L’Arc dans la nuée

Série 314/1 à 314/10


Table des matières :

1 - Souveraineté de Dieu

2 - Dessein d’amour

3 - Le refuge assuré

4 - Le châtiment expliqué

5 - Dieu ne change pas

6 - La présence de Dieu

7 - L’amour compatissant

8 - Sympathie divine

9 - La délivrance dans l’épreuve

10 - L’ami fidèle


1 - Souveraineté de Dieu

314/1

Je mettrai mon arc dans la nuée.


L’Éternel règne (Ps. 93:1).


Aucune promesse, au jour de la nuée et de l’obscurité, ne brille de plus d’éclat que celle-ci : « L’Éternel règne ».

Dieu, mon Dieu, — le Dieu qui a donné Jésus, — dirige tous les événements et gouverne toutes choses pour mon bien.

« Quand je ferai venir des nuages sur la terre », dit-Il lui-même, Il n’a nulle intention de dissimuler la main qui voile pour un temps les perspectives riantes de la terre. C’est Lui à la fois dans sa miséricorde qui amène la nuée, qui nous y fait entrer, et qui nous conduit au travers. Il est Roi sur toutes choses. « On jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel » (Prov. 16:33). C’est lui qui a posé le fardeau sur nos épaules, qui l’y maintient, et qui saura en son temps nous en délivrer.

Gardez-vous de vous appesantir sur les causes secondes : c’est la plus triste forme de l’athéisme. Quand nos abris de prédilection sont atteints (Jonas 4), que nos fleurs les plus belles se flétrissent, une pensée doit imposer le silence à toutes les autres : « L’Éternel a préparé le ver ». Quand le sanctuaire de l’âme est frappé par la foudre, quand ses piliers sont ébranlés, « l’Éternel est au palais de sa sainteté ». Hasard, — chance, — sort, — destin, autant de mots que le chrétien ne connaît pas. Il n’est pas un vaisseau abandonné sans pilote à la merci des flots ; il n’est pas une algue livrée aux caprices des vagues. « La voix de l’Éternel est sur les eaux ». À tout ce qui lui arrive il n’y a qu’une seule explication : « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait » (Ps. 39:9).

Pour le spectateur humain la mort est l’événement le plus capricieux et le plus fantasque. Mais loin de là : les clefs du sépulcre sont dans la main du même Dieu tout-puissant. Voyez la parabole du figuier stérile : la prolongation de l’existence de cet arbre ou son retranchement d’une terre qu’il encombre, est un sujet d’entretien pour le ciel. La hache ne peut être mise à sa racine, que Dieu Lui-même ne l’ordonne. À combien plus forte raison cela est-il vrai des arbres de la justice plantés par le Seigneur ! Il veille sur eux, afin qu’aucun mal ne les atteigne ; Il en protège chaque fibre tremblante ; et si de bonne heure ils doivent succomber au coup fatal, qui est-ce qui ne sait pas que « la main de l’Éternel a fait cela ? » (Job 12:9).

Oh ! qu’il me soit donc donné de pouvoir perdre ma volonté dans la sienne ! de ne pas regimber contre ce qu’Il permet à mon égard ni chercher à changer un seul iota de cette volonté, mais de demeurer tranquille entre ses mains ; d’accepter l’amer aussi bien que le doux, sachant que Celui qui a préparé et mélangé la coupe me connaît trop bien pour y avoir ajouté une seule goutte d’amertume qui eût pu m’être épargnée. « L’Éternel te gardera de tout mal ; il gardera ton âme » (Ps. 121:7).

Qui pourrait s’étonner de voir le doux psalmiste d’Israël s’efforcer d’arrêter les regards du monde entier sur les teintes bienfaisantes de cet arc de consolation, à mesure qu’il le voit se développer dans les cieux appesantis : « L’Éternel règne » ; que la terre s’égaie !


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


2 - Dessein d’amour

314/2

Je mettrai mon arc dans la nuée.


L’Éternel … prend plaisir à la paix de son serviteur (Ps. 35:27).


Qu’est-ce que la paix ? Est-ce une vie joyeuse et brillante, une coupe comble, des richesses abondantes, l’approbation du monde, un cercle de famille intact ? Toutes ces choses, reçues sans reconnaissance, peuvent tourner en piège, en cachant à l’âme ses plus nobles destinées. Souvent, au contraire, spirituellement parlant, la paix, c’est Dieu nous conduisant par la main dans les profondes vallées de l’humiliation ; nous dépouillant, comme autrefois son serviteur Job, de tous ses biens terrestres, troupeaux, santé, richesses, enfants, — afin de nous amener à nous prosterner devant Lui dans la poussière et à dire : « Que le nom de l’Éternel soit béni ! ».

