LA NOUVELLE VIE DU CROYANT EN CHRIST

De la nouvelle naissance à la gloire

ANDRÉ Georges


Table des matières abrégée :

1 - Sauvés

2 - La famille de Dieu

3 - Unis à Christ

4 - Un seul corps

5 - Glorifiés


Table des matières détaillée :

1 - Sauvés

1.1 - Pardonnés

1.2 - Purifiés

1.3 - Rachetés

1.4 - Justifiés

1.5 - Réconciliés

1.6 - Sanctifiés

1.6.1 - La sanctification de position, aux yeux de Dieu

1.6.2 - La sanctification pratique

2 - La famille de Dieu

2.1 - Enfants

2.2 - Fils (l’adoption)

2.3 - Héritiers

2.4 - Le Père

3 - Unis à Christ

3.1 - « Identifiés », faits une même plante avec lui (v. 5)

3.2 - Affranchis, libérés

3.3 - Livrés

3.4 - En Christ

3.5 - Christ en nous

4 - Un seul corps

4.1 - Baptisés d’un seul Esprit

4.2 - Diversité dans l’unité

4.3 - Adorateurs

5 - Glorifiés

5.1 - La résurrection

5.2 - Le tribunal de Christ

5.3 - Les noces de l’Agneau

5.4 - La gloire


1 - Sauvés

« Venu pour sauver ce qui était perdu » (Matt. 18:11)

Avec quelle joie le berger, qui a tant cherché sa brebis, peut, de retour à la maison, dire : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis perdue » (Luc 15:6).

Être perdu, c’est avoir fui la voix du berger, l’appel de l’Évangile, et méprisé la grâce de Dieu. C’est s’exposer à paraître devant le « grand trône blanc » et à être « jeté dans l’étang de feu » (Apoc. 20:11, 15).

« Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? », demandait le geôlier de Philippes à Paul et Silas. La réponse vint aussitôt : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Actes 16:30-31).

Mais cette réponse n’est pas une formule que l’on répète. Elle implique, comme Paul lui-même l’annonçait avec persévérance à Éphèse, « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ » (Actes 20:21).

Remarquons que la repentance envers Dieu vient en premier lieu (cf. Luc 24:47, littéralement : la repentance conduisant à la rémission des péchés). Se repentir, c’est changer de pensées, quant à Dieu, quant à soi-même, et quant au péché. On ignorait Dieu, ou bien on le condamnait : « Si Dieu existait… », ou on pensait que « le bon Dieu finirait bien par tenir compte de ma vie rangée pour me prendre dans son ciel ». Mais Dieu se révèle comme le Dieu saint, le Dieu juste ; Dieu, qui est amour, est aussi lumière.

Si la lumière divine éclaire ma conscience, je ne penserai plus que « ma vie est rangée » et peut plaire à Dieu suffisamment pour aller au ciel. Je changerai de pensées à la lumière de sa Parole : « Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:22-23). « Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés » (Éph. 2:1). « Les gages du péché, c’est la mort » (Rom. 6:23), non seulement la mort physique, mais la séparation éternelle d’avec Dieu.

La repentance n’en reste pas là, elle conduit à « la foi en notre Seigneur Jésus Christ » : « Vous êtes sauvés par la grâce, moyennant la foi » (Éph. 2:8). La foi en la Parole de Dieu accepte que « lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5:8), c’est-à-dire qu’il est mort à notre place : « Jésus… a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4:25). « Si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rom. 10:9).

On n’est pas sauvé par les bonnes œuvres que l’on accomplit : « Il nous sauva, non sur le principe d’œuvres accomplies en justice, que nous, nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde » (Tite 3:5). C’est une erreur profonde aussi de penser qu’il faut, en quelque sorte, compléter l’œuvre de Christ pour nos péchés, en accomplissant des bonnes œuvres, qui nous acquerraient des mérites (Éph. 2:9). La Parole de Dieu est très claire : Nous avons été « créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Éph. 2:10).

Viennent d’abord la repentance et la foi, qu’accompagne la « nouvelle naissance » (Jean 3:3-6) ; ensuite, ces bonnes œuvres que Dieu a préparées, accomplies par reconnaissance envers le Dieu d’amour : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4:9-10)

Le salut est considéré sous trois aspects :

– quant au passé : « Vous êtes sauvés » (Éph. 2:5, 8) ; « Dieu nous a sauvés » (2 Tim. 1:9). La certitude d’être sauvé repose sur la foi en la Parole de Dieu (*).

– quant au présent, le croyant est sauvé « par sa vie » (Rom. 5:10), par l’intercession de Christ (Héb. 7:25).

– quant à l’avenir, Romains 13, Il nous dit : « Maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ». Nous attendons « la délivrance de notre corps » (Rom. 8:23). « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:20-21).

Mais le salut lui-même revêt aussi divers aspects que nous allons considérer.


(*) Voir la brochure « Certitude et joie du salut ».


1.1 - Pardonnés

Pour être pardonné, il faut s’être reconnu coupable (Rom. 3:19).

En Lévitique 4:27-35, si quelqu’un s’était rendu coupable (v. 27), il devait amener son offrande, un animal sur la tête duquel il poserait sa main comme pour dire : celui-ci va porter le châtiment de mon péché. Lui-même devait égorger le sacrifice, dont le sang était versé au pied de l’autel, et la graisse brûlée sur l’autel. Après cela seulement, il est répété « il lui sera pardonné ». Ce sacrifice est bien certainement une figure, un type, de celui de Christ sur la croix : « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24). Ésaïe 53 souligne : « Nous avons tous été errants… et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous » (v. 6).

Seul le sacrifice de Christ pouvait « ôter » les péchés. Le sang des sacrifices répandu dans l’Ancien Testament ne pouvait jamais « ôter les péchés » (Héb. 10:4, 11), ils étaient « couverts » (Ps. 32:1). Mais Christ a offert « un seul sacrifice pour les péchés » (Héb. 10:12) de sorte que l’Esprit de Dieu peut dire : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités » (v. 17).

Quand un homme pardonne une offense, il n’y a pas de châtiment pour le coupable. Dieu, lui, ne passe pas par-dessus le péché. Il faut que le châtiment soit exécuté ; mais il l’est sur un autre, c’est-à- dire sur Christ : « Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu » (1 Pierre 3:18).

Qu’en est-il alors des péchés des croyants après la nouvelle naissance ? 1 Jean 1:9 est très clair : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle (à sa Parole) et juste (envers Christ) pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité ».

