Hauts Lieux (Contre les)

1 Rois 3:14-15 (Gabaon) (HR) — 1 Rois 3 (JND) — 2 Chr. 1 (HR) — 2 - Chr. 17 Josaphat (HR) — 2 Chr. 15 ASA (HR) — 2 Rois 18 (HR) — 2 - Rois 18:22 (HR)

Éz. 6:3,13 — 1 Rois 3:2-4 -14:23 -15:14 -22:44 — 2 Rois 12:3 - 14:4 - 15:4 — 2 Chr. 14:5 - 31:1



HR sur 1 Rois 3 v. 4-15 - (Gabaon)

On voit clairement, aux v. 2 et 3, qu’au premier début du règne de Salomon, l’ordre de choses n’était pas définitif. L’arche de l’Éternel demeurait sous des tapis ; il restait encore au fils de David à bâtir la maison de l’Éternel. En ce temps-là le tabernacle et l’autel se trouvaient sur le haut lieu de Gabaon et l’arche, ramenée par David, était à Jérusalem. Cette arche de l’alliance, trône de l’Éternel, signe de sa présence personnelle au milieu de son peuple, combien David l’avait à coeur (Ps. 132). On ne voit pas, dans son histoire, que depuis le moment où il la ramena à Sion il ait personnellement cherché un autre lieu de culte, bien que Gabaon ne lui fût pas indifférent. Lors du transport de l’arche à Jérusalem, il avait eu soin de relier le culte devant l’arche avec les sacrifices sur l’autel de Gabaon (1 Chron. 16:37-43), en maintenant, de cette manière, l’unité du culte. Le service devant l’arche se faisait chaque jour, et aussi le service devant l’autel de Gabaon, en sorte qu’au même moment, et « continuellement », ces deux parties du culte, quoique localement séparées, s’accomplissaient ensemble.

Plus tard David bâtit, sur l’ordre de l’Éternel, un autel dans l’aire d’Arauna, Jébusien, et c’est là qu’il offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités. Son Dieu ne le priva pas longtemps d’un autel en rapport avec l’arche. Gabaon perdait, par là même, sa valeur et sa signification. La pensée de cette unité ne semble pas être venue à Salomon au début de son règne. Sans doute, Dieu lui rend un beau témoignage : « Salomon aimait l’Éternel, marchant dans les statuts de David son père » (v. 3), mais ce témoignage n’est pas sans restriction : « Seulement, est-il dit, il offrait des sacrifices et faisait fumer de l’encens sur les hauts lieux ». Il s’accommodait en cela aux pratiques religieuses de son peuple, dont il est dit au v. 2 : « Seulement le peuple sacrifiait sur les hauts lieux ».

Ce n’était pas un péché positif contre l’Éternel, comme ce fut le cas plus tard pour certains rois pieux de Juda, lorsque l’édification du temple eut ôté tout prétexte à ces pratiques. Si elles continuèrent alors, ce fut au grand déplaisir de l’Éternel, parce qu’elles conduisirent nécessairement à des pratiques idolâtres (*). En ces jours de bénédiction et de force sous le sceptre du jeune roi Salomon, il n’en était point ainsi, mais « il offrait des sacrifices et faisait fumer de l’encens sur les hauts lieux », et non pas seulement « à Gabaon qui était le principal haut lieu » (v. 3, 4), où se trouvaient encore l’autel d’airain, le tabernacle et tous ses ustensiles. Cette pratique était en tout cas la dispersion du culte en Israël. Il perdait par là son unité, car l’autel était, entre autres attributs, l’expression de cette unité, comme la table du Seigneur l’est aujourd’hui pour les chrétiens.

(*) Voyez 1 Rois 14:23 ; 15:14 ; 22:44 ; 2 Rois 12:3 ; 2 Chron. 20:33 ; où le peuple semble n’avoir pas fait autre chose que ce qui se faisait au début du règne de Salomon. Mais que l’idolâtrie fût alliée aux hauts lieux, nous le voyons sous Ézéchias (2 Rois 18:4 ; 2 Chron. 31:1). L’impie Manassé les rebâtit et élève des autels à Baal (2 Rois 21:3). Quand il vient à repentance, « le peuple sacrifiait encore sur les hauts lieux, mais seulement à l’Éternel leur Dieu (2 Chron. 33:17). Cela prouve ce que nous avançons, c’est que les hauts lieux, à certaines périodes de l’histoire d’Israël, ne sont pas nécessairement liés au culte des idoles, quoiqu’ils y conduisent. Du moment que le culte n’a plus Christ pour centre, comme l’arche en Sion, et qu’il n’a plus lieu que pour des bénédictions reçues, fût-ce même celles du salut, il dévie et devient un instrument entre les mains de Satan, pour remplacer finalement Christ par les faux dieux. Josias abolit entièrement les hauts lieux avec toute l’idolâtrie en Juda et en Israël (2 Rois 23:8).