Ainsi, c’est le contraire même de ce que le monde appelle en général paix ou prospérité qui forme le fond sur lequel vient se dessiner l’arc de la promesse. Dieu nous sourit au travers de ces gouttes de rosée et de ces larmes de la douleur. Il a notre bien spirituel trop à cœur. Il nous aime trop pour nous permettre de vivre dans une prétendue paix. Quand Il voit le devoir mollement accompli, ou froidement négligé, le cœur endurci et comme mort, et notre amour pour Lui comme étouffé par les préoccupations absorbantes de la vie présente, Il met une épine dans notre nid pour nous contraindre de prendre notre essor ou pour nous empêcher de ramper à toujours.

Je puis n’être pas maintenant à même de comprendre le mystère de ce qu’Il permet à mon égard. Je puis demander avec larmes : Pourquoi cette dure interruption de mon bonheur terrestre ? Pourquoi ces bourgeons d’espérance sitôt retranchés ? ce kikajon (Jonas 4) sitôt séché ? La réponse est simple : c’est le bien de ton âme qu’Il a en vue. Crois-le, tes plus vrais Eben-Ézers (1 Sam. 7:12) s’élèveront auprès de la fournaise. Rien d’arbitraire dans les afflictions que Dieu envoie. Il ne fait rien que par une juste nécessité, et tandis qu’Il appesantit sur toi une main de correction et te conduit par des voies que tu ne connais point, et que tu n’aurais jamais choisies, sa Parole murmure doucement à ton oreille : « Bien-aimé, je souhaite qu’à tous égards tu prospères et que tu sois en bonne santé » (3 Jean 2).

Repose-toi dans la paisible assurance que tout va bien. « Il ne permettra point que ton pied soit ébranlé ; celui qui te garde ne sommeillera pas » (Ps. 121:3). Que rien de ce qui te rapproche de sa présence bénie ne soit pour toi un sujet de murmure. Sois reconnaissant pour tes soucis même, dont tu peux toujours te décharger sur Lui avec confiance. Il veut trop ta prospérité temporelle et éternelle pour t’infliger un déchirement ou un coup superflu. Remets-toi donc à sa garde et abandonne-Lui tout ce qui te concerne.


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


3 - Le refuge assuré

314/3

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride (És. 32:2).


« Un homme », dans cet admirable verset, c’est Jésus Christ.

Quand et où se révèle-t-Il ainsi à son peuple comme un refuge assuré ? C’est, comme jadis à Élie, au sein du tourbillon et de la tempête ! Au milieu de la faveur du monde, du calme d’un ciel serein, de la prospérité sans mélange, on ne le cherche pas. Mais quand les nuages commencent à s’amonceler, et que le soleil est comme balayé à l’horizon, ou quand on a reconnu l’insécurité de tous les refuges terrestres, alors on s’écrie : « Mon secours vient d’auprès de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre » (Ps. 121:2). D’abord le tremblement, la tempête, le feu, et puis, seulement après, le son doux et subtil.

Chrétien affligé, il vous reste un refuge assuré, une forte tour qui ne saurait être ébranlée ! Le monde a les siens aussi, mais qui ne peuvent résister au jour de l’épreuve. Le vent passe sur eux, et les voilà enlevés. Mais plus l’orage est violent, plus il vous rend précieux ce refuge qui est permanent ; plus vous vous enfoncez dans les creux de ce Rocher, plus vous êtes en sûreté.

« Cet homme ». Arrêtez-vous souvent sur cette pensée de l’humanité de Jésus, qui a été semblable à vous en toutes choses, à part le péché, qui sait bien de quoi nous sommes faits et qui, par la sympathie exquise et parfaite de sa nature humaine, peut mieux qu’aucun autre sonder les profondeurs de votre douleur.