Proverbes 28:13 avait déjà dit : « Celui qui confesse ses transgressions et les abandonne obtiendra miséricorde ». Dieu ne demande pas une compensation pour nos péchés, ni une pénitence extérieure, mais une confession, à Dieu d’abord (Ps. 32:5) et, si le cas le demande, à celui que nous avons lésé. Jacques 5:16 envisage même la confession réciproque des fautes « l’un à l’autre » (non pas publiquement), afin de prier l’un pour l’autre. Cela peut être une grande aide dans la marche chrétienne, à condition d’assurer une discrétion absolue (v. 20).

Et nous sommes amenés à nous pardonner les uns aux autres, selon Éphésiens 4:32. La parabole de Matthieu 18:23-35 montre la gravité de ne pas pardonner à son frère, oubliant l’immense dette que Dieu nous a remise.


1.2 - Purifiés

Il y a le péché-dette, la culpabilité (Rom. 3:19), que le Seigneur Jésus illustre par la parabole de Luc 7:41-42 et 47-48 ; il y a aussi le péché-souillure, dont nous avons besoin d’être « lavés ».

Le prophète Michée disait déjà : « Ce n’est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure qui amène la ruine : la ruine est terrible ! » Si nous en doutons, il suffit de regarder autour de nous ! Or, de la sainte cité dont Jean a la vision en Apocalypse 21, il nous est dit : « Il n’y entrera aucune chose souillée » (v. 27).

Celui qui est souillé par le péché, par la corruption personnelle et ambiante, est appelé à se laver. Mais comment le pourrait-il ? Aussi David demande-t-il à Dieu : « Lave-moi pleinement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché… et je serai plus blanc que la neige » (Ps. 51:2, 7). Seul le sang de Jésus Christ « nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7). De ceux que « l’Agneau… conduira aux fontaines des eaux de la vie » (Apoc. 7:17), il nous est dit qu’« ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau ». Aussi comprenons-nous la portée du cantique chanté sur la terre : « À Celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang… à lui la gloire » (Apoc. 1:5-6).

1 Corinthiens 6:9-10 donne la liste de ceux qu’on a appelés les dix lépreux. Mais, ajoute l’apôtre : « Quelques-uns de vous, vous étiez tels ; mais vous avez été lavés… au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu ».

En Zacharie 3, le grand sacrificateur se tenait dans la présence de Dieu. À sa lumière, il paraît vêtu « de vêtements sales ». Normalement cette souillure n’apparaissait pas, mais quand il « se tenait devant l’Ange », elle était visible ; il faut toute l’action divine pour « faire passer de dessus toi ton iniquité ».

Le jeune Ésaïe, âgé probablement de moins de vingt ans, entre dans le temple et a la vision du Seigneur assis sur son trône (6:1). Les anges proclament Sa sainteté. Le jeune homme dit : « Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures ». — Un charbon ardent est pris de dessus l’autel, charbon qui avait consumé la victime du sacrifice ; il touche ses lèvres, symbole de la foi en l’œuvre de Christ à la croix ; il lui est dit alors par le messager divin : « Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée » (v. 7).


1.3 - Rachetés

Racheter, c’est libérer en payant un prix. Un esclave est acheté au marché d’esclaves ; délié de ses chaînes, il est libéré. Il est racheté. C’est ce que la Bible appelle la rédemption.

Galates 3:13 nous dit que « Christ nous a rachetés de la malédiction… étant devenu malédiction pour nous ». Plus loin, « Dieu a envoyé son Fils… afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi » (Gal. 4:4-5). Personne ne pouvait observer la loi, surtout pas le dixième commandement : le désir de faire le mal sans même l’accomplir, c’était déjà pécher ! Christ, chargé de nos péchés aux heures de ténèbres sur la croix, a été maudit à notre place, et nous a ainsi amenés à la bénédiction (Gal. 3:14).

Nous avons été rachetés :

— de toute iniquité (Tite 2:14)

— de notre vaine conduite (1 Pierre 1:18)

— de l’esclavage du péché (Jean 8:34 ; Rom. 6:17, 20). D’où la déclaration magnifique : « Tu n’es plus esclave, mais fils » (Gal. 4:7) (*).

En Christ « nous avons la rédemption par son sang » (Éph. 1:7). Christ « est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (Héb. 9:12).


(*) Voir notre brochure « Esquisse de l’épître aux Galates »


1.4 - Justifiés

« Dieu justifie l’impie… celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 4:5 ; 3:26).

Lorsqu’un coupable est pardonné, il n’a pas de châtiment à subir ; si c’est un pardon humain, on passe par-dessus la faute et on n’en tire pas de conséquence. Si c’est le pardon divin, la faute est expiée, Christ en a porté le châtiment (Ésaie 53:5).

Pardonner est, dans un sens, négatif : le péché est oublié, il n’y a pas de châtiment pour le coupable. Être justifié est positif : l’accusé est déclaré juste, il ne porte pas de culpabilité.

Comment cela est-il possible ? Dieu a présenté Christ pour « propitiatoire » :


« par la foi en son sang

afin de montrer sa justice dans le temps présent en sorte qu’il soit juste

et justifiant celui qui est de la foi de Jésus »

(Rom. 3:25-26).


Essayons de comprendre ces expressions.

La propitiation n’a pas pour but d’apaiser un dieu vengeur, mais de permettre à Dieu d’être juste en justifiant le pécheur.

« À celui qui fait des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due ; mais à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice » (Rom. 4:4-5).

Dans une nuit étoilée, Abraham, à l’invitation divine, sort de sa tente pour compter les étoiles, « si tu peux les compter ! ». Et Dieu lui dit : « Ainsi sera ta semence » (Gen. 15:5- 6). Abraham n’avait pas d’enfant et, humainement, plus d’espoir d’en avoir. Mais il « crut l’Éternel ; et Il lui compta cela à justice ». Autrement dit, comme dans Romains 4, c’est la foi qui est comptée à justice (v. 19-22). La foi accepte que Dieu est juste en justifiant le coupable ; elle n’a pas été comptée seulement à Abraham, « mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (v. 23-25).

Cela peut nous paraître mystérieux. Mais la Parole est parfaitement claire. À cause de l’œuvre de Christ à la croix, Dieu est juste en justifiant celui qui croit en Jésus. Le croyant qui accepte par la foi une telle déclaration, même s’il n’en saisit pas toute la portée, est déclaré juste : « Sa foi lui est comptée à justice ».


« Christ… nous a été fait… justice »

(1 Cor 1.30).

« Nous sommes justifiés gratuitement :

par sa grâce

par la rédemption qui est dans le Christ Jésus par son sang

moyennant la foi »

(Rom. 3:24; Tite 3:7; Rom. 5:9).


