ÉTROIT D’IDÉES ?

K. Sanders

ME 2005 p. 241-243

Dans la vie de tous les jours, il est habituel de rencontrer des personnes qui possèdent des talents multiples et des intérêts variés. Une telle diversification est considérée dans ce monde comme une qualité fort appréciable. Il est vrai que l’on rencontre aussi des personnes dont les intérêts sont orientés dans une seule direction, notamment lorsqu’elles possèdent un don particulier dans un domaine précis. Les croyants qui reconnaissent l’autorité de la parole de Dieu sont souvent considérés, par les personnes de ce monde, comme des gens étroits d’idées. L’opinion que les chrétiens sont bornés, limités dans leur horizon spirituel, et qu’ils ne connaissent aucune vraie liberté, est très courante.

Cette description peu flatteuse des croyants résulte normalement du fait que les vrais disciples de Jésus désirent suivre leur Seigneur et Maître dans tous les domaines de leur vie. Et à ce sujet, il est frappant et encourageant de voir que la parole de Dieu contient des déclarations qui confirment abondamment que la vie de foi est caractérisée par un champ de vision très orienté et exclusif. Il n’est besoin que d’une seule chose (Luc 10:42) ; je sais une chose (Jean 9:25) ; je fais une chose (Phil. 3:14) ; j’ai demandé une chose à l’Éternel (Ps. 27:4) — voilà ce qui peut bien être taxé d’étroitesse d’idées. C’est bien une orientation de la pensée et des intérêts sur un seul point ou sur un seul but. Il est juste qu’il en soit ainsi, et que les chrétiens ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité (cf. 2 Cor. 5:15). Ils n’appartiennent plus à eux-mêmes, mais entièrement à celui qui les a achetés pour lui-même, par son sang. Cela signifie que pour eux il n’y a plus qu’une chose qui compte : une vie pour Christ. « Pour moi, vivre c’est Christ » disait l’apôtre Paul (Phil. 1:21). Cette orientation exclusive de nos pensées et de notre existence est bien ce que notre Sauveur attend des siens.

Cet attachement exclusif au Seigneur, et à la lettre des Saintes Écritures, n’est nullement une atteinte à la liberté, comme les incrédules ont tendance à le penser. C’est au contraire, dans son essence même, la vraie liberté, une vie de foi dans l’épanouissement personnel (Ps. 119:32, 45). Ce n’est pas là une étroitesse d’esprit ; au contraire, le regard de la foi se dirige sur un « pays lointain » (cf. És. 33:17). Celui que le Fils de Dieu affranchit est « réellement libre » (Jean 8:36). Quiconque désire être obéissant à la parole du Seigneur fait l’expérience du bonheur de cette liberté et découvre les richesses de ce domaine que les hommes de ce monde considèrent comme terriblement étroit.

Et de plus — aussi paradoxal que cela puisse paraître — une telle vie orientée vers un but unique n’est-elle pas en même temps variée ? À la foi qui n’est dirigée que sur le Seigneur seul, Dieu ouvre un horizon immense, une vue approfondie dans sa vérité infinie, dans sa sagesse si diverse. L’apôtre Paul nous parle de « la connaissance du mystère de Dieu, dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col. 2:2, 3). Il y a là un domaine infini, qui nous dépasse de beaucoup.

De telles réflexions ne convaincront évidemment pas les hommes de ce monde. Pour eux, les croyants attachés à la Bible demeurent des gens étroits d’idées et bornés. Nous devons supporter cette appréciation ; elle fait partie de « l’opprobre de Christ ». « Or l’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement » (1 Cor. 2:14). Ce verset nous fait voir où sont les « bornes » en réalité. Les incrédules n’ont malheureusement aucune idée de « l’étroitesse » de leur propre vie, sous la puissance du péché, aux yeux de Dieu. Dieu dit qu’il n’y a pas de juste, personne qui fasse le bien, rien que des esclaves du péché. Il dit de l’homme naturel : « Toute l’imagination des pensées de son cœur n’est que méchanceté en tout temps » (Gen. 6:5). C’est cela la terrible étroitesse du péché, cette voie à sens unique qui débouche en détail sur une abondante diversité de péchés et de fautes.

Que les rachetés, étreints par l’amour du Christ, aient à cœur de témoigner aux incrédules de leur entourage comment on peut sortir de cette étroitesse-là, de cette contrainte du péché ! Qu’ils leur montrent par leur marche comment le Seigneur peut remplir le cœur et comment une vie orientée uniquement et entièrement sur lui est riche et heureuse !