Vous êtes dans l’épreuve, et un ami terrestre vient à vous : mais il n’a jamais connu le dépouillement, et il ne peut entrer dans votre chagrin. En voici un autre ; il a été à plusieurs reprises dans la fournaise ; son cœur a été atteint profondément comme le vôtre, et il peut sympathiser réellement avec vous. Ainsi en est-il de Jésus. Comme homme, Il a goûté la souffrance sous toutes ses formes. Il a connu pour Lui-même l’orage contre lequel Il veut vous défendre. — Il est le Rocher et pourtant un homme ; puissant pour sauver, puissant aussi pour avoir compassion : « Emmanuel, Dieu avec nous ». Il est semblable à l’arc qui brille dans les cieux, dont le sommet se perd dans les nuages, tandis que ses extrémités reposent sur la terre, ou semblable au chêne qui, tandis qu’il peut lutter contre la tempête, invite le plus faible oiseau à se réfugier sous ses branches.

Ô toi qui mènes deuil ! recherche l’ombre du Bien-Aimé pour t’y asseoir. Cache-toi dans son sein. Celui-là même qui soulève la tempête est Celui qui t’en garantit. Et tandis que tu avances dans ton pèlerinage au milieu des sombres nuages qui s’épaississent autour de toi, que ton œil languissant puisse s’arrêter toujours sur cet arc de consolation : « Il dut, en toutes choses, être rendu semblable à ses frères… car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Hébr. 2:17:18).


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


4 - Le châtiment expliqué

314/4

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Celui que le Seigneur aime, il le discipline (Héb. 12:6).


Quoi ! Dieu m’aime au moment où Il décharge sur moi tous ses traits ! où je suis balloté de place en place ! où Il éteint dans les nuages le soleil de mes joies terrestres ! Oui, ô toi affligé, battu de la tempête, Il te discipline parce qu’Il t’aime. Cette épreuve provient de sa main tendre et paternelle, de son cœur tendre et fidèle.

Es-tu couché sur un lit de douleur, n’as-tu en partage que des mois de chagrin et des nuits de peine ? Que cette pensée soit l’oreiller sur lequel repose ta tête fatiguée : C’est parce qu’Il m’aime. « L’Éternel est celui qui te garde ; l’Éternel est ton ombre, à ta main droite » (Ps. 121:5).

Est-ce l’amertume de la séparation qui a comme balayé ton cœur et désolé ta demeure ? Il a envoyé la mort dans ta maison, Il a ouvert cette tombe, parce qu’Il t’aime. Comme c’est l’enfant malade d’une famille qui réclame l’affection la plus profonde de sa mère et sa plus constante sollicitude, ainsi tu es en ce moment l’objet du plus tendre amour et de la sollicitude du Père céleste qui te discipline. Il t’a aimé jusqu’à t’amener dans cette épreuve, et Il te la fera traverser. Rien d’arbitraire dans ce qu’Il permet à mon égard. L’amour est le mobile de tout ce qu’Il fait. Il n’y a pas une goutte de colère dans cette coupe que tu es appelé à boire. Je suis persuadé qu’Il a estimé ces afflictions nécessaires. Que son nom soit béni ! c’est une partie de son alliance de nous visiter avec la verge. Et que dit notre adorable Sauveur lui-même ? Ce n’est pas sur la terre, voyageur dans un monde de douleur, qu’Il prononce ces paroles, mais du sein même des gloires du ciel : « Je reprends et je châtie tous ceux que j’aime » (Apoc. 3:19).

Croyant, réjouis-toi dans la pensée que la verge, la verge des châtiments est dans la main du Sauveur vivant, plein d’amour, qui est mort pour toi. La tribulation est la route royale ; mais cette route est pavée d’amour. Comme certaines fleurs ne donnent leur parfum que lorsqu’elles sont écrasées, ainsi ton Dieu juge bon de te briser. Comme certains oiseaux, dit-on, font entendre leurs plus doux chants quand une épine les déchire, ainsi Il te lacère par l’affliction, afin que, contraint de prendre ton essor, tu chantes en t’élevant vers Lui : « Mon cœur est affermi, ô Dieu ! mon cœur est affermi » (Ps. 57:7). Ceux que Dieu veut rendre les plus resplendissants, dit Leighton, sont ceux qu’Il travaille le plus souvent. « Nos épreuves, a-t-on dit encore, semblent dans sa Parole lui être toujours présentes à l’esprit. La moitié peut-être des préceptes et des promesses qu’elle renferme, nous sont adressés comme à des hommes de douleur ».