On peut se représenter un tribunal où l’accusé doit répondre d’un dossier volumineux. Mais le juge, Dieu lui-même, le déclare juste parce que le coupable se réclame de l’œuvre de Christ ; il sort du tribunal, non seulement pardonné, mais déclaré juste, justifié. Rien n’est mis à sa charge.

Pourquoi alors Jacques 2:17 dit-il : « la foi, si elle n’a pas d’œuvres, est morte par elle-même » ? Jacques considère les choses du point de vue de l’homme, tandis que dans l’épître aux Romains, c’est le côté de Dieu : Dieu est juste en justifiant. « Quelqu’un dira… : Montre-moi ta foi sans œuvres ». De fait, « par mes œuvres, je te montrerai ma foi » (Jacq. 2:18). Ce sont les œuvres du croyant (Éph. 2:10) qui montreront aux hommes la réalité de sa foi et de sa nouvelle naissance. Devant Dieu qui lit dans le cœur, la foi est comptée à justice. Devant les hommes, la foi se démontre par les œuvres d’un homme né de nouveau. C’est le fruit de l’Esprit (Gal. 5:22).

Concluons par l’assertion catégorique, trois fois répétée : « Le juste vivra de foi » (Rom. 1:17 ; Gal. 3:11; Héb. 10:38).


1.5 - Réconciliés

« Étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (Rom. 5:10). Christ nous a « réconciliés dans le corps de sa chair », « par la mort » (Col. 1:22).

Dieu n’était pas notre ennemi ; Dieu est amour : il a donné son Fils pour nous. C’est le pécheur qui est ennemi de Dieu, loin de lui, plein de griefs contre lui, à moins qu’il l’ignore, ou le prétende « mort », ce qui est un blasphème.

Lorsque deux hommes se réconcilient, ils rétablissent la relation antérieure. Mais lorsque Dieu opère la réconciliation avec un pécheur, il l’introduit dans une nouvelle relation fondée sur la mort de Christ.

Ce n’est pas notre appréciation de l’œuvre de Christ qui opère la réconciliation, c’est Dieu qui l’apprécie. La foi accepte ce que Dieu fait en nous ramenant avec lui à l’unité, à la paix.

Il ne s’agit pas d’un changement de l’homme naturel, mais d’une position nouvelle, produite par la réconciliation ; elle nous permet de nous approcher de Dieu, de jouir de son amour, de le connaître comme Père, d’être remplis de sa grâce, d’être d’accord avec lui. « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ » (2 Cor. 5:17-18).

Un privilège découle d’une telle relation avec Dieu : « Il nous a donné le service de la réconciliation… mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, — Dieu pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor. 5:19-20).

L’apôtre conclut, en soulignant tout ce que Dieu a opéré pour que la réconciliation soit possible : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui ». Tel est le message de la réconciliation ; la foi accepte que Christ, non seulement a « porté les péchés », mais a été « fait péché » à notre place, afin que Dieu soit juste, à cause de l’œuvre de Christ, en justifiant et en réconciliant.

L’inimitié (le fait d’être ennemi) de l’homme contre Dieu est foncière ; mais elle existe parfois d’homme à homme, de frère à frère, d’époux à épouse, d’une race à l’autre, de pauvre à riche, et dans combien d’autres domaines encore. Dans un esprit de grâce et d’humilité, la réconciliation peut s’opérer avec ses frères, dans le couple et dans les relations sociales.


1.6 - Sanctifiés

Mis à part pour Dieu, en Christ


1.6.1 - La sanctification de position, aux yeux de Dieu

Celui qui a saisi par la foi l’œuvre de Christ est sanctifié pour Dieu, mis à part pour lui. « Tous les bien-aimés de Dieu » sont « saints appelés », c’est-à- dire tels par l’appel de Dieu (Rom. 1:7 voir note). Dieu les voit tels en Christ. Par la volonté de Dieu « nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes… car, par une seule offrande, Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10:10, 14). D’une part il y a la volonté de Dieu, d’autre part l’offrande du corps de Jésus Christ. La foi seule peut saisir cela. Ceux qui « se tournent des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu… reçoivent la rémission des péchés et une part avec ceux qui sont sanctifiés, par la foi en Christ » (Actes 26:18).


1.6.2 - La sanctification pratique

Le croyant n’a pas à devenir saint ; il l’est. Mais il est appelé à le montrer. L’exhortation d’Éphésiens 5:3 est fondée sur le fait de se comporter « comme il convient à des saints ». Cette sanctification pratique est progressive. Elle s’opère par la Parole de Dieu reçue chaque jour, aimée et mise en pratique. C’est la prière ultime du Seigneur Jésus pour les siens : « Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité » (Jean 17:17). Éphésiens 5:26 précise que Christ sanctifie l’assemblée « en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ». C’est l’œuvre de Dieu en nous, tandis que le salut, sous ses divers aspects, est l’œuvre de Dieu pour nous.

Parce que nous manquons souvent à cette sanctification pratique, la discipline du Père s’exerce envers nous « pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12:10). Une telle discipline pour le présent « ne semble pas être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice (pas pour tous, mais) à ceux qui sont exercés par elle » (v. 11).

Il y a aussi une discipline personnelle : « Purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 7:1). L’ambiance extérieure ne manque pas d’influencer et la chair et l’esprit. Romains 13:14 ajoute : « Revêtez le Seigneur Jésus Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises ».

1 Corinthiens 9:24-27 nous exhorte à courir de telle manière que nous remportions le prix. Cela demande, aussi pour le combat, de « vivre de régime en toutes choses ».

« Poursuivez la sainteté », dit Hébreux 12:14, exhortation à laquelle on peut bien ajouter celle de Barnabas à Antioche : « … attachés au Seigneur de tout votre cœur » (Actes 11:23).


2 - La famille de Dieu

2.1 - Enfants

Telle est la nouvelle relation avec Dieu, dans laquelle le croyant est introduit, ce qu’il a fait de nous. Pour Abraham, il était le Dieu Tout-puissant. À Israël, Dieu se donne à connaître comme l’Éternel (Jéhovah), celui qui est et reste le même (Exode 6:2). Au temps de la grâce, Dieu se révèle comme Père : « À tous ceux qui ont reçu (Christ), Dieu a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom, lesquels sont nés… de Dieu » (Jean 1:12-13). Remarquons qu’ils sont « nés », introduits dans la chaude atmosphère de la famille de la foi. C’est la nouvelle naissance de Jean 3:3 et 5. Pour amener à cette relation d’enfant l’homme loin de Dieu, il fallait le faire naître à une vie nouvelle, le régénérer.

