,
mais, quand il a été à Rome, il m’a cherché très soigneusement et il m’a
trouvé. Le Seigneur lui fasse trouver miséricorde de la part du Seigneur dans
ce jour-là ; et tu sais mieux que personne combien de services il a rendus
dans Éphèse
.
Le fait mentionné par l’apôtre
dans ces versets et dont il avait amèrement souffert, lui qui se savait établi
pour la défense de l’Évangile, c’était l’abandon qu’il avait subi de la part de
tous ceux qui étaient occupés de l’oeuvre en Asie, au moment où il fut
appréhendé pour sa seconde captivité (*).
C’est ainsi, du moins, que je comprends le mot « tous ceux ». Ils craignaient
sans doute d’être compromis en se tenant à son côté (*)
Timothée le savait
; nous verrons plus tard (3:1) qu’il avait
encore à savoir que le développement du mal, dans l’Église, ne s’arrêterait pas
là. Ce qui arrivait en Asie montrait que, de plus en plus, « tous cherchaient
leurs intérêts particuliers, non pas ceux de Jésus Christ ?? (Phil.
2:21). D’entre ceux qui s’étaient détournés de l’apôtre étaient Phygelle et
Hermogène. Nous verrons, dans le courant de cette épître quelle extension avait
prise ensuite l’abandon dans lequel l’apôtre était laissé. C’était donc à ce
point qu’était arrivé le témoignage aux derniers jours de Paul. Dans cette
assemblée d’Éphèse où la position céleste de l’Église, corps de Christ, avait
été enseignée, comprise, réalisée en pratique, comme dans tout le territoire
dépendant de cette capitale ; dans le lieu même où l’apôtre prisonnier
leur avait envoyé son épître aux Éphésiens, il ne trouvait plus personne qui
sympathisât avec lui ! Mais que dis-je, personne ? Au milieu de cet
abandon général, un homme avait fait exception. Loin de se détourner de
l’apôtre dans sa seconde captivité, ce qui, par parenthèse, explique qu’il ait dû
le chercher très soigneusement
à Rome pour le trouver, car il n’était
plus « sans empêchement » comme lors de sa première captivité, Onésiphore avait
eu la joie de pouvoir « souvent le consoler ». Ce que Dieu lui-même avait si
souvent fait directement envers son fidèle serviteur (voy. 2 Cor. 1), il le
faisait maintenant par le moyen d’Onésiphore. Immense privilège pour ce
dernier ! Et plus que cela, Onésiphore était du bon côté, du côté de
Dieu : il n’avait pas eu honte de voir l’apôtre traité comme un malfaiteur
vulgaire. Sa chaîne était, pour Onésiphore, le titre de noblesse de l’apôtre
bien-aimé. Certes, il n’en avait pas honte, ni l’apôtre, car si elle mettait le
témoignage à l’épreuve et faisait ressortir ce qu’il était devenu, elle était
en même temps la preuve de la toute-puissance de Dieu qui s’en servait pour
répandre son Évangile dans le monde entier.
(*) L’Asie proconsulaire était une province romaine située en Asie mineure. Éphèse en était la capitale ; les sept églises de l’Apocalypse en faisaient partie. On ne peut définir exactement ses limites au temps de l’apôtre Paul mais l’on peut dire qu’elle comprenait d’une manière approximative l’ensemble partiel des territoires indiqués sur nos cartes bibliques par les provinces de Mysie, Lydie, Bitynie, Phrygie et Galatie. Passages où l’on rencontre le mot Asie : Actes 2:9 ; 6:9 ; 16:6 ; 19:10, 22, 26, 27 ; 20:4, 16, 18 ; 21:27 ; 27:2 ; Rom. 16:5 ; 1 Cor. 16:19 ; 2 Cor. 1:8 ; 2 Tim. 1:15 ; 1 Pierre 1:1 ; Apoc. 1:4.
(**) Ce passage semblerait indiquer que c’est en Asie que Paul a été saisi de nouveau après la mise en liberté provisoire qui suivit sa première captivité.
Quand Onésiphore était venu à
Rome, il n’avait épargné aucune peine pour chercher l’apôtre et l’avait trouvé.
Combien souvent, peut-être, d’autres avaient entrepris cette recherche sans
arriver au but ; satisfaits de montrer ainsi aux yeux des églises ou de
l’apôtre qu’ils avaient rempli leur devoir. Ils n’avaient pas poussé plus loin
leur recherche parce qu’ils se contentaient, à leurs propres yeux ou aux yeux
des autres, d’avoir fait, comme on dit, « leur possible » sans résultat. Le fait
que l’apôtre n’était pas facile à trouver dans cette grande ville et dans la
froide prison où il était gardé (voy. 4:13), et les résultats fâcheux que cette
démarche pouvait avoir pour celui qui le cherchait, étaient autant de motifs
que la conscience pouvait se donner pour interrompre ces investigations.
Seulement, il y avait, au-dessus des motifs invoqués, Dieu qui voyait et savait
ce qui se passait dans les coeurs. Aussi l’apôtre implore la miséricorde du
Seigneur sur la maison
d’Onésiphore (cf. 4:19) dans le temps actuel, et
sur Onésiphore lui-même
dans le temps futur, au jour où les récompenses
seront distribuées. Onésiphore trouvera alors miséricorde de la part du souverain
donateur, duquel dépend toute grâce ; selon qu’il est dit :
« Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite »
(Matth. 5:7), et encore : « Attendant la miséricorde de notre Seigneur
Jésus Christ, pour la vie éternelle » (Jude 21). C’est à « ce jour-là » que
l’apôtre regarde pour lui-même au v. 12. En ce jour ce qu’il a confié au
Seigneur, et ce que Celui-ci a gardé pour son cher apôtre, sera rendu à ce
dernier. Au chap. 4:8 on voit que c’est bien du jour de son apparition
qu’il est question, du jour où le sujet de notre responsabilité comme témoins
de Christ sera considéré. C’est en ce jour-là que la couronne de justice (4:8),
la récompense décernée au juste, sera décernée, comme, parmi les hommes, les
médailles d’honneur, de courage, de sauvetage, sont distribuées. Le nom des
diverses couronnes n’est-il pas d’un côté ce qui caractérise les actes
accomplis par ceux qui reçoivent les récompenses, de l’autre, le caractère de
Celui qui les donne. Ceux qui « aiment son apparition » sont ceux qui agissent et
se conduisent à son honneur, en vue du jour où ils seront placés dans la pleine
lumière de sa présence et où tout sera manifesté sans que rien ne puisse rester
caché. Alors chacun des siens recevra selon ce qu’il aura fait.
Timothée lui-même pouvait rendre témoignage à Onésiphore des services qu’il avait rendus dans l’assemblée d’Éphèse où Timothée avait agi si longtemps pour maintenir l’ordre dans la maison de Dieu. Ainsi les services d’Onésiphore n’auraient pas à attendre « ce jour-là » pour être reconnus ; ils l’étaient déjà pour toute âme fidèle et préoccupée du service et du témoignage de Christ. Il en est de même aujourd’hui.
Ces versets 16 à 18 nous montrent l’aide et les secours que le Seigneur place sur le chemin de ses serviteurs dans une carrière hérissée de tant de dangers et de souffrances. N’en fut-il pas de même du Serviteur parfait ? Il but du torrent dans le chemin. Ah ! comme, pour y boire, il a su baisser la tête ! Et n’en fut-il pas de même de son fidèle serviteur ? Il profitait avec joie de la consolation et du rafraîchissement qui lui venaient au sein de son humiliante condition, mais il savait que le jour arriverait où il « lèverait haut la tête » !
Vers. 1-2. — Toi donc,
mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui
est dans le christ Jésus ; et les choses que tu as entendues de moi devant
plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles qui soient capables
d’instruire aussi les autres.
À mesure que nous avançons
dans cette étude nous constatons toujours plus que, dans l’état de ruine de
l’Église responsable, le témoignage est surtout individuel
. De là
découle l’exhortation, plus souvent répétée que partout ailleurs, de se
fortifier et de prendre courage. L’activité dans le service ne pouvait
s’exercer efficacement que si Timothée « se fortifiait dans la grâce »,
c’est-à-dire s’il y croissait en y puisant des forces. Cette grâce « étant dans
le Christ Jésus », il ne pouvait y croître qu’en connaissant toujours mieux sa
personne adorable. Or cette connaissance de Sa personne était elle-même à la
base de l’activité de Timothée pour former des serviteurs utiles dans l’oeuvre.
Son devoir n’était pas la surveillance de l’ordre dans la maison de Dieu, comme
dans la première épître. L’histoire de l’Église nous apprend que la ruine
s’étant précipitée de plus en plus, après le départ du dernier apôtre, on crut
remédier par des défenses légales au relâchement général ; mais ici rien
de semblable : il fallait se fortifier dans la grâce. Elle est le plus sûr
moyen de résister à l’envahissement du mal, car, pour la connaître, il faut
connaître Christ qui en est la source et la plus parfaite expression. « La grâce
et la vérité
», est-il dit en Jean 1, « vinrent par Jésus Christ ». Or nous
verrons, dans le courant de ces chapitres, qu’il est tout aussi important, en
un temps de déclin, de maintenir la vérité, que de s’appuyer sur la grâce (voy.
2:16, 18, 25), car c’est à la « vérité
» que l’Adversaire s’attaquera
toujours (3:7, 8 ; 4:4).
Une ressource capitale est
ainsi indiquée au serviteur de Christ pour le temps de la fin. Ce ne sont plus
des charges
dans l’Église, que seuls les apôtres et leurs délégués
étaient en droit et tenus d’établir afin de maintenir l’ordre, mais la parole
de Dieu se trouve être pleinement suffisante pour atteindre ce but. Les choses
que Timothée avait entendues de l’apôtre, il devait les commettre à des hommes
fidèles ; ceux-là, bien instruits dans la Parole, seraient capables
d’instruire aussi les autres. Timothée lui-même, comme intermédiaire, n’étant pas
inspiré pour les communiquer, avait besoin de contrôle dans son enseignement,
aussi est-il dit : « Les choses que tu as entendues de moi devant
plusieurs témoins
». C’était une garantie qu’il n’altérait en rien les
paroles de l’apôtre. Ces choses nous les avons maintenant dans la Parole écrite
qui, comme nous l’avons vu plus haut, n’était pas encore complétée et avait
besoin d’une transmission orale pour être communiquée. Cette nécessité, pour le
serviteur de Dieu, de transmettre à d’autres l’enseignement divin subsiste
encore aujourd’hui quoique les conditions où ce ministère s’exerce soient
différentes ; mais, nous le demandons, y a-t-il là la moindre analogie
avec un clergé officiel et des écoles de théologie ?
Vers. 3-6. — Prends ta
part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ. Nul homme qui va à la
guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui
qui l’a enrôlé pour la guerre ; de même si quelqu’un combat dans la lice,
il n’est pas couronné s’il n’a pas combattu selon les lois ; il faut que
le laboureur travaille premièrement, pour qu’il jouisse des fruits
.
L’activité à laquelle le
fidèle disciple était appelé n’était pas exempte de souffrance. De là cette
exhortation nouvelle. Timothée devait prendre sa part des souffrances. Il
devait les considérer non seulement comme une nécessité, mais comme un
privilège. Déjà mentionnées deux fois au chapitre précédent, les souffrances le
sont encore trois fois dans notre chapitre. Timothée avait un motif d’y
participer volontairement s’il voulait être « un bon soldat de Jésus Christ ». Un
tel soldat qui entre au service du chef d’armée et a été enrôlé par lui, ne
s’embarrassera jamais dans les affaires de la vie. Il ne traînera pas après lui
un bagage inutile et ne se laissera pas arrêter par les obstacles en apparence
les plus légitimes. Il appartient désormais à son chef et n’a qu’une
pensée : de « plaire à celui qui l’a enrôlé ». Tel doit être, en effet,
notre premier but : lui plaire
, à Lui qui a acquis tout droit sur
nous en nous prenant à son service. Ce dernier n’est pas l’accomplissement d’un
devoir légal, mais un service de dépendance et d’affection. Le bon
soldat est représenté ici comme n’ayant d’autre but que l’approbation du chef
vénéré qu’il désire satisfaire et dont il reconnaît les droits sur lui. Ce
n’est pas encore le combat, car c’est au capitaine seul d’en déterminer le
moment, mais il s’agit des relations de dépendance et d’amour entre le soldat
et son chef, sans lesquelles il n’y a pas de victoire possible et qui doivent
céder la place à toute autre affection. C’est là ce que la Parole appelle un bon
soldat
.