Puissions-nous dire : « Je t’aimerai, Seigneur, non pas malgré ta verge, mais à cause de ta verge. Je me jetterai dans tes bras mêmes qui me frappent. Quand ta voix m’appelle, comme autrefois Abraham, à me préparer à quelque épreuve amère, puissé-je répondre d’un cœur soumis : « Me voici », et lire dans l’arc qui se développe dans ma nuée obscure : « Il châtie parce qu’Il aime ».


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


5 - Dieu ne change pas

314/5

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Car moi, l’Éternel, je ne change pas (Mal. 3:6).


L’immutabilité de Dieu ! — Quelle ancre pour celui qui est battu de la tempête ! Le changement est notre portion ici-bas. Les scènes se succèdent. Les joies se flétrissent. Les amis ! les uns sont séparés de nous par la distance, d’autres nous ont quittés pour la patrie éternelle. Qui, au milieu de ces expériences contradictoires, ne soupire après quelque chose de durable, de stable, de permanent ? En vain nous demandons à la terre un abordage sûr. Oh ! quand atteindrons-nous le port désiré !

« Je ne change pas ». Le cœur et la chair peuvent faiblir, ils faiblissent et défaillent en effet ; mais il y a un Dieu qui ne peut faillir, ni faiblir, ni varier. Tous les changements du monde ne sauraient l’ébranler. Nos propres fluctuations ne peuvent l’atteindre. Tandis que nous sommes déprimés, abattus, vacillants, et que nos cœurs incrédules doutent de la délivrance, Lui seul demeure, sans aucune ombre de changement. « Dieu, qui ne peut mentir », voilà ce que nous pouvons lire dans tout ce qu’Il permet à notre égard.

« Je ne change pas ». Pour qui cet arc de consolation se déroule-t-il au milieu de la sombre nuée ? C’est pour les enfants de Jacob, pour le peuple choisi de son alliance, pour ceux qui sont revêtus de la robe du premier-né et qui ont part à l’héritage spirituel.

Nom précieux ! Saint et bienheureux gage, que rien ne m’arrive que pour mon bien. Comment douterais-je de sa fidélité ! Comment contesterais-je la sagesse de ce qu’Il permet à mon égard ? C’est l’amour même de l’alliance qui veut que mon horizon terrestre soit obscurci. Il est le même à cette heure que dans celle où Il n’épargna point son propre fils ! (Romains 8:32). Oh ! au lieu de m’étonner de mes épreuves, je m’étonnerai plutôt de ce qu’Il m’a supporté si longtemps ! C’est à cause de « ses compassions qui ne cessent pas », que je n’ai pas été consumé (Lament. 3:22). S’il eût été un homme changeant, vacillant comme moi, il y a longtemps qu’Il m’aurait rejeté comme un vaisseau de nul usage, comme ce figuier qui encombrait la terre inutilement. « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies » dit l’Éternel (Ésaïe 55:8). Il demeure le même à jamais. Et du sein même de cette journée sombre et chargée de nuages, « J’élève mes yeux vers les montagnes d’où vient mon secours » (Ps. 121:1) et je chanterai au travers de mes larmes : « Bienheureux celui qui a le Dieu de Jacob pour son secours, qui s’attend à l’Éternel, son Dieu » (Ps. 146:5).


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


6 - La présence de Dieu

314/6

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Ma face ira, et je te donnerai du repos (Ex. 33:14).


Moïse avait demandé à Dieu de lui montrer le chemin, et Dieu lui répond, non pas en lui montrant le chemin, mais mieux encore : Confie-toi en moi, j’irai avec toi.

Ô affligé ; entends la voix qui te parle du sein de la colonne de nuée ! C’est une promesse du désert que le Dieu de Jeshurun adresse encore à son Israël spirituel. Celui qui jadis a dirigé son peuple comme un troupeau, sous la conduite de Moïse et d’Aaron, t’aimera du même amour. Peut-être notre chemin sera bien différent de ce que nous aurions choisi. — Mais le choix est entre de meilleures mains, et dans chaque détour mystérieux de ce chemin, Dieu a un but sage et juste.