Israël avait une relation de peuple avec Dieu, mais le croyant aujourd’hui a la relation d’enfant avec son Père. Il ne s’agit pas de réformer la nature humaine, la vieille nature, mais d’un acte créateur de Dieu par le Saint Esprit agissant par sa Parole. Jacques nous dit : « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité » (1:18). Pierre précisera : « Vous êtes régénérés… par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pi. 1:23).

La Parole de Dieu est à la fois une eau et une semence.

Jésus affirme : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:5). Éphésiens 5:26 nous parle d’être purifiés « par le lavage d’eau par la parole ». Tite souligne le « lavage de la régénération » auquel est ajouté « le renouvellement de l’Esprit Saint » (3:5), qui rend le croyant complètement différent de ce qu’il était avant (Rom. 12:2) : « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (2 Cor. 5:17). Éphésiens 2:10 précise que nous avons « été créés dans le Christ Jésus ».

Mais elle est aussi une semence. Jésus lui-même le dit dans l’interprétation de la parabole du semeur : « La semence est la parole de Dieu » (Luc 8:11) : « semence incorruptible », avons-nous vu dans 1 Pierre 1:23.

Mais en Jean 3 une double condition est posée : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en Lui… ait la vie éternelle… Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:14-16). Remarquons le « quiconque » : nul n’est écarté ; et le « croit » : la foi en Celui qui est véritablement Dieu et véritablement homme élevé sur la croix où il a donné sa vie en rançon pour plusieurs.

Une assurance intérieure est produite par le Saint Esprit : « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rom. 8:16).

Les parents croyants peuvent prier pour le salut de leurs enfants, les amis pour celui de leurs amis. Mais personne ne peut produire la nouvelle naissance. Elle est l’œuvre de Dieu qui lui-même agit par sa Parole et par son Esprit. Les parents ont présenté la Parole à l’enfant ; ils l’ont élevé pour le Seigneur, mais Dieu seul peut donner la vie éternelle à celui qui croit : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu… Nous sommes maintenant enfants de Dieu » (1 Jean 3:1-2). « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:11-12). Il nous a rendus « participants de la nature divine » (2 Pierre 1:4) qui nous amène à la communion avec Dieu, à l’intimité avec le Père, écoutant sa voix nous parler de son Fils. Et pour que nous ayons toute assurance, l’apôtre Jean ajoute : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5:13).


2.2 - Fils (l’adoption)

Éphésiens 1:4-5 nous dit que « avant la fondation du monde », Dieu nous a « prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ».

Les enfants sont en relation avec le Père. Être fils, c’est avoir une position comme tel. La pensée éternelle de Dieu était d’avoir devant lui des fils. C’était le désir, le bon plaisir de sa volonté. Il y a comme un entretien entre le Père et le Fils. Son Fils est devant lui saint, les fils seront saints ; le Fils est irréprochable, les fils seront irréprochables ; le Fils est bien- aimé, les fils seront bien-aimés ; le Fils est agréable, les fils seront rendus agréables dans le Bien-aimé (v. 6).

Pour cela, il a fallu que, dans le temps Christ vienne ici-bas et accomplisse la rédemption par son sang, la rémission des fautes (v. 7). Ainsi des êtres déchus, souillés, seront des fils devant le Père.

Galates 4:1-7 nous montre que l’adoption est l’acte de Dieu plaçant dans la position d’un fils adulte celui qui est libéré de la loi, du principe légal. Dans l’accomplissement du temps, « Dieu a envoyé son Fils… pour racheter ceux qui étaient sous (la) loi, afin que nous recevions l’adoption » (Gal. 4:4-5). Et « parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père : de sorte que tu n’es plus esclave, mais fils ».

C’est un changement complet de position. Dans les Galates, on est arraché à l’esclavage du principe légal ; dans Romains 8, on est libéré de l’esclavage du moi : « Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Car vous n’avez pas reçu un esprit de servitude pour être derechef dans la crainte, mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ! » (v. 14-15).

Le fils prodigue avait l’intention de dire à son père : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires » (Luc 15:19). Mais quand son père le voit, ému de compassion, il court à lui, se jette à son cou, le couvre de baisers ; et le fils ne peut plus demander d’être traité comme un esclave ; le père fait apporter dehors la plus belle robe ; on se met à table pour « faire bonne chère », repas qui n’a pas de fin, communion commencée sur la terre et qui se continuera dans le ciel.

Actuellement nous avons les prémices de l’Esprit, mais nous attendons l’adoption, « la délivrance de notre corps ». Jusque-là, « l’Esprit nous est en aide dans notre infirmité » (Rom. 8:23, 26).


2.3 - Héritiers

« Tu n’es plus esclave, mais fils », conclut l’apôtre en Galates 4:7. Mais il est ajouté : « Et, si fils, héritier aussi par Dieu ». Paul le confirmera aux Romains : « Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Rom. 8:17). Dieu nous a « fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir… de réunir en un comme chef, toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, en Lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers » (Éph. 1:9-11).

Il nous est difficile de nous représenter la portée de ces expressions. La Parole nous dit : « Vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage » (Éph. 1:13-14). L’Esprit nous donne un avant-goût de cet héritage à venir. Jésus disait à ses disciples, en Jean 16:13-15 : l’Esprit annoncera les choses qui vont arriver ; il me glorifiera ; il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. Les épîtres nous en donnent le développement.

À ce moment douloureux, au début de ces derniers entretiens avec ses disciples, où Judas trahissait, où Pierre allait renier, le Seigneur Jésus dit aux siens : « Que votre cœur ne soit pas troublé » (Jean 14:1). Il détourne leurs pensées vers un autre horizon que le présent bien sombre, vers un domicile céleste vers lequel ils vont se diriger, « la maison de mon Père ». Les voyageurs sont en marche vers le ciel. Ils ont la perspective de l’héritage ; ils en ont déjà les arrhes ; c’est, dira Pierre (1 Pi. 1:4), « un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour vous », alors que les héritages terrestres souvent s’évanouissent ou sont mal employés. Mais pour les croyants, en attendant l’héritage, « vous êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi » (1 Pi. 1:5).


2.4 - Le Père

C’est essentiellement dans l’évangile de Jean que le Seigneur Jésus révèle le Père : « Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître » (Jean 1:18). En Matthieu 11:27, Il avait déjà dit : « Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler ». Mais c’est surtout dans les « dernières paroles », (*) soit Jean 14 à 17, qu’il parle du Père, de son Père.

