par H. Rossier
Table des matières :
Avant d’entreprendre une étude détaillée de cette épître, il nous semble utile de rappeler en quelques mots ce qu’est l’Église (ou l’Assemblée) telle que l’épître aux Éphésiens et quelques autres passages nous la présentent, et ce qu’est cette même Assemblée dans les trois épîtres (1, 2 Timothée et Tite) appelées avec plus ou moins de raison les « épîtres pastorales ».
L’épître aux Éphésiens nous présente l’Assemblée sous tous ses aspects, sauf un ; les trois épîtres en question sous le seul aspect qui manque dans l’épître aux Éphésiens. Voici comment l’Assemblée nous est présentée dans cette dernière :
1° Elle est, avant tout, le Corps de Christ
sur la terre
(1:23), composé de tous les croyants vivants, formés en unité. Cette unité
abolit toute distinction entre Juifs et Gentils et forme un ensemble
indissolublement lié par le Saint Esprit avec Christ, Tête glorifiée de son
corps, dans le ciel. C’est un « mystère » dont l’apôtre Paul seul est
l’administrateur. Malgré la ruine actuelle de l’Assemblée,
nous pouvons encore, et ne fussions-nous que deux ou trois, manifester cette
unité à la table du Seigneur, selon 1 Cor. 10:17 ; immense privilège pour
ceux qui en ont compris la portée !
2° L’Église est l’Épouse de Christ (5:24-27). Le Seigneur s’en occupe pour la purifier par la Parole, pendant sa marche ici-bas, avant de la recueillir auprès de Lui dans la gloire. Ici encore, malgré la ruine de l’Église, quiconque réalise, comme une chose actuelle, l’amour sans bornes de Christ par lequel il s’est livré lui-même pour son Épouse, comprendra, dans les fibres les plus intimes de son coeur, qu’il en fait partie, en jouira comme d’une réalité profonde qui s’adresse à ses affections, et s’écriera avec elle, dans la puissance du Saint Esprit qui l’anime : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22:17).
3° L’Assemblée est un temple saint que le Seigneur lui-même édifie sur le fondement des apôtres et prophètes et dont Jésus Christ lui-même est la maîtresse pierre du coin, un édifice en croissance jusqu’à ce que son divin architecte y ait ajouté la dernière pierre. Ainsi, construite par Lui, cette maison de Dieu est un édifice parfait (Éph. 2:19-21).
La même vérité nous est présentée en Matt. 16:16-18. C’est sur la confession de Christ, déclaré, par sa résurrection, Fils du Dieu vivant, que le Seigneur bâtit son Assemblée. Pierre est une des pierres de cet édifice contre lequel les portes du hadès ne peuvent rien. Ici encore l’oeuvre toute entière dépend de Christ seul et Satan lui-même est impuissant pour la détruire. En 1 Pierre 2:5, nous trouvons quelque chose d’analogue. Christ y est la pierre vivante, rejetée des hommes, mais choisie et précieuse aux yeux de Dieu. Nous nous approchons de lui comme des pierres vivantes et sommes édifiés sur lui comme une maison spirituelle. Qu’il y ait des instruments pour apporter ces pierres ne fait aucun doute, mais ici la Parole, faisant abstraction de toute instrumentalité humaine, nous montre que l’édifice n’est composé que de pierres vivantes.
4° Nous sommes édifiés ensemble dans le Seigneur pour être une habitation de Dieu par l’Esprit
(Éph. 2:22). Il y a donc dans ce monde une chose
telle qu’un lieu où Dieu lui-même habite par son Esprit. Ici, de nouveau, rien
n’est laissé à la responsabilité de l’homme. Ce n’est pas lui qui édifie, c’est
Dieu lui-même qui veut avoir une habitation ici-bas. Ce grand fait s’est
réalisé par l’effusion du Saint Esprit à la Pentecôte et a été complété par
l’introduction des Gentils dans l’Assemblée
chrétienne.
Tels sont les divers aspects offerts jusqu’ici par l’Assemblée. C’est Dieu lui-même qui fait l’ouvrage, aussi n’existe-t-il proprement pas de différence entre ce qui constitue le corps, l’Épouse, l’édifice, ou la maison. Tous, lors de leur formation, sont composés des mêmes éléments. L’oeuvre qui les réunit en un est parfaite, parce qu’elle est divine.
Mais il est vrai aussi que Dieu confie l’édification de sa
maison
dans ce monde à la responsabilité de ceux qui en font partie.
L’ouvrage de l’homme y entre alors pour une part ; et c’est ce que nous présente d’une manière évidente le troisième chapitre de la
première épître aux Corinthiens. Paul avait posé, comme un sage architecte, le
fondement qui est Christ, et personne ne peut poser d’autre fondement que
celui-là. Chacun avait à voir comment il édifierait sur ce fondement. Dieu
avait d’abord, comme pour toute création, fait tout cela fort bon, mais le
moment vient où il confie son oeuvre à l’homme. Comment ce dernier va-t-il
s’acquitter de son travail ? En dépit de ce qui pourra arriver, Dieu
continue son oeuvre et l’achèvera ; mais, confiée à l’homme, il est prouvé
que, si certains ouvriers sont de bons ouvriers, faisant de bon ouvrage,
d’autres, hélas ! tout en étant de bons ouvriers,
font de mauvais ouvrage, et qu’enfin une troisième classe est composée de
mauvais ouvriers qui corrompent et détruisent le temple de Dieu.
L’oeuvre des ouvriers peut consister dans l’introduction de bonnes ou mauvaises personnes, de bonnes ou mauvaises doctrines. Il reste cependant toujours vrai que, même considéré sous cet aspect, l’édifice n’en est pas moins le temple de Dieu, la maison de Dieu. Il en était ainsi du temple de Jérusalem quand le Seigneur disait : « Il est écrit : Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs » (Luc 19:46). Cependant, comme telle, elle n’avait pas cessé d’être appelée la maison de Dieu. Cette maison est au fond toujours l’ouvrage de Christ : malgré les éléments impurs que l’homme y a introduits ; malgré les mauvais matériaux qui la déparent, le fondement en a été posé « par un sage architecte », l’apôtre Paul, qui n’a pas manqué à sa tâche. Aussi, quelle que soit sa corruption, cette maison subsiste aussi longtemps que Dieu y habite par son Esprit. Mais il arrivera un moment où elle ne contiendra plus de bons matériaux, lorsque l’Esprit remontera au ciel avec l’Épouse, et que le Seigneur vomira de sa bouche, comme une chose dégoûtante, ce qui avait porté son nom.
Toutefois n’oublions pas qu’appartenir à la maison de Dieu, même
responsable, ici-bas, est un immense privilège. Quelle que soit la condition
morale de cette maison, elle reste un lieu où Dieu habite par son Esprit. On ne
trouve pas ce lieu partout dans le monde, Dieu n’habitant par son Esprit ni
dans le Mahométisme, ni même dans le Judaïsme. C’est dans ce lieu-là qu’on
rencontre la vie unie à la profession chrétienne ; mais, hélas ! aussi la profession chrétienne sans la vie, devenant pour
ceux qui n’ont que la profession la cause même de leur condamnation. C’est là
que l’on trouve, d’autre part, l’Esprit et ses
manifestations diverses, la vérité, la parole inspirée, l’Évangile
du salut, le témoignage. En séparant la profession
de la vie,
Satan a fait une
oeuvre de destruction. Cette oeuvre néfaste, basée sur la mondanité qui s’est
introduite dans l’Église, et accompagnée de fausses
doctrines et de légalisme, a commencé de bonne heure, du temps des apôtres,
comme nous le voyons dans les Épîtres et dans les Actes. N’est-il pas frappant
que ces choses soient annoncées aux anciens d’Éphèse, assemblée où les vérités
les plus élevées du christianisme avaient été proclamées et appréciées (Actes
20:29-30) et que ce soit encore à Éphèse que Timothée ait à les réprimer ?
(1 Tim. 1:3). En 2 Tim. le mal progressant, la maison de Dieu est devenue une grande
maison contenant des vases à déshonneur dont il faut se purifier, car le
chrétien ne peut sortir de la maison elle-même.
C’est donc sur le terrain de la maison de Dieu responsable, que nous introduisent les épîtres à Timothée et celle à Tite ; seulement, dans la première épître à Timothée nous trouvons encore la maison de Dieu, comme « Assemblée du Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité » ; les chrétiens responsables de son ordre et de son fonctionnement ; le mal existant et cherchant à se faire valoir dans l’Assemblée ; une digue mise par le Saint Esprit à son débordement, par l’activité du fidèle Timothée, délégué de l’apôtre. En 2 Tim. nous trouvons une grande maison avec un mélange profondément attristant de vases à honneur et à déshonneur, mais en même temps, chose infiniment consolante, un chemin révélé pour le jour actuel, jour de ruine irrémédiable, au milieu de ces décombres ; un chemin dans lequel le Seigneur peut être glorifié par les fidèles comme aux plus beaux jours de l’édification de la maison de Dieu.
Il est évident que les épîtres à Timothée ne nous transportent pas, comme celle aux Éphésiens, dans les lieux célestes. Il s’agit ici d’un témoignage rendu au Seigneur sur la terre, et caractérisé par l’ordre et la discipline selon Dieu, ordre que les anges sont appelés à contempler, de manière à voir le Dieu invisible dans l’assemblée de ceux qu’il a sauvés.
Vers. 1-2. — Paul, apôtre
de Jésus Christ, selon le commandement de Dieu notre Sauveur et du
Christ Jésus notre espérance, à Timothée, mon véritable enfant dans la
foi : Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et du Christ
Jésus notre Seigneur !
Les versets que nous venons de citer commencent par établir les
seules bases selon lesquelles l’homme entre en relation avec Dieu et qui seront
détaillées dans la suite de ce chapitre. Ces bases étaient le sujet du
ministère de l’apôtre. Dieu se présente ici avec un titre qu’on ne lui voit que
dans les « épîtres pastorales ». Non pas qu’il ne soit appelé autre part (comme,
par exemple, en Luc 1:47) « Dieu mon Sauveur », ou « notre Sauveur » , mais nous le rencontrons ici avec ce titre pour ainsi
dire unique et primordial : Ce qui caractérise, dans ce passage, sa
divinité en elle-même, c’est le salut. Ce salut est présenté selon sa portée
universelle. En nous approchant de Dieu, nous ne le rencontrons que dans ce
caractère. Sans doute il est le Juge, le Dieu souverain, le Créateur, le Saint,
etc., mais, dans le jour actuel, il se révèle seulement
comme Dieu
Sauveur
. Quel titre précieux ! Quelle grâce incomparable ! Il
faudra que les pécheurs le rencontrent une fois comme Juge, mais actuellement
il ne revêt qu’un titre, celui du Dieu qui fait grâce. Quand les hommes
d’aujourd’hui devront paraître devant Lui, pourront-ils s’excuser de ne pas
avoir été sauvés quand il ne s’était révélé au monde sous aucun autre
titre ?
Paul était apôtre selon son commandement. Comme Dieu éternel
,
il lui avait donné un commandement, une mission spéciale en vue de la
révélation du mystère de l’Église (Rom. 16:25-26),
mais ici le commandement était en vue de faire connaître au monde que le Dieu
Sauveur s’est révélé en Jésus Christ et que le salut ne peut être obtenu que
par Lui. Ce commandement exige l’obéissance de la foi ; il est inséparable
de la personne du Christ Jésus, « notre espérance », le seul auquel un pécheur
puisse se confier, la seule et unique planche de salut offerte à l’homme perdu.
Mais ces choses ne peuvent être proclamées que par un homme qui
a commencé par les recevoir pour lui-même ; et c’est ainsi que Paul les
avait reçues directement du Seigneur et que son « véritable enfant » Timothée les
avait reçues par son canal. Aussi trouvons-nous dans ces deux versets les
éléments sur lesquels sont fondées les relations de tout individu
avec
Dieu. Pour Paul, comme pour Timothée, le Dieu Sauveur est « notre
Dieu
Sauveur », leur Dieu Sauveur à tous deux
; le Christ Jésus est « notre
espérance » ; Dieu est « notre
Père » en vertu du salut ; Christ notre
Seigneur comme ayant acquis tous les droits sur Paul et sur Timothée. Ces
bénédictions étaient acquises à tous deux par la foi
et c’est par elle
que Timothée était devenu l’enfant de l’apôtre.
La salutation de Paul à Timothée apporte à celui-ci grâce et paix, mais, en outre, « miséricorde », terme qui ne se trouve que dans les épîtres adressées à un individu (*). C’est, en effet, ce dont nous ne pouvons nous passer pour notre vie de chaque jour. L’apôtre lui-même, appelé par Dieu à sa mission, que serait-il devenu sans la miséricorde ? (v. 13).
(*) Dans l’épître à Tite la leçon est douteuse.
Vers. 3-7. — Comme je t’ai prié de rester à Éphèse lorsque
j’allais en Macédoine, afin que tu ordonnasses à certaines personnes de ne pas
enseigner des doctrines étrangères, et de ne pas s’attacher aux fables et aux
généalogies interminables, qui produisent des disputes plutôt que l’administration
de Dieu, qui est par la foi… Or la fin de l’ordonnance, c’est l’amour qui
procède d’un coeur pur et d’une bonne conscience et d’une foi sincère, desquels
quelques-uns s’étant écartés, se sont détournés à un vain babil, voulant être
docteurs de la loi, n’entendant ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils
insistent
.
Le service confié à Timothée est plus élevé et plus étendu que celui de Tite. D’abord, quant à la sphère où elle se déploie, l’activité de Timothée s’exerce à Éphèse, lieu où les doctrines les plus élevées quant à la position céleste de l’Assemblée avaient été proclamées et reçues dans la puissance du premier amour. Par contre, le lieu d’activité de Tite est la Crète, dont l’état moral habituel est suffisamment caractérisé dans l’épître qui lui est adressée.
Quant au mandat lui-même, celui de Tite est l’établissement des anciens, mais avec insistance particulière sur le sain enseignement que soit eux, soit les jeunes gens, devaient retenir et garder.
Le mandat de Timothée va plus loin. L’ordonnance
qui lui
est confiée a pour but, avant tout, la conduite de chacun dans la maison de
Dieu, et non pas seulement ce qui convient à ceux qui exercent des charges dans
cette maison. Au reste nous ne voyons pas qu’il soit ordonné à Timothée
d’établir des anciens, mais nous trouvons l’énumération des qualités qui
doivent distinguer les anciens, ainsi que les diacres.
Mais c’est avant tout la bonne et la saine doctrine, la doctrine
selon la piété, qui est le devoir du délégué de l’apôtre. Tout l’ordre de la maison
de Dieu basé sur la doctrine ; disons plutôt sur la foi
(v. 4) qui
est ici l’ensemble de la doctrine chrétienne reçu par la foi. On apprend ainsi
comment il faut se conduire dans cette maison afin que le témoignage de Christ
qui lui est confié ait toute sa valeur devant le monde.
Mais voici qu’à peine confié à la responsabilité des saints, ce témoignage était en danger de périr par les ruses ou sous les attaques ouvertes de l’Ennemi. « Certaines personnes » opposaient un enseignement, basé sur autre chose que sur Christ, à la saine doctrine de l’apôtre. C’est ce que ce dernier qualifie d’un seul mot grec : « Enseigner des doctrines étrangères (*). Il s’agissait de leur résister avec autorité. « L’ordonnance » (vers. 3, 5) était confiée à Timothée pour cela ; tout droit lui était conféré de commander à ces gens. Tant que subsistait l’autorité apostolique, cette mission était nécessaire pour que l’Assemblée pût subsister comme témoignage extérieur dans ce monde et que des âmes simples, incapables de discerner entre la vraie et la fausse doctrine, fussent mises à l’abri. Ces « doctrines étrangères » n’étaient pas des « saines paroles », « celles de notre Seigneur Jésus Christ » ; elles n’avaient pas pour base et pour origine les paroles de Christ telles qu’elles sont contenues dans les Écritures ; elles n’avaient pas pour but « la piété » (6:3). Elles devaient donc être réprimées avec autorité.
(*) Hétérodidaskaleô
,
traduit aussi « enseigner autrement » au
chap. 6:3.
Enseigner autrement (v. 4) conduit nécessairement aux fables qui sont nommées en Tite 1:14 les fables judaïques (*). Au chap. 4:7 de notre épître elles sont qualifiées de « fables profanes et de vieilles femmes ». Les Évangiles apocryphes, les livres talmudiques en sont remplis.
(*) Voyez Étude sur l’Épître à Tite,
par H. R., pages 32 et 33.
Ces doctrines qui n’ont pas Christ pour source et pour objet n’ont aucunement et n’auront jamais pour résultat « l’administration », c’est-à-dire la gérance, l’ordre, de la maison de Dieu. Au lieu d’édifier cette maison, elles la détruisent, la livrent au désordre et à la ruine. Cela se passe encore tous les jours sous nos yeux. C’est le foin et le chaume introduits dans cette construction et qui seront finalement brûlés avec la maison qu’ils prétendent édifier.
« L’administration » basée sur la révélation de la grâce de Dieu
et sur le mystère de l’Église avait été confiée à
Paul (Éph. 3:2, 9). Il fallait maintenant qu’il fût
bien manifeste qui édifiait sur ce fondement ou sur des doctrines étrangères,
car « l’administration de Dieu est par la foi
», c’est-à-dire par une
doctrine divine qui s’adresse à la foi pour être reçu et cela en contraste avec
la loi, comme nous allons le voir.
Mais auparavant l’apôtre s’interrompt pour montrer (v. 5) « la
fin
», le but final de
l’ordonnance confiée (v. 3) à Timothée. Ce but est entièrement moral. C’est l’amour
,
mais l’amour inséparable d’un bon état d’âme devant Dieu, et l’on ne pourrait
faire en quelques mots une description plus complète de cet état. L’amour
s’appuie sur trois piliers, et, s’il en est ainsi, jamais on ne sera trompé par
de fausses apparences, si fréquentes dans le monde, et qui devraient être
étrangères à la maison de Dieu. Ces trois piliers sont le coeur, la conscience
et la foi. « Un coeur pur » ne signifie pas un coeur exempt de souillure, parce
que pur par lui-même, mais un coeur purifié par le lavage de la Parole (Jean
13:8-10 ; 15:3 ; 1 Pierre 1:22 ; 2 Timothée 2:22).
« Une bonne conscience » est une conscience qui, à la suite de la purification de nos coeurs, n’a rien à cacher à Dieu et conséquemment, rien à se reprocher (Hébr. 10:22).
« Une foi sincère » est une foi exempte de toute hypocrisie. Ce
mot de foi qui revient 17 fois dans cette épître y a deux acceptions un peu
différentes, comme on a déjà pu s’en apercevoir. D’abord, dans son sens
habituel, la foi est l’acceptation, par la grâce, de ce que Dieu a dit au sujet
de son Fils ; en un mot, la réception du Sauveur. Ensuite elle est
l’ensemble de la doctrine chrétienne reçue par la foi. Ainsi, au v. 19 de notre
chapitre on « garde la foi »
; au chap. 3:9, la foi est l’ensemble
des choses jusqu’ici cachées, mais maintenant révélées et que la foi
saisit ; au chap. 4:1, « apostasier de la foi » c’est abandonner ce que la
doctrine chrétienne nous révèle ; au chap. 5:8, on la renie.