Qui pourrait jeter un coup d’œil sur ce que Dieu a permis à son égard dans le passé, sans gratitude et sans reconnaissance ? Quand ses brebis ont dû traverser les lieux les plus arides du désert, Lui, leur Berger, a marché devant elles. Quand leur toison était déchirée, leurs pieds meurtris et fatigués, Il les a portées dans ses bras. Sa présence a allégé toutes les croix et adouci toutes les peines. Remettons-Lui l’avenir inconnu et incertain. « L’Éternel gardera ta sortie et ton entrée, dès maintenant et à toujours » (Ps. 121:8). D’autres sociétés que nous chérissons peuvent nous avoir fait défaut. Mais Celui qui est meilleur que les meilleurs marche devant nous dans sa miséricordieuse colonne de nuée. Avec Lui pour notre portion, nous sommes heureux, quoi qu’Il nous retire. Nous pouvons nous élever au-dessus de la perte d’un bien terrestre, dans le sentiment de la possession du céleste Dispensateur Lui-même. Il a pu trouver bon de renverser des idoles de terre, afin que Lui, qui peut nous satisfaire pleinement, eût en nous la première et suprême place. Il a pu trouver bon de nous enlever les présences terrestres, afin de nous faire mieux connaître la sienne, et de nous amener à nous écrier plus sincèrement : « Si ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici » (Ex. 33:15). Il ne nous permet pas d’élever sur la terre des tabernacles sur lesquels nous écrivons : « Ceci est mon repos ». Non — aujourd’hui la tentation — demain le repos ! Mais ne crains point, semble-t-Il nous dire, — tu n’es pas laissé sans amis et sans consolation sur ton chemin. — Pèlerin sur une terre de pèlerinage, ma face ira avec toi, dans tes jours sombres et chargés, dans tes heures de défaillance et de découragement, dans la tristesse et la douleur, dans l’abandon et la solitude, dans la vie et dans la mort ! Et quand ton voyage sera à son terme, quand la colonne de feu ne sera plus nécessaire, — je te donnerai du repos. Après les prémices de la grâce, la moisson de la gloire !


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


7 - L’amour compatissant

314/7

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Comme un père a compassion de ses fils, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent (Ps. 103:13).


« Abba, Père ! » voilà le mot de l’Évangile. Un père penché sur le lit de son enfant faible ou mourant, une mère pressant sur son sein, avec une tendre sollicitude, son petit enfant malade ; — voilà les images terrestres que l’Écriture nous présente de Dieu. « Comme un père a compassion… ». « Je vous consolerai » comme une mère console son enfant.

Quand, accablé de douleur, vous êtes tenté de dire : Jamais il n’y eut de nuage aussi sombre, jamais de cœur aussi dépouillé, aussi désolé que le mien ! que tout murmure s’apaise dans cette pensée : C’est le bon plaisir de votre Père. L’amour et la compassion du plus tendre père sur la terre ne sont qu’une ombre obscure, comparés à l’amour compatissant de Dieu. Si, pour un moment, le sourire de votre Père céleste a fait place à la verge du châtiment, soyez sûr que ce changement est dû à une nécessité absolue. Si l’âme d’un père se remplit d’une indicible angoisse à la vue de l’instrument qui doit toucher le corps de son enfant, combien plus en est-il ainsi pour votre Père céleste, à mesure qu’Il frappe votre cœur de ses plaies profondes ! Point de place pour notre sagesse bornée dans ses conseils. Un père terrestre peut se tromper et se trompe en effet, mais quant à Dieu, sa voie est parfaite. Et voici la clef de toutes ce qu’Il permet à notre égard : « Votre Père sait que vous avez besoin de ces choses ». Fiez-vous à lui quand vous ne pourrez pas le suivre. Ne cherchez pas à pénétrer la nuée qu’Il étend sur la terre, et à lire au travers. Que votre œil demeure arrêté sur l’arc lumineux. À Dieu le mystère ; à vous la promesse. Que la fin de tout ce qu’Il permet à votre égard soit de vous rendre plus confiant. Remettez-Lui votre voie sans hésitation. Ce qu’Il disait autrefois d’Éphraïm, Il le dit de tout enfant de l’alliance et surtout de ceux qui sont dans l’épreuve : Je n’ai point manqué de m’en souvenir. Aujourd’hui même, pendant que vous êtes courbé comme un jonc, que votre cœur se brise de douleur, souvenez-vous que son œil compatissant est sur vous. Puissiez-vous, au travers des larmes qui obscurcissent votre vue, vous écrier encore : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11:26).


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


8 - Sympathie divine

314/8

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Je connais ses douleurs (Ex. 3:7).