L’apôtre donne à Timothée un
autre exemple de ce que doit être l’activité dans le service. C’est le
combat dans la lice
, dont nous avons déjà parlé en 1 Tim. 6:12. Qu’il
s’agisse de la course ou de la lutte, il faut que les pensées soient fixées sur
un seul objet, le but à atteindre, le prix à remporter. Ce n’est pas la
récompense proprement dite, mais la victoire
qui est l’objet de
l’effort. Ce but à atteindre c’est un Christ céleste (Phil. 3:12-14). Il s’agit
d’être couronné. Mais cela ne peut avoir lieu que si toute propre volonté est
exclue. Il y a des lois, des règlements à observer, et nous ne devons pas nous
en écarter, ni fixer nous-mêmes la forme et la manière de notre lutte. Tout ce
qui s’écarte de ces lois nous disqualifie pour obtenir le prix. Nous perdrions
ainsi la proclamation publique d’avoir atteint le but.
L’apôtre nous donne ensuite comme troisième exemple celui du laboureur. La première condition pour ce dernier est le travail ; il ne cherche pas à s’épargner les efforts ou la peine. La jouissance des fruits n’aura jamais lieu pour ceux qui se sont adonnés à la paresse spirituelle. Christ lui-même, notre modèle, sera rassasié du fruit du travail de son âme.
Nous avons ainsi trois puissants motifs pour prendre notre part des souffrances comme serviteurs de Christ : le désir de lui être agréable, dépendant d’une vraie et profonde affection pour lui ; le but à atteindre, et la jouissance éternelle des fruits de notre travail. Puissions-nous jusqu’au bout faire preuve d’un coeur libre de toute entrave dans un joyeux service, dans l’obéissance aux règles que le Seigneur nous a prescrites, dans la patience à obtenir enfin le fruit de notre travail !
Vers. 7. — Considère ce
que je dis ; car le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses
.
Timothée devait considérer
toutes ces choses pour lui-même, après les avoir enseignées à d’autres, et Paul
exprime sa confiance dans le Seigneur qui lui donnera de l’intelligence sur
toutes les choses qui lui sont présentées. Cette intelligence est donnée, comme
nous allons le voir, à celui qui a le Seigneur pour objet. Quelque confiance
qu’il ait dans son disciple, l’apôtre n’a pas confiance dans l’intelligence de
celui-ci, mais dans le Seigneur qui la donne. Il dit : « En toutes
choses », car tout se tient dans la marche et le témoignage chrétiens. Il faut
l’intelligence de la Parole pour honorer le Seigneur dans la vie
pratique ; il faut la réalisation de la vie pratique pour comprendre les
enseignements de la parole de Dieu.
Vers. 8-10. — Souviens-toi
de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David, selon
mon évangile, dans lequel j’endure des souffrances jusqu’à être lié de chaînes
comme un malfaiteur ; toutefois la parole de Dieu n’est pas liée. C’est
pourquoi j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le
salut qui est dans le christ Jésus, avec la gloire éternelle
.
L’apôtre vient d’affirmer que le Seigneur donnera à Timothée de l’intelligence en toutes choses. Il montre ici ce qui est à la base de toute intelligence. C’est de « se souvenir de Jésus Christ ». En Lui se concentrent toutes les pensées, toute la sagesse de Dieu. Les deux caractères de Christ, mentionnés ici, et dont Timothée doit se souvenir, sont un Christ ressuscité d’entre les morts et un Christ de la semence de David. Ces deux caractères étaient le sujet de l’Évangile de Paul et résumaient, de fait, la Bible tout entière.
Comme Fils de David, le
Seigneur accomplit les promesses de Dieu, premièrement à son peuple, ensuite
aux nations, enfin à l’Église en ce qui concerne sa part au règne de Christ sur
la terre, car c’est à l’Église qu’il dit : « Moi, je suis la racine et la
postérité de David » (Apoc. 22). C’est dans le vrai Isaac, la racine de David,
que les nations seront bénies, et dans le vrai Salomon, la postérité de David,
que sera établi le règne de sagesse, de justice et de paix, le règne millénaire
de Christ. La racine de David, remontant à Abraham, nous parle de la grâce
.
David lui-même, sorti de cette racine, est le roi de grâce. La postérité de
David, représentée par Salomon, nous parle de justice
, de paix, de
puissance et de gloire, en rapport avec l’établissement du royaume de Christ et
avec le règne de son Épouse, la nouvelle Jérusalem, sur la terre. Ainsi
l’Évangile de l’apôtre n’était pas étranger à toutes les promesses de Dieu
quant à l’établissement futur du règne de Christ ici-bas.
Mais il est un caractère de
Christ plus important que celui-là, dont Timothée devait se souvenir tout
d’abord : aussi est-il placé au premier rang devant ses yeux. L’Évangile
de Paul était basé sur un Christ ressuscité d’entre les morts
. La
résurrection, vérité capitale du christianisme, était le point de départ de tout
le ministère de l’apôtre. Comme la semence de David ouvrait une perspective sur
toutes les bénédictions terrestres, la résurrection l’ouvrait sur le ciel, les
relations célestes avec le Père et avec le Fils, la jouissance éternelle de la
gloire. Mais l’apôtre ajoute : « ressuscité d’entre les morts
». La
résurrection ne pouvait avoir lieu sans la mort qui a mis fin à tout l’ancien
état de choses introduit par le péché. Sans la mort, aucun salut, aucune
délivrance ne sont possibles, mais, d’autre part, sans la résurrection, Christ
serait mort en vain. C’est la résurrection qui a introduit le glorieux état de
choses nouveau. C’est par la résurrection, comme nous l’avons vu au chap. 1:10,
que Christ a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par
l’Évangile. La résurrection est la grande, l’incommensurable vérité de
l’Évangile, si grande, que Paul était prêt à tout endurer pour annoncer cet
Évangile au monde entier, à être considéré et traité comme un malfaiteur,
pourvu qu’il en fût le messager.
Or Satan avait déployé toutes ses ruses et toute sa puissance pour entraver cette bonne nouvelle et la rendre inefficace. Quel meilleur moyen pouvait-il avoir, que d’en annuler le porteur ? Il pouvait réussir à lier ce dernier, mais la Parole, sortant de sa prison, ne pouvait être liée comme lui. La chaîne de l’apôtre était le moyen merveilleux entre les mains de Dieu pour répandre sa Parole dans le monde entier et depuis lors elle a continué à obéir à l’impulsion que Dieu lui a donnée.
Pour faire connaître cet
Évangile et manifester les élus de Dieu, l’apôtre endurait tout. Aucune
souffrance n’était trop grande à son estimation, pour que les élus fussent
participants du salut
qui est dans le Christ Jésus, c’est-à-dire de la
délivrance du joug de Satan, de la justification par la foi, de l’introduction
dans la faveur de Dieu comme ses enfants bien-aimés, et enfin de la
gloire ! Avec quel sentiment de la valeur de celle-ci, l’apôtre
s’écrie : la gloire éternelle
! Rien de passager dans ces
bénédictions que la grâce nous à acquises. Elles sont établies pour
l’éternité !
Vers. 11-13. — Cette
parole est certaine ; car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons
aussi avec lui ; si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui ;
si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes incrédules,
lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même
.
« Cette parole est certaine ».
Combien de fois ne la rencontrons-nous pas dans la première épître à Timothée
et dans celle à Tite ? « Cette parole est certaine et véritable
»
affirme les vérités évangéliques
; la phrase que nous avons ici,
affirme la vérité chrétienne
. Elle est l’affirmation d’un avenir
parfaitement assuré pour le chrétien, par le fait de son association avec
Christ dans sa mort et dans la participation à ses souffrances ici-bas. D’un
côté, les choses annoncées dans l’Évangile nous sont aussi entièrement assurées
qu’à Christ lui-même. Il est mort et ressuscité (v. 8) ; si nous sommes
morts avec lui, ayant accepté par la foi le jugement exécuté sur nous en un
Christ mort, nous partageons aussi sa vie puisque ce même Christ est
ressuscité. C’est ce qui fait dire à l’apôtre : « Je suis crucifié avec
Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». (Gal. 2:20).
Mais le passage que nous considérons va plus loin que cela ; il considère
notre vie avec lui, notre gloire avec lui, notre règne avec lui, comme une
chose future
, mais aussi certaine, aussi immuable pour nous, qu’elle
l’est pour lui.
« Si nous souffrons » (ou endurons), et l’on voit au v. 10 pour qui l’apôtre souffrait : Il endurait pour Christ, pour l’Évangile, pour les élus — il y aura une réponse pour tous ceux qui suivront le même chemin de dévouement ; ils régneront avec Lui.
Au vers. 13 l’apôtre présente
la contrepartie de cette glorieuse perspective : « Si nous le renions »,
dit-il, « lui aussi nous reniera ». S’Il ne faisait pas cela il renierait son
caractère de justice et l’immutabilité de sa propre nature. Il est de toute
importance de maintenir ce principe dans toute sa rigueur. Il est énoncé dans
cette épître où, comme nous le verrons, la maison de Dieu a pris l’aspect d’une
grande maison, composée d’éléments vivants et d’éléments qui n’ont que
l’apparence de vivre. Ces éléments forment un tout, extérieurement
reconnu de Dieu, ce qui oblige l’apôtre à dire : « Si nous le renions, lui
aussi nous
reniera ». Le renier, c’est déclarer expressément ne pas le
connaître, et c’est vers quoi tend rapidement la chrétienté actuelle. Ce sont
ceux-là que le Seigneur reniera. « En vérité », dira-t-il, « je ne vous connais
pas ». (Matt. 25:12). Il les reniera ; leur sort sera fixé pour
toujours ; il appartient à l’immutabilité de sa nature qu’il en soit
ainsi.
Mais n’oublions pas que cette formule absolue n’épargne nullement un enfant de Dieu, comme le cas de l’apôtre Pierre nous l’enseigne. Le Seigneur avait dit : « Celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu » (Luc 12:9). Pierre le renie trois fois, et certes c’est un reniement absolu. Il avait été averti et désormais il n’y a plus de remède pour lui… et cependant il en reste encore un : la grâce souveraine qui avait choisi ce pauvre disciple et qui s’élève au-dessus du jugement. Comment y faire appel ? Les pleurs amers de la repentance y ont fait appel chez Pierre quand déjà l’intercession de l’Avocat l’avait devancé. Dès lors la restauration était possible et nous savons comment elle eut lieu. Combien de tels faits doivent nous rendre sérieux et nous faire marcher dans la crainte continuelle de Lui déplaire !
Ensuite nous trouvons encore
une affirmation. « Si nous sommes incrédules (ou plutôt infidèles
), lui
demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même ». Christ est aussi
immuablement fidèle qu’il est immuablement juste. S’il a affaire à
l’infidélité, au manque de foi chez ceux qui font profession de lui appartenir,
reniera-t-il son propre caractère en les rejetant ? Non, lui demeure
fidèle, sa promesse, basée sur la grâce, ne peut nous faire défaut. Sans doute,
elle ne traite pas légèrement nos infidélités. Nous nous sommes souillés en les
commettant et nous avons à être purifiés par la confession. Alors nous trouvons
le Dieu des promesses qui ne peut rien changer à sa fidélité envers nous
puisque c’est à Christ qu’Il a fait ces promesses pour nous. Bien plus, s’il
était juste envers nous il nous condamnerait, mais il est juste envers Christ,
et par là même sa fidélité et sa justice s’accordent pour nous pardonner nos
péchés et nous purifier de toute iniquité, afin que notre communion avec lui
soit rétablie (1 Jean 1:9). Seulement notre infidélité amène nécessairement la
confession et qui dit confession dit humiliation pour retrouver la précieuse
communion perdue. Ainsi, d’un côté Christ est conséquent avec lui-même en
reniant celui qui le renie et, de l’autre, en demeurant fidèle à son caractère
de grâce.