La foi est souvent mentionnée comme associée à une bonne conscience (1:5, 19 ; 3:9). C’est une chose très dangereuse, pour le chrétien, de n’avoir pas, pour quelque raison que ce soit, une bonne conscience devant Dieu et l’on ne saurait trop sérieusement insister là-dessus. Elle nous fait nous écarter de la foi et nos discours ne sont plus désormais qu’un « vain babil » sans aucune portée pour les âmes.
L’amour donc, but de toute l’activité de Timothée, devait s’appuyer sur le coeur, la conscience et la foi. Si cet amour était réellement actif, il ne serait plus nécessaire de faire des efforts pour entraver le mal, et il n’y aurait plus besoin de lutte pour maintenir ou rétablir l’ordre dans l’Assemblée. Mais, au lieu de cela, l’ordre était troublé à Éphèse par certaines personnes qui étaient étrangères à l’état pratique du coeur et de la conscience dont nous venons de parler. Quelle en était la conséquence ? Ces gens, au lieu de chercher le bien des âmes, ne songeaient qu’à eux-mêmes et à se faire reconnaître comme docteurs de la loi. De telles prétentions, sans l’état moral qui pourrait les faire accepter, ne font que mettre en lumière l’extrême pauvreté spirituelle et l’ignorance de ceux qui les affichent. Leurs paroles n’ont aucune valeur : elles sont un « vain babil ». À quoi sont-elles utiles ? Ceux qui les prononcent ne comprennent pas eux-mêmes le sens de ce sur quoi ils insistent. Ce tableau frappant de la prétention à enseigner la Parole sans la foi, sans un coeur purifié, sans une bonne conscience, a tout autant d’actualité aujourd’hui que du temps de l’apôtre. L’action de telles gens aura du reste toujours un caractère légal ; mais comprennent-ils même ce que la loi signifie ?
Vers. 8-11. — Mais nous
savons que la loi est bonne, si quelqu’un en use légitimement, sachant
ceci, que la loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques et les
insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété et les
profanes, pour les batteurs de père et les batteurs de mère, pour les
homicides, pour les fornicateurs, pour ceux qui abusent d’eux-mêmes avec des
hommes, pour les voleurs d’hommes, les menteurs, les parjures, et s’il y a
quelque autre chose qui soit opposée à la saine doctrine, suivant l’évangile de
la gloire du Dieu bienheureux, qui m’a été confié.
Ici l’apôtre établit le contraste le plus complet entre la loi,
à laquelle ces soi-disant docteurs voulaient ramener les chrétiens, et
l’Évangile. Le premier point sur lequel il insiste, c’est que la loi est bonne
. Nous trouvons cette même affirmation absolue en Rom. 7:16.
Toute la question revient donc à en user légitimement, à savoir l’emploi qu’on
en doit faire. Elle ne s’adresse pas aux justes, car comment condamnerait-elle
un juste ? Elle est donnée pour condamner le mal. Ici l’apôtre passe
brièvement en revue les personnes auxquelles la loi s’adresse et contre
lesquelles elle sévit légitimement. En quelques mots il caractérise leur état
moral : la propre volonté, la désobéissance, l’impiété et l’esprit profane
à l’égard de Dieu, l’absence de tout respect vis-à-vis des parents et les
sévices contre eux, la violence et le meurtre, la souillure de la chair, les
passions infâmes, le mensonge et le parjure et bien d’autres vices encore,
tombent sous la condamnation de la loi.
Ici, l’apôtre revient au sujet principal de son épître : La
loi sévit contre tout
ce qui s’oppose
à la saine doctrine,
à l’ensemble des
vérités qui constitue le christianisme ou la doctrine qui est selon la piété
(6:3). Or l’Évangile
est
conforme à cette doctrine. Il ne contredit nullement la loi, mais introduit une
chose toute nouvelle qui n’a absolument aucun point de contact avec la loi. Il
est l’Évangile
de la gloire du Dieu bienheureux,
confié à l’apôtre. Ces quelques
mots nous ouvrent une sphère de bénédictions dans laquelle l’esprit et le coeur
peuvent se mouvoir librement sans jamais en trouver les limites.
Jugez-en : L’Évangile est la bonne nouvelle qui
annonce aux hommes que la gloire de Dieu a été pleinement manifestée en Christ.
La gloire de Dieu, c’est-à-dire l’ensemble des perfections divines :
justice, sainteté, puissance, lumière et vérité et par-dessus tout son amour et
sa grâce — cette gloire a été pleinement révélée et mise à notre portée dans la
personne d’un homme, le christ Jésus, notre Sauveur. Elle a été manifestée en notre faveur
et c’est la merveille de
l’Évangile. Toute cette gloire ne se cache ni ne se voile ; nous la voyons
resplendir dans la face d’un homme, mais, bien plus, elle est pour nous, elle
nous appartient. L’oeuvre de Christ nous la confère ; tout ce qu’Il est devant Dieu, ceux qui croient en Lui, le sont
désormais. Oui, la gloire de Dieu ne trône plus dans sa solitaire et
inabordable perfection ; elle est devenue, dans un homme, la part de tous
ceux qui croient en Lui. Nous sommes, en vertu de son sacrifice qui a aboli le
péché, parfaits devant Dieu comme Lui-même. Il nous est fait, de la part de
Dieu, sagesse, justice, sainteté et rédemption. Nous sommes lumière dans le
Seigneur. L’amour de Dieu a été versé dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous
a été donné. Tout cela est le libre don de la grâce à de pauvres pécheurs
justifiés par la foi.
Mais notez que cet Évangile est celui de la gloire du Dieu bienheureux.
En nous le faisant
connaître, Dieu veut nous rendre heureux comme Lui-même ; le bonheur dont
il jouit est devenu notre bonheur ! Y a-t-il un contraste plus complet que
celui-ci entre la loi qui maudit le pécheur et la grâce qui le transporte dans
la jouissance de la gloire et du bonheur de Dieu, en attendant qu’il en jouisse
dans la perfection d’une éternité sans nuage ?
Vers. 12-14. — Et je rends
grâces au christ Jésus, notre Seigneur, qui m’a fortifié, de ce qu’il m’a
estimé fidèle, m’ayant établi dans le service, moi qui auparavant étais un
blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux ; mais miséricorde m’a
été faite, parce que j’ai agi dans l’ignorance, dans l’incrédulité ; et la
grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l’amour qui est dans le
christ Jésus.
Or qui était ce Paul auquel un Évangile d’un tel prix avait été confié ? Chose étonnante ! c’était un homme qui violait le premier commandement : « Tu aimeras Dieu ». Il haïssait Dieu en croyant le servir, car il le haïssait dans la personne de son Fils. Ce Christ, il le blasphémait en contraignant les saints de le blasphémer (Actes 26:11) ; il le persécutait dans son Église bien-aimée ; il le couvrait d’outrages dans ceux qui croyaient en Lui et le servaient fidèlement.
Une telle attitude n’aurait pu être pardonnée si Paul n’avait
pas fait ces choses « par ignorance dans l’incrédulité », la foi n’étant autre
chose que la réception, dans le coeur, de Christ comme Fils de Dieu. C’est pour
cela que miséricorde lui avait été faite, sinon il aurait été condamné sans
rémission. Quant aux Juifs, cette miséricorde n’avait pu leur être continuée.
Sur la croix, Jésus, intercédant pour le
peuple avait dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce
qu’ils font ». Il avait invoqué la miséricorde de son Père à cause de leur
ignorance. C’est aussi ce que Pierre leur disait en Actes 3:17. Mais ensuite,
quand ils lapidaient Étienne, ils savaient ce qu’ils faisaient ; ils
rejetaient le Saint Esprit qui leur était envoyé par Jésus Christ ressuscité
(Actes 7:51). Ce péché ne pouvait leur être pardonné. Saul de Tarse qui
consentait à la mort d’Étienne (Actes 7:58 ; 8:1) n’était-il pas sur le
même pied que son peuple ? Quelle ressource lui restait-il donc ?
Aucune ! et cependant il en restait une
encore : « la grâce surabondante » qui pouvait estimer fidèle un tel homme,
et l’établir dans le service ! Il n’y avait que la foi
par laquelle pût être anéantie son incrédulité précédente.
Il n’y avait que « l’amour
qui est dans le christ Jésus » qui pût
remplacer la haine dont son coeur avait été rempli jusque-là et cet amour ne
pouvait être connu que par la foi. Ce verset 14 est donc la preuve de ce que la
grâce donne quand elle s’occupe même du « premier des pécheurs ». Elle le retire d’entre les pécheurs
par une grâce surabondante, lui donne la foi, et, par elle, lui fait connaître
l’amour qui est en Lui.
Vers. 15-17. — Cette parole
est certaine et digne de toute acceptation, que le christ Jésus est
venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont moi je suis le premier. Mais
miséricorde m’a été faite, à cause de ceci, savoir afin qu’en moi, le premier,
Jésus Christ montrât toute sa patience, afin que je fusse un exemple de ceux
qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle. Or, qu’au roi des siècles,
l’incorruptible, invisible, seul Dieu, soit honneur et gloire aux siècles des
siècles ! Amen.
Dès que cette oeuvre de l’Esprit de Dieu a eu lieu dans son coeur, Paul peut annoncer Christ et le salut. Ce que nous trouvons ici, c’est l’Évangile dans sa plus simple expression. « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation ». Il y a beaucoup de « paroles certaines » dans les épîtres à Timothée et à Tite. Nous nous en sommes expliqués dans notre « Étude sur Tite », page 85-86, mais ici l’apôtre ajoute ces mots : « et digne de toute acceptation », afin de montrer les résultats immenses de cette parole pour toute âme qui la reçoit. Nous y reviendrons au chap. 4:9.
La simple vérité qui est à la base de toute relation entre
l’homme pécheur et le Dieu Sauveur est exprimée ici de la manière la plus
solennelle : « Le christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les
pécheurs » : Dieu fait homme, dans la personne de Jésus, et venant ici-bas
pour sauver les
pécheurs — non pas des
pécheurs, mais pour accomplir une
oeuvre d’une portée universelle, offerte à tous et dont nul pécheur, même le
plus indigne, n’est exclu d’avance. Le
but
de Dieu en venant dans le monde était de sauver les pécheurs ; au
chap. 2:4, nous voyons que c’est aussi sa
volonté.
Du côté de Dieu il n’y a donc aucun obstacle ; tout concourt en Lui
à ce dessein arrêté ; mais
l’homme, chose terrible à constater, méconnaît le but de Dieu et s’oppose de la
manière la plus formelle, à Sa volonté. Au milieu de cette révolte de l’homme
contre Lui, sa « grâce surabondante » peut seule contraindre l’homme et faire
d’un Saul de Tarse l’agent pour présenter le salut à d’autres.
Nous avons vu, au v. 11, le côté de Dieu dans l’Évangile ; nous voyons ici, au v. 15, le côté de
Christ, son abaissement pour accomplir ce glorieux résultat : le salut. Or
ce salut est, non seulement la délivrance du péché et du joug de Satan, mais
l’introduction de l’homme en des relations éternelles avec le Dieu de gloire.
La délivrance
du péché, nous l’avons
ici dans toute sa simplicité, quand l’apôtre nous parle d’une chose certaine et
digne de toute acceptation ; les relations
nouvelles nous les trouvons dans la proclamation de l’Évangile
de la gloire au v. 11.
Ici Paul s’intitule « le premier des pécheurs ». Aucun autre homme ne peut s’appeler de ce nom. Paul, n’étant encore que Saut de Tarse, s’était mis à la tête d’une armée dont Satan était, sans qu’il s’en doutât, le Chef occulte, avec le but d’extirper de ce monde le peuple de Dieu et le nom même de son Chef et Seigneur, pour le triomphe de la religion juive. Avec toute son énergie charnelle, avec toute sa conscience religieuse, et elle était fort grande, Saut voulait anéantir et ôter du monde le nom de Christ, car il était entièrement incrédule quant à sa résurrection. Oui, cette triste place prépondérante, il l’occupait à la tête des ennemis de Christ, ce qui lui fait dire : « dont moi je suis le premier ».
Depuis que, dans l’évangélisation courante, beaucoup d’orateurs
ont pour habitude de raconter leur conversion, en exagérant à plaisir le
tableau de leur propre misère (ce qui faisait dire à Spurgeon
que ces confessions publiques lui faisaient l’effet de la sonnette annonçant le
passage du char des balayures), on les entend s’écrier « Je suis le premier des
pécheurs ». Ce mot n’est pas vrai, et de fait, chose triste à dire, pas un de
ceux qui parlent ainsi ne le croit réellement. Cette parole leur offre même un
moyen de s’enorgueillir et leur fournit l’occasion d’occuper leurs auditeurs
d’eux-mêmes et de leur propre humilité, plutôt que de n’en rien dire. Mais ce
que l’apôtre disait ici de lui-même, comme dans ses trois discours des Actes, était
une frappante réalité et avait pour but d’expliquer la portée immense de la
mission qui lui avait été confiée : Si, dans cet état d’affreuse révolte
contre Christ, il avait été fait miséricorde à Saul de Tarse, c’était, dit-il,
« à cause de ceci, afin qu’en moi, le
premier,
Jésus Christ montrât toute
sa
patience, afin que je fusse un exemple de ceux qui viendront à croire en Lui
pour la vie éternelle ».
Dieu choisissait Saul de Tarse comme un exemple de Ses voies
envers ceux qui viendraient à croire par son ministère. S’il pouvait agir ainsi
envers un blasphémateur et un persécuteur, y avait-il un seul homme qui pût
dire : Jésus Christ n’aura pas patience envers moi ? Non, car déjà
Jésus Christ avait montré toute
sa
patience envers Paul. Ainsi, comme le salut était pour tous les pécheurs, la
patience était pour tous. Et certes cette patience avait une valeur immense. Il
suffisait maintenant de croire
en
Lui, et l’on obtenait ainsi la vie éternelle
.
Arrivé à ce mot final qui introduit l’âme dans la possession
d’une félicité sans fin, un hymne de louange s’élève du coeur de l’apôtre et
monte jusque dans les profondeurs du troisième ciel.
Cet hymne est adressé au Dieu Souverain de qui descend le don
suprême de la vie éternelle
sur
tous ceux qui croient. Leur âme est, par la vie éternelle, mise en rapport
direct avec Lui. Il est le roi des siècles, le seul devant qui le temps et
l’éternité n’ont pas de limite et qui les domine. Il est l’incorruptible, le
seul qui soit au-dessus de tout ce qui est livré à la corruption et ne puisse
être atteint par elle, comme l’ont été la Création, les hommes et même les
anges. Il est l’invisible. Celui qui est au dessus de toute chose visible et
que nul oeil ne peut voir. Il est seul Dieu !
C’est autour d’un tel Dieu que monteront éternellement nos hommages. Il ne s’agit pas ici du Dieu Sauveur, ni du christ Jésus, venu pour sauver les pécheurs. Un trait manquerait à sa gloire, s’il n’était encore exalté d’une autre manière. Il est le Dieu qui, de sa gloire inaccessible, a daigné abaisser ses regards sur sa créature déchue, pour lui donner la vie éternelle, une vie capable de le connaître et de le comprendre, une vie qui répond à sa propre nature ! À Lui soit honneur et gloire aux siècles des siècles ! Amen.
Il est bien remarquable qu’au chap. 6:15-16 de cette même épître nous retrouvions un passage qui a une portée analogue à celui-ci, tandis que nous n’en trouvons nulle autre part de semblable. Au reste, l’expression de la louange spontanée devant les mystères de la grâce revient plus d’une fois dans les épîtres ; ainsi en Rom. 11:32-36 ; en Héb. 13:21 ; en Éph. 3:20, 21.
Vers. 18-20. — Je te confie
cette ordonnance, mon enfant Timothée, selon les prophéties qui ont
été précédemment faites à ton sujet, afin que par elles tu combattes le bon
combat, gardant la foi et une bonne conscience, que quelques-uns ayant rejetée,
ils ont fait naufrage quant à la foi ; du nombre desquels sont Hyménée et
Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer.
L’apôtre revient maintenant à « l’ordonnance », au mandat qui avait été confié à Timothée et dont il avait parlé aux vers. 3 et 5 de ce chapitre. Il entre dans le sujet propre de l’épître, après avoir terminé comme nous l’avons vu, par un chant de triomphe et un Amen ! le magnifique exposé qui se déroule du v. 5 au v. 17.
Nous allons trouver les détails de ce mandat dans les chapitres
qui suivent. Au chap. 1:3-4, l’apôtre n’avait encore parlé que du danger
immédiat qui menaçait les saints d’Éphèse et auquel Timothée devait parer avec
l’autorité qui lui était conférée. Ce danger ne se résumait encore que dans
l’activité de « certaines personnes ». Mais auparavant Paul place devant son
fidèle disciple et enfant dans la foi, l’importance, aux yeux de Dieu, de
l’ordonnance qui lui avait été confiée. (1 Tim.
4:14 ; 2 Tim. 1:6). Des prophéties avaient été
faites auparavant au sujet du don que devait recevoir ce fidèle collaborateur
de l’apôtre. Il l’avait donc reçu par
prophétie,
mais il lui avait été communiqué
par l’imposition des mains de Paul. Ce don avait été accompagné
de l’imposition des mains du corps des anciens. Ce
dernier fait signifiait l’identification
des
anciens avec Timothée dans son service et la sanction
qu’ils y apportaient, car ils ne lui communiquaient rien.
(Nomb. 8:10). Il appartenait à l’autorité apostolique
et à nulle autre de transmettre occasionnellement le don, qu’il fût un « don de
grâce » ou le « don du Saint Esprit », don qui, du reste, le plus souvent était
envoyé directement d’en haut par le Seigneur, mais jamais
on ne voit les anciens le communiquer.
Les prophéties, faites précédemment au sujet de Timothée,
annonçaient que celui-ci était désigné de Dieu pour « combattre le bon combat »,
un combat nécessaire, destiné à soutenir la saine doctrine dans la maison de
Dieu et à déjouer les ruses de l’Ennemi. Cette victoire ne pouvait avoir lieu
que si Timothée gardait la foi,
c’est-à-dire
l’état de l’âme qui est fermement attachée à l’ensemble de l’enseignement de
Dieu dans sa Parole. La foi n’est plus sincère (v : 5) ,
quand la conscience n’est plus bonne et cherche à se soustraire, en quelque
manière que ce soit, au contrôle de Dieu. Alors il y a de la fraude dans le
coeur. Cet état est des plus dangereux. L’âme s’habitue à éviter la lumière de
la présence du Seigneur et de sa Parole.