Un homme ne saurait parler ainsi. L’âme a bien des fibres sensibles que la sympathie humaine la meilleure et la plus tendre ne saurait atteindre. Mais le Prince des affligés, Lui qui nous a ouvert le sentier de la douleur, Il sait de quoi nous sommes faits. Quand une dure séparation s’est appesantie sur notre cœur, comme un bloc de glace ; quand l’ami terrestre le plus intime ne peut pénétrer dans tous les secrets de notre douleur, Jésus le peut, Jésus le fait ! Celui qui a porté mes péchés s’est aussi chargé de mes douleurs. Et l’œil de celui qui règne maintenant dans le ciel a été obscurci par les larmes. Dans toutes mes épreuves je puis me dire : « Jésus a été affligé » ; dans toutes mes larmes : « Jésus pleura ». Israël gémissait depuis longtemps sous la captivité. Il semblait que Dieu ne le sût point ; qu’il fût, comme Baal, endormi (1 Rois 18:27). Et cependant, à ce moment même, son œil plein de compassion était arrêté sur son peuple enchaîné, et c’est alors qu’Il dit : « Je connais ses douleurs ».

Il peut sembler parfois nous oublier et nous abandonner, tellement que nous nous écrions : « Dieu a-t-il oublié d’user de grâce ? » (Ps. 77:9). — Et cependant Il veille sur nous avec l’amour le plus tendre. Il ne permet que nous soyons ainsi réduits à l’extrémité, que pour nous tendre une main secourable et pour nous révéler toute la plénitude de sa grâce. « Vous avez vu la fin du Seigneur savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Jacq. 5:11).

Le fait seul qu’Il connaît nos douleurs nous est une bienheureuse garantie que pas une ne nous sera envoyée qu’Il ne juge nécessaire. « Je ne te détruirai pas entièrement » dit-Il, « mais je te corrigerai avec mesure » (Jér. 30:11). Tout ce qu’Il envoie est justement mesuré et sagement dispensé. Rien n’est fortuit ou accidentel, pas une épine superflue, pas un coup qui aurait pu être épargné. Nos larmes, qu’Il recueille dans ses vaisseaux (Ps. 56:9) sont toutes comptées une à une et sont sacrées dans les trésors de Dieu.

Chrétien affligé, le fer a peut-être pénétré profondément dans ton âme : réjouis-toi cependant ! Tu es appelé à un grand honneur, à souffrir en glorifiant Jésus Christ. Élève tes regards vers l’arc lumineux qui entoure ton ciel obscur. Jésus, qui a compassion, connaît tes amertumes, tes larmes brûlantes, et Il est descendu pour te délivrer (Exode 3:8).


« Le soleil ne te frappera pas de jour, ni la lune de nuit » (Ps. 121:6).


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


9 - La délivrance dans l’épreuve

314/9

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras (Ps. 50:15).


Que nos jours d’épreuve sont divers ! La maladie avec ses heures d’agitation et de langueur ; le deuil, avec ses trésors ravis et ses cœurs brisés ; la perte des biens, nos biens temporels réduits, les richesses prenant des ailes pour s’envoler ; ou, chose plus triste encore, les blessures faites par des amis, la confiance trompée, les affections fanées, les espérances dispersées comme les feuilles de l’automne !

Mais Dieu est notre force et notre secours dans la détresse, et fort aisé à trouver. Ô toi qui es éprouvé, Il ne t’abandonne pas sans défense et sans abri dans l’orage. — « Invoque-moi ». Il t’appelle à jouir de sa présence même. Plutôt les amertumes de Mara avec la guérison céleste que les fontaines les plus pures du monde — sans Dieu ! Plutôt traverser la fournaise la plus ardente avec celui qui est semblable au Fils de Dieu, que de laisser l’âme s’attacher à la terre. Celui qui purifie l’argent se tient auprès de la fournaise pour en tempérer l’ardeur, et Il a fait cette promesse toute spéciale : « Je te délivrerai ». Peut-être sa délivrance ne sera-t-elle pas celle que nous attendons, celle pour laquelle nous avons prié, celle que nous avons pu souhaiter. Mais ne vaudrait-il pas la peine d’endurer l’épreuve la plus douloureuse, pour arriver au but de cet amour qui châtie ? « Tu me glorifieras ». Glorifier Dieu ! Mais comment ? Par l’acceptation humble, douce, sans murmure, de ce qu’Il permet à notre égard ; — ce qu’Il dispense rendant de plus en plus chers à nos cœurs le Sauveur et sa grâce.