À travers les autres évangiles, Jésus avait parlé du Père céleste, du Père qui est dans les cieux, prenant soin des siens, mais en quelque sorte à distance. En Jean 15:15, Jésus dit : « Je ne vous appelle plus esclaves… mais je vous ai appelés amis ». Il y aura davantage : 11 peut les assurer d’un amour infini : « Le Père lui-même vous aime » (16:27).

Il faudra le matin de la résurrection pour que Marie de Magdala reçoive le message : « Je monte vers mon Père et votre Père et vers mon Dieu et votre Dieu » (20:17). Cette révélation n’est pas réservée aux chrétiens les plus avancés, mais l’apôtre dit : « Je vous écris, petits enfants, parce que vous connaissez le Père » (1 Jean 2:13). Les vrais adorateurs adorent le Père (Jean 4:23) ; ils font aussi monter la louange « à Celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang » (Apoc. 1:5).

À la fin de sa prière, en Jean 17, Jésus avait dit, s’adressant à son Père : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (v. 26). À travers l’Évangile, c’était le Père, c’était mon Père. Après l’œuvre de la croix et la résurrection, vient le message : « Je monte vers mon Père et votre Père ». Il ne dit pas notre Père, car sa relation avec le Père est au-dessus de toutes celles dont les siens pourraient jouir ; Lui reste toujours « premier- né entre plusieurs frères » ; mais la relation est établie, et la communion est proposée dans 1 Jean 1 : « Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (v. 3) : communion avec le Père au sujet de son Fils ; communion avec le Fils au sujet de son Père ; « et nous vous écrivons ces choses afin que votre joie soit accomplie » (v. 4).

Dans quelle mesure jouissons-nous, jour après jour, de cette communion, qui peut se réaliser individuellement dans la tranquillité d’un moment de la journée ; et surtout collectivement dans le culte, quand


…l’hymne éternel commencé sur la terre

Exalte, glorifie, et le Père et le Fils.

A.Ladrierre


(*)Voir la brochure de H. Smith « Les dernières paroles » particulièrement intéressante.


3 - Unis à Christ

Dans le premier chapitre au sujet du salut, nous avons vu la grâce de Dieu pour nous. Dans le deuxième chapitre, nous voyons ce qu’il fait de nous, la famille de Dieu. Et maintenant, dans notre union avec Christ, nous voyons son œuvre en nous.

Quelles ont été les conséquences de la chute ? (Gen. 3) — « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort » (Rom. 5:12). Le péché sépare les hommes de Dieu, et les uns des autres ; la mort est la séparation de l’âme d’avec le corps physique ; pour ceux qui ne sont pas sauvés, la seconde mort est la séparation éternelle d’avec Dieu. La relation qui existait avec Lui avant la chute a été comme coupée. Mais par l’œuvre de son Fils, Dieu donne beaucoup plus ; il ne rétablit pas l’état antérieur, mais il nous unit à Christ.

Par notre union à Christ, celui-ci demeure en nous et nous en Lui. C’était un mystère (Col. 1:26-27), une chose cachée, maintenant révélée par l’Esprit.

Nous sommes « en Christ » devant Dieu, sujet important de l’épître aux Éphésiens ; Christ est « en nous » dans ce monde, comme le souligne l’épître aux Colossiens. Saisir cela par la foi transforme la vie (Gal. 2:20).

Romains 6 nous donne l’essentiel de cette œuvre divine en nous :


3.1 - « Identifiés », faits une même plante avec lui (v. 5)

Ceci implique notre mort avec Christ (v. 6-7) et notre résurrection avec Lui (v. 8) (voir aussi Éph. 2:5-6). Un exemple fait mieux saisir la chose : un arbre fruitier sauvage porte des fruits sans valeur ou immangeables. On coupe les branches de l’arbre, laissant subsister leurs bases et le tronc. Dans ce qui reste des branches, on greffe, on insère des rameaux d’un arbre cultivé. Les rameaux ainsi insérés, les greffons, vont transformer le sauvageon en un arbre productif, qui aura la nature du greffon.

Il s’agit de croire que nous avons été unis à Christ dans sa mort et dans sa résurrection. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (v. 11). Puis il faut montrer ce que nous sommes en Christ, ou, comme le dit l’apôtre, « marcher en nouveauté de vie » (v. 4).

Éphésiens 4:22-24 précise cette transformation : « En ce qui concerne votre première manière de vivre avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses ». « Avoir dépouillé » est en grec un aoriste, c’est-à-dire un point précis du passé. Ce que nous étions naturellement, nous l’avons de fait dépouillé, quoique la nature pécheresse soit encore dans le croyant. La contrepartie est d’avoir « revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité ». « Avoir revêtu le nouvel homme » est aussi un aoriste, un fait accompli. Il ne s’agit pas ici de le « revêtir » toujours à nouveau, mais par la grâce de Dieu, celui qui est en Christ « a revêtu » le nouvel homme. C’est Dieu qui l’a créé. Par contre « être renouvelés dans l’esprit de votre entendement » est un présent passif et dynamique : chaque jour, l’entendement, la source de nos pensées, a besoin d’être renouvelé par la Parole et l’action du Saint Esprit qui, dans la communion avec Dieu, nous la fait mieux saisir. L’apôtre le précise en 2 Corinthiens 4:16: « L’homme intérieur est renouvelé de jour en jour ».

L’épître aux Colossiens tire les conséquences pratiques de notre mort et de notre résurrection avec Christ : « Si vous êtes morts avec Christ… pourquoi… établissez-vous des ordonnances… selon les commandements et les enseignements des hommes ? » (2:20-22). Pourquoi voudrions-nous établir des règles, des lois, des ordonnances, qui s’adressent à l’homme irrégénéré ? C’est le légalisme. Mais « si vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut… pensez aux choses qui sont en haut… car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (3:1-3). Nous avons été ressuscités : la grâce de Dieu l’a opéré. C’est à nous de chercher ce qui est positif, les choses qui sont en haut, d’y penser, de cultiver cette vie que nous avons en Christ.

Il importe pour cela de « mortifier » (v. 5), c’est-à- dire de retirer la nourriture aux dérèglements charnels ; il s’agit aussi de « renoncer » à toutes les manifestations du caractère naturel (v. 8) ; il y faut la puissance de l’Esprit de Dieu. Vient le côté positif : « Revêtez-vous » (v. 12-15) de tout ce que la vie nouvelle produit. Pour le rendre possible c’est : « Que la parole du Christ habite en vous richement » (v. 16).


3.2 - Affranchis, libérés

Romains 6:14 affirme : « Le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous (la) loi mais sous (la) grâce ».