Rejeter une bonne conscience amène tôt ou tard l’âme à abandonner la foi. Toutes les hérésies ont leur source dans un mauvais état de la conscience qui, fuyant l’occasion de rencontrer Dieu, est livrée à elle-même et, dans cet état, abandonne la vérité telle que Dieu nous l’a enseignée dans sa Parole. Hyménée et Alexandre en étaient arrivés là. Il ne nous est pas dit ce qu’ils enseignaient, mais la Parole a soin de nous dire que c’étaient des blasphèmes, sans doute des blasphèmes contre Christ, peut-être en rapport avec la loi, car Paul nous dit, en décrivant son état d’inimitié contre Christ, qu’il était lui-même un « blasphémateur » (v. 13). On voit en Actes 26:11, de quelle manière cela avait lieu. Au chap. 4:1 de notre épître, l’apôtre nous dit que « quelques-uns apostasieront de la foi », c’est-à-dire rejetteront entièrement la doctrine chrétienne. Ici, le mal n’étant pas encore arrivé à son apogée, c’était plutôt qu’au lieu d’employer leur activité pour le maintien de la foi, ils avaient fait personnellement naufrage et que, n’ayant plus de boussole pour se diriger, ils avaient perdu tout sentiment de la valeur, de la dignité, de la sainteté du Seigneur.
Il est possible que l’on retrouve ce même Hyménée en 2 Tim. 2:17, mais associé à Philète
et soutenant une doctrine qui fermait le ciel aux rachetés et les établissait
définitivement sur la terre. On pourrait aussi supposer, mais sans plus de
preuves, qu’Alexandre, en 2 Tim. 4:14, est devenu
l’ennemi acharné de l’apôtre. L’acte de livrer à Satan avait eu lieu
effectivement dans notre passage. En 1 Cor. 5:5, il nous est présenté comme
étant l’intention de Paul qui n’eut pas besoin de le mettre à exécution. Cet
acte d’autorité apostolique n’était nullement assimilable à celui de l’assemblée
dont le devoir était d’ôter le méchant de
son sein.
Les deux hommes dont il est parlé ici, ayant été abandonnés entre les mains de Satan, étaient désormais hors de l’assemblée, privés de son contrôle et de son influence dont ils avaient joui jusqu’alors, devenus, par ce fait, comme la propriété de l’Ennemi qui n’avait désormais d’autre but que de les séparer à tout jamais de Christ, sans espoir de retour. Cependant, là encore, au milieu de ce terrible jugement, Dieu avait une intention de grâce. La misère, probablement morale et physique, où ils étaient plongés pouvait « leur apprendre à ne plus blasphémer », rendant ainsi leur restauration possible.
Vers. 1-7. — J’exhorte donc
, avant toutes choses, à faire des supplications, des prières, des intercessions,
des actions de grâces pour tous les hommes, — pour les rois et pour tous ceux
qui sont haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et
tranquille, en toute piété et honnêteté ; car cela est bon et agréable
devant notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et
viennent à la connaissance de la vérité ; car Dieu est un, et le médiateur
entre Dieu et les hommes est un, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même
en rançon pour tous, témoignage qui devait être rendu en son propre temps, pour
lequel moi, j’ai été établi prédicateur et apôtre (je dis la vérité, je ne mens
pas), docteur des nations dans la foi et dans la vérité.
Nous entrons ici dans le sujet propre de cette épître qui est l’administration et l’ordre de la maison de Dieu basée sur la doctrine qui est selon la piété.
N’est-il pas frappant que la première
exhortation adressée aux gens de la maison de Dieu soit la prière ? C’est
à elle qu’on peut reconnaître à première vue l’Assemblée
du Dieu vivant, ou, quand elle est une maison ruinée, ce qui la représente. Son
ordre est lié aux rapports habituels des saints avec Dieu par la prière. La
prière elle-même a divers caractères : 1° Les supplications
. Ce
sont des prières instantes montant vers Dieu de coeurs qui sentent profondément
l’importance vitale de ce qu’ils demandent. 2° Les prières
sont une
forme plus habituelle et reflètent les désirs, les besoins, les préoccupations
journalières du coeur. 3° Les intercessions
sont plus intimes. Elles
proviennent d’un commerce personnel de proximité et de confiance avec Dieu.
Nous retrouvons ce même mot au chap. 4:5, traduit par « la prière ». 4° La
dernière forme de la prière consiste en actions de grâces
, car celui qui
s’adresse à Dieu par la foi, sait qu’il a
les choses qu’il a demandées.
Ces demandes s’adressent à Dieu pour tous
les hommes.
Aucun n’est excepté. On voit ici quel rôle l’Évangile
doit occuper dans le fonctionnement de la maison de Dieu. N’est-ce pas, en
effet, le premier caractère de l’Évangile, qu’il s’adresse
à tous, par la bouche de ceux qui font partie de cette maison et que le
Seigneur envoie dans ce but ? Non pas que ce soit l’Assemblée
elle-même qui évangélise ; le Seigneur a confié cette fonction aux dons
qu’Il a suscités, mais l’Assemblée
participe par les prières à toute l’oeuvre précieuse que le Dieu Sauveur fait
dans le monde par l’Esprit Saint.
Quel vaste champ d’activité pour nos âmes ! Toutes les
formes de l’intercession y sont employées. S’il y a beaucoup d’autres bonnes
oeuvres, toute prière adressée à Dieu pour le salut des âmes, en est une.
Combien de fois prions-nous dans la journée, ayant ce but devant nous ?
Dans quelle mesure réalisons-nous ce mot : « Priez sans cesse » quand il
s’agit de « prier pour tous
les hommes » ?
« Pour les rois et pour ceux qui sont haut placés », dit l’apôtre.
Les autorités du monde ne font que trop rarement partie des prières de l’Assemblée, et pourtant elles sont placées ici au premier
rang quand il est parlé de tous
les hommes. N’est-ce pas à elles que
nous devons, par l’intervention divine en grâce, de pouvoir mener une vie
paisible et tranquille, dans laquelle nous puissions faire connaître au monde
ce qu’est « la piété » envers Dieu, et « l’honnêteté » envers les hommes, qualités
qui ne pourront se développer que dans une atmosphère tranquille ? En des
temps de persécution, ce témoignage paisible est entravé ou perdu. La foi et la
fidélité qui peuvent aller jusqu’à la mort, sont alors mises à l’épreuve par la
tribulation. Dieu qui dirige comme il veut l’esprit des hommes (et d’hommes qui
sont souvent pareils aux bêtes féroces) peut réprimer leurs instincts les plus
cruels pour donner la paix à son peuple et favoriser l’extension normale de l’Évangile dans une atmosphère de tranquillité.
Il est bien remarquable que la recommandation de prier pour ceux qui sont en dignité soit faite aux chrétiens sous le règne de Néron, le plus odieux, le plus cruel ennemi des saints, celui sous lequel tant de témoins de Christ, et Paul lui-même, ont subi le martyre. Pas un mot de blâme contre cet homme ne sort de la bouche de l’apôtre, qui ne le nomme même pas. Il ne proteste point contre sa violence dont à l’occasion Dieu s’est servi pour remplir d’assurance le coeur de ses bien-aimés (Apoc. 2:8-10) et les encourager par la récompense de la couronne de vie, en les préservant, pour un moment du moins, des dangers du déclin.
Mais ce n’est pas seulement en vue de jouir de la paix pour
eux-mêmes ou pour rendre témoignage au monde de l’ordre qui régit la maison de
Dieu, que les chrétiens sont exhortés à prier pour tous les hommes. L’apôtre
ajoute : « car cela est bon et agréable devant notre Dieu Sauveur ». C’est
aussi en vue d’obtenir son approbation à Lui que les saints font ces demandes.
« Notre Dieu Sauveur
» le veut ainsi. L’apôtre ne dit pas : Le
Dieu Sauveur. Il est Celui qui a commencé par se faire connaître à nous comme
tel ; c’est à Lui que nous appartenons ; Il est entièrement pour
nous. Nous avons donc toute hardiesse pour lui faire ces demandes. Quand nous
demandons le salut du pire d’entre les pécheurs, nous savons que nous demandons
une chose parfaitement agréable à notre Dieu. Il veut
que tous les
hommes soient sauvés. Il ne s’agit pas ici de ses conseils
et de son
propos arrêté, mais de ses voies d’amour envers tous les hommes sous
l’Évangile. Il veut
. Nous l’avons déjà dit : le seul
obstacle au salut de tous les hommes n’est pas du côté de Dieu, mais provient,
chez l’homme, d’une volonté qui repousse résolument celle de Dieu et s’y oppose
(Luc 13:34 ; Jean 5:40). Dieu veut, non seulement que tous soient sauvés,
mais arrivent à la connaissance de la vérité
. Connaître la vérité,
c’est, à la fois, connaître Christ, connaître la Parole qui nous le révèle,
connaître ce que Dieu est, connaître ce que nous sommes. Cette connaissance
nous force à nous jeter dans ses bras, comme de pauvres êtres perdus, et à
trouver en Lui notre seule ressource comme Dieu Sauveur.
Or cette vérité était, dans une mesure, déjà connue sous la loi
qui proclame un
seul Dieu. C’est à ce Dieu-là que le pécheur doit venir ;
mais comment venir à Lui ? L’homme pécheur est incapable de s’approcher de
Dieu. Ici intervient la vérité chrétienne, proclamant qu’il y a « un seul
médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus ». Il est venu ici-bas comme
homme
, pour rendre Dieu accessible à tous. Cet arbitre, Job déclarait qu’il
n’existe pas : « Il n’y a pas entre nous un arbitre (ou médiateur) qui
mettrait sa main sur nous deux » (Job 9:33). Mais il faut que Job apprenne, en
type du moins, que cet arbitre existe : « S’il y a pour lui un messager »,
dit Élihu, « un interprète, un entre mille, pour
montrer à l’homme ce qui, pour lui, est la droiture, Il lui fera grâce, et il
dira : Délivre-le pour qu’il ne descende pas dans la fosse : J’ai
trouvé une propitiation
» (Job 33:23-24). Or ce Médiateur est venu dans
la personne de Christ, l’homme
Christ Jésus qui a entrepris la cause des
pécheurs et a trouvé une propitiation, s’étant « donné en rançon pour tous ».
Il était le seul qui pût remplir les conditions requises pour
nous réconcilier avec Dieu, car 1° Il est devenu homme pour rendre le « seul
Dieu » accessible à tous. 2° Il est devenu homme pour se donner lui-même en rançon
pour tous
, et c’est la propitiation
. 3° Il a laissé sa vie en
rançon pour plusieurs
(Matth. 20:28) et c’est l’expiation
.
— Quant à la propitiation, elle est faite pour tous. Tous peuvent s’approcher
de Dieu. Christ a donné une rançon, une somme entière, totale, égale en nombre
et en valeur à la dette qu’il s’agit de payer. Tous peuvent venir et s’en
prévaloir. Dieu a accepté la rançon. Il ne s’agit plus pour le pécheur que de
venir et de le croire. Quant à l’expiation, elle n’est la part que des plusieurs
qui ont cru. Dans ce cas, la rançon est considérée comme ayant été payée pour
chaque croyant individuellement, ce qui l’assimile à l’expiation et à la
substitution.
Cette vérité (v. 4) , Dieu l’avait confiée à l’apôtre (v. 7) qu’Il avait établi pour cela. Elle est ensuite appuyée et soutenue par la conduite de l’Assemblée dans ce monde (3:15). Le temps était venu pour rendre ce témoignage au milieu des nations et Paul avait été établi comme prédicateur, apôtre et docteur, pour proclamer que ces choses pouvaient être acquises par la foi et que la vérité, toutes les pensées de Dieu, avait maintenant été révélée en Christ.
Vers. 8-15. — Je veux donc que les hommes prient en tout
lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement. De même
aussi, que les femmes se parent d’un costume décent, avec pudeur et modestie,
non pas de tresses et d’or, ou de perles, ou d’habillements somptueux, mais par
de bonnes oeuvres, ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu.
Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission, :
mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’user d’autorité sur l’homme ;
mais elle doit demeurer dans le silence ; car Adam a été formé le premier,
et puis Ève ; et Adam n’a pas été trompé ; mais la femme, ayant été
trompée, est tombée dans la transgression ; mais elle sera sauvée en
enfantant, si elles persévèrent dans la foi et l’amour et la sainteté, avec
modestie
.
En disant : « Je veux donc
», l’apôtre revient à ce
qu’il a dit d’une manière générale au premier verset. Il ne demande plus « qu’on
fasse des supplications », mais il spécifie qui doit les faire, c’est-à-dire les
hommes
et non pas les femmes. Ces dernières ne peuvent pas se produire
au dehors. Leur attitude est tout autre ; celle des hommes par contre est
publique. La prière n’est pas l’exercice d’un don, car beaucoup d’hommes ne
possèdent pas ce dernier et Dieu ne leur en recommanderait pas l’exercice. La
prière est une attitude et l’expression d’un état d’âme devant Dieu, lequel
peut s’exercer en présence de tous, mais seulement de la part des hommes
.
Ces mots : « en tout lieu » indiquent qu’il s’agit bien ici de prières en
public, et (comme le sujet de cette épître est l’ordre divin de la maison de
Dieu quand il était encore, comme au temps des apôtres, dans sa plénitude
originelle) qu’il s’agit de prières dans tous les lieux où cette maison se
rassemble. Il va sans dire qu’il n’est aucunement question ici de la maison,
foyer et abri de la famille, car les prières de l’homme aussi bien que celles
de la femme y ont une entière liberté de s’exercer, la femme gardant du reste
en cela, comme en toutes choses, la position de dépendance que Dieu lui a
assignée vis-à-vis de son mari. Il va sans dire, encore, qu’une telle
prescription n’a rien à faire avec les « églises » d’aujourd’hui, ainsi nommées
par les hommes, et où la « volonté » de l’apôtre exprimée ici ne serait ni tolérée,
ni même d’exécution possible.
L’apôtre ajoute : « Élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement ». Ces paroles indiquent qu’il est certains états d’âme qui sont incompatibles avec la prière dans la maison de Dieu qui est l’assemblée du Dieu vivant. La sainteté de Dieu ne pourrait admettre de telles prières, car tout ce qui est en contradiction avec la pureté, la paix et la foi dans le coeur, rend inapte à la prière et ne peut trouver accès devant Dieu.
L’apôtre en vient maintenant au rôle des femmes dans la maison de Dieu. La pudeur et la modestie doivent être représentées chez elles par un costume décent et non par les ornements luxueux que recherchent les femmes du monde. Ainsi la tenue de la femme chrétienne la fait reconnaître aussitôt et ce témoignage est bien autrement important que des paroles. À cette attitude, pour ainsi dire négative, s’ajoute le témoignage actif des « bonnes oeuvres ». Sur ce dernier sujet nous en référons à ce qui en est dit dans notre « Étude sur l’épître à Tite », p. 33-35. Bornons-nous à répéter qu’une bonne oeuvre peut être faite envers Christ, envers les saints, ou envers tous les hommes et que les bonnes oeuvres sont exclusivement le fait du nouvel homme, des membres de la famille de Dieu. Toute oeuvre accomplie par l’homme inconverti ne peut être qu’une « oeuvre morte » ou une « mauvaise oeuvre ».
La tenue et les bonnes oeuvres conviennent donc « à des femmes
qui font profession de servir Dieu ». C’est ici que l’on peut saisir un des
côtés du grand sujet de cette épître. Il s’agit de la profession chrétienne
;
seulement dans la première épître à Timothée elle n’est nullement séparée,
comme dans la seconde épître, de la réalité de la vie divine
dans l’âme.
La réalité
de cette profession doit se montrer chez la femme dans sa
tenue et dans son activité. Nous trouvons en 1 Pierre 3:1-6, un tableau et des
exhortations semblables. Ici, au v. 11, nous trouvons d’autres recommandations
adressées à la femme chrétienne ; elle est appelée à faire des progrès
dans la connaissance de la Parole : « Que la femme apprenne dans le
silence, en toute soumission
». Beaucoup de femmes chrétiennes manquent
aujourd’hui à cette injonction, préférant une activité extérieure plus ou moins
agitée à l’attitude silencieuse d’une Marie, assise aux pieds de Jésus pour
l’écouter. Marthe parlait et se faisait reprendre, Marie apprenait en toute
soumission. Ah ! combien peu ces choses sont
réalisées à mesure que le mal qui aboutira à l’apostasie finale, gagne et
s’étend comme une lèpre dans la maison de Dieu ! Des femmes chrétiennes
« parlent en tout lieu », s’enorgueillissent d’enseigner au lieu de s’en humilier
comme d’une coupable usurpation et d’une désobéissance positive au commandement
du Seigneur. Pour qui est soumis à la parole de Dieu, c’est la plus audacieuse
violation par la femme de l’ordre prescrit pour la maison de Dieu. Nous ne
parlons ici, cela va sans dire, que de la femme chrétienne ou tout au moins de
la femme professant le christianisme et, par conséquent, responsable de se
soumettre à la Parole. Quant à la femme du monde, comment songer à l’astreindre
à une règle divine qu’elle ignore et ne peut suivre ? La femme « doit
demeurer dans le silence
» ; c’est son devoir et son obligation.
L’apôtre en donne deux raisons péremptoires. La première est la prééminence
d’Adam sur Ève. Il a été « formé le premier ». Ensuite est venue la femme, tirée
de lui, et formée comme une aide qui lui corresponde, car, dit l’Éternel Dieu, « il n’est pas bon que l’homme
soit
seul ». Ainsi la femme est devenue os des os et chair de la chair d’Adam.
La seconde raison, c’est que ce n’est pas Adam qui a été trompé, mais Ève, et que cette dernière est tombée dans la transgression. Au lieu d’être une aide pour l’homme, elle a été l’instrument de Satan pour le séduire et l’amener à désobéir.
Mais, ajoute l’apôtre, la femme
(non les femmes
croyantes) sera sauvée en enfantant. Il y a salut pour elle, quoiqu’elle porte,
dans le travail et les douleurs de l’enfantement, une conséquence perpétuelle
de sa faute. Mais les douleurs de l’enfantement ne sont pas un arrêt prononcé
sur la vie de la femme. En mettant un enfant au monde, cette vie, loin d’être
condamnée, est plutôt préservée. Mais il y a des promesses positives pour les
femmes chrétiennes (de là ce mot : « si elles
persévèrent), une vie
de persévérance dans la foi qui se prévaut des promesses de Dieu ; dans
l’amour qui est le caractère même de Dieu montré dans notre vie pratique ;
enfin dans la sainteté qui est la séparation pour Dieu de tout mélange avec le
caractère du monde ; une vie présentant les caractères précieux de
modestie qui sont dépeints dans ce passage, est une garantie donnée par Dieu
lui-même que la femme chrétienne sera préservée au milieu des dangers de
l’accouchement. Toutefois n’oublions pas que, si les femmes chrétiennes ne persévèrent
pas dans ces choses, il peut y avoir envers elles une discipline qui les prive
des avantages que Dieu leur accorde en vue des dangers de l’enfantement.
Vers. 1-7. — Cette parole
est certaine, que si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une
oeuvre bonne : il faut donc que le surveillant soit irrépréhensible, mari
d’une seule femme, sobre, sage, honorable, hospitalier, propre à enseigner, non
adonné au vin, non batteur, mais doux, non querelleur, n’aimant pas l’argent,
conduisant bien sa propre maison, tenant ses enfants soumis en toute gravité.
(Mais si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il
soin de l’assemblée de Dieu ?) Qu’il ne soit pas nouvellement converti, de
peur qu’étant enflé d’orgueil, il ne tombe dans la faute du diable. Or il faut
aussi qu’il ait un bon témoignage de ceux de dehors, afin qu’il ne tombe pas
dans l’opprobre et dans le piège du diable.