Vers. 14-18. — Remets ces
choses en mémoire, protestant devant le Seigneur qu’on n’ait pas de disputes de
mots, ce qui est sans aucun profit, et pour la subversion des auditeurs.
Étudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte,
exposant justement la parole de la vérité ; mais évite les discours vains
et profanes, car ceux qui s’y livrent iront plus avant dans l’impiété, et leur
parole rongera comme une gangrène, desquels sont Hyménée et Philète qui se sont
écartés de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui
renversent la foi de quelques-uns
.
« Remets ces choses en
mémoire ». C’est la seconde recommandation de l’apôtre à Timothée au sujet de sa
mission. Nous trouvons la première au commencement de ce chapitre. Il fallait
d’abord que Timothée s’appliquât à ce que la Parole pût être communiquée à
d’autres et tout serviteur de Dieu, appelé à enseigner, doit aussi avoir à
coeur cela. Ensuite il devait « remettre en mémoire » ce dont lui-même avait à se
souvenir (v. 8), c’est-à-dire toute l’étendue de l’Évangile, édifié sur la mort
et la résurrection de Christ, et tout l’accomplissement des promesses de Dieu
en Lui. S’il était exhorté à sonder ces choses pour lui-même, et à endurer les
souffrances de l’Évangile qu’il prêchait, comme l’apôtre les endurait lui-même,
il lui fallait rappeler ces choses à ceux qui les avaient reçues une fois, mais
étaient en danger de les perdre dans des disputes stériles. Timothée avait à
protester contre ces résultats d’une période de décadence où les vérités
salutaires étaient abandonnées pour des disputes de mots, telles qu’elles ont
eu lieu dans le monde chrétien après le départ des apôtres. Hélas !
aujourd’hui le mal a terriblement empiré et tout nous annonce que la venue de
l’homme de péché et l’apostasie finale ne tarderont pas à se produire.
Cependant, actuellement encore, les disputes de mots sont fréquentes chez des
chrétiens qui se sont laissé gagner par la mondanité, et manquant de la piété
et du ressort moral nécessaires pour tenir tête et protester contre cette
tournure donnée au christianisme et à son enseignement, non seulement ils
exercent un ministère qui est sans aucun profit
pour les âmes mises en
rapport avec lui, mais ils vont plus loin et renversent moralement ceux qui les
écoutent.
L’activité de Timothée devait
offrir un contraste absolu avec celle de ces soi-disant docteurs et nous avons
ici un beau tableau du ministère chrétien dans une période de déclin. Grâce à
Dieu, s’il est rare de le rencontrer, il n’en existe pas moins. Le premier
caractère auquel on peut le reconnaître, c’est le soin qu’il a de chercher l’approbation
de Dieu
, l’approbation des hommes ne jouant aucun rôle dans l’activité d’un
vrai serviteur. Sachant qu’il a l’approbation de son Maître, un tel serviteur
marche indépendant des hommes, ne pensant pas à lui-même, mais, conscient que
son Dieu est avec lui, il n’a d’autre arme entre les mains que la parole de
la vérité
. Mais encore cette parole doit-elle être « exposée justement », ou,
plus littéralement, « découpée droit ». Souvent les pires hérésies sont tirées de
quelque doctrine scripturaire sortie de sa place
, de quelque vérité qui
n’est pas présentée dans son équilibre avec d’autres
et l’on peut même
dire que toutes les sectes de la chrétienté ont ce faux principe pour origine.
Les versets 16 à 18 vont nous le prouver. Timothée devait éviter les discours vains et profanes. Il ne devait pas entrer en contact avec eux, car lui n’était nullement en danger de les partager ; mais il avait à avertir ceux qui s’y livraient et qui, au lieu de se laisser ramener de leur mauvaise voie, se plongeraient plus avant dans l’impiété et seraient par leur parole une gangrène rongeante, une cause de mort pour l’âme de ceux auxquels ils s’adressaient. Hyménée et Philète (souvent les faux docteurs vont deux à deux : 1 Tim. 1:20 ; 2 Tim. 3:8, se soutiennent l’un l’autre dans l’impiété et se rendent ainsi d’autant plus dangereux) étaient dans ce cas. S’appuyant, sans doute, sur la vérité que nous sommes ressuscités avec Christ, ils enseignaient que la résurrection avait eu lieu. Le chrétien n’avait pas, en conséquence, à attendre une résurrection de son corps qui l’introduirait dans le ciel. Il était appelé à trouver son Paradis ici-bas. De plus, par le fait de sa résurrection, il était introduit dans un état de perfection sur la terre. Beaucoup de fausses doctrines étaient comprises dans celle-là et nous les voyons pulluler de nos jours. La foi de quelques-uns était renversée et la gangrène menaçait de s’étendre d’une manière générale. Par ces fausses doctrines Satan cherche à ravir aux enfants de Dieu leur caractère céleste. C’est ainsi qu’en 1 Cor. 15:12, la doctrine qu’il n’y a pas de résurrection des morts nous garde sur la terre et a pour conséquence que Christ n’est pas ressuscité. La vérité fondamentale du christianisme est ainsi attaquée et réduite à néant. C’est ainsi encore que Satan, qui n’avait pas réussi à lier la parole, cherchait à la détruire par les faux docteurs. De nos jours, ce mal mortel s’étend de plus en plus, ajoutant aux sectes de nouvelles sectes, corrompant toujours plus ce qui est déjà si fortement ébranlé. Heureux ceux qui, au milieu de ce désordre, évitent d’écouter de tels discours et restent dans la simplicité de la foi et d’une doctrine saine enseignée par l’Esprit de Dieu ! (*)
(*) On a supposé que l’Hyménée dont il est ici question est le même que celui de 1 Tim. 1:20 et que, livré à Satan, au lieu de se repentir, il serait allé plus avant dans l’impiété, mais cette supposition est sans fondement certain.
Vers. 19. — Toutefois le
solide
fondement de Dieu demeure,
ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il
se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur.
Ces doctrines qui renversent
la foi n’atteignent encore, dans cette épître, que quelques-uns
. Le
temps viendra, comme nous le verrons au chap. 3, où la chrétienté professante
tout entière sera entraînée par ce courant et il semble que nous approchons de
cette dernière période qui sera établie et régnera pour un temps dès que le
Seigneur aura enlevé son Église. En attendant, le chrétien a des ressources
parfaitement suffisantes à mesure que le mal grandit et s’étend, et il a en
outre le moyen d’échapper à son influence tout en maintenant intact le
témoignage du Seigneur.
« Toutefois le solide fondement de Dieu demeure ». Oui, il demeure vis-à-vis de la puissance du mal, déchaîné par Satan pour renverser la foi. Rien ne peut renverser, ni même ébranler ce fondement. Il est muni d’un sceau, qui, semblable à une médaille, a son endroit et son revers. Sur l’endroit est reproduite la pensée de Dieu et comme son image ; sur le revers la responsabilité de l’homme, tenu de correspondre à cette pensée.
Le « solide fondement » est en
contraste avec l’édifice confié à la responsabilité de l’homme et dont l’apôtre
avait mis tant de sagesse à poser la base. De son vivant même, cet édifice se
lézardait et menaçait ruine. C’était déjà la même vérité que David proclamait
quant à l’avenir de la maison d’Israël. « Si les fondements sont détruits »,
dit-il, « que fera le juste ? » La réponse est la même qu’ici :
« L’Éternel est dans le palais de sa sainteté, l’Éternel a son trône dans les
cieux ; ses yeux voient, ses paupières sondent les fils des hommes.
L’Éternel sonde le juste et le méchant » (Ps. 11:3-5). Dieu distingue entre les
justes et les méchants ; son oeil repose sur les premiers. « Sa face
regarde l’homme droit » (v. 7). « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Pas
un ne sera perdu ; ses desseins sont garantis sûrement ; rien ne
pourra les changer ni les altérer. Ce qui trouble notre vue c’est la profession
chrétienne, donnant l’illusion de la vie, mais peut-elle troubler la vue de
Celui qui sonde les coeurs et les reins ? Nous pouvons nous y laisser
tromper, Dieu pas. Il sait même découvrir l’or parmi les scories ou le faire
sortir dans son éclat en le mettant au creuset. Jamais ce que Dieu a fondé ne
peut être renversé ! Assurance heureuse pour nos âmes, quand, devant
l’ébranlement graduel mais rapide de l’édifice, même un Timothée serait en
danger de perdre courage et de se demander : Que restera-t-il, à la fin,
de la maison de Dieu ? Ce qui restera, c’est tout ce que Dieu lui-même a
fondé ! Lui ne change pas ; le palais de sa sainteté où il habite, ne
peut être détruit. Ce fondement demeure, parce qu’étant divin il est immuable
et que Celui qui l’a posé, Dieu, est immuable lui-même. Dieu a scellé ce
fondement, personne ne pourra jamais l’ébranler. Sur ce sceau vous voyez d’un
côté ce que Dieu est à l’égard des siens : Il les connaît car ils sont
édifiés par Lui. Dans ce que les hommes ont bâti, tout
peut être
renversé ou brûlé ; mais ce que Dieu a bâti demeure. Ici nous nous
trouvons donc à la fois devant l’Assemblée telle que Dieu la bâtit et devant
l’Assemblée responsable et ébranlable en tant que confiée à l’homme. Combien il
est important, en présence de la confusion que les hommes ont faite entre ces
deux choses, d’en comprendre la différence et de s’attacher à ce que Dieu a
établi, à ce que Dieu reconnaît, à ce qu’aucune force humaine ou satanique ne
peut réussir à détruire !
Mais cela n’annule en rien la
responsabilité de l’homme, ni de ceux qui ont été édifiés sur le fondement
divin. Voici ce qu’on trouve au revers du sceau : « Qu’il se retire de
l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ». Les professants peuvent
être de deux sortes. Ils peuvent appartenir au cortège des vierges sages ou à
celui des vierges folles. Pour appartenir au Seigneur, la profession est aussi
indispensable que la foi : « Si tu confesses
de ta bouche Jésus
comme Seigneur et que tu croies
dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité
d’entre les morts, tu seras sauvé ». (Rom. 10:9). Mais, pour faire partie du
solide fondement, cette profession doit avoir un caractère que la profession sans
vie n’a jamais : Se retirer du mal
, quand on prononce le nom du
Seigneur comme lui appartenant, quand on déclare le reconnaître et porter son
nom dans ce monde. Il y a une séparation qui distingue la profession vivante de
la profession extérieure et vaine. Il faut SE RETIRER. Il n’est question en
cela, ni de ne pas tenir compte du mal, ni de l’excuser, et encore moins de le
corriger. C’est ce dernier parti qu’adoptent des chrétiens, dépourvus d’une
vraie conscience, qui restent liés aux doctrines corrompues de la chrétienté,
sentant fort bien que c’est un terrain souillé, mais qui voudraient (du moins
les plus consciencieux d’entre eux) garder au moins, comme Lot, quelque
poussière de cette terre réprouvée à la semelle de leurs chaussures. Mais, se
retirer de l’iniquité, c’est n’en rien emporter avec soi ; c’est la
laisser entièrement derrière soi. Le cas d’Abram avec son père a montré que
même les liens les plus approuvés sont une entrave, quand Dieu a dit :
Retire-toi.
Le croyant a là un devoir individuel
qui restera toujours tel. La responsabilité de la séparation de l’iniquité
n’est pas collective ; chaque conscience individuelle doit être d’abord à
l’oeuvre et c’est alors qu’un témoignage collectif peut se former. Mais,
direz-vous, qu’est-ce donc que l’iniquité (adikia
) dont il faut se
retirer ? C’est tout ce qui s’écarte de la vérité (v. 18) et se met en
contradiction avec le caractère de notre Dieu. La sainteté et la justice
pratiques, consistent à n’avoir aucune communion avec ces choses. Au revers du
sceau, la responsabilité chrétienne est donc laissée en son entier. Nous devons
nous retirer
de tout mal, mais en particulier dans ce passage, des
fausses doctrines reçues dans la profession chrétienne, et qui caractérisent
aujourd’hui la maison de Dieu, devenue une grande maison.
