Christian Briem
Traduit de l’allemand « Antworten auf Fragen zu biblischen Themen » = Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, édité par Christliche Schriftenverbreitung, Hückeswagen, 2005. ISBN 3-89287-088-8
Table des matières :
1 - Manifestation de reconnaissance ou désobéissance des aveugles ? — Publication des miracles
3 - À Béthanie : 6 ou 2 jours avant la Pâque ?
Matthieu 9:27-31 et Marc 7:36 - Fallait-il publier les miracles du Seigneur ?
Christian Briem
Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, p. 91
Était-ce juste de la part des deux aveugles auxquels le Seigneur avait fait recouvrer la vue, d’en répandre la nouvelle partout dans le pays (Matthieu 9.27-31) ? Lors de la guérison du sourd-muet en Marc 7:36, les gens se comportèrent de la même manière. L’ont-ils peut-être fait par reconnaissance ?
Dans les deux cas le Seigneur avait expressément commandé que personne ne sache rien des guérisons. Quand donc les deux aveugles « répandirent sa renommée dans tout ce pays-là », et que les gens de Marc 7 « le publiaient d’autant plus », c’était de la désobéissance. Ils pouvaient avoir de bonnes intentions, mais les bonnes motivations ne peuvent jamais servir d’excuse à la désobéissance aux paroles du Seigneur. Samuel, le prophète, avait déjà dit : « Voici, écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers » (1 Samuel 15:22). Ce principe demeure valable en tout temps. De plus la volonté de Dieu est toujours meilleure et plus digne de confiance et plus élevée que toutes nos propres pensées aussi bien intentionnées soient-elles.
Le Seigneur Jésus ne désirait pas attirer l’attention des gens sur Lui-même par des miracles au cours de Son service sur la terre (Jean 2:23-24), mais Il voulait attirer les cœurs à Lui par Ses paroles (Jean 3:31-34). Il ne se fiait pas à ceux qui ne croyaient en Lui qu’à cause de Ses miracles et de Ses signes. Par contre, celui qui recevait le témoignage de Ses paroles scellait « que Dieu est vrai ». Cela dénotait qu’un vrai travail de Dieu avait eu lieu dans l’âme. Cependant, par Ses miracles, le Seigneur poursuivait deux buts importants : Il justifiait par là de sa qualité de Messie, d’envoyé de Dieu, et Il confirmait par là la prédication de l’évangile qui était encore quelque chose de nouveau.
Quoi qu’il en soit, les signes et les miracles n’eurent toujours qu’un rôle secondaire ; il en fut de même aux premiers jours du christianisme. Ce qui est vraiment grand, c’est la parole de Dieu et l’obéissance à cette parole. C’est ce que nous devons apprendre de ces deux exemples.
Particularités du texte de l’Écriture sainte, p. 459
Judas Iscariote est, dans le Nouveau Testament, un personnage caméléon, méchant, un fils de perdition. Il est assez étrange que ce soit justement lui qui ait eu la bourse et portait ce qu’on y mettait. Ce n’est pourtant pas cela qui nous occupe maintenant, mais plutôt le sens qu’il faut donner au mot « porter ».
« Or il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’il avait la bourse et portait ce qu’on y mettait » (Jean 12:6).
L’un des sens du verbe traduit ici par « porter »
semble donner la véritable signification du passage. Judas était un voleur, et
« ayant la bourse » (tel est le sens littéral), « il emportait
ce qu’on y mettait ». Le
terme utilisé ici par le Saint Esprit (bastazo
)
est repris en Jean 20:15 où il est traduit justement par
« emporter » : « Seigneur, si toi tu l’as emporté… ».
Il reste encore à remarquer que le verbe (un terme qui désigne une activité),
est dans notre passage à l’imparfait, ce qui montre que c’était l’habitude
de Judas de faire ainsi.
Combien l’image de cet homme, donnée ici par le Saint Esprit en peu de mots, est solennelle ! Sans véritable repentance, où peut donc aboutir un tel chemin, sinon à la perdition éternelle ?