Tandis que le chap. 2 traitait d’une manière générale de la
conduite des hommes et des femmes dans la maison de Dieu, le chapitre que nous
avons sous les yeux entre dans le détail de l’organisation proprement dite de
cette maison. Il ne faut pas oublier que Timothée n’avait pas, comme Tite, pour
mission spéciale d’établir des anciens, mais devait veiller sur l’ordre et sur
la doctrine. Or la doctrine avait affaire à toute la conduite de ceux qui
composaient la maison. L’apôtre n’enseigne pas d’abord à Timothée comment lui,
Timothée, doit se conduire, mais comment il faut
(1 Tim.
3:15) que les divers éléments qui constituent la maison se conduisent, Timothée
lui-même en faisant partie et ayant, comme nous le verrons, par le fait qu’il
possède un don, certains devoirs et certaines responsabilités dans ce milieu.
Au sujet de la « parole certaine » du vers. 1 nous renvoyons le lecteur à l’« Étude sur Tite », p. 86 et 87. — Il est incontestable que celui qui aspire à la surveillance de la maison de Dieu « désire une oeuvre bonne » (v. 1). Le surveillant ou évêque (episcopos) est identiquement le même homme que l’ancien (presbyter). En Actes 20, dans cette même assemblée d’Éphèse où l’apôtre laissait Timothée dans notre épître, ce même apôtre convoque les « anciens » et les appelle « surveillants » au v. 28. Ici, « celui qui aspire à la surveillance désire une oeuvre bonne », une oeuvre qui a l’approbation de Dieu, une oeuvre faite pour Dieu et pour Christ et accomplie dans l’intérêt des saints (*). Toutefois elle n’a ce caractère qu’en tant qu’elle répond aux qualités détaillées ici. On pourrait aspirer à cette position par ambition, par orgueil, comme nous le voyons dans ce passage même et, dans ce cas, cette aspiration, n’ayant pour but que la satisfaction de la chair serait, non pas une bonne, mais une mauvaise oeuvre.
(*) À ce sujet il peut être utile de remarquer que le
grec a deux termes pour désigner les bonnes
oeuvres
, là où nos versions
n’en ont qu’un. C’est le « ergon agathon
»
et le « ergon kalon
».
Ces deux
termes ne sont pas identiques. Le premier (ergon agathon) désigne toutes les choses bonnes qui découlent de
l’état moral
du coeur purifié par le
Seigneur : amour pour les frères, sympathie, support, tact, etc. Le second
(ergon kalon) est un acte
louable et visible
aux yeux des
hommes : aumônes, visites, soins aux malades, etc.
Citons pour les lecteurs que ce sujet intéresse tous les passages où se trouvent ces deux termes :
Ergon
agathon :
Actes 9:36 ; 2
Cor. 9:8 ; Éph.
2:10 ; Col. 1:10 ; 2 Thess. 2:17 ;
1 Tim. 2:10 ; 5:10 ; 2 Tim.
2:21 ; 3:17 ; Tite 1:16 ; 3:1 ; Hébr.
13:21 ; 1 Thess. 5:15.
Ergon
kalon
: Matt. 5:16 ; 26:10 ; Marc
14:6 ; Jean 10:32 ; 1 Tim. 3:1 ; 5:10,
25 ; 6:18 ; Tite 2:7, 14 ; 3:8, 14 ; Héb.
10:24 ; 1 Pierre 2:12.
Dans notre « Étude sur Tite », page 24, nous avons fait remarquer que l’épître à Timothée mentionne quatorze qualités requises de l’ancien ou surveillant. Ce chiffre 14, chiffre de double plénitude, semble insister doublement sur les qualités morales requises de l’ancien quand la maison de Dieu est en ordre. L’apôtre reviendra plus tard (5:17) sur certaines qualités accessoires du surveillant, qui sont aussi mentionnées dans Tite (1:9).
Ici le mot « irrépréhensible » est, comme en Tite, mis en tête de
la liste, parce qu’il résume toutes les autres qualités. Nous trouvons
ensuite : « mari d’une seule femme » que Tite ne mentionne pas. Cette phrase
fait allusion à la coutume d’avoir plusieurs femmes, reçue parmi les païens,
tolérée par la loi de Moïse, non sanctionnée par la loi divine, mais qui, si
elle n’empêchait pas l’introduction du nouveau converti dans l’Assemblée chrétienne, le disqualifiait néanmoins d’une
manière absolue pour l’administration de cette maison. Le trouble introduit
dans la conduite de la famille par la présence de deux femmes est assez souvent
rapporté dans l’Écriture pour que l’on puisse
comprendre cette interdiction. Pour les autres qualités requises de l’ancien,
le lecteur se référera à l’« Étude sur Tite », pages 19-28. L’épître à Timothée
met un accent particulier sur le fait que le surveillant devait « conduire
honnêtement sa propre maison » et « tenir ses enfants soumis en toute
gravité » ; puis elle ajoute : « Mais si quelqu’un ne sait pas conduire
sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Assemblée
de Dieu ? » Devant cette tâche auguste : les soins à donner à l’Assemblée
de Dieu
, qu’est-ce
que ma propre maison ? Mais si, dans ce dernier cas, et dans ce domaine
petit et restreint, je n’ai pas su montrer mes aptitudes d’administrateur,
comment les montrerais-je dans le premier ? Ce passage montre en même
temps l’immense importance qu’a pour Dieu sa maison ici-bas. Elle est le
témoignage de toutes les vertus chrétiennes devant un monde qui les ignore.
C’est ainsi qu’elle met en lumière l’ordre, la discipline, la dépendance, la
soumission, l’obéissance, l’humilité, mais avant tout la vérité divine.
Il faut donc que le surveillant ou ancien tienne d’abord sa propre famille dans la discipline du Seigneur. Et quelle négligence de ces principes élémentaires de la Parole ne voit-on pas là où, contrairement à la Parole, les anciens sont établis par la congrégation. Il lui arrive, entre autres actes de désobéissance, de se choisir, comme anciens, des gens non mariés ou des gens sans enfants qui, par conséquent, n’ont jamais eu l’occasion de prouver qu’ils étaient accrédités de Dieu pour cet office !
L’apôtre ajoute deux caractères indispensables au surveillant,
et qui, s’ils n’existaient pas, risqueraient d’introduire, chose terrible, des
éléments sataniques dans la maison de Dieu. 1° Le surveillant ne doit pas être nouvellement converti
. Dans cet état il n’a pas eu
suffisamment l’occasion d’exercer devant Dieu le jugement de lui-même et n’a
pas assez l’expérience de ce que peut la chair chez le chrétien, pour ne pas
s’enorgueillir de la position éminente qu’il occupe dans la maison de Dieu. Or
l’orgueil est la faute du diable
qui
a estimé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu et
a engagé l’homme dans le même chemin, ce qui a été sa perte. 2° Mais il y a
encore un second danger pour le surveillant, c’est de ne pas avoir « un bon
témoignage de ceux de dehors ». Il ne suffit pas qu’il soit entouré de l’estime
et de l’affection de ses frères. Il faut que le monde, habitué à médire des
chrétiens comme de gens qui font le mal, soit confus en présence de leur bonne
conscience et de leur bonne conduite et se trouve obligé, malgré sa haine, à
leur rendre un bon témoignage.
Outre les qualités énumérées en premier lieu, nous voyons donc
que l’ancien ne peut être choisi parmi les nouveaux convertis et doit avoir un
bon témoignage de la part du monde, sinon il tomberait dans le piège du diable
qui est de semer l’opprobre sur le non de Christ en le
discréditant par la conduite réelle ou supposée des siens (cf. 2 Tim. 2:26) qui n’est pas accompagnée d’une bonne
conscience.
Vers. 8-13. — De même, il
faut que les serviteurs soient graves, non doubles en paroles, non adonnés à
beaucoup de vin, non avides d’un gain honteux, gardant le mystère de la foi
dans une conscience pure ; et que ceux-ci aussi soient premièrement mis à
l’épreuve ; ensuite, qu’ils servent, étant trouvés irréprochables. De
même, que les femmes soient graves, non médisantes, sobres, fidèles en toutes
choses. Que les serviteurs soient maris d’une seule femme, conduisant bien
leurs enfants et leurs propres maisons ; car ceux qui ont bien servi
acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est
dans le christ Jésus.
Il est digne de remarque que dans l’épître à Tite, délégué de l’apôtre pour établir des anciens, il ne soit fait aucune mention des serviteurs de l’assemblée ou diacres. La raison en est simple. En Actes 6, nous voyons les serviteurs choisis, non par un délégué des apôtres, mais par les frères, et ensuite établis par les douze. Ils ne rentraient donc pas dans le mandat confié à Tite. Dans la première épître à Timothée il s’agit, non pas tant de l’établissement des anciens, que des qualités requises de ceux qui remplissent des charges dans la maison de Dieu, aussi les serviteurs et les servantes ou diaconesses y trouvent largement leur place.
Ces qualités ont trait avant tout à leur tenue morale. Les
serviteurs doivent être graves.
Le
serviteur doit être connu comme représentant, dans son service, la dignité de
son maître et pénétré lui-même de sa responsabilité à cet égard. Il ne doit pas
être double en paroles, car il fait partie d’un ensemble destiné à témoigner de
la vérité et à la soutenir. Il ne doit pas être adonné à beaucoup de vin qui
lui ferait perdre l’attention soutenue qu’il doit vouer à son service. Il ne
doit pas être « avide d’un gain honteux », car il est honteux de convertir le
service du Seigneur en un moyen de gagner de l’argent. Il doit enfin « garder le
mystère de la foi dans une conscience pure ».
Un mystère est toujours une chose jadis cachée, mais maintenant révélée. Le mystère de la foi est l’ensemble des vérités qui constituent le christianisme, et qui ont été pleinement mises en lumière par la mort et la résurrection de Christ. Toutes les vérités relatives à la position céleste du chrétien, révélées pour la première fois à Marie de Magdala ; toutes les vérités dépendant d’un Christ glorieux et assis à la droite de Dieu, vérités confiées à Paul, concernant l’Église, son union en un seul corps avec Christ, sa Tête glorieuse dans le ciel, sa dignité d’Épouse de Christ et l’espérance de la venue du Seigneur, toutes ces vérités, et d’autres encore constituent « le mystère de la foi ».
Combien les chrétiens qui occupent des places, dirions-nous subalternes, dans la maison de Dieu, sont loin de ce qui est exigé ici des serviteurs (ou diacres) dans l’assemblée ! Il n’en avait pas été ainsi d’Étienne, ni de Philippe, qui étaient d’entre « les sept » choisis pour le service par les frères de Jérusalem (Actes 6). Tous deux avaient acquis dans leur service « un bon degré et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » ; le premier, rendant témoignage de tout l’enseignement donné par le Saint Esprit envoyé du ciel, le second annonçant puissamment dans le monde l’Évangile du salut. Ainsi la prédication de l’ensemble de la Révélation divine fut remise à deux serviteurs qui s’étaient acquis un bon degré dans les humbles fonctions qui leur avaient été confiées.
Ce n’est pas seulement du reste la connaissance
des
vérités célestes et du mystère de l’Église qui leur
est demandée, mais ils doivent la garder « dans une conscience pure ». Il faut
qu’un état irréprochable devant Dieu corresponde à cette connaissance et
qu’elle ne soit pas affaire d’intelligence, mais soit inséparable d’une
conscience exercée devant Dieu. Il faut un état moral qui recommande la vérité
que l’on présente.
Les serviteurs, comme les surveillants, devaient être « premièrement mis à l’épreuve ». Il ne s’agit pas ici, je pense, d’une certaine période d’initiation après laquelle les diacres ou les anciens pouvaient être révoqués, mais d’une épreuve et enquête minutieuse et pratique au moment où ils entrent dans leur service, afin que toutes les qualités requises soient reconnues correspondre au tableau que la Parole nous fait ici des charges dans la maison de Dieu. Après cette enquête, les serviteurs pouvaient entrer dans leur service.
L’apôtre passe ensuite aux traits qui doivent caractériser les
femmes. Il ne dit pas leurs
femmes, car, d’un côté, toutes les femmes
des « diacres » pouvaient ne pas être des « diaconesses » ; de l’autre il
comprend peut-être aussi sous cette appellation les femmes des anciens ou
surveillants. Il leur est comparativement peu demandé, mais il s’agit surtout
de choses dans lesquelles la femme serait plus que d’autres en danger de
faillir. Leur gravité doit s’accorder avec celle de leur mari. Combien souvent
le désaccord entre mari et femme, quant au sérieux à apporter dans la vie
habituelle, a nui au témoignage qu’ils étaient appelés à rendre !
La « médisance » est devenue chez les femmes la conséquence de leur tendance à un vain babil, mais peut dépendre aussi du fait qu’étant peut-être présentes aux confidences que leurs maris reçoivent, elles ne savent pas s’imposer une réserve doublement nécessaire dans un service qu’elles partagent avec leur époux. La sobriété peut avoir trait aux aliments vers lesquels une certaine gourmandise pourrait porter la femme, mais plutôt à la retenue qui l’empêche de se livrer à ses impressions. Enfin les « servantes » doivent être « fidèles en toutes choses » ; elles doivent montrer dans leur service une stricte fidélité, ne profitant de rien pour elles-mêmes et n’avantageant pas l’un au détriment de l’autre.
Après avoir parlé des femmes, l’apôtre revient aux serviteurs dans leurs rapports avec leur famille. Leur devoir à l’intérieur de la maison est le même que celui des anciens ou surveillants. Il faut que l’ordre de la maison de Dieu soit représenté dans le domaine restreint de nos propres demeures. Quelque subalterne que soit en apparence l’office du diacre, il a une grande importance dans le témoignage. On voit, en Actes 6, le prix que les apôtres mettaient à ce service. Il fallait que ces hommes eussent « un bon témoignage » et qu’ils fussent « pleins de l’Esprit Saint et de sagesse ». Il en sera des serviteurs comme il en fut d’Étienne et de Philippe. S’ils servent bien « ils acquièrent un bon degré pour eux (autrement dit, ils montent en grade) et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus ».
Vers. 14-16. — Je t’écris
ces choses, espérant me rendre bientôt auprès de toi ; mais si je
tarde, — afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu,
qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité. Et,
sans contredit, le mystère de la piété est grand : — Dieu a été manifesté
en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les
nations, a été cru, au monde, a été élevé dans la gloire.
Après avoir montré quels doivent être le caractère moral et la conduite des surveillants, des serviteurs et des servantes dans la maison de Dieu : dans ce milieu dont, à l’origine, les principes sont absolument opposés à ceux du monde ; dans ce domaine de la foi et de la profession chrétienne, dont les habitants sont appelés à manifester devant le monde un bel ordre moral selon Dieu — après avoir, dis-je, exposé ces choses, la pensée de l’apôtre revient à son cher fils Timothée. Quoique Timothée soit appelé à surveiller l’ordre de la maison de Dieu jusqu’au retour de l’apôtre, et au milieu de tous ceux qui sont appelés à observer cet ordre, il doit savoir, lui-même aussi, comment il doit se conduire dans cette maison, et quel rôle il doit y tenir. Or c’est la conduite individuelle de Timothée que nous présentera particulièrement le chap. 4 qui va suivre.
Il y eut un moment, décrit dans les premiers chapitres des Actes, où, par suite de l’effusion du Saint Esprit à la Pentecôte, il n’existait pas de différence entre les matériaux dont Dieu édifiait sa maison, et ceux avec lesquels l’homme la bâtissait, Dieu ayant confié ces matériaux à la responsabilité de l’homme, qu’il s’agît de personnes ou de doctrines. Ce moment fut de peu de durée. Au début la foi vivante et la profession étaient inséparables. Tous les membres de la famille chrétienne avaient part aux privilèges de la maison de Dieu, de l’assemblée du Dieu vivant. Mais à peine fut-elle confiée à la responsabilité de ceux qui en faisaient partie, que le déclin commença et qu’elle fut gâtée de mille manières. Les exemples d’Ananias et de Sapphira, mentant au Saint Esprit qui habite cette maison, ensuite les murmures, les divisions, les sectes, l’impureté, le légalisme, les mauvaises doctrines, furent les éléments de ce déclin. Plus tard vinrent « les loups redoutables », « les doctrines perverses » et graduellement, même du temps des apôtres, l’état mentionné dans la seconde épître à Timothée, en Jude, en 2 Pierre, état que nous avons aujourd’hui sous les yeux, seulement beaucoup plus développé et qui aboutira à l’apostasie finale sous la forme de « la grande prostituée » de l’Apocalypse.
En 1 Timothée et Tite, la force pour combattre le mal, ainsi que
la fidélité chrétienne, se trouvent encore là chez le grand nombre ; et
ceux qui s’opposent à la saine doctrine dans l’assemblée ne sont que
quelques-uns (1 Tim. 1:3 ; 4:1). L’apôtre peut
enseigner à son fidèle disciple « comment
il faut se conduire dans la maison de Dieu
». Ce terme caractérise de fait tout le contenu de la première
épître à Timothée.
Cependant il ne faut pas penser que, parce que le mal a tout envahi et que la maison de Dieu est devenue « une grande maison » (2 Tim. 2:20), le chrétien ne puisse pas réaliser ce que « la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant », doit être, malgré l’abandon général de la vérité qui la caractérise aujourd’hui. Le conseil de Dieu est immuable ; ce qu’il a décrété, il l’établira pour toujours. Qui pourra détruire l’Unité de l’Église, corps de Christ ? Qui pourra empêcher l’Église d’être l’Épouse de Christ ? Si l’unité de l’Église n’est plus visible dans ce monde, elle peut y être manifestée par deux ou trois, réunis à la table du Seigneur. Si l’Église, comme Épouse de Christ, lui est devenue infidèle, ces mêmes deux ou trois peuvent réaliser par la foi cette parole : « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! » Si l’Église, habitation de Dieu par l’Esprit, est en ruines, quelques-uns peuvent réaliser son bon ordre, comme Dieu l’a établi, et continuer à rendre témoignage à la vérité dont elle est la colonne et le soutien.
De cette manière, les exhortations contenues ici sont aussi réalisables qu’aux plus beaux jours de l’Église. Appliquons-nous en donc sérieusement le contenu. Répondons au voeu de l’apôtre qui désire que nous sachions comment nous conduire dans cette maison. Grâce à Dieu, elle existe ; l’Esprit de Dieu y habite ; la vérité s’y trouve ; la parole de Dieu y est prêchée ; ceux qui maintiennent ces vérités sont bienheureux et éprouvent ce que c’est d’avoir la puissance de Dieu comme secours au milieu de leur extrême faiblesse. Détournons nos regards de ce que l’homme en a fait ; contemplons-la avec les yeux de Dieu ; voyons comment il l’établira quand tous ses conseils à son égard seront réalisés.
Nous apprenons par la Parole de Dieu comment nous devons nous y conduire. Suivons scrupuleusement, consciencieusement, chacune de ces instructions et, quand même nous ne serions que deux ou trois pour les mettre en pratique, nous resterions encore, semblables à Philadelphie, le témoignage, devant le monde, de ce qu’est cette maison.
