Henri Rossier — Courtes méditations

Le TÉMOIGNAGE — Apoc. 3:14

H. Rossier — Courtes méditations — n°17

ME 1922 p. 153-156

Ceux qui ont compris la pensée de Dieu pour les temps de la fin, ont le privilège de pouvoir réaliser jusqu’au bout ce que le Seigneur attend de ses témoins, car il ne sera pas suscité de témoignage nouveau jusqu’à la venue du Seigneur.

Cette réalisation de la pensée de Dieu et de Christ, nous la trouvons exprimée dans les épîtres à Philadelphie et à Laodicée. Dans la première, il s’agit d’un témoignage collectif très faible, car sa faiblesse coïncide avec la ruine de l’Église professante (Sardes) sortie de la Réformation. Dans la seconde, il s’agit d’un témoignage individuel, le seul qui semble subsister encore quand l’Assemblée responsable est sur le point d’être vomie de la bouche de Christ.

Le témoignage collectif actuel est accompagné de l’aveu public que l’on possède peu de force, mais aussi de la conviction qu’Il est notre Boaz (« En lui est la force »), Lui qui a le pouvoir absolu d’ouvrir et de fermer. Mais ce témoignage consiste d’abord à ne pas renier le nom de Celui qui dit : Je suis le Saint ; à répondre, par une vraie séparation du monde, au caractère du Seigneur qui est et a toujours été le Saint, séparé pour Dieu de tout mal. Ce témoignage consiste en second lieu à garder la parole du Seigneur, à la garder dans toute son intégrité, comme étant la vérité même, le caractère de Celui qui est la Parole faite chair, révélé entièrement dans les Saintes Écritures.

Il n’est point difficile de réaliser ces choses collectivement, ne serait-on que deux ou trois pour le faire. On trouve dans cette réalisation des liens heureux d’amour entre frères exprimés par le nom de Philadelphie, et découlant du sentiment de l’amour de Christ. Ces liens sont étrangers à ceux qui ne possèdent pas les deux choses que Jésus loue en Philadelphie : Garder sa Parole et ne pas renier son nom. Le sentiment de la ruine pousse en même temps ces âmes à attendre le Seigneur et Celui-ci leur confirme la promesse qu’Il vient bientôt.

Philadelphie ne serait pas Philadelphie, c’est à-dire l’amour fraternel uni à peu de force, si l’on devait s’attendre à voir le nombre des chrétiens, attachés à la Parole et séparés du monde, s’augmenter beaucoup et devenir un puissant témoignage au temps de la fin. Cependant, si le témoignage philadelphien était plus fidèle on pourrait voir, avant l’enlèvement de l’Église, un plus grand nombre d’enfants de Dieu garder « la parole de la patience de Christ » et s’écrier : « Viens ! Amen, viens Seigneur Jésus ! »

Le témoignage individuel devient toujours plus pressant à mesure que le temps de la fin approche. Ce témoignage est, à le considérer de près, le même témoignage que Philadelphie a rendu collectivement. Le croyant individuel jouit de la communion avec le Seigneur, mais il a le privilège de faire une connaissance encore plus intime de Christ que Philadelphie ne l’a fait comme assemblée. Il comprend mieux ce qu’est l’Amen (Apoc. 3:14). Ne trouvant plus dans l’Église aucune réalisation de la pensée de Christ, il est rejeté uniquement sur Celui qui est, lui seul, la pleine révélation et le plein accomplissement de toutes les promesses de Dieu relatives au salut, au St-Esprit, à la vie éternelle, à l’héritage. Quand le fidèle serait laissé seul au milieu d’un monde apostat lui manquera-t-il rien, s’il a l’Amen ?

Vous direz que la ruine du témoignage de Dieu dans ce monde doit le remplir de découragement ? Non ; car si vous étiez tout seul à avoir « entendu sa voix » (v. 20) un autre témoin resterait encore. Ce témoin, c’est Lui. Même mon témoignage individuel isolé pourrait venir à manquer (bien que je sois certain que le Seigneur ne se laissera jamais sans témoignage, au milieu de la pire apostasie) que lui demeurerait le témoin fidèle. Et de plus, il est le témoin véritable. Il s’est manifesté à Philadelphie comme « le Véritable », pleinement révélé dans la parole de Dieu qui est la vérité, comme Lui-même est la vérité. Ici, il se manifeste à l’âme individuellement, quand la parole de Dieu est abandonnée, comme Celui dont le témoignage peut être connu par cette même Parole.

Que tu es heureux, pauvre témoin isolé de Laodicée ! ton témoignage, c’est Christ qui le représente, et ce témoignage, tu peux le connaître tout entier dans la Parole, sans qu’il y manque rien ! Es-tu moins puissant, toi, parce que tu es seul ? Non, puisque le Témoin fidèle et véritable est avec toi, qu’il entre chez toi, s’assied à ta table, est en communion avec toi et t’invite à sa communion ! (v. 20).

Nouvelle grâce ! il est encore « le commencement de la création de Dieu ». Quand tout ce qui est de l’ancienne création s’est moralement effondré, lui est le commencement de celle de Dieu, d’une nouvelle création basée sur sa résurrection d’entre les morts. Te voilà, pauvre isolé, introduit dans cet ordre de choses tout nouveau, tout spirituel et céleste, peuplé des milliers de myriades dont il est le Chef ! Regrettes-tu la faillite de l’ancienne création ? Cette création disparaîtra entièrement, consumée par le feu inexorable du jugement, elle passera avec un bruit sifflant de tempête. La nouvelle création seule subsistera. Elle a son commencement en Christ, et ce commencement n’aura point de fin à jamais !