Au milieu de la confusion qui existe, le croyant est heureux de tout laisser entre les mains du Seigneur. Il n’a ni à s’angoisser, ni à vouloir modifier l’état de choses existant dans la chrétienté, car la ruine est irrémédiable, mais chacun est tenu individuellement de se retirer de l’iniquité. Seulement il faut prendre garde que l’on peut se retirer de deux manières ; soit de l’iniquité, soit du terrain de Dieu. La mondanité conduit à la seconde possibilité et cette séparation ne peut être que la non-séparation de l’iniquité, car à ceux-là, Dieu déclare : « Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui » (Hébr. 10:38).
Vers. 20-21. — Or, dans
une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais
aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur.
Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié,
utile au maître, préparé pour toute bonne oeuvre
.
L’apôtre ne se borne pas à
engager ceux dont la profession se joint à la foi à marcher individuellement
dans un chemin de séparation du mal ; il exhorte les croyants à se
purifier des vases à déshonneur qui se trouvent, hélas ! dans la maison
même où Dieu habite par son Esprit. Cette maison de Dieu, primitivement édifiée
comme l’Assemblée du Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité, était
devenue dès lors une grande maison
. Primitivement restreinte, elle ne
contenait d’abord que des vases précieux, mais à mesure qu’elle s’agrandit elle
contint côte à côte des vases d’or et d’argent, des vases de bois et de terre.
Telle est actuellement la condition de la maison de Dieu : à côté de vases
à honneur, elle en contient à déshonneur. Ce triste changement consiste avant
tout en ce qu’elle s’est mise en opposition avec le caractère de Dieu qu’elle
était appelée à maintenir ; c’est pourquoi il est tant insisté dans ces
chapitres sur l’abandon de la vérité. En effet, dans les versets précédents,
nous avons vu que ces vases à déshonneur sont avant tout de faux docteurs. Chacun
doit
se purifier de ceux-ci, car il s’agit en tout cela, et aussi au chap.
3:5, de l’activité individuelle et de la purification du croyant.
Remarquez que l’apôtre ne dit
pas de se retirer de la maison, mais de l’iniquité ; qu’ensuite il ne dit
pas de se purifier de la maison en en sortant, mais de se purifier des vases à
déshonneur en n’ayant aucune communion avec eux. Ce n’est qu’en se séparant de
ceux qui souillent la maison par un enseignement antiscripturaire, que nous
serons approuvés de Dieu et capables de le servir. C’est ainsi que Paul agit à
Éphèse en séparant les disciples (Actes 19:9). Cet acte de se purifier des
vases à déshonneur rend ceux qui l’accomplissent capables d’être des vases à
honneur, car la valeur du vase aux yeux de Dieu consiste en ces deux
choses : « se retirer » et « se purifier » pour Lui. En agissant ainsi on est
un vase à honneur, sanctifié, mis à part pour Dieu ; utile au Maître,
propre à son service, car c’est par la purification que doit commencer la carrière
d’un serviteur utile ; préparé pour toute
bonne oeuvre. En effet,
le terrain où les bonnes oeuvres peuvent fleurir pour Dieu est un terrain de
séparation. Ceci est de toute importance : il n’y a de puissance dans le
service, il n’y a d’oeuvres agréées de Dieu, qu’en conséquence du fait que l’on
se purifie en refusant toute communion avec les vases à déshonneur qui
souillent la maison de Dieu.
Tout ce que nous venons de voir est la conséquence de la recommandation adressée à Timothée au v. 15. Il devait s’étudier à se présenter dans son ouvrage comme approuvé de Dieu et défenseur de la vérité. Ce que Dieu avait fondé demeurait à toujours, mais aussi la responsabilité du serviteur demeurait invariable ; il devait se purifier des mauvais ouvriers.
Vers. 22-23. — Mais fuis
les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la
paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur ; mais évite les
questions folles et insensées, sachant qu’elles engendrent des contestations
.
Les choses énumérées plus
haut ne suffisaient pas. Timothée devait exercer une surveillance rigoureuse
sur toutes les tendances de son propre coeur. Il s’agit ici de les fuir
.
Le coeur des jeunes gens est enclin aux convoitises de leur âge ; mais ici
l’apôtre parle, me semble-t-il, de cette partie de la famille de Dieu à
laquelle appartenait Timothée et qui n’est ni les pères, ni les petits enfants,
mais les jeunes gens appelés à entrer, avec la puissance de la parole de Dieu
dans le combat contre Satan (1 Jean 2:14-17).
Or ce combat et cette
victoire peuvent être compromis et même réduits à néant par les convoitises,
appelées ici les convoitises de la jeunesse, qui nous ramènent au monde. Ce
sont « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la
vie ». Or le chrétien ne doit fuir
le mal que pour être à même de poursuivre
le bien. Quel beau tableau d’un croyant, en chemin pour atteindre à la stature
de l’homme fait ! Ayant fui le mal qui le sollicite, il peut s’occuper
tout entier à poursuivre des choses excellentes : la justice pratique
qui renie le péché, la foi
qui s’attache à la personne de Christ ; l’amour
embrassant tous ceux qui sont nés de Dieu ; la paix
, c’est-à-dire
un coeur qui s’est approprié l’oeuvre de Christ de manière à n’avoir plus
aucune question entre Dieu et lui, un coeur qui apporte la paix et la répand
autour de lui.
Dans ce chemin le croyant ne
se trouvera jamais seul ; il ne tardera pas à rencontrer, dans cette
« grande maison » dont il n’est pas appelé à sortir, environné de vases à déshonneur
dont il est appelé à se purifier — car le chrétien ne peut, en même temps,
honorer le Seigneur dans sa marche et marcher avec ceux qui le déshonorent — il
rencontrera, dis-je, des âmes qui poursuivent les mêmes objets que lui et avec
lesquelles il pourra se réunir pour invoquer ensemble le Seigneur d’un coeur
pur. Nous trouvons au Ps. 51, vers. 7 et 10, ce qu’est un coeur pur et comment
un coeur le devient ; au Ps. 32, vers. 2, 5, ce qu’est une conscience pure
et comment on l’acquiert. Or avec ceux qui n’invoquent pas le Seigneur par les
lèvres d’une vaine profession, mais que leur foi met en rapport avec les
réalités éternelles ; avec ceux qui ont le Seigneur seul et sa gloire pour
but et pour motif, le croyant trouvera des bénédictions compensant toutes les
souffrances que lui occasionnent les ruines dont il est témoin. Ses ressources
seront tout aussi précieuses que si la ruine n’existait pas ; son
témoignage, tout aussi agréable à Dieu qu’aux temps les plus bénis de l’Église.
C’est pourquoi la Parole a soin de nous montrer à quels signes un chrétien
fidèle peut être reconnu, dans un temps comme celui que nous traversons et que
cette épître nous décrit : Là où l’incrédulité et la corruption dominent,
il se sépare
. En rapport avec les individus, il se purifie
;
avec les convoitises, il les fuit ; avec le bien, il le poursuit
;
avec les croyants, il les recherche
, se joint à eux
, et rend culte
à Dieu avec eux
. Au commencement il n’était point besoin de recommander
cela ; c’était ainsi que tous les croyants invoquaient ensemble le
Seigneur. Maintenant tout était changé ; pour réaliser le culte, le
croyant était obligé de se purifier des vases à déshonneur et de se retirer de
l’iniquité.
Vers. 23-26. — Mais évite
les questions folles et insensées, sachant qu’elles engendrent des
contestations. Et il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il
soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant
avec douceur les opposants, attendant si Dieu, peut-être, ne leur donnera pas la
repentance pour reconnaître la vérité, et s’ils ne se réveilleront pas du piège
du diable, par qui ils ont été pris, pour faire Sa volonté
.
Au v. 16, Timothée devait
éviter dans son ministère les discours vains et profanes qui caractérisent les
temps de déclin dans la maison de Dieu, car c’est par eux que Satan réussit à
renverser la foi. Nous trouvons ici un second danger par lequel l’Ennemi
réussit à introduire le désordre dans la maison de Dieu. Ce n’est pas que
Timothée risquât de s’y laisser entraîner lui-même, mais il devait éviter de se
trouver sur leur chemin et d’avoir aucun contact avec ceux qui soulevaient des
« questions folles et insensées », lesquelles n’étaient pas autre chose que le
produit d’esprits adonnés à leur propre sens et suivant, dans leurs opinions,
leur propre volonté, au lieu d’être soumis à celle de Dieu. De tels discours
sont non seulement stériles, mais engendrent des contestations dans lesquelles
le caractère de l’esclave de Dieu est compromis et c’est un des résultats
auxquels tend l’effort de l’ennemi pour jeter du discrédit sur la vérité. Or
l’esclave du Seigneur doit se garder de ce piège et il ne le pourra qu’en
suivant journellement le modèle d’un vrai serviteur dont son Maître lui a donné
l’exemple. Ce service se montre ici surtout dans l’enseignement
,
caractère spécial du don de Timothée. Sans ces traits moraux, l’enseignement ne
sera d’aucun effet. Ils sont avant tout la douceur envers tous, même envers les
opposants, vis-à-vis desquels il pourrait être tenté d’user de son autorité. Il
faut en même temps que sa capacité d’enseigner s’affirme par son enseignement
même, car l’Ennemi triompherait s’il réussissait à lui fermer la bouche. Il
doit avoir du support. Un docteur selon Dieu sortirait facilement des bornes
quand il se trouve devant une opposition qu’il sait injustifiée et contraire à
la volonté de Dieu. Il doit encore profiter de l’opposition même pour redresser
avec douceur les vues erronées des opposants. Quel beau tableau et qu’il est
difficile de le réaliser quand on est appelé du Seigneur à l’enseignement de la
Parole ! Mais, en suivant ce chemin, toute contestation pourra être
évitée.
« Attendant.. ». Nous gâtons
souvent notre oeuvre auprès des âmes, parce que, ayant la conscience que nous
présentons la vérité, nous voulons les obliger
à la recevoir, ce qui
n’est en somme qu’un acte de propre volonté. Ces fonctions exigent beaucoup de
patience, de dépendance. Il faut laisser Dieu agir. Nous ne savons ni si, ni
quand (de là l’expression : « peut-être ») il agira dans le coeur des
adversaires pour y produire la repentance, car alors leur volonté soumise ne
s’opposera plus à la vérité. Avec la repentance on se réveille, on ouvre les
yeux pour voir le piège du diable dans lequel on était pris, et l’on rentre
dans le chemin de Dieu et dans l’obéissance à Sa volonté. En 1 Tim. 3:7, le
chrétien lui même, s’il est nouveau converti, est en danger de tomber dans ce
piège ; ici, il y est tombé et s’y est endormi de telle manière qu’il
s’est opposé à la vérité et à la volonté de Dieu présentée par un de ses
serviteurs.
Vers. 1-5. — Or sache
ceci, que dans les derniers jours il
surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares,
vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans
piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents,
cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des
voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant
renié la puissance. Or détourne-toi de telles gens.
Comme Timothée avait été
averti prophétiquement, dans la première épître (4:1), de l’apostasie des
derniers temps, il l’est, prophétiquement aussi, dans ce chapitre, de la ruine
morale qui caractérise les jours de la fin. Ces temps fâcheux
ne sont
pas encore le bouleversement et l’ébranlement final dont parlent les prophètes
et qui précédera le règne de justice et de paix du Christ, mais l’état moral
qu’auront à la fin ceux qui portent le nom de Christ et professent
maintenant lui appartenir. Aujourd’hui nous devons, plus encore que Timothée,
ne pas fermer les yeux sur le bouleversement moral qui se prépare, car des
siècles ont passé dès lors. Si nous fermons les yeux nous sommes en danger de
dire : Paix et sûreté, et de porter, comme Lot, ne fût-ce que dans une
mesure, les conséquences de l’infidélité générale.