Elle est « la maison de Dieu ». La maison de Dieu est bâtie et établie ici-bas, car il n’est pas question ici, comme nous l’avons dit en commençant, du corps de Christ et de sa position céleste en union avec sa Tête glorieuse dans le ciel. La maison de Dieu est établie afin que le monde qui l’entoure apprenne ce que Dieu est, en voyant cet organisme fonctionner normalement selon les pensées de Dieu.
Elle est « l’Assemblée du Dieu vivant ». C’est de cette assemblée, formée de pierres vivantes, que le Fils du Dieu vivant est « la pierre angulaire ». C’est là que la puissance de la vie divine agit par le Saint Esprit ; c’est là qu’il habite. Christ qui bâtit cette assemblée l’a fait en vertu de sa résurrection d’entre les morts, comme Fils du Dieu vivant.
Elle est « la colonne et le soutien de la vérité ». Cette maison a
un témoignage public à rendre devant le monde. Ce témoignage est la vérité
,
non pas certains côtés de la vérité, mais la vérité tout entière. Donc ces deux
choses, la présence du Dieu vivant, dans la personne de Christ, par le Saint
Esprit, et la vérité sont ce qui la caractérise. Notons encore une fois que
c’est l’Église, telle que Dieu l’a établie ici-bas
pour rendre témoignage devant le monde, dont il est question ici, et non pas l’Église corrompue et travestie telle que l’homme l’a faite.
Dieu a donné cette mission à son assemblée, et cette mission subsiste. Il veut,
par elle, faire connaître ses pensées dans le monde. Cette maison est donc
l’endroit où la vérité est proclamée et où sa « profession » est maintenue, et
nulle part ailleurs. Tout ce que l’Ennemi a fait pour
ébranler la vérité ne sert qu’à la mettre en lumière.
La vérité est la pensée de Dieu sur toutes choses, sur ce qu’Il est Lui-même, sur ce qu’est l’homme, sur ce qu’est le ciel, la terre et l’enfer, et Satan, et le monde. En un mot la vérité embrasse toutes choses aux yeux et dans les pensées de Dieu. Cette vérité nous est pleinement révélée dans la personne de Christ, par sa Parole et par son Esprit. C’est pourquoi Christ, la Parole, et l’Esprit sont appelés « la vérité », mais la vérité se résume dans cette personne, proclamée et révélée (voyez Jean 14:6 ; 17:17 ; 1 Jean 5:7). Le monde doit voir dans et par l’assemblée tout ce que celle-ci connaît de Christ, tout ce qui fait d’elle son témoin.
L’assemblée est la colonne
sur laquelle le nom de Christ,
la vérité, est écrit, pour le faire connaître au monde entier. Quelle vaste
mission ! C’est en cela que consiste le témoignage de l’Église. Même au
cas où la Parole serait entièrement inconnue, l’Assemblée
devrait, par toute sa conduite, faire resplendir la vérité, Christ, à tous les
yeux. L’assemblée est le soutien
de la vérité. Elle est la plateforme
sur laquelle la vérité est édifiée, la base sur laquelle Dieu l’a placée.
Comme est l’ensemble, l’Assemblée du
Dieu vivant, tel aussi l’individu. Si le Christ habite par la foi dans nos
coeurs, nous devenons individuellement ses témoins dans le monde, une lettre de
Christ, connue et lue de tous les hommes, en sorte que, comme disait un frère,
celui qui s’approche de cette habitation voie, au premier coup d’oeil, Christ à
la fenêtre. L’apôtre, parlant de lui-même, dit : « Nous recommandant
nous-mêmes à toute conscience d’homme devant Dieu, par la manifestation de
la vérité
» (2 Cor. 4:2).
Après avoir parlé de la vérité qui, comme nous l’avons vu, est
concentrée dans la personne de Christ, de sa Parole et de son Esprit et qui est
proclamée par l’Assemblée du Dieu vivant sur laquelle
la vérité est écrite et établie, l’apôtre aborde un sujet qui se lie intimément au sujet précédent, c’est-à-dire celui de la piété
,
des relations de l’âme avec Dieu, et montre ce qui produit ces relations et les
entretient. Car ce n’est pas tout que d’appartenir à cette maison de Dieu,
colonne et soutien de la vérité ; il faut aussi chez ceux qui composent
cette maison la piété
, c’est-à-dire les rapports individuels de leur âme
avec Dieu. Comment ces rapports peuvent-ils être produits et maintenus ?
C’est là le mystère
, ou secret de la piété. Notez que, dans le Nouveau
Testament un mystère n’est jamais une chose cachée, mais, au contraire, un
secret pleinement révélé. (*)
(*) Ceux qui désireraient étudier ce sujet : le mystère
,
en trouveront tous les éléments dans les passages suivants : Matt.
13:11 ; Rom. 11:25 ; 16:25 ; 1 Cor. 2:7 ; 4:1 ;
13:2 ; 15:51 ; Éph. 1:9 ; 3:3 ;
4:9 ; 5:32 ; 6:19 ; Col. 1:26-27 ; 2:2 ; 4:3 ; 2 Thess. 2:7 ; 1 Tim. 3:9,
16 ; Apoc. 1:20 ; 10:7 ; 17:5, 7.
La piété
est un
composé de deux sentiments qui vont grandissant dans l’âme, à mesure que ses
relations avec Dieu deviennent plus habituelles et plus intimes ; aussi le
chrétien est-il tenu de « s’y exercer » (4:7). Ces sentiments sont, en premier
lieu, la crainte de Dieu
(*). L’âme, dès qu’elle est admise dans
la pleine lumière de Sa présence, apprend à haïr le mal, parce que Dieu le
hait, et à aimer le bien, parce que Dieu l’aime. Cette crainte, loin de nous
faire fuir la présence de Dieu, nous rapproche de Lui et nous remplit de confiance,
car nous savons que Lui seul
est capable de nous conduire et de nous maintenir jusqu’au bout dans cette
voie. Toutes les bénédictions de notre marche chrétienne dépendent de la
piété ; de là l’importance d’en connaître le secret et de quelle manière
elle peut être produite et s’accroître chez les siens.
(*) Voyez Hébr. 5:7 l’identification de la piété avec la crainte de Dieu.
Ce secret consiste à n’être occupé que d’un seul objet, de Dieu
« venu en chair », de Christ-homme.
La doctrine qui est selon
la piété
(6:3) contient beaucoup de choses, et il est à désirer que nous
n’en négligions aucune ; mais la piété elle-même n’a qu’un objet :
l’homme Christ Jésus, connu personnellement ; elle découle de cette
connaissance.
Nous avons déjà vu ce qu’est « le mystère de la foi
» (3:9).
Malgré son immense étendue et sa richesse, ce dernier n’est pas appelé grand
comme celui de la piété. Il est
composé de toutes les vérités qui sont la conséquence de la rédemption. Le
mystère de la piété n’est pas un ensemble de doctrines ; c’est la
révélation d’une personne, la révélation de Dieu, autrefois le Dieu invisible,
mais maintenant rendu visible dans la personne d’un homme.
Ce mot : « la piété » se rencontre, d’une manière presque exclusive dans la seconde épître de Pierre et dans les épîtres pastorales, mais, avant tout dans l’épître que nous étudions. La piété ne peut se former que sur ce qui a été révélé dans la personne de Christ
Dieu, lumière et amour, a été manifesté en chair
,
c’est-à-dire dans la personne d’un homme.
Dieu, manifesté de cette manière, a été justifié
en Esprit
. D’abord
l’évidence de l’absence, chez lui, de tout péché a été démontrée pendant sa vie
par la puissance du Saint Esprit ; ensuite Il a été justifié, selon ce
même Esprit, par sa résurrection d’entre les morts.
S’agit-il pour moi de connaître Dieu, d’apprendre ce qu’est sa justice, de le voir, de l’entendre, de croire en Lui, je trouve tout cela en Christ homme ; c’est sur cet homme que sont fondées toutes les relations entre Dieu et les hommes.
« A été vu des anges
». Dieu a été rendu visible aux anges
quand Il s’est manifesté en chair, dans un homme. Les anges ne peuvent voir le
Dieu invisible. Du moment qu’Il est venu ici-bas,
comme petit enfant dans une crèche, ils le voient. Étendu dans le sépulcre, les
anges le contemplent. Ils sont les premiers à sa naissance, les premiers à sa
résurrection.
« Prêché parmi les nations
». Dieu venu en chair est le sujet du
témoignage, non seulement parmi les Juifs, mais dans le monde entier.
« Cru au monde
», ce Dieu manifesté en chair est un objet de foi
, non de
vue, dans ce monde.
« Élevé dans la gloire
». Venu comme homme ici-bas, il est
monté comme homme dans la gloire. C’est maintenant là que la piété le voit, le
connaît, s’entretient avec Lui, cherche à lui plaire, s’adresse à Lui. Tous les
sentiments de la piété tournent autour de Lui qui en est le centre.
Le secret de la piété, des relations de l’âme avec Dieu, basées
sur la crainte de Dieu et la confiance en lui, nous le retrouvons donc dans la
connaissance de la personne de Christ. En 2 Thess.
2:7, on trouve, terrible contraste, le mystère
d’iniquité
qui est précisément la négation de Jésus Christ, venu en chair,
auquel Satan substituera l’Antichrist (1 Jean 4:12).
Dans les trois premiers chapitres de notre épître, nous avons trouvé en 1:15, l’oeuvre de Christ pour les croyants ; en 2:4 son oeuvre pour tous les hommes ; en 3:15 sa personne comme étant la vérité elle-même ; en 3:16, sa personne comme base unique de toute piété.
Vers. 1-5. — Or l’Esprit
dit expressément qu’aux derniers temps
quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à
des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur
propre conscience cautérisée, défendant de se marier, prescrivant de s’abstenir
des viandes que Dieu a créées pour être prises avec action de grâces par les
fidèles et par ceux qui connaissent la vérité ; car toute créature de Dieu
est bonne et il n’y en a aucune qui soit à rejeter, étant prise avec action de
grâces, car elle est sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière.
Ces versets sont la contrepartie des v. 15 et 16 du chapitre précédent. Ils nous font entrevoir ce qui se passera aux derniers temps dans cette maison établie comme la colonne et le soutien de la vérité. Non pas que ce passage nous décrive la dernière phase de l’apostasie qui nous est révélée dans le mystère d’iniquité de 2 Thess. 2:7-12. La ruine de l’Église responsable, déjà commencée, comme nous l’avons vu, au temps des apôtres, ira en s’accentuant de plus en plus, et ce passage n’en donne pas la période ultime, mais nous décrit ce que nous voyons se dessiner de plus en plus au milieu de la chrétienté professante.
C’est pour cela que l’apôtre nous parle ici, d’une manière générale, des « derniers temps » et de « quelques-uns » qui « apostasieront de la foi ». Cet abandon complet de la vérité n’est donc pas encore devenu général, mais il était « expressément » annoncé, déjà du temps des apôtres. Il n’est pas nécessaire de chercher cette prophétie du Saint Esprit dans un passage spécial de la Parole ; nous croyons qu’ici l’Esprit le dit expressément par la bouche des apôtres.
Mais, s’il ne s’agit encore que de quelques-uns, leur condition n’en est pas moins épouvantable : Ils « apostasieront de la foi ». Sous ce terme la Parole décrit l’abandon public d’un ensemble de doctrines confié à la foi et reçu par elle. Cela implique, contrairement à ce que d’autres ont avancé, quelque chose de bien plus étendu en gravité que la défense de se marier et la prescription de s’abstenir de viandes. C’est, en premier lieu, l’attachement à des « esprits séducteurs » et à « des enseignements de démons ». Les esprits de démons se substituent à l’Esprit de Dieu tout en professant en dépendre et s’imposent aux âmes pour leur faire abandonner Christ. Ceux qui enseignent ces malheureuses victimes « disent des mensonges par hypocrisie ». Ils se donnent une apparence de piété qu’ils n’ont pas, pour mentir et assujettir les âmes à Satan. Sur cette voie de mensonge leur conscience ne les arrête ni ne les entrave, parce qu’elle est « cautérisée », dépourvue de tout sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste. Nous trouvons ici une progression dans le mal. Au chap. 1:19, ces faux docteurs avaient simplement « rejeté une bonne conscience » ; ici, ils l’ont détruite et réduite définitivement au silence en l’endurcissant, ce qui les rend absolument insensibles à tout appel que cette conscience aurait pu leur adresser. Chose terrible ! Quand la conscience a perdu toute sensibilité et est définitivement endurcie, il n’y a plus d’espoir, l’Esprit de Dieu ne pouvant plus se servir du seul levier qu’il puisse employer pour amener un pécheur devant Dieu.
Toutes les manifestations spirites, présentées sous forme religieuse par des trompeurs, ne sont-elles pas aujourd’hui comme le commentaire vivant de ces paroles ?
Ajoutez à cela certaines prescriptions ascétiques sorties des erreurs gnostiques et qui n’ont pas tardé à s’infiltrer, partiellement du moins, dans le catholicisme. Les gnostiques enseignaient qu’il y avait deux principes divins, un mauvais résidant dans le corps et un bon dans l’âme. Les pratiques de l’ascétisme pouvaient seules affranchir du premier. On sait à quels abîmes de corruption ces pratiques ont donné lieu. Revenant particulièrement au sujet de l’abstention des viandes, l’apôtre fait ressortir que ceux qui « connaissent la vérité », dont l’assemblée du Dieu vivant est le soutien et la colonne, ne peuvent se laisser tromper par ces mensonges sataniques. Comment les chrétiens pécheraient-ils en se nourrissant des créatures de Dieu, quand ils le font avec action de grâces ? « Toute créature de Dieu est bonne » (1 Cor. 10:25, 26), puisqu’elles deviennent, quand on les prend, des occasions d’exprimer à Dieu la reconnaissance du fidèle ? Aucune créature n’est à rejeter, car elle nous est apportée par la parole de Dieu. Si la loi déclare certaines créatures pures et d’autres impures, la parole de Dieu, sous le régime de la liberté et de la grâce, cette parole adressée jadis à Pierre, nous enseigne à ne pas tenir pour impur ce que Dieu a purifié et que nous pouvons manger de tout, quadrupèdes, et reptiles de la terre, et oiseaux du ciel (Actes 9:12-15).
Toutes ces choses sont des dons de Dieu ; nous en rendons grâces en les prenant et ainsi nous sommes mis en rapport, par la prière, avec Dieu qui nous les a donnés. Ce mot « prière » traduit « intercession » au chap. 2:1 signifie plutôt les rapports personnels d’intimité avec Dieu. La Parole nous donne ces aliments, la prière les reçoit comme mis à part pour nous et nous en rendons grâces. Nous voyons dans ces aliments un des innombrables exemples de la bonté de Dieu envers nous en faisant servir ses créatures à notre usage. C’était, du reste, ce que Dieu avait dit à Noé après le déluge (Gen. 9:3).
Vers. 6-8. — En proposant ces choses aux frères, tu seras un
bon serviteur du christ Jésus, nourri dans les paroles de la foi et de la bonne
doctrine que tu as pleinement comprise. Mais rejette les fables profanes et de
vieilles femmes, et exerce-toi toi-même à la piété : car l’exercice
corporel est utile à peu de chose, mais la piété est utile à toutes choses,
ayant la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir
.
Timothée avait à proposer ces choses aux frères. On voit ici ses fonctions comme serviteur de Jésus Christ qui avait appris par l’apôtre comment se conduire dans la maison de Dieu. Il avait à mettre les frères en garde contre les enseignements sataniques et l’effort de les ramener à la loi, en disant : « Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ». En faisant ainsi il était un bon serviteur (diakonos) dans l’assemblée du Dieu vivant, non pas avec un titre officiel comme les diacres et les diaconesses (serviteurs et servantes), mais avec un service général, le don qui lui avait été conféré par prophétie. « Nourri dans les paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as comprise (ou suivie avec exactitude) » : Ces paroles de la bonne doctrine faisaient sa nourriture et c’est ainsi qu’il était un bon serviteur. Or la bonne doctrine et la foi qui la saisit ne doivent jamais être séparées et l’on voit quel but vital a l’enseignement de la vérité présenté de cette manière. Cela contredit de la manière la plus formelle les tendances actuelles de la chrétienté professante qui sépare l’étude de la Parole de la foi, ou qui prêche la pratique chrétienne sans la doctrine sur laquelle elle est basée et établie, et sans la connaissance de la personne de Christ, seul secret de cette pratique. Or cette doctrine était confiée à Timothée (*).
(*) Je cite ici tous les passages qui, dans les épîtres pastorales, se rapportent à la doctrine et à l’enseignement : 1 Tim. 1:10 ; 4:1, 6, 11, 13, 16 ; 5:7 ; 6:1, 2, 3 ; 2 Tim. 2:2 ; 3:10, 16 ; 4:3 ; Tite 1:9 ; 2:1, 7, 10.
En enseignant la bonne doctrine, Timothée devait rejeter « les
fables profanes et de vieilles femmes », du radotage, dont il y avait non
seulement à ne tenir aucun compte, mais qu’il fallait résolument mépriser et
bannir, comme corrompant, par son intrusion, la précieuse vérité de Dieu.
Timothée, dans son enseignement, avait montré quel rôle immense jouait la piété
pratique, les rapports de crainte et de confiance de l’âme avec Dieu, dans la
doctrine chrétienne et comme but de cette doctrine. Aussi avait-il à s’y
exercer lui-même
, à pratiquer habituellement les
rapports de communion entre son âme et Lui. La piété exige qu’on s’y exerce
habituellement. Constamment la chair nous sollicite à cultiver des rapports
avec le monde et les choses visibles au lieu de s’en entretenir avec le
Seigneur.
Il en est de même de « l’exercice corporel ». Je ne pense pas
qu’il s’agisse ici de macérations, comme quelques-uns l’ont dit, mais de
cultiver les exercices du corps par lesquels non seulement la santé est
maintenue, mais qui sont utiles aussi à l’équilibre de l’esprit. Ces choses ne
sont donc point défendues au chrétien, mais leur utilité est bien restreinte,
contrairement à l’opinion qui prévaut aujourd’hui dans le monde. La piété, par contre,
est utile à toutes
choses. Elle a une
promesse. Elle peut nous amener à négliger l’exercice du corps, afin de ne rien
perdre des relations de notre âme avec Dieu ; mais, ce qui est bien plus
important, Dieu a soin de la vie présente des siens ; c’est une promesse
de sa part, et il ne permettra pas que leur vie soit raccourcie par le manque,
s’il le faut, d’exercice corporel. Paul prisonnier est un exemple de ce
principe. Bien plus que cela, la piété, l’exercice spirituel, est utile à
toutes choses, ayant la promesse d’une vie qui est au-delà de la vie
présente ; et n’ouvre-t-elle pas des horizons mille fois plus précieux que
la vie passagère d’ici-bas ? Cette vie, nous le verrons, Timothée était
appelé à la saisir (6:12).
Vers. 9-10. — Cette parole
est certaine et digne de toute acceptation ; car si nous
travaillons et sommes dans l’opprobre, c’est parce que nous espérons dans le
Dieu vivant qui est le conservateur de tous les hommes, spécialement des
fidèles.