Ce n’est pas dire que le croyant ne péchera plus, mais il est libéré de la domination du péché. « Maintenant, ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté et pour fin la vie éternelle » (v. 22). Le racheté de Christ a changé de maître : « Vous étiez esclaves du péché… mais ayant été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice » (v. 17-18). Comment cela est-il possible ? Romains 8:2 donne la réponse : « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (la loi a ici — et au ch. 7:21 — la signification, non de la loi de Moïse, mais d’un principe qui agit toujours dans le même sens, comme la loi de la gravitation, etc).


3.3 - Livrés

« Ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-vous vous- mêmes à Dieu comme d’entre les morts étant faits vivants » (Rom. 6:13). Nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés, mais nous avons été rendus vivants avec le Christ (Éph. 2:1, 5, 13). En tant que vivants, ressuscités avec lui, nous sommes appelés à mettre à la disposition du Seigneur ce qui lui appartient : « Vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix » (1 Cor. 6:19-20).

Romains 12:1-2 reprend la même pensée : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent ». Conscients de l’amour divin, qui a tant fait pour nous, dont rien ne pourra nous séparer (Rom. 8:38-39), nous sommes appelés à faire le sacrifice vivant de nos corps. Dieu ne nous demande pas de nous offrir pour attirer sa grâce, ou obtenir des mérites ; mais nous le faisons parce que Lui nous a aimés jusqu’à donner son Fils, qui nous a lui-même aimés jusqu’à la mort. Cela fait partie de notre « culte » (service = latreia) intelligent.

En conséquence, il s’agit de ne pas nous « modeler » sur les habitudes du monde qui nous entoure, ne pas, dit l’Écriture, nous « conformer à ce siècle ». « Transformés » métamorphosés, par le renouvellement de notre entendement, de nos pensées intérieures, nous sommes « rendus différents » de ce que nous étions précédemment. Nous pouvons alors discerner la volonté de Dieu et la faire.

Vivre jour après jour une telle expérience transforme, métamorphose la vie. Il y faut toute la puissance de l’Esprit de Dieu, non contristé par des fautes non jugées.


3.4 - En Christ

Avant de quitter ses disciples, le Seigneur Jésus annonçant la venue prochaine du Saint Esprit, déclare : « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père (cf. 14:10), et vous en moi et moi en vous » (Jean 14:20). Le Saint Esprit a donc conduit les écrivains des épîtres à développer ce que Jésus annonçait et que les disciples ne pouvaient pas encore saisir (Jean 16:12).

« Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ… nous a bénis… en Christ… Il nous a élus en lui avant la fondation du monde » (Éph. 1:3-4). Non seulement il a pardonné nos fautes et nous a justifiés, mais aussi « rendus agréables dans le Bien- aimé » (v. 6).

Dans Lévitique 1 à 7, le sacrifice pour le péché aboutissait au pardon. Le sacrifice de prospérité ou de paix amenait à la communion avec Dieu. L’Israélite offrait l’holocauste, sacrifice entièrement pour Dieu, non pas pour être pardonné, mais « pour être agréé » (Lév. 1:3) (*).

Comme nous l’avons déjà vu, « si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création… toutes choses sont faites nouvelles, et toutes sont de Dieu » (2 Cor. 5:17-18). Cela conduit à la conclusion de Romains 8:1 : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Un côté pratique est développé en Jean 15 par le Seigneur Jésus lui-même : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jean 15:5).

Et, part bénie du croyant, à la fin de sa vie il s’endort « en Christ » (1 Cor. 15:18).


(*) Voir notre brochure « Une seule offrande — Divers sacrifices »


3.5 - Christ en nous

C’était un « mystère », maintenant manifesté aux croyants ; Dieu veut donner à connaître quelles en sont les richesses, résumées en ces mots : « Christ en vous l’espérance de la gloire » (Col. 1:26-27). Dans son enseignement, Paul combattait selon l’opération de l’Esprit de Dieu qui opérait en lui avec puissance, afin de « présenter tout homme parfait en Christ » (v. 29 et 28). D’une part « parfaits en Christ », d’autre part « Christ en vous ». C’est le privilège du « nouvel homme », renouvelé en connaissance, « où Christ est tout et en tous » (Col. 3:10-11).

Vivre cela par la puissance de l’Esprit et dans la communion avec le Seigneur est la merveilleuse grâce accordée au croyant sur la terre : « Que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite par la foi dans vos cœurs » (Éph. 3:16-17). Avec quelle reconnaissance l’apôtre l’exprime-t-il ! « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).


4 - Un seul corps

4.1 - Baptisés d’un seul Esprit

La pensée de Dieu n’est pas que le croyant reste seul. Mais Jean rappelle : « Jésus allait mourir… pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:51 -52).

Jésus lui-même l’avait dit : « Sur ce roc (Christ le Fils du Dieu vivant), je bâtirai mon assemblée » (Matt. 16:18). C’était futur. Il a fallu la venue du Saint Esprit sur la terre à la Pentecôte pour que les rachetés soient tous « baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres » (1 Cor. 12:13).

Au début des Actes, tous les croyants étaient Juifs. Pierre est envoyé à Corneille, centurion romain (Actes 10) ; ceux qui avaient été dispersés par la tribulation qui arriva à l’occasion d’Étienne, passent à Antioche et annoncent l’Évangile à des Grecs ; des non-Juifs commencent à faire partie de la famille de Dieu, et reçoivent le Saint Esprit (Actes 8).

Par ce baptême spirituel, Juifs et nations forment un seul corps : « Les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’Évangile » (Éph. 3:6). Tous les deux (Juifs et nations) sont « réconciliés en un seul corps à Dieu par la croix… par lui (Christ), nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éph. 2:16-18).

On pourrait lire de nombreux écrits et brochures au sujet de l’assemblée, jusqu’à les mémoriser, ce qui est très utile. Mais cela ne suffirait pas pour réaliser le rassemblement autour du Seigneur. Il faut que le Saint Esprit révèle à notre esprit et à notre cœur la valeur de l’Église pour Christ (grec : ekklesia, « celle qui a été appelée dehors » ; en anglais : church, en allemand : Kirche, en grec : kuriake ; « celle qui appartient au Seigneur » ; l’assemblée : « celle qui est réunie autour de lui »).

Christ est la tête du corps, le chef (Éph. 1:22 ; Col. 1:18). Les rachetés sont les membres du corps (1 Cor. 12:27 ; Rom. 12:5). Les membres sont complémentaires les uns des autres, ayant chacun une fonction particulière.