La profession du
christianisme dégénérera de plus en plus, de manière à reproduire l’affreux
tableau de l’état moral
du paganisme d’autrefois d’où l’Assemblée
chrétienne était sortie. (Voyez Rom. 1). N’est-il pas frappant que l’apôtre
n’appelle pas les gens dont il parle : « la profession chrétienne »,
mais : « les hommes » ?
Chose terrible, quand c’est
Dieu qui se met à dresser la liste de ce que contient le coeur de l’homme et de
ce qui en sort ! Nous rencontrons fréquemment des listes diverses dans
l’Écriture (voyez, par exemple, Matt. 15:19 ; Marc 7:21 ; Gal.
5:19 ; Col. 3:5-9 ; 1 Tim. 1:9 ; Tite 3:3), mais combien est-il
comparativement rare d’en rencontrer quand il s’agit des manifestations de
l’Esprit dans le coeur des chrétiens ! (voyez Gal. 5:22-23 ; Col.
3:12-15). Ici, nous avons surtout le pendant de Rom. 1:24-31, passage où la
condition morale du paganisme est décrite de manière à faire rougir les plus
endurcis. Mais dans notre passage où l’apôtre décrit l’état des hommes
professant le christianisme en des temps fâcheux, il se trouve, chose
effrayante, que cet état est plutôt pire que l’état païen, et voici
pourquoi : « Ils ont la forme de la piété, mais en ont renié la puissance ».
Ce terme : « forme » (morphôsis
) ne se retrouve qu’en Rom. 2:20 où il
est traduit par « formule ». C’est plutôt « le pouvoir formatif
de la
piété ». Ces gens possèdent la vérité, puissance par laquelle la piété est
formée.
Quand la maison qui est l’assemblée
du Dieu vivant est en ordre on y trouve un secret pour produire la piété (1
Tim. 3:15-16). Ce secret, c’est la connaissance de la vérité, de la vérité qui
se trouve tout entière dans la révélation de la personne de Christ, et c’est la
puissance
de la piété. Or dans la grande maison ces personnes possèdent
« la forme de la piété » ou plutôt sa formule. La vérité est dans leurs
mains ; elles portent le nom de Christ. Qu’en font-elles ? Se
servent-elles de cette connaissance pour vivre. dans la séparation du mal et
rendre à Christ un témoignage fidèle ? Non seulement ces gens ignorent la
puissance de la vérité, non seulement ils n’en font aucun usage, mais ils ont renié
sa puissance
; ils nient qu’elle puisse produire la séparation du mal.
Il en était de même, mais à un degré infiniment moindre, des païens en Rom.
1:18-20 ; ils possédaient la vérité du Dieu créateur
, « tout en
vivant dans l’iniquité ». Mais ici, ce qui est bien pire, c’est que, dans le
christianisme, ces hommes ont la formule par laquelle toute piété peut être
produite. Dans la maison de Dieu le secret de la piété était professé, connu et
réalisé ; ici, il est connu, ce secret qui se résume dans la révélation de
la personne de Christ, et ces gens-là le renient, en ne lui accordant pas la
puissance de produire la piété !
En reprenant toute cette liste qui n’a d’égale en nombre que celle de Rom. 1, on est frappé de l’aggravation produite par le fait que le christianisme, y étant connu et extérieurement pratiqué, laisse les âmes sans aucune excuse. En Rom. 1 les païens, avec leur conscience naturelle, connaissaient le bien et le mal. La juste sentence de Dieu ne leur était donc pas étrangère : « ils savaient que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort » et leurs propres lois témoignaient contre eux, puisqu’elles prononçaient un jugement, au moins partiel, sur ceux qui faisaient ces choses. Mais, dans notre passage, il y a bien plus pour condamner le professant du christianisme, que la voix de la conscience ; il y a la connaissance extérieure de tout ce que comportent des rapports établis par la grâce entre Dieu et l’homme ; il y a le mépris des rapports connus avec le Père et le Fils dont on porte le nom ; il y a l’abandon de toute pensée de maintenir ces relations par la condamnation du vieil homme et de ce qui provient de lui ; il y a une existence volontairement asservie à tous les éléments de la vieille nature pécheresse et s’y abandonnant, complètement indifférente au jugement de Dieu que ces hommes réaliseront quand il sera trop tard !
En considérant cette liste
nous y trouvons un certain groupement des traits du professant, revenu à tout
ce qui constitue le vieil homme, tandis que le chrétien le considère comme
crucifié avec Christ. En premier lieu l’égoïsme
, vice capital de l’homme
naturel, qui, au lieu d’avoir trouvé, comme le chrétien, un centre en dehors de
lui, se fait et s’est toujours fait centre à lui-même
. De là sort
l’avarice qui accumule des biens pour soi-même — la vanterie qui exalte le moi
aux dépens des autres — l’orgueil qui s’élève au-dessus du prochain. De là
l’insoumission et la désobéissance envers ceux que Dieu a établis pour être
honorés, commandement auquel est adjointe la promesse pour en souligner
l’importance ; l’ingratitude envers ceux auxquels nous devons un tribut de
reconnaissance ; le mépris du maintien des relations de famille ; le
rejet, enfin, des affections naturelles rencontrées même chez des brutes sans
intelligence, mais absentes chez ces hommes. De là l’esprit de vengeance,
poursuivant le prochain, sans tenir compte d’engagements par lesquels on
devrait être lié ; la calomnie qu’on appelle à son aide pour ruiner plus
complètement son prochain ; le refus d’exercer aucune restriction sur ses
passions. De là la cruauté qui bannit tout sentiment de compassion et aime,
sans motif, à faire souffrir, produit de coeurs auxquels toute inclination vers
le bien est étrangère. De là l’esprit de trahison se donnant des apparences
d’aménité afin de tromper plus aisément la victime pour la livrer à ses ennemis ;
la témérité n’ayant pour motif que l’orgueil d’affronter des dangers inutiles
pour être exalté aux yeux des autres. De là enfin les voluptés s’emparant de
tout l’être de celui qui s’y adonne et lui faisant abandonner même la faveur de
Dieu afin de jouir momentanément des délices du péché. Tout se résume enfin,
comme nous l’avons vu, dans cette chose affreuse : « la forme de la piété ».
Timothée est exhorté à « se
détourner de telles gens ». Il n’y avait rien chez eux qui pût être une
attraction pour le fidèle ; rien à quoi il pût s’associer pour plaire à
Dieu ; rien non plus à améliorer dans leur condition morale ; le mal
était définitif. Ces gens ne sont pas à moitié corrompus, mais chez eux tout
est du vieil homme ; tout est déjà jugé et condamné sans retour. N’est-ce
pas le christianisme renversé ? En 1:15, l’apôtre est seul
;
tous l’abandonnent ; ici, Timothée seul
doit se détourner d’eux
tous. Mais, quoique seul, Dieu lui fait trouver des compagnons avec qui
invoquer le Seigneur. Cela ne veut pas dire que le chrétien doive vivre en
ermite dans la chrétienté professante, mais qu’il doit se tenir entièrement à
part de ceux qui mettent de pareils principes en pratique et les enseignent.
Ayons cela nous-mêmes à coeur. Non pas, comme nous venons de le voir, que nous devions nous isoler au milieu d’une profession qui aboutit à l’apostasie finale. Non certes ; car nous trouverons jusqu’à la venue du Seigneur ceux qui l’invoquent d’un coeur pur ; mais, pour nous associer à ces derniers, ils nous faut avoir rompu avec une profession sans vie, avec l’esprit qui, de fait, renie la vérité chrétienne.
Vers. 6-7. — Car d’entre
eux sont ceux qui s’introduisent dans les maisons et qui mènent captives des
femmelettes chargées de péché, entraînées par des convoitises diverses, qui
apprennent toujours et qui ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la
vérité
.
L’apôtre note ici une classe
spéciale de professants dont il faut se détourner. Ce sont ceux qui exercent
des fonctions ecclésiastiques dans cette maison corrompue. Leur immunité
cléricale leur permet de s’introduire dans les maisons, de « changer la grâce de
Dieu en dissolution » (Jude 4), de s’adresser, pour en faire leurs créatures, à
des femmes sans caractère, sans développement moral, chargées de péché, et
entraînées loin du chemin de Dieu par des convoitises diverses, dont ces gens
se servent comme d’appât pour s’emparer d’elles. Nous voyons ici où l’état
charnel et sans crainte de Dieu qui vient d’être décrit, conduit ceux qui en
sont les représentants : à la corruption morale
. C’est à elle
qu’aboutit l’état du coeur qui croit pouvoir se passer de Dieu. L’apôtre ajoute
à la description de ces femmes impures, qu’elles « apprennent toujours et ne
peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité ». Ce qui est encore pire
que la corruption, c’est de prétendre s’intéresser aux choses de Dieu et s’y
faire instruire par de tels conducteurs ! Jamais la connaissance de la
vérité ne peut sortir de cet enseignement suspect. L’âme reste stérile en
apprenant toujours et il ne sort de tout cela que le néant ; la vérité
reste entièrement cachée. Croyant apprendre quelque chose, ces femmes ignorent
absolument leur état devant Dieu et courent, les yeux fermés, à l’abîme. Elles
ignorent de même en quoi consiste la vie de Dieu. Elles ignorent enfin Dieu
lui-même, tout en prétendant apprendre à le connaître.
Vers. 8-9. — Or de la même
manière dont Jannès et Jambrès résistèrent à Moise, ainsi aussi ceux-ci
résistent à la vérité, hommes corrompus dans leur entendement, réprouvés quant
à la foi : mais ils n’iront pas plus avant, car leur folie sera manifeste
pour tous, comme a été celle de ceux-là aussi
.
La Parole, en décrivant ces
hommes corrompus de la fin, ne se borne pas à nous présenter des docteurs se
servant de leur enseignement pour favoriser la corruption morale chez le sexe
féminin et satisfaire ainsi leurs propres passions charnelles ; il est une
autre corruption qui les caractérise : ce sont des hommes corrompus dans
leur entendement
. Leur intelligence est pervertie ; ils ne sont pas
seulement des docteurs immoraux, mais aussi des ennemis de la vérité, à
laquelle ils résistent quand elle se présente devant eux pour être
acceptée ; mais ils lui résistent en la copiant
, ce qui est le
comble de l’iniquité. Ils se posent en prophètes et en conducteurs comme Moïse,
prétendant à la même puissance miraculeuse que lui, usant, pour se faire
valoir, d’une puissance occulte de mensonge qui en impose aux personnes
étrangères à la vie de Dieu. Ils se revêtent ainsi de la robe du prophète pour
« résister à la vérité » et la rendre de nul effet sur les âmes. C’est, quant à
l’enseignement, la seconde grande ruse de Satan dans cette épître. Au chap.
2:18, il s’agissait de doctrines qui renversaient la foi en dépouillant le
chrétien du ciel et en le rabaissant à la jouissance perpétuelle de la vie
terrestre. Ici nous rencontrons une opposition ouverte à la vérité, par
l’assimilation de la puissance mensongère de Satan à la puissance de Dieu.
L’adversaire imite la forme extérieure
de la chose divine, tout en
cachant sous des dehors mensongers un manque absolu de réalité. Dans l’oeuvre
des magiciens la puissance manque complètement. C’est ainsi qu’ils peuvent
changer leurs verges en serpents, mais celle de Moïse les engloutit ;
c’est ainsi qu’ils changent l’eau en sang, et font monter des grenouilles sur
le pays d’Égypte, sans avoir ensuite la puissance de les supprimer. En outre
ils ne peuvent produire ni moustiques, ni mouches venimeuses. La moindre
création les trouve absolument impuissants. Alors ils disent : « c’est le
doigt de Dieu » (8:19) et toute leur action s’arrête. Ces hommes sont « réprouvés
quant à la foi » ; il n’y a aucun espoir pour eux. Dieu les rejette ;
ils sont perdus : corrompus de moeurs, corrompus d’entendement, adversaires
de la vérité.