« Cette parole est certaine et digne de toute acceptation ». Nous avons vu ce même terme au chap. 1:15 relativement à l’oeuvre de Christ et au salut qui est la part de la foi. Une telle vérité est d’une certitude absolue et doit être pleinement acceptée. L’apôtre attache ici la même certitude à la piété qui est utile « à toutes choses ». La foi et la piété ont la même importance quant à leurs conséquences éternelles : la première, le salut par Christ, la seconde, la vie à venir. C’était pour cela, pour que la piété fût réalisée par les chrétiens, que Paul travaillait et supportait l’opprobre. Il était au chap. 1:16 l’exemple de ceux qui viendraient à croire en Christ pour la vie éternelle ; il est ici l’exemple de ceux qui ont mis leur espoir dans le Dieu vivant. À travers toutes ses souffrances il ne pensait qu’à maintenir les rapports bénis de l’âme avec Dieu, soit pour lui, soit pour ses frères, et il savait que ce Dieu, conservateur de tous les hommes et spécialement des fidèles, ne lui manquerait pas pour conserver sa vie à travers tous les dangers qui la menaçaient. Comme il est le Créateur, il est le Conservateur de tous les hommes, sans distinction de leur état moral, mais ce Dieu Conservateur, comme l’apôtre vient de le montrer, l’est particulièrement des fidèles, car le monde n’a ni la promesse de la vie présente, ni celle de la vie à venir.
Je désire ajouter encore ici quelques mots sur le sujet si important de la piété. Nous l’avons déjà dit : elle est le maintien habituel des relations de l’âme avec Dieu. Chose tout à fait remarquable, la piété est mentionnée et recommandée seulement dans les trois épîtres pastorales et dans la seconde épître de Pierre. Ce mot revient 9 fois en 1 Timothée, 2 fois en 2 Timothée, 2 fois en Tite, 4 fois en 2 Pierre. Dieu y insiste pour le temps où le danger du déclin de l’Église, puis son déclin avéré, puis la ruine qui précède son apostasie finale, sont le sujet dont le Saint Esprit veut nous occuper. Dans tous les cas la sauvegarde se trouve dans les relations individuelles des âmes avec Dieu. En 1 Timothée, où la maison de Dieu n’est pas encore en ruine, la piété est mentionnée comme la sauvegarde pour le maintien de cette maison et des individus qui la composent. En Tite, la connaissance de la vérité doit produire la piété (1:1). En 2 Timothée 3:5, la ruine étant complète, la piété n’est plus qu’une formule dont la puissance est désormais absente. En 2 Pierre qui envisage les temps de la fin, elle est un don de Dieu que le fidèle doit maintenir précieusement (*).
(*) Je cite ici tous les passages qui ont trait à la piété : 1 Tim. 2:2 ; 3:16 ; 4:7, 8 ; 6:3, 5, 6, 11 ; 2 Tim. 3:5, 12 ; Tite 1:1 ; 2:12 ; 2 Pierre 1:3, 6, 7 ; 3:11.
Vers. 11-16. — Ordonne ces
choses et enseigne-les. Que personne ne méprise ta jeunesse ;
mais sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en
pureté. Jusqu’à ce que je vienne, attache-toi à la lecture, à l’exhortation, à
l’enseignement. Ne néglige pas le don de grâce qui est en toi, qui t’a été
donné par prophétie avec l’imposition des mains du corps des anciens. Occupe-toi
de ces choses ; sois-y tout entier, afin que tes progrès soient évidents à
tous. Sois attentif à toi-même et à l’enseignement ; persévère dans ces
choses, car en faisant ainsi, tu te sauveras toi-même et ceux qui t’écoutent.
« Ordonne ces choses et enseigne-les ». Ordonner
était le
propre du mandat confié à Timothée. C’était pour cela que l’apôtre l’avait prié
de rester à Éphèse (1:3) ; mais il lui était enjoint de réaliser (1:5) que le
but de l’ordonnance était l’amour. Cette ordonnance lui avait été confiée par
prophétie (1:18). Il était donc tout à fait selon le caractère de Timothée
d’ordonner ces choses. Cependant sa mission était elle-même subordonnée à
l’autorité de l’apôtre dont il était le délégué, aussi ce dernier lui dit-il au
chap. 6:13 : « Je t’ordonne devant Dieu… que tu gardes ce commandement ».
Dans les versets que nous venons de lire nous trouvons, comme
nous l’avons remarqué plus haut, les recommandations personnelles de l’apôtre à
Timothée. Le point principal de ces recommandations est, dans toute cette
épître, la doctrine ou l’enseignement. Ce dernier est mentionné trois fois dans
les quelques versets cités plus haut. Timothée avait à enseigner
les choses que l’apôtre lui avait confiées ; il avait à
s’attacher à l’enseignement
quant à son action publique
(vers. 13) ; il avait à y être attentif pour lui-même (v. 16)
.
Mais ce passage comporte beaucoup d’autres points et les exhortations qu’il contient sont très précieuses comme s’adressant à chacun de ceux qui sont engagés dans l’oeuvre du Seigneur.
La jeunesse de Timothée, engagé dans de si graves et importantes fonctions, surtout dans l’enseignement parmi les saints, pouvait l’exposer au mépris des mal‑intentionnés. Le moyen pour lui de commander le respect était d’être un modèle pour tous, d’être à la tête des fidèles comme objet à imiter. Tel avait été l’apôtre lui-même, quand il disait : « Soyez tous ensemble mes imitateurs, frères, et portez vos regards sur ceux qui marchent ainsi suivant le modèle que vous avez en nous » (Phil. 3:17). Et ici : « Sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite », deux choses trop souvent dissociées dans la vie du chrétien et qui devraient être le reflet l’une de l’autre. Quant à l’état intérieur, il devait avant tout se manifester par « l’amour ». C’est « la fin de l’ordonnance », le grand but, le vrai résultat de son activité, mais l’amour est inséparable de « la foi », cette énergie de l’âme qui saisit les promesses de Dieu ; enfin Timothée avait à se distinguer par la « pureté », qu’elle se montrât dans les pensées, les paroles ou la conduite. Mais revenons encore, à ce sujet, sur la signification du mot foi dans cette épître. Elle peut être, comme nous venons de le dire, et comme généralement partout ailleurs, l’énergie de l’âme produite par la grâce et qui saisit Christ comme objet du salut (1:5, 16 ; 3:9, 13, 16 ; 4:6). Cette foi est souvent, dans la Parole, associée à l’amour (1:14 ; 2:15 ; 4:12 ; 6:11).
En d’autres passages la foi est considérée comme l’ensemble de la doctrine chrétienne reçue par la foi (1:4, 18 ; 2:7).
Enfin, dans plusieurs passages l’état de l’âme et l’ensemble de la doctrine chrétienne ne peuvent se séparer l’un de l’autre (1:19 ; 5:12 ; 6:10, 21).
En l’absence de l’apôtre, Timothée devait s’attacher à ce qui
pouvait avancer la vie spirituelle des saints et avoir pour but les progrès de
la maison de Dieu : la lecture, l’exhortation, l’enseignement. Par la lecture
il fallait avant tout mettre les âmes en rapport direct avec la Parole, en
dehors de toute autre action. À part le fait qu’en ce temps-là un très grand
nombre de fidèles ne possédaient pas les Écritures, cette injonction : « la
lecture
» était et est encore très importante parce qu’elle n’admet aucune
possibilité de mélange comme les deux recommandations suivantes. Les ouvriers
du Seigneur ont-ils assez à coeur de nos jours cette recommandation de
l’apôtre ? Notez qu’il s’agit uniquement ici de la lecture publique dans
l’assemblée. Sommes-nous assez convaincus de la puissance inhérente à la
Parole, sans aucune immixtion du don, pour amener, par elle, les âmes en
contact direct avec le Seigneur ?
L’auteur de ces lignes qui avait fait, devant l’Assemblée, une lecture prolongée des Écritures, sans la
faire suivre d’aucune parole, s’est entendu dire par un frère
expérimenté : Vous ne nous avez jamais fait une exhortation
pareille ! Dieu veuille que nous prenions plus souvent exemple sur le
Seigneur, lors de la scène de Luc 4:16-21, dans la synagogue de Nazareth !
Certes, l’exhortation et l’enseignement ne devaient pas être absents du ministère
de Timothée et ce n’était pas sans raison qu’il avait reçu pour cela un don de
grâce ; il devait ne pas le négliger
(v. 14), comme il devait plus
tard « le ranimer
» alors que le découragement était sur le point de
s’emparer de lui (2 Tim. 1:6). Nous avons vu que ce
don lui avait été annoncé par prophétie, communiqué par l’imposition des mains
de l’apôtre et accompagné de l’imposition des mains du corps des anciens. Cette
dernière ne conférait, ni ne communiquait rien à Timothée ; elle était,
comme toujours dans l’Écriture, le signe de
l’identification, la sanction de la mission, l’expression de la bénédiction
implorée sur elle ; tandis que le don de grâce, et aussi l’Esprit, étaient communiqués exceptionnellement par
l’imposition des mains des apôtres, mais par nulle autre (Actes 8:17). Tout
cela contredit de la manière la plus absolue les vues ecclésiastiques sur les
dons, sur les charges, sur l’ordination, sur l’imposition des mains et sur tant
d’autres pratiques cléricales dont un peu d’obéissance à la Parole aurait vite
fait justice (*).
(*) Qu’il nous soit permis, à l’appui de ce que nous avançons, de transcrire ici le commentaire d’un théologien pieux et respectable sur ce passage. Jamais plus de contrevérités n’ont été accumulées sur un plus petit espace :
« C’était Paul lui-même
qui avait choisi Timothée pour son compagnon d’oeuvre, qui l’avait introduit
dans sa charge (Actes 16:1-3). Et cependant il avait voulu que cette charge fût
confirmée par l’imposition des mains des anciens
, probablement à Lystre même d’où partit le jeune disciple. Les
représentants de l’Église, de concert avec l’apôtre
(2 Tim. 1:6), reconnaissant en Timothée le don de la
grâce pour le ministère, consacrent ce don entièrement au service du Seigneur
et implorent sur lui par ce même acte, l’Esprit et la
bénédiction de Dieu. Bien plus, Paul lui-même, appelé directement par le
Seigneur, reçoit à Antioche l’imposition des mains pour sa première mission
parmi les païens. (Actes 13:3). D’où il résulte clairement que, si l’institution
du ministère évangélique repose sur l’autorité de Jésus Christ qui l’a établi (Éph. 4:11), et si les dons qui y rendent propre viennent de
Dieu seul, la charge
en est conférée par l’Église. En général, le
Nouveau Testament entier prouve jusqu’à l’évidence que tout gouvernement et
toute autorité au sein de l’Église reposent dans les
mains de l’Église elle-même ! »
(Les mots soulignés le sont par l’auteur de l’article).
Les recommandations de Paul à Timothée se font de plus en plus
pressantes : Ordonne
ces choses. Enseigne
-les. Occupe-toi
de ces choses. Sois-y tout entier
. Les deux dernières devaient avoir
pour résultat que les progrès de Timothée fussent « évidents parmi tous ». En
effet, il n’est pas possible que les ouvriers du Seigneur fassent des progrès
notables dans la connaissance des choses de Dieu s’ils ne s’en occupent pas
d’une manière exclusive. Il faut que le don soit accompagné d’une extrême
diligence ; qu’on soit l’homme d’une seule chose
, avec un coeur non
partagé. « Sois attentif à toi-même et à l’enseignement ». On pourrait être
occupé de l’enseignement pour d’autres, sans être attentif pour soi-même aux
choses qu’on prêche ou qu’on enseigne. Timothée avait à veiller sur lui-même,
en sorte que son état moral correspondît à son enseignement. Ainsi la position
privilégiée de Timothée entraînait une immense responsabilité pour lui-même.
Mais de plus il aurait pu être occupé de ces choses avec un grand zèle plus ou
moins temporaire ; non : il fallait y persévérer
, et c’est le
point souvent le plus difficile dans la réalisation de l’activité chrétienne.
En faisant ainsi, Timothée se sauverait lui-même, c’est-à-dire atteindrait
l’entrée finale dans la gloire, après en avoir montré le chemin à ceux auxquels
s’adressait son ministère.
Ce chapitre est donc rempli d’exhortations à Timothée lui-même pour qu’il fût fidèle en toutes choses, car de sa fidélité dépendaient les bénédictions futures de ceux auxquels il s’adressait.
Vers. 1-2. — Ne reprends
pas rudement l’homme âgé, mais exhorte-le comme un père, les jeunes gens comme
des frères, les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des soeurs, en
toute pureté.
Nous avons noté, depuis le v. 6 du chapitre précédent les instructions spéciales données par l’apôtre à Timothée. Ces instructions se continuent jusqu’au bout de l’épître. Je les résumerai ici en quelques mots .
Tout du long, Paul exhorte Timothée à tenir sincèrement compte
des choses qu’il lui recommande. Ainsi (4:6), Timothée doit proposer
aux
frères les choses qui ont trait à la liberté d’user des aliments que Dieu a
créés pour les siens, en les sanctifiant par Sa parole et par la prière. Au v.
11 il lui faut ordonner
et enseigner
les choses qui ont trait à
la piété. Au v. 15 il doit s’occuper
de ces choses et y être tout
entier
. Ces choses sont une conduite irréprochable et l’exercice du don qui
lui a été confié. Au v. 16, il lui faut persévérer
dans la surveillance
de lui-même et dans l’enseignement. Au chap. 5:21, il doit garder
l’ordre et la discipline dans la maison de Dieu. Au chap. 6:2, il doit enseigner
les choses qui ont trait aux surveillants et aux rapports des esclaves avec
leurs maîtres. Enfin au chap. 6:11, il doit fuir
les intérêts terrestres
et toutes les choses qui pourraient le détourner de la marche de la foi.
De quel sérieux Timothée ne devait-il pas faire preuve pour suivre toutes les directions qu’il recevait de l’apôtre sur la conduite qui lui convenait, à lui, dans la maison de Dieu !
Il devait, lui jeune homme, dont les fonctions dans l’assemblée
du Dieu vivant étaient d’enseigner et de reprendre, avoir égard à l’homme
âgé
(et non d’après le contexte, à l’ancien, désigné par le même mot).
L’âge est accompagné de l’incapacité de soutenir des paroles rudes sans en être
écrasé, surtout si la répréhension est justifiée. Il peut arriver qu’avec les
meilleures intentions un jeune homme, doué pour la conduite de l’assemblée,
produise un mal considérable en reprenant un vieillard sans ménagement. J’ai vu
un jeune frère donner le coup de mort à un vieillard, en le reprenant rudement
au sujet de fautes de conduite qui exigeaient une répréhension légitime.
L’exhortation respectueuse est à sa place et non la rude répréhension. Les
mêmes égards sont dus aux jeunes gens et aux femmes âgées. L’amour qui
considère les uns comme frères, les autres comme mères, ôte tout caractère
blessant à l’exhortation. Quant aux femmes jeunes, l’apôtre ajoute au caractère
de soeurs qu’elles devaient avoir aux yeux de Timothée, ces mots : « en
toute pureté ». Facilement les sentiments charnels pouvaient entrer en ligne de
compte chez un jeune homme que l’obligation d’exercer la discipline mettait en
contact avec l’élément féminin. Une vie passée dans la communion avec le
Seigneur, dans la sainteté et la pureté était une garantie suffisante contre
toute convoitise charnelle. Combien ces recommandations si détaillées doivent
en tout temps être un objet de méditation pour les jeunes gens que le Seigneur
appelle à son service !
Vers. 3-6. — Honore les veuves qui sont vraiment
veuves ; mais si quelque veuve a des enfants ou des descendants, qu’ils
apprennent premièrement à montrer leur piété envers leur propre maison et à
rendre à ceux dont ils descendent les soins qu’ils en ont reçus, car cela est
agréable devant Dieu. Or celle qui est vraiment veuve et qui est laissée seule,
a mis son espérance en Dieu, et persévère dans les supplications et dans les
prières nuit et jour. Mais celle qui vit dans le plaisir est morte en vivant
.
Ces versets traitent des veuves
dans l’Assemblée et considèrent ce sujet jusqu’à la fin du vers.
16. Celles qui sont dignes de toute sollicitude, quant à l’assistance de
l’assemblée, que ce soit en les entourant de soins respectueux, que ce soit en
pourvoyant à leurs besoins (*), sont celles
qui sont vraiment
veuves (voy. encore v. 5, 16) , qui, non seulement ont perdu leur mari, mais qui sont
sans enfants et sans descendants. Dans le cas où elles en ont, un devoir
incombe à ceux-ci : ils doivent « apprendre premièrement à montrer leur
piété envers leur propre maison et à rendre à ceux dont ils descendent les
soins qu’ils en ont reçus ». Une telle prescription n’est pas un ordre
légal ; ce qui engage à la suivre, c’est que « cela est agréable devant
Dieu ». Il en est de même, au chap. 2:3, quant à nos rapports avec tous les
hommes et avec les autorités. Ainsi la « piété », c’est-à-dire la crainte de Dieu
et le désir de lui plaire, se montrent non seulement dans les soins de l’Assemblée, mais dans les rapports de famille, et sont à la
base de l’ordre dans la maison de Dieu, même quand il s’agit de soins
matériels.
(*) Ce même terme est employé au v. 17 par rapport aux anciens,
ainsi qu’en d’autres passages (voyez Actes 28:10 ; Matt. 15:4, 5) et ne
signifie nullement
une paye, un gage, des émoluments réguliers.
Au v. 5, l’apôtre fait un portrait du caractère de la femme vraiment veuve, telle que Dieu la considère et l’apprécie. N’ayant ici-bas qui que ce soit sur qui s’appuyer, elle « a mis son espérance en Dieu ». Elle n’espère rien des hommes ; elle est entièrement rejetée sur Dieu. Quelle sécurité ! quel trésor ! Dieu est riche pour répondre à sa pauvreté ! Mais, dépendant de Lui seul, elle est, par là même, en rapport continuel avec Lui et « persévère dans les supplications et dans les prières nuit et jour ». Elle réalise cette primordiale recommandation à la prière du chap. 2:1. L’immense bénédiction d’une position sans espoir du côté de l’homme, c’est qu’on est rejeté jour et nuit sur les ressources inépuisables qui sont en Dieu.
En contraste avec la vraie veuve, la veuve « qui vit dans le plaisir est morte en vivant ». Selon le monde sa vie est assurée et facile ; elle vit au point de vue de la terre, elle est morte au point de vue du ciel. Quel triste spectacle !
Vers. 7-8 — Ordonne aussi ces choses, afin qu’elles soient
irrépréhensibles. Mais si quelqu’un n’a pas soin des siens, et spécialement de
ceux de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu’un incrédule
.
Timothée avait à ordonner ces choses, car l’apôtre désirait que
les veuves, si sympathiques par leur position, n’encourussent aucun reproche.
Il désirait de même que les enfants ou descendants des veuves ne fussent pas
exposés à l’accusation d’avoir « renié la foi » , c’est-à-dire l’ensemble de la
doctrine chrétienne, reçue par la foi et basée sur l’amour, et à être taxés
d’être pires que les incrédules. Au moins ces derniers ne sont pas insensibles
aux liens de la parenté. Ce qui nous est dit ici est extrêmement sévère, mais
nous montre l’importance aux yeux de Dieu du dévouement de ses enfants dans les
choses matérielles. La famille
a pour
Lui une importance particulière. Et cependant, ne l’oublions pas, les devoirs
les plus élémentaires de famille ne peuvent entrer en ligne de compte quand il
s’agit de suivre le Seigneur. Seulement ici ces devoirs sont en rapport avec la
conduite du chrétien dans l’assemblée qui est la maison de Dieu.