Autrefois, sous Josué, au sujet de l’autel de Hed (Josué 22), Israël comprenant cela s’était élevé, avec une énergie pleine de zèle, contre les sacrifices offerts sur un autre autel que celui du tabernacle.

Dieu supporte cet état de choses, aussi longtemps que la pleine manifestation de sa volonté quant au culte, n’est pas donnée par la consécration du temple. Cependant c’était une faiblesse chez le grand roi. Combien le culte de David, même avant Morija, était plus intelligent que le sien ! Pour David l’arche était tout ; elle était pour lui l’Éternel, le Puissant de Jacob (Psaume 132:5), dont le culte était là où se trouvait l’arche. Salomon n’était pas à la hauteur de ces bénédictions et ne possédait pas l’intimité de ces relations avec Dieu. Il ne dépassait pas le niveau de la religion courante de son peuple.

Ne trouvons-nous pas de nos jours la même faiblesse, la même inintelligence, là où le désir de rendre culte n’est cependant point absent ? Chacun se choisit son haut lieu, sans se soucier autrement de la présence de l’arche — de Christ. Chacun érige son autel, sans songer que depuis la croix, comme jadis depuis Morija, il ne peut y avoir qu’un seul symbole d’unité pour le peuple de Dieu.



JND sur 1 Rois 3

Pour en revenir à notre histoire, si l’arche est sur la montagne de Sion, il y a deux manières de s’approcher de Dieu : devant l’arche [(3:15)] et à l’autel, qui, de fait, est confondu avec les hauts lieux [(3:4)]. [3:2] Jusqu’à ce que le temple soit bâti, le peuple est sur les hauts lieux ; terrestre et charnel lors même qu’il s’approche du vrai Dieu (*), Dieu le supporte. [3:4] Salomon lui-même s’y rend, et Dieu l’y exauce. Le temple n’était pas bâti. S’il l’eût été, il aurait dû être le seul centre du service et du culte. Que Dieu supporte quelque chose jusqu’à ce que la puissance agisse, c’est tout autre chose que de la sanctionner après que cette puissance a agi. Il faut se souvenir que, si Salomon s’est rendu à Gabaon, c’est que le tabernacle et l’autel d’airain s’y trouvaient, et que c’était là que, selon la loi, les sacrificateurs exerçaient leurs fonctions (1 Chron. 16:36-40). L’arche de l’alliance n’y était pas. David l’avait placée sous une tente dans la cité de David [(2 Sam. 6:17)]. Ces derniers points sont plus développés dans les Chroniques, et je renvoie le lecteur à ce qui sera dit dans l’examen de ce livre-là ; mais le passage que nous considérons n’aurait guère été compris, sans quelque anticipation du contenu des Chroniques.



HR sur 2 Chr. 1

Aux v. 2 à 6 nous avons la scène de Gabaon, mais sans les taches qui la déparaient en 1 Rois 3:1-4. Dans notre passage le « seulement » qui marque un blâme a disparu : « Seulement le peuple sacrifiait sur les hauts lieux » ; « Seulement Salomon offrait des sacrifices et faisait fumer de l’encens sur les hauts lieux ». Ici la scène est légitime, si je puis m’exprimer ainsi, et Gabaon n’est plus « le principal haut lieu » (3:4) ; il est au contraire « le lieu où était la tente d’assignation de Dieu, que Moïse, serviteur de l’Éternel, avait faite dans le désert… et l’autel d’airain qu’avait fait Betsaleël, fils d’Uri, fils de Hur, était là, devant le tabernacle de l’Éternel » (2 Chron. 1:3-5). Pas l’ombre d’un blâme ! Salomon va sacrifier sur l’autel, symbole de l’expiation, où le peuple pouvait rencontrer son Dieu. Y avait-il là quelque chose à reprendre ? Nullement. Sans doute le lieu n’était que provisoire en attendant l’érection du temple ; sans doute aussi le trône de Dieu, l’arche, ne s’y trouvait pas, car elle était désormais établie dans la cité de David ; mais, dans les Chroniques, Salomon vient à Gabaon avec son peuple inaugurer le règne de paix que Dieu pouvait introduire en vertu du sacrifice. C’est, en effet, comme nous l’avons vu, du règne de paix, bien plus que du règne de justice que le second livre des Chroniques nous entretient.


HR 2 Chron. 17 Josaphat

Au début de son règne tout est conforme aux pensées de Dieu : « Et l’Éternel fut avec Josaphat, car il marcha dans les premières voies de David, son père, et ne rechercha point les Baals, mais il rechercha le Dieu de son père, et marcha dans ses commandements, et non comme faisait Israël. Et l’Éternel affermit le royaume dans sa main ; et tout Juda fit des présents à Josaphat, et il eut beaucoup de richesses et de gloire. Et il prit courage dans les voies de l’Éternel, et de plus, il ôta de Juda les hauts lieux et les ashères » (v. 3-6).