Mais, dit l’apôtre : « ils n’iront pas plus avant ». C’est ce qui eut lieu pour les devins. Ils durent reconnaître le doigt de Dieu, mais trop tard, et comme leur folie fut manifeste pour tous, par leur incapacité à créer ou à faire cesser aucune plaie, il en sera de même de ces faux docteurs corrompus. Il arrivera un temps où leur imposture sera connue et manifeste aux yeux de tous.
Vers. 10-13. — Mais toi,
tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite, mon but constant, ma foi,
mon support, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances, telles
qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre, quelles
persécutions j’ai endurées ; — et le Seigneur m’a délivré de toutes. Et
tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus seront
persécutés, mais les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis,
séduisant et étant séduits
.
Après avoir fait ce sombre
tableau du mal, l’apôtre s’adresse au fidèle Timothée. Mais toi, lui
dit-il ; il répète ce mot trois fois (3:10, 14 ; 4:5). L’apôtre fait
ainsi ressortir le contraste entre la part du vrai disciple et celle de ces
réprouvés. Quelle heureuse condition que celle de ce fidèle témoin ! Dieu
lui-même lui rend témoignage, par la bouche de l’apôtre, qu’il a pleinement compris
ce qui lui a été enseigné et a suivi l’exemple donné par Paul. Nous voici de
nouveau en présence d’une liste, liste d’une vie selon Dieu, d’un service et
d’un témoignage qui Lui sont agréables. Nous parcourons la liste précédente
pour nous en détourner avec horreur et celle-ci, pour l’imiter
fidèlement : « Tu as pleinement compris
! » (voyez 1 Tim. 4:6,
où le même mot est traduit : comprise
). Quel beau et encourageant
témoignage rendu à Timothée ! Non seulement il avait compris
, mais,
tel est le sens : pleinement compris et suivi
ce que l’apôtre avait
enseigné, et la conduite de Paul en rapport avec son enseignement.
Et d’abord, quelle était sa doctrine
?
Comme en Gal. 2:20, la fin du vieil homme et une vie nouvelle en Christ. C’est
particulièrement de cette doctrine qu’il parle ici, comme offrant le contraste
le plus absolu avec tout ce qui précède dans ce chapitre. Aussi sa conduite
en découlait entièrement. Il marchait dans le jugement complet du vieil homme
et dans la puissance du nouvel homme. Son but
constant
était de
vivre Christ et de l’atteindre, comme but céleste. Sa foi
s’élevait
au-dessus des difficultés, son support
ou sa constance (Col. 1:11) les
lui faisait traverser et endurer, son amour
dominait tout le reste et
l’étreignait dans le service de l’Évangile parce que c’était l’amour de Christ.
— Mais il y avait encore autre chose, dont toute cette épître nous rend
témoignage. L’apôtre avait traversé des persécutions
et des souffrances
de toute espèce et dans ces souffrances pour l’Évangile il avait montré la patience
qui endure tout. À Antioche de Pisidie, lui et Barnabas avaient subi la
persécution (Actes 13:50) : À Iconium, ils avaient manqué d’être lapidés,
ayant Juifs et nations contre eux (Actes 14) ; à Lystre, Paul avait été
positivement lapidé (Actes 14:19). Chose frappante ! À la fin de sa
carrière il revoit ses premières étapes, tristes souvenirs pour d’autres,
bienheureux souvenirs pour lui, parce que, dès les premiers pas de son
ministère auprès des nations, il avait souffert pour Christ et n’avait jamais
interrompu cette carrière, — mais, dit-il, « le Seigneur
m’a délivré de
toutes » ces épreuves. S’Il ne lui avait jamais manqué au début, lui
manquerait-il à la fin ? Telle était, par excellence, la ressource de
l’apôtre. Dans ce mot triomphant
se trouve le secret de sa force. Il
n’attend rien de lui-même, rien des circonstances, rien des hommes. La
Toute-Puissance du Seigneur, en grâce, lui suffit. Au reste, « tous ceux qui
veulent vivre pieusement dans le christ Jésus, seront persécutés ».
La vraie piété, en contraste avec la forme de piété du vers. 5, s’attache au Seigneur Jésus qui en est le seul ressort et le seul objet. Or il est impossible que cette vraie piété évite le mépris et la haine du monde et nous pouvons souvent nous demander avec humiliation si c’est à cela que nous expose habituellement notre témoignage.
Les hommes décrits au commencement de ce chapitre : « les méchants et les imposteurs » iront de mal en pis. L’apôtre les a montrés comme séduisant les femmes, comme séduits eux-mêmes par elles, comme résistant au bien et croissant dans cette opposition mêlée de tromperies. Le mal croîtra de plus en plus dans ces deux sens, et cela à la veille même du jugement. Il en est de même au chap. 2:16 : les discours vains et profanes conduisent toujours plus avant dans l’impiété. Tel est le rôle que joue l’absence de piété dans toute la vie de l’homme ; on y progresse de plus en plus ; tandis que la vraie piété qui a trouvé son centre, son bonheur et sa joie dans le Seigneur, ne rencontre ici-bas que persécutions, mais reçoit ici-bas aussi cent fois autant que tout ce qu’elle a perdu pour Lui, et, dans le siècle qui vient, la vie éternelle (Marc 10:28-30).
Vers. 14-15. — Mais toi,
demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement
convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais
les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans
le christ Jésus
.
Au v. 10, Paul encourageait
Timothée en lui exprimant sa satisfaction de voir qu’il avait compris et suivi
exactement l’exemple que l’apôtre lui avait donné. Quelle joie et quelle
consolation pour celui-ci de voir son cher enfant suivre le même chemin de
fidélité, d’abnégation, de souffrances, de témoignage que son père dans la foi.
Ici, au v. 14, l’apôtre exhorte
Timothée à demeurer
dans les
choses qu’il a apprises, en opposition directe avec les méchants qui ne restent
pas stationnaires, mais vont de mal en pis. Quand il s’agit de la vérité
divine, il n’y a aucun développement à atteindre ; elle reste immuable
.
Nous pouvons y croître en connaissance, mais elle-même a son caractère absolu
d’éternité ; il nous suffit d’y demeurer. C’est une position acquise. Ces
choses, Timothée les avait jadis apprises devant plusieurs témoins et était
capable de les présenter à d’autres. Il était en opposition absolue avec ceux
qui « apprennent toujours », car il avait été « pleinement convaincu » de ces
choses. Il savait « de qui il les avait apprises ». Ces mots sont de toute
importance. Timothée les avait reçues directement de la bouche de l’apôtre
inspiré. De même nous les recevons directement des écrits inspirés de ce même
apôtre. Ce n’est pas que Dieu ne nous enseigne pas par ses serviteurs non
inspirés, mais nous sommes tenus de contrôler leur enseignement par la Parole
elle-même et, si nous ne le faisons pas, nous devenons facilement la proie de
doctrines erronées que nous aurions évitées si, au lieu de mettre notre
confiance dans l’homme qui nous les présente, nous les avions passées au crible
de la Parole.
Mais Dieu n’avait pas
seulement eu soin de mettre Timothée en rapport avec le porteur inspiré de sa
parole ; il l’avait, dès l’enfance, nourri des « saintes lettres » (Jean
7:15). Ces saintes lettres sont tout le contenu de l’Ancien Testament. Comme
cela nous est montré dans les Proverbes (4:1-9), il pouvait y puiser la sagesse
à salut, c’est-à-dire être préservé, sauvé des innombrables pièges placés sur
les pas du croyant, dans ces temps périlleux de la fin. Dans ce but il faut que
les choses apprises dans la Parole aient été reçues par la foi
. Christ
est l’objet de la piété (v. 12) comme il est l’objet de la foi (v. 15). Ce
dernier verset s’appuie sur l’Ancien Testament tel qu’un enfant peut le lire et
affirme qu’il est suffisant pour rendre sage à salut celui qui entre en contact
avec lui par la foi qui est dans le christ Jésus.
Vers. 16-17. — Toute
Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour
corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit
accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre
.
Mais, s’il y a ces moyens employés et ordonnés de Dieu, tels que l’éducation chrétienne, le contact avec les serviteurs de Dieu, la connaissance des saintes lettres, c’est-à-dire de la Bible, pour préparer dès l’enfance l’homme de Dieu à son service, la ressource suprême pour toute sa vie et toujours plus urgente, à mesure que se dessine davantage la décadence et la ruine, c’est l’Écriture, toute l’Écriture. Timothée avait saisi par la foi la vérité qui a Christ pour objet. Les Écritures qui contiennent cette vérité pouvaient lui fournir tous les éléments de son ministère en le rendant accompli pour toute bonne oeuvre.
Notez que le terme employé
ici n’est pas « la Parole », mais l’Écriture
. Cette remarque réduit à
néant la subtilité rationaliste, que la Parole est contenue dans les Écritures,
et que c’est la Parole et non pas l’Écriture qui est inspirée. Or, dans la
Parole elle-même ce terme l’Écriture ou les Écritures a la même portée, la même
valeur, le même sens, la même puissance, la même inspiration divine que cet
autre terme : la Parole, ou la parole de Dieu. Citons Rom. 3:10 ;
4:3 ; 10:11 ; Luc 24:27, 45, 46 ; Jean 5:47 ; 6:45 ;
10:35 ; enfin 2 Pierre 3:16. Ce dernier passage, comme celui que nous
considérons en ce moment, envisage spécialement les Écritures au point de vue
de la pleine révélation du Nouveau Testament
. Paul lui-même qualifie ses
propres écrits d’écrits prophétiques
(Rom. 16:26).
Au v. 16, l’apôtre commence
donc par établir l’inspiration divine de toute Écriture
(*), et nous avons vu ce que la Parole elle-même
entend par ce mot. L’apôtre ne nous présente pas ici le rôle de l’Écriture
inspirée pour apporter la lumière divine dans l’âme, pour convaincre de péché,
pour faire connaître le salut à des pécheurs perdus ; — il fait ressortir
la Ressource suprême
et absolue que l’Écriture offre à « l’homme de Dieu »
— en un temps où l’Assemblée, maison de Dieu, est en ruine — pour être
parfaitement accompli, en sorte qu’il glorifie Dieu dans toute sa marche.
(*) Nous ne tenons aucun
compte de l’effort des rationalistes pour prouver que ce passage qui les
condamne d’une manière si absolue ne signifie pas que toute l’Écriture soit
inspirée parce que le mot « est
» manque dans le premier membre de la
phrase et qu’il faut traduire « Toute écriture inspirée de Dieu est
utile ». Or il n’y a pas plus de « est
» dans le second membre de la phrase
que dans le premier.
Détaillons maintenant ce qui
nous est présenté dans ce passage. D’abord il n’y a pas une seule partie de
l’Écriture (toute
) qui ne soit utile. Ensuite elle est utile pour
quoi ? 1° Pour enseigner
, c’est-à-dire pour établir la doctrine
dans l’esprit de celui qui est mis en rapport avec la Parole. 2° Pour convaincre
,
c’est-à-dire pour parler à la conscience et l’atteindre, en sorte que le
croyant ait une base ferme pour ses rapports avec Dieu. 3° Pour corriger
:
l’Écriture exerce une discipline éducatrice comme cela nous est montré d’une
manière si frappante dans les Proverbes. 4° Pour instruire dans la justice
.
Nous retrouvons ici de nouveau le grand sujet des Proverbes. Il s’agit de nous
faire connaître et suivre un chemin dont le péché soit exclu, une marche à
l’abri de chutes, et caractérisée par la justice pratique ici-bas.
Dans le dernier verset nous trouvons les conséquences de l’enseignement des Écritures pour l’homme de Dieu, c’est-à-dire pour le croyant appelé à représenter Dieu dans ce monde (*). Ces conséquences sont qu’il sera « accompli et entièrement accompli (ou formé) pour toute bonne oeuvre ». Avant de les appliquer aux autres, l’homme de Dieu commence par s’appliquer à lui-même les enseignements de la Parole ; or c’est une vérité capitale pour l’exercice de son ministère. Sans cette application individuelle aucun effet ne peut être produit. La Parole nous forme pour que nous soyons le modèle et la présentation vivante (1 Tim. 1:16) de ses résultats, quand nous sommes appelés à en exercer le ministère.