Vers. 9.10. — Que la
veuve soit inscrite, n’ayant pas moins de soixante ans, ayant été femme d’un
seul mari, ayant le témoignage d’avoir marché dans les bonnes
(kalos) oeuvres — si
elle a élevé des enfants, si elle a logé des étrangers, si elle a lavé les
pieds des saints, si elle a secouru ceux qui sont dans la tribulation, si elle
s’est appliquée à toute bonne oeuvre
(agathos) (*).
(*) Voyez page 45, note.
On trouve ici d’autres prescriptions au sujet des veuves, en vue du bon ordre dans la maison de Dieu. La veuve ne devait être inscrite au registre des veuves remises aux soins de l’assemblée, que si son âge était avancé, inclinant vers la vieillesse et excluant une union nouvelle. Elle ne devait pas avoir été mariée deux fois, ce qui indiquait plus d’une préoccupation terrestre dans sa vie passée, ou la satisfaction de ses désirs (v. 11). Il fallait qu’elle eût le témoignage d’avoir été active dans les oeuvres bonnes et ayant l’approbation de Dieu, ce qui devait caractériser les saintes femmes (2:10), et disons, en général, la femme selon Dieu. Ces bonnes oeuvres sont détaillées ici. Elles consistent dans l’éducation des enfants. (En cela la femme a toute liberté d’enseigner) — c’est la famille ; dans l’hospitalité : — ce sont les bonnes oeuvres envers les étrangers ; dans les services les plus humbles envers les saints ; dans les secours prodigués aux persécutés ; dans l’application à toute oeuvre charitable, car il en est beaucoup que l’apôtre n’énumère pas. Ces choses, ce service, cette abnégation de soi-même, ce don de ses propres ressources aux autres, caractérisent la femme selon Dieu qui a appris à vivre pour le prochain.
Vers. 11-13. — Mais refuse les veuves qui sont jeunes ;
car, quand elles s’élèvent contre le Christ en s’abandonnant à leurs désirs,
elles veulent se marier, étant en faute parce qu’elles ont rejeté leur première
foi ; et en même temps elles apprennent aussi à être oisives, allant de
maison eu maison ; et non seulement oisives, mais aussi causeuses, se
mêlant de tout, disant des choses qui ne conviennent pas
.
Ces versets, jusqu’au 16°, nous présentent le portrait opposé à
celui des « vraies veuves », celui des veuves que Timothée, remplaçant l’apôtre
dans l’administration de la maison de Dieu, devait refuser
comme objets
des soins particuliers de l’assemblée. Il s’agit des jeunes veuves. Il y a chez
elles des désirs ; désirs de la chair, désirs d’un établissement sur la
terre et de jouissances terrestres, auxquels elles s’abandonnent, et qui sont,
de fait, « s’élever contre le Christ », car elles ont « rejeté leur première foi ».
Cette première foi les avait attachées à Christ, et, par conséquent, séparées
de tout ce que le monde pouvait leur offrir. Nous verrons au chap. 6 qu’il en
est de même de ceux qui aiment l’argent : ils « s’égarent de la foi » ;
mais il s’agit ici de la « première foi », qui les avait caractérisées quand
elles avaient reçu l’épreuve de leur veuvage comme dispensée directement par le
Christ et avaient été convaincues qu’Il voulait les
attacher à lui seul. La première foi abandonnée, ces jeunes veuves, n’ayant
plus un coeur entier pour les bonnes oeuvres et le service du Seigneur, doivent
remplir par quelque chose le vide qui s’est produit dans leur coeur. L’activité
pour Christ et les saints leur manquant, elles se créent une activité factice
par laquelle elles cherchent à peupler le désert de leur existence. Allant de
maison en maison, elles se livrent au babillage, se mêlent des circonstances du
prochain, rapportent des choses qu’elles devraient taire. Ce tableau est
sévère, mais c’est la vérité, et Dieu ne la cache jamais.
Vers. 14-16. — Je veux donc que les jeunes (veuves) se
marient, aient des enfants, gouvernent leur maison, ne donnent aucune occasion
à l’adversaire à cause des mauvais propos ; car déjà quelques-unes se sont
détournées après Satan. Si un fidèle ou une fidèle a des veuves, qu’il les
assiste et que l’assemblée n’en soit pas chargée, afin qu’elle vienne au
secours de celles qui sont vraiment veuves
.
Tout ce passage nous montre qu’en se remariant une jeune veuve peut faire sa propre volonté et abandonner Christ et les intérêts célestes pour les choses de la terre ; mais qu’elle peut aussi, par le même acte, faire la volonté de Dieu et, par conséquent, ne pas perdre la communion avec le Seigneur. Si la position de la jeune veuve la disqualifie pour être inscrite comme méritant la sollicitude de l’assemblée, laquelle n’admet ni les jeunes veuves, ni les veuves ayant eu plus d’un mari, elles n’en sont pas moins dans le chemin de la volonté de Dieu, si elles se marient, non pas pour être agréables à elles-mêmes, mais par soumission à cette volonté. Le remède indiqué au v. 14 est pratique et selon Dieu.
Il est très remarquable de voir comment Dieu, quand il s’agit de l’ordre de sa maison, indique minutieusement ce qui peut parer à tout désordre. Ici l’apôtre exprime la volonté du Seigneur comme son mandataire. Pour les jeunes veuves, le mariage, des enfants, le gouvernement de leur propre maison, sans quoi le gouvernement de la maison de Dieu serait exposé à en souffrir. La jeune veuve éviterait ainsi, comme au chap. 3:7, le piège du diable qui, si elle donne prise aux mauvais propos, s’en servira pour ruiner le témoignage et s’emparer des âmes qui lui en ont fourni l’occasion par une mauvaise conscience. Déjà quelques-unes s’étaient « détournées après Satan ». C’était la conséquence fatale de s’être « élevées contre Christ ».
Au v. 16 nous trouvons une dernière recommandation au sujet des
veuves, celle-ci adressée aux fidèles, hommes ou femmes. Ils doivent les
assister en vue des intérêts de l’assemblée
. Il fallait que les charges
de celle-ci fussent diminuées, non pas afin qu’elle pût se soulager d’un
fardeau, mais afin que les secours à celles qui étaient « vraiment veuves » (et
nous avons vu ce que la Parole entend par ce terme) pussent être plus
abondants.
Vers. 17-21 : — Que les anciens qui président dûment
soient estimés dignes d’un double honneur, spécialement ceux qui travaillent
dans la Parole et dans l’enseignement ; car l’Écriture
dit : « Tu n’emmuselleras pas le boeuf qui foule
le grain » et : « L’ouvrier est digne de son salaire ». Ne reçois pas
d’accusation contre un ancien, si ce n’est quand il y a deux ou trois témoins.
Ceux qui pèchent, convaincs-les devant tous, afin que les autres aussi aient de
la crainte. Je t’adjure devant Dieu et le christ Jésus et les anges élus, que
tu gardes ces choses, sans préférence, ne faisant rien avec partialité
.
L’apôtre revient maintenant aux anciens dans les instructions
qu’il adresse à Timothée. Il s’agit de l’honneur
à leur rendre, sans
qu’il soit question de la forme qu’il doit revêtir, qu’il s’agisse de respect
ou d’aide matérielle ou de soins de quelque autre sorte. Ce même mot « honneur »
est employé comme verbe pour les soins que méritent les veuves au v. 3 de notre
chapitre, et comme substantif pour les honneurs rendus par les esclaves à leur
maître. La manière dont les anciens s’acquittent de leur charge, en « présidant
dûment », est mentionnée ici. Ce même mot est traduit au chap. 3:4 par
« conduisant honnêtement » quand il s’agit de surveiller leur propre maison. La
manière dont les anciens s’acquittaient de leurs fonctions de surveillants
devait être reconnue digne d’un « double honneur ». Il ne s’agit nullement ici
d’un double appointement, car il n’est pas plus mention d’appointements pour
les charges que pour les dons. Au chap. 6:1, ce même mot n’a que le sens de
tout le respect que les esclaves doivent à leur maître, soit en soumission,
soit en dévouement, soit en services rendus. Ici le double honneur est surtout
rendu aux anciens quand ils s’acquittent à la fois de deux tâches : la
surveillance, et le service de la Parole et de la doctrine, double fonction qui
n’était pas le fait de tous les anciens, quoique tous dussent être capables
d’enseigner et de réfuter les
contredisants (Tite 1:9. Voyez « Étude sur Tite », page 27).
L’apôtre cite (vers. 18) Deut. 25:4 à
l’appui de sa recommandation, passage mentionné aussi en 1 Cor. 8:9 pour montrer qu’en donnant une prescription pareille Dieu
parle « entièrement pour nous
». Il
cite ensuite les paroles de Jésus lui-même à ses disciples :
« L’ouvrier est digne de son salaire » (Luc 10:7), ce qui place l’inspiration des
écrits du Nouveau Testament au même niveau que celle des écrits de l’Ancien.
Timothée devait être sur ses gardes au sujet d’accusations portées contre un ancien. Une charge en vue porte facilement à la jalousie, par conséquent aux mauvais propos et à la calomnie. Il faut être prémuni contre tout cela et suivre les instructions de la Parole : « Par la bouche de deux ou de trois témoins, toute affaire sera établie » (Deut. 19:15 ; Matt. 18:16 ; 2 Cor. 13:1).
Mais d’autre part, chacun étant faillible, il ne fallait pas de
partialité en faveur de ceux qui étaient en vue ou en dignité. C’était ainsi
que Paul s’était conduit à l’égard de Pierre qui s’intitule lui-même « ancien »
(1 Pierre 5:1). Il l’avait repris devant
tous
(Gal. 2:14 ; 1 Tim. 5:20).
Le cas d’un ancien qui péchait était doublement sérieux, car il pouvait, par son influence et son autorité, en entraîner d’autres dans le même chemin. Jadis Barnabas avait été entraîné de cette manière dans la dissimulation. Aussi fallait-il que, la conviction étant publique, d’autres anciens ne fussent pas tentés d’imiter le péché du premier. Paul adjurait Timothée de garder ces choses, et cela, de la manière la plus solennelle, car la maison était celle de Dieu, et du Seigneur Jésus Christ, chef sur sa maison, et elle était offerte en exemple aux « anges élus » qui pouvaient ainsi voir Christ dans l’assemblée des saints. Quelle exhortation pratique et combien importante pour celui qui est appelé à un service dans la maison de Dieu !
Vers. 22-25. — N’impose
les mains précipitamment à personne et ne participe pas aux péchés
d’autrui ; garde-toi pur toi-même. Ne bois plus de l’eau seulement, mais
use d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquentes
indispositions. Les péchés de quelques hommes sont manifestes d’avance et vont
devant pour le jugement ; mais ceux d’autres hommes aussi les suivent
après. De même aussi les bonnes oeuvres,
(kala erga) sont manifestes
d’avance, et celles qui sont autrement ne peuvent être cachées.
Timothée est exhorté maintenant à n’imposer les mains précipitamment à personne. L’imposition des mains, quand elle ne venait pas de l’apôtre lui-même qui avait qualité pour le faire, ne conférait ni un don de grâce, ni le don du Saint Esprit (2 Tim. 1:6 ; Actes 8:17). Au chap. 4:14, les anciens n’avaient rien conféré à Timothée par cet acte. L’imposition de leurs mains exprimait la bénédiction, la sanction, et une identification publique avec ce qui était conféré à Timothée par l’apôtre. En imposant les mains, probablement aux anciens, quoique ce ne soit pas dit ici, en tout cas à qui que ce soit, au sujet d’une mission ou d’un service quelconque, Timothée se déclarait solidaire avec eux, s’identifiait avec leur service ou leur mission et apposait sa sanction sur leur charge, leur appel ou leur oeuvre. S’ils péchaient, il s’exposait ainsi à participer aux péchés qu’ils auraient commis dans l’exercice de leurs fonctions. En évitant ce piège tendu sur ses pas, Timothée se gardait pour lui-même. Il devait ne pas donner la moindre prise à un blâme qu’il aurait mérité par sa précipitation, car il se serait souillé en participant ainsi au péché d’autrui.
La recommandation du vers. 23, d’user d’un peu de vin, me semble se lier à ce qui précède, en ce que la participation pouvait provenir de l’excitation de la chair. Timothée aurait cru devoir s’abstenir d’autant plus de toute boisson excitante. L’apôtre montre son souci de la santé de son cher enfant dans la foi, mais de plus, il connaissait combien la conscience délicate et peut-être un peu maladive de Timothée (voy. 2 Tim. 1:6) pouvait s’alarmer facilement des dangers auxquels ses fonctions l’exposaient. Ces petits détails sont très touchants et montrent à la fois la sollicitude de l’apôtre pour son bien-aimé compagnon d’oeuvre et la sollicitude du Seigneur pour son cher disciple en la consignant dans l’écrit inspiré de l’apôtre.
Ayant parlé des péchés d’autrui, l’apôtre mentionne deux caractères de ces péchés. Il y en a qui « sont manifestes d’avance, et vont devant pour le jugement ». On les connaît, ils proclament d’avance le jugement de ces hommes, en sorte que personne ne peut les ignorer. D’autres péchés sont cachés maintenant, mais suivront ces hommes ci-après. Ils les retrouveront au grand jour du jugement. Ce n’était pas seulement le fait de péchés manifestes qui devait mettre Timothée sur ses gardes au sujet de l’imposition des mains, mais aussi le fait de péchés qui ne viendraient en mémoire que plus tard, afin qu’il ne fût pas « couvert de honte à Sa venue » (1 Jean 2:28). Il s’agit donc pour Timothée de ne pas imposer les mains à un homme qui pèche secrètement. Le moyen de reconnaître cet homme, ce sont les bonnes oeuvres. Elles sont manifestes d’avance et celles qui ne le sont pas maintenant le seront nécessairement plus tard. De là la nécessité de n’user d’aucune précipitation dans la sanction à donner à un ouvrier du Seigneur.
Vers. 1-2. — Que tous
les esclaves qui sont sous le joug estiment leurs propres maîtres dignes de
tout honneur, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas
blasphémés ; et que ceux qui ont des maîtres croyants ne les méprisent pas
parce qu’ils sont frères, mais qu’ils les servent d’autant plus que ceux qui
profitent de leur bon et prompt service sont des fidèles et des bien-aimés.
Enseigne ces choses et exhorte.
Ces versets contiennent les instructions aux esclaves. Il est
d’abord question de leurs rapports avec des maîtres incrédules, tandis qu’en
parlant à tous
les esclaves, l’apôtre ne s’adresse qu’à ceux qui font
partie de la maison de Dieu. Il les décrit comme semblables à des bêtes de
somme, dans une position d’entière dépendance et d’infériorité vis-à-vis des
hommes libres. Loin de s’insurger contre leurs maîtres, même si leur conduite
est tyrannique, ils doivent les estimer dignes de tout honneur
. Nous
avons vu plus haut (5:17), ce que ce mot signifie. Une telle recommandation a une
grande portée. Il ne s’agit pas ici d’une sujétion forcée sous un joug
impatiemment subi, mais l’esclave chrétien reconnaît à son maître, quel qu’il
soit, toute dignité, et lui rend moralement et effectivement tout service. Dans
quel but ? C’est afin que le nom de Dieu dont ces esclaves sont les porteurs, et la doctrine
, signe distinctif
de la maison de la foi dont ils font partie, ne soient pas blasphémés par ces
maîtres incrédules. Ces esclaves chrétiens étaient placés par Dieu chez de tels
maîtres pour faire connaître à ces derniers et Son nom et la doctrine de
Christ, confiée, comme témoignage, à la maison de Dieu ici-bas ; doctrine
sur laquelle est fondée toute la vie pratique du chrétien.
L’apôtre s’adresse ensuite aux esclaves qui ont des maîtres croyants. Ils seraient peut-être en danger de se comporter envers eux à l’inverse de leur attitude envers les maîtres incrédules, c’est-à-dire de les mépriser. Un tel sentiment dénoterait la chair s’élevant contre l’autorité établie de Dieu et contredirait tous les principes de la saine doctrine. L’esclave, au lieu de s’élever au niveau de son maître chrétien ou de le rabaisser à son propre niveau, doit être heureux de le servir et aimer à le faire, parce qu’un tel maître est un fidèle quant à son témoignage envers le Seigneur, et un bien-aimé pour le coeur de Dieu au milieu de la famille chrétienne.
Cette exhortation incombait à Timothée, ainsi que l’enseignement qu’elle comporte, car l’une et l’autre faisaient partie du don de ce cher fils de l’apôtre (4:13).
Vers. 3-5. — Si quelqu’un enseigne autrement et ne se range
pas à de saines paroles, savoir à celles de notre Seigneur Jésus Christ et à la
doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, ne sachant rien, mais
ayant la maladie des questions et des disputes de mots, d’où naissent l’envie,
les querelles, les paroles injurieuses, les mauvais soupçons, les vaines
disputes d’hommes corrompus dans leur entendement et privés de la vérité, qui
estiment que la piété est une source de gain
.
Voilà donc ce que Timothée avait à enseigner en exhortant les
esclaves. Celui qui enseigne autrement et ne se range pas aux saines paroles de
Christ, ainsi qu’à sa doctrine, est un orgueilleux et un ignorant, car la
doctrine a la piété
en vue, a pour but de produire des relations de
crainte et de confiance entre l’âme et Dieu et tout ce qui n’a pas ce caractère
ne peut être la doctrine de Jésus Christ. Toujours la doctrine doit nous
ramener à cultiver nos relations avec Dieu, à en jouir et à faire ressortir Son
caractère devant le monde. Celui qui ne suit pas ce chemin est, comme nous
l’avons dit, un orgueilleux, entièrement ignorant du but et des pensées de
Dieu. On dispute sur les mots
, preuve d’un triste déclin dans la maison
de Dieu. Le résultat ne peut être ni la paix, ni l’amour, mais de tristes
querelles d’où naissent les mauvais sentiments qui remplissent les coeurs
d’aigreur, de haine et d’amertume. État haïssable, issu de la corruption, état
d’esprits complètement étrangers à la vérité, et, plus encore, qui cherchent à
tirer un profit matériel de cette apparence de piété qu’ils se donnent, en
entrant dans des disputes religieuses qui n’ont point affaire à la doctrine de
la piété. La haine, le mécontentement produit par ces disputes, l’oubli complet
des relations avec Dieu, caractérisent ces hommes.
Vers. 6-8. — Or la piété avec le contentement (d’esprit) est
un grand gain. Car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident
que nous n’en pouvons rien emporter. Mais ayant la nourriture et de quoi nous couvrir,
nous serons satisfaits
.