Le premier livre des Rois (22:44) semble nous dire le contraire : « Seulement, les hauts lieux ne furent pas ôtés ; le peuple sacrifiait encore et faisait fumer de l’encens sur les hauts lieux ». Ce passage, en apparence contradictoire, semble confirmé par notre livre même, qui dit : « Seulement, les hauts lieux ne furent pas ôtés, et le peuple n’avait pas encore disposé son coeur à rechercher le Dieu de ses pères » (20:33). Cela prouve seulement qu’au début de son règne Josaphat entreprit cette abolition et la maintint personnellement, mais que le peuple, dont la conscience n’était pas atteinte, retomba bien vite dans ces pratiques idolâtres, contre lesquelles Josaphat, affaibli par son alliance avec le roi d’Israël, ne sut pas réagir en faisant valoir son autorité pour conduire le peuple dans la voie du bien. Il en avait été de même pour Asa : Nous avons vu, au chap. 14:5, qu’il « ôta de toutes les villes de Juda les hauts lieux et les colonnes consacrées au soleil », puis, chap. 15:17, que « les hauts lieux ne furent pas ôtés d’Israël ». D’autre part encore, qu’il « fit disparaître les choses abominables de tout le pays de Juda et de Benjamin, et des villes qu’il avait prises de la montagne d’Éphraïm » (15:8), puis, au premier livre des Rois (22:47) qu’il était resté dans les jours d’Asa des hommes voués à la prostitution et que Josaphat « les extermina du pays ». Tout cela s’explique aisément, et souvenons-nous que Dieu ne se contredit jamais. Sous le règne de ces rois, la purification n’était que partielle et temporaire ; partout le mal renaissait, la conscience du peuple n’ayant jamais été réellement atteinte.

Mais ces v. 3 à 6 nous apprennent encore une autre vérité, en accord avec le caractère des Chroniques. Ce livre qui met la grâce en avant comme seul moyen de maintenir la descendance royale, lors de la pleine décadence de la royauté, fait toujours ressortir le bien que la grâce a produit, ne fût-ce que pour un moment, et montre qu’elle couvre une multitude de péchés. Il en est autrement quand il s’agit de la responsabilité, comme dans le livre des Rois. Dieu dévoile alors le mal dans toute son étendue et nous montre pourquoi l’exécution du jugement était nécessaire.

Ici donc, la fidélité de Josaphat est spécialement notée et Dieu la fait ressortir, non seulement pour exalter sa propre grâce, mais pour nous montrer les conséquences de la fidélité et du retour à Dieu. La force et le repos en avaient été la suite au commencement du règne d’Asa ; l’affermissement du royaume, la paix, les richesses et la gloire, furent les conséquences de la fidélité de Josaphat (v. 5).

Mais Josaphat ne se borne pas à se séparer du mal ; il a à coeur d’établir le bien, et celui-ci ne peut l’être que par la connaissance des pensées de Dieu. Il fallait que la loi, la parole de Dieu, fût enseignée en tout lieu et que le peuple se familiarisât avec elle. Chefs, lévites, sacrificateurs, s’y emploient partout avec un grand zèle (v. 7-9). Israël, avec sa religion mixte, ne semble pas avoir été gagné par la connaissance de la loi qu’il voit en Juda, et, de fait, la même chose a lieu dans tous les temps. Il est plus difficile de convaincre de la vérité ceux qui, au milieu de l’erreur, en ont conservé quelques restes, parce que cette connaissance, toute mélangée qu’elle soit, maintient chez eux l’illusion qu’ils possèdent la vérité. Les nations, au contraire, qui n’avaient ni lien, ni relation avec le peuple de Dieu, sont convaincues par la puissance que la Parole possède, et s’y soumettent.