(*) Voyez : Étude sur 1 Timothée, chap. 6:11.
Telle est la suprême ressource
en des temps fâcheux,
et remarquons-le bien, c’est avec elle que proprement cette épître se termine.
Le dernier chapitre développera encore les formes du mal chez ceux qui auraient
dû assister l’apôtre, les exhortations à Timothée de se maintenir comme témoin
fidèle, la manière dont l’apôtre envisage la fin de son propre témoignage, mais
il ne nous parle plus de Ressources depuis qu’il a établi la Ressource suprême
dans les versets 16 à
17 de ce chapitre.
Vers. 1-2. — Je t’en
adjure devant Dieu et le christ Jésus, qui
va juger vivants et morts, et par son apparition et par son règne : prêche
la Parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte,
avec toute longanimité et doctrine.
Cette adjuration nous montre combien le sujet dont il va être question importe au coeur de l’apôtre. C’est la partie culminante des exhortations adressées à Timothée ; aucune n’est aussi imposante que celle-ci. L’adjuration est faite en présence de Dieu et de Jésus Christ et contient la pensée de l’immense solennité de cette présence. Le Seigneur nous est présenté ici sous deux aspects
1° Comme Juge
, il va
juger vivants et morts. Ce jugement prochain est la raison urgente
de
l’adjuration. En effet, dès la formation de l’Église, le Seigneur a commandé à
ses disciples de « prêcher au peuple et d’attester que c’est Lui qui est établi
de Dieu juge des vivants et des morts » (Actes 10:42).
2° Comme dispensateur des
récompenses
à ses serviteurs, l’apôtre nous le montre ici (il y reviendra
plus tard au v. 8) lors de Son apparition et de Son règne. C’est surtout la
récompense de ses serviteurs à son apparition
, qui occupe ici la pensée
de Paul. Quand il régnera
, tous ses ennemis auront été mis sous ses
pieds et il ne sera plus nécessaire de tenir ferme pour l’Évangile, la victoire
ayant été remportée par Christ sur tout ce qui s’est opposé à ses desseins de
grâce (1 Cor. 15:25).
À quoi Timothée est-il
adjuré ? Tandis que, au chap. 3:14 il était exhorté à demeurer dans les
choses qu’il avait apprises, il est adjuré ici à les prêcher
, à les
annoncer au-dehors. Timothée avait commencé par recevoir ces vérités pour
lui-même et, d’une manière générale, toute la Parole inspirée de Dieu.
Maintenant, le vase étant rempli, et c’est pour cela qu’il l’avait été, il
devait se vider au profit des autres. Le temps pressait, la venue du Seigneur
était proche. Il fallait insister
, même hors de temps
, sans
attendre, comme en Éph. 5:16 et Col. 4:5, l’occasion, pour la saisir. Il
fallait convaincre
(1 Tim. 5:20), atteindre la conscience, provoquer la
repentance chez ceux qui, jusqu’ici, avaient été indifférents. Il fallait reprendre
ceux qui s’étaient laissés entraîner dans le courant du monde. Il fallait exhorter
ceux qui perdaient courage ou devenaient timides en présence du débordement du
mal. Ce travail exigeait toute longanimité
, de la patience, de la
douceur en même temps que de la fermeté, seul moyen de convaincre sans soulever
de l’opposition. Timothée devait en outre s’appuyer exclusivement sur la doctrine
,
contenue dans cette Écriture inspirée dont l’apôtre venait de parler.
Vers. 3-4. — Car il y aura
un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des
oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres
convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront
vers les fables
.
L’heure était solennelle, le
temps pressait, car un temps allait venir où les âmes ne supporteraient pas le
sain enseignement de la parole de Dieu (voyez 1:13) ; où toute prédication
serait vaine et de nul effet. Ces gens s’amasseraient des docteurs selon leurs
propres convoitises et courraient après les imaginations de leurs coeurs. Au
chap. 2:18, c’étaient les faux docteurs qui les entraînaient vers leurs erreurs
mortelles ; ici, ce sont eux-mêmes qui, faisant un pas de plus dans le
mal, veulent ces docteurs, les choisissent, se les établissent comme
conducteurs, afin qu’ils répondent, en les encourageant et en les approuvant,
aux convoitises de leurs propres coeurs. La conséquence était que leurs
oreilles ne pourraient plus supporter la vérité
, celle-ci n’ayant
désormais aucun goût, aucun sel pour eux, et qu’ils se tourneraient vers des fables
d’invention humaine (car il faut bien croire à quelque chose), lesquelles
remplaceraient l’Écriture. Pourrions-nous nous cacher qu’aujourd’hui ce
temps-là n’est plus à venir, mais est venu
?
Vers. 5. — Mais toi, sois
sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’oeuvre d’un évangéliste,
accomplis pleinement ton service
.
En contraste avec ces gens, Timothée avait à déployer tous les caractères d’un vrai témoin, d’où les mots : « Mais toi », que nous avons déjà rencontrés avec la même intention au chap. 3:10 et 14.
« Sois sobre en toutes choses ». Son caractère devait être complètement opposé à ceux qui, sous l’influence des faux docteurs qu’ils s’étaient choisis, s’enivraient des doctrines fatales qui leur étaient servies. Nourri de la Parole, Timothée pouvait garder son coeur et ses pensées éloignés de tous les principes par lesquels le monde enivre les âmes.
« Endure les souffrances ». Cette épître nous a déjà montré maintes fois que telle est la part d’un chrétien fidèle, en un temps où la maison de Dieu est devenue une grande maison, contenant les éléments les plus disparates. Les dangers des enfants de Dieu au milieu de cet état de choses, l’indifférence croissante à la vérité, la défection de ceux sur la fidélité desquels on avait cru pouvoir compter, les calomnies destinées à ruiner moralement les vrais témoins, les assauts contre la parole de Dieu, l’état des assemblées entraînées dans le courant du monde, étaient autant de causes de souffrance pour l’apôtre et devraient l’être pour nous que la fin des siècles a atteints. Timothée est exhorté à endurer ces souffrances. Le Seigneur ne l’avait-il pas fait et l’apôtre n’avait-il pas fidèlement suivi ce divin modèle ? (1:8, 12 ; 2:2, 9, 12 ; 3:11 ; 4:5).
« Fais l’oeuvre d’un évangéliste ». Nous ne devons pas en conclure que ce ne fût pas proprement le don de Timothée, mais l’évangélisation devait être mentionnée, parce que la fonction assignée à Timothée était la conduite de la maison de Dieu et cette seconde épître nous montre que la grâce l’avait placé là comme témoin d’un chemin selon Dieu au milieu de la ruine. Or l’état de cette maison exigeait que la prédication revêtît le caractère de l’évangélisation. Il y avait dans ce milieu un grand nombre d’âmes, aujourd’hui la plupart, entièrement étrangères à la grâce et qui devaient être amenées à Christ par l’Évangile. C’était là qu’il fallait convaincre ceux qui ne tenaient au christianisme que par une profession sans vie.
« Accomplis pleinement ton service ». Nous allons voir (v. 7) que l’apôtre l’avait accompli ; il désirait que son enfant dans la foi fît de même. Ne devons-nous pas aussi prendre à coeur cette exhortation, nous qui sommes si près du temps où il ne sera plus possible à ces professants de revenir en arrière, car un aveuglement judiciaire les empêchera de prévoir la ruine subite qui viendra sur eux. En ce temps-là, il sera dit : « Que celui qui est injuste commette encore l’injustice ! » (Apoc. 22:11).
Vers. 6-8. — Car, pour
moi, je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé ; j’ai
combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi :
désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me
donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui
aiment son apparition
.
Au moment de son départ, l’apôtre passe en revue toute sa carrière. Il la résume en trois points : 1° « J’ai combattu le bon combat ». Il ne s’agit pas ici de la victoire remportée sur l’Ennemi comme cela a lieu en Éph. 6 et en tant d’autres passages, mais du combat où l’on est donné en spectacle, les anges et les hommes en étant spectateurs. C’est le « combat dans la lice » du chap. 2:5 ; le bon combat de la foi et pour la foi, dont il est question en 1 Tim. 1:18 ; 6:12 ; Jude 3 ; 1 Cor. 9:25. En effet, il s’agissait de démontrer à tous les yeux ce que c’est que la foi qui nous amène à la victoire finale sur le monde, en surmontant tous les obstacles. C’est le même combat dont il est parlé en Phil. 1:16, 30, la défense de l’Évangile que les Philippiens avaient soutenue.
2° « J’ai achevé la course ». Notre course a une grande nuée de témoins ; ils nous entourent et l’ont eux-mêmes achevée (Héb. 12:1). C’était ce que l’apôtre désirait pour lui-même en parlant aux anciens d’Éphèse (Actes 20:24) et ce qu’il réalise ici. Il était arrivé au bout de la carrière touchant déjà (comme il est dit en 1 Tim. 6:12) de la main la vie éternelle.
3° « J’ai gardé la foi » ; c’était le bon dépôt qui avait été confié à Timothée (1 Tim. 6:20), que l’apôtre l’exhorte à garder et dont il pouvait dire que lui-même l’avait gardé. « La foi » est l’ensemble des vérités bénies confiées au fidèle et dont aucune ne devait être abandonnée ni négligée. Combien il est important aujourd’hui de « garder la foi » !
Ainsi toute la vie chrétienne, dont les jeux olympiques étaient le symbole, la lutte pour la foi, la course de la foi, la défense de la foi, voilà ce que l’apôtre avait accompli fidèlement jusqu’au bout de sa carrière.
Tout cela étant achevé, il y
avait encore devant lui la couronne de justice, réservée à tous ceux qui, comme
lui, auront gardé la foi. Cette couronne est incorruptible (1 Cor. 9:24-26).
C’est le juste juge, c’est-à-dire Celui dont la justice est le caractère, qui
la donne. Il présidera à la solennité et distribuera les récompenses « dans ce
jour-là », jour de l’apparition
du Seigneur que l’apôtre attendait (2
Tim. 1:12, 18 ; 2 Thess. 1:10). La venue
(Parousie) du Seigneur en
pure grâce pour enlever les siens ne manifestera pas la fidélité des
serviteurs ; c’est à Son apparition
que ce qu’ils auront fait et
souffert pour Lui sera mis en pleine lumière et récompensé. Alors l’apôtre ne
sera pas seul. Tous ceux qui désirent être approuvés de Lui, après la victoire
remportée, tous ceux qui ne craignent pas d’affronter les difficultés, pourvu
qu’à la distribution des prix le Seigneur leur exprime sa satisfaction, tous
ceux-là aiment Son apparition. Cependant, pour eux, le but du combat et le
motif de la course n’est pas la récompense, mais la gloire et la satisfaction
de Celui qui a ordonné ce spectacle et le préside.
C’est ici que se termine le sujet capital de cette épître que l’on pourrait intituler ainsi : Les diverses responsabilités et les ressources du fidèle au milieu des ruines de la chrétienté professante.
Vers. 9-13. — Empresse-toi
de venir bientôt auprès de moi, car Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent
siècle ; et il s’en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en
Dalmatie ; Luc seul est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi, car il
m’est utile pour le service. Or j’ai envoyé Tychique à Éphèse. Quand tu
viendras, apporte le manteau que j’ai laissé en Troade chez Carpus, et les
livres, spécialement les parchemins
.
Nous revenons maintenant aux circonstances de l’apôtre qui nous représentent clairement la dernière phase de l’Église responsable, montrée en abrégé et vue par anticipation, et comme prophétiquement, dans les derniers événements de la vie de Paul.