Quel contraste entre l’homme des v. 3-5 et le croyant fidèle des
vers. 6-8 ! Il y a, en effet, un grand gain dans ces deux choses ; la
piété
qui a la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir
(4:8), et le contentement d’esprit
qui ne cherche pas son gain dans les
choses d’ici-bas. Le chrétien, content d’esprit, sait fort bien qu’il
n’emportera rien de ces choses, dont il pourrait lui être donné de jouir pour
un temps ; il se gardera par conséquent d’y mettre son coeur. Ce
chrétien-là est simple. Ayant tout son intérêt dans les choses à venir qui lui
sont promises, il est amplement satisfait que Dieu lui assure ici-bas la
nourriture et le vêtement et il en jouit avec actions de grâces. Toute autre
chose est plutôt une entrave pour lui, car il sait qu’il ne peut rien emporter
de ce monde où il n’a rien apporté (Ps. 49:17 ; Eccl.
5:15), et s’il s’était attaché à ces choses, ce seraient
des liens qu’il lui faudrait briser un jour. Vivant dans les choses éternelles
où la piété trouve son compte, et sachant que la possession des choses visibles
partagerait son coeur entre ces deux milieux, la terre et le ciel, sa piété
préfère les choses invisibles qui sont éternelles, car des premières il ne
restera rien et nous n’en emporterons rien dans l’éternité.
Le gain réel de la piété n’est pas celui que les hommes ambitionnent en se livrant à leurs vaines disputes et discussions religieuses par lesquelles ils pensent s’acquérir réputation, gain et profit ; la vraie piété introduit toujours davantage l’âme du fidèle dans la jouissance de ses relations avec Dieu et trouvera son couronnement quand nous jouirons de ces relations sans aucun nuage.
Vers. 9-10. — Or ceux qui veulent devenir riches tombent dans
la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux
qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition ; car c’est une
racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent : ce que
quelques-uns ayant ambitionné, ils se sont égarés de la foi et se sont
transpercés eux-mêmes de beaucoup de douleurs
.
Or d’une manière générale, car l’apôtre parle aussi
, au
vers. 10, des gens de la maison de Dieu, ceux qui cherchent à acquérir la
richesse tombent dans toute sorte de maux. (Il parlera plus tard de ceux qui sont
riches
selon les dispensations du gouvernement de Dieu envers eux et les
traitera d’une tout autre manière (v. 17). Ce désir et cette recherche de
l’argent plongent les hommes dans la ruine et dans la perdition. On peut
détailler toutes les misères qui sont pour le monde et pour les chrétiens la
conséquence de l’amour de l’argent. 1° la tentation et un piège dans lequel ils
tombent ; 2° plusieurs désirs insensés et pernicieux quand ils peuvent
s’accorder l’objet de leurs convoitises, désirs que leur mauvaise nature
cherchera nécessairement à réaliser ; 3° la ruine matérielle et morale,
puis la perdition éternelle en sont la conséquence. L’homme a cru se satisfaire
par les richesses et voici qu’il est englouti, loin de Dieu, dans
l’abîme !
Quelques-uns de ceux
qui appartiennent à la maison de
Dieu ont ambitionné cette part. La conséquence a été pour eux plus que des
ruines matérielles : ils se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de
douleurs, douleurs incessantes par les menaces de ruine, par les soucis
perpétuels. Mais bien plus, ils se sont égarés de la foi
. Cet état n’est
ni le naufrage quant à la foi (1:19), ni l’apostasie de la foi (4:1), ni même
le reniement de la foi (5:8), ou le rejet de la première foi (5:12), — état
moins grave peut-être que les précédents, mais qui plonge l’âme du chrétien
dans une misère sans nom. Ils se sont éloignés, écartés, égarés de la foi pour
ne jamais la retrouver. Elle a perdu pour eux sa saveur, tout son intérêt (il
s’agit ici de l’ensemble des vérités qui la constituent), car ces chrétiens
l’ont remplacée par l’intérêt pour les choses les plus accaparantes, bien que
les plus viles de ce monde.
La foi reste le bonheur, la sauvegarde, les délices de ceux qui lui sont restés fidèles et qui sont les porteurs du témoignage de Dieu ici-bas. Quand ceux-là seront au moment de quitter ce monde pour paraître devant Dieu, seront-ils trouvés vêtus ? Question pleine d’angoisses ! Où sera la réponse ? Où sera leur couronne ? Perdue, donnée à d’autres ! Qui d’entre nous chrétiens oserait souhaiter le bien-être des richesses en l’échangeant contre la joie, la certitude et la paix que donne la possession des choses célestes ?
Vers. 11-12. — Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses, et
poursuis la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur
d’esprit ; combats le bon combat de la foi ; saisis la vie éternelle,
pour laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant
beaucoup de témoins
.
L’apôtre revient maintenant à son cher Timothée. « Mais toi, homme
de Dieu
», lui dit-il. Ce terme, si souvent employé dans l’Ancien Testament, y est toujours appliqué à des hommes
ayant une mission spéciale de la part de Dieu, mission qui a
un caractère prophétique comme émanant directement de Dieu lui-même. Tels
étaient les prophètes Élie et Élisée, le vieux prophète de 1 Rois 13, tel aussi
Moise, prophète législateur, ou David, le roi prophète. Tous reçoivent avec le
titre de prophète celui d’homme de Dieu (cf. 2 Pierre 1:21).
Dans le Nouveau Testament ce titre ne se rencontre que deux
fois, ici et en 2 Tim. 3:17 où il s’applique aussi
tout d’abord à Timothée, puis à celui qui, nourri de la Parole, est chargé
comme Timothée d’une mission spéciale dans ce monde. On voit l’importance de la
mission de ce dernier, car elle lui avait été confiée avec une solennité
particulière comme en témoignent ces deux épîtres. Timothée avait à veiller sur
la doctrine en enseignant comment il fallait se conduire dans l’assemblée du
Dieu vivant, mais il avait à s’y conduire en premier lieu lui-même de manière à
servir de modèle aux autres. C’est ainsi que, représentant Dieu devant ses
frères, Timothée avait à déployer un caractère qui le fit reconnaître comme
tel. Ce caractère se montrait en ce que Timothée devait fuir
les choses
dont l’apôtre venait de parler et poursuivre
celles qu’il allait
énumérer.
Et que devait-il poursuivre ? 1° La justice
, cette
justice pratique qui renie le péché et lui défend de s’introduire dans nos
voies. 2° La piété
, les rapports d’intimité avec Dieu, basés sur la crainte
et la confiance, rapports impossibles sans la justice. 3° La foi
, cette
puissance spirituelle par laquelle on tient pour vraie toute parole sortie de
la bouche de Dieu et par laquelle on saisit les choses invisibles. 4° L’amour
,
le caractère même de Dieu, connu en Jésus Christ, et manifesté par ceux qui
sont participants de la nature divine. 5° La patience
qui fait traverser
et supporter toutes les difficultés en vue du but glorieux à atteindre. 6° La
douceur d’esprit
, l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est
d’un grand prix devant Dieu (1 Pierre 3:4).
À toutes ces choses l’apôtre ajoute deux recommandations
instantes. D’abord : « Combats le bon combat de la foi ». Il s’agit ici du combat
dans l’arène
(1 Cor. 9:25), auquel nous sommes appelés pour remporter le
prix qui est le maintien de la vérité. C’était de ce combat que l’apôtre
pouvait dire au moment d’achever sa carrière : « J’ai combattu le bon
combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tim.
4:7).
La seconde recommandation qui se lie à la première est : « Saisis
la vie éternelle
». La vie éternelle n’est pas ici cette vie que nous
possédons en possédant Christ, « le Dieu véritable et la vie éternelle », cette
vie divine qui nous est communiquée par la foi en Lui et qui nous introduit,
dès ici-bas, dans la communion du Père et du Fils. Elle nous est présentée dans
ce passage comme la jouissance finale et définitive de toutes les bénédictions
célestes, récompense du « bon combat de la foi ». Toutefois ce n’est pas comme en
Phil. 3:12 un « but non encore atteint que le chrétien poursuit et qu’il cherche
à saisir ». L’apôtre veut que, pendant l’action même du combat, ce but ait
été saisi
comme une grande et absolue réalité : la possession et la
jouissance actuelles par la foi de toutes les choses qui appartiennent à la vie
éternelle. Quelle grâce quand la vie éternelle a été saisie de cette
manière !
C’est pour de telles bénédictions que Timothée avait été appelé
.
L’apôtre nous fait remonter au début de la carrière de son cher enfant dans la
foi. À peine cette perspective d’une vie n’ayant qu’un but et qu’un objet,
celui que l’apôtre s’était posé lui-même (2 Tim. 4:7) , avait-elle été placée devant lui qu’il en avait rendu
témoignage et « fait la belle confession devant beaucoup de témoins ». Sa
confession avait trait à la vie éternelle, saisie comme étant le tout de
l’appel chrétien. L’appel faisait de Timothée le champion de cette vérité. Les
nombreux témoins n’étaient pas le monde, mais ceux qui faisaient partie de
l’assemblée du Dieu vivant au milieu de laquelle son ministère allait se
dérouler par son enseignement et ses exhortations.
Vers. 13-16. — Je t’ordonne devant Dieu qui appelle toutes
choses à l’existence, et devant le christ Jésus qui a fait la belle confession
devant Ponce Pilate, que tu gardes ce commandement, sans tache,
irrépréhensible, jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus Christ, laquelle
le bienheureux et seul Souverain, le roi de ceux qui règnent et le seigneur de
ceux qui dominent, montrera au temps propre, lui qui seul possède
l’immortalité, qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a
vu, ni ne peut voir, — auquel soit honneur et force éternelle ! Amen
.
Ces versets sont comme un résumé du but de toute l’épître. « Je
t’ordonne », dit l’apôtre. Timothée avait reçu une ordonnance de sa part et
devait s’y conformer. Étant établi pour représenter l’apôtre en son absence, il
avait à ordonner lui-même (1:3, 5, 18 ; 4:11 ; 5:7 ; 6:17). Ce
que Paul ordonnait à Timothée, il le faisait des plus solennellement devant le
Dieu Créateur, qu’il invoquait comme Celui qui a tout amené à l’existence quand
il n’y avait encore aucune de ses oeuvres, et qui s’est fait connaître à des
êtres infimes comme nous par un acte qui dénote tout son bon plaisir dans les
hommes. N’est-ce pas un motif souverain pour obéir ? Mais, ce que l’apôtre
ordonne, il le faisait aussi « devant le Christ Jésus » devenu homme, « qui a fait
la belle confession devant Ponce Pilate ». Il pouvait être indifférent au
gouverneur romain que Jésus fût roi des Juifs et il le prouve d’un côté en
disant « Suis-je Juif, moi ? » de l’autre en inscrivant : « Jésus, le
Nazaréen, le Roi des Juifs » sur l’écriteau de la croix. Par contre, il n’est
pas indifférent à Pilate, ami de César, qu’à côté de l’empereur un autre homme
ait des prétentions à la royauté. Rejeté des Juifs, comme roi, le Seigneur
attribue, devant Pilate, une toute autre extension à son royaume quand il
dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde », c’est-à-dire qu’il a pour
domaine exclusif une sphère entièrement céleste. Mais il ajoute : « Maintenant
mon royaume n’est point d’ici ». Il parle de revendiquer plus tard ici-bas une
royauté plus vaste que celle de roi des Juifs et c’est ce qui inquiète Pilate
et lui fait dire : « Tu es donc roi ? » À cette question Jésus
répond : « Tu le dis, que je suis roi ». C’était rendre témoignage à la
vérité, coûte que coûte, en maintenant à tout prix le caractère de sa royauté,
car il ajoute : « Moi, je suis né pour ceci. Et c’est pour ceci que je suis
venu dans le monde afin de rendre témoignage à la vérité ». De fait, déclarer sa
royauté par naissance (Matt. 2:1, 2) devant Pilate, ami de César, mais une
royauté qui dépassait de beaucoup les limites juives, c’était signer lui-même
son arrêt de mort. Cette confession était la « belle confession devant Ponce
Pilate » dans notre passage.
Cette belle confession, nous l’avons vu, le Seigneur ne pouvait pas ne pas la faire sans être infidèle à la vérité à laquelle il était venu rendre témoignage dans ce monde, Lui qui était venu ici-bas pour la faire connaître. Sa royauté en faisait partie et s’il avait hésité un instant devant cette confession, il n’aurait plus pu ajouter : « Quiconque est de la vérité écoute ma voix ». La confession qu’il était roi se liait donc intimement au fait qu’il était venu dans le monde afin de rendre témoignage à la vérité.
La belle confession de Timothée devant beaucoup de témoins
chrétiens qui pouvaient la certifier ne mettait pas sa vie en danger. Elle
n’était pas non plus le témoignage à la vérité ; à la vérité toute
entière. Elle était la belle confession des bénédictions immenses de la fidélité
,
bénédictions saisies par Timothée dans le témoignage chrétien auquel il vouait
désormais sa carrière. La belle confession de Christ devant Ponce Pilate était
le témoignage à la vérité dont la royauté actuelle et future de Christ, bien
plus importante que la royauté juive, faisait partie, car « la grâce et la vérité
sont venues
par Jésus Christ ». Rien ne pouvait détourner le Seigneur de
la confession de la vérité tout entière, pas même la mort.
Mais quel immense privilège pour Timothée d’être associé comme Confesseur
avec le Seigneur Jésus, l’un confessant avoir saisi un but que rien ne pouvait
lui arracher, l’autre confessant la vérité tout entière
que la mort même
ne pouvait lui faire abandonner !
Au v. 14 l’apôtre ordonne à Timothée de « garder ce
commandement
», c’est-à-dire ce qu’il venait de lui commander : « Fuis,
poursuis, combats, saisis ». Il était placé comme réalisant ces choses devant
des témoins fidèles et devant le monde. Il devait les garder, « sans tache et
irrépréhensible ». Par contre l’apôtre dit au v. 20 : « Ô Timothée, garde ce
qui t’a été confié ». C’est le résumé du contenu de toute l’épître. L’apôtre
avait déjà dit, mais au sujet d’une partie restreinte de la mission de
Timothée, c’est-à-dire de sa conduite à l’égard des anciens : « Garde ces
choses sans préférence » (5:21).
Quant au commandement, Timothée devait le garder « sans tache » , sans aucune altération ; et « irrépréhensible », sans
que personne eût occasion de le reprendre ou de l’accuser de ne pas garder le
dépôt qui lui était confié ; mais avant tout dans le but de recevoir
« l’approbation de notre Seigneur Jésus Christ à son apparition
». Il est
toujours parlé de l’apparition et non de la venue du Seigneur, quand il est
question de la responsabilité dans le service. C’est pourquoi il peut être
parlé « d’aimer son apparition » qui est cependant toujours accompagnée de
« l’exercice de la vengeance » sur le monde (2 Thess.
1:8). La raison en est que, si la « venue » du Seigneur est le « jour de grâce »,
son apparition est le jour des couronnes, la récompense de la fidélité, pour
les serviteurs de Christ.
Cette apparition sera montrée au temps propre par le bienheureux et seul Souverain, déjà appelé le « Dieu bienheureux » au chap. 1:11. Alors le seul Souverain, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, manifestera cette gloire. De qui l’apôtre parle-t-il ? De Dieu, sans aucun doute, mais impossible de séparer une des seigneuries divines de l’autre. Dieu est tout cela quand il « montre » l’apparition de Christ ; Christ sera tout cela, quand il paraîtra comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Voici la seconde fois dans cette épître (cf. 1:17) que la louange suprême s’élance devant Dieu dans les lieux éternels. Dans le premier cas, à la suite de la venue dans ce monde de Christ homme comme Sauveur ; dans le deuxième cas, à la suite de son apparition comme Seigneur et homme victorieux. À celui qui seul a l’immortalité en Lui-même, qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu ni ne peut voir, soit honneur et force éternelle. Amen ! C’est bien le Dieu personnel, éternel, inabordable, invisible, dont il est question ici, mais nous le connaissons dans son Fils Jésus Christ : « lui est le Dieu véritable et la vie éternelle ».
Vers. 17-19. — Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent
siècle, qu’ils ne soient pas hautains et qu’ils ne mettent pas leur confiance
dans l’incertitude des richesses, mais dans le Dieu qui nous donne toutes
choses richement pour en jouir ; qu’ils fassent du bien ; qu’ils
soient riches en bonnes œuvres ; qu’ils soient prompts à donner, libéraux,
s’amassant comme trésor un bon fondement pour l’avenir, afin qu’ils saisissent
ce qui est vraiment la vie
.
Il reste encore une ordonnance à ajouter au sujet de ceux que, parmi les siens, Dieu favorise des biens de ce monde. Il s’agit ici de leur position « dans le présent siècle » , position qui n’a rien à faire, ou plutôt qui est en contraste avec celle du siècle à venir (v. 13-16).
Cette position ne doit pas les exalter à leurs propres yeux, car
l’orgueil de la richesse est un des vices les plus fréquents parmi les hommes.
Il ne faut pas que les chrétiens se laissent entraîner à se fonder sur
l’incertitude des richesses qui peuvent s’effondrer en un moment ; mais
ils doivent se confier en Celui qui les a richement favorisés en leur donnant
la jouissance de ces choses. Qu’ils emploient leurs richesses à faire du
bien
, qu’elles consistent en richesses de bonnes oeuvres, en promptitude à
donner, en libéralité. Tel est le but de la fortune qui leur est
dispensée ; elle doit développer dans leur témoignage des vertus qui ne
pourraient se montrer que là où Dieu donne des biens terrestres.
« S’amassant comme trésor un bon fondement pour l’avenir ». Il s’agit de l’abandon des choses visibles, quoiqu’elles soient le fruit de la bonté de Dieu, mais données par lui aux siens dans le but d’acquérir « un trésor dans les cieux » qui ne défaille pas et aussi de saisir « ce qui est vraiment la vie ». Telle devait être l’attitude des riches. Cette attitude, Timothée, qui ne possédait aucun de leurs avantages, leur en donnait l’exemple en ayant lui-même « saisi la vie éternelle ».
Vers. 20-21. — Ô Timothée, garde ce qui t’a été confié,
fuyant les discours vains et profanes et l’opposition de la connaissance
faussement ainsi nommée, de laquelle quelques-uns faisant profession, se sont
écartés de la foi. Que la grâce soit avec toi !
Timothée est exhorté à garder ce qui lui a été confié. D’autre
part, nous voyons Paul confier ce qu’il a au Seigneur qui a la puissance de
garder son dépôt. En Lui est la vie, la puissance pour la soutenir et pour
garder dans le ciel l’héritage de gloire qui nous est destiné. Paul savait qui
il avait cru. Il n’avait pas mis sa confiance dans l’oeuvre, mais en Christ
,
qu’il connaissait bien. (2 Tim. 1:12). Ici, c’est
Timothée qui garde le dépôt que le Seigneur lui a confié. Ce dépôt est
l’administration de la maison de Dieu par la Parole, par la doctrine, par
l’exemple qu’il avait à fournir lui-même. Son rôle n’était pas de discuter avec
ces gens-là ; il avait à fuir leurs discours vains et profanes et les
raisonnements opposés à la doctrine de Christ par ces discoureurs qui
prétendaient avoir de la connaissance. Déjà quelques-uns qui professaient la posséder
s’étaient écartés de la doctrine chrétienne. Le dernier mot de l’apôtre à
Timothée est « grâce », faveur divine, sur son fils dans la foi, comme son
premier mot était grâce ! (1:2).