Questions et réponses, p. 200
En Jean 12:1, il est dit que le Seigneur Jésus est venu à Béthanie
six
jours avant la Pâque, où donc on lui fit un souper. En Matthieu 26
et Marc 14, il est parlé d’un événement semblable, d’où je conclus qu’il s’agit
de la même circonstance dans les trois passages. Est-ce juste ? Si oui, il
y a quand même une difficulté en ce que Matthieu et Marc mentionnent une durée
de deux jours
avant la Pâque (Matt. 26:2 ; Marc 14:1). Comment
expliquer cette divergence en matière chronologique ?
L’hypothèse que les trois évangiles décrivent la même
circonstance a beaucoup d’appui en sa faveur. Car non seulement les trois
« évangélistes » Matthieu, Marc et Jean parlent de façon concordante
de Béthanie
et de la femme
qui a oint le Seigneur, mais chacun d’eux évoquent le
reproche des disciples qui suit, sur un prétendu gaspillage
du parfum.
En outre il n’est guère concevable que durant les six jours
précédant la fête de Pâque, le Seigneur ait visité deux fois Béthanie, et qu’Il y ait été oint aussi deux fois. Deux jours avant la
Pâque, il ne restait pas assez de temps pour organiser un grand repas. Que les
récits particuliers montrent des aspects différents
est par contre
normal, et n’a pas besoin d’être explicité. Ils ne se contredisent pas, mais se
complètent.
L’importance de ces complémentarités — également pour répondre à
la deuxième question — doit être soulignée par les quelques indications qui
suivent. L’onction du Seigneur par Marie n’a pas eu lieu dans la maison de
Marthe, mais dans celle de Simon le lépreux. Cela éclaire du reste l’indication
de Jean 12 selon laquelle Lazare était « était un de ceux qui étaient à
table avec lui ». Il aurait été superflu de le souligner si le souper
avait eu lieu chez lui. Combien la parole de Dieu est précise ! Les récits
brefs de Matthieu et Marc désignent les disciples comme ceux qui ont fait le
reproche de gaspillage. Ce n’est que par Jean que nous apprenons qui a lancé le
reproche à l’origine : c’est Judas Iscariote. Et cela fait le joint avec la
question de savoir pourquoi Matthieu et Marc ont manifestement mis de côté l’ordre
chronologique pour raconter après coup
la circonstance dans la maison de
Simon.
Ces deux écrivains rapportent la délibération des principaux
sacrificateurs et des scribes sur la manière dont ils pourraient se saisir de
Jésus avec ruse, et le faire mourir. Matthieu cite d’abord la parole du
Seigneur à Ses disciples selon laquelle Il serait livré, et crucifié dans deux
jours
lors de la fête de la Pâque (Matt. 26:1-5). Marc cite ces deux
jours avant la Pâque en rapport avec la délibération des conducteurs spirituels
(Marc 14:1, 2). Directement après cela, ces deux évangélistes décrivent la
circonstance dans la maison de Simon le lépreux. Mais il est frappant qu’ils
évitent tous les deux de donner aucune indication de
temps. Les expressions si habituelles chez ces deux auteurs telles que
« alors », ou « et aussitôt », manquent totalement. Le
premier commence son récit ainsi : « Et comme Jésus était à
Béthanie… », et l’autre de manière très
semblable : « Et comme il était à Béthanie… ». Ils laissent
complètement ouverte la date de l’événement. Nous devons parfois apprendre non
seulement de ce que l’Écriture dit
, mais aussi de ce qu’elle ne dit pas
.
La raison pour laquelle la description revient en arrière sur ce qui s’était passé dans la maison de Simon le lépreux, est bien que les écrivains voulaient faire la relation entre les délibérations des principaux sacrificateurs pour faire mourir le Seigneur, et l’instrument docile que le diable leur mit entre les mains. Car n’oublions pas que le traître venait du milieu des douze ! et qu’il avait justement donné la preuve de sa soif d’argent dans la maison de Simon (Jean 12:6). Cela s’était produit six jours avant la Pâque. Et maintenant deux jours avant cette même Pâque, il allait vers les principaux sacrificateurs pour leur demander ce qu’ils lui donneraient s’il leur livrait Jésus.
Cela parait être la raison pour laquelle Matthieu et Marc rapportent le souper de Béthanie en dehors de l’ordre chronologique, et mettent directement après, l’accord conclu entre les principaux sacrificateurs et Judas Iscariote.