Aux yeux de Dieu, l’assemblée, l’Église est une. Elle est composée de tous ceux qui, étant nés de nouveau, ont reçu le Saint Esprit et sont donc « baptisés en un seul corps ». Il importe de garder cette unité de l’Esprit, celle que l’Esprit a produite, une réalité pour les yeux de la foi, et d’être rassemblés simplement comme membres de ce corps, sans aucune autre organisation (Éph. 4:3), « vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit ».

De fait, l’assemblée n’est pas une organisation dont je serais membre, mais un organisme vivant, le corps de Christ, dont je fais partie comme croyant, que je le sache ou non. Il importe donc d’être réunis au nom du Seigneur, dans l’assurance de sa présence (Matt. 18:20) (*), dans la séparation du mal moral et doctrinal, simplement comme membres de ce seul corps, même si l’on ne représente qu’une petite partie de cette assemblée. On peut ainsi avec joie adorer ensemble, prier ensemble, être édifiés ensemble (**).


(*) Littéralement : « Là où deux ou trois sont ayant été amenés ensemble (participe parfait passif) à (eis + accusatif) mon nom, je suis là au milieu d’eux ».

(**) Voir pour plus de précisions la brochure d’André Gibert « L’assemblée du Dieu vivant » et la nôtre « Le Nom qui rassemble »


4.2 - Diversité dans l’unité

« Comme dans un seul corps, nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre » (Rom. 12:4-5). D’autres passages comme 1 Corinthiens 12, Éphésiens 4, soulignent la même réalité.

Pierre en tire la conclusion pratique : « Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu » (1 Pierre 4:10).

Remarquons dans ces divers passages la diversité des dons ; chacun a reçu quelque don ; nous sommes invités à l’utiliser les uns pour les autres, conscients de la grâce de Dieu qui nous est accordée. Mais il est aussi essentiel que chacun pense de manière à avoir de saines pensées, « selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun » (Rom. 12:3) — « selon la mesure de la règle que le Dieu de mesure nous a départie » (2 Cor. 10:13).

Un danger, à propos d’un don de grâce quelconque, est, par complexe d’infériorité (1 Cor. 12:15-17), de ne pas le mettre à profit pour le bien des autres ; ou au contraire de l’exercer en se croyant supérieur aux autres, en leur disant, ou en pensant : « Je n’ai pas besoin de toi ! » (1 Cor. 12:21-25 ; voir aussi Romains 12:3).


4.3 - Adorateurs

« Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent ». C’est la plus haute fonction que les croyants puissent remplir sur la terre, la seule qui se continuera dans le ciel (Jean 4:23 ; Apoc. 5).

Adorer « en esprit », « rendre culte par l’Esprit de Dieu » (Phil. 3:3) n’est plus, comme dans l’Ancien Testament, un culte matériel, avec ses cérémonies, ses sacrifices, ses rites. Il s’exprime en cantiques spirituels, en prières d’adoration, fruit des lèvres qui bénissent son Nom (Héb. 13:15) : adoration naissant dans le cœur, qui aboutit, dans sa maturité, au fruit des lèvres. Elle ne consiste pas dans la répétition des mêmes phrases dans les prières, ou dans des cantiques que l’on chante plus ou moins machinalement, sans penser vraiment aux paroles, ni à Celui à qui elles s’adressent !

Adorer le Père « en vérité », c’est le faire selon la révélation qu’il a donnée de lui-même, c’est-à-dire comme Père, et non comme l’Éternel ou le Très- Haut (*).

Chacun dans son particulier peut, « sans cesse » (Héb. 13:15), individuellement, rendre grâces à Dieu de l’avoir racheté et béni. Mais, selon la Parole, le vrai culte est collectif : « Comme des pierres vivantes vous êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5).

Selon la direction de l’Esprit, le culte s’adressera au Père ou au Fils, non seulement pour nous avoir sauvés et préparés pour la gloire, mais surtout pour parler au Père des perfections et de l’œuvre de son Fils, et pour rappeler l’amour du Fils jusqu’à la mort, qui seul a permis de nous approcher de Dieu comme adorateurs.


O grâce infinie !

Tu fus immolé ;

Tu laissas ta vie,

Ton sang a coulé,

Pour qu’au sanctuaire,

De tous honoré,

Notre Dieu, ton Père,

Pût être adoré.

H. Rossier


La Cène du Seigneur est le centre du culte. Les prières d’adoration, les cantiques spirituels s’élèvent à Dieu pour exprimer ce qu’il a mis dans nos cœurs. La participation silencieuse au mémorial de la mort du Seigneur rappelle, dans sa simplicité et sa profonde signification, Christ qui nous a aimés jusqu’à la mort de la croix et a tout accompli pour la gloire de Dieu. « Vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Cor. 11:26). Le culte d’adoration est éternel ; la Cène est seulement pour la terre !

En participant au pain de la Cène, nous exprimons aussi que « nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor. 10:17). Nous embrassons dans nos pensées et dans nos cœurs tous les rachetés du Seigneur qui forment ce seul corps, tels que Lui les voit, même si, réunis comme membres de ce corps et de rien d’autre, nous sentons l’absence de ceux qui ne sont pas présents.


(*) Voir « Le culte selon la Parole », J.N. Darby.


5 - Glorifiés

Dans sa prière de Jean 17, le Seigneur Jésus distingue trois unités :

Au verset 11, il parle tout d’abord de ses disciples : « Garde-les en ton Nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous ». Puis il prie pour « ceux qui croient en moi par leur parole, afin que tous soient… un en nous » (v. 21). Enfin quand il parle de la gloire, il prie « afin qu’ils soient consommés en un » (v. 23).

Aux yeux de Dieu, et à ceux de la foi, sa famille, tous ses enfants sont un en Christ. Hélas, aux yeux du monde, ils sont dispersés. Mais la perspective qui les réjouit est d’être « consommés en un » dans la gloire.


5.1 - La résurrection

La Parole distingue entre la résurrection spirituelle actuelle de l’âme, — nous sommes ressuscités avec Christ, comme nous l’avons vu, — et la résurrection des corps lors du retour du Seigneur Jésus pour enlever auprès de lui ses rachetés.

À Corinthe, quelques-uns disaient, à propos du corps, « qu’il n’y a pas de résurrection de morts » (1 Cor. 15:12). L’apôtre affirme alors : « S’il n’y a pas de résurrection de morts, Christ n’a pas été ressuscité non plus ; et si Christ n’a pas été ressuscité, notre prédication donc est vaine aussi, et votre foi aussi est vaine » (v. 13-14). Puis il ajoute : « Nous sommes plus misérables que tous les hommes » (v. 19). Il conclut triomphalement : « Mais maintenant Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis » (v. 20). Et il complète : « Dans le Christ, tous seront rendus vivants… : les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ à sa venue ; ensuite la fin » (v. 22-24).