Si tous ceux qui étaient en
Asie s’étaient détournés de lui au moment de sa capture et de son second
emprisonnement, combien il lui était plus douloureux encore de voir un Démas,
son collaborateur dans l’oeuvre (Col. 4:14 ; Philém. 24). associé
jusque-là avec Luc qui maintenant reste seul compagnon de l’apôtre, de voir,
dis-je, Démas l’abandonner. Hélas ! la cause de cet abandon nous est
donnée : Démas avait aimé le présent siècle
. Peut-être
ambitionnait-il dans le monde quelque position que ses relations avec Paul
auraient pu compromettre. Nous ne le savons pas, mais ce qui est certain, c’est
qu’en abandonnant l’apôtre il était en contradiction absolue avec le but de
l’oeuvre de Christ pour les siens. (Gal. 1:4). Démas avait quitté Rome dans ce
dernier emprisonnement de Paul et s’en était allé à Thessalonique. La
persécution mentionnée en 2 Thessaloniciens avait sans doute cessé alors. Quels
étaient les motifs de Crescens et de Tite ? Une chose semble certaine, c’est
que l’apôtre ne les avait pas envoyés comme Tychique (v. 12). Ces motifs nous
sont inconnus. Peut-être étaient-ils en rapport avec l’oeuvre du Seigneur.
C’est ce qu’on peut inférer du silence de Paul ; mais, pour nous, une
sérieuse leçon s’en dégage. Nous pouvons avoir plus d’un motif sérieux qui nous
sollicite quant à notre activité chrétienne. Défions-nous du motif qui nous
fait éviter un danger et des difficultés quand il s’agit de l’oeuvre.
N’était-il pas de première nécessité, et comme un motif primant tous les
autres, de se tenir aux côtés de l’apôtre devant le tribunal ? N’en
était-il pas de même pour les disciples lors du jugement de leur
Seigneur ? On peut avoir des motifs très plausibles d’activité dans
l’oeuvre et cependant n’être pas à la hauteur d’un réel dévouement pour Christ.
L’attitude de Marie qui ne la mettait aucunement en relief n’était-elle pas
mille fois supérieure à celle de Marthe, et cependant, qui aurait pu dire que
Marthe ne devait pas servir ? « Luc seul est avec moi ». Depuis le jour où
il avait associé son sort à celui de l’apôtre (Actes 16:10), Luc semble ne plus
l’avoir quitté ; service désintéressé, prouvé par le fait que Luc ne parle
jamais de lui-même, tandis que c’est l’apôtre qui parle de lui (Col.
4:14 ; Philém. 24). Combien la défection de Démas dut être douloureuse à
Luc lui-même ! Mais de quel honneur la fidélité de ce dernier ne fut-elle
pas récompensée quand, à lui qui n’était pas apôtre, fut confiée la rédaction
inspirée de deux des livres principaux du Nouveau Testament ! « Prends Marc
et amène-le avec toi, car il m’est utile pour le service ». Touchante
recommandation ! C’est Marc, autrefois entraîné loin de l’apôtre par
Barnabas, qui est de nouveau ramené par l’apôtre lui-même. Le voilà réhabilité
et restauré, retrouvant publiquement la communion avec Paul et par conséquent
avec le Seigneur. (voyez Actes 15:35-38). Mais déjà les Colossiens avaient
précédemment reçu des ordres à son sujet qui le réhabilitaient auprès de
l’Assemblée (Col. 4:10). Ce fait aussi nous donne une instruction très utile.
Un acte, jugé de tous, et jetant un jour défavorable sur un frère (nous ne
parlons pas, cela va sans dire, d’un cas de retranchement) ne doit pas amener
un jugement durable sur son caractère
. Paul nous en fournit la preuve
dans la manière dont il apprécie Marc. Son aptitude au service n’avait pas été
mise en question par le fait que ce service avait été, pour ainsi dire, dévoyé.
Il y avait néanmoins des
départs qui ne pouvaient encourir aucune désapprobation : celui de
Tychique, par exemple. Si l’apôtre l’avait envoyé
à Éphèse, c’était pour
les besoins d’un service approuvé du Seigneur. Tychique entre en scène après le
tumulte d’Éphèse (Actes 20:4). Il est de la province d’Asie, frère bien-aimé,
fidèle serviteur, envoyé par l’apôtre pour réconforter l’assemblée d’Éphèse où
Paul avait tant souffert (Éph. 6:21-22) ; envoyé de même auprès des
Colossiens (Col. 4:7-9) pour consoler leurs coeurs ; toujours envoyé par
l’apôtre en Tite 3:12. Tychique était donc un frère particulièrement doué pour
porter de fidèles messages, pour encourager, pour affermir. Nous pourrions
l’appeler le consolateur
des assemblées. Précieuse fonction, surtout
dans un temps de déclin !
Comme dans toutes les autres « Écritures », l’apôtre était inspiré, ne fût-ce que pour parler de son manteau, des livres, des parchemins. Cette simplicité est très remarquable dans un pareil écrit. Comme son Maître, l’apôtre ne planait pas au-dessus des têtes des hommes. Il partageait les mêmes circonstances ; il avait besoin de se garantir du froid, ce qui, en passant, nous initie à la rigueur de sa seconde captivité ; il lui fallait un matériel durable pour écrire ; « les livres » étaient des portions de la Parole (Dan. 9:2). Les circonstances de sa vie de chaque jour étaient ainsi amenées, conduites ou supprimées sous la direction du Saint Esprit.
Vers. 14-18. — Alexandre,
l’ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté ; le
Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Garde-toi aussi de lui, car il s’est fort
opposé à nos paroles. Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais
tous m’ont abandonné : que cela ne leur soit pas imputé. Mais le Seigneur
s’est tenu près de moi et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût
pleinement accomplie et que toutes les nations l’entendissent ; et j’ai
été délivré de la gueule du lion. Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise
œuvre, et me conservera pour son royaume céleste. À lui la gloire, aux siècles
des siècles ! Amen
.
Il est possible, mais nullement prouvé, que cet Alexandre, l’ouvrier en cuivre, soit celui qui est mentionné en 1 Tim. 1:20 comme associé à Hyménée pour avoir prononcé des blasphèmes. On pourrait avoir quelque raison de le penser, parce que sa grande méchanceté envers l’apôtre pourrait provenir de ce que celui-ci l’avait livré à Satan, enfin à cause de la sentence finale, prononcée sans appel, et terrible dans la bouche d’un apôtre : « Le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres ». Cette sentence s’expliquerait du fait que cet homme ne s’était pas repenti. Timothée est aussi exhorté à se garder de lui parce qu’il s’est fort opposé aux paroles de Paul. Or ces paroles étaient la parole de la prédication dont l’apôtre dit qu’elle est véritablement la parole de Dieu (1 Thess. 2:13). Si ces deux Alexandre sont un seul personnage cela donnerait à ce passage une solennité particulière. D’autres font avec moins de raison de cet Alexandre celui d’Actes 19:33.
Paul, libéré d’abord de sa
première captivité, puis repris, reconduit à Rome et emprisonné, avait comparu
devant le tribunal pour une première défense où personne ne s’était tenu à son
côté, où tous
l’avaient abandonné. N’en avait-il pas été de même pour
son Seigneur et Maître ? (Matt. 26:56 ; Marc 14:50). Et quel
contraste avec le commencement de la carrière de Celui-ci, où ses disciples
avaient tout quitté pour le suivre ! (Luc 5:11).
L’abandon où l’apôtre était
laissé peut, à bon droit, fendre le coeur, mais je me demande si celui du
Seigneur nous affecte de la même manière. Tel sera le cas si nous réalisons la
perfection de son humanité, de sa sainteté et de son amour divin. Quant à Paul,
si semblable à son Sauveur, personne ne s’était tenu près de lui pour plaider
en sa faveur, pour se porter garant de son caractère, de ses intentions, de sa
conduite. Mais quel contraste entre ce qu’il demande pour ses frères, si lâches
dans leur conduite, et ce qu’il a proféré contre Alexandre ! « Que cela,
dit-il, ne leur soit pas imputé
! » Il intercède pour eux, comme fit
le Seigneur pour le peuple, comme fit Étienne pour ceux qui le lapidaient.
N’est-ce pas le triomphe de la grâce ?
Dans cette première défense,
néanmoins, Paul n’était pas seul. « Le Seigneur », dit-il, « s’est tenu près de
moi et m’a fortifié ». Si son coeur souffrait de cet abandon, sa force allait en
augmentant, parce que le Seigneur, source de toute miséricorde et de toute
force, était avec lui. « Bienheureux l’homme dont la force est en toi… il
marche de force en force » (Ps. 84). Le Seigneur accomplissait ses desseins de
grâce jusqu’au bout et honorait son apôtre en faisant de lui l’agent de ces
desseins. « La prédication était pleinement accomplie » par lui. Il était en
exemple à son cher Timothée, auquel il avait dit : « Accomplis pleinement
ton service » (v. 5). Il ne restait désormais plus rien à ajouter à sa prédication.
D’autres la reprendraient par milliers, après l’apôtre, mais il n’y avait plus
de sujet nouveau
à présenter ; tout cela avait été fait par
l’apôtre ; en sorte que tout ce qu’on chercherait à y ajouter plus tard,
non seulement n’avait aucune valeur, mais était en pure et simple opposition
avec la pensée de Dieu (*). Il fallait en
outre, comme le Seigneur l’avait dit à son cher serviteur, que toutes les
nations entendissent la prédication de l’Évangile (Actes 26:17-18).
L’apôtre ajoute : « J’ai été délivré de la gueule du lion ». Le lion rugissant qui rôdait autour de lui fut cette fois réduit au silence, pour revenir bientôt accomplir son oeuvre meurtrière sur le corps de l’apôtre bien-aimé, qui suivait ainsi jusqu’au bout les traces de son Maître (Ps. 22:21) ; mais Satan ne put empêcher, non, pas même un seul instant, que la prédication fût pleinement accomplie.
(*) Il va sans dire que nous ne faisons pas allusion ici aux écrits composant « l’Écriture » dont la liste n’était pas close lors de la seconde épître à Timothée.
Ce retour de l’Ennemi dont la
Parole ne nous entretient pas, sauf pour nous dire que le temps du départ était
arrivé pour Paul, n’avait aucune influence sur la confiance et sur la joie
triomphante de l’apôtre. Il savait que si le Seigneur ne le délivrait pas du
martyre, il le délivrerait, jusqu’au bout, « de toute mauvaise oeuvre » et le
conserverait pour son royaume céleste. Ainsi son activité pourrait glorifier
Dieu jusqu’au dernier moment et s’il était retranché de ce monde, c’était pour
jouir éternellement du royaume céleste que le Seigneur établirait à son
apparition avec tous les saints. « À Lui soit la gloire aux siècles des siècles.
Amen ! » dit l’apôtre en pensant à la gloire future de Christ pour le
royaume duquel il sera conservé
.
V.
19-22. — Salue Prisca
et Aquilas et la maison d’Onésiphore.
Éraste est demeuré à Corinthe, et j’ai laissé Trophyme malade à Milet.
Empresse-toi de venir avant l’hiver. Eubulus et Pudens, et Linus et Claudia, et
tous les frères, te saluent. Le Seigneur Jésus Christ soit avec ton esprit. Que
la grâce soit avec vous !
Timothée devait saluer Prisca et Aquilas. Ces chers compagnons de l’apôtre étaient retournés à Éphèse où Timothée pouvait les voir, quelque nouvel édit les ayant chassés de Rome (Actes 18:1-3, 26 ; 1 Cor. 16:19 ; Rom. 16:3 ; 2 Tim. 4:19). Il semblerait qu’Onésiphore n’était pas rentré dans sa famille. Éraste, quand Paul fut de nouveau saisi, était resté à Corinthe, ce qui n’implique pas un blâme. Paul avait laissé Trophyme (Actes 20:4 ; 21:29) malade à Milet, ce qui prouve que 2 Timothée a été écrit après la première et lors d’une seconde captivité de Paul. Ce fait montre encore que la puissance miraculeuse des apôtres était exercée au service du Seigneur et non pour leurs intérêts particuliers. La recommandation de venir avant l’hiver est touchante et fait penser au manteau laissé en Troade. — Eubulus, Pudens, Linus, Claudia, ne sont pas nommés autre part dans la Parole. Tout ce qui a été dit sur leur compte par les commentateurs ne mérite aucune créance.