HR sur 2 Chron. 15 — Asa


Toutes ces décisions furent à la louange d’Asa, cependant il manqua dans un seul détail, insignifiant en apparence. La Parole nous dit (14:5) qu’il « ôta de toutes les villes de Juda les hauts lieux », mais nous apprenons, au v. 17, qu’ils « ne furent pas ôtés d’Israël », c’est-à-dire comme je le pense, des villes d’Israël qu’il avait conquises (v. 8). Cela semblait avoir peu de conséquence, car il avait fait disparaître de ces mêmes villes toutes les choses abominables. Mais, quand il s’agit de la séparation du mal, rien n’est indifférent. Sans doute, Asa nous est dépeint comme ayant eu « un coeur parfait tous ses jours » (v. 17), un coeur intelligent quant à ce qui convenait à la sainteté de l’Éternel, mais sans le réaliser pleinement en pratique. Cette tolérance des hauts lieux était un grain de sable, comparée à l’ensemble de son activité, mais un grain de sable peut arrêter la machine la mieux construite, une paille dans une poutre de fer produira la rupture du pont le plus solide ; et toute la sécurité de Juda était établie sur la fidélité scrupuleuse d’Asa à son Dieu. C’est depuis ce moment, qu’après dix ans de repos et de prospérité, nous constatons le déclin chez cet homme de Dieu. Jusqu’ici la conduite fidèle d’Asa avait été l’aimant pour attirer à l’Éternel, non seulement Juda, mais Israël dans une certaine mesure, alors que, sans cette conduite, les voies relâchées d’Éphraïm auraient apporté un élément corrupteur au milieu des deux tribus.


HR sur 2 Rois 18

David, le chef de la race royale, n’avait jamais sacrifié sur les hauts lieux ; il n’avait qu’un souci : trouver un lieu pour l’arche de l’Éternel. Ce lieu trouvé en Sion, il s’y tient et y rend culte à Dieu. Salomon ne suit pas la marche de son père et s’en écarte, en ce qu’il sacrifie à l’Éternel sur les hauts lieux. Pratique dangereuse, et qui porte des fruits abominables, lorsque le coeur du roi se fut laissé entraîner par les femmes étrangères (1 Rois 11:7). Depuis ce moment-là, les sacrifices des hauts lieux, tradition du règne de Salomon, ne furent plus bannis de Juda, et l’on peut dire, comme nous l’avons déjà fait remarquer, que les hauts lieux firent partie de sa religion nationale (*). Nous avons donc raison d’affirmer que cette religion, tout en gardant bien des traits de la vérité, avait abandonné ce qui était au commencement, et qui remontait, non seulement à David, mais à Moïse (voyez Deut. 12:1-2). Elle avait favorisé l’alliance de Josaphat avec le roi d’Israël, car s’il n’existait pas entre eux de lien moral, la conformité de certaines pratiques religieuses entre leurs deux peuples, aveuglait ce roi pieux sur l’impiété d’une pareille alliance. Ce relâchement initial porte tôt ou tard ses fruits. L’inique Achaz s’attaque, non pas aux hauts lieux de Salomon, mais aux choses établies par lui, selon le modèle communiqué au commencement par l’Éternel à David, c’est-à-dire à la maison même de Dieu. Il fait bon marché de tous les principes divins proclamés dans l’arrangement du temple, comme de nos jours, on fait bon marché de tous les dogmes, sans respecter davantage la divine institution des choses du christianisme, qu’Achaz ne respectait l’autel et les cuves


HR sur 2 Rois 18:22

« Si vous me dites : Nous nous confions en l’Éternel notre Dieu.. » (v. 22). Vaines paroles ! Ce Dieu, « Ézéchias en avait ôté les hauts lieux et les autels », car Sankhérib ignore le vrai Dieu et le confond avec les idoles que la fidélité d’Ézéchias avait abolies. Tu as beau dire, « tu mets ta confiance en l’Égypte ! » Jamais le monde ne peut imaginer que les chrétiens ne cherchent pas leurs alliances avec le monde et, de fait, il n’y a rien d’étonnant à ce scepticisme, quand nous voyons l’état de la chrétienté qui nous entoure. La religion est-elle menacée d’un danger, subit-elle une attaque ou une persécution ? le monde chrétien recourt immédiatement au gouvernement du monde pour l’éviter ou en être délivré. La conduite, les oeuvres de la chrétienté sont basées sur l’influence du monde ou sur son aide pécuniaire. Les bonnes oeuvres n’ont pas d’autre soutien. L’incrédule est justifié quand il nous dit : « Que si tu dis : Nous nous confions en l’Éternel… » au fond, tu ne t’y confies pas plus que nous ! Il n’en était pas de même d’Ézéchias. Il pouvait laisser dire l’Assyrien, car il savait de quels dieux il avait purifié son peuple ; il savait sur quel Dieu il pouvait compter.

Mais une chose bien sérieuse à considérer, c’est que l’infidélité de Juda donne à l’ennemi l’occasion de blasphémer le vrai Dieu et de nier son existence. Puisque vous aviez des hauts lieux et des autels, ils étaient pour vous l’Éternel, dit-il. Il ne connaît l’Éternel que par les idoles dont Juda avait fait ses dieux. Il avait le droit de leur dire : Vous aviez les mêmes dieux que moi et vous les serviez tout comme moi. Et maintenant, vous dites : Nous nous confions en l’Éternel ! En quel Éternel, je vous prie ? Celui des hauts lieux, ou celui de l’autel que vous venez d’ériger ? Diffèrent-ils les uns des autres ?