La résurrection est le fondement même de l’Évangile. Il a fallu toute la puissance de Dieu pour ressusciter Christ d’entre les morts (Éph. 1:19-20). Cette même puissance s’exerce « envers nous qui croyons ». « L’Évangile… est puissance de Dieu en salut à quiconque croit » (Rom. 1:16).

Il s’agit non seulement de l’existence éternelle de l’âme du croyant, mais aussi de la résurrection des corps : « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3:20-21). Le Seigneur Jésus lui-même l’avait déjà dit : « L’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l’auront entendue vivront » (Jean 5:25). Il s’agit ici de la résurrection spirituelle avec Christ. Mais le Seigneur ajoute : « L’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement » (v. 28-29). Il s’agit de la résurrection du corps. Il ne dit pas que cette heure soit « déjà maintenant ».

Dans la révélation fondamentale de 1 Thessaloniciens 4:15-18, il est bien précisé : « Le Seigneur lui- même… descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Si nous pensons à tous ceux qui ont été ensevelis dont il ne reste pratiquement rien ; et plus encore à ceux morts en mer ou brûlés par la persécution, combien faudra-t-il de temps pour que s’opère cette résurrection des corps ? — « En un instant, en un clin d’œil », tous ceux qui sont morts en Christ, soit les saints de l’Ancien Testament, soit les croyants du temps de la grâce seront « ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés » (1 Cor. 15:52).


5.2 - Le tribunal de Christ

Le Seigneur Jésus avait dit très clairement : « Celui qui entend ma parole, et qui croit Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5:24). Et Romains 8:1 affirme : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ».

Pourtant 2 Corinthiens 5:10 annonce : « Il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal ». Et Romains 14:10 et 12 précise : « Nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu… chacun de nous rendra compte pour lui- même à Dieu ». Dans ces passages, il ne s’agit pas de jugement, mais d’être « manifestés », c’est-à-dire « mis en lumière »… soit bien, soit mal. Nous pouvons penser que les manquements de sa vie repasseront devant les yeux du croyant à la pleine lumière de la présence de Dieu. Il ne s’agira pas d’être condamné, mais de rendre le croyant conscient, plus qu’il ne l’a jamais été sur la terre, de la valeur du sang de Christ qui, par la grâce de Dieu, a effacé tous ses péchés, toutes ses fautes. Et si du « bien » est mis en lumière et qu’il en résulte une récompense, une couronne, cette lumière divine mettra en évidence que c’est par l’action de l’Esprit de Dieu dans le le croyant que tout bien a été produit.

Quant au service, « l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître… Quel est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera. Si l’ouvrage de quelqu’un… demeure, il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé, il en éprouvera une perte, mais lui-même il sera sauvé, toutefois comme à travers le feu » (1 Cor. 3:13-15)

Comme récompense, celui qui aura été fidèle pour « paître le troupeau de Dieu », recevra « la couronne inflétrissable de gloire » (1 Pierre 5:2, 4).

Celui qui aura été fidèle dans le combat et dans la course recevra une couronne « incorruptible » (1 Cor. 9:25). « Ceux qui aiment son apparition », c’est-à-dire qui ne redoutent pas le jour où tout sera mis en lumière devant le « Seigneur juste juge », recevront la « couronne de justice » (2 Tim. 4:8).

Celui qui aura « enduré la tentation et… aura été manifesté fidèle par l’épreuve »… celui qui aura été « fidèle jusqu’à la mort », recevra « la couronne de vie » (Jacq. 1:12 ; Apoc. 2:10).

Ne convient-il pas de vivre déjà maintenant, au moins dans une mesure, en anticipant la lumière de ce jour où tout sera manifesté ?


5.3 - Les noces de l’Agneau

En rapport avec les noces de l’Agneau, Apocalypse 19:1-9 contient les quatre seuls Alléluia (louez l’Éternel) du Nouveau Testament. « Réjouissons- nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues » (v. 7). Celui qui a tant souffert va recevoir son épouse. Elle « s’est préparée ; et il lui a été donné d’être vêtue de fin lin, éclatant et pur, car le fin lin, ce sont les justices des saints » (v. 8).

Considérant l’assemblée ici-bas, l’apôtre disait : « Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11:2). Appelée « fiancée » sur la terre, elle devient « sa femme » dans la gloire (Apoc. 19:7). L’Agneau qui s’est livré lui-même pour elle, peut se réjouir. À l’épouse, il a été « donné » d’être « vêtue de fin lin, éclatant et pur » ; il ne s’agit pas ici des robes blanches, dont il est parlé à plus d’une reprise comme lavées dans le sang de l’Agneau, mais d’un vêtement de fin lin correspondant aux « justes actes des saints ». Ce vêtement, pouvons-nous penser, a été préparé sur la terre, fil à fil, acte après acte, produit par le Saint Esprit (il lui a été « donné »). Elle en est revêtue dans le ciel, au banquet des noces. Sur la terre, elle a annoncé la mort du Seigneur ; elle a pris part à la Cène du Seigneur, à la table du Seigneur. Mais au banquet des noces, Celui qu’elle contemple à ses côtés c’est « l’Agneau…, préconnu dès avant la fondation du monde » (1 Pierre 1:19-20).


5.4 - La gloire

Comme nous l’exprimons dans plus d’un cantique, la gloire sera de voir (remarquons que lorsque Apocalypse 2 et 3 parle des « choses qui sont », la conclusion est « d’écouter ». Dès le chapitre 4, où Jean est dans le ciel, il est répété constamment : « Et je vis »).


Nos yeux contempleront, sur ta face adorable

Du Sauveur, de l’Époux, la suprême beauté ;

Et nous pourrons sonder le mystère insondable

De ta grâce sans borne et de ta charité.

H. Rossier


La prière de Jean 17:24 sera exaucée : « Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire », sa gloire personnelle. Dans le règne, les rachetés partageront sa gloire officielle (2 Tim. 2:12). Ce sera l’accomplissement du « huitième jour » de la fête des tabernacles (Lév. 23:36), où « tu ne seras que joyeux » (Deut. 16:15).

Mais cette joie sera encore plus grande pour Celui qui « a livré son âme en sacrifice pour le péché » : « Il verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait » (És. 53:10-11).


Centre éternel de la céleste sphère,

Suprême en gloire, ô Christ, tu brilleras.

Pour tous les rachetés, dans la maison du Père,

La clarté de sa face, en toi, resplendira.

d’après J.N. Darby