Dans tous les temps, le jour de l’épreuve a été pour les saints une occasion de glorifier Dieu. Jamais David n’aurait écrit ses Psaumes ni Paul ses Épîtres, si Dieu ne les avait fait passer l’un et l’autre par le creuset. Pour pouvoir instruire les âmes, ils durent être élevés à l’école de l’affliction. Si Dieu emploie pour nous une discipline semblable, appliquons-nous à le glorifier par une confiante résignation, ne nous abandonnant pas à un chagrin égoïste, sentimental, stérile ; mais plutôt avançant dans notre grande mission, dans notre œuvre et notre combat, avec une idée plus juste de la valeur du temps et du sérieux de la vie.

« Donnez gloire à l’Éternel, votre Dieu, avant qu’il fasse venir des ténèbres, et avant que vos pieds se heurtent contre les montagnes du crépuscule : vous attendrez la lumière, et il en fera une ombre de mort et la réduira en obscurité profonde » (Jér. 13:16).


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.


10 - L’ami fidèle

314/10

Je mettrai mon arc dans la nuée.


Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point (Hébr. 13:5).


Aucun ami humain ne pourrait parler ainsi. Les liens terrestres les plus intimes et les plus tendres peuvent être brisés, hélas ! et ont été brisés. La distance éloigne, le temps sépare, le sépulcre creuse des abîmes. Tout ce qui te reste de ces traits bien-aimés, c’est le sourire muet d’une image. Mais voici un Ami invariable, infaillible, impérissable. Ô affligé ! du milieu du naufrage de tes joies terrestres que peut-être tu pleures à présent même, écoute le message que ton Dieu t’envoie : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » « Voici, celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas » (Ps. 121:4). Ton trésor a disparu, mais Celui qui te l’avait donné demeure. Abandonne-toi à Lui. Il veut te montrer qu’Il peut dès maintenant te suffire. Quand ton cœur, dans le silence de la douleur, pousse le gémissement plaintif de Jacob : « Joseph n’est plus et Siméon n’est plus », pense à Celui qui a promis de faire habiter en famille ceux qui étaient seuls, et de leur donner un nom et une place meilleurs que ceux de fils ou de fille. Seul ? Non, tu n’es pas seul ! Oublie-toi toi-même pour regarder à Jésus. Si lui, le Soleil de ton âme, est toujours près de toi, tu n’es pas, tu ne peux pas être dans les ténèbres. Le matin, Il pénètre auprès de toi avec le premier rayon qui t’éclaire ; et quand les voiles de la nuit t’enveloppent, Celui pour qui les ténèbres resplendissent comme la lumière (Ps. 139:12) se tient à ton côté. Dans le silence de la nuit, lorsque le sommeil te fuit et que les images de ceux qui t’ont quitté apparaissent autour de toi comme des ombres, Lui, le vigilant Berger d’Israël, entoure ta couche et murmure à ton oreille : « Ne crains point, car je suis avec toi ».

Ton expérience peut être celle de l’apôtre Paul : « Mais tous m’ont abandonné ». Mais comme à lui aussi, il te sera donné d’ajouter dans l’extrémité de ta douleur : « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié » (2 Tim. 4:16, 17). Sa faveur vaut mieux que la vie. Il peut, par sa présence et son amour, compenser toutes les privations de la terre. Sans la conscience de son amour et de sa tendresse la plus petite épreuve t’écrasera. Mais avec Lui, dans ton épreuve, avec Lui, te soutenant, te portant, comblant même les vides qu’ont laissés ceux que tu pleures, avec Lui, tu échangeras contre des richesses infinies et inépuisables ces liens périssables et incertains. La nature peut avoir ses nuées dépouillées de l’arc-en-ciel consolateur ; mais la grâce n’en connaît point de telles. Là, chaque douleur a comme sa consolation correspondante. « Dans la multitude des pensées qui étaient au dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme » (Ps. 94:19). Si, dans les profondes ténèbres de tes douleurs, ton soleil terrestre semble avoir disparu pour jamais, un soleil intérieur, non moins réel, se lèvera sur ton cœur meurtri. Peut-être ta vie a-t-elle été empoisonnée dans sa source ; mais, béni soit à jamais le nom du Seigneur ! tu as été conduit à t’écrier : « Toutes mes sources sont en toi ! » (Ps. 87:7). « Le Seigneur est ma portion, dit mon âme ; c’est pourquoi j’espérerai en Lui ».


Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée.