Particularités du texte de l’Écriture Sainte

Christian Briem


Traduit de l’allemand « Antworten auf Fragen zu biblischen Themen » = Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, édité par Christliche Schriftenverbreitung, Hückeswagen, 2005. ISBN 3-89287-088-8


Table des matières :

1 - Abba, Père — Marc 14:36 ; Rom. 8:15 ; Gal. 4:6


1 - Abba, Père — Marc 14:36 ; Rom. 8:15 ; Gal. 4:6

Questions et réponses - Particularités du texte de l’Écriture Sainte, p. 371

Le terme « Abba » se trouve dans trois passages du Nouveau Testament, toujours accompagné du mot « Père » :


« Et il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles » (Marc 14:36),

« … par lequel nous crions : Abba, Père ! » (Romains 8:15),

« … criant : Abba, Père » (Galates 4:6).


Le Nouveau Testament est totalement écrit en grec, mais il contient des mots ou des phrases isolées de la langue araméenne, la langue que les Juifs avaient adoptée comme langage courant depuis leur exil à Babylone. Du fait que des mots araméens figurent par ci par là dans les discours du Seigneur Jésus (par exemple « Éphphatha », Marc 7:34. ; « Talitha coumi », Marc 5:41 ; « Eloï, Eloï… », Marc 15:34), nous pouvons tirer la conclusion prudente qu’Il n’a pas toujours parlé cette langue, mais qu’Il a aussi utilisé le grec. Parmi les quelques mots araméens rapportés dans le Nouveau Testament, « Abba » est peut-être le mot le plus important. C’est ce mot que le Seigneur Jésus a utilisé quand Il s’est adressé à son Père en Gethsemané, et il est aussi dit de nous que, dans la puissance de l’Esprit, nous pouvons crier « Abba, Père ! ». Que signifie donc ce terme aux trois endroits où il apparaît ?

« Abba » est la forme araméenne du mot hébreu pour « Père » (« ab »), une forme ayant un caractère d’insistance ; et dans l’usage de ce mot qui est fait dans le langage juif, il peut aussi être employé pour « mon Père » ou « notre Père ». À l’origine, c’était un mot de balbutiement tel qu’il pouvait déjà sortir de la bouche des petits enfants, et qui exprime une confiance sans limite ; plus tard il a aussi été utilisé par des enfants adultes et comme formule respectueuse à l’égard d’hommes âgés.

S’adresser à Dieu par le terme « Abba » est entré relativement tard dans le langage des Juifs, et de plus, il n’en existe que peu d’exemples, et ceux-ci comprennent toujours l’ajout de « qui est dans les cieux », ce qui met l’accent sur la distance de l’homme. Dans les trois passages où il y a « Abba » dans le Nouveau Testament, l’interprétation grecque y est toujours ajoutée (« ho pater » = Père !) : « Abba, Père ! ». « Abba » se rapproche donc fortement d’un nom propre sacré, — un caractère qui n’est pas inhérent au mot « Père ». Nous pouvons donc dire qu’« Abba » donne à une relation existante une expression d’intimité, tandis que « Père » lui donne une expression de compréhension intelligente. Mais en aucun cas « Abba, Père » ne signifie « cher Père ». Si le Seigneur Jésus a dit « Abba, Père ! », Il n’a pas du tout dit « cher Père ! », mais au contraire « Père, Père ! » ; et dans cette dernière expression, les deux mots pour « Père » portent même un caractère différent. En général, le Seigneur Jésus, s’Il parlait de Son Père ou à Son Père, n’utilisait que relativement rarement des termes de qualification complémentaires ; et quand cela a été malgré tout le cas, Il a dit : « Mon Père », « votre Père céleste », « Père Saint », « Père Juste ». Mais nous ne l’entendons jamais dire « cher Père ». Certainement nous ne devons pas non plus le faire ! Aussi intime que soit la relation dans laquelle nous sommes arrivés avec Dieu par grâce, Il est et reste toujours « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ».