Histoire prophétique de la chrétienté vue dans les sept assemblées d’Asie en Apocalypse 2 et 3

Raymond K. Campbell

Traduit de http://biblecentre.org/content.php?mode=7&item=329


Table des matières abrégée :

1 - Introduction

2 - Le Message à Éphèse — Apocalypse 2:1-7

3 - Le Message à Smyrne — Apocalypse 2:8-11

4 - Le Message à Pergame — Apoc. 2:12-17

5 - Le Message à Thyatire — Apoc. 2:18-29

6 - Le Message à Sardes — Apoc. 3:1-6

7 - Le Message à Philadelphie — Apoc. 3:7-13

8 - Le Message à Laodicée — Apoc. 3:14-22


Table des matières détaillée :

1 - Introduction

1.1 - L’Église, ou Assemblée, vue comme un chandelier

1.2 - Le Seigneur au milieu des lampes

1.3 - La septuple description

1.4 - Le mystère des sept étoiles

1.5 - Les anges des assemblées

1.6 - Esquisse de sept époques

1.7 - Un triple point de vue

1.8 - Le caractère des messages

1.8.1 - Premièrement, la manière du Seigneur de se présenter

1.8.2 - Deuxièmement, l’approbation

1.8.3 - Troisièmement, la réprimande ou le blâme de ce que le Seigneur n’approuve pas

1.8.4 - Quatrièmement, l’appel ou la promesse au vainqueur

1.8.5 - Cinquièmement, l’appel à écouter adressé à celui qui a des oreilles

1.9 - Une répartition en deux groupes de trois et quatre

2 - Le Message à Éphèse — Apocalypse 2:1-7

2.1 - La signification du nom

2.2 - 1) Comment le Seigneur se présente.

2.3 - 2) L’approbation du Seigneur

2.4 - 3) La réprimande

2.5 - L’appel à se souvenir et à se repentir

2.6 - L’avertissement

2.7 - 4) L’appel à l’oreille qui écoute

2.8 - 5) La promesse au vainqueur

3 - Le Message à Smyrne — Apocalypse 2:8-11

3.1 - La signification du nom

3.2 - 1) Comment le Seigneur se présente

3.3 - 2) L’approbation et l’encouragement du Seigneur ; l’assaut de l’extérieur

3.4 - 3) Le double assaut

3.5 - L’assaut de l’intérieur

3.6 - La synagogue de Satan

3.7 - Contraste entre le christianisme et le judaïsme

3.8 - Une chrétienté qui a pris les caractères du judaïsme

3.9 - 4) L’appel à l’oreille qui écoute

3.10 - 5) La promesse au vainqueur

4 - Le Message à Pergame — Apoc. 2:12-17

4.1 - La signification du nom

4.2 - Les conditions changées

4.3 - 1) Comment le Seigneur se présente

4.4 - 2) L’approbation du Seigneur

4.5 - 5) La réprimande

4.6 - La parabole du grain de moutarde

4.7 - 6) L’appel à la repentance

4.8 - 7) Autres erreurs dans la période de Pergame

4.9 - 4) L’appel à l’individu

4.10 - 5) La promesse au vainqueur

5 - Le Message à Thyatire — Apoc. 2:18-29

5.1 - Introduction

5.2 - Le nom « Thyatire »

5.3 - 1) Comment le Seigneur se présente

5.4 - 2) L’approbation

5.5 - 4) La réprimande du Seigneur

5.6 - La femme qui fait lever la pâte

5.7 - « Elle égare mes esclaves »

5.8 - Pas de repentance

5.9 - La menace de jugement

5.10 - 5) L’encouragement pour le résidu

5.11 - 6) Les promesses au vainqueur

5.12 - 7) L’appel à écouter

6 - Le Message à Sardes — Apoc. 3:1-6

6.1 - Introduction

6.2 - La Réformation

6.3 - 1) Comment le Seigneur se présente

6.4 - 2) La réprimande du Seigneur

6.5 - 3) L’appel à la vigilance

6.6 - Souviens-toi — garde — repens-toi

6.7 - La menace de jugement

6.8 - Le résidu

6.9 - La cinquième parabole

6.10 - 4) Les promesses au vainqueur

6.11 - 5) L’appel à celui qui écoute

6.12 - « Aux assemblées »

7 - Le Message à Philadelphie — Apoc. 3:7-13

7.1 - Introduction

7.2 - La période philadelphienne

7.3 - L’amour fraternel comme base

7.4 - 1) Comment Christ se présente

7.5 - 2) L’approbation

7.5.1 - Tu as peu de force

7.5.2 - Tu as gardé ma parole

7.5.3 - Tu n’as pas renié mon nom

7.5.4 - La parole de ma patience

7.6 - 5) La promesse de Christ

7.7 - 3) « Je viens bientôt » [ou : Je viens vite]

7.8 - L’exhortation à tenir ferme

7.9 - 6) Promesses au vainqueur

7.10 - 7) L’appel à écouter

8 - Le Message à Laodicée — Apoc. 3:14-22

8.1 - Introduction

8.2 - 1) Comment Christ se présente

8.3 - 2) La réprimande du Seigneur

8.4 - 3) Le conseil du Seigneur

8.4.1 - L’or passé au feu

8.4.2 - Les vêtements blancs

8.4.3 - Le collyre

8.5 - 4) Laodicée aujourd’hui

8.6 - Le Seigneur s’occupant des Siens

8.7 - L’appel aux individus

8.8 - 5) La promesse au vainqueur

8.9 - 6) L’appel à écouter

8.10 - Sixième et septième paraboles de Matthieu 13

8.11 - Conclusion


Note Bibliquest : les mots « Église » et « Assemblée » ont été utilisés tous les deux. Ils sont interchangeables, le sens est le même.


1 - Introduction

« Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt ; et il l’a signifiée, en l’envoyant par son ange, à son esclave Jean » (Apoc. 1:1). Ce verset montre que tout le livre de l’Apocalypse traite de choses qui doivent arriver bientôt, c’est-à-dire qu’il a un caractère prophétique en rapport avec des choses futures. Le sujet des lettres aux sept assemblées d’Asie qui sont devant nous, a un caractère à la fois prophétique et historique. Nous avons non seulement un récit historique des conditions existant dans ces sept assemblées au moment où cette vision et ces messages furent donnés à l’apôtre Jean, mais aussi un tableau prophétique de l’histoire de l’église professante, ou chrétienté, depuis les temps apostoliques jusqu’à la fin. C’est ce que nous verrons en détail.

« Moi, Jean, qui suis votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la patience en Jésus, j’étais dans l’île appelée Patmos, pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ. Je fus en Esprit, dans la journée dominicale, et j’ouïs derrière moi une grande voix, comme d’une trompette, disant : Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept assemblées : à Éphèse, et à Smyrne, et à Pergame, et à Thyatire, et à Sardes, et à Philadelphie, et à Laodicée. Et je me retournai pour voir la voix qui me parlait ; et, m’étant retourné, je vis sept lampes d’or » (Apoc. 1:9-12).


1.1 - L’Église, ou Assemblée, vue comme un chandelier

Ici dans l’Apocalypse, nous avons l’église, ou les assemblées, symbolisée par des « lampes d’or ». « Les sept lampes [que tu as vues] sont sept assemblées » (Apoc. 1:20). Cela signifie que l’assemblée est considérée par le Seigneur comme un vase de témoignage apportant une lumière dans ce monde de ténèbres. Voilà ce que l’Assemblée et tout croyant devraient être : une lumière dans ce monde. Le Seigneur disait : « Vous êtes la lumière du monde … Que votre lumière luise ainsi devant les hommes » (Matt. 5:14, 16). C’est un privilège et une responsabilité, et le Seigneur s’adresse à l’Assemblée dans sa responsabilité de faire luire une lumière et un témoignage pour Lui-même. Il a quelque chose à dire à chacune des sept assemblées à cet égard, et à chacun de nous aussi aujourd’hui.


1.2 - Le Seigneur au milieu des lampes

« Et au milieu des [sept] lampes [quelqu’un de] semblable au Fils de l’homme, vêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds, et ceint, à la poitrine, d’une ceinture d’or. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ; et ses yeux, comme une flamme de feu ; et ses pieds, semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans une fournaise ; et sa voix, comme une voix de grandes eaux ; — et il avait dans sa main droite sept étoiles ; et de sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchants ; — et son visage, comme le soleil [quand il] luit dans sa force » (Apoc. 1:13-16).

C’est la vision que Jean a eue du Seigneur Jésus, le Fils de l’homme, se tenant au milieu des sept lampes d’or. Ici, nous avons le Seigneur dans un caractère spécial, et il est important, avant d’aborder le sujet des lettres aux sept assemblées, de Le considérer sous ce caractère spécial. En considérant cette septuple description du Seigneur que nous venons de lire, nous pouvons facilement voir que ce n’est pas le Seigneur Jésus comme l’Époux aimant Son Assemblée qui est devant nous. Il n’est pas non plus dans Son caractère de grand souverain sacrificateur. On Le voit ici dans les longues robes judiciaires et les vêtements d’un juge qui voit tout ce qui se passe dans Son Assemblée.

C’est une pensée solennelle pour nous croyants de bien comprendre que nous avons à faire avec le Seigneur, non seulement comme le chef [tête] de l’assemblée, ou comme notre époux bien-aimé, mais comme notre juge auquel nous avons des comptes à rendre. La vision du Seigneur ici correspond à la pensée exprimée en Jacques 5:9 : « Voici, le juge se tient devant la porte ». Il voit tout ce qui se passe, et envoie un message à chacune des assemblées sur ce qu’Il voit parmi elles.

Le Seigneur est vu vêtu d’une robe longue jusqu’aux pieds et ceint sur la poitrine d’une ceinture d’or. Il est le juge, et la ceinture sur Sa poitrine indique une retenue des affections. Il n’est pas libre de laisser Son amour s’épancher vers Son Assemblée parce qu’il y a chez elle des choses dont Il n’est pas satisfait.


1.3 - La septuple description

Dans la description de Sa personne (1:12-16), nous avons


« Et, lorsque je le vis, je tombai à ses pieds comme mort » (Apoc. 1:17a). Tel fut, sur Jean, l’effet de voir le Seigneur sous ce caractère judiciaire de majesté, de grandeur et d’autorité. Nous aussi avons besoin de voir davantage le Seigneur sous ce caractère saint et judiciaire au milieu de Son Assemblée, et de tomber à Ses pieds dans la soumission et la révérence. Nous aimons à penser à la promesse réconfortante de Matthieu 18:20, que le Seigneur que nous aimons est au milieu de nous pour nous guider et prendre soin de nous quand nous sommes assemblés à Son Nom. Mais n’oublions pas le caractère saint de Celui qui est au milieu de nous, tel qu’Il est présenté ici en Apoc. 1:13-16. Il est le Saint et le Véritable, et a les yeux trop purs pour voir le mal (Apoc. 3:7 ; Habakuk 1:13). Il y a ainsi une responsabilité liée au fait d’avoir le Seigneur au milieu de nous.

Alors si nous aussi nous tombons à Ses pieds comme Jean, nous entendrons aussi les paroles merveilleuses : « Ne crains point ; moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant ; et j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1:17-18). Nous réaliserons alors la puissance de Sa résurrection au milieu de nous.


1.4 - Le mystère des sept étoiles

« Le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma droite, et les sept lampes d’or » (1:20). Les sept étoiles et les sept lampes de la vision étaient des symboles des sept assemblées.

Le mot « mystère » suggère également qu’est impliqué quelque chose de plus que de simples messages à ces sept assemblées de l’époque en Asie. Dans ces ch. 2 et 3, il y a devant nous plus que le simple état présent de ces sept assemblées de l’époque. Nous verrons qu’ils nous donnent un tableau prophétique de sept périodes distinctes de toute l’histoire de l’Église professante. Il y a ainsi un caractère mystérieux pour l’ensemble de cette scène des sept étoiles et des sept lampes d’or et pour les messages à chacune de ces assemblées.

Il y avait certainement plus d’assemblées en Asie que ces sept qui sont devant nous en Apoc. 1 à 3. Pourquoi le Seigneur a-t-Il choisi juste ces sept-là pour leur envoyer des lettres ? Nous verrons que l’Apocalypse est un livre de sept choses : les sept assemblées, le livre aux sept sceaux, les sept trompettes et les sept coupes de la colère. Sept est un nombre complet, et les différentes conditions rencontrées dans ces sept assemblées particulières en Asie présentent une image prophétique complète de sept phases distinctes de l’église professante à partir de l’époque de l’apôtre Jean jusqu’à la fin de l’Église.

Nous avons appelé notre sujet « L’histoire prophétique de la chrétienté ». Nous appliquons le terme « chrétienté » à tout ce qui prétend être chrétien et professe embrasser le christianisme. Nous savons qu’une grande partie de cet ensemble a une fausse profession et n’est pas vraiment chrétien ou fidèle à Christ. C’est l’histoire de cette masse de vrais et faux croyants, que nous appelons la « chrétienté », et qui est devant nous dans les lettres aux sept assemblées d’Asie dans leur aspect prophétique. La véritable Église de Christ est composée uniquement de croyants authentiques qui ont été baptisés par l’Esprit pour être Son corps (voir 1 Cor. 12:13 ; Éph. 1:13, 22-23).


1.5 - Les anges des assemblées

Enquérons-nous ensuite sur le sens de l’expression « les anges des sept assemblées ». Le mot grec traduit ici par « ange » signifie aussi « messager », et est traduit ainsi dans d’autres passages. On pourrait donc lire : « les messagers des sept assemblées ». Le messager serait l’élément responsable de l’église ou assemblée, son représentant devant Dieu. Comme quelqu’un l’a écrit, l’ange de l’assemblée représenterait « ceux à qui Christ regarde au sujet de l’état de Son Assemblée en raison de leur proximité avec Lui et de leur communion avec Lui et donc de la responsabilité qui s’y rattache ». C’est le représentant symbolique de l’assemblée vu dans ceux qui y sont responsables, ce qu’en un sens tous sont réellement.

En Actes 20, nous voyons l’apôtre Paul appeler les anciens de l’assemblée d’Éphèse pour leur donner une mission spéciale ; il leur dit entre autres : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau, au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre [fils] » (Actes 20:28). Ils étaient ainsi responsables de prendre soin du troupeau au milieu duquel le Seigneur les avait établis surveillants.

Il en est ainsi dans les lettres aux sept assemblées. Elles sont adressées à l’ange de l’assemblée, à ceux qui portent la responsabilité dans l’assemblée et à qui le Seigneur regarde au sujet de l’état de l’assemblée. Ils transmettraient sans nul doute à toute la congrégation ce que le Seigneur avait à dire et œuvreraient pour corriger ce qui n’allait pas.

Tout cela est plein de sens pour nous aujourd’hui également. Il y a ceux que l’Esprit Saint a établis surveillants parmi le troupeau de Dieu et ceux qu’Il tient responsables de l’état de Ses assemblées et à qui Il regarde au sujet de la condition spirituelle de Son peuple. Puissions-nous répondre à ce privilège et cette responsabilité.

« Les sept étoiles sont les anges des sept assemblées ». Les étoiles sont des luminaires célestes et font penser à ceux qui sont placés dans l’assemblée pour donner la lumière céleste. Ces étoiles sont dans Sa main droite. Le Seigneur a autorité sur tous ceux qui sont représentatifs de la lumière céleste ; Il tient dans Sa main tous Ses serviteurs et en a le contrôle.


1.6 - Esquisse de sept époques

Comme nous l’avons indiqué précédemment, les conditions rencontrées dans les sept assemblées d’Asie selon Apocalypse 2 et 3, présentent une vue prophétique de la condition et de l’état de l’ensemble de l’église professante à sept différentes périodes de son histoire. Nous allons parler ici brièvement de ces sept périodes qu’on reverra en détail quand on verra chacune de ces assemblées.

Dans l’assemblée à Éphèse, nous avons un tableau de ce qui était vrai de toute l’Assemblée au moment où cette vision a été donnée à l’apôtre Jean, et jusqu’en 167 ap. J.-C environ. L’assemblée à Smyrne présente ce qui était vrai de toute l’église au temps des persécutions romaines jusqu’à environ 313 ap. J.-C. Dans l’assemblée à Pergame, nous avons une condition différente correspondant à l’état de l’église professante après la fin des persécutions romaines, jusqu’à environ 600 ap. J.-C. Pendant ce temps, l’idolâtrie s’est introduite, et l’église et l’état devinrent unis et l’église commença à marcher avec le monde.

L’assemblée suivante est Thyatire qui place devant nous la quatrième période de l’histoire de la chrétienté professante. La période a commencé vers 600 ap. J.-C. et s’est poursuivie jusqu’à la veille de la Réformation. Pendant ce temps, le paganisme et entré dans l’Église et le système de la papauté de Rome s’est pleinement développé.

La cinquième période nous est donnée dans l’état de l’assemblée à Sardes qui présente la condition du protestantisme après la Réformation du début du 16ème siècle. Dans l’assemblée à Philadelphie, nous avons un tableau prophétique de la période de réveil dans l’histoire de l’église. Cela a eu lieu dans la dernière partie du 18ème siècle et la première partie du 19ème siècle, quand Dieu a opéré d’une façon merveilleuse, apportant un réveil sortant de la torpeur du protestantisme et un résidu qui retourna à Christ et à Sa parole. C’est la sixième période.

L’assemblée à Laodicée nous présente la septième et dernière phase de l’église professante, ou chrétienté. Elle a commencé au 19ème siècle et se poursuit de nos jours. C’est l’état de tiédeur, d’indifférence, de matérialisme et d’apostasie qui caractérisent l’église professante aujourd’hui.


1.7 - Un triple point de vue

Nous pouvons considérer ces lettres aux sept assemblées d’Asie de trois façons.

(1) On peut les voir comme décrivant ce qui se passait effectivement dans ces différentes assemblées au moment où ces messages ont été écrits. C’est le point de vue historique.

(2) On peut les considérer du point de vue prophétique, comme esquissé ci-dessus.

(3) On peut les voir comme s’appliquant pratiquement à toute assemblée ou individu à une période quelconque où son état correspondrait à celui décrit. C’est le point de vue pratique, avec des leçons pour nous-mêmes tirées de chaque assemblée.

Nous avons donc devant nous une étude très riche dans cette portion qui est l’une des plus instructives et intéressantes de la parole de Dieu.


1.8 - Le caractère des messages

En considérant ces lettres aux sept assemblées, nous trouverons un modèle général de cinq caractéristiques qu’on trouve presque chez toutes.

1.8.1 - Premièrement, la manière du Seigneur de se présenter

Dans chaque message, c’est la première chose qu’on lit. Chaque présentation est différente, et on fera bien de noter soigneusement la manière dont Il aborde chaque assemblée ou se présente à elle, car là est la clé de la situation, et aussi le remède pour ce qui est mauvais aux yeux du Seigneur.

Par exemple, à Éphèse le Seigneur se présente comme Celui qui tient les sept étoiles dans Sa main droite, et marche au milieu des sept lampes d’or. Au début de l’assemblée et au cours de cette première période d’Éphèse, le Seigneur était connu et reconnu comme le chef de l’assemblée, comme Celui qui était le Seigneur de tous et avait tout dans Sa main droite. L’assemblée regardait à Lui et dépendait de Lui pour tout, de sorte que le Seigneur pouvait ainsi se présenter à Éphèse.

Maintenant, remarquez par contraste la façon dont le Seigneur se présente à Sardes au ch. 3 v. 1. Là Il dit qu’Il a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles et qu’Il connaît ses œuvres, mais Il ne dit pas qu’Il a les sept étoiles dans Sa main droite. La raison de cette omission est que Sardes ne Le reconnaissait pas comme le chef de l’Assemblée, et c’est particulièrement vrai du protestantisme que Sardes représente du point de vue prophétique. L’église après la Réformation a manqué de reconnaître le Seigneur comme son seul chef, et ne dépendait pas de Lui pour la direction, la puissance et la protection : elle regardait aux chefs de gouvernement, etc. Donc, le Seigneur se présente à Sardes comme Celui qui a les sept Esprits, toute puissance et toute sagesse et direction.


1.8.2 - Deuxièmement, l’approbation

Dans la lettre à chaque assemblée, le Seigneur fait l’éloge de ce qu’Il pouvait louer. S’Il a de quoi critiquer, censurer ou blâmer, Il commence par louer tout ce qui était bon ; c’est un point très pratique à noter dans les voies de notre Seigneur. Ce serait bien de nous en rappeler, car souvent nous commençons par censurer ou critiquer et nous oublions ce qui est louable chez autrui, et nous omettons de le mentionner. Notre Seigneur ne fait pas cela. C’est ainsi que nous lisons souvent dans ces messages : « Je connais tes œuvres ». Il connaît toutes choses et loue tout ce qui est bon, avant de parler de ce qui Lui déplaît.


1.8.3 - Troisièmement, la réprimande ou le blâme de ce que le Seigneur n’approuve pas

Pour toutes ces sept assemblées sauf deux, le Seigneur parle de choses qu’Il avait contre elles ou qu’Il n’approuvait pas. Cette caractéristique est une partie importante des lettres et est pleine d’instruction et d’enseignement pour l’Assemblée en tout temps. Les deux assemblées non censurées sont Smyrne, l’assemblée souffrante, et Philadelphie, le résidu faible ; les deux sont très encouragées par le Seigneur.


1.8.4 - Quatrièmement, l’appel ou la promesse au vainqueur

Dans chaque lettre, il est parlé au vainqueur (*), et des promesses spéciales d’encouragement sont données pour l’encourager tout du long au milieu des difficultés et du mal qu’il est appelé à surmonter. Cette caractéristique particulière de ces messages montre que Dieu cherche des vainqueurs dans tous les âges de l’histoire de l’Église et compte sur certains pour surmonter par Sa puissance les mauvaises conditions qui Lui déplaisent. À ceux-là, Il offre de merveilleuses promesses de récompense et de bénédiction futures. Ces promesses peuvent faire l’objet d’une merveilleuse étude pour elles-mêmes, et elles sont une source de beaucoup d’encouragement pour les saints de tous les temps.


(*) Note Bibliquest : On remarque qu’il n’est pas parlé de « vainqueur », mais de « celui qui vaincra » : personne n’est intrinsèquement vainqueur, ni ne le demeure toujours.


1.8.5 - Cinquièmement, l’appel à écouter adressé à celui qui a des oreilles

Il se trouve dans les sept lettres : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Le Seigneur cherche le cœur exercé et l’oreille disposée à écouter et à considérer ce qu’Il a à dire au sujet de ce qui Lui plaît et de ce qui Lui déplaît. C’est l’appel adressé à l’individu pour qu’il soit exercé par ce que l’Esprit dit à toutes les sept assemblées, et non pas seulement à l’une d’elles. Quand Il était sur la terre, le Seigneur a dit : « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (Marc 7:16).


1.9 - Une répartition en deux groupes de trois et quatre

Il faut noter que, dans les lettres aux trois premières assemblées, l’appel à écouter précède la promesse au vainqueur qui termine le message. Ainsi, les sept lettres se divisent en deux groupes de trois puis quatre, une division qu’on trouve souvent dans la parole de Dieu. Les paraboles de Matthieu 13 et les sept trompettes et les sept coupes de jugements d’Apocalypse sont des exemples d’une telle division.

Les conditions rencontrées dans les trois premières assemblées ne continuent pas jusqu’à la fin de l’histoire de l’Église, tandis que les conditions manifestées dans les quatre dernières assemblées persistent. La période d’Éphèse a passé à la condition de persécution de Smyrne quand toute l’église souffrit une oppression cruelle allant parfois jusqu’à la mort pour le Seigneur. Quand la période de persécution prit fin, la condition de Smyrne se termina et la période de Pergame commença avec l’union de l’église et de l’état. L’église s’associa au monde païen ; l’état de Thyatire et le système du catholicisme en sont issus.

Ainsi, les conditions décrites en Éphèse, Smyrne et Pergame ont disparu, tandis que celle présentée par Thyatire a continué jusqu’à ce jour et continuera jusqu’à la fin. Ainsi aussi la condition de Sardes (le protestantisme) continue jusqu’à aujourd’hui. Et nous croyons qu’au moins quelque chose des conditions morales de Philadelphie a continué d’une manière ponctuelle et continuera jusqu’à la venue du Seigneur pour Sa véritable église. Ensuite, nous avons la dernière phase ou condition de Laodicée, qui se poursuit jusqu’à la fin.

Dans les trois premières assemblées, l’appel à écouter est adressé à toute l’assemblée ; mais pour Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée, il y a d’abord la promesse au vainqueur, ce qui signifie qu’il y a un résidu de vrais croyants en mesure de vaincre. Vient ensuite l’exhortation à écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées. Cela distingue la position du résidu dans ces quatre dernières assemblées comme étant séparé du corps général de l’église. L’appel à écouter est spécialement adressé aux vainqueurs, car eux seulement entendront la voix du Seigneur par Son Esprit.

À partir de Thyatire, il n’y a aucun espoir de restauration de toute l’église. La condition d’apostasie est irréparable, de sorte qu’un résidu est reconnu et que la venue du Seigneur est introduite comme la seule espérance (Apoc. 2:21, 24-25).

Après ces observations générales sur les lettres aux sept assemblées, nous sommes maintenant en mesure d’étudier en détail chacune des communications.


2 - Le Message à Éphèse — Apocalypse 2:1-7

2.1 - La signification du nom

Éphèse signifie « propos complet » et dans l’épître que l’apôtre Paul écrit aux Éphésiens, nous avons le propos complet de Dieu quant à Son Assemblée, pleinement révélé et développé. L’apôtre y avait passé beaucoup de temps et Dieu a opéré un grand travail dans cette ville. La parole de Dieu croissait en puissance et montrait sa force (Actes 19). L’assemblée à Éphèse était dans un état spirituel merveilleux aux jours de Paul, et ainsi il a été libre de leur révéler les vérités spirituelles les plus élevées quant à l’Assemblée et aux conseils de Dieu. Nous avons donc le propos complet de Dieu dans Éphèse. Les passages d’Éph. 1:9-11 et 3:10-11 contiennent le mot « propos » et nous disent quelque chose des propos de Dieu en Christ.

Mais maintenant, au moment où la révélation a été donnée ici à l’apôtre Jean, quelques 32 ans après l’épître aux Éphésiens, la racine du déclin spirituel et de l’éloignement s’était déjà installée au sein de cette merveilleuse assemblée à Éphèse. Au milieu de tant de choses hautement louables, les yeux divins « comme une flamme de feu » discernaient qu’ils avaient abandonné leur premier amour. Nous en reparlerons plus tard.


2.2 - 1) Comment le Seigneur se présente.

« Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept lampes d’or » (Apoc. 2:1). Il se présente comme Celui qui a les sept étoiles — les anges ou représentants, l’élément responsable dans les assemblées — dans Sa main droite, et comme Celui qui marche au milieu des assemblées et qui voit le genre de lumière et de témoignage que donne leur lampe. Le Seigneur se présente ici sous le caractère général dans lequel Il s’est présenté à l’ensemble de l’Assemblée au ch. 1. Il marche au milieu des lampes pour contrôler l’état des assemblées, pour tester leur état par Sa parole et selon Sa norme infaillible de sainteté, et pour juger leur caractère comme porteurs de lumière responsables dans un monde mauvais enténébré.

La signification symbolique des étoiles et des lampes nous est expliquée au ch. 1 v. 20 déjà examiné. Les étoiles donnent la lumière et gouvernent le cours du temps (Genèse 1:14-18) et représentent ceux que le Seigneur a placés dans l’assemblée pour donner la lumière de Sa Parole, pour l’enseignement et pour le gouvernement. Le don et l’autorité à ces égards appartiennent à Christ : les étoiles sont dans Sa main droite. Cela était connu et reconnu dans la période apostolique quand le Seigneur était reconnu comme le chef de Son Assemblée. L’établissement de règles de gouvernement de l’église, et l’ordination de docteurs et de pasteurs, qui sont intervenus depuis, sont en réalité une usurpation de l’autorité de Christ, même si c’était involontaire.


2.3 - 2) L’approbation du Seigneur

« Je connais tes œuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants ; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs ; et tu as patience, et tu as supporté [des afflictions] pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé… Mais tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais » (2:2-3, 6).

Telles sont les merveilleuses paroles d’approbation et de recommandation que le Seigneur pouvait adresser à Éphèse et à toute l’Assemblée de Dieu à cette première époque de son histoire prophétique. Il y avait des œuvres qui Lui étaient agréables, du travail, de la patience, l’horreur du mal, la mise soigneuse à l’épreuve selon Dieu de la profession, la longanimité, le dévouement pour Son Nom, et la persévérance dans le travail difficile. Il se trouvait en effet des traits merveilleux dans l’assemblée à Éphèse, et il y a dans tout cela un modèle et un exemple pour l’Assemblée en tout temps. Oh, que de telles caractéristiques exquises puissent être trouvées dans les assemblées de croyants aujourd’hui !

Non seulement ils travaillaient, mais ils persévéraient sans faiblir au milieu des difficultés et des découragements. Ils avaient l’endurance dans le travail pour l’amour de Son nom. Combien de fois avons-nous travaillé, mais nous nous sommes lassés, nous avons défailli et abandonné. C’est une grande chose de persévérer dans le travail pour Christ. « Ne nous lassons pas en faisant le bien, car, au temps propre, nous moissonnerons, si nous ne défaillons pas » (Galates 6:9)

« Tu ne peux supporter les méchants ». Éphèse réalisait quelque chose du caractère saint du Seigneur, au nom duquel ils étaient assemblés et qui était au milieu d’eux, et ils n’étaient donc pas négligents ou indifférents à ceux qui faisaient le mal. Ce trait devrait aussi se trouver chez nous aujourd’hui alors que la tendance est de fermer les yeux sur le mal, d’abaisser les barrières, d’excuser beaucoup de choses et d’être indifférents à ce que le Seigneur déteste. Il y avait à Éphèse une horreur de ceux qui faisaient le mal, et le Seigneur les en félicite.

« Tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs ». C’était un autre trait louable dans l’assemblée à Éphèse. Ils testaient la profession et ne prenaient pas tout le monde selon son dire. Certains affirmaient même être des apôtres, mais ils furent éprouvés et manifestés comme menteurs. Ils examinaient tous ceux qui venaient devant eux comme chrétiens. L’apôtre Jean avait écrit : « Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits [pour voir] s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde » (1 Jean 4:1).

Ce soin selon Dieu manque dans la plupart de la chrétienté évangélique aujourd’hui car, dans la plupart des églises, la Cène du Seigneur est laissée ouverte à quiconque désire y participer, à tous ceux qui se disent sauvés. Sur la base de leur propre profession, on leur autorise ce saint privilège, mais ce n’est pas selon la Parole de Dieu, ni selon ce que faisaient Éphèse et l’Assemblée du commencement. Ils éprouvaient ceux qui professaient être chrétiens et découvraient, autant que possible, ceux qui étaient de vrais chrétiens et ceux qui en étaient de faux.

Dans les jours de Néhémie, des portiers avaient été placés aux portes de Jérusalem pour veiller à ce que l’ennemi n’y rentre pas (Néh. 7:1-3). De même, il est nécessaire dans l’assemblée de Dieu d’avoir des portiers qui, avec un soin et un amour divins, veillent et examinent ceux qui cherchent à être admis aux privilèges de la maison de Dieu. Notre préoccupation devrait être qu’aucun ne soit introduit dans l’assemblée s’il n’a pas le droit d’y être, ni non plus aucun de ceux qui ne sont pas au Seigneur ou dont la marche et les associations ne sont pas justes, et qu’aucun ne soit laissé dehors de ceux que le Seigneur voudrait dedans. Le Seigneur a dit : « Ainsi vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père » (Matt. 7:20-21). L’Écriture « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés », au même chapitre au verset 1, ne s’applique pas à cette responsabilité, mais aux motivations intérieures des gens. La vie et les actions extérieures sont les fruits par lesquels nous devons juger la profession chrétienne.

« Tu as [la] patience et tu as supporté ». La patience est une vertu merveilleuse et un caractère de Dieu. L’assemblée à Éphèse en était caractérisée, et il devrait en être ainsi des croyants aujourd’hui. Nous devenons souvent impatients quand nous sommes éprouvés. Ils devaient lutter contre ceux qui faisaient le mal à Éphèse, mais ils enduraient et avaient de la patience. La patience face au mal est caractéristique du Seigneur et de Ses rapports avec l’homme. Il recherche ce même trait chez les saints. L’ignorance de la vérité de Dieu par beaucoup requiert également l’instruction patiente de notre part. « Il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant avec douceur les opposants » (2 Tim. 2:24-25a).

« Tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais ». Ici, le Seigneur parle des œuvres des Nicolaïtes, et dans le message à Pergame il est parlé de ceux qui, au sein de cette assemblée, tenaient la doctrine des Nicolaïtes. Ce qu’étaient ces œuvres ou cette doctrine n’est pas dit. Beaucoup de conjectures ont été faites à ce sujet, mais l’histoire de l’église ne dit rien avec certitude sur une telle secte, ou sur ses actes et sa doctrine. Irénée, évêque de Lyon, mort vers 200 après J.-C., est le premier auteur chrétien à mentionner les Nicolaïtes. Il dit : « Il apparaît très clairement de l’Apocalypse que les Nicolaïtes soutenaient que la fornication, et le fait de manger des viandes sacrifiées aux idoles, étaient des choses indifférentes, et donc permises aux chrétiens ».

Tous les premiers écrivains sont d’accord sur les principaux traits du Nicolaïsme comme ayant un caractère impur et licencieux, combinant la profession de christianisme avec les impuretés du paganisme, « qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution » comme Jude avertissait (Jude 4). Aux 18e et 19e siècles, on a avancé d’autres idées sur cette secte. Certains érudits ont supposé que les Nicolaïtes avaient un caractère similaire aux partisans de la voie de Balaam (2 Pierre 2:15), et que « Nicolaïtes » est tout simplement la traduction grecque de l’hébreu « Balaam », les deux signifiant « conquérants ou maîtres du peuple ». En Apocalypse 2:14-15, la doctrine de Balaam et celle des Nicolaïtes sont évoquées ensemble, mais distinguées.

D’autres se limitant à la signification du nom ont souligné que « Nicolaïtes » vient de « nikao », qui signifie « conquérir » et de « laos », « le peuple » ou « laïcs ». Ainsi, le terme se réfèrerait au développement d’une classe que nous connaissons comme « le clergé », s’élevant dans l’église au-dessus des laïcs et les régissant.

L’histoire de l’église prouve amplement que le système du clergé distinct des laïcs, est apparu tôt dans l’église. La sacrificature commune à tous les croyants, comme enseignée dans l’Écriture (1 Pierre 2:5,9), a rapidement été mise de côté, de même que la présence de l’Esprit Saint et de Son libre ministère dans l’Assemblée ; et la distinction non biblique entre clergé et laïcs devint vite la règle. D’où la croyance si dominante au cours des siècles que une certaine classe, ayant reçu une ordination humaine, a seule le droit exclusif de prêcher, enseigner et administrer les sacrements du baptême et de la Cène du Seigneur dans l’église.

Ignace, un disciple et ami de l’apôtre Jean, qui lui a survécu seulement d’environ sept ans et qui était évêque d’Antioche en Syrie, a écrit sept lettres sur son voyage vers le martyre, vers l’an 107 ap. J.-C. Il y insiste sur la soumission à l’évêque, et pour qu’on « regarde à l’évêque comme on regarde au Seigneur Lui-même ». Ailleurs dans ses lettres, on voit comment un système clérical, qui ne se trouve pas dans l’Écriture, s’était déjà formé dans l’Église à cette date précoce : « Je pleurais pendant que j’étais au milieu de vous ; je parlais à voix forte : « assiste l’évêque, et le consistoire, et les diacres » (voir L’Histoire de l’Église, de Miller, vol.1, p 150-157). (Il peut être intéressant de savoir que la forme épiscopale du gouvernement de l’église est basée sur les écrits d’Ignace).

Croyant que le sujet du Nicolaïsme est d’une importance vitale, l’auteur a fait des recherches à ce sujet et a pris un peu de place pour donner les deux vues principales des érudits de la Bible à ce sujet. Il se pourrait bien que les deux vues soient incluses par le terme « Nicolaïsme » dans un sens littéral et symbolique. L’auteur est convaincu qu’il est fait référence, par ce terme symbolique, au système du clergé, qui commença sûrement à cette époque d’Éphèse, tout en ne le limitant pas forcément à cela.

Ce qu’il est très important de noter, c’est que le Seigneur a loué Éphèse pour le fait de haïr les œuvres des Nicolaïtes que Lui aussi haïssait. Il en parle après les reproches et les avertissements nécessaires des versets 4 et 5, ce qui est d’autant plus touchant, car c’est comme une appréciation supplémentaire de Son cœur blessé. Nous devons haïr ce que le Seigneur hait, non pas les personnes, mais les actes. Le psalmiste pouvait dire qu’il détestait « toute voie de mensonge », « les vaines pensées », et « le mensonge » (Ps.119: 104,113, 163). Tout ce qui n’est pas en accord avec l’Écriture sainte est une voie fausse, vaine, un mensonge et doit être haï, même si cela peut se targuer d’ancienneté comme venant des pères de l’église.


2.4 - 3) La réprimande

« Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » (2:4). Ici, nous avons la réprimande et la censure du Seigneur contre l’assemblée à Éphèse. C’est la troisième caractéristique de ces lettres aux assemblées. Malgré tout ce qui était si louable à Éphèse, et que nous avons déjà noté, le Seigneur doit dire : « mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ». La version anglaise King James contient le mot « quelque chose » [« J’ai quelque chose contre toi parce que tu as abandonné… »] ; ce mot est en italique, montrant qu’il a été ajouté par les traducteurs et n’est pas dans les manuscrits originaux. Il affaiblit la force de la réprimande du Seigneur et doit être laissé de côté.

« Tu as abandonné ton premier amour ». C’est ce que le Seigneur avait contre Éphèse. Qu’est-ce que cela nous dit ? Cela nous dit que, malgré l’appréciation du Seigneur de tous les merveilleux traits des œuvres, du travail, de la patience, de l’horreur du mal, etc., qui se trouvaient dans l’assemblée à Éphèse, Il recherche ce premier amour dans nos cœurs. Il veut le meilleur amour qui jaillit d’un cœur totalement épris et ravi de Lui-même comme son objet.

Le mot « premier » ici est le même mot dans l’original que celui qui est traduit par « la plus belle » (la plus belle, ou la meilleure, robe) en Luc 15:22. Ainsi c’est notre meilleur amour (ou amour suprême) que le Seigneur désire. Ce n’est pas le premier amour chronologiquement, comme lorsqu’on s’est converti, bien que l’amour du nouveau converti soit d’une fraicheur merveilleuse, mais le premier en qualité. Il veut notre meilleur amour (un amour suprême), et Il ne sera pas satisfait de quoi que ce soit d’autre.

Si donc il nous est arrivé d’aimer le Seigneur mieux qu’aujourd’hui, cette parole de censure et de blâme nous est aussi adressée : « tu as abandonné ton premier amour ». Le Seigneur nous dit : « Je n’ai pas la même place dans ton cœur que celle que j’avais autrefois ; cette place, je la désire à nouveau ». Il est un Dieu jaloux (Exode 20:5) et veut tout notre cœur, notre amour suprême dans toute sa fraîcheur.

Comme un autre l’a bien dit, « Le premier amour est cette absorption du cœur par Christ qui est toujours produite par un sentiment débordant de Sa grâce et de Son amour dans la rédemption » (E. Dennet). C’est le résultat produit quand on tombe sous l’influence puissante et personnelle de Son amour, ce caractère de l’amour qui reçoit l’impulsion de Son amour. Quand Son amour remplit et inonde nos âmes, un amour correspondant est produit dans nos cœurs, le meilleur amour qu’Il recherche. Telle est l’exhortation de Jude 21 : « Conservez-vous dans l’amour de Dieu ».

Dans son épître à l’assemblée à Thessalonique écrite à des nouveaux convertis, l’apôtre Paul parle de « leur œuvre de foi, leur travail d’amour, et leur patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ (1 Thes. 1:3). Il y avait la foi, l’amour et l’espérance. À Éphèse, il y avait des œuvres, mais elles ne sont pas appelées « œuvre de foi ». Il y avait du travail, mais il n’est pas appelé « travail d’amour » ; il y avait de la patience, mais elle n’est pas qualifiée de « patience d’espérance ». Christ était toujours devant les Thessaloniciens, et ainsi la foi, l’amour et l’espérance se rattachaient tous à Lui. Il en restait quelque chose à Éphèse, mais cela déclinait. Le premier amour pour Christ, comme la source d’où tout doit couler, manquait. Ses yeux perçant le détectaient et cela leur était reproché.

Le travail pour le Seigneur est nécessaire ; il y a beaucoup à faire pour Lui et le Seigneur recherche des serviteurs, mais notre service doit jaillir de l’amour pour Lui. Le moi et les rivalités avec autrui peuvent s’immiscer dans le service. Alors l’amour pour le Seigneur n’est pas le ressort de notre travail et il ne peut pas avoir la même valeur pour le Seigneur que lorsqu’il est fait par amour pour Lui.

On note que le Seigneur ne dit pas qu’ils avaient perdu leur premier amour, mais qu’ils l’avaient « abandonné ». Quelque chose de perdu ne peut jamais être retrouvé, mais quelque chose abandonné quelque part peut en général être retrouvé. Ainsi, dans l’expérience de notre âme, on peut retourner au lieu ou à la position où l’on a abandonné notre meilleur amour, et y revenir par le jugement de soi. N’est-ce pas encourageant ?


2.5 - L’appel à se souvenir et à se repentir

« Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres ». Le Seigneur appelle Éphèse à se rappeler où ils en étaient autrefois dans la jouissance du premier amour et à se repentir de cette déchéance et à revenir à ces premières œuvres du meilleur amour, l’amour suprême. Le Seigneur voudrait que nous réalisions que l’abandon de notre premier amour est la racine de tout éloignement et tout déclin. De cette condition du cœur découle tout, les rechutes, les péchés et l’apostasie. Le déclin et l’apostasie de la chrétienté, selon l’histoire prophétique de ces sept assemblées d’Asie en Apocalypse 2 et 3, commencent par l’abandon du premier amour à Éphèse et continuent jusqu’aux maux terribles trouvés dans les assemblées suivantes.

C’est pour nos cœurs une parole solennelle et qui nous sonde. Si nous abandonnons notre amour suprême et ne nous repentons pas ni ne revenons, d’autres choses s’introduiront et l’éloignement du Seigneur s’accentuera. Lorsque le premier amour est abandonné, beaucoup de mauvaises choses s’introduisent parmi les saints de Dieu, tout provenant de ce que le Seigneur n’a pas la place principale dans nos cœurs. Mais quand nous revenons à cette première place, la place suprême pour Lui, tout le reste se remet à sa place : le service, le culte, la séparation d’avec le monde ; tout suivra, mais seulement dans la mesure où nous revenons au Seigneur dans la repentance et le premier amour.


Cette parole de censure et cet appel à se souvenir et à se repentir, adressés à Éphèse, sont tout à fait applicables et nécessaires aujourd’hui également. C’est la parole du Seigneur pour Son peuple aujourd’hui comme à l’assemblée à Éphèse au premier siècle. Le premier amour a été abandonné ; nous sommes déchus et avons besoin de nous repentir et de revenir au Seigneur. Sûrement l’Esprit de Dieu voudrait nous conduire dans ces derniers jours à comprendre que ce dont nous avons besoin, individuellement et collectivement, c’est de donner au Seigneur la première place, la place suprême dans nos cœurs, et ainsi de revenir au premier amour. Qu’il y ait un repentir authentique, un changement d’état d’esprit, de pensées et de cœur sur nous-mêmes, et qu’il y ait ces premières œuvres qui découlent du meilleur amour pour Christ.


2.6 - L’avertissement

« Autrement, je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes ». Quel avertissement solennel à une assemblée où il y avait eu tant de bien ! Une seule chose vitale n’allait pas, mais le Seigneur dit : « J’ôterai ta lampe… à moins que tu ne te repentes », signifiant que l’assemblée cesserait d’être une lampe, ou vase de témoignage dans le monde. Si Éphèse ne retrouvait pas son premier amour, il lui serait refusé d’être un témoin et un témoignage du Seigneur. Sa lampe serait ôtée parce qu’elle ne pourrait plus être considérée comme portant un vrai témoignage pour le Seigneur.

Quand nous arriverons à Laodicée, la septième assemblée, nous entendrons le Seigneur lui dire : « Parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche » (3:16). C’est la condition finale de l’église professante, et le Seigneur est sur le point de l’abandonner entièrement et de la vomir comme quelque chose de nauséabond et d’indésirable. Alors, la lampe de l’église sera entièrement ôtée parce qu’elle aura été un témoin infidèle, un faux témoin que le Seigneur ne peut pas reconnaître comme étant à Lui. Au tout début du déclin à Éphèse, dans la première période de toute l’Église, le Seigneur avertit l’assemblée qu’Il ôterait sa lampe à moins qu’elle ne se repente. Nous verrons plus loin qu’il y a eu une mesure de restauration dans la période suivante de Smyrne et que la lampe a été préservée.

S’agissant d’assemblées individuelles, c’est un triste jour pour toute assemblée quand elle en arrive à ce qu’elle n’est plus un témoignage ou une lumière dans le monde et que la lampe est ôtée par le Seigneur. On voit des assemblées où la lumière a été si faible et vacillante pendant des années, des croyants fidèles achèvent leur course et sont retirés, de nouveaux convertis ne sont pas ajoutés et le groupe diminue et finalement il ne reste plus d’assemblée — la lampe est complètement ôtée. La cause profonde est que le premier amour a été abandonné longtemps auparavant. Puissions-nous tenir compte de la leçon de cet avertissement !


2.7 - 4) L’appel à l’oreille qui écoute

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». C’est le quatrième point de ces messages. Celui qui a une oreille pour entendre est appelé à écouter et à tenir compte de ce que l’Esprit dit aux assemblées. C’est une voix adressée à l’individu, et celui qui a un cœur exercé à écouter doit écouter ce que l’Esprit a à dire.

En Matthieu 13, le Seigneur conclut la parabole du semeur avec ces mots : « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (Matt. 13:9). Il a également parlé de certains qui voyant ne voient pas, et entendant n’entendent ni ne comprennent (13:13). Le Seigneur cherche ceux qui ont des oreilles ouvertes et le cœur ouvert pour écouter et examiner ce que l’Esprit a à dire aux assemblées. Ceux-ci, en communion avec la pensée de Christ, jugeront leur état à la lumière de la parole écrite. Cet appel indiquerait que tout croyant est ici rendu responsable de comprendre l’état de choses autour de lui dans l’Église professante. L’assemblée entière est appelée à écouter, mais seulement l’individu exercé et ayant une oreille ouverte répondra à cet appel.


2.8 - 5) La promesse au vainqueur

« À celui qui vaincra, je lui donnerai de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu » (Apoc. 2:7b). C’est la cinquième caractéristique de ces messages. Elle est toujours adressée au vainqueur, et ici la promesse encourageante donnée au vainqueur à Éphèse est de manger de l’arbre de vie. Adam perdit le droit de manger de l’arbre de la vie dans le jardin d’Éden quand il pécha et en fut chassé. L’arbre de vie dans le paradis de Dieu ne sera jamais perdu ; c’est ce qui est promis ici au vainqueur. C’est Christ Lui-même dont le vainqueur se nourrira et jouira pour toujours. De cette façon, le Seigneur cherche à encourager les croyants à vaincre. Cette promesse bénie doit encourager leurs cœurs et les soutenir dans leur conflit tandis qu’ils cherchent à vaincre ce que le Seigneur a désigné comme Lui déplaisant. C’est seulement le vainqueur qui a cette promesse de l’arbre de vie comme encouragement présent dans la sphère de responsabilité et de conflit.

Vaincre, ici, c’est vaincre le mal désigné dans l’assemblée. Ce que le Seigneur déplorait à Éphèse, était l’abandon du premier amour. Celui qui, par grâce et par la puissance de l’Esprit opérant dans l’oreille et le cœur ouverts, retrouve la condition du premier amour, sera un vainqueur au sens de ce passage de l’Écriture, et aura droit à la promesse spéciale donnée ici. Puissions-nous tous désirer et chercher à être des vainqueurs, et revenir aux conditions du premier amour, de l’amour suprême pour notre Seigneur et Sauveur qui en est digne.


3 - Le Message à Smyrne — Apocalypse 2:8-11

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Smyrne, écris : Voici ce que dit le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie : je connais (*) ta tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche), et l’outrage [blasphème dans la KJV] de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan. Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir ». (Apoc. 2:8-10a).


(*) Dans la version anglaise King James, l’expression « tes œuvres » est répétée pour chaque lettre, mais la version Darby, française ou anglaise, ne la reprend pas pour Smyrne et Pergame (Carrez non plus).


3.1 - La signification du nom

Le nom « Smyrne » signifie « myrrhe » ; celle-ci est une gomme aromatique qui exsude d’un arbuste qu’il faut broyer pour qu’il émette tout son parfum, un parfum doux. Ainsi, l’assemblée de la période d’Éphèse a du être broyée pour être ramenée au premier amour. Dans Smyrne, nous arrivons à la deuxième période de l’histoire prophétique de la chrétienté. Nous y trouvons l’église écrasée dans les épreuves cuisantes de la persécution et du martyre, et l’encens odorant qui en monte vers Dieu. La myrrhe était utilisée dans les ensevelissements, et, dans la mort de ces martyrs à Smyrne, le doux parfum de la myrrhe est monté vers Dieu. Smyrne est l’église souffrante.

Quand le Seigneur a parlé pour la première fois de Son assemblée en Matthieu 16:18, Il dit : « Sur ce roc, je bâtirai mon assemblée, et [les] portes du hadès ne prévaudront pas contre elle ». Satan haïssait Christ, le roc, et il a toujours haï ce qui représentait vraiment Christ dans le monde, de sorte que les portes du hadès se sont ouvertes contre Son assemblée dans les persécutions terribles des Romains contre les chrétiens. Cette période a duré d’environ 167 après J.-C. jusque vers 313 après J.-C., quand la persécution cessa. Il y eut un double assaut contre l’Église pendant cette période. De l’extérieur, elle était opprimée et persécutée par la Rome païenne ; de l’intérieur, elle était attaquée par l’outrage de ceux qui se disaient Juifs, mais étaient de la synagogue de Satan. Nous le verrons en détail plus loin.

Dieu a permis la persécution de Son assemblée par Satan et s’en est servi pour arrêter le déclin qui avait commencé dans la période d’Éphèse. Son amour pour Son peuple a permis à Satan de les réveiller par la persécution afin qu’Il puisse accomplir la purification et la restauration de Ses saints et que la lumière de l’Assemblée puisse briller plus vivement. Les afflictions et les épreuves cuisantes qu’ils traversèrent ont manifesté une merveilleuse fidélité au Seigneur. Ainsi, le témoignage de l’Assemblée a brillé et la lampe, qui était en danger d’être ôtée à Éphèse, a été préservée. Le but de Satan était de détruire le témoignage du Seigneur, mais Dieu a opéré en bénédiction et s’est servi de ces efforts de Satan pour réveiller et faire briller Son Assemblée. Ainsi Dieu prévaut toujours sur les efforts de Satan et amène de plus grandes bénédictions.

Nous trouverons une similitude entre les sept paraboles du royaume des cieux dont le Seigneur parle en Matthieu 13, et ces lettres aux sept assemblées d’Asie. Dans la première parabole, nous avons l’activité du semeur semant la bonne semence. Cela correspond à la période d’Éphèse où il y eut beaucoup de travail pour le Seigneur. Dans la seconde parabole, nous voyons l’ennemi actif semant l’ivraie, une sorte de seigle empoisonné. Cela correspond à la période de Smyrne de l’Assemblée, où l’ennemi, Satan, a été particulièrement actif dans la persécution et la corruption du pur évangile de la grâce de Dieu. En continuant notre étude des sept assemblées, nous ferons d’autres comparaisons avec les paraboles de Matthieu 13.


3.2 - 1) Comment le Seigneur se présente

À Smyrne, le Seigneur se présente comme « le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie », et comme Celui qui connaissait leur tribulation, leur pauvreté et l’outrage [le blasphème selon la KJV] de ceux de la synagogue de Satan. Comme dans chaque assemblée, le caractère sous lequel le Seigneur se présente est toujours approprié aux conditions, aux circonstances et à l’état dans lesquels l’assemblée particulière se trouve ; ainsi, cette présentation du Seigneur à Smyrne est en harmonie avec le besoin de cette assemblée. Pour ceux qui affrontaient le martyre pour la cause de Christ, persécutés jusqu’à la mort sous dix dirigeants romains consécutifs, quel réconfort d’avoir leurs cœurs ainsi dirigés vers Celui qui était le premier et le dernier, et celui qui était descendu dans la mort et avait repris vie pour toujours.

En se présentant ainsi à Smyrne, Le Seigneur voulait attirer leurs cœurs loin de leurs afflictions et de leurs souffrances et les occuper de Lui, qui suffit à tout. Nous n’avons pas besoin de craindre la mort, la colère de l’homme, ou la puissance de Satan quand notre œil est dirigé sur Celui qui a rencontré toute la puissance de l’ennemi, y compris le dernier ennemi la mort même, et que nous Le voyons vivant pour toujours, Celui qui est éternel.

Sans aucun doute, ces paroles du Seigneur ont été de réels encouragements et consolations pour Son peuple à travers ce temps de terrible persécution, et pour les saints de Dieu de tous les temps. Car, même de nos jours, beaucoup de saints de Dieu ont été appelés à donner leur vie pour Christ dans différents pays. Notre Seigneur béni a participé au sang et à la chair « afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ; et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude » (Héb. 2:14-15). Il a affronté toute la puissance de l’ennemi et l’a vaincu, et Il voudrait que les Siens se confient en Lui qui peut dire : « Ne crains point ; moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant ; et j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles ; et je tiens les clefs de la mort et du hadès » (Apoc. 1:17-18).

Ainsi le Seigneur encourage Ses saints à ne pas craindre Satan qui avait autrefois le pouvoir de la mort, mais à regarder à Lui qui est mort pour nous délivrer de la crainte de celle-ci et de son esclavage. Nous pensons aussi à Ses paroles de Luc 12:4-5 : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui après cela ne peuvent rien faire de plus ; mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ». Satan cherchait à effrayer les croyants du temps de Smyrne et à utiliser la peur de la mort pour détourner l’Assemblée de la fidélité à Christ. Pour répondre à cet effort de Satan, le Seigneur attirait l’attention des Siens sur Lui-même comme Celui qui était ressuscité et était vivant pour toujours.


3.3 - 2) L’approbation et l’encouragement du Seigneur ; l’assaut de l’extérieur

« Je connais ta tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche) ». Ainsi, le Seigneur, dans Sa grâce merveilleuse, encourage et félicite cette église éprouvée. Leurs œuvres étaient opérées dans la fournaise ardente de la tribulation et de l’épreuve, et Lui plaisaient. Leurs tribulation et pauvreté étaient grandes, mais le Seigneur dit pour les réconforter, pour ainsi dire : Je connais [tes œuvres de foi et] tes souffrances et ta pauvreté. Il voyait tout cela comme Il avait vu autrefois Ses disciples peiner à ramer au milieu de vents contraires, et était venu à eux, en disant : « Ayez bon courage ; c’est moi, n’ayez point de peur » (Matt. 14:23-27). Ainsi, ces saints éprouvés étaient soutenus par l’amour du Seigneur et Sa connaissance de leur tribulation et de leur pauvreté.

La pauvreté des saints de Dieu était en effet grande dans cette période de Smyrne. Ils étaient considérés comme des ennemis de leurs voisins et de l’État, et leurs ennemis les entouraient comme une meute de loups affamés prêts à les dévorer. Ils durent fuir dans les catacombes souterraines où ils vivaient dans l’obscurité. La nuit, quelques-uns des plus forts et des plus courageux s’aventuraient dehors pour la nourriture. Certains d’entre eux et beaucoup d’autres parmi les chrétiens furent capturés et jetés aux lions affamés devant des milliers de spectateurs. D’autres furent enveloppés dans des vêtements imbibés d’huile, accrochés à des poteaux, et allumés comme des torches pour éclairer l’arène pour les jeux romains. Quelle pauvreté quant aux choses de la terre ! Mais le Seigneur dit qu’ils étaient riches.

Hébreux 11:35-39 décrit les souffrances des hommes et des femmes de foi d’autrefois, qui n’acceptèrent pas la délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection. Ils furent lapidés, tués par l’épée, ils errèrent, dans le besoin, affligés et tourmentés. Ils erraient dans les déserts, les montagnes, les cavernes et les trous de la terre. Ces choses furent aussi vraies des chrétiens de la période de l’église que nous considérons. Ils n’acceptaient pas la délivrance qui leur était offerte s’ils renonçaient à Christ, mais leur foi triomphait dans la mort et ils attendent la victoire complète dans la résurrection. « Desquels le monde n’était pas digne » (Héb. 11:38) ; voilà l’estimation de Dieu de tous ces fidèles martyrs.

Bien que la pauvreté matérielle de Smyrne fût grande, le Seigneur dit dans Son approbation : « Mais tu es riche ». Selon Son estimation, ils étaient riches en bonnes œuvres, riches en foi, riche en Dieu. Jacques 2:5 dit : « Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres quant au monde, riches en foi ? » Et en 1 Timothée 6:18, il y a l’exhortation à être riche en bonnes œuvres.

Smyrne fait contraste avec Laodicée, l’église de la période actuelle. À celle-ci le Seigneur dit : « Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et que tu ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu » (Apoc. 3:17). L’église professante d’aujourd’hui peut se vanter de grandes richesses terrestres, mais quelle pauvreté spirituelle le Seigneur ne voit-Il pas ! Peut-être est-ce vrai de nous en tant que croyants aussi ; nous pouvons fièrement exhiber beaucoup de biens matériels, mais combien de richesses spirituelles possédons-nous ?

Spirituellement l’Église prospère toujours plus en temps de persécution et de détresse qu’en temps de prospérité. Lorsque tout va bien, le peuple de Dieu s’endort souvent, il devient négligent et indifférent, et dérive loin du Seigneur. Quand le chrétien obtient dans le monde la richesse, la gloire et des positions d’honneur, il est en danger, et la spiritualité tend à diminuer. Quand les chrétiens sont pauvres et qu’on ne pense guère à eux dans le monde, il n’y a pas un tel danger du point de vue spirituel. Les épreuves et persécutions rejettent davantage sur le Seigneur, et révèlent le vrai caractère du monde.

« Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2:10). Le Seigneur continue ainsi à encourager l’assemblée à Smyrne à Lui être fidèle jusqu’à la mort, et à ne pas craindre les choses que le diable les amènerait à souffrir. Christ permettait à Satan de les persécuter pour un temps limité, de dix jours au sens figuré. Il le permettait pour leur bien spirituel et éternel. Qu’il est bon de savoir que notre Dieu est au-dessus de tout, au-dessus de toutes les machinations, de la puissance et des propos de l’ennemi, et qu’il nous arrive seulement ce qu’Il permet, et seulement pendant la durée qu’Il permet.

Les dix jours de tribulations fixés prophétiquement, furent accomplis sous forme de dix édits différents de persécution contre les chrétiens sous dix empereurs romains, en commençant par Néron et en terminant par Dioclétien. La dernière persécution dura dix ans et fut la plus violente de toutes, l’ennemi cherchait à éradiquer et balayer le christianisme. Mais sous l’empereur Constantin, la persécution cessa entièrement autour de 313 ap. J.-C.

« Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ». Le Seigneur accorde au martyr ce qui est au-delà de cette vie et de la mort, la couronne de vie. C’est l’une des cinq couronnes dont parle l’Écriture pour encourager les fidèles. La couronne de vie est pour ceux qui sont prêts à donner leur vie pour le Seigneur. Quelqu’un a écrit quelques paroles magnifiques au sujet de cette couronne : « La couronne de vie — la vie dans sa pleine maturité, couronnée pour ainsi dire de Sa propre approbation spéciale ; la vie, la vie éternelle, dégagée de tous les embarras, se réjouissant pleinement de ses propres objets, et manifestée en toute perfection dans sa propre sphère dans la présence même du Seigneur, dans ce lieu spécial dans la gloire, que le Seigneur, dans Sa grâce, peut accorder à ceux qui sont fidèles jusqu’à la mort. Voilà la couronne de vie » (Edward Dennett).

Comme considération pratique pour nous sur ce sujet, nous pourrions bien demander : Qu’est-ce que le Seigneur représente pour nous en importance ? Notre foi en Christ est-elle plus pour nous que la vie elle-même ? L’apôtre Paul a dit : « Mais je ne fais aucun cas de ma vie, ni ne la tiens pour précieuse à moi-même, pourvu que j’achève ma course [avec joie] » (Actes 20:24, selon KJV). La vie est très chère à l’homme naturel, mais le Seigneur devrait avoir plus d’importance pour nous que la vie elle-même. Puissions-nous rechercher la grâce d’être fidèle au Seigneur, y compris jusqu’à la mort, comme les saints de Smyrne d’autrefois.

Le lecteur notera que le Seigneur n’a ni censure ni blâme pour l’assemblée à Smyrne. Dans leurs souffrances et tribulation, Il se borne à les encourager et les approuver.

Dans la suite de notre étude, nous considérerons ceux que le Seigneur appelle « la synagogue de Satan », et l’appel à celui qui a des oreilles, et la promesse au vainqueur.


3.4 - 3) Le double assaut

Il y eut un double assaut de l’ennemi contre Smyrne. Outre les persécutions de l’extérieur par les païens que nous venons de voir, il y eut un effort et une attaque de Satan depuis l’intérieur. Le Seigneur dit ainsi : « Je connais … l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan » (2:9). Ceux qui prétendaient être Juifs (le terme est utilisé symboliquement) raillaient de manière impie la véritable Église et les faisaient ainsi souffrir.

Satan opère de deux façons différentes. L’apôtre Pierre nous dit : « Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour [de vous], cherchant qui il pourra dévorer » (1 Pierre 5:8). Un lion est audacieux et puissant, bondissant sur sa proie de toute sa force et de toute sa fureur. Cela représente Satan comme persécuteur du peuple de Dieu. Sous ce caractère, il était derrière les persécutions des empereurs païens et cherchait à écraser et à dévorer l’Assemblée de Christ.

L’apôtre Paul nous parle d’une autre manière par laquelle Satan accomplit son travail. En parlant de faux apôtres, d’ouvriers trompeurs, qui se transforment en apôtres de Christ, il écrit : « Ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se transforme en ange de lumière » (2 Cor. 11:13-14). Satan opère souvent sous ce caractère, au moyen de ses serviteurs ; comme ange de lumière, il prétend avoir la lumière de Dieu, il cite l’Écriture, mais corrompt la parole de Dieu et la manipule avec ruse (2 Cor. 2:17 ; 4:2), dans le but de tromper et de pervertir la vérité de Dieu.


3.5 - L’assaut de l’intérieur

L’attaque de l’ennemi depuis l’intérieur dans cette période de Smyrne se fit sous le caractère d’un ange de lumière et d’ouvriers trompeurs. C’était l’activité de ceux qui assumaient une forme religieuse, de ceux qui prétendaient avoir les titres légitimes et héréditaires pour être le peuple de Dieu, les Juifs.

Ils invectivaient les chrétiens et calomniaient l’assemblée. De cette façon, les vrais croyants à Smyrne souffraient les outrages, la haine et le ridicule de la part de ces gens religieux qui corrompaient le pur évangile de la grâce de Dieu. C’était une épreuve par de faux revendicateurs au sein de l’Église professante, et le Seigneur les qualifie sévèrement de « synagogue de Satan ».

Puisque ces faux revendicateurs se disaient Juifs, il est utile de se référer à Romains 2:28-29 qui donne les caractères d’un vrai Juif du point de vue spirituel. « Car celui-là n’est pas Juif qui l’est au dehors, et celle-là n’est pas la circoncision qui l’est au dehors dans la chair ; mais celui-là est Juif qui l’est au dedans, et la circoncision est du cœur, en esprit, non pas dans la lettre ; et la louange de ce [Juif] ne vient pas des hommes, mais de Dieu ». Ces caractéristiques spirituelles ne se trouvaient pas chez ces revendicateurs, de sorte que le Seigneur dit qu’ils n’étaient pas du tout des Juifs.

Pour réconforter ces croyants affligés souffrant de ce double assaut de Satan, le Seigneur dit « Je connais … l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas », je connais vos tribulation et épreuves. Quel réconfort pour le peuple du Seigneur en tout temps de L’entendre dire : « Je connais » ! Il connaît, Il ressent et sympathise avec Son peuple souffrant et éprouvé ; Il le délivrera en Son temps.


3.6 - La synagogue de Satan

Le Seigneur dit que ceux qui outrageaient la véritable Assemblée de cette période de Smyrne étaient la « synagogue de Satan ». C’est un langage fort et nous avons besoin de nous enquérir plus en détail sur le caractère de ce groupe et sur la signification de cette expression.

Dans ces lettres aux sept assemblées d’Asie, on observe le développement du mal qui s’est insinué dans l’Église professante. Quand on voit ce qui caractérise la chrétienté aujourd’hui, nous voyons beaucoup de choses qui ne se trouvaient pas dans l’église primitive au temps des apôtres, selon ce que relate l’Écriture, et on se demande comment cela a pu se produire. Dans l’histoire prophétique de la chrétienté selon ces lettres aux sept assemblées, nous pouvons retracer l’origine et le développement de ces choses mauvaises et des principes non scripturaires trouvés dans la chrétienté actuelle. Nous avons déjà vu dans la période d’Éphèse, la montée du Nicolaïsme, ce système non biblique de la division de l’église en deux classes, le clergé et les laïcs. Maintenant, à Smyrne, nous avons ce qui est appelé la « synagogue de Satan ».

Ceux-ci, qui disaient qu’ils étaient Juifs, prétendaient être le véritable peuple de Dieu, les héritiers des privilèges spirituels de l’ancien Israël. Ils insistaient sur les principes juifs et cherchaient à mettre les croyants d’entre les nations sous la loi et sur le même terrain qu’Israël autrefois sous l’alliance de la loi du Sinaï. Ils étaient déjà actifs aux jours des apôtres qui ont dû combattre contre ces docteurs judaïsants.

En Actes 15, il nous est parlé d’hommes qui descendirent de Judée et enseignaient les croyants d’entre les nations à Antioche, qu’à moins d’être circoncis selon le rite de Moïse, on ne pouvait pas être sauvé (v.1). Paul et Barnabas ne furent pas d’accord avec eux et disputèrent à ce sujet. À Jérusalem, certains se levèrent dans l’assemblée et dirent qu’il était nécessaire de circoncire les convertis des nations et de leur ordonner de garder la loi de Moïse. Pierre répondit que c’était mettre un joug sur les disciples que ni leurs pères ni eux n’avaient pu porter, mais, dit-il : « nous croyons être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi » (Actes 15:5-11).

Dans l’épître aux Galates, l’apôtre Paul s’éleva fortement contre ceux qui prêchaient un autre évangile que celui de la grâce de Dieu qu’il avait reçu de Christ et prêché. « Il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent pervertir l’évangile du Christ. Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème » (Galates 1:7-8). Ce sont ces docteurs judaïsants de la loi qui pareillement troublaient les saints de Galatie et pervertissaient l’évangile. Ajouter une seule chose à l’évangile de la mort de Christ pour nos péchés, Son ensevelissement et Sa résurrection pour notre justification, comme ce qui est nécessaire pour le salut, c’est pervertir l’évangile.

Satan était donc à l’œuvre dans les tout premiers jours de l’Assemblée, cherchant à déformer et corrompre le pur évangile de la grâce de Dieu. Cet effort de l’adversaire a continué contre l’Église et contre l’évangile, et maintenant au temps de Smyrne, c’était devenu une chose systématisée que ces docteurs cherchant à introduire le judaïsme dans l’Assemblée de Dieu et à mélanger la loi avec la grâce, tandis qu’ils outrageaient les croyants fidèles. Un parti aux plus hautes prétentions était maintenant formé, et ils étaient des corrupteurs de l’évangile, des destructeurs du christianisme vivant ; ils étaient eux-mêmes trompés par Satan. Le Seigneur les appelle avec mordant « la synagogue de Satan », car c’était ce qu’ils étaient moralement, comme conduits, rassemblés et animés par Satan en vue de ses mauvais desseins.

Le parti patristique, communément appelé « les pères de l’église », formait les meneurs de cette fâcheuse judaïsation systématique de l’assemblée. Ce mauvais travail avait déjà pris pied dans l’église professante de cette période de Smyrne, et aujourd’hui, la chrétienté est imprégnée de judaïsme, ou de principes judaïsants, mélangés à du vrai christianisme, la loi et la grâce étant mêlées, et l’évangile de la grâce de Dieu étant perverti, et du coup corrompu.


3.7 - Contraste entre le christianisme et le judaïsme

L’Assemblée du Dieu vivant n’est pas une continuation du judaïsme établi par Dieu dans l’Ancien Testament ; par conséquent, les principes du judaïsme ne peuvent pas être transposés dans l’Assemblée ou adaptés sous aucune forme. L’assemblée fait le plus grand contraste avec le judaïsme.

Israël, ou le judaïsme, était un corps terrestre, une compagnie sur la terre, une nation avec des espérances terrestres. Il y avait une classe spéciale de sacrificateurs, un sanctuaire intérieur où les sacrificateurs seuls pouvaient entrer, et le peuple adorait de loin. Il y avait des sacrifices continuels pour le péché, et un voile maintenait l’adorateur hors de la présence de Dieu. La congrégation était composée d’un mélange de ceux qui avaient la vraie foi et de ceux qui ne l’avaient pas, de croyants et de non-croyants mêlés sur une base nationale, et cherchant à garder la loi comme base d’acceptation devant Dieu. Le terme « synagogue » signifie « un rassemblement », et c’était le principe du judaïsme, un peuple mélangé rassemblé avec des espérances nationalistes sur la terre.

L’église, ou Assemblée de Dieu, est en contraste vivant avec toutes les caractéristiques précédentes du judaïsme. Elle commence avec le fondement de la croix de Christ — une œuvre complète et accomplie pour le péché — la résurrection et l’ascension de Christ au ciel pour nous, la descente du Saint Esprit, qui a formé le seul corps des croyants et qui habite en eux et les unit à la Tête ressuscitée et glorifiée dans le ciel. Le voile est déchiré et tous les vrais croyants en Christ sont sacrificateurs et ont le privilège de s’approcher de Dieu dans le lieu très saint par le sang de Jésus (Héb. 10:19-22 ; 1 Pierre 2:5). En tant qu’unie à Christ dans la gloire, l’Assemblée est appelée à être un peuple céleste, et il lui est donné l’espérance céleste d’être avec le Seigneur dans Sa gloire. Ses espérances et bénédictions ne sont pas du tout terrestres comme celles d’Israël.

Le mot grec traduit par « église » ou « assemblée » dans la Bible est « ecclesia » et signifie « une assemblée appelée hors de ». Cela signifie un peuple appelé hors du monde pour être fidèle à son Seigneur rejeté, et qui est lié à Lui dans la gloire et attend Son retour. La véritable église n’est pas un simple rassemblement d’une compagnie mixte de croyants convertis et d’hommes inconvertis ou naturels, comme dans la synagogue juive. Nous voyons ainsi qu’il existe une très grande différence entre l’Assemblée de Dieu, l’Église, et le Judaïsme avec son temple et ses synagogues.


3.8 - Une chrétienté qui a pris les caractères du judaïsme

On constate aujourd’hui que l’église professante a perdu la plupart des caractéristiques qui devrait la distinguer du judaïsme et que la plus grande partie de la chrétienté est caractérisée par les principes du judaïsme. Elle est devenue une simple synagogue, un rassemblement d’une compagnie mixte de croyants et d’incrédules, cherchant à garder la loi de commandements pour le salut ou comme règle de vie. Elle s’est installée sur la terre et n’attend pas le retour du Seigneur. Elle est devenue un camp comme le judaïsme d’autrefois, bien que portant le manteau du christianisme extérieurement. La remise en vigueur du judaïsme et l’introduction de ses principes dans l’église professante ont détruit le vrai caractère du christianisme, et ce système et cet état de choses sont moralement ce que le Seigneur appelait la « synagogue de Satan » à Smyrne.

Ainsi l’appel aux croyants d’autrefois de sortir du camp du judaïsme et d’aller vers Christ rejeté est applicable aux chrétiens d’aujourd’hui. « Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:13). Le croyant sérieux qui voudrait honorer Christ et garder Sa parole, doit sortir vers Christ seul et se séparer du camp de la chrétienté avec ses principes judaïsants.


3.9 - 4) L’appel à l’oreille qui écoute

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (Apoc. 2:11a). Ici, comme dans chacune des lettres à ces assemblées d’Asie, le Seigneur appelle l’oreille qui entend à écouter ce que l’Esprit a à dire aux assemblées. L’individu est rendu responsable d’écouter et d’obéir au message de l’Esprit. Nous devons entendre les paroles de consolation, d’encouragement, la promesse d’une récompense future, et l’exhortation à être fidèles jusqu’à la mort.


3.10 - 5) La promesse au vainqueur

« Celui qui vaincra n’aura point à souffrir de la seconde mort » (v.11b). Telle était la promesse encourageante pour tout croyant qui surmonterait la peur de la mort physique dans la fidélité à Christ, à l’encontre de la tentation de Le renier et de vivre sur la terre. Elle était aussi pour celui qui surmonterait l’outrage et le ridicule causés par ceux de la synagogue de Satan, ceux qui pervertissaient l’évangile.

C’est en Apocalypse 20:11-14 qu’il est parlé de la seconde mort qui ne devrait pas toucher le vainqueur selon la promesse ici. On y trouve la description de la scène de jugement devant le grand trône blanc, quand les morts non sauvés seront ressuscités et que Dieu s’occupera du corps ressuscité et de l’âme et de l’esprit de ceux dont les noms ne figurent pas dans le livre de vie. « Et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres. Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu : c’est ici la seconde mort ».

La mort est la position du corps dans la tombe, et le hadès est la demeure temporaire des âmes et des esprits défunts. Au moment du jugement du grand trône blanc, les tombes redonneront les corps, et le hadès redonnera les âmes et les esprits de ceux qui n’avaient aucune part à la première résurrection précédente dont il est parlé en Apocalypse 20:5-8. Ensuite, la personne complète (corps, âme et esprit) de tous ces morts ressuscités sera jetée dans l’étang de feu pour toujours. C’est la seconde mort, la séparation éternelle d’avec Dieu, la portion éternelle terrible de tous ceux qui meurent en dehors de Christ le Sauveur.

Beaucoup de chrétiens de cette période de Smyrne furent tués à cause de leur foi en Christ, et passèrent donc par la mort physique ; malgré cela, ils étaient qualifiés de vainqueurs et recevaient l’assurance bénie de l’immunité de cette seconde mort de jugement éternel. Quelle espérance bienheureuse et réconfortante pour eux, et pour les croyants de tous les temps.


4 - Le Message à Pergame — Apoc. 2:12-17

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Pergame, écris : Voici ce que dit celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants : Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan » (Apoc. 2:13).


4.1 - La signification du nom

Le nom Pergame signifie « beaucoup de mariages ». Paul a écrit à l’assemblée de Corinthe qu’il était jaloux à leur égard d’une jalousie de Dieu ; car il les avait fiancés à un seul mari, pour les présenter à Christ comme une vierge chaste (2 Cor. 11:2). La véritable église est fiancée à Christ, et elle sera mariée avec Lui, Celui qui l’aime, son époux, après Sa venue pour Son épouse. Mais ces noces et ce mariage bénis ont été complètement oubliés au cours de cette troisième période de l’histoire de l’église professante, qui est prophétiquement devant nous sous la forme de Pergame. C’était en effet un temps de « beaucoup de mariages », car tout en professant être fidèle à Christ, l’église est devenue unie et mariée au monde, et aux païens, au monde païen.


4.2 - Les conditions changées

Avec Pergame, nous avons un état de choses tout à fait différent de celui de la période précédente de Smyrne. Là, l’église fut persécutée sans relâche par dix empereurs romains pendant plus de cent ans. Mais maintenant, avec la victoire de Constantin sur Maxence pour le trône de l’Empire romain, la persécution contre les chrétiens cessa. Constantin prétendit avoir eu une vision d’une croix enflammée avec l’inscription : « Par ce signe tu vaincras ». Il a alors adopté le signe de la croix comme emblème impérial de ses armées et s’est déclaré converti au christianisme, bien qu’il n’ait jamais été baptisé jusque vers la fin de sa vie.

Il fut victorieux sur le plan guerrier, et un édit public en faveur des chrétiens fut publié en 313 ap. J.-C. Constantin vit rapidement la supériorité du christianisme et que les chrétiens étaient de meilleurs citoyens, etc., alors il publia un édit contre le paganisme en 324 ap. J.-C. On donna aux chrétiens des postes d’honneur, et les évêques de l’église s’assirent sur des trônes avec les nobles de l’empire. Constantin prit sa place de chef de l’église plus ouvertement vis-à-vis du monde, mais en même temps il conserva l’office de Pontifex Maximus (souverain Pontife) — le grand prêtre des païens. Il ne l’abandonna jamais.

L’église et l’état devinrent ainsi alliés. L’église et le monde se donnèrent la main dans un mariage profane. L’allégeance à Christ et à Sa parole fut sacrifiée, et le Seigneur dut dire que Pergame habitait là où était le trône de Satan. L’histoire relate comment de magnifiques temples païens et les vêtements de leurs prêtres furent consacrés pour le culte chrétien. Afin de réconcilier les prêtres et le peuple païen avec le nouvel ordre du christianisme, de nombreux rites et cérémonies païens furent adoptés par l’église. Des festivals païens furent changés en jours fériés, un exemple notable étant ce qu’on appelle « Noël » [mot spécifiquement français ; en anglais « Christmas »].

Le 24 ou 25 décembre était observé parmi toutes les nations païennes en l’honneur de la naissance du fils de la « Reine des cieux ». On n’entendit jamais parler d’aucun festival comme Noël dans l’église chrétienne jusqu’au quatrième siècle. Ce fut à l’époque de Constantin que le 25 décembre, fête païenne, fut adopté par l’église et qu’on en fit le jour de naissance de Christ (voir « Les Deux Babylone » par Alex Hislop).

De cette façon, païens et chrétiens furent unis dans une alliance profane et dans la corruption païenne revêtue de noms chrétiens. À Pergame, Satan est dans l’église comme un serpent trompeur et séducteur. Il n’avait pas pu écraser l’église par la persécution, mais il réussit maintenant à la corrompre par l’intérieur.


4.3 - 1) Comment le Seigneur se présente

À cette assemblée à Pergame, et à l’église professante de cette troisième période prophétique, le Seigneur se présente comme « Celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants » et comme Celui qui sait où ils demeuraient, comment ils s’étaient installés là où est le trône de Satan dans le compromis et l’indifférence à Sa gloire et à Sa sainteté. Comme on l’a précédemment remarqué dans ces études, la présentation du Seigneur à chaque assemblée est toujours en accord avec la condition qu’Il trouve, et là est la clé de la situation et le remède pour ce qui est mal.

L’épée aiguë à deux tranchants, c’est la Parole de Dieu (Héb. 4:12). Apoc. 19:15 nous dit que lorsque le Seigneur viendra en jugement, Il frappera les nations avec une épée aiguë à deux tranchants qui sort de Sa bouche. En s’adressant à Pergame comme Celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants, le Seigneur avertit l’assemblée qu’Il est sur le point de sonder et de déclarer son véritable état spirituel et de juger son état par la Parole, qui est plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants.

Du fait que Sa sainte parole n’était plus le critère de jugement dans l’assemblée, Il vient avec l’épée pour prouver que la Parole n’a jamais perdu sa puissance dans Ses mains. Si Pergame avait été sous l’action et la puissance de la Parole de Dieu, ils n’auraient pas fait de compromis, ni ne se seraient mis sous la puissance du séducteur, Satan, ni ne seraient tombés là où était son trône. La Parole de Dieu est la puissance de Dieu pour détecter et s’occuper du mal ; « elle discerne les pensées et les intentions du cœur » et révèle tout. L’assemblée de Pergame avait manqué à utiliser l’épée de la Parole ; elle n’avait pas éprouvé ceux qui se disaient apôtres et ne l’étaient pas, comme Éphèse l’avait fait et a été louée par le Seigneur pour l’avoir fait. Par conséquent, l’état de Pergame était très grave et mauvais. Le paganisme était maintenant mêlé au christianisme, ainsi qu’au judaïsme, ce que nous avons vu venir dans la période de Smyrne.

C’est une parole pratique pour l’Église de Christ de tous les temps. La parole de Dieu est l’épée aiguë dont nous devons dépendre et que nous devons utiliser contre l’ennemi et contre ses ruses. Si nous nous attachons étroitement à Sa parole, et que nous nous en tenons à elle, nous serons préservés du mal du monde de Satan. C’est par la négligence de la Parole de Dieu et par l’indifférence à ses préceptes que l’église tombe dans les séductions et les pièges de son ennemi juré et qu’elle devient corrompue comme Pergame. Le Psalmiste pouvait dire : « Par la parole de tes lèvres je me suis gardé des voies de l’homme violent » (Psaume 17:4). Nous sommes donc exhortés à revêtir l’armure complète de Dieu, afin que nous puissions tenir ferme contre les artifices du diable, et à prendre aussi « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Éph. 6:11, 17). Le remède pour toute condition erronée et mauvaise, c’est la Parole de Dieu et son utilisation par la puissance de l’Esprit.

Le Seigneur dit en outre à Pergame : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan ». Pergame était la capitale de la province romaine d’Asie en ce temps-là et était célèbre pour ses rites et cérémonies païennes. Le paganisme régnait depuis ce centre, et l’idolâtrie se répandait dans toute la province d’Asie. Les persécutions contre l’Église étaient issues de Pergame. Maintenant, dans cette période de Pergame de l’Église, celle-ci habitait là où se trouvait le trône de Satan.

Satan est maintenant « le dieu de ce siècle » (2 Cor. 4:4) ; le monde est donc le lieu où se trouve son trône. La force des paroles du Seigneur alors, est que l’Église du temps de Pergame habitait dans le monde du paganisme ; le judaïsme et le christianisme s’étaient unis sous les séductions de Satan. L’église avait oublié sa vocation céleste et son caractère céleste, et s’était installée dans le monde où son Sauveur et Seigneur avait été rejeté et chassé. L’église professante et le monde se donnaient la main pour trouver ensemble leurs plaisirs.

Le résultat de cette alliance profane fut, comme quelqu’un l’a dit que : « le monde est devenu un peu religieux, et que l’église est devenue immensément mondaine ». C’était déjà vrai à l’époque de Pergame de l’église professante ; hélas combien l’église de l’époque actuelle est encore plus franchement caractérisée par l’union avec le système du présent siècle mauvais. Que la présentation du Seigneur à Pergame avec l’épée aiguë, et Ses paroles au sujet du lieu de sa demeure, puisse parler à nos cœurs et à nos consciences avec « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Éph. 6:17). Le remède pour toute condition erronée et mauvaise est la parole de Dieu et la puissance libératrice de l’Esprit.


4.4 - 2) L’approbation du Seigneur

« Tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite » (2:13b). En dépit du déclin de Pergame et de leur installation dans le monde et de leur habitation là où était le trône de Satan, il y avait encore ce que le Seigneur pouvait approuver. Ils tenaient ferme Son Nom et n’avaient pas renié la foi. Cela fut particulièrement vrai lors de la grande controverse arienne qui eut lieu au quatrième siècle.

Arius soutenait que Christ était le premier et le plus noble de tous les êtres créés que Dieu avait faits, et donc il niait la divinité de Christ. Le concile de Nicée, en Bithynie, fut réuni en juin 325 ap. J.-C. par Constantin pour considérer cette grave erreur. 318 évêques et un grand nombre de prêtres et diacres étaient présents. Beaucoup portaient les marques des souffrances provenant des persécutions précédentes. Constantin agit comme modérateur et la doctrine de la Trinité et de la vraie divinité de Christ fut maintenue par ce concile.

On peut observer en passant que cet enseignement grave et erroné quant à la personne de Christ, diffusé par Arius au début de l’histoire de l’église et vaincu au concile de Nicée, est activement propagé aujourd’hui par les soi-disant « Témoins de Jéhovah ». Dérober à Christ Sa gloire de Créateur et de Fils de Dieu est un vieux mensonge de Satan auquel on doit vigoureusement résister ; c’est ce qui eut lieu durant la période de Pergame qui reçut l’approbation du Seigneur pour avoir tenu ferme Son Nom et ne pas avoir renié la foi.

Le nom « Antipas » dont le Seigneur parle comme de « mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous », signifie « contre tous ». On ne connait rien d’autre de certain de lui ; apparemment il s’était tenu seul pour le Seigneur et avait souffert le martyre pour Christ. Ce nom, semble-t-il, exprime la fidélité individuelle de beaucoup pendant cette période de décadence générale et d’activité de Satan comme séducteur.

Athanase, qui devint l’évêque d’Alexandrie et qui fut grandement utilisé par Dieu pour préserver l’Église de l’hérésie arienne, est un exemple remarquable de quelqu’un qui s’est tenu contre tous, comme le nom « Antipas » l’indique. Il ne tint pas compte de l’édit impérial de Constantin, qui changea d’avis deux ans après le Conseil de Nicée quant à l’arianisme, et ordonna qu’Arius et ses amis soient reçus dans l’Église. Athanase endura la persécution, la calomnie, l’exil, et risqua souvent sa vie pour défendre la grande vérité fondamentale de la divinité de Christ. Plusieurs années après le concile de Nicée, alors que le parti arien gagnait de l’influence, Athanase fut convoqué devant l’empereur arien qui exigea qu’il cesse de s’opposer à l’enseignement d’Arius et qu’il reçoive les ariens. Lorsqu’Athanase refusa, l’empereur le lui reprocha amèrement et dit : « Ne comprenez-vous pas que tout le monde est contre vous ? » Le champion de la vérité répondit : « Alors, je suis contre tout le monde ». Il était un vrai Antipas et un noble exemple pour les croyants de tous les temps. Ainsi la foi de Dieu, la révélation de Lui-même en Christ le Fils, fut maintenue au milieu de beaucoup de mal, et le Seigneur prit note de tout et le loua.


4.5 - 5) La réprimande

« Mais j’ai quelques choses contre toi : c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam, lequel enseignait à Balac à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles et qu’ils commissent la fornication. Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement » (2:14-15).

Il est parlé de Balaam en Nombres 22 à 25 et 2 Pierre 2:15-16 et Jude 11. Nous y apprenons qu’il était un prophète payé pour prophétiser ; il se mit au service de Balak, roi des Moabites, pour maudire les fils d’Israël parce qu’il aimait le salaire d’iniquité. Ayant échoué, il donna des conseils pour séduire Israël en l’incitant à s’unir avec les Madianites et les Moabites ; il provoqua par-là le mal d’Israël se mêlant à eux à Baal-Peor, et le jugement de Dieu sur cela par la peste (Nombres 25 ; 31:16). Il chercha donc à briser la séparation d’Israël des nations païennes et y réussit en partie en enseignant à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël en leur faisant manger des choses sacrifiées aux idoles et en commettant la fornication.

La doctrine de Balaam, c’est l’association avec le monde et la rupture de la séparation du mal. C’est le prophète mercenaire qui, pour ses propres fins, cherche à détruire toute séparation pieuse (*). Certains, dans l’église de Pergame, soutenaient la doctrine de Balaam, et le Seigneur considérait l’église comme responsable d’avoir toléré ce mal au milieu d’eux. Ceux qui soutenaient cette doctrine étaient sans aucun doute les membres du clergé qui prêchaient pour un salaire, et qui conseillaient le mélange de l’église avec les cultes idolâtres du temple. L’histoire rapporte que de nombreuses nouvelles cérémonies — les cierges, l’encens, les images, les processions, les purifications, et d’innombrables autres choses — furent introduites dans l’église au cours des 4ème et 5ème siècles.


(*) Note Bibliquest : Après que Balaam ait échoué à maudire le peuple pour de l’argent selon Nombres 22 à 24, le peuple d’Israël a commis fornication avec les filles de Moab et s’est livré à l’idolâtrie avec les Moabites (Nomb. 25:1-3). Bien que Balaam ne soit pas mentionné au ch. 25, Nombres 31:16 indique que ces péchés ont eu lieu sur son incitation, ce qui était une étape de plus par rapport à sa tentative de maudire pour de l’argent. Apoc. 2:14 montre que c’était chez Balaam une doctrine, pas seulement la mise en œuvre d’un enchantement comme en Nomb. 23. Nous comprenons que cette doctrine consiste à vouloir volontairement et sciemment mêler le peuple de Dieu au monde, avec une double motivation : La motivation officielle consistait à prétendre que le mélange avec le monde produirait la paix en évitant les conflits entre le peuple de Dieu et le monde (Balak craignait ce conflit — Nomb. 22:6 — ignorant le commandement pacifique de l’Éternel, Deut. 2:9, Éph. 6:12). La motivation secrète et profonde était de faire cesser la protection de Dieu à l’égard d’Israël en faisant tomber Israël sous la malédiction par le moyen du péché, ce qu’il n’avait pas pu obtenir par les enchantements.

Quant à la doctrine des Nicolaïtes, elle nous paraît être l’application à l’Église de cette doctrine de Balaam vis-à-vis d’Israël (voir le « pareillement » de Apoc. 2:15). Il est bien probable que le clergé ait favorisé cette doctrine des Nicolaïtes en vue de renforcer son prestige et son autorité.


L’idolâtrie et la fornication étaient les deux péchés auxquels Israël fut conduit par le conseil de Balaam. Ces choses mauvaises avaient été dénoncées fortement par l’apôtre Paul en 1 Cor. 6:15-18 et 10:19-28. À Pergame ceux qui enseignaient ces pratiques impures étaient à l’abri dans l’église, et le résultat était la ruine morale de tous ceux qui étaient contaminés par ces enseignements et ces pratiques profanes mauvaises. L’ange, ou le représentant de Pergame, n’est pas accusé du mal de Balaam, mais de le permettre. Ils n’avaient pas résisté à ce mal. Ils étaient indifférents à ces enseignants pernicieux de la doctrine de Balaam et des Nicolaïtes, et donc le péché de Pergame était la tolérance du mal et des hommes mauvais. Hélas ! combien cela est vrai de l’église professante aujourd’hui. Puissions-nous tenir compte du reproche du Seigneur à Pergame. 1 Jean 5:20-21 nous dit que tout objet en dehors de Jésus Christ est de l’idolâtrie ; et 2 Cor. 6:14-16 et Jacques 4:4 nous apprennent que l’amitié du monde et des relations illicites avec lui sont de la fornication.

Le Seigneur, de plus, accusait Pergame d’avoir ceux qui tenaient la doctrine des Nicolaïtes, ce qu’Il détestait. Nous avons remarqué qu’à Éphèse il y avait « les œuvres des Nicolaïtes » que l’assemblée haïssait, et elle en était louée par le Seigneur. Ici, il y a un progrès dans le mal, car il s’agissait maintenant de « la doctrine des Nicolaïtes » et les propagateurs de cette doctrine étaient dans le sein de l’église. C’était maintenant le mal systématisé, enseigné et pratiqué. L’assemblée s’était installée dans le monde où était le trône de Satan et elle tolérait ce que le Seigneur haïssait. Il ne peut pas en être autrement lorsque l’église abandonne son caractère de pèlerin ; la séparation du mal ne peut être maintenue quand on demeure dans le monde. Cela vaut individuellement et collectivement. Comme nous sommes pleinement entrés dans le sens du « Nicolaïsme » dans le message à Éphèse, nous n’en parlerons pas plus ici.


4.6 - La parabole du grain de moutarde

Nous avons attiré l’attention dans les études précédentes sur la similitude entre les sept paraboles de Matthieu 13 et ces sept assemblées. La troisième parabole compare le royaume des cieux à un grain de moutarde qui, dit le Seigneur, « est, il est vrai, plus petit que toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches » (Matt. 13:31-32). Combien cela est vrai de l’état de l’Église professante dans cette troisième période de Pergame ! Le christianisme et l’Église s’étaient répandu à partir d’un petit grain de moutarde jusqu’à devenir un grand arbre prééminent qui abritait maintenant des faux docteurs et des fausses doctrines, ce que symbolisent les oiseaux. Combien est-ce également vrai de la chrétienté aujourd’hui, et qu’il est triste qu’il en soit ainsi !


4.7 - 6) L’appel à la repentance

« Repens-toi donc ; autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche » (Apoc. 2:16). Le Seigneur cherche ainsi à inciter l’église tout entière au jugement de soi d’une part pour avoir permis les maux des doctrines de Balaam et des Nicolaïtes parmi eux, et d’autre part pour habiter là où était le trône de Satan. Il appelle l’église tout entière à se repentir, à changer de pensées au sujet de ces maux consentis, à les juger et à prendre position avec Lui contre eux.

Le Seigneur cherchait encore la repentance de l’église pendant cette période de Pergame : il y avait la possibilité de retrouver des conditions et des caractéristiques de l’assemblée convenables et agréables au Seigneur. Cela n’était possible que par une repentance authentique et par la séparation du mal.

La confession du péché, le jugement de soi et la tristesse selon Dieu, voilà la vraie repentance. C’est toujours le seul moyen de guérison du mal et de ses pièges. Si des choses contraires à la parole de Dieu s’introduisent dans nos vies ou dans l’Assemblée de Dieu, nous devons exercer le jugement de soi et nous repentir, individuellement ou collectivement. Nous en serons ainsi délivrés, « car la tristesse qui est selon Dieu opère une repentance à salut dont on n’a pas de regret » (2 Cor. 7:10).

Le Seigneur dit à Pergame que s’ils ne se repentaient pas et ne jugeaient pas le mal parmi eux, Il viendrait à eux promptement, et combattrait contre eux par l’épée de Sa bouche. Remarquez, Il ne dit pas : « Je combattrai contre vous », mais « contre eux ». Il ne combat jamais contre les Siens, mais Il combattra contre ceux qui introduisent des doctrines et des mauvaises pratiques, comme ceux qui tenaient la doctrine de Balaam et la doctrine des Nicolaïtes à Pergame. Si nous ne jugeons pas le mal qui peut survenir dans l’Église, le Seigneur le fera Lui-même, et ce sera alors à notre honte. Il est jaloux de Sa gloire et de la sainteté qui convient à Sa maison.

L’épée de Sa bouche, avec laquelle Il combattra contre ceux qui font le mal, c’est la parole de Dieu. Sa parole est « plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants » (Héb. 4:12), et elle sort de Sa bouche (Deut. 8:3) ; elle est inspirée de Dieu. Il se présente à Pergame comme Celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants (2:12), et quand Il viendra sur la terre en jugement, Il frappera les nations avec l’épée aiguë qui sort de Sa bouche, comme nous l’avons déjà vu à propos d’Apoc. 19:11-15. Nous avons cette parole vivante et nous devons nous en servir contre le mal qui peut surgir dans nos vies ou dans l’assemblée.

Dans l’histoire de cette période de Pergame de l’église, il y a un exemple remarquable du Seigneur combattant contre les méchants avec l’épée de Sa bouche. Arius, qui avait soutenu l’enseignement mauvais que Christ n’était qu’une créature, présenta par la suite une confession plausible disant qu’il croyait d’une manière générale à la Sainte Trinité. Constantin accepta sa confession, et envoya chercher Alexandre, l’évêque de Constantinople, et lui dit qu’Arius devait être reçu dans la communion le jour suivant, un dimanche. Alexandre, qui était âgé de près de 100 ans, fut profondément affligé de l’ordre de l’empereur. Il entra dans le bâtiment de l’église, et pria avec ferveur que le Seigneur empêche une telle profanation. Au cours de la soirée du même jour, Arius parla légèrement et triomphalement des cérémonies prévues pour le lendemain. Mais le Seigneur entendit la prière de Son vieux serviteur, et cette même nuit le méchant Arius mourut. Le Seigneur était intervenu et n’avait pas permis la réintégration dans l’église de ce docteur hérétique (Histoire de l’Église, de Andrew Miller, vol. 1).

Les paroles du Seigneur de ce verset d’Apoc. 2:16 donnent un principe d’une importance capitale pour les cas de discipline dans l’assemblée, ou quant à l’état de l’Église tout entière. Comme quelqu’un l’a remarqué : « Si le mal est laissé non jugé dans l’assemblée, soit par indifférence soit par laxisme des saints, soit par refus de faire face à la difficulté, le Seigneur attendra d’abord dans Sa longue patience, et cherchera à éveiller les consciences des Siens, soit par l’un soit par l’autre, ou par tout moyen qu’Il voudra choisir. Ensuite, s’ils manquent à donner suite à Ses exhortations, Il interviendra Lui-même et s’occupera du mal que l’assemblée a manqué de juger, et dans lequel tous ont été impliqués par leur refus même de juger. Il ne faut jamais oublier que la sainteté convient à la maison de Dieu, et que « notre Dieu est un feu consumant » (Ps. 93:5 ; Héb. 12:29). (E. Dennett).


4.8 - 7) Autres erreurs dans la période de Pergame

Avant de poursuivre avec la lettre du Seigneur à l’assemblée à Pergame, nous désirons attirer l’attention sur d’autres erreurs qui entrèrent dans l’Église professante au cours de cette troisième période de son histoire. Comme le christianisme prospérait extérieurement sous la protection de Constantin et que la profession de christianisme devenait le sûr chemin vers la richesse, les honneurs et les positions éminentes dans l’empire, des milliers affluèrent auprès des églises aux fêtes de Pâques et de Pentecôte pour être baptisés. Certains auteurs parlent de douze mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, à avoir été baptisés en un an à Rome. Comme l’église gagnait en nombre, en puissance et en popularité de cette manière extérieure, les évêques dirent : « Nous avons attendu le règne de Christ, mais nous avons eu tort. L’empire de Constantin est le royaume de Christ ». Ainsi, l’espérance et la vérité de la venue de Christ furent abandonnées par l’église à cette époque, et elle cessa d’attendre Sa venue et Son règne qui étaient promis. Le terme « catholique » fut désormais appliqué invariablement à l’église dans tous les documents officiels. C’était maintenant l’église ‘universelle’ officielle soutenue par l’État.

Pendant cette période, la superstition se mit à enseigner aux hommes de rattacher le pardon des péchés au rite du baptême. Au 4ème siècle, l’observance de ce rite avait une place immense dans l’esprit des chrétiens professants. Ils croyaient que les eaux du baptême purifiaient l’âme complètement. Irénée, évêque de Lyon, mort vers 200 ap. J.-C., est le premier des Pères à faire allusion au baptême des enfants. « La régénération, être né de nouveau, le baptême, sont devenus des termes interchangeables, ayant la même signification dans les écrits des Pères » (Histoire de l’Église, de Miller, vol. 1).

Les parents anxieux s’empressaient de faire baptiser leurs nourrissons délicats, de peur qu’ils ne soient sous la malédiction du péché originel, et l’homme du monde retardait son baptême jusqu’à l’approche de la mort pour qu’il puisse passer des eaux de régénération aux domaines de bénédiction sans être entaché de nouveaux péchés. Ainsi, cette grave erreur de la régénération baptismale, à la place de l’enseignement biblique sur la régénération et la nouvelle naissance par l’eau de la parole de Dieu et la puissance de l’Esprit, entra très tôt dans l’église professante et reste la doctrine acceptée par des multitudes dans la chrétienté aujourd’hui.

Ce fut à cette époque que surgit le système anti-scripturaire des monastères, des couvents et de l’ascétisme. Une telle austérité de vie, de mauvais traitements du corps, etc., était plus un produit de la philosophie païenne que des enseignements de Christ. Les paroles de l’apôtre en Colossiens 2:23 s’appliquent sûrement à ces choses.


4.9 - 4) L’appel à l’individu

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (2:17a). Dans un état de ruine et de décadence tel que celui de Pergame, le Seigneur en appelle à l’individu, à celui qui a une oreille ouverte pour écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées, et qui tiendra compte et considérera la réprimande du Seigneur. Celui qui a une oreille intérieure ouverte par le Saint Esprit écoutera et recevra les communications données par le Seigneur. Notre responsabilité individuelle nous est donc rappelée. Le Seigneur nous parle individuellement, aujourd’hui encore, à propos de l’état de Son Église et voudrait que nous écoutions la voix de l’Esprit et que nous soyons vainqueurs vis-à-vis du mal.


4.10 - 5) La promesse au vainqueur

« À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit » (2:17b). Le Seigneur cherche toujours de ceux qui vaincront. Ceux qui tiennent compte de l’appel et du message de l’Esprit reçoivent la puissance pour surmonter les choses mauvaises signalées, et il leur est donné de précieuses promesses. Le vainqueur à Pergame jugera le mal de la doctrine de Balaam et des Nicolaïtes et s’affligera du déshonneur fait au nom du Seigneur par le fait qu’on les tolère dans l’assemblée. Nous devenons vainqueurs par la foi, et par la puissance de l’Esprit quand nous agissons d’après la parole de Dieu (1 Jean 2:14 ; 4:4 ; 5:4).

Ceux qui enseignaient la doctrine de Balaam à Pergame enseignaient aux chrétiens de manger des choses sacrifiées aux idoles, mais au vainqueur de ce mal le Seigneur promet la manne cachée comme nourriture. Cela nous rappelle la cruche de manne placée dans l’arche comme témoin et mémorial de la fidélité de Dieu donnant à Israël la manne pendant quarante ans dans le désert. La manne, c’était Christ dans Sa marche ici-bas dans l’humiliation, dans les circonstances du désert. La manne cachée, c’est Christ dans le ciel, caché aux yeux des hommes, mais estimé immensément par le Père. Quand nous Le voyons là par la foi, nous nous souvenons de ce qu’Il a été ici-bas, tenté et éprouvé en tous points comme nous le sommes, mais victorieux en tous. Nous Le rappelant ainsi dans nos pensées, nous nous nourrissons de Lui et sommes soutenus et fortifiés dans la communion secrète. Christ le grand vainqueur est la nourriture pour l’enfant de Dieu, et dans la mesure où celui-ci se nourrit de Lui il acquiert la force pour vaincre et devenir lui aussi un vainqueur.

Le fait que la manne cachée sera donnée au vainqueur dans le ciel, nous dit combien les expériences du désert où nous nous serons nourris de Christ ici-bas écloront en quelque chose d’une nouvelle beauté dans la gloire. Là nous jouirons d’une manière nouvelle de tout ce que Christ a été pour nous dans cette vie dans le désert, comment Il nous a soutenus comme la manne pour nos âmes.

Le Seigneur promet aussi au vainqueur une pierre blanche avec un nouveau nom écrit dessus. Une pierre blanche était utilisée dans la vie sociale et les coutumes judiciaires d’autrefois. Les jours de fête étaient notés par une pierre blanche et l’appréciation par l’hôte d’un invité spécial était signalée par une pierre blanche avec un nom ou un message écrit sur elle. Une pierre blanche signifiait l’acquittement devant les tribunaux et une pierre noire, la condamnation. Les électeurs indiquaient également sur une pierre blanche le nom du candidat qu’ils approuvaient et la mettaient dans une urne. Cette promesse du Seigneur indique ainsi Son plaisir personnel et Son approbation de chaque individu vainqueur. C’est un gage précieux et secret de Son approbation, un secret entre Lui et le cœur fidèle, car personne ne connaît le nom écrit sur la pierre sinon le destinataire. Quel encouragement pour le vainqueur qui encourt la disgrâce et l’opposition de ceux qui tolèrent le mal. Puissions-nous chercher à être des vainqueurs pour Christ dans tous les mauvais jours.


5 - Le Message à Thyatire — Apoc. 2:18-29

5.1 - Introduction

Nous avons précédemment souligné que ces lettres aux sept assemblées sont divisées en deux groupes de trois et quatre, et que les conditions rencontrées dans les trois premières assemblées étaient temporaires, tandis que l’état de choses manifesté dans les quatre dernières se poursuit jusqu’à la fin de l’histoire de l’Assemblée. Dans notre présente étude, nous arrivons à la quatrième assemblée, Thyatire, qui se trouve ainsi au milieu de la série des sept. Trois périodes de l’Église ont précédé Thyatire et trois autres périodes prophétiques la suivent. Les trois premières culminent dans Thyatire et elle devient l’incarnation des trois phases de dérive vues dans Éphèse, Smyrne et Pergame. Les trois dernières périodes de l’église sont issues de Thyatire.

Avec cette quatrième période prophétique de Thyatire, il y a donc un changement, car nous avons là un état de choses qui se poursuit dans la chrétienté jusqu’à la venue du Seigneur pour la véritable Église et qui continue jusqu’à son point culminant de Babylone la grande d’Apocalypse 17. Dans ce ch. 17, il nous est parlé de sa destruction peu avant la venue du Seigneur sur la terre en jugement. Le développement du mal dans l’Église professante présenté dans la lettre à Thyatire, est donc une condition permanente et représente un système de mal religieux qui est encore avec nous aujourd’hui.

Nous verrons qu’il n’y a aucun espoir de restauration offert à Thyatire ; il n’y a pour toute l’église aucune perspective de délivrance de sa mauvaise condition, car le Seigneur lui a donné du temps pour se repentir et elle ne s’est pas repentie ; par conséquent, il y a la déclaration de jugement à venir. Mais un résidu est reconnu au sein de Thyatire, qui n’est pas caractérisé par le mal, et pour la première fois il est parlé de la venue du Seigneur dans ces lettres aux sept assemblées. Sa venue est présentée comme une brillante espérance de pleine délivrance de la ruine et de l’éloignement intervenus dans la chrétienté. Cette espérance est donnée au résidu et aux vainqueurs.


5.2 - Le nom « Thyatire »

Une autorité sur la signification des noms donne « odeur d’affliction » pour Thyatire (JB Jackson). Un autre a dit qu’il vient de deux mots, dont l’un signifie « sacrifice ou offrande d’encens », l’autre mot signifiant « ce qui se poursuit continuellement ». Combinant ces deux pensées, l’interprétation proposée du nom Thyatire serait « sacrifice continuel ». Un autre sens suggéré est « quelqu’un d’infatigable dans la présentation des offrandes sacrificielles ». Toutes ces significations nous indiquent ce qui caractérise le système d’enseignement religieux qui émerge dans cette période de Thyatire.

Thyatire nous donne une image de l’Église professante pendant le Moyen Âge, la période appelée en histoire Âge des Ténèbres (ou d’obscurantisme). La période de Thyatire commença vers 600 ap. J.-C. et continua jusqu’à la veille de la Réforme au 16ème siècle. Ce fut au 7ème siècle que l’évêque de Rome fut d’abord reconnu comme le vicaire de Christ sur la terre. Il devint le pape et le chef reconnu de l’Église. Ce fut le début du système romain de la papauté. C’est pendant cette période de Thyatire que le catholicisme romain se développa et devint l’église corrompue du mal systématisé que nous connaissons aujourd’hui. Pendant ce temps, le christianisme devint paganisé.

Une des grandes caractéristiques de l’église de Rome, c’est le sacrifice de la messe qui est toujours un sacrifice pour le péché. C’est vraiment un trait distinctif du système romain, et la signification de Thyatire, « sacrifice continuel », « quelqu’un d’infatigable dans la présentation des offrandes sacrificielles », est donc bien appropriée pour caractériser l’Église de cette période. Le sacrifice continuel ou souvent répété de la messe est l’insulte de Satan envers l’unique sacrifice, parfait et complet, de Christ pour le péché, et il est un déni de l’œuvre accomplie par le Sauveur pour les pécheurs. « Nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ [faite] une fois pour toutes », « Par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Hébreux 10:10,14).


5.3 - 1) Comment le Seigneur se présente

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant » (Apoc. 2:18). Le caractère sous lequel le Seigneur se présente à ces assemblées d’Asie est toujours en harmonie avec la condition et l’état de l’assemblée concernée. Ici Il se présente sous le caractère très scrutateur et positif de Fils de Dieu avec l’autorité absolue et le jugement pénétrant. Le Seigneur approche Thyatire d’une manière plus stricte et plus sévère que ce qu’Il fait pour aucune autre assemblée, car c’est là qu’étaient la plus grande méchanceté et la plus grande présomption.

La femme Jézabel se disait prophétesse et enseignait et incitait les serviteurs à la fornication spirituelle et à l’idolâtrie. C’est ce que le système de Rome a toujours fait. Elle prétend être prophétesse et parler avec l’autorité de Dieu, et elle met le sceau de Dieu sur la plus terrible iniquité. L’église de Rome prétend qu’elle est la chaste épouse de Christ, et contre cette mariée autoproclamée et prétentieuse, le Seigneur doit affirmer Son autorité comme Fils de Dieu en jugement. Il est « Fils sur Sa maison » (Héb. 3:6), et comme tel Il exerce l’autorité et est judiciairement prêt à agir contre le mal. L’église du Dieu vivant est la maison de Dieu sur la terre et la sainteté sied à Sa maison (1 Tim. 3:15 ; Ps. 93:5) ; le Seigneur ne tolérera donc pas le mal dans Sa maison, mais Il le jugera en Son temps. Ici, à Thyatire, le Seigneur se présente dans Sa pleine divinité et dans toute la puissance de Sa personne comme Fils de Dieu. Il vient dans toute Son autorité et Son exaltation et affirme Sa position de chef [tête] sur Son Église rebelle, qui, au lieu de cela, installait sa propre autorité.

Ses yeux sont comme une flamme de feu. Les yeux parlent de perception, d’intelligence et de discernement, et le symbole d’une flamme de feu véhicule la pensée d’un jugement qui sonde, pénètre et discerne tout. Le prophète Habakuk dit : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, et tu ne peux contempler l’oppression » (Habakuk 1:13). « Les yeux de l’Éternel sont en tout lieu, regardant les méchants et les bons » (Prov. 15:3).

Les pieds du Seigneur semblables à de l’airain brillant indiquent la fermeté avec laquelle Il traite le péché avec une justice divine. L’airain typifie Dieu rencontrant l’homme dans sa responsabilité selon la justice divine. Ceci est présenté dans l’autel d’airain du tabernacle. Là Dieu rencontre l’homme dans ses péchés et le sacrifice offert répondait à Ses exigences de justice.

Dans cette présentation du Seigneur, nous voyons qu’Il vient s’occuper de l’état public de l’église en tant que Sa lampe et Son témoin responsables dans le monde. Il lui rappelle Son autorité absolue sur la maison de Dieu, Son jugement éclairé et perçant et Sa ferme intention de ne pas passer par-dessus le péché. Bien qu’Il soit le Dieu de toute grâce et d’amour, Il est également saint et juste et agira en justice et jugement. Ces caractéristiques solennelles sont toujours vraies du Seigneur, et demeurent partout comme principes dans Ses relations avec les assemblées individuelles et avec les croyants individuels.


5.4 - 2) L’approbation

« Je connais tes œuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières œuvres qui dépassent les premières » (2:19). Suite à la présentation sévère du Seigneur à Thyatire dans le verset précédent, sur laquelle nous nous sommes arrêtés, il est plutôt étonnant de lire ces merveilleuses paroles d’approbation. Mais c’est toujours la manière de notre Seigneur de louer d’abord tout ce qui est bon et digne avant de traiter ce qui est pénible et mauvais à Ses yeux saints. En dépit du terrible système de mal qui croissait et dominait durant cette période de Thyatire du sombre Moyen Age, il y avait un résidu fidèle de vrais croyants (dont il est parlé comme « mes esclaves » et les « aux autres qui sont à Thyatire, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine »), dont la fidélité et la piété brillaient plus fort dans le mal croissant.

C’est toujours un principe dans l’Écriture que chaque fois qu’il y a un manquement de l’ensemble, le résidu fidèle se retrouve investi de la position collective devant Dieu. Sur ce principe donc, le Seigneur est capable d’imputer à Thyatire tous les mérites, la fidélité et les activités des saints dévoués au milieu d’elle, et Il parle de leurs œuvres, de leur amour, leur service, leur foi et leur patience comme étant ceux de Thyatire. Ce groupe d’âmes fidèles est regardé du point de vue de leur position comme la véritable Église de cette période ; le Seigneur les reconnaissait comme Son peuple en ce jour-là.

De cette classe de témoins fidèles, un autre a bien écrit : « Nulle part que dans les saints du Moyen Age, peut-être, on trouve une histoire plus profondément intéressante ; nulle part une patience plus longue et plus infatigable ; nulle part des cœurs plus vrais, ou peut-être aussi vrais, pour Christ et pour la vérité et la fidélité envers Lui contre une église corrompue. À travers peine et labeur, ils furent traqués et punis en dépit d’un système beaucoup plus persévérant, beaucoup mieux organisé que les persécutions païennes, et violent pour un temps. Il n’y avait pas de nouvelle révélation miraculeuse, ni un corps les soutenant publiquement, ni profession de l’église (dans son ensemble) revêtue d’une reconnaissance universelle, toutes choses susceptibles de leur donner confiance. Mais il y avait tous les noms d’ignominie que les gens ou les prêtres pouvaient inventer pour les chasser ; ils poursuivaient leur chemin persécutés mais jamais abandonnés, avec une constance divinement donnée, et ils maintinrent le témoignage de Dieu et la promesse que l’assemblée subsisterait malgré les portes du hadès, quoique cela leur coûtât le repos, un chez-soi et même la vie, et tout ce que la terre peut donner ou que la nature peut ressentir. Christ l’avait prévu et ne l’a pas oublié » (JND).

Parmi les choses que le Seigneur loue chez ces croyants fidèles à Thyatire, l’amour vient en premier. C’est la grande caractéristique de la nature divine, et de Dieu qui est amour. De lui jaillit toute activité spirituelle. La foi est mentionnée juste après l’amour. C’est « la foi opérante par l’amour » (Galates 5:6) et elle se manifeste dans le service envers Dieu et envers les hommes. Puis il y avait la patience, ou l’endurance au milieu de beaucoup de persécution. Et « tes dernières œuvres… dépassent les premières ». Il y avait un dévouement croissant parmi ces saints. Tandis que le mal croissait, leur énergie et leur zèle pour le Seigneur augmentaient aussi, de sorte que le Seigneur pouvait dire que leurs dernières œuvres dépassaient les premières. L’amour et la foi qui manquaient dans l’assemblée à Éphèse, se trouvait dans ce résidu de Thyatire, et en ce sens leur état était supérieur à celui d’Éphèse qui avait abandonné son premier amour.

L’un de nos merveilleux hymnes fut écrit par Bernard de Clairvaux au cours de ces temps sombres et mauvais. Les lignes de la première et de la deuxième strophe sont un exemple du dévouement que le Seigneur louait comme répondant à l’amour de Son cœur :

« Sauveur, quand je pense à Toi / Cela remplit mon cœur de douceur, / Mais ce serait bien plus doux de voir Ta face, / et de se reposer en Ta présence. »

« Aucune voix ne peut chanter, aucun cœur ne peut imaginer, / Aucun esprit ne peut concevoir, / Un son plus doux que le nom de Jésus / pour les pécheurs qui croient ».

L’histoire de l’église consigne les noms de beaucoup de ces témoins fidèles qui demeurèrent fidèles au Seigneur Jésus, et ne marchèrent pas avec tout le mal de l’église corrompue de cette période. Certains d’entre eux furent connus sous les noms de Nestoriens, Pauliciens, Albigeois et Vaudois des vallées du Piémont. Nombre de ces fidèles furent tués par le méchant système romain (catholique) au cours de ces âges d’obscurité. Ce résidu fidèle est une autre preuve de la véracité de la déclaration souvent rappelée que Dieu ne se laisse jamais sans témoins. Peu importe que les jours soient sombres et mauvais, Dieu suscite toujours quelques fidèles qui marchent dans la séparation d’avec le mal et qui témoignent de Lui. De tels témoins de la foi se tiennent comme des étoiles lumineuses, brillant dans une nuit obscure. Puissions-nous chercher à être comme eux dans ce présent jour mauvais.


5.5 - 4) La réprimande du Seigneur

« Mais j’ai contre toi, que tu laisses faire la femme Jésabel qui se dit prophétesse ; et elle enseigne et égare mes esclaves [en les entraînant] à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles. Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ; et elle ne veut pas se repentir de sa fornication. Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres ; et je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs ; et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres » (Apoc. 2:20-23).

Ayant exprimé Son appréciation et Son approbation du fidèle dévouement du résidu pieux, le Seigneur parle maintenant de ce qu’Il avait contre l’ange ou messager de l’assemblée de Thyatire. Il souligne le mal grave qu’on permettait dans l’assemblée, et qui provoquait Sa condamnation sévère et Son jugement imminent. Une méchante femme, Jézabel, était autorisée à enseigner et à égarer les esclaves de Dieu dans la fornication spirituelle et l’idolâtrie.

L’apôtre Paul fut conduit par l’Esprit à écrire : « Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission ; mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’user d’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence » (1 Tim. 2:11-12). Ainsi, il est expressément contraire à la Parole de Dieu pour une femme d’enseigner dans l’assemblée de Dieu, non seulement dans les jours de Thyatire, mais aujourd’hui également. Les mauvais résultats d’une femme enseignant à Thyatire étaient manifestes en ce qu’elle égarait les esclaves du Seigneur dans les pires maux. Comme Ève fut trompée par Satan et conduisit Adam dans le péché, Satan a souvent ainsi opéré depuis. Lorsque la femme sort de la sphère qui lui est attribuée et qu’elle prend la place d’un docteur, il arrive souvent qu’elle soit trompée par Satan et qu’elle entraîne les autres dans les mauvais enseignements dont il est le père. Beaucoup de cultes religieux faux et antiscripturaires de notre époque ont été initiés par des femmes.

Mais il y a un mal plus grave ici que la simple question d’une femme enseignant dans l’assemblée. En principe dans l’Écriture, une femme dans un type (représentation symbolique) est l’expression d’un état de choses, d’une condition de choses, tandis qu’un homme représente davantage l’activité et ce qui conduit à cet état. Rappelant également que l’état de chacune de ces sept assemblées d’Asie est prophétique des diverses conditions qui existeraient dans toute l’Église professante dans ses sept phases différentes, nous avons ici dans l’activité de la femme Jézabel le type d’un état de choses qui devait se trouver en général dans l’église de la période de Thyatire au Moyen Âge. L’Église professante dans son ensemble devait être caractérisée par Jézabel qui prétend être prophétesse et enseigne et séduit les esclaves du Seigneur dans l’idolâtrie. C’est l’église prenant la place d’une prophétesse et enseignant.

En Éphésiens 5, il nous est dit « que le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef [tête] de l’assemblée, lui, le sauveur du corps. Mais comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs maris en toutes choses… Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’assemblée » (5:23-24, 32). Ce passage nous enseigne que l’église comme épouse de Christ doit Lui être soumise comme à son Chef [tête] et son Époux. Par conséquent, l’église ne doit jamais enseigner ni s’établir comme une autorité, laquelle appartient à Christ son Chef. La Parole de Dieu est venue de Christ à l’Église et elle doit lui être soumise. Christ enseigne par Sa Parole comme dispensée dans la puissance du Saint Esprit par le moyen de Ses serviteurs. En Thyatire, nous avons la femme à la place de l’homme, et l’église se substituant à Christ, revendiquant l’autorité d’une prophétesse pour enseigner.

Comme indiqué précédemment dans nos remarques introductives sur Thyatire, c’est l’église de Rome qui est clairement symbolisée ici par la femme Jézabel enseignant et égarant le peuple de Dieu dans l’idolâtrie et dans le mal. Dans le catholicisme, l’Église enseigne et se place au-dessus de la Parole de Dieu, les Saintes Écritures. Leur propagande subtile est exposée aujourd’hui dans des magazines et journaux nationaux, affirmant que l’Église catholique romaine existait avant la Bible, et que « l’église catholique est la mère de la Bible ». Rome revendique qu’elle nous a donné la Bible, qu’elle a la seule autorité de la part de Christ, et qu’elle seule peut interpréter les Écritures, que toutes les autres interprétations de celles-ci sont des interprétations privées et erronées. Voilà la femme mauvaise qui enseigne et qui usurpe l’autorité à Christ et à Sa Parole.

Dans la lettre à Pergame, le Seigneur a parlé de la doctrine de Balaam et de son activité mauvaise dans l’Ancien Testament. Ici à Thyatire, le Seigneur parle du mal de Jézabel. C’est le nom d’une méchante reine bien connue du temps d’Élie, le prophète de l’Éternel. Elle était « fille d’Ethbaal, roi des Sidoniens » et femme d’Achab, roi d’Israël (1 Rois 16:31). Son père avait été prêtre d’Astarté (Vénus) et la famille était célèbre pour son intense dévotion à Baal. Elle nourrissait 450 prophètes de Baal et 400 prophètes d’Astarté (ashères) à sa table, et tua les prophètes de l’Éternel (1 Rois 18:13, 19). Ses prostitutions et ses enchantements (sorcelleries) sont dits être « en si grand nombre » par le roi Jéhu dont Dieu se servit pour exécuter le jugement sur elle et toute la maison d’Achab (2 Rois 9:22). Il nous est aussi dit qu’elle était l’instigatrice de tout le mal que fit son mari Achab. « Certainement il n’y eut point [de roi] comme Achab, qui se vendit pour faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, sa femme Jézabel le poussant » (1 Rois 21:25). Tel était le caractère de la méchante Jézabel et tel a été le caractère du mal manifesté, idolâtre et meurtrier du système ecclésiastique méchant de Rome, dont Jézabel est le type dans Thyatire.


5.6 - La femme qui fait lever la pâte

La quatrième parabole de Matthieu 13 est similaire à ce qui nous est présenté par l’activité de Jézabel à Thyatire, la quatrième assemblée. Le Seigneur dit : « Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prit et qu’elle cacha parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout fût levé » (v.33). Le levain est toujours un type du mal dans l’Écriture (1 Cor. 5:6-8). Les trois mesures de farine parlent de Christ le grain de blé, le pain de vie, ou de la doctrine de Christ. La femme fait ici ce qui est interdit dans les Écritures ; elle a furtivement caché du levain dans de la farine pure, une chose interdite dans l’offrande de gâteau (Lév. 2:11). Le but était de faire lever et corrompre l’ensemble de la farine pure. Ainsi dans l’activité de cette femme, il y a la pensée du mal et de l’opposition à la Parole de Dieu.

C’est ce que nous avons dans le catholicisme présenté sous la figure de la femme Jézabel et de son activité. Le système de la papauté a corrompu la pure doctrine de Christ en y introduisant ses mauvaises doctrines une à une. Elle a toujours mélangé dans la vérité de Dieu le levain de ses propres idées païennes, et elle présente ensuite ce mélange comme un dogme de l’église, qu’on doit accepter sous peine d’excommunication. C’est un système de développement comme on peut le voir en examinant l’origine de ses doctrines et pratiques. On découvre qu’elles ont pris naissance une à une à travers les siècles.

Les prières pour les morts ont commencé vers 300 après J.-C. ; le culte de Marie et des saints vers le 5ème siècle ; le carême a été imposé autour de 998 ; il fut interdit aux prêtres de se marier par Grégoire VII en 1079. Le chapelet de prière a été inventé par Pierre l’Ermite en 1090 et la confession auriculaire au prêtre a été instituée par le pape Innocent III en 1215. Le sacrifice de la messe est venu à l’existence au 11ème siècle et la doctrine de la transsubstantiation est devenue un article de foi en 1215. Au Concile de Trente en 1546, les traditions catholiques furent placées au même niveau que les Saintes Écritures, et les livres apocryphes furent ajoutés à la Bible. Lors de ce même concile, il a été ordonné que la doctrine du purgatoire soit soutenue, enseignée et prêchée partout. Elle avait été officiellement reçue comme dogme de l’église au temps de Grégoire le Grand en 600 après J.-C. (voir Histoire de l’Église, de Miller, vol.2, et « Roman Catholic Inventions »). Ainsi, la femme a été occupée à mélanger le levain à la farine pure, et Jézabel a enseigné et égaré les âmes dans l’idolâtrie.

En dépit de cette histoire de développement de la doctrine et de la pratique sur une période de plusieurs siècles, l’église de Rome prétend être la première église et celle que Christ a établie sur la terre avec Pierre comme premier pape. Comme le catholicisme s’est considérablement relancé et insiste sur ses revendications avec une grande activité de nos jours, beaucoup sont trompés et égarés par sa propagande subtile. Par conséquent, il est nécessaire de s’exprimer clairement et fidèlement en avertissant les âmes sur ce système faux et mauvais de l’enseignement de Jézabel que le Seigneur a condamné à Thyatire. La véritable église, fondée par Christ sur Lui-même comme le roc de fondement (Matt. 16:16-18 ; 1 Cor. 3:11), se trouve dans le livre des Actes et dans les épîtres du Nouveau Testament. C’est « l’Église, qui est son corps » et Christ glorifié est sa seule tête. C’est « l’assemblée des premiers-nés », ceux qui sont nés de nouveau et baptisés par l’Esprit de Dieu pour former ce corps divin, et dont les noms sont écrits dans les cieux (Éph. 1:21-22 ; 1 Cor. 12:13 ; Héb. 12:23). Dans l’épître aux Romains, écrite par l’apôtre Paul autour de 60 ap. J.-C., on voit ce qui caractérisait là la première église, et on note combien les doctrines et pratiques du système papal à Rome aujourd’hui sont extrêmement différentes. L’église de Rome a développé les choses mauvaises qui commencèrent dans l’Église professante dans la période de Pergame. C’est la première église corrompue et idolâtre, où les éléments du judaïsme et du paganisme ont été combinés en un enseignement fixé et systématisé sous le costume ou manteau du christianisme.


5.7 - « Elle égare mes esclaves »

C’est ce que le système romain a fait selon l’acte d’accusation de Dieu. Elle a détourné la grande masse des chrétiens professants de Christ vers Marie ; de Christ vers le pape ; du seul sacrifice de Christ vers le sacrifice continuel de la messe ; de la parole de Dieu et sa certitude vers l’incertitude des traditions des hommes ; en un mot, du christianisme vers un paganisme christianisé et judaïsé.

« Elle enseigne et égare mes esclaves [en les entraînant] à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles ». Le résultat final et le but de l’erreur papiste, les enseignements blasphématoires et les pratiques méchantes sont d’amener ses adeptes à « commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles ». La fornication, utilisée comme symbole ici et ailleurs, signifie pour ceux qui invoquent le nom du Seigneur : des rapports interdits avec le monde. Ce qui a commencé par Constantin dans la période de Pergame s’est achevé dans la papauté. Le fait de prendre sur elle de combiner universellement le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel a été le chef-d’œuvre de la papauté. L’union profane de l’église avec le monde a été perfectionnée comme système dans le catholicisme : c’est là la fornication spirituelle que le Seigneur a en horreur. Manger des choses sacrifiées aux idoles est l’association avec l’idolâtrie païenne et la communion avec les démons, car « les choses que les nations sacrifient, elles les sacrifient à des démons et non pas à Dieu » (1 Cor. 10:20).

« Mes esclaves », ou serviteurs, étaient ceux qui étaient pieux et gémissaient et souffraient du culte forcé des images et de l’idolâtrie de ce système de Jézabel. Ils craignaient Dieu et avaient conscience de la Parole de Dieu et avaient de l’amour pour le Sauveur ; ils ne quittaient pourtant jamais le catholicisme et leurs consciences étaient hébétées à cause de l’acceptation du clergé et en face des actes de Jézabel. Le Seigneur considérait leur piété et ressentait vivement qu’ils soient égarés par ce système de mal.


5.8 - Pas de repentance

Dans les messages aux trois premières assemblées, l’appel à la repentance est adressé à toute l’église, car il y avait encore l’espoir qu’elles se repentent et reviennent à la Parole de Dieu et abandonnent le mal. Mais ici à Thyatire, le Seigneur doit dire : « Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ; et elle ne veut pas se repentir de sa fornication. Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres » (2:21-22). L’occasion avait été fournie à Jézabel, le système de Rome, de se repentir de ses mauvaises œuvres, mais elle s’était endurcie dans ses voies pécheresses et ne voulait pas se repentir.

Dieu suscita de nombreux témoins pour Lui au cours de cette période de Thyatire de l’histoire de l’Église ; ils parlèrent comme des hommes de Dieu et crièrent contre les diverses formes de mal. Au 14ème siècle, John Wycliffe parla hardiment en Angleterre contre les iniquités de l’église de Rome, et maintint la suprématie absolue des Saintes Écritures qu’il réussit à traduire en anglais, donnant à l’Angleterre sa première Bible complète. Jérôme Savonarole prêcha fidèlement en Italie au 15ème siècle contre les maux de l’église, mais il fut pendu et brûlé par ordre du pape. Il y eut John Knox en Écosse, Martin Luther en Allemagne, Zwingli et Calvin en Suisse, et beaucoup d’autres qui furent de puissants réformateurs que Dieu suscita pour appeler Rome à la repentance ; mais au lieu de tenir compte des appels et de se repentir, elle persécuta les serviteurs de Dieu et en mis beaucoup à mort.

La Rome papale a continué d’être impénitente jusqu’à aujourd’hui, et le fera jusqu’à son jugement final selon Apoc. 17 et 18. Là, nous voyons que son caractère est plus sombre et ses actes plus noirs que par le passé. Le papisme est totalement corrompu, et son caractère arrêté et impénitent jusqu’à la fin. Son jugement est donc également arrêté.

Notons au passage que c’est un principe général de Dieu de toujours donner l’occasion de se repentir avant que le jugement ne soit exécuté. « Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ». Il a toujours agi ainsi depuis le début du temps, et Son église et Son peuple doivent agir ainsi. Même lorsqu’Il parle du jugement qu’Il exécutera contre Jézabel, le Seigneur ajoute : « à moins qu’ils ne se repentent ». Tels sont Sa longanimité et Son désir que Son peuple professant soit guéri du mal.


5.9 - La menace de jugement

« Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres » (2:22). C’est un jugement des plus sévères sur Jézabel et ceux qui ont commis adultère avec elle. Il y aurait une association forcée avec ceux qu’elle a séduits dans le mal, et une grande tribulation et une détresse sans espoir pour ceux qui ont trempé dans ce système de mal. Tous ceux qui dans le monde public chrétien du jour se mêlent et s’associent à la corruption du christianisme représentée par Jézabel à Thyatire, seront jetés dans de grandes tribulations et de la détresse, à moins qu’ils ne se repentent. Outre la tribulation générale, il peut y avoir une référence ici à l’époque de grande tribulation qui arrivera sur la chrétienté apostate après la venue du Seigneur pour Son épouse, l’Assemblée (Matt. 24:21-31).

« Et je ferai mourir de mort ses enfants » (2:23a). Il n’y a pas seulement ceux qui ont eu à faire avec ce système de Jézabel et qui ont été associés avec elle dans le mal, mais il y a ses enfants, ceux qu’elle a engendrés et formés par son enseignement mauvais, et qui sont l’expression et les promoteurs de ses vues. Il y a un jugement complet pour ceux qui sont devenus les fidèles de Rome et qui perpétuent ce système de mal. Il y a la mort spirituelle ainsi que la mort physique, et aussi la seconde mort de la séparation éternelle d’avec Dieu (Ézéchiel 18:4 ; Apoc. 20:12-15).

Ce jugement peut être double, le jugement présent selon le gouvernement divin dans le temps, et le jugement futur quand chacun recevra selon ses œuvres. Le Seigneur ajoute : « et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs ; et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres » (2:23b). Par une visitation divine en jugements dans le temps, toutes les églises sauraient qu’elles ont à faire avec un Dieu saint et juste qui sonde les cœurs et n’est pas indifférent au mal. Il traite avec chacun individuellement en jugement discriminant, selon les œuvres de chacun. Bien que Dieu se mette en mouvement lentement avec la plus grande patience, le jugement est inéluctable.


5.10 - 5) L’encouragement pour le résidu

« Mais à vous je dis, aux autres qui sont à Thyatire, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils disent : je ne vous impose pas d’autre charge ; mais seulement, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne » (2:24-25). Ici, le Seigneur s’adresse avec tendresse et plein de grâce au résidu fidèle existant dans cette période de Thyatire, et qui peut avoir ses représentants ou une contrepartie même aujourd’hui. Ils n’avaient pas cette mauvaise doctrine de Jézabel et n’avaient aucune part à l’iniquité dont le Seigneur accusait Thyatire. Nous avons déjà remarqué leur piété et autres caractéristiques louables, dans la première partie du message du Seigneur. Ils furent pourchassés et persécutés par le système papal ; et il semble qu’on les accusait d’avoir des liens avec les profondeurs de Satan. C’est ce qu’impliquent les paroles du Seigneur : « Les profondeurs de Satan, comme ils disent ».

Mais le Seigneur a tout vu et tout connu, et il justifie ces fidèles. Il savait que c’était un grand effort pour eux simplement de tenir ferme ce qu’ils possédaient dans le Seigneur ; alors Il leur dit plein d’égards et tendrement : « Je ne vous impose pas d’autre charge ; mais seulement, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne ». Le Sauveur encourage ce résidu pieux à tenir ferme, à persévérer au milieu de la corruption, des séductions subtiles et des persécutions jusqu’à ce qu’Il vienne.

Pour la première fois dans ces messages aux sept assemblées, nous avons ici le résidu spécialement distingué du corps en général et comme n’ayant plus de rapport avec l’église dans son ensemble. Jusqu’à présent, il y avait la possibilité de restauration de l’Église de sa condition déchue, mais maintenant, la corruption de « église-état » est tellement devenue sans espoir que le Seigneur s’adresse directement au résidu fidèle, et les dirige vers Sa venue comme encouragement et espérance. L’ensemble de l’église est dans une condition déchue telle que tout espoir de rétablissement est maintenant abandonné.

Pour la première fois aussi dans ces lettres, il est parlé de la venue du Seigneur. Ils ne devaient pas s’attendre à ce que le système de Jézabel se redresse ; ils devaient attendre Sa venue comme la seule délivrance du mal. Cela a été, et est, la consolation et l’espérance des saints au milieu de la ruine de tout ici-bas. Le fait que la venue du Seigneur soit introduite est aussi une indication que la condition « Thyatire » des choses se poursuivra jusqu’à Sa venue pour les vrais croyants. Nous avons donc en Thyatire un état de choses qui perdure jusqu’à la fin. Mais il y a aussi là un résidu pieux que le Seigneur reconnaît et pour lequel Il viendra.


5.11 - 6) Les promesses au vainqueur

« Et celui qui vaincra, et celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père ; et je lui donnerai l’étoile du matin » (2:26-28). Avec de si précieuses promesses, le Seigneur encourage les vainqueurs dans le mauvais jour de la domination corrompue de Jézabel. Ils devaient tenir ferme et garder Ses œuvres jusqu’à la fin et ainsi surmonter, par la puissance de l’Esprit, le mal autour d’eux et les séductions et les persécutions de la Rome papale et des nations alentour.

Avec Christ, ils auraient autorité sur les nations qui maintenant les persécutaient à l’instigation de la fausse église. Le temps viendra où Christ régnera sur les nations et exécutera le jugement sur elles et redressera tout. Quand Il le fera, l’Église des vrais croyants et les vainqueurs Lui seront associés pour le faire. Le vainqueur partagera la gloire de la domination royale du Messie, et recevra de Lui l’autorité de dominer comme Il a reçu l’autorité de Son Père (voir Psaume 2:8-9 auquel il est fait référence ici).

Le caractère vaste, grand et public de la promesse d’autorité sur les nations dépasse tout ce que nous avons déjà eu dans les précédentes promesses aux vainqueurs de ces messages. Cette promesse de l’autorité sur les nations, c’est justement ce qui était le but de l’église corrompue dans la période de Thyatire, et qui a toujours été le but de l’ambition du pape. Elle a littéralement et métaphoriquement mis son pied sur le cou des rois, et dans le jour à venir du gouvernement satanique, Babylone la Grande sera assise sur la bête, la tête de l’empire romain ressuscité. Ce que l’église corrompue cherche par son propre pouvoir, Christ le promet au vainqueur qui marche dans la séparation du mal et prend maintenant la position d’opprobre. Quel précieux encouragement à tout vainqueur de toute période de l’histoire de l’Église.

« Et je lui donnerai l’étoile du matin ». Ceci parle d’une bénédiction plus intime et plus céleste, car c’est Christ Lui-même dans Sa beauté céleste comme la portion et l’espérance de l’église tandis qu’elle attend Son retour. Il dit : « Moi, je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin » (Apoc. 22:16b). L’étoile du matin brille dans les dernières heures de la nuit et est le signe avant-coureur de la venue du jour. Elle apparaît avant le lever du soleil. La venue du Christ pour Son église précèdera ainsi Sa venue sur la terre comme « soleil de justice » avec la guérison dans ses ailes (Malachie 4:2), Sa venue pour dominer sur les nations. Ils ne comprenaient sans doute pas tout cela dans la période de Thyatire (cette vérité fut pleinement révélée dans la période de Philadelphie), mais la personne bénie de Christ comme l’étoile du matin était la portion donnée au vainqueur pour qu’il en jouisse. Le veilleur qui est éveillé quand tous sont endormis, c’est lui qui voit l’étoile du matin. Puissions-nous être aujourd’hui de tels vainqueurs qui aiment Christ comme l’étoile du matin dans nos cœurs, et attendent Sa venue pour nous prendre auprès de Lui dans la maison du Père en haut.


5.12 - 7) L’appel à écouter

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (2:29). Comme dans chacune de ces lettres aux assemblées, il y a l’appel à l’oreille qui entend pour écouter la voix de l’Esprit. Mais il y a ici un changement de l’ordre des choses des trois églises précédentes. Là, l’appel à écouter précédait la promesse au vainqueur, mais maintenant à Thyatire, l’appel suit la promesse au vainqueur. L’exhortation à écouter l’appel de l’Esprit n’est plus adressée à toute l’église comme précédemment, mais elle suit la parole d’encouragement au résidu et les promesses au vainqueur. L’appel est donc adressé aux vainqueurs, car eux seuls pouvaient avoir une oreille attentive pour vraiment recevoir et examiner ce que l’Esprit avait à dire aux assemblées. Le corps professant de l’église est considéré comme incapable de se repentir ; du temps lui a été donné pour se repentir et elle ne l’a pas voulu. C’est pourquoi le résidu vainqueur mis à part est appelé à écouter ce que l’Esprit a à dire dans ce message à Thyatire et aux autres églises aussi. Comme toujours, c’est un appel à l’individu d’avoir une oreille ouverte aux paroles de l’Esprit. Puissent nos oreilles être ainsi ouvertes dans ce mauvais jour actuel de tiédeur laodicéenne indifférente pour Christ.


6 - Le Message à Sardes — Apoc. 3:1-6

6.1 - Introduction

Dans le message à Thyatire, nous avons trouvé qu’un grand mal s’était introduit dans l’Église professante au cours de cette période de son histoire. Des éléments du judaïsme et du paganisme furent adaptés et un système établi d’enseignements mauvais se développa sous la forme de la méchante prophétesse Jézabel qui conduisait les serviteurs de Dieu dans la fornication spirituelle et l’idolâtrie. Nous avons vu que ceci a sa pleine contrepartie et son épanouissement dans le système catholique romain qui continue aujourd’hui sans changement ni repentance quant au mal qui le caractérise.

Dans l’église à Sardes, il est présenté prophétiquement une cinquième période de l’église professante ou chrétienté. Dans cette assemblée et dans la période de temps qu’elle représente prophétiquement, nous ne trouvons aucun des grands maux dont le Seigneur parlait à Thyatire. Il est évident, d’après le message à Sardes, que quelque chose de nouveau avait commencé. Le Seigneur dit : « Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi » (3:3a).


6.2 - La Réformation

Entre les périodes de l’histoire de la chrétienté caractérisées par les conditions de Thyatire et de Sardes, il y a eu l’œuvre puissante de l’Esprit de Dieu connue sous le nom de Réformation. Celle-ci s’est développée sur une période de plusieurs centaines d’années et a atteint sa plénitude et son apogée dans la première partie du 16ème siècle. C’est à cette époque que le mouvement protestant a commencé. Il est important de noter que l’église à Sardes ne représente pas prophétiquement la Réformation elle-même, mais plutôt l’état et la condition dans lesquels le protestantisme est tombé ensuite, quand la puissance et l’impulsion de ce puissant mouvement de l’Esprit de Dieu se sont estompées.

Avant d’examiner le message du Seigneur à Sardes, il sera utile de considérer un peu quelques-uns des caractères de l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans la Réformation et les instruments dont Il s’est servi. Dans notre étude précédente, nous avons parlé de John Wycliffe, né en Angleterre vers 1320, qui fut le premier à traduire la Bible en anglais. Il a été appelé « L’étoile du matin de la Réformation ». Jean Huss, né vers 1373 et Jérôme de Prague (1363-1416), tous deux de Bohême, continuèrent à porter le flambeau de la vérité de Wycliffe. Puis il y eut les frères moraves qui furent distingués par leur zèle missionnaire et leurs œuvres. Ils publièrent vers 1470 une traduction de la Bible dans la langue de Bohême.

L’une des plus grandes et plus précieuses réalisations de l’époque de la Réformation fut la traduction des Écritures dans les langues de l’époque, et la multiplication et la diffusion de la Bible dans les mains des populations. Pendant la période de Thyatire, la Bible était pratiquement un livre perdu. Elle était seulement traduite en latin, que très peu de gens connaissaient, et seulement quelques exemplaires existaient du fait que tout devait être copié à la main, car l’art de l’imprimerie n’avait pas encore été inventé. Cette période est connue en histoire comme l’Age des Ténèbres. Le mal prospérait alors parce que la Bible était un livre caché et sa lumière n’était pas répandue. Le psalmiste dit : « L’entrée de tes paroles illumine, donnant de l’intelligence aux simples » (Psaume 119:130). Lorsque la parole de Dieu brille, elle donne la lumière qui dissipe les ténèbres et le mal. Quand elle est cachée, le mal fleurit.

Dieu allait faire retrouver Sa vérité, et donner la lumière de Sa Parole au peuple. Pour cela, les Écritures devaient être traduites à partir des langues hébraïques et grecques d’origine, et aussi à partir du latin, dans la langue vulgaire des gens du commun, et il fallait des moyens permettant la multiplication rapide de la Bible traduite. Des hommes de Dieu furent suscités, qui purent traduire les Écritures, et Dieu fit aussi en sorte que l’art de la fabrication du papier soit développé aux 13ème et 14ème siècles et que l’art de l’imprimerie fut inventé au 15ème siècle. Le premier livre imprimé fut la Sainte Bible, par Gutenberg en allemand autour de 1456. Dès lors la Parole de Dieu se multiplia rapidement et fut placée dans les mains du peuple.

L’une des figures les plus marquantes de la Réformation fut Martin Luther que Dieu utilisa puissamment pour rappeler aux âmes la suffisance de l’Écriture Sainte et pour retrouver la grande vérité de l’évangile de la justification par la foi seule. Né en Allemagne en 1483, il vit une Bible pour la première fois dans une bibliothèque à Erfurt en 1505. Après des années de profonds exercices d’âme, il fut introduit dans une véritable paix avec Dieu par les paroles de Romains 1:17 : « Le juste vivra de foi ». Dès lors, il devint le grand héraut de la justification par la foi comme la doctrine particulière de l’évangile, et il dévoila les faussetés de la papauté, et mit fin au règne de Rome. En 1517, Luther afficha ses thèses sur la porte de l’église de Wittenberg. En 95 propositions, il défiait toute l’église catholique quant à la vente des indulgences. En 1520, il brûla publiquement la bulle pontificale qui l’excommuniait de l’Église, et rejeta donc le joug de Rome et devint ouvertement un antagoniste sans compromis de ce système de mal. Ce fut une étape audacieuse et courageuse, et la nation allemande se rallia autour du fidèle serviteur de Dieu et la puissance de Rome fut brisée pour la première fois depuis mille ans.

Après la position courageuse et ferme de Luther devant l’auguste assemblée de plus de 5000 personnes comprenant les grands de l’époque à la Diète de Worms en avril 1521, il fut emmené par des amis au château de Wartburg, où il fut secrètement gardé en sécurité pendant près d’une année. Il y commença la plus grande et la plus utile de toutes ses œuvres, la traduction de la Bible en langue allemande. Il publia le Nouveau Testament en septembre 1522 et une deuxième édition parut en décembre 1522. Elle se répandit d’un bout à l’autre de l’Allemagne et dans de nombreux autres pays, et fut lue par presque tout le monde dans toute l’Allemagne. Elle devint le livre du peuple, un livre national, le Livre de Dieu. La Réformation était maintenant placée sur le fondement solide de la parole de Dieu. Vers 1533, 58 éditions du Nouveau Testament avaient déjà été imprimées. En 1530, l’ensemble de l’Ancien Testament fut traduit par Luther avec l’aide de Melanchthon et d’autres amis, et publié. Désormais la parole de Dieu complète était dans les mains du peuple dans sa propre langue, et Dieu Lui-même pouvait ainsi parler aux cœurs et aux consciences des hommes.

Nous devrions également préciser que précédemment la Bible avait été traduite en plusieurs langues par des réformateurs isolés dans différents pays. Une version italienne apparut en 1474, une version en Bohême vers 1470, en Néerlandais en 1477, en Français en 1477, en espagnol en 1478. Ainsi, l’Esprit de Dieu opérait et annonçait la Réformation qui approchait. Maintenant, grâce à l’œuvre que Dieu fit par Luther et au réveil dans l’empire allemand, le renouveau de l’évangile et l’œuvre de la Réformation se répandirent et affectèrent profondément l’état général de l’Europe. La Suède, le Danemark, la Hollande, la Suisse, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la France et les Îles Britanniques furent touchés par ce mouvement de l’Esprit de Dieu et « c’est avec puissance que la parole de Dieu croissait et montrait sa force », comme dans les jours de Paul à Éphèse (Actes 19:20).

Cependant, le parti de la papauté de Rome persévéra dans l’opposition haineuse aux réformateurs, et se détermina à exterminer les luthériens par le feu et l’épée. La première Diète de Spire fut convoquée en juin 1526 et une seconde Diète fut convoquée au même endroit au printemps de 1529. Le but avoué du parti romain à la deuxième Diète était l’arrêt immédiat des hérésies de la Réformation par l’épée. Les princes allemands s’unirent et protestèrent, puis présentèrent par écrit un noble manifeste de remontrances et de protestation. C’est pour cela que les réformateurs furent appelés « les protestants ». Ainsi apparut le terme encore utilisé pour désigner toutes les églises et les groupes qui protestent en principe contre les doctrines, rites et cérémonies de l’église de Rome.

Les principes de la protestation des réformateurs à Spire et de celle de la Confession d’Augsbourg en 1530 furent incorporés dans la constitution nationale de l’Allemagne, et les princes allemands s’engagèrent à défendre ces convictions par la force armée du pouvoir gouvernemental. Le protestantisme prit alors une forme politique, et la gloire morale de la Réformation déclina. Des églises nationales se formèrent dans divers pays avec des credo évangéliques comme faisant partie de la politique du gouvernement, et le pouvoir politique était là pour les soutenir.

Lorsque l’élément politique entra et domina bientôt, lorsque l’action offensive extérieure et la protection des églises réformées tombèrent dans les mains des princes gouvernants, « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Éph. 6:17) fut échangée contre l’épée charnelle et le bras de la chair, et il n’y eut plus d’avancement spirituel après cela. La lueur et la ferveur de la vérité de Dieu, et la première vague de bénédiction disparurent vite ; et un formalisme froid et sans vie, une profession creuse s’installèrent dans le protestantisme. On ne dépendait plus du Seigneur, l’Esprit de Dieu était attristé et il n’y avait plus la puissance de l’Esprit de Dieu manifeste comme dans les jours précédents.

Ainsi, les paroles du Seigneur à Sardes : « Je connais tes œuvres, — que tu as le nom de vivre, et tu es mort » (3:1), décrivent justement l’état du protestantisme quand la puissance, la beauté florissante et l’impulsion de la Réformation se furent éteintes, et qu’un formalisme mort et une profession vide, dépourvus de vie spirituelle, s’installèrent. Voilà l’état et la condition de la chrétienté dans la période que Sardes présente prophétiquement.

Avec cette brève esquisse de la Réformation comme arrière-plan, nous serons mieux capables de comprendre le message du Seigneur à Sardes, et d’entrer plus à fond dans la signification des détails qui vont nous occuper dans la suite.

On pense que le mot « Sardes » provient d’un mot hébreu « saird » qui signifie « un résidu ». Un résidu a été tiré du système terrible du mal qui s’est développé au cours de la période de Thyatire, hors du système catholique de Jézabel. Mais, comme nous l’avons vu dans notre étude précédente, beaucoup se joignirent à ce vrai résidu du protestantisme pour des raisons politiques et autres, et désormais ce protestantisme était principalement une profession sans vie que le Seigneur caractérisait comme ayant « le nom de vivre, et tu es mort ».


6.3 - 1) Comment le Seigneur se présente

« Et à l’ange de l’église de Sardes : Voici ce que dit Celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles : Je connais tes œuvres, que tu as le nom de vivre, et tu es mort » (3:1). Le Seigneur se présente à Sardes comme Celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles. L’Esprit de Dieu parle de puissance, car le Seigneur a dit aux disciples : « Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins » (Actes 1:8). Les sept Esprits de Dieu indiqueraient une plénitude de puissance ; le Seigneur rappelle ainsi à l’église de Sardes qu’Il a la plénitude de la puissance et cette plénitude est disponible pour eux dans l’Esprit de Dieu. En Apocalypse 5, le Seigneur est vu comme l’Agneau « ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre » (5:6).

L’Église est composée de croyants « édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22), et elle est la sphère des opérations et de la puissance de l’Esprit. Mais l’assemblée à Sardes ne montrait aucun signe de l’activité de l’Esprit. Elle était froide, formelle et morte. L’Esprit de Dieu avait été attristé, négligé et mis de côté. Le mouvement protestant de la période de Sardes s’est reposé sur le bras de la chair comme puissance pour combattre les maux et la puissance de Rome, au lieu de compter sur la puissance de l’Esprit de Dieu. Au début, les réformateurs furent revêtus de puissance par l’Esprit de Dieu, mais à mesure que la Réformation continuait, ils firent la grande erreur de s’appuyer sur le bras des gouvernements séculiers pour avoir protection et secours. L’Esprit de Dieu avait suscité un témoignage contre le mal dans l’Église professante, mais on ne comptait pas sur Lui ni ne dépendait de Lui pour maintenir ce témoignage. Les rois et les princes des gouvernements étaient fatigués du joug pesant de Rome et étaient heureux de s’en débarrasser ; ils se joignaient donc au mouvement protestant par animosité naturelle contre ce système de mal. Ainsi, des hommes qui n’étaient pas nés de l’Esprit de Dieu ni conduits par l’Esprit, devinrent des éléments essentiels du mouvement protestant de cette période de Sardes, et celui-ci devint vite une profession sans vie dépourvue de puissance spirituelle.

À cause de tout cela, le Seigneur se présente à Sardes comme Celui qui a les sept esprits de Dieu, la plénitude de la puissance. S’ils avaient besoin de force et de puissance dans le grand conflit contre le mal, celles-ci étaient disponibles pour eux dans l’Esprit de Dieu. La même chose est vraie pour l’église de Dieu aujourd’hui, et pour le croyant individuellement. Nous pouvons « être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur » (Éph. 3:16). L’église professante d’aujourd’hui est caractérisée par la même négligence de l’Esprit de Dieu et elle s’appuie sur le bras de la chair comme le protestantisme du début ; les paroles du Seigneur à l’église de Sardes sont donc également d’application pratique au temps actuel.

Le Seigneur dit aussi qu’Il a les sept étoiles. Nous avons remarqué précédemment qu’Apoc. 1:20 dit : « Les sept étoiles sont [les] anges des sept assemblées ». Ils sont les messagers, et ceux qui portent la responsabilité dans l’assemblée et ils sont mis là pour donner la lumière céleste. Il voudrait nous rappeler que c’est Lui qui donne des dons à Son Assemblée, et que tous ceux qui voudraient être des instruments de lumière pour Lui, doivent tout rattacher à Lui, et reconnaître Son autorité, et compter sur Lui pour tous les besoins. Il a les sept étoiles. Tout vrai ministère doit venir de Lui par l’Esprit de Dieu. Avons-nous besoin de docteurs pour enseigner la parole de Dieu ? Avons-nous besoin de bergers pour paître et prendre soin du troupeau de Dieu ? Avons-nous besoin d’évangélistes pour prêcher l’évangile ? Des surveillants sont-ils nécessaires dans les assemblées locales ? Oui, tous ces dons et services sont nécessaires dans l’Assemblée et doivent être obtenus de la part de Christ, le chef vivant de l’Assemblée. Il peut en susciter de tels, et Il le fait, et il nous faut regarder à Lui pour en avoir, au lieu d’établir un système de ministères comme le protestantisme l’a fait. Le Seigneur voudrait que l’assemblée à Sardes, et nous aujourd’hui, nous nous rendions compte que, malgré les manquements et le manque de puissance dans l’Église, il n’y a avec Lui ni manquement, ni manque de puissance ou de ministère. Toute la plénitude habite en Lui pour Son Église, mais on doit compter sur Lui et dépendre de Lui par la foi pour recevoir de Sa plénitude.

Le lecteur se souviendra que, dans l’introduction à ces études, nous avons souligné le contraste dans la façon du Seigneur de se présenter auprès d’Éphèse d’une part et auprès de Sardes. Dans la lettre à Éphèse, le Seigneur se présente comme Celui qui tient les sept étoiles dans Sa main droite ; mais ici à Sardes Il ne dit pas qu’Il a les sept étoiles dans Sa main. La raison de cette différence est qu’au temps d’Éphèse, la période suivant les apôtres, le Seigneur était reconnu comme le chef de l’Église, et on comptait sur Lui comme tel. Mais ce n’était plus vrai ni dans l’Église de la période de Sardes, ni dans l’Église professante d’aujourd’hui. Christ n’est pas reconnu comme le chef vivant et le seul chef de l’Église. Cette place est donnée aux hommes, et on regarde à eux au lieu de regarder au Seigneur de gloire qui est vivant. On ne voit pas et on ne reconnaît pas les étoiles comme étant dans la main droite du Seigneur. Le véritable manquement du protestantisme a été, et est, de ne pas donner au Seigneur Jésus Christ, la place suprême d’autorité et de chef et de Celui dont on dépend comme tel.


6.4 - 2) La réprimande du Seigneur

« Je connais tes œuvres, — que tu as le nom de vivre, et tu es mort » (3:1b). C’est l’estimation par le Seigneur des œuvres et de l’état de Sardes, de l’église professante de la période de Sardes, oui, du protestantisme. Celui qui a les yeux comme une flamme de feu qui peut voir à travers tout, et Celui qui seul peut pleinement percevoir et donner une estimation juste de toute action et toute œuvre, voilà Celui qui a cela à dire sur les œuvres de Sardes.

Ce n’est sûrement pas une approbation que le Seigneur donne ici, alors que nous avons vu qu’Il commençait toujours par en donner dans Ses messages aux quatre assemblées précédentes en relation avec les mots : « Je connais tes œuvres ». Il semblerait qu’il n’y ait pratiquement rien à louer dans le message du Seigneur à Sardes. Le seul mot d’approbation qu’Il a pu donner était la reconnaissance du petit résidu au verset 4 : « Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en [vêtements] blancs, car ils en sont dignes ». Ces quelques-uns, le Seigneur pouvait les louer pour leur marche séparée, mais l’état général de Sardes Lui déplaisait et Il ne pouvait prononcer que des paroles de réprimande, d’exhortation et d’avertissement à cette église dans son ensemble.

« Tu as le nom de vivre ». Il y avait beaucoup d’orthodoxie et d’exactitude de doctrine dans les credo des protestants. Beaucoup de vérités étaient exprimées et reconnues comme des faits, et se trouvent encore chez certains protestants aujourd’hui, mais il n’y avait pas de vie spirituelle. C’était, et c’est aujourd’hui, une froide et formelle orthodoxie sans vie, sans la puissance de l’Esprit de Dieu. Il y a l’apparence de la vie, mais Celui qui perce la couverture extérieure du formalisme dit : « Tu es mort ». Le nom et la profession extérieure trompent sur l’état réel. Il y avait le nom de vivre, mais c’était seulement un nom, une profession sans vie spirituelle. Le protestantisme qui commença à la Réformation et qui était au commencement dans la puissance de l’Esprit, était maintenant dans le sommeil de la mort. Il s’était établi dans des associations mondaines et avait une réputation de vie, mais sans vitalité spirituelle.

Tel était le protestantisme après que la fraîcheur et l’impulsion de la Réformation ont disparu, et tel est le protestantisme aujourd’hui, mais encore pire. Les mouvements évangéliques actuels sont en dehors des organismes reconnus du protestantisme et ne sont pas correctement représentés par Sardes. Ce qui a caractérisé le mouvement protestant dans la période de Sardes fut la formation des églises nationales, soutenues par l’état, qui recrutaient pratiquement n’importe qui, indépendamment de la vie ou de la régénération spirituelle par l’Esprit de Dieu. Cela contribua à amener cette profession sans vie, cette orthodoxie morte que nous avons encore aujourd’hui.


6.5 - 3) L’appel à la vigilance

« Sois vigilant, et affermis ce qui reste, qui s’en va mourir, car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu » (3:2). L’assemblée à Sardes n’avait pas été vigilante, autrement la condition de profession sans vie qui prévalait ne se serait pas développée. Le résultat de ce manque de vigilance était que les choses qui restaient se fanaient et étaient prêtes à mourir. Il y avait eu une activité de vie spirituelle, mais maintenant seules des formes de vie restaient et celles-ci étaient languissantes et avaient besoin d’être fortifiées. Le Seigneur appelle alors cette assemblée et l’église de la période de Sardes à la vigilance et à l’activité par l’Esprit, aussi à la repentance, comme nous le verrons plus tard.

L’appel à la vigilance et à affermir ce qui reste est une parole pratique pour l’assemblée en tout temps. En Marc 13:33-37, le Seigneur qui parlait à Ses disciples, les exhorta à quatre reprises à veiller. « Prenez garde, veillez et priez… Il commanda au portier de veiller…Veillez donc… Et ce que je vous dis, à vous, je le dis à tous : Veillez ». L’apôtre Paul avertit les anciens de l’assemblée à Éphèse sur les hommes qui se lèveraient, enseignant des choses perverses, pour entraîner les disciples après eux, et ensuite les exhorta : « Veillez, vous souvenant que, durant trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun [de vous] avec larmes » (Actes 20:30-31). L’ennemi de nos âmes est toujours occupé à corrompre et à détruire, et il a beaucoup de façons subtiles d’opérer. C’est pendant que les hommes dormaient que l’ennemi vint et sema l’ivraie parmi le blé comme notre Seigneur le prédit (Matt. 13:25). Puissions-nous tenir compte de Son appel à la vigilance, individuellement et collectivement, et chercher à fortifier les témoignages languissants qui restent à Son nom. Ne cherchons pas à abattre et à juste critiquer, mais œuvrons pour édifier et fortifier ce qui est de Dieu. « Ainsi donc ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres » (1 Thes. 5:6).

« Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu » (3:2b). C’est l’estimation du Seigneur des œuvres de la période de Sardes. Bien qu’il y ait eu un travail de Dieu pendant le temps de la Réformation, l’enseignement des réformateurs a été fort incomplet. Il y avait un grand manque de plénitude biblique sur les grandes doctrines de la révélation divine. Il y avait la grossière erreur fondamentale sur ce qu’ils appelaient « les sacrements » — conservant la régénération baptismale et l’erreur de consubstantiation quant à la Cène du Seigneur. Il n’y a pas trace de la vraie doctrine de l’Assemblée (l’Église) de Dieu dans l’histoire de la Réformation. Les vérités élevées des épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, où sont énoncées les caractéristiques de l’assemblée et de la dispensation actuelle de la grâce, étaient inconnues de la masse des Réformateurs.

Ensuite, en ce qui concerne la pratique chrétienne, les croyants étaient placés sous la loi comme règle de vie ; et c’est encore le cas aujourd’hui dans le protestantisme, alors que Christ Lui-même est la règle de vie pour le chrétien. La doctrine universelle de tous les organismes protestants est de placer les âmes justifiées par la foi sous la loi comme règle de vie. L’effet en est un ministère de mort, car la loi est appelé « le ministère de mort » en 2 Cor. 3:7. Les âmes sous la loi ne jouissent jamais d’une paix stable et la marche est affaiblie.

Ainsi, les œuvres sont incomplètes. Le croyant a en Christ un sacrifice complet, une conscience parfaite (« les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience »), et il est rendu « parfait à perpétuité » par une seule offrande parfaite (Héb. 10:10-22). Voilà qui est pratiquement inconnu dans le protestantisme, car le pur et plein évangile n’est pas prêché lorsque la grâce et la loi sont mélangées ensemble.


6.6 - Souviens-toi — garde — repens-toi

« Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi (3:3). Le Seigneur reconnaît qu’il y avait eu un travail de la grâce dans la période de la Réformation. Beaucoup de vérité avait été entendue et reçue. Il y avait maintenant la lumière de la Bible ouverte et toute l’Europe avait été bouleversée par la Réformation. Les gens s’entassaient dans des salles et écoutaient quatre à cinq heures de suite des discours basés sur la Bible. Les vérités de la pleine suffisance de l’Écriture, la justification par la foi et la liberté de conscience faisaient partie des vérités entendues et reçues.

Mais maintenant, ces vérités qui avaient été retrouvées et dont on s’était réjoui s’estompaient des mémoires et des consciences. Le protestantisme vivait maintenant sur sa renommée acquise par son conflit gagné sur le système papal de Rome, vivant sur son nom et oubliant les précieuses vérités qui lui avaient été révélées. Le Seigneur appelle donc Sardes à se rappeler comment elle avait reçu et entendu, à garder fermement les vérités révélées par l’Esprit de Dieu, et à se repentir de son déclin et de sa chute de sa précédente condition. C’était le chemin de la guérison et de la restauration que le Seigneur plaçait en grâce devant Sardes. Il voulait les conduire à la repentance en leur rappelant comment ils avaient reçu la parole, en leur faisant souvenir de la sincérité, de la ferveur, du zèle et de l’amour avec lesquels ils avaient reçu la vérité quand la lumière de la Bible ouverte avait brillé sur eux et délivré leurs âmes de l’obscurité du catholicisme.

Un autre point à observer ici est que le Seigneur tient les individus et les assemblées pour responsables selon la lumière qu’ils ont reçue. Sardes sera jugé par la lumière qu’elle a reçue à la Réformation et selon le privilège de la lumière de la Bible ouverte. Quel déclin et quelle apostasie trouve-t-on aujourd’hui dans le protestantisme, où dans de nombreux endroits la Bible n’est plus considéré comme la Parole inspirée et infaillible de Dieu, et la doctrine de la justification par la foi est considérée comme une relique d’un âge passé ! Quel jugement tombera sur eux !

Appliquons à nous-mêmes aujourd’hui individuellement les paroles du Seigneur à Sardes : combien nous sommes pénétrés par l’appel à se souvenir comment nous avons reçu et entendu, et à tenir ferme et à se repentir ! Combien de ministère précieux avons-nous entendu au cours de nos années ! Avons-nous apprécié le prix et la valeur de la vérité de Dieu qu’il nous a été donné de connaître et la tenons-nous ferme ? Ou bien préférons-nous les choses terrestres et temporelles plutôt que la révélation de Christ et de Sa parole ? Beaucoup de choses dans nos vies montrent que nous n’apprécions pas la vérité que nous avons entendue et reçue. Par conséquent, l’appel à se repentir dans le jugement de soi est la parole que le Seigneur nous adresse personnellement.


6.7 - La menace de jugement

« Si donc tu ne veilles pas, je viendrai [sur toi] comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai sur toi » (3:3b). Le Seigneur avait conseillé à l’assemblée de veiller ; maintenant ils sont menacés de jugement s’ils ne le font pas et s’ils ne se ressaisissent pas de leur déchéance. Il viendrait sur eux comme un voleur de façon inattendue. C’est très solennel, car le Seigneur viendra sur le monde « comme un voleur dans la nuit » (1 Thes. 5:2). Sardes est donc avertie que, si elle ne veille pas et ne se repent pas, elle sera traitée comme le monde et jugé par Sa venue sur eux comme un voleur, une venue inattendue et importune.

Quelle triste chose quand l’église professante, oui, le protestantisme avec son grand nom, est réduit, selon l’estimation et le jugement de Dieu, au niveau du monde. L’église dans la période de Sardes était unie aux pouvoirs politiques et donc identifiée avec le monde. Elle aurait donc à partager le jugement du monde quand Il viendra soudainement par surprise comme « un voleur dans la nuit ». L’état actuel du protestantisme ne vaut pas mieux, mais est pire que ce qui a suivi la Réformation, et l’avertissement du Seigneur quant au jugement à venir est d’une solennelle application présente.

Au résidu fidèle à Thyatire, le Seigneur a parlé de Lui-même comme de « l’étoile du matin » et les a exhortés à tenir ferme jusqu’à qu’Il vienne (Apoc. 2:25,28). Combien est belle la façon dont Il se présente à eux en ce qui concerne Sa venue. Pour les vrais croyants qui attendent que leur Seigneur et époux revienne, Il apparaîtra comme « l’étoile brillante du matin » (22:16) et les ravira dans la gloire de la maison de Son Père (Jean 14:2-3). Mais pour le monde et l’église professante qui ne connaissent pas Christ ni n’attendent ni ne désirent Son retour, Il viendra comme un voleur avec une soudaine destruction et en jugement.

Les paroles du Seigneur à Sardes, quant à Sa venue sur eux comme un voleur, montrent qu’ils n’attendaient pas qu’Il revienne. Cela est sûrement vrai du protestantisme actuel en général et du monde. Ils n’attendent ni ne désirent que le Seigneur revienne, et Sa venue sera importune et inattendue comme la venue d’un voleur.

Mais la parole pour le vrai enfant de Dieu est : « Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour (le jour du Seigneur) vous surprenne comme un voleur ; car vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour » (1 Thes. 5:4-5a). Puissions-nous être comme le Seigneur exhortait Ses disciples en Luc 12:35-36 : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître ».


6.8 - Le résidu

« Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en [vêtements] blancs, car ils en sont dignes » (3:4). De même qu’à Thyatire un résidu fidèle était distingué par le Seigneur, à Sardes il y avait des individus fidèles que le Seigneur distingue de la masse professante comme Lui étant agréables. Ils n’avaient pas souillé leurs vêtements en s’associant avec le monde comme le reste de l’église de Sardes l’avait fait, mais ils maintenaient la pureté personnelle par la séparation d’avec les choses mauvaises qui étaient autour d’eux. La sainteté dans la marche et la conduite les caractérisait dans la mesure où ils se gardaient, non seulement de toutes les choses mauvaises du monde extérieur, mais des contaminations à l’intérieur de la sphère de l’église professante de Dieu. Ils étaient donc des séparés, bien que peu nombreux et impopulaires ici-bas, mais personnellement connus du Seigneur et dignes de marcher avec Lui en vêtement blanc. Ils avaient appris ce que Jacques décrit comme « le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, qui est de se conserver pur du monde » (Jacques 1:27).

« Ils marcheront avec moi en [vêtements] blancs, car ils en sont dignes ». Telle est la précieuse promesse du Seigneur à ces fidèles à Sardes, et à tous ceux qui s’appliquent à marcher dans la séparation du mal et à se préserver des souillures du monde qui a Satan comme dieu et prince, que ce soit dans le secteur commercial, politique ou religieux. Cette promesse montre combien Il apprécie une telle fidélité envers Lui-même, et la récompense est celle d’une association et d’une identification des plus proches avec Lui-même. Ils avaient préservé leur intégrité et leur pureté morale ici-bas, et marcheraient avec Lui en robes blanchies dans le sang de l’Agneau. Leur récompense distinctive dans la gloire est donc liée à la séparation et à la pureté morales qu’ils maintenaient ici-bas. Une telle fidélité au Seigneur ne sera pas oubliée, mais distinguée à jamais en haut. Puissent ces précieuses paroles de Christ encourager les croyants aujourd’hui à marcher dans la séparation de tout ce qui déplaît au Seigneur et qui n’est pas de Lui.

Il est à noter que dans le message à Thyatire, le Seigneur s’adressait au résidu fidèle avec les paroles : « autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine », etc., tandis qu’à Sardes Il dit : « Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». Cela semble indiquer qu’il y avait plus de fidèles dans le résidu pieux de la période de Thyatire que dans celui de la période de Sardes ? Devons-nous déduire des mots « autant qu’il y en a » déclarés à Thyatire, et des mots « quelques noms » dits à Sardes, qu’il y avait, et qu’il peut y avoir encore aujourd’hui, moins d’âmes pieuses séparées dans le protestantisme formel que dans le système romain de la période de Thyatire ? Cela semble sous-entendu. En tout cas, il y en avait seulement quelques-uns à Sardes qui étaient agréables au Seigneur. Il est surprenant qu’il n’y avait pas davantage de séparés au milieu du mouvement protestant alors que celui-ci s’était révolté contre les corruptions de Thyatire.


6.9 - La cinquième parabole

Nous avons souligné une similitude dans les paraboles de Matthieu 13 avec ce que nous trouvons dans les sept assemblées. Sardes est la cinquième. Et la cinquième parabole de Matthieu 13 dit : « Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme, après l’avoir trouvé, a caché ; et de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ-là » (13:44). Cette parabole dépeint le Seigneur Jésus Christ abandonnant tout et achetant le monde, le champ, par Son sang afin de pouvoir avoir le trésor caché dedans, Ses saints individuellement ou, comme certains le croient, Israël.

La similitude de cette parabole avec Sardes semble être celle d’un trésor caché dans le champ. Au milieu de la grande masse professante du protestantisme sans vie qui marche avec le monde, il y a ces quelques-uns cachés du résidu qui sont de vrais croyants. Ils sont comme un trésor enfoui dans le champ, connus et appréciés par leur Seigneur.


6.10 - 4) Les promesses au vainqueur

« Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges » (3:5). Une triple récompense est ici promise au vainqueur.

(1) Il sera vêtu de vêtements blancs.

(2) Son nom ne sera pas effacé du livre de vie.

(3) Le Seigneur confessera son nom devant Son Père et devant Ses anges.

Ceux qui se rappelleraient comment ils avaient entendu et reçu et qui garderaient et se seraient repentis et auraient acquis la condition de ceux qui n’avaient pas souillé leurs vêtements, — ceux-là seraient donc manifestés comme vainqueurs et introduits dans la classe du résidu fidèle qui doit marcher avec le Seigneur en vêtements blancs.

Les vêtements blancs dont le Seigneur promet de vêtir le vainqueur, sont la reconnaissance publique et appropriée par le Seigneur du caractère pur de leur marche ici-bas. En Apoc. 19, l’épouse de l’Agneau est vue revêtue de « fin lin, éclatant et pur », car, selon l’explication qui suit, « le fin lin, ce sont les justices des saints » (19:8). Le Seigneur assure ainsi que tout acte de fidélité du vainqueur, qui aura conduit à la séparation ici-bas de ce qui est profane, aura sa récompense future dans une manifestation éternelle en Sa présence.

La deuxième promesse au vainqueur ici est que son nom ne sera pas effacé du livre de vie. Cela soulève la question de ce qu’est le livre de vie et s’il est possible d’avoir son nom effacé de celui-ci. Une étude attentive montrera une distinction entre le livre de vie mentionné ici et le « livre de vie de l’Agneau » dont Apocalypse 13:8 et 21:27 parlent. Ce sont deux livres ou registres différents.

Le livre de vie semble être un registre général de profession, où un nom peut être inscrit, mais après enquête le droit à une telle inscription peut se révéler faux et le nom devra être effacé. La pensée d’être effacé du livre de Dieu a déjà été exprimée autrefois. Moïse, dans un moment merveilleux d’intercession pour Israël qui avait péché, dit à Dieu : « Si tu pardonnes leur péché… ; sinon, efface-moi, je te prie, de ton livre que tu as écrit ». À cette requête, l’Éternel répondit à Moïse : « Celui qui aura péché contre moi, je l’effacerai de mon livre » (Exode 32:32-33). Au Psaume 69:28, David demande pour les ennemis de l’Éternel : « Qu’ils soient effacés du livre de vie, et qu’ils ne soient pas inscrits avec les justes ». Ensuite, en Apoc. 22:19 l’avertissement est donné que, « si quelqu’un ôte quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu ôtera sa part de l’arbre de vie et de la sainte cité », etc.

Tous ces passages indiquent la possibilité que le Seigneur efface le nom de quelqu’un du livre de vie, qui est un livre général de profession de la vie divine. Dieu inscrit toujours les gens selon leur profession et les tient responsables en conséquence. C’est un livre de vie dont parle le Seigneur, et s’il devient manifeste que les personnes ne sont pas caractérisées par la vie divine, mais sont mortes comme la masse de Sardes, leur nom peut être effacé comme n’ayant plus le droit de rester inscrit sur le registre.

Le livre de vie de l’Agneau contient les noms qui y sont écrits avant la fondation du monde, selon Apoc. 13:8 et 17:8 : « dont le nom n’a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau immolé ». C’est le livre des conseils et des propos de Dieu, qui connaît la fin dès le début et y écrivit, avant que le temps de la responsabilité humaine ait commencé, les noms de tous ceux qui ont été choisis en Christ avant que la fondation du monde ait été établie (Éph. 1:4). Ce sont les vrais croyants nés de nouveau en Christ, qu’Il appelle, justifie, et glorifie (Rom. 8:30), et Il travaille dans leurs cœurs par Son Esprit Saint qui nous a scellés et marqués comme Siens pour toujours. Le livre de vie de l’Agneau est le registre de la réalité et aucun nom n’en est effacé.

Le livre de vie est le registre de ceux qui professent Christ, en vrai ou en faux. Ceux qui ont seulement une fausse profession sans la vie auront leur nom effacé de ce livre. Ceux de Sardes qui sont vainqueurs parce qu’ils ont entendu l’appel à la repentance et chez qui il y a la réalité de la vie en Christ, sont assurés que leurs noms ne seront pas effacés du livre de vie de Dieu. Combien est consolante et rassurante la promesse au vainqueur !

Il y a une autre pensée réconfortante dans cette promesse. Ceux qui cherchent à être fidèles à Christ et à Lui obéir sont obligés de se tenir à part des choses mauvaises et des corruptions religieuses. Ils encourent la colère et l’opposition des conducteurs religieux et ils peuvent avoir leur nom effacé des registres de l’église humaine. Le Seigneur assure un tel vainqueur que, si l’homme peut effacer son nom et l’excommunier comme un méchant, Lui n’effacera pas son nom de Son livre de vie.

La troisième promesse faite au vainqueur à Sardes est : « Je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges ». Non seulement le Seigneur gardera le nom du vainqueur dans Son livre, mais Il promet de confesser son nom devant Son Père et Ses anges. C’est comme un général qui donne les rapports de bataille au quartier général du commandant en chef, et mentionne, pour qu’on ait de la reconnaissance, les noms de ceux qui se sont distingués dans l’accomplissement du devoir. Ces noms sont cités pour une mention d’honneur et une récompense. Qu’il est encourageant pour le soldat, qui, sous le feu de grandes difficultés est resté à son poste de devoir, d’avoir son nom ainsi cité devant ses supérieurs et devant le commandant en chef. Mais une telle marque d’honneur et de distinction terrestres est incomparable par rapport à l’honneur inexprimable et à la faveur de grâce qui seront accordés au vainqueur par le Seigneur quand Il confessera son nom devant Son Père et Ses anges en raison de sa fidélité et de son obéissance et avec reconnaissance. Puissions-nous apprécier ce qui vient ainsi de la part du Seigneur en approbation, en reconnaissance et en promesses de récompense et d’honneur, et puissions-nous être satisfaits d’être peu reconnus ici-bas, mais de nous tenir comme de véritables vainqueurs pour Christ.


6.11 - 5) L’appel à celui qui écoute

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (3:6). Le message du Seigneur à l’assemblée à Sardes se termine par l’appel à la personne qui a des oreilles pour entendre, pour écouter et considérer ce que l’Esprit dit aux assemblées. Cet appel à l’oreille individuelle est une manifestation de l’intense désir du Seigneur au sujet de Ses saints, et de Son désir ardent que Ses paroles d’avertissement, de reproche et d’exhortation puissent trouver une entrée dans leurs cœurs et produire une pleine réponse à Son amour fidèle. Le Seigneur recherche toujours ceux qui ont des oreilles ouvertes pour entendre et examiner ce qu’Il a à dire. Il a autrefois appelé le peuple à Lui, disant : « Écoutez-moi, vous tous, et comprenez. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (Marc 7:14-16). Tous ont des oreilles qui peuvent entendre, mais qui a des oreilles pour écouter et tenir compte de ce que le Seigneur a à dire ? Aujourd’hui encore dans nos jours d’indifférence laodicéenne, le Seigneur appelle ceux qui ont des oreilles et un cœur ouverts. Dans les paroles du Seigneur à Sardes, il y a beaucoup à entendre, à prendre en compte et à prendre à cœur pour les croyants d’aujourd’hui.


6.12 - « Aux assemblées »

Au point où nous sommes arrivés, nous attirons l’attention sur les mots : « ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Cette phrase se trouve dans chacun des messages aux sept assemblées en relation avec l’appel à écouter ce que l’Esprit a à dire. Notez que ce qui est à écouter n’est pas ce que l’Esprit dit à l’assemblée, à l’église particulière à laquelle Il s’adresse, mais « aux assemblées ». Ce que le Seigneur avait à dire à chaque assemblée devait être pris en compte par l’oreille ouverte, dans toutes les assemblées. Ce que l’Esprit disait à chaque assemblée particulière est ainsi désigné comme s’adressant « aux assemblées », et était pour que tous en prenne le souci et aient l’exercice de cœur, non pas juste l’assemblée locale à laquelle c’était dit.

Cela montre qu’il y a une responsabilité locale et collective dans l’assemblée et qu’il n’y a pas dans l’Écriture quelque chose comme l’indépendance des assemblées. L’enseignement de certains, que chaque assemblée est une unité indépendante, responsable seulement devant le Seigneur pour ses propres affaires, et n’ayant aucune responsabilité pour les affaires d’une autre assemblée, est contraire à l’Écriture et n’est pas en harmonie avec l’appel du Seigneur à chacune des sept assemblées d’Asie à écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées. La responsabilité primaire repose, bien sûr, sur chaque assemblée locale, mais la responsabilité pour le maintien de la sainteté de la maison du Seigneur, etc., ne se limite pas à l’assemblée locale. Il y a aussi une responsabilité collective, comme corps, des assemblées comme membres de l’unique corps de Christ.


7 - Le Message à Philadelphie — Apoc. 3:7-13

7.1 - Introduction

Nous en sommes arrivés maintenant à cette merveilleuse assemblée à Philadelphie, à laquelle le Seigneur pouvait adresser de telles paroles d’approbation. Pour l’assemblée à Sardes le Seigneur ne trouvait pratiquement rien à approuver ; pour l’assemblée à Philadelphie, il n’y avait rien à réprimander. Dans le message à Sardes, nous ne trouvons aucune parole d’approbation à l’assemblée comme un tout ; dans le message à Philadelphie, nous ne trouvons ni réprimande ni blâme, mais des mots du plus grand réconfort et d’encouragement parce que, malgré une grande faiblesse, tout était agréable aux yeux et au cœur du Seigneur.

À Sardes, il y avait la froideur de la mort spirituelle, mais à Philadelphie on trouvait la chaleur fervente et l’ardeur du dévouement à Christ. Christ Lui-même est toute l’ardeur et la beauté dans cette assemblée, car Il était tout pour eux. Sardes avait le nom de vivre, et était occupée de sa réputation dans le monde et de sa place parmi les hommes. Philadelphie ne dit rien sur elle-même, mais cherche à garder Sa Parole et à honorer Son Nom. Par conséquent, le Seigneur parle pour elle et loue tout ce qui était si agréable pour Son cœur. Tout ce qui est à louer à Philadelphie se rapporte à Christ.

Le nom Philadelphie signifie « amour fraternel ». Cela nous donne une clé pour les beaux traits et caractéristiques de cette assemblée. L’amour divin était connu et manifesté. Nous en reparlerons plus loin.

Le Seigneur a disposé qu’au moment où il fut donné à l’apôtre Jean d’écrire ces lettres aux sept assemblées en Asie, il y avait effectivement dans la ville de Philadelphie une assemblée dans ce bon état spirituel dont parle Christ avec un plaisir divin. Ce bon état de choses dans l’assemblée à Philadelphie était prophétique d’une période de renouveau dans l’histoire de l’église professante quand le Seigneur retrouva un résidu avec la pleine vérité de l’évangile et de l’Assemblée de Dieu, et qu’il y eut un retour aux caractéristiques spirituelles originelles de l’assemblée. Cela représente un mouvement vaste et bien défini dans l’histoire de l’assemblée qui a été caractérisé par la convenance morale vis-à-vis de Christ plutôt que par la position ecclésiastique. Voilà l’aspect prophétique du message à Philadelphie.

En considérant l’assemblée à Philadelphie du point de vue pratique, observons ce qui est approuvé du Seigneur, et notons les traits qui réjouissent Son cœur et méritent Son approbation. L’assemblée à Philadelphie est un merveilleux exemple de dévouement et de fidélité à Christ pour les chrétiens en tout temps et dans tous les âges. Ses belles caractéristiques, présentées avec une telle approbation heureuse par le Seigneur, doivent toujours interpeler les chrétiens. Cette assemblée représente un état moral qui d’une manière remarquable est selon Christ et mérite Son approbation. Elle ne présente pas une simple position ecclésiastique, qui marquerait une assemblée comme étant philadelphienne, mais elle dépeint pour nous les traits moraux de la piété et de l’obéissance consacrée à Sa parole, etc., qui suscitent la reconnaissance et la louange du Seigneur.

Tout cela devrait exercer chaque croyant individuellement afin que nous puissions mesurer, au moins dans une certaine mesure, ce qui caractérise l’assemblée à Philadelphie. Nous avons besoin de nous tester par rapport à ces beaux traits moraux présentés ici, et nous demander : Sommes-nous de ceux qui gardent la parole de Christ et ne renient pas Son nom, et aussi gardent la parole de Sa patience ? Nous devrions nous efforcer d’être des vainqueurs philadelphiens, même en cette période d’indifférence et d’autosatisfaction laodicéenne.


7.2 - La période philadelphienne

Puisque toutes ces sept assemblées d’Asie ont leur contrepartie dans les époques ou périodes successives de l’histoire de la chrétienté, nous croyons que la période de Philadelphie a eu son accomplissement prophétique dans la période de réveil des 18ème et 19ème siècles. Après le temps du formalisme froid et sans vie qui semblait s’installer sur toute la chrétienté protestante (ce que nous avons vu présenté dans la condition de Sardes), Dieu commença à travailler à nouveau avec une grande puissance. Il y eut de grands réveils dans toute l’Europe du Nord et les Îles Britanniques. Plus tard, la même puissance de Dieu opéra en Amérique. Des hommes de Dieu remplis de l’Esprit allèrent de lieu en lieu appelant les pécheurs à se repentir et les saints à se réveiller de leur léthargie. Trouvant les églises fermées pour eux, des hommes comme les Wesley et George Whitefield prêchèrent en plein air à des auditoires de 10 à 20 000 personnes ; en Angleterre et en Amérique ils conduisirent des milliers à Christ au cours du 18ème siècle, les sortant de l’obscurité morale.

Dans la première partie du 19ème siècle, l’Esprit de Dieu opéra d’une manière particulière et de nombreux croyants furent éveillés à un sentiment plus profond de la valeur et de la toute suffisance de l’Écriture pour les diriger complètement dans toutes les phases de la vie. Comme ils se réunissaient dans de nombreux endroits dans la simplicité pour étudier la parole de Dieu dans la dépendance du Saint Esprit pour les enseigner, ils découvrirent que Christ Lui-même est le centre de rassemblement pour Son peuple (Matt. 18:20 ; Psaume 50:5), et qu’il n’y a qu’un seul corps des vrais croyants en Christ. Ces chercheurs sincères retrouvèrent dans la puissance de l’Esprit Saint, non seulement le pur évangile dans sa plénitude, mais les précieuses vérités du vrai caractère, de l’appel céleste et de l’espérance de l’Assemblée de Dieu, de la place et de l’œuvre du Saint Esprit dans l’Église (Assemblée) comme le vrai vicaire de Christ, et de la venue du Seigneur comme l’Époux pour Son épouse, l’Église, avant Sa manifestation publique comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Le Saint Esprit mit à nouveau en lumière les vérités bénies trouvées dans les épîtres de l’apôtre Paul, qui présentent les traits caractéristiques du christianisme et de l’assemblée du Dieu vivant. Ces vérités avaient été perdues de vue et étaient inconnues de l’église depuis les jours des apôtres, mais elles furent maintenant retrouvées dans ce puissant mouvement de l’Esprit de Dieu et on se mit à agir d’après elles et des multitudes en profitèrent.

Dans l’obéissance à la parole de Dieu, des milliers quittèrent tous les systèmes humains et les dénominations des hommes, et commencèrent à se réunir en toute simplicité autour de la personne de Christ seul, uniquement comme membres de Son corps, et dans la dépendance de l’Esprit de Dieu pour les guider et les enseigner par le moyen de qui Il voudrait. Ce travail de l’Esprit se répandit dans de nombreux pays et dans de nombreuses parties du monde.

Ces croyants n’étaient qu’un faible résidu au milieu de la masse de la chrétienté, mais ils jouissaient de la présence du Seigneur, de Sa puissance et de Sa bénédiction, réalisant et manifestant les caractéristiques de Philadelphie. Nous ne prétendons pas que ce mouvement représente à lui seul Philadelphie, mais que les conditions de Philadelphie étaient réalisées dans les premiers jours de ce réveil où l’on retrouvait les caractéristiques spirituelles de l’église apostolique. En même temps que les caractéristiques ci-dessus, un esprit missionnaire énergique se manifesta pour aller dans le monde avec l’évangile glorieux de Christ et les vérités bénies de Son assemblée et de Son retour.


7.3 - L’amour fraternel comme base

Nous avons déjà dit que Philadelphie signifie « amour fraternel », et cela nous donne une clé pour les caractères spirituels de cette période. Nous croyons que ce qui est impliqué dans les mots « amour fraternel » formait la base de la communion qui trouvait son expression chez les croyants dans la période de Philadelphie et caractérisa tout ce qui suivit. L’amour divin dans tous ses aspects est un amour saint et intolérant du mal. Dieu est amour, donc l’amour fraternel doit participer de la nature de sa source, qui est Dieu Lui-même. Dieu est aussi la lumière, donc l’amour qui vient de Dieu sera caractérisé par l’obéissance et la séparation de l’iniquité. « Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements » (1 Jean 5:2). Ainsi comme ces croyants agissaient selon la parole de Dieu et manifestaient le vrai amour envers Dieu par l’obéissance à Ses commandements, ils se trouvaient unis ensemble dans les liens de l’amour fraternel.

On se souvient des paroles du Seigneur en Matthieu 12:47-50. Quand quelqu’un vint à Lui et qu’on Lui dit : « Voici, ta mère et tes frères se tiennent dehors, cherchant à te parler », Sa réponse fut : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Et étendant sa main vers ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères ; car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». C’est la vraie fraternité en Christ dans laquelle on peut jouir de l’amour fraternel divin. Ceux qui sont les disciples du Seigneur et qui font la volonté du Père sont manifestés comme les frères de Christ et se révèlent être les membres de Son corps, qui est « l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux » (Éph. 1:22 -23 ; Héb. 12:23).

Dans la période de Philadelphie, il y eut un retour à la vraie base de la communion selon l’Écriture. Les croyants découvraient à partir de la Bible que ceux qui sont vraiment sauvés par la foi vivante en Christ, et qui en manifestent la réalité par le fruit de l’Esprit dans leur vie et leur marche (même si c’est dans l’imperfection et la faiblesse), sont des membres du corps de Christ et des frères dans la Seigneur que nous devons reconnaître et aimer. Ils voyaient à partir des Écritures que c’était la base divine et le terrain divin de la communion chrétienne pratique. Ils voyaient qu’appartenir à des dénominations d’hommes était contraire à l’Écriture et une négation pratique de la grande vérité biblique que les chrétiens sont tous membres du seul corps de Christ.

Dans le système de Thyatire, où les maux du paganisme et les formes du judaïsme se combinaient sous un manteau de christianisme, on recevait les gens qui se soumettaient à ses dogmes. Dans les églises d’état et nationales de la condition de Sardes du protestantisme, les individus étaient, et sont, inscrits sur la base de la profession de foi dans les credo nationaux et les catéchismes. Ainsi les sauvés et les non sauvés, les vrais chrétiens et les simples professants, étaient mélangés dans ce qui n’était qu’une profession morte. Telle était la base de l’appartenance et de la communion dans ces systèmes d’hommes. Mais à Philadelphie, nous avons un retour à la base biblique de la communion dans le Seigneur en tant que frères en Christ dans la communion de l’Esprit Saint.


7.4 - 1) Comment Christ se présente

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Philadelphie, écris : Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira » (3:7). Le Seigneur se présente à cette assemblée de Philadelphie d’une manière tout à fait différente de Sa manière de se présenter à toutes les autres assemblées d’Asie. Pour Éphèse, Il vient comme Celui qui tient les sept étoiles dans Sa main droite et marche au milieu des sept lampes d’or ; à Smyrne, Il parle comme « le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie » ; à Pergame, Il apparaît comme « celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants » ; à Thyatire, Il parle comme « le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant » ; et à Sardes, Il se présente comme « Celui qui a les sept Esprits de Dieu, et les sept étoiles ». Dans ces présentations, c’est ce que le Seigneur a qui est mis en avant, mais dans Sa présentation à Philadelphie, c’est ce qu’Il est dans Sa propre personne bénie qui est en-avant et saillant : « le saint, le véritable ». Ce qu’Il est en Lui-même est toujours plus grand et plus précieux que ce qu’Il a.

Ainsi, au tout début de ce tendre message à Philadelphie, nous avons la merveilleuse personne de Christ placée devant nous. Notons que l’ensemble du message est centré sur Christ, et nous soulignerons dix choses en relation avec Lui. Nous avons ici la première, LA PERSONNE DE CHRIST (*), ce qu’Il est intrinsèquement et essentiellement dans Sa Personne glorieuse. Le Seigneur pouvait se présenter de cette manière intime et personnelle à l’assemblée à Philadelphie parce qu’il y avait une appréciation de Lui-même dans l’assemblée et qu’il y avait ce qui convenait moralement à Sa sainteté.


(*) 1) La personne de Christ. 2) La puissance de Christ. 3) La consolation de Christ. 4) La Parole de Christ. 5) Le Nom de Christ. 6) La patience de Christ. 7) La promesse de Christ. 8) La venue de Christ. 9) L’exhortation de Christ. 10) Récompense de Christ


Dans la période de l’histoire de la chrétienté que vise prophétiquement Philadelphie, il y a eu un retour à Christ et à Sa parole, non pas juste à Sa parole, mais à Christ Lui-même comme le centre de tout. Ainsi, nous trouvons qu’il y avait une appréciation et une connaissance de la personne du Seigneur Jésus Christ plus profondes à cette époque que peut-être depuis les jours des apôtres. Il suffit de lire un peu du merveilleux ministère que l’Esprit de Dieu a donné à cette période du 19ème siècle, qui nous a été conservé sous forme imprimée, pour y voir l’esprit d’appréciation profonde, respectueuse et sentie dans le cœur de l’adorable personne de Christ, et la merveilleuse révélation de Lui-même que l’Esprit de Dieu donna à ces croyants de Philadelphie. Nous pouvons mentionner ici deux livres remarquables, écrits pendant cette période, et toujours disponibles aujourd’hui, qui donnent une présentation unique et exquise de la merveilleuse personne de Christ, et qui sont un exemple frappant de la façon dont Christ Lui-même s’est révélé à ces croyants séparés. Ce sont « La gloire morale de notre Seigneur Jésus Christ » et « Le Fils de Dieu » par J G Bellett.

La vérité la plus élevée et la plus importante dans l’Écriture est celle de la personne de Jésus Christ. C’est le fondement de toute la vérité et c’est le ministère le plus élevé dans la parole de Dieu. Les croyants de la période de Philadelphie appréciaient Christ et Sa parole, et se sont séparés de tout ce qui était contraire à Sa volonté et se ralliaient autour de Sa personne bénie. En réponse à cette obéissance et à ce dévouement pour Lui, Christ leur a révélé de cette manière spéciale ce qu’Il est personnellement et intrinsèquement. Quelle magnifique récompense en effet !

Où y a-t-il une telle appréciation de Christ comme le saint et le véritable aujourd’hui ? Puisse-t-elle être trouvée dans le cœur de l’auteur et de chaque lecteur de ces lignes. Le Seigneur veut nos cœurs, alors Il se présente personnellement pour réveiller et attirer nos affections vers Sa personne. C’est seulement ainsi que nous pouvons devenir un témoin adéquat pour Lui dans un temps de ruine, car lorsque nous voyons le Seigneur, et ce qu’Il est personnellement devant nos âmes, il y a la force de Le servir avec joie et de répondre à Son caractère saint.

Dans Osée 11:9, nous lisons : « le Saint, au milieu de toi », et dans 1 Jean 2:20 il nous est dit que nous avons « l’onction de la part du Saint ». Il fut dit à Marie : « La sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35). Dans 1 Jean 5:20, nous lisons qu’Il est « le Véritable » et que « lui est le Dieu véritable ». Le Seigneur Jésus Christ est l’incarnation dans Sa personne de la sainteté et de la vérité, mais plus que cela, Il a la gloire morale d’être le saint et le véritable. Ces mots sont réellement des titres divins de Christ, et non pas seulement des attributs divins. Aucune créature ne peut revendiquer cette gloire morale essentielle. Quelle personne glorieuse pour engager les affections de notre cœur !

Mais nous ne pouvons apprécier et profiter de l’ineffable Saint et Véritable que lorsqu’il y a séparation du mal et une marche dans la sainteté et la vérité. Un principe divin est placé devant nous dans les paroles d’Ésaïe 1:16-17 : « Cessez de mal faire, apprenez à bien faire ». Nous ne pouvons pas apprendre du Seigneur si nous demeurons dans ce que nous savons être faux et mal selon la Parole de Dieu et notre propre conscience. « C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai ; et je vous serai pour père » (2 Cor. 6:17-18a). Les bien-aimés saints de Dieu de la période de Philadelphie se sont séparés de ce qu’ils trouvaient ne pas être selon les Écritures, et il leur en a beaucoup coûté, avec aussi beaucoup de peine pour eux-mêmes ; ils se sont séparés parce qu’ils appréciaient la parole de Dieu et la personne de Christ et cherchaient à Lui plaire. Ainsi, ils cessèrent de faire le mal et apprirent davantage de Christ et de Sa sainteté. Tout croyant doit le faire s’il veut mieux connaître le Seigneur. Quand il y a une telle marche, le Seigneur est libre de se révéler à ceux qui sont ainsi obéissants, et quand on marche avec Lui, on prend le caractère de Christ et on est formé par Lui dans la sainteté et la vérité.

Christ est le véritable, « le témoin fidèle et véritable » (3:14). Quelqu’un d’autre a écrit : « De quelque manière qu’Il se présente, en étant, en faisant ou en disant, vers Dieu ou vers l’homme, Il est cela dans le sens le plus complet et le plus authentique. Il est la vraie lumière, le vrai pain, le vrai cep, le vrai Dieu, le vrai témoin ». Nous pouvons nous reposer sur le Seigneur et dépendre entièrement de Lui. Philadelphie dépendait de Lui comme leur seule demeure et leur seul soutien, et ils ont fait l’expérience de ce qu’Il était Le fidèle et Le véritable. Il en sera aussi de même pour quiconque Lui fait entièrement confiance.

« Celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira » (3:7b). Nous avons vu ce que le Seigneur est ; nous arrivons maintenant à ce qu’Il a. Dans ces deux pensées, ce que le Seigneur est et ce qu’Il a, nous avons deux sujets merveilleux qui fournissent bien de quoi occuper nos cœurs. L’auteur d’un hymne l’a exprimé magnifiquement ainsi :

« Tout ce que tu as fait, et tout ce que tu es / est maintenant la portion de mon cœur »,

et

« Tout ce que tu as, tu l’as pour moi. /Toutes mes nouvelles sources sont cachées en toi ».

Le Seigneur continue donc à se présenter comme Celui qui a la clef de David, qui ouvre et ferme, et personne ne peut fermer ce qu’Il a ouvert, ou ouvrir ce qu’Il a fermé. Ici, nous avons LA PUISSANCE DE CHRIST, notre deuxième point dans la série. La clé de David parle de la puissance d’administration et de gouvernement. Toutes choses sont dans Sa main ; Christ a la clé pour tout. Toute autorité Lui est donnée dans le ciel et sur la terre (Matt. 28:18) et elle est à la disposition de ceux qui dépendent entièrement de Jésus le Seigneur. Quel encouragement se trouve dans cette présentation du Seigneur pour le faible résidu de Philadelphie, et aussi pour tous ceux qui se confient pleinement en Lui pour tout dans tous les temps.

L’assemblée n’avait ici que peu de force, mais leur confiance était dans le Seigneur, et Il encourage leurs cœurs confiants en se présentant à eux comme Celui qui a la clef du gouvernement et de toute l’administration, et comme le maître de toute situation. L’assemblée de la période de Sardes s’attendait aux gouvernements et aux puissances séculières pour la protection et l’aide, mais le faible résidu de la période de Philadelphie regardait au Seigneur pour la force, l’aide et les portes ouvertes, et Il a répondu à leur foi de cette façon réjouissante. N’ayant aucune influence ou soutien humain, et aucune organisation humaine pour promouvoir la réussite, ils comptaient sur le Seigneur seul, et Il se manifeste à eux comme Celui qui a la clef de tous les trésors et peut déverrouiller toutes les portes, ou les fermer, et agir dans tout ce qui est définitif.

Dans la clé de David, il y a une allusion à Ésaïe 22:20-24 où, sous la figure de Shebna et Éliakim est présenté le rejet par Dieu de l’homme selon la chair, et le fait que Dieu fait dépendre de Christ toute la gloire de la maison du Père. « Je mettrai la clef de la maison de David sur son épaule ; et il ouvrira, et personne ne fermera ; et il fermera, et personne n’ouvrira. Et je le fixerai comme un clou dans un lieu sûr… et on suspendra sur lui toute la gloire de la maison de son père ».

Cela implique l’autorité administrative en relation avec la royauté en Juda dans le jour à venir, quand Christ viendra dans sa gloire messianique et sera établi comme un clou dans un lieu sûr qui soutiendra toute la gloire et les vases (És. 22:24) de la maison de Son Père. Il a la souveraineté complète et le droit incontesté d’entrer et d’exercer toute l’autorité nécessaire. Cependant, Il n’exerce pas encore cette puissance en gouvernement du monde, mais ayant été exalté dans les cieux comme Seigneur et Christ (Actes 2:33-36), Il utilise maintenant Sa seigneurie en faveur des croyants faibles qui se confient en Lui, et Il élimine les obstacles de leur chemin. Il est en effet « comme un clou dans un lieu sûr » (És. 22:23,25), sur qui nous pouvons nous appuyer pleinement et, pour ainsi dire, y suspendre toute notre confiance.

Tandis que nous sommes sur le sujet de Christ et de la clé, je voudrais ajouter que Christ est aussi la clé de toutes les Écritures. Peut-être pouvons-nous dire qu’il est « la clé de la connaissance » (Luc 11:52).

Le voir comme le thème et le sujet de toute la Bible est la clé qui nous ouvre ses trésors, surtout l’Ancien Testament. Les croyants dans la période Philadelphie découvrirent cela et les Écritures leur ont été merveilleusement dévoilées.


7.5 - 2) L’approbation

« Je connais tes œuvres ; voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (3:8). Quel message consolant d’approbation du Seigneur pour cette faible mais fidèle assemblée à Philadelphie, et pour le témoignage faible du résidu dans la période prophétique que cette assemblée indique ! Celui dont l’œil saint voit, connaît et évalue tout justement, dit : « Je connais tes œuvres… j’ai mis devant toi une porte ouverte ». Les œuvres d’obéissance à Sa parole et de fidélité à Son nom étaient tellement agréables et délicieuses au cœur de Christ qu’Il ouvrait la voie à ces croyants pour avancer tout droit dans le service et le témoignage pour Lui. Il mettait devant eux une porte ouverte que personne ne pouvait fermer. Bien qu’ils fussent si faibles qu’ils ne pouvaient pas pousser la porte pour l’ouvrir, ils regardaient au Seigneur dans la dépendance et l’obéissance envers Lui, et Il leur donnait une porte grande ouverte que personne ne pouvait fermer.

La porte était ouverte à Philadelphie pour le témoignage rendu à Christ et pour tout ce qui était pour Sa gloire. La voie était ouverte pour qu’ils se séparent de tout ce qui était contraire à Sa parole et à Son nom et pour se réunir, dans la simplicité, à Son seul nom. L’apôtre Paul a parlé d’une porte grande et efficace qui lui était ouverte à Éphèse et aussi d’une porte qui lui était ouverte en Troade pour prêcher l’évangile de Christ (1 Cor. 16:9 ; 2 Cor. 2:12). De même aussi aujourd’hui, Il ouvre des portes pour ceux qui obéissent à Sa parole et sortent dans la dépendance et le dévouement pour Son nom.

Une porte ouverte a caractérisé le 19ème siècle d’une manière spéciale. Dieu a tout disposé, même les gouvernements, pour que les autorités accordent aux chrétiens la plus grande liberté de se rassembler pour le culte et le service. De grands mouvements missionnaires eurent lieu pendant cette période tandis que les croyants réalisaient à nouveau l’espérance de la venue du Seigneur pour Son assemblée et l’imminence de cette venue. Des chrétiens sortirent vers des contrées lointaines pour prêcher l’évangile et « tout le conseil de Dieu », se confiant dans le Seigneur seul pour le soutien, et des portes leur furent ouvertes partout.

Cependant, les portes ouvertes pour le témoignage et les possibilités de service ne devraient pas être notre principale préoccupation. Parfois des croyants restent dans des endroits où ils désobéissent aux principes bibliques parce qu’ils pensent qu’ils y ont de plus grandes opportunités pour le service et une sphère d’activité plus large. Ils se disent que s’ils se séparent de ce qu’ils savent être faux, ils seront restreints dans leurs activités et auront une sphère étroite de service. Ce raisonnement est faux et non biblique. Notre principale préoccupation devrait être que notre état personnel et nos associations soient tels que le Seigneur puisse les approuver et se servir de nous dans le témoignage et le service. Si nous marchons dans l’obéissance à Sa volonté révélée et à Sa parole, le Seigneur ouvrira des portes pour que nous y entrions et nous donnera plus de possibilités pour le service pour Lui que ce dont nous serions capables de profiter. La parole de Dieu nous enseigne que, si nous nous séparons de vases à déshonneur, nous serons des vases à honneur, sanctifiés, utiles au maître, préparés pour toute bonne œuvre (2 Tim. 2:20-21). Le Seigneur veut des vases purs et sanctifiés qui soient séparés de ce qui souille et déshonore. De tels vases sont utiles pour l’usage par le Maître et prêts pour toute bonne œuvre.

Nous pourrions appeler cette assurance du Seigneur de placer une porte ouverte devant l’assemblée à Philadelphie LA CONSOLATION DE CHRIST, le troisième point dans notre série. Assurément, c’est une consolation divine de savoir qu’Il donne des portes ouvertes que personne ne peut fermer.

Dans l’approbation du Seigneur à Philadelphie, trois caractéristiques mentionnées sont un sujet de joie pour Son cœur :

(1) « Tu as peu de force », ou de puissance,

(2) « tu as gardé ma parole »,

(3) « tu n’as pas renié mon nom ».


7.5.1 - Tu as peu de force

Il n’y avait aucune prétention à une grande puissance ou énergie, comme ce qui fut manifesté dans l’Assemblée aux jours de la Pentecôte. Quand nous pensons à la période de Philadelphie, combien était convenable ce caractère de « peu de force » quand toute l’église professante était en ruine et que les croyants à Philadelphie n’étaient qu’un faible résidu au milieu de ce qui était caractérisé par les conditions abhorrées de Thyatire et de Sardes. Avoir une grande apparence extérieure et revendiquer une grande puissance seraient la négation pratique de la ruine et de la corruption de la chrétienté. Peu de force et l’absence d’apparence extérieure et de revendications prétentieuses, voilà ce qui devrait toujours caractériser les chrétiens qui cherchent à plaire au Seigneur dans l’état chaotique actuel de l’église professante. À ceux qui marchent dans l’obéissance et l’humilité sera accordée une mesure de puissance spirituelle, qui sera manifeste dans la mesure où elle est employée pour le Seigneur.


7.5.2 - Tu as gardé ma parole

Le deuxième caractère, garder la PAROLE (quatrième point) du Seigneur, est ce qui confère vraiment la force et la puissance à l’âme. L’apôtre Jean écrit : « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le méchant » (1 Jean 2:14b). La parole de Dieu dans le cœur comme une force qui gouverne et contrôle la vie est ce qui rend un chrétien fort. Le Seigneur a dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » (Jean 14:23a). Notre amour pour le Seigneur se manifeste ainsi par l’obéissance.

Comme un autre l’a bien écrit : « Garder Sa parole signifie la conserver précieusement dans le cœur afin qu’elle façonne, gouverne, et produise l’obéissance. Le terme « parole », d’ailleurs, est très complet ; il comprend la somme et la substance de toutes les communications du Seigneur aux Siens. Quand donc Il dit à Philadelphie : « Tu as gardé ma parole », Il veut dire que cette assemblée l’appréciait comme son plus grand trésor, et qu’ils étaient collectivement et individuellement gouvernés par elle, et qu’ils lui étaient soumis ; et que par conséquent Il avait Sa place légitime de suprématie dans leurs cœurs et au milieu d’eux. Quelle heureuse assemblée ! Le Seigneur fasse qu’il y ait davantage de disposition de cœur collective pour gagner la même bénédiction et la même approbation ! » (Edward Dennett).

Dans cette période de Philadelphie, les chrétiens se sont mis à être exercés à demander « que dit l’Écriture ? » en rapport avec tous les domaines de leur vie, personnellement et collectivement, quant à l’ordre et la communion de l’assemblée. Ils voulaient un « Ainsi dit le Seigneur » [= Ainsi dit l’Éternel] pour tout ce qu’ils croyaient et pratiquaient ; et tout ce qui n’avait pas la sanction de la parole de Dieu était abandonné comme n’étant qu’une simple tradition et de l’enseignement d’homme sans autorité divine. Ainsi, ils agissaient d’après la parole de Christ et obéissaient à celle-ci ; souvent cela leur coûtait beaucoup, ils y perdaient les distinctions sociales et civiles et abandonnaient des positions dans l’Église professante et dans le monde. De telles actions manifestaient combien ils considéraient hautement les Saintes Écritures et combien ils appréciaient Christ et Sa parole. Le Seigneur voit toute cette obéissance et ce dévouement faits de sacrifices, et Sa haute estime est exprimée dans cette approbation chaleureuse à Philadelphie, où les croyants de tous les temps peuvent trouver du réconfort s’ils sont dans un cas similaire.


7.5.3 - Tu n’as pas renié mon nom

Ayant examiné le quatrième point dans le message du Seigneur, qui est LA PAROLE DE CHRIST que Philadelphie appréciait et gardait, nous examinerons maintenant le cinquième point, LE NOM DE CHRIST dont Il dit qu’ils ne l’avaient pas renié. Un nom est l’expression de ce qu’est une personne. Ainsi le nom de Christ exprime explicitement ce qu’Il est et qui Il est. Le nom « Christ » est la forme grecque de l’hébreu « Messie » et parle de Lui comme l’oint de Dieu qui doit être un triple libérateur : un prophète pour faire sortir de l’erreur ; un sacrificateur pour ouvrir le chemin vers Dieu ; un roi pour gouverner pour Dieu. Le merveilleux nom de Jésus signifie « Jéhovah [l’Éternel] est le salut ». « Tu appelleras son nom JÉSUS, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés » (Matt. 1:21). Ainsi Son précieux nom de Jésus Christ est une déclaration remarquable de la vérité de Sa personne, de Son œuvre et de Son autorité, et ce Nom est confié aux Siens pour le garder fermement et le maintenir au milieu d’un monde qui L’a rejeté. Nous devons confesser et ne pas renier Son Nom magnifique devant les hommes.

Confesser Son nom signifie reconnaître Sa divinité absolue, Son humanité parfaite, Son salut qu’Il apporte à Son peuple, et Le reconnaître comme notre Sauveur, Maître, Seigneur, Avocat, Souverain Sacrificateur et Roi. La totalité de la position et de la marche du croyant se rattache à Son nom merveilleux. Nos péchés sont pardonnés par [à cause de] Son nom (1 Jean 2:12) ; nous sommes justifiés au nom du Seigneur Jésus (1 Cor. 6:11) ; nos prières doivent être présentés en Son nom (Jean 16:23) ; tout ce que nous disons et tout ce que nous faisons doit être fait et dit au nom du Seigneur (Col. 3:17) ; et notre rassemblement comme chrétiens doit être à Son nom seul (Matt. 18:20 ; 1 Cor. 5:4). Notre berger nous conduit dans des « sentiers de justice, à cause de Son nom » (Ps. 23:3), de sorte que, pour ne pas renier Son nom, nous devons marcher dans la sainteté et dans la justice. Nous croyons que ce qui précède montrent quelques-uns des traits moraux qui étaient trouvés à Philadelphie, et qu’ils étaient compris dans les paroles d’approbation du Seigneur disant qu’ils n’avaient pas renié Son nom.

L’auteur inspiré Jacques parle du « beau nom qui a été invoqué sur vous » (Jacques 2:7), et Pierre parle d’être « insultés pour le nom de Christ » et de souffrir comme chrétien (1 Pierre 4:14, 16). Le nom « chrétien » indique celui qui appartient à Christ et est « digne de ce nom » duquel un croyant en Christ est appelé avec à-propos. Les disciples de Christ devaient prendre plaisir à ce nom et refuser tous les noms autres que ce nom béni de « chrétien », ou des noms tels que « disciples », « frères » et « saints » qui sont utilisés par l’Esprit de Dieu dans l’Écriture en rapport avec tous les croyants (Actes 9:10,25 ; 11:1,26, 29 ; 16:40 ; 20:7 ; 28:15 ; Éph.1:1).

Pour un chrétien, s’appeler par l’un des nombreux noms actuels des sectes ou dénominations de l’homme, c’est du sectarisme, et la négation pratique du précieux nom de Jésus Christ comme Celui à qui il appartient et à qui il doit tout. L’Assemblée [Église] est l’épouse de Christ, et Il l’a appelée de Son nom. Pour elle, s’appeler par un quelconque autre nom serait renier Son nom merveilleux, tout comme une femme le ferait si elle prenait le nom de quelqu’un d’autre que celui de son mari et qu’elle s’appelait par ce nom-là. Si des chrétiens se réunissent à d’autres noms que le Nom béni de Jésus Christ et soutiennent de tels noms, ils renient certainement Son nom incomparable. Philadelphie reconnaissait le nom de Jésus Christ de toute manière ; puissions-nous aussi le faire.


7.5.4 - La parole de ma patience

« Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (3:10). Ici, nous avons un autre beau trait moral dont le Seigneur pouvait louer l’assemblée à Philadelphie. Ils avaient gardé la parole de Sa patience. Cela nous amène au sixième point dans notre série, LA PATIENCE DE CHRIST.

Apocalypse 1:9 nous éclaire un peu sur le sens de « la parole de ma patience ». Jean parle là de lui-même comme : « Moi, Jean, qui suis votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la patience en Jésus ». Le Seigneur est le roi légitime, mais le seul royaume qu’Il a maintenant est le royaume en patience. Les siens L’ont rejeté et ont dit : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » ; « qu’il soit crucifié » (Luc 19:14; Matthieu 27:22). Ainsi, le monde a donné à Christ la croix du rejet, mais le Père L’a ressuscité d’entre les morts et L’a hautement exalté dans le ciel. La promesse qui Lui est faite, selon le langage prophétique d’autrefois au Psaume 110:1, est : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ». Et encore : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre » (Ps. 2:8). Le Seigneur attend patiemment le moment où le Père mettra Ses ennemis sous Ses pieds et donnera à Son Fils bien-aimé Son héritage, Sa possession, Son royaume, et surtout, Son épouse céleste, l’Assemblée [Église]. Ainsi l’ensemble de cette période actuelle de la grâce depuis la croix est le temps de la patience de Christ, « le royaume et la patience en Jésus Christ ».

L’assemblée à Philadelphie entrait dans les pensées du Seigneur et était en communion avec Lui en ce qu’elle gardait la parole de Sa patience. Ils attendaient patiemment avec Christ Son retour. Ils ne recherchaient pas une place dans ce monde, car Christ leur Bien-aimé n’a pas de place ici-bas. Leur Seigneur attendait patiemment le temps du Père pour le royaume en puissance et en gloire sur la terre, aussi ils voulaient attendre avec Lui dans la patience au milieu du mal et des ambitions et exaltations de l’homme. C’est un état béni de l’âme qui plaît au Seigneur et mérite Son approbation.

Puissions-nous comme croyants aujourd’hui savoir aussi ce que c’est de garder la parole de la patience de Christ. Nous serons alors séparés de ce présent siècle mauvais et de toutes les ambitions de l’homme religieux et nous attendrons patiemment la venue de notre Seigneur et Sauveur pour nous prendre auprès de Lui, et puis régner avec Lui. Les saints ainsi caractérisés ne voudront pas régner maintenant là où Christ est méprisé et rejeté. Ils laissent la politique du monde à ceux qui en sont, et ils marchent comme des étrangers et des pèlerins ici-bas, attendant le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, et Son royaume de justice. Paul écrit ainsi aux Thessaloniciens : « Que le Seigneur incline vos cœurs à l’amour de Dieu et à la patience de Christ ! » (2 Thes. 3:5). Puissions-nous laisser vraiment l’Esprit de Dieu conduire nos cœurs dans cette bénédiction.

Nous avons déjà parlé de la redécouverte, au cours de cette période de Philadelphie, de la vérité bénie de la venue du Seigneur pour l’Assemblée [Église] avant Son apparition publique sur la terre comme juge et comme roi. Cette bienheureuse espérance avait été perdue depuis la période de Pergame où l’on pensait que le royaume de Christ était venu sous la forme de l’empire de Constantin puisque des milliers embrassaient ouvertement le christianisme. Mais maintenant le Seigneur, par le Saint Esprit, a de nouveau éveillé les Siens à la découverte de l’espérance de Sa venue en l’air pour ravir à Lui-même Son assemblée rachetée par Son sang et introduire Son épouse dans la maison du Père (Jean 14:1-3 ; 1 Thes. 4:16-17). Comme dans la parabole des dix vierges de Matthieu 25:1-13, il y eut le son du cri de minuit à cette époque par l’Esprit Saint : « Voici, l’époux ; sortez à sa rencontre ». L’assemblée de Christ endormie a été réveillée et les lampes ont été apprêtées et les cœurs d’au moins un résidu sont sortis dans l’attente du Seigneur, comme l’Époux qui vient. Comme l’assemblée primitive à Thessalonique, ils attendaient le Fils de Dieu du ciel et avaient la « patience d’espérance de notre seigneur Jésus Christ » (1 Thes. 1:3, 10). D’une manière très réelle, il y eut une manifestation pratique du fait de garder la parole de la patience de Christ.


7.6 - 5) La promesse de Christ

Comme encouragement et incitation à persévérer dans les luttes et les conflits de Philadelphie pour garder la parole de Sa patience, le Seigneur leur donne à eux et à Son Église la PROMESSE bénie d’être gardés « de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière ». « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve » (3:10). C’est le septième point.

L’heure de l’épreuve qui doit venir sur toute la terre habitée semble être une période de test et d’épreuve préliminaires à l’époque de la « grande tribulation », dont il est parlé par le Seigneur en Matthieu 24:21, une période « telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais ». Outre cette période de grande tribulation, où les malheurs, la misère et le mal terrible de l’homme sous Satan atteindront leur terrible paroxysme, il y aura des troubles préliminaires, appelés par le Seigneur, « un commencement de douleurs », quand « nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume ; et il y aura des famines, et des pestes, et des tremblements de terre en divers lieux » (Matt. 24:7-8). Ce temps sera marqué par une énergie spéciale de Satan et de ses agents du mal, préparant les cœurs des hommes pour le grand point culminant de la méchanceté quand Satan, la bête et l’antichrist seront adorés. Sans doute, les événements d’Apocalypse 6 à 10 auront lieu au cours de cette heure de l’épreuve sur toute la terre habitée.

L’objet de cette heure de l’épreuve est indiqué dans les paroles du Seigneur : « pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3:10). Ici une classe spéciale est distinguée par la phrase : « ceux qui habitent sur la terre ». Cette expression se retrouve dix fois dans l’Apocalypse et désigne ceux qui sont moralement caractérisés comme ayant expressément choisi la terre au lieu du ciel, ceux qui se sont installés sur la terre et ont leurs pensées, affections et désirs confinés à ce monde actuel (voir Apoc. 6:10 ; 11:10 ; 13:8 ; 14: 6 ; 17:8). Sans doute, cette classe de gens a ses origines dans ceux dont l’apôtre Paul parle en Philippiens 3:18-19 : « Car plusieurs marchent, dont je vous ai dit souvent et dont maintenant je le dis même en pleurant, qu’ils sont ennemis de la croix du Christ, dont la fin est la perdition, dont le dieu est le ventre et dont la gloire est dans leur honte, qui ont leurs pensées aux choses terrestres ». Ils sont un peuple religieux avec une marche professant le christianisme, mais en réalité ils sont ennemis de la croix de Christ. Ayant refusé le témoignage de Dieu dans l’évangile de Christ, ils s’occupent des choses de la terre et deviennent des habitants de la terre. Le Seigneur éprouvera toute cette profession vide du christianisme dans cette heure de l’épreuve, et il semblerait, d’après Apoc. 14:6-7, que même la vérité de Dieu comme Créateur de tout sera abandonnée par la chrétienté apostate dans ce temps-là.

Or la promesse bénie à ceux qui gardent la parole de la patience de Christ et attendent Sa venue est qu’ils seront gardés en dehors de cette heure terrible d’épreuve et de la grande tribulation qui doit suivre. Le Seigneur viendra pour Sa véritable église avant le début de cette heure terrible et donc les délivrera de ses malheurs et de ses horreurs. Nous ne lisons pas que la véritable église sera sur la terre après Apocalypse 3. Au début du chapitre 4, une porte est ouverte dans le ciel et il est dit à l’apôtre Jean d’y monter. L’enlèvement de l’église s’inscrit sans aucun doute ici, chronologiquement parlant, dans l’Apocalypse, puis l’heure de l’épreuve et la grande tribulation suivront.

Le Seigneur ne promet pas à Philadelphie qu’il les gardera à travers cette heure d’épreuve, mais qu’il va les garder en dehors d’elle. C’est la précieuse espérance de l’assemblée. Croyant à la promesse encourageante du Seigneur, nous ne nous attendons pas à traverser, même partiellement, l’heure de l’épreuve et la grande tribulation, mais nous attendons Sa venue au préalable pour nous prendre auprès de Lui dans la maison du Père. « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Thes. 5:9). La période de la tribulation sera le moment où Sa colère se déversera sur la chrétienté apostate. Les vrais croyants ne sont pas concernés par cela, mais ils le sont par l’obtention du salut complet en Christ qui sera notre part à Sa venue et qui sera la délivrance de la présence du péché dans ce monde. Nous n’attendons pas l’apparition de l’Antichrist, mais la venue du Christ, notre Époux.

« Voici, je donne [de ceux] de la synagogue de Satan qui se disent être Juifs, — et ils ne le sont pas, mais ils mentent ; voici, je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé » (3:9). Nous considérions dernièrement le verset 10 où nous avons l’un des traits louables de Philadelphie et la promesse du Seigneur de les garder de l’heure de l’épreuve. Dans ce verset 9, nous avons une autre des promesses du Seigneur à cette assemblée fidèle. Il est laissé entendre ici que certains s’opposaient à ces croyants fidèles qui cherchaient à honorer le Seigneur et à obéir à Sa parole. Ces opposants prétendaient être Juifs et ne l’étaient pas ; ils avaient pris le terrain juif dans leurs ordres sacerdotaux, les robes, les rites, les cérémonies et les édifices sacrés, et prétendaient ecclésiastiquement à une religion successorale établie par Dieu. Dans leur orgueil et leurs prétentions religieuses, ils dédaignaient et méprisaient l’assemblée attachée au Seigneur, mais Christ promet ici qu’Il manifesterait à leurs adversaires combien Il les aimait. Il les ferait venir se prosterner devant leurs pieds et ils sauraient que ceux qu’ils méprisaient et diffamaient étaient les objets de l’amour et des affections du Seigneur.

C’est ainsi que le Seigneur console les Siens qui sont vrais de cœur, et affligés. Dans le jour à venir où Il sera manifesté en gloire, tout sera changé. Ceux qui sont maintenant méprisés et ridiculisés à cause de Christ seront exaltés, et ceux qui se sont exaltés par des revendications et prétentions seront alors dépréciés et forcés de reconnaître les vrais croyants qui honoraient le Seigneur et Sa parole aux jours de Son rejet. Le Seigneur justifiera toujours, en Son temps, ceux dont les cœurs sont décidés à Lui plaire.

Le lecteur se souviendra qu’à propos de l’assemblée à Smyrne nous avons relevé une classe similaire à ceux dont le Seigneur parle ici en relation avec Philadelphie. Là, Il parlait de « l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan » (2:9). Ils ont vraiment le même caractère que ceux qui sont devant nous ici à Philadelphie. Dans nos méditations sur Smyrne, nous avons discuté en détail sur cette classe de prétendants religieux, qui se fondent sur une autorité dérivée de tradition et d’ordonnances conçues par l’homme, et nous renvoyons le lecteur aux remarques données précédemment. Ce système de prétentions terrestres religieuses se développa d’abord dans la période de Smyrne de persécution païenne, et maintenant que l’Esprit de Dieu opérait une redécouverte des premiers principes de l’assemblée et un retour à la Parole de Dieu dans la période de Philadelphie, ce système resurgissait comme la contrefaçon de l’ennemi, le réel antagoniste du témoignage du Seigneur. Philadelphie luttait contre ce système et le Seigneur l’appelait « la synagogue de Satan », ce qui est moralement sous la puissance de Satan.

On peut aussi remarquer que ce parti d’église, basé sur la tradition ou un ordre de succession et une position de prétendue supériorité ecclésiastique, est présent et actif de nos jours comme la contrefaçon de Satan et l’antagoniste des vrais croyants du Seigneur. Ainsi, les paroles encourageantes du Sauveur à Philadelphie sont des paroles de réconfort et importantes pour nous aussi.


7.7 - 3) « Je viens bientôt » [ou : Je viens vite]

Après avoir loué Philadelphie pour tout ce qui plaisait à Son cœur et leur avoir donné les promesses bénies que nous avons considérées, le Seigneur encourage encore Ses fidèles dans leurs luttes et conflits avec ces paroles bénies parlant de Sa prochaine [ou : prompte] venue pour eux. « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (3:11). Il connaît et voit le stress de la lutte et des difficultés des Siens pour garder Sa parole et ne pas renier Son nom. En voyant tout cela, Il veut encourager Ses fidèles dans la poursuite de la lutte par la perspective de Sa prochaine venue. C’est comme si on voyait une personne accrochée désespérément à une branche au-dessus d’un précipice, et qu’on lui criait : « Tenez bon, j’arrive ! » Il vient pour nous sauver de tout ce qui nous éprouve et nous afflige ici-bas et pour nous amener auprès de Lui dans la maison du Père en haut. Quelle précieuse espérance ! Ici, nous avons LA VENUE DU CHRIST comme le huitième point dans notre série.

Nous avons noté précédemment que l’espérance de la venue du Seigneur fut mentionnée en premier au résidu fidèle à Thyatire, quand il n’y avait aucun espoir de restauration de l’ensemble de l’église. À Sardes froide et morte, qui est une annonce prophétique du protestantisme de forme, le Seigneur avertissait qu’Il viendrait sur eux comme un voleur. Ici, dans le message à Philadelphie, il y a un pas de plus au sujet de Sa venue. Pour la première fois, Christ dit qu’Il vient « bientôt » [ou : vite]. C’est un signe de la manière dont le temps de Sa patience touche à sa fin. Sa venue est à portée de main.

On peut se demander comment la promesse de la prompte venue du Seigneur peut être conciliée avec le retard de plus de 1900 ans depuis qu’Il a prononcé ces paroles à Philadelphie. Pour le Seigneur, qui ne compte pas le temps comme nous, c’est toujours « bientôt » — toujours près de Ses affections, et Il voudrait que ce soit toujours « bientôt » pour les affections de Ses saints. À ceux qui demandent : « Où est la promesse de sa venue ? » les paroles de l’apôtre Pierre donnent une réponse divine : « N’ignorez pas cette chose, bien-aimés, c’est qu’un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du retardement ; mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:4, 8-9). « Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10:37).


7.8 - L’exhortation à tenir ferme

Liée à la promesse de la venue prochaine du Seigneur, il y a l’exhortation « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Nous pouvons appeler cela L’EXHORTATION DE CHRIST, et c’est le neuvième point dans notre série. Au milieu des conflits, des luttes et de l’opposition des adversaires, il y a toujours le danger d’abandonner et de se lasser de la bataille pour la vérité et le maintien de ce qui est dû au Seigneur. Le Seigneur pouvait louer Philadelphie de garder Sa parole, de ne pas renier Son Nom et de garder la parole de Sa patience, et Il leur avait donné beaucoup de lumière et de compréhension de Sa personne et de Sa parole. Tout cela doit être maintenu sans broncher jusqu’à la fin, jusqu’à Sa venue.

Sardes avait perdu beaucoup de ce qu’elle avait reçu à l’époque de la Réformation et elle était exhortée à se rappeler comment elle avait entendu et reçu, et à garder et à se repentir. Dans la période de Philadelphie, il y eut la redécouverte la plus complète de toute la vérité de Dieu. Nous croyons que les paroles du Seigneur à Philadelphie, qu’Il vient bientôt et qu’ils devaient tenir ferme ce qu’ils avaient, indique qu’aucune nouvelle vérité ne devait être révélée ou retrouvée au-delà de ce que l’Esprit de Dieu a si pleinement mis en lumière au cours de la période dont cette sixième assemblée parle prophétiquement. Nous ne devons pas chercher de nouvelles révélations et de soi-disant « nouvelles vérités » ou « nouvelle lumière », mais regardons si nous tenons ferme ce qui a été pleinement révélé et agissons en conséquence. En cherchant à obtenir quelque chose de « nouveau », les âmes finissent généralement par perdre ce qu’elles avaient. D’où l’importance de tenir ferme ce que nous avons de la part de Dieu et de Sa Parole.

Le grand danger pour les Philadelphiens et pour tous les croyants est de perdre ce que nous avons reçu. Nous savons que dans la vie naturelle aussi, c’est une chose de gagner quelque chose, et une tout autre affaire de le préserver et de le conserver. C’est très facile de perdre ce qui est précieux. Dans le domaine spirituel, la même chose est vraie. C’est une chose d’avoir reçu des bénédictions spirituelles, de la lumière sur les Écritures et la compréhension des vérités de Dieu. L’important est de tenir ferme la vérité jour après jour, et de l’avoir comme une vérité vivante dans nos âmes et comme une puissance qui gouverne dans nos vies. Alors nous ne perdrons pas ce que nous avons, mais nous en aurons une plus grande jouissance. Nous ne devons pas seulement tenir ferme Christ comme le Sauveur et maintenir la vérité de l’évangile, mais nous avons besoin de tenir avec ténacité aux vérités de l’assemblée de Christ et de maintenir « tout le conseil de Dieu » (Actes 20:27).

Le Seigneur nous avertit de tenir ferme « afin que personne ne prenne ta couronne ». Si nous ne tenons pas ferme, nous perdrons notre couronne. Un autre a écrit : « La « couronne » est la distinction et la gloire que les saints ont par le fait qu’ils chérissent Christ et Ses pensées au sujet de l’Assemblée. Il y a un effort sans relâche pour s’en emparer, et il est nécessaire de « tenir ferme ». De la plume de Walter Scott nous lisons ces paroles impressionnantes : « Ce n’est pas le début, mais la fin qui détermine si l’on est propre à porter la couronne. Un vrai Philadelphien est celui qui continue le combat jusqu’à la fin. Combien sont donc nécessaires les paroles d’avertissement aux uns et aux autres, aux conducteurs et à ceux qui les suivent pareillement : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Laissez aller la vérité et vous perdez la couronne. Quelle perte irréparable ! »

Remarquons bien que l’exhortation à tenir ferme ce que nous avons et l’avertissement sur le danger de perdre notre couronne sont tous deux reliés à la promesse de la prochaine venue de Christ. C’est seulement dans la mesure où nous attendons Sa venue comme une chose présente que nous pouvons tenir ferme et ne pas perdre notre couronne. À cet égard, JN Darby a justement écrit : « Si le diable pouvait enlever l’espérance de la venue du Seigneur comme une chose présente, ceci nous ôterait notre espérance et notre couronne. Ni homme ni démon ne peuvent nous ôter quoi que ce soit, si nous avons ce sentiment clair de la foi qui nous relie à la venue du Seigneur comme une chose présente. Perdre ceci, c’est perdre la puissance spirituelle ; et tout ce qui nous dérobe la puissance spirituelle dans notre association avec Christ, nous dérobe la bénédiction présente et ce qui est le chemin vers notre couronne ».


7.9 - 6) Promesses au vainqueur

« Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom » (3:12).

Dans chacune des lettres aux assemblées, nous avons relevé des promesses encourageantes au vainqueur. Dieu recherche toujours des gens qui vaincront dans chaque période de l’histoire de l’Assemblée. Il recherche ceux qui surmonteront les diverses conditions de déplaisir ou de mal, et Il leur offre de précieux encouragements. Ici, nous avons dans le message à Philadelphie LA RÉCOMPENSE DE CHRIST, le dixième trait dans notre série. Il semblerait qu’à cette assemblée le Seigneur a donné un très bel ensemble de promesses, peut-être le plus grand de toutes celles données aux sept assemblées. Pourquoi ? Parce que je crois que Philadelphie a le plus à combattre. Les révélations les plus complètes ont été données dans cette période, les vérités sur le Seigneur Lui-même, Son nom, la parole de Sa patience, l’espérance de Sa venue, etc.

C’est pour cela que les plus grands encouragements et une récompense future sont promis à ceux qui tiennent ferme ce qu’ils ont reçu et qui sont vainqueurs.

Mais on pourrait dire que chaque assemblée a eu des choses que le Seigneur condamnait, contre lesquelles le vainqueur devait lutter et qu’il devait vaincre, et que dans l’assemblée à Philadelphie il n’y a rien que le Seigneur réprimande ou pour lequel Il les blâme. Qu’y a-t-il donc là à surmonter pour le vainqueur dans cette église ou période ? Ce que le vrai Philadelphien doit toujours surmonter, c’est la grande tendance à abandonner la vérité et donc à perdre ce que nous avons, comme nous l’avons souligné dans notre dernière méditation. Tout relâchement dans le dévouement ardent à Christ ou dans la loyauté à Son Nom et à Sa Parole doit être surmonté si l’on veut être un vainqueur Philadelphien.

L’apôtre écrivait aux Hébreux que « nous devons porter une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne nous écartions » (Héb. 2:1) ou que « nous ne glissions loin » selon une traduction plus correcte. Laisser quelque chose glisser loin, ou glisser loin de quelque chose, est un processus lent et graduel, souvent inaperçu. Nous devons surmonter toutes ces tendances à glisser loin de la puissance de la vérité de Dieu dans nos âmes et dans nos vies, et ne pas laisser les précieuses vérités de la Personne de Christ et de la Parole et de l’espérance lumineuse de Sa prochaine venue glisser loin de nous. La lumière de Philadelphie sans la puissance du Saint Esprit conduira bientôt à une condition laodicéenne de tiédeur et d’indifférence, qui est très grave.

La ruine augmentant dans l’église professante, un plus grand effort doit être exercé pour rester fidèle au Seigneur et aux préceptes divins. En conséquence, des promesses grandes, et sans égales, de récompense sont offertes au vainqueur à Philadelphie, et elles sont de nature à toucher les recoins les plus profonds de l’âme et à stimuler un dévouement renouvelé pour Christ.

« Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu ». Une colonne suggère la force, le soutien et la fermeté ; et être dans le temple de Dieu parle du sanctuaire où la pensée de Dieu est connue et où il y a l’adoration. Le vainqueur va donc être distingué devant toute l’armée des rachetés comme étant celui qui se tenait comme un pilier pour Dieu ici-bas, comme celui qui tenait ferme et donna son soutien à toute la vérité de Christ, de Sa Personne et de Sa Parole, la soutenant devant les hommes, — comme étant celui qui connaissait la pensée de Dieu dans le sanctuaire et était un adorateur. Il était caractérisé par la faiblesse ici-bas, il avait peu de force, il était méprisé par le monde religieux, mais il trouvait sa force en Dieu ; et il sera établi comme une colonne dans le sanctuaire éternel de Dieu. Dans le temple de Salomon, il y avait deux grandes colonnes d’airain dressées dans le porche. L’une était nommée « Jakin », qui signifie « il établira », et l’autre « Boaz », qui signifie « en lui est la force » (1 Rois 7:21). Il y a sans doute une allusion à ces colonnes dans cette promesse, mais aussi un contraste, car ces colonnes furent enlevées lorsque le temple fut détruit, alors qu’ici la promesse au vainqueur est « il ne sortira plus jamais dehors ». C’est une position fixe et éternelle.

L’assemblée devrait être « la colonne et le soutien de la vérité » de Christ et de Dieu dans le monde (1 Tim. 3:15-16). Notre Seigneur recherche des colonnes (*) qui seront fermes, fortes, inébranlables et qui soutiendront la vérité de ce que sont le vrai christianisme et la vraie Église. Mais il semblerait que certains chrétiens recherchent un oreiller (*) pour avoir l’aise et le confort dans leur état somnolent. D’autres peuvent avoir besoin d’une pilule (*) parce qu’ils sont spirituellement malades. Puissions-nous être de vrais vainqueurs, de véritables piliers (*) pour Christ, qui manifestent d’une manière vivante au monde la vérité de Dieu.


(*) NdT : L’auteur fait un jeu de mots anglais entre pillar (colonne), pillow (oreiller) et pill (pilule)


« Et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem…et mon nouveau nom ». Tout ceci indique une approbation spéciale et une association des plus intimes avec Christ. Le mot « Mon » se trouve cinq fois dans ce verset 12, montrant comment notre Seigneur aime à nous lier à Lui dans ces récompenses. Le vainqueur sera fait une colonne dans « le temple de mon Dieu », Christ va écrire sur lui « le nom de mon Dieu » et aussi le « nom de la cité de mon Dieu », qui descend du ciel « d’auprès de mon Dieu ». Il promet aussi d’écrire sur lui « mon nouveau nom ». Nous remarquons aussi que le terme « mon Dieu » est prononcé trois fois ici par le Seigneur. Lui, bien sûr, connaissait Son Dieu de la manière la plus intime, et Il introduira le vainqueur dans cette communion intime avec Lui-même.



Toute cette précieuse inscription sur le vainqueur, avec sa promesse, indique d’une manière distincte l’approbation et l’appréciation ressenties dans le cœur du Seigneur vis-à-vis d’un tel disciple fidèle. Cela dénote une étroite identification, car lorsque nous écrivons notre nom sur quelque chose, nous indiquons par-là que nous l’approuvons et que nous n’avons pas honte d’être identifiés avec cette chose ou cette personne en particulier. Le Seigneur dit, pour ainsi dire : « Je vais mettre sur le fidèle vainqueur tout ce qui est précieux à mon cœur, je vais mettre bien devant, de manière très visible, celui qui a été repoussé à l’arrière ici-bas et méprisé des hommes en raison de son obéissance envers Moi ». Quel encouragement merveilleux en effet qui devrait nous stimuler dans le dévouement à Christ, et nous pousser à être fidèles de cœur et à pratiquer chaque détail de la vérité que nous avons apprise, pour être inébranlables dans ce jour de glissade, d’apostasie et des droits de l’homme qui réclament un chemin plus large ; que cela nous pousse aussi à rechercher l’approbation du Seigneur, et non les pensées et les applaudissements de l’homme.


7.10 - 7) L’appel à écouter

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (3:13). Cet appel termine le tendre message du Seigneur à Philadelphie. Comme dans toutes les communications aux assemblées précédentes, l’appel est donné à l’individu qui a l’oreille exercée pour écouter et tenir compte de ce que l’Esprit a à dire aux assemblées. Puissions-nous avoir les oreilles et le cœur disposés à écouter le message émouvant qui nous appelle à un vrai Philadelphianisme, aux traits moraux qui plaisent au Seigneur et réjouissent Son cœur.

La période de l’histoire de l’église que Philadelphie représente est passée et a disparu à jamais. Le temps n’est plus, où il y avait un mouvement large, bien marqué et manifeste de l’Esprit de Dieu dans la chrétienté, caractérisé par les traits de l’assemblée à Philadelphie, et où les compagnies du peuple du Seigneur étaient manifestes comme telles, et pratiquement, à travers le monde entier et unies dans les liens de l’amour fraternel et du dévouement à Christ. Cette époque est révolue et la période de Laodicée, que nous allons examiner dans nos prochaines études, est là.

Mais, comme le Seigneur exhortait Philadelphie à tenir ferme ce qu’ils avaient jusqu’à ce qu’Il vienne (3:11), nous croyons qu’il est donc indiqué qu’un témoignage de résidu Philadelphien de véritables vainqueurs se poursuivra jusqu’à la venue du Seigneur. Le Seigneur connaît chacun de ceux qui sont vraiment Philadelphiens dans le cœur et dans la vie, qui continuent à combattre, tenant ferme ce qu’ils ont et sont des vainqueurs. Ce n’est pas la simple position ecclésiastique qui fera un tel vainqueur ; c’est une position morale et un état d’âme agréable au Seigneur. Que chaque croyant aujourd’hui tienne compte de l’appel de l’Esprit à écouter ce qu’Il a à nous dire, et s’applique à être un vrai vainqueur Philadelphien.

Nous terminons nos méditations sur Philadelphie par la citation suivante de W. Kelly : « Je ne crois pas que Philadelphie ait disparu ; je crois que Laodicée est venue, mais que Philadelphie n’a pas disparu, et ne disparaîtra jamais jusqu’à ce que le Seigneur Jésus vienne ; et que ce qu’Il a établi comme témoignage, par la révélation de Sa personne, ne sera jamais anéanti. Je ne crois pas que Philadelphie disparaîtra, mais que les âmes qui manquent de l’attachement à Christ qui s’y révèle, s’en iront, et que la grâce amènera d’autres à occuper plus dignement leur place. … Si ceux qui ont leurs pensées aux choses du monde glissent dans Laodicée, Dieu travaille aussi pour en faire sortir, et venir à Philadelphie, ce que doivent justement faire ceux qui deviennent plus simplement décidés pour Christ ».


8 - Le Message à Laodicée — Apoc. 3:14-22

8.1 - Introduction

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Laodicée, écris : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu » (3:14). Laodicée signifie « les droits du peuple » et décrit avec justesse la septième et dernière période de l’histoire de la chrétienté professante, qui est prophétiquement présentée par les caractéristiques de cette assemblée comme révélées dans le message du Seigneur qui lui est adressé. C’est une époque de démocratie, à la fois dans le monde et dans l’église professante. C’est un moment où les masses populaires se lèvent et font valoir leurs droits et leur puissance comme jamais auparavant.

L’affirmation de la propre importance de l’homme, du Moi et de sa volonté, sont ce qui caractérise les derniers jours comme l’apôtre Paul fut inspiré pour le décrire en 2 Tim. 3:1-8. Cela correspond à ce que nous trouvons dans la signification du nom « Laodicée » et dans les paroles du Seigneur à cette septième assemblée. Il n’y a aucune pensée de ce qui est dû au Seigneur ni aucune préoccupation pour Ses droits et Sa volonté. La voix et la volonté du peuple sont entendues et suivies dans leur revendication « des droits des personnes et des peuples ». Tout ceci est en contraste le plus net avec ce que nous avons trouvé dans l’assemblée à Philadelphie où la Personne du Seigneur, Son Nom et la Parole de Sa patience étaient profondément considérés et gardés.

À Laodicée, nous trouvons la plus grande indifférence à Christ et à Sa gloire, ainsi que l’autosatisfaction dans ses aises, et le laxisme. Cela découle du mépris pour le témoignage au Nom du Seigneur et le rejet de la lumière de la vérité retrouvée dans la période de Philadelphie. La condition et la période de Laodicée sont le fruit du rejet du témoignage de Philadelphie. C’est le dernier état de choses dans la chrétienté, qui amène la fin du temps de la patience de Christ, et le rejet de tout cela par le Seigneur. La période de Laodicée a commencé dans la seconde moitié du 19ème siècle et s’est développée constamment au 20ème siècle, si bien que nous voyons aujourd’hui une manifestation complète des caractéristiques réelles de Laodicée dans la chrétienté tout autour de nous.


8.2 - 1) Comment Christ se présente

À l’assemblée à Laodicée dans cette attitude de tiédeur, d’indifférence et d’autosuffisance, le Seigneur se présente comme « l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu » (3:14). C’est ce que l’assemblée aurait dû être pour Dieu dans le monde. Le Seigneur a dit à Ses disciples : « Vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (Actes 1:8b). Mais l’assemblée a manqué d’être un vrai témoin pour Dieu ; elle a été un témoin infidèle et faux. C’est particulièrement visible dans ce dernier état de l’église professante tel que dépeint dans Laodicée. L’église aurait aussi dû être l’« Amen », celui en qui et par qui se vérifient toutes les promesses de Dieu, mais ayant oublié sa vocation céleste et s’étant installée dans une scène où le Seigneur est rejeté, et comptant sur ses propres ressources, elle est devenue de cette manière la négation des promesses de Dieu, au lieu d’en être l’Amen. Étant unie à Christ ressuscité et glorifié, qui est ainsi le « commencement de la création de Dieu », la nouvelle création, l’église aurait dû manifester la puissance de la nouvelle création par le Saint Esprit, car « si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (2 Cor. 5:17a). Au lieu de cela, comme Laodicée le manifeste pleinement, l’église professante est devenue l’expression de sa propre grandeur, de son avarice, de ses pensées orientées aux choses de la terre et de son matérialisme.

L’Église ayant tellement failli dans tout ce qu’on a vu ci-dessus, le Seigneur se présente à l’assemblée à Laodicée, qui nous présente prophétiquement la dernière phase de la chrétienté professante, comme Celui qui est le véritable Amen, le témoin fidèle et véritable, et le commencement d’une nouvelle création quand tout ce qui est de l’ancienne création a failli. Tout a été assuré et vérifié pour Dieu en Christ, Le Fidèle au milieu de l’infidélité de l’homme. Dieu aura Sa gloire maintenue ; si Son peuple manque à soutenir cette gloire en rendant un vrai témoignage, Il revendiquera Lui-même Son propre nom dans Son Fils bien-aimé.

Comme Dieu ne peut se laisser sans témoin, Christ se présente d’emblée comme l’« Amen, le témoin fidèle et véritable » quand l’église professante a échoué à rendre un témoignage céleste. C’est une grande consolation pour la foi. L’enfant de Dieu dévoué et exercé, affligé par la condition laodicéenne de la chrétienté autour de lui, peut ainsi regarder à Christ pour trouver en Lui la vérification de toutes les promesses de Dieu, pour trouver le vrai témoignage rendu à Lui, et pour l’introduction de la nouvelle création qui ne peut pas être touchée par la faillite de l’homme.

En 2 Cor. 1:20, l’apôtre Paul nous dit : « Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous ». Jésus Christ est l’affirmation et la confirmation de la vérité de tout ce que Dieu a dit ; Il est l’accomplissement et le vérificateur de toutes les promesses de Dieu. « Amen » vient d’un mot hébreu qui signifie ce qui est fixe, vrai et immuable. Son équivalent en grec est le mot traduit « en vérité », trouvé en double tant de fois dans l’évangile de Jean. Il implique la certitude divine. En Christ, nous avons la garantie que toutes les promesses et toutes les vérités de Dieu seront accomplies, entièrement réalisées. Christ est le dernier mot de Dieu, Son Amen.

Le livre de l’Apocalypse débute par un message du Dieu éternel, de la part des sept Esprits présents devant Son trône, « et de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre » (Apoc. 1:4-5). Un homme ressuscité et glorifié est « le témoin fidèle et véritable ». Sa vie et Sa mort ici-bas étaient un témoignage parfait de tout ce que Dieu est, de la grâce, de l’amour et de la sainteté du cœur de Dieu. Sa mort témoigne de la ruine totale et de l’échec de la première création, de tout ce qui concerne « le premier homme Adam », et de la mise de côté en jugement de l’homme selon la chair. Christ, l’homme glorifié dans le ciel, est un témoin que toute bénédiction, joie et délice se trouvent maintenant dans « le second homme », celui qui est « venu du ciel », « le dernier Adam » (1 Cor. 15:45-57).

Dans l’évangile de Christ, Christ est prêché comme le témoin fidèle et véritable de ce qui est dans le cœur et les pensées de Dieu pour l’homme. Tout vrai témoin, qu’il s’agisse d’une personne ou d’une assemblée, présente dans son témoignage ce que Christ est. L’assemblée aurait dû être la continuation de Christ ici-bas en rendant un témoignage fidèle et véritable. Comme elle a totalement failli en cela, Christ demeure fidèle, et le ministère de Lui-même en tant que témoin fidèle et véritable ramène les cœurs à Lui comme à Celui qui est indéfectible. C’est le soutien du cœur par la foi et le terrain ferme pour le croyant au milieu du naufrage et de la ruine de la chrétienté. Ici la foi est soutenue au milieu de la marée montante du mal. Christ est « le commencement de la création de Dieu ». Comme quelqu’un l’a bien dit : « Il est le point de départ de tout ce que Dieu a jamais fait ou fera ». Il était le commencement de la première création de Genèse 1, qui a été ruinée par le péché de l’homme. En Colossiens 1:18, nous voyons Christ ressuscité et glorifié comme le chef et le commencement d’une nouvelle création : « Et il est le chef du corps, de l’assemblée, lui qui est [le] commencement, [le] premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il tienne, lui, la première place ». Ici, Il est le commencement, le premier-né et chef d’un nouvel ordre de choses, une nouvelle création, selon la puissance de la résurrection d’entre les morts, dans laquelle l’homme est introduit dans une nouvelle position acquise par la rédemption de Christ.

L’épître aux Colossiens devait également être lue à l’assemblée à Laodicée (Col. 4:16). S’ils en avaient tenu compte et s’ils avaient réalisé que c’est Christ qui y est présenté, ils ne seraient pas tombés dans l’état affreux où nous trouvons cette assemblée au temps de l’apôtre Jean en Apocalypse 3. C’est une parole pratique pour les vrais croyants aujourd’hui. Si nous entrons dans le bien du ministère de Christ présenté dans l’épître aux Colossiens, nous serons préservés de l’état laodicéen de la chrétienté autour nous.

Dans la présentation de Christ comme « le commencement de la création de Dieu », il y a le véritable antidote à la maladie du matérialisme, qui est l’occupation des choses de l’ancienne création, qui caractérise tellement Laodicée et la chrétienté aujourd’hui. Jouir, dans la puissance de l’Esprit Saint, de Christ et des bénédictions qui sont les nôtres en Lui, le chef de la nouvelle création, est la seule façon d’être gardés au-dessus de la puissance du matérialisme qui subjugue et caractérise autant l’Église aujourd’hui. C’est la seule puissance pour en être délivré.

Nous voudrions ré-insister sur ce que nous avons souvent observé et indiqué dans ces études des messages du Seigneur aux sept assemblées d’Asie, que dans le caractère de la présentation du Seigneur à chaque assemblée, dans la façon dont Il se présente, nous avons la clé de la situation et le remède à la condition spirituelle et au mal que les yeux saints du Seigneur voient. Ainsi, il est important pour nous de remarquer attentivement le caractère dans lequel le Seigneur se présente à Laodicée, comme nous l’avons fait dans ce qui précède. Nous y trouvons d’une part la correction pour le mauvais état, et d’autre part le caractère du ministère adapté aux besoins de cette période de Laodicée.

Dans ce message à Laodicée, nous ne trouvons pas la promesse de la venue de Christ de prendre l’Église auprès de Lui, comme à Philadelphie, « mais Christ Lui-même prenant la place d’un témoignage complet et parfait pour Dieu, et comme Celui qui accomplit toutes les promesses de Dieu … Dans ce caractère, Christ, en quelque sorte, supplante l’église dans la manifestation des propos et des promesses de Dieu qui ne peuvent faillir. Si l’église disparaît irrémédiablement, le témoin reste, et c’est le soutien des fidèles » (JND).


8.3 - 2) La réprimande du Seigneur

« Je connais tes œuvres, — que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche » (3:15-16). Dans chacune des lettres à ces sept assemblées, nous avons l’expression « Je connais ».

« Je connais tes œuvres » : on trouve les mots « tes œuvres » dans les autres lettres aussi, sauf celles à Smyrne et Pergame. Proverbes 15:3 nous dit : « Les yeux de l’Éternel sont en tout lieu, regardant les méchants et les bons » ; ainsi Celui qui est divin et omniscient peut dire : « Je connais », « Je connais tes œuvres ». Il voit tout et connaît tout et évalue tout selon la norme sainte du sanctuaire de Dieu.

Selon le verset 17, l’assemblée à Laodicée avait une très bonne opinion d’elle-même ; elle disait qu’elle était riche, qu’elle s’était enrichie, et n’avait besoin de rien. Mais le Seigneur qui sonde les cœurs et veut la réalité dit : « Je connais tes œuvres, — que tu n’es ni froid ni bouillant… Tu es tiède ». Tel est l’état réel de l’assemblée à Laodicée, de l’état actuel de la chrétienté, que Laodicée dépeint. C’est sa véritable condition telle que discernée par Christ qui voit tout, qui connaît tout.

« Ni froid ni bouillant » — ce n’est pas le froid de l’absence de profession d’allégeance à Christ, ni le bouillant de cœurs qui L’aiment vraiment. C’est la tiédeur ; c’est l’indifférence et le laxisme qui viennent du manque de cœur pour Christ. Il n’y a pas de zèle pour Lui, pas de haine du péché, mais plutôt une tolérance de tout, facile et contente d’elle-même, qui considère toutes les croyances religieuses comme également bonnes, pourvu qu’on soit sincère. Le modernisme avec son déni de la divinité et de la naissance virginale de Christ, etc., est caractéristique de l’église aujourd’hui. Ce n’est pas l’ignorance qui produit la tiédeur, mais le cœur reste indifférent à la vérité après qu’elle a été pleinement mise au jour. Quelqu’un de ce genre ne veut pas la vérité, et il ne la veut pas parce qu’il ne veut pas faire le sacrifice qu’elle demande, ou qu’il ne veut pas se séparer du monde actuel et mauvais.

Cette tiédeur laodicéenne de neutralité indifférente envers Christ et la vérité de Dieu, qui est si caractéristique de l’église professante de nos jours, est le résultat du rejet de la vérité et du témoignage pour Christ qui ont jailli dans la période précédente de Philadelphie. Il n’y a pas la froideur de l’état de mort de l’époque de Sardes. Un effet stimulant a été ressenti dans l’Église professante par la chaleur des réveils à l’époque de Philadelphie. Beaucoup de vérité a été entendue et on a été témoin d’un dévouement ardent pour Christ. Mais les foules dans la chrétienté n’ont pas eu leurs âmes touchées par le témoignage de Dieu pour Christ et pour Sa vérité retrouvé à l’époque de Philadelphie. Le résultat est cette indifférence tiède pour Christ avec une fausse prétention à la vérité ; il y a la lumière, mais pas ce que la lumière devrait produire. Il y a beaucoup d’intelligence, mais pas l’amour de la vérité, ni la vie dans l’Esprit ni la marche dans la vérité. Comme quelqu’un l’a dit : « Le tableau de Laodicée est, bien sûr, très net, mais il semble être en grande partie le résultat de l’aversion et du mépris pour le témoignage suscité précédemment par le Seigneur » (W. Kelly).

Cet état de tiédeur et d’indifférence de cœur pour Christ, couplé à une prétention orgueilleuse d’être riche, est tellement nauséabond et repoussant pour le Seigneur qu’Il dit à l’Église de Laodicée : « Je vais te vomir de ma bouche ». Nous n’entendons pas qu’une expression aussi méprisante ait été utilisée ailleurs par le Seigneur. Elle indique que la tiédeur pour Christ est la pire condition de toutes, et qu’elle fait jaillir toute Son indignation et Son rejet absolu. Cette condition de la chrétienté est le dernier état du déclin que le Seigneur ne laissera pas continuer davantage. Il a résolument déclaré qu’Il vomira Laodicée, l’église professante, de Sa bouche, ce qui signifie qu’Il la rejettera entièrement en tant que Son témoignage public, en tant que Son luminaire responsable dans le monde. Cela n’a pas encore eu lieu, car le Seigneur n’est pas jusqu’à présent venu pour les vrais croyants, pour Son assemblée lavée par Son sang, Son épouse. Il ne vomira jamais aucun des Siens de Sa bouche, car Il a promis : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi » (Jean 6:37b).

Le commentaire suivant de Walter Scott est utile ici : « Il a été remarqué plus d’une fois que les quatre dernières phases de l’église se poursuivent concurremment jusqu’à la fin. Les foules de Thyatire et Sardes sont impliquées dans le malheur prononcé sur Laodicée, tandis que les résidus dans ces églises partagent également la bénédiction distinctive de Philadelphie, celle d’être « ravis ». Il n’est pas fait référence à la venue du Seigneur dans la lettre à Laodicée. Son désaveu public comme témoin de Dieu sera effectué par l’enlèvement des saints célestes. En d’autres termes, l’enlèvement de Philadelphie et le rejet de Laodicée sont concomitants, le dernier dépendant du premier ».

« Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et que tu ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu » (3:17). Le Seigneur continue ainsi dans Son message de réprimande à l’assemblée à Laodicée. Dans les mots qui précèdent, Il expose son véritable état de vantardise, d’autosatisfaction et Il souligne la vraie condition spirituelle de l’Église, un état de misère, de pauvreté, d’aveuglement et de nudité. À leur avis, ils n’avaient besoin de rien ; ils étaient satisfaits de leurs réalisations matérielles, de leur nombre, de leurs dons, de leurs acquis intellectuels, de leur influence et de leurs richesses et possessions terrestres. Sans aucun doute, ils se croyaient riches en richesses spirituelles aussi. Ils appréciaient l’érudition et l’intellectualisme en matière de religion, et ils avaient de grandes prétentions à la richesse spirituelle. La source de leur richesse était oubliée et tout était attribué à eux-mêmes. Laodicée parle d’elle-même et ne parle pas de Christ. C’est le « moi je » du premier homme, d’Adam déchu, qui a remplacé Christ. Il est fait grand cas de l’homme et on l’exalte dans ses raisonnements et ses réalisations en science, en philosophie, en culture et en progrès dans la civilisation.

Combien tout cela est vrai de l’église professante aujourd’hui ! Ces caractéristiques de Laodicée sont sûrement évidentes dans l’état actuel de la chrétienté. Combien elle se vante de l’intellectualisme, des richesses matérielles et des possessions. Quels vastes programmes de constructions et de beautés architecturales ! L’église peut être riche quant à la culture de ses ministres avec leurs diplômes en théologie et leur éducation, si bien qu’ils peuvent décider quelle partie de l’Écriture est inspirée et laquelle ne l’est pas, ou si aucune portion ne l’est. Outre le ministre érudit, il y a le ministre de l’éducation chrétienne, le ministre de la musique, et le ministre des services pastoraux dans l’église moderne d’aujourd’hui. Mais, oh ! quelle pauvreté spirituelle et quelle indifférence tiède et quelle déloyauté envers Christ se manifestent ! Malgré tout ce qu’elle possède, elle n’a pas Christ ; Il est en dehors de ses portes, bien qu’extérieurement on proclame qu’il est dedans.

Laodicée dit qu’elle n’a besoin de rien. Ceci est manifeste dans l’absence de réunion de prière, dans l’emploi du temps chargé des activités hebdomadaires de l’église moyenne d’aujourd’hui. La prière est l’expression d’un besoin senti et de la dépendance de Dieu. Lorsqu’on ne ressent pas de besoin, mais qu’on est satisfait de soi, il n’y a guère de véritable prière. Même parmi les vrais chrétiens régénérés aujourd’hui, les réunions de prière sont peu fréquentées. Certains ne sont jamais ou rarement présents à la réunion de prière hebdomadaire. Ne disent-ils pas par leurs actions : « Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien » ? rien à demander par la prière ! Combien l’esprit de Laodicée se glisse facilement parmi les chrétiens en ce jour de matérialisme et de prospérité ! Si nous négligeons la prière privée, personnelle, nous approchons également de l’esprit de Laodicée.

Les paroles du Seigneur à cette assemblée contente d’elle manifestent son manque de discernement et son aveuglement spirituel : « Tu ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu ». Il n’y avait aucune réalisation quelconque de leur véritable condition aux yeux du Seigneur. Tandis que Laodicée se délectait de ses richesses imaginaires et de ses revendications de connaissances et d’acquis supérieurs, le Seigneur examinait cette assemblée avec des yeux qui étaient comme une flamme de feu, qui testaient et pénétraient le caractère réel de tout. Son estimation infaillible de leur état est qu’ils étaient totalement ignorants et ne possédaient pas une seule des vraies richesses. Leur état misérable, leur pauvreté, leur aveuglement et leur nudité étaient pleinement évidents à Ses yeux saints.

Voilà l’estimation par le Seigneur de la vanterie et de la prétention de la chrétienté de nos jours qui a donc les caractères de Laodicée. Bien qu’elle soit remplie d’autosatisfaction et qu’elle se glorifie dans les réalisations de l’homme, n’ayant pas besoin de l’expiation par le sang ni de la nouvelle naissance, le Seigneur la voit entièrement comme misérable, pauvre, aveugle et se tenant debout devant Lui dans toute la honte de sa nudité. Peut-être que le pire trait est l’insensibilité et l’ignorance totale de la vraie condition devant Dieu de l’homme religieux non régénéré, comment il se repose sur ses richesses imaginaires et ses accomplissements spirituels. N’ayant pas besoin de Christ et de Son œuvre rédemptrice, il n’y a pas d’espérance, sinon un rejet final par le Seigneur de la profession vide de la chrétienté sans la vie divine.


8.4 - 3) Le conseil du Seigneur

« Je te conseille d’acheter de moi de l’or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies » (3:18). Bien que l’état de Laodicée fût si répugnant et douloureux pour le Seigneur qu’Il allait la vomir de Sa bouche, dans Sa tendre grâce et Sa patiente miséricorde Il offre un conseil divin à cette assemblée pleine de suffisance et tiède, et voudrait attirer son attention sur Lui-même comme la seule source de guérison et de vraies richesses. Il ne les abandonne pas encore, mais offre en grâce ce qui répondrait pleinement à leurs besoins.


8.4.1 - L’or passé au feu

Dans le conseil du Seigneur à Laodicée, nous observons trois besoins principaux de cette assemblée : 1) leur pauvreté, 2) leur nudité, 3) leur aveuglement. Il propose tendrement d’y répondre : « Je te conseille d’acheter de moi ». « L’or passé au feu » est un symbole de la justice divine. Ésaïe déclarait en vérité que toutes nos justices sont « comme un vêtement souillé » (Ésaïe 64:6). Pour le croyant en Christ, la parole dit : « Or vous êtes de lui dans le christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (1 Cor. 1:30). Aussi l’apôtre Paul désirait être « trouvé en lui, n’ayant pas ma justice qui est de [la] loi, mais celle qui est par [la] foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi » (Phil. 3:9). Tous ceux qui ont cette justice imputée de Christ sont en effet riches, et tous ceux qui sont sans elle et se confient en leur propre justice sont malheureux, misérables, pauvres et nus comme le Seigneur le disait à Laodicée. Combien dans l’église professante de nos jours laodicéens sont sans cet or de la justice divine et donc très pauvres et nus devant Dieu ! Si quelqu’un de ceux-là lisait ces lignes, nous vous exhortons à tenir compte du conseil du Seigneur et à obtenir de Lui cette justice divine par la foi — « l’or passé au feu ».

Quant au conseil du Seigneur d’acheter de Lui de l’or passé au feu, etc., Ésaïe 55:1 nous donne les conditions auxquelles Il vend. « Ho ! quiconque a soif, venez aux eaux, et vous qui n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ; oui, venez, achetez sans argent et sans prix du vin et du lait ». Celui qui reconnaît sa pauvreté comme un pécheur en faillite, qui vient à Christ dans la vraie soif de l’âme et avec son besoin, découvre qu’il peut acheter ou obtenir la justice divine sans argent et sans prix, parce que le grand prix en a été entièrement payé par le Sauveur à la croix du calvaire.


8.4.2 - Les vêtements blancs

Les « vêtements blancs » présentent la justice pratique des croyants en Christ. Apocalypse 19:8 nous dit que la femme de l’Agneau, la véritable Église, sera vêtue de fin lin, éclatant et pur ; « car le fin lin, ce sont les justices des saints ». Quand une personne est en possession de la justice divine par la foi en Christ, le fruit de la foi au Sauveur, par la puissance de l’Esprit qui l’habite, sera manifeste dans sa vie. On verra dans sa vie la sainteté et les traits moraux de Christ et cette personne sera vue vêtue devant les hommes de vêtements blancs que l’Esprit de Dieu produit dans le croyant suite à la possession de la justice divine.

La justice divine et la justice pratique de la vie vont de pair. Sans justice divine en Christ, il ne peut pas y avoir de justice spirituelle pratique, ni d’œuvres saintes de vêtements blancs. Et si l’on a l’or de la justice divine par la foi intérieure en Christ, on devrait voir extérieurement qu’on est revêtu du vêtement blanc de la justice pratique de la vie. Les deux sont obtenus de Christ seul. Le croyant est non seulement en Christ quant à sa position devant Dieu, mais Christ est dans le croyant et doit être manifeste dans sa vie. « De sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, [et que vous soyez] enracinés et fondés dans l’amour » (Éph. 3:17-18a).

Bien qu’elle se croyait riche et croyait n’avoir besoin de rien, Laodicée n’avait pas ce vêtement blanc qui seul pouvait couvrir la honte de sa nudité. Ceux de Laodicée se vêtaient avec des œuvres, cherchant comme Adam et Ève à couvrir leur nudité avec des ceintures de feuilles de figuier de leur propre fabrication. Mais le Seigneur les voyait nus et Il cherche à éveiller leur conscience là-dessus pour qu’ils puissent recevoir de Lui le vêtement blanc dont ils avaient besoin. Quelle parole pour la chrétienté aujourd’hui tellement occupée par un évangile social d’œuvres pour l’amélioration de l’homme dans la chair, et rejetant l’évangile du salut par le sang de Christ et la régénération par l’Esprit de Dieu ! De telles personnes, Dieu les voit dans la honte de la nudité de l’homme pécheur sans vêtement en Sa sainte présence, tout comme c’était le cas avec nos premiers parents après la chute en Éden. Mais les yeux de l’église de Laodicée, et de l’homme religieux aujourd’hui, sont aveuglés par l’infatuation et ne peuvent discerner leur nudité et leur besoin de vêtement divin.


8.4.3 - Le collyre

Alors le Seigneur parle du troisième besoin d’avoir leurs yeux oints d’un collyre afin qu’ils voient. C’est le discernement spirituel qui vient de « l’onction de la part du Saint », « l’onction que vous avez reçue de lui » (1 Jean 2:20, 27a). C’est l’onction de l’Esprit Saint qui seul peut ôter l’aveuglement de la nature et donner une vraie vue spirituelle. La vision de l’Esprit de Dieu est nécessaire, tout d’abord, quant à sa propre condition naturelle, puis quant à Dieu et Sa vérité. En cette période de Laodicée, on se vante des capacités de l’esprit humain et de sa compétence à juger les choses, mais la nécessité d’être né de nouveau par l’Esprit de Dieu et d’avoir la vision spirituelle de l’Esprit est ignorée ; il y a donc l’aveuglement de la nature au milieu de toutes les prétentions religieuses. Le Seigneur donne cette onction de l’Esprit à ceux qui viennent à Lui dans la foi véritable comme des pécheurs dans le besoin, pauvres, aveugles et nus.


8.5 - 4) Laodicée aujourd’hui

Nous croyons que la description suivante d’un mouvement actuel dans la chrétienté donne une image vivante de l’activité religieuse de cette période de Laodicée et nous montre vers où elle se dirige.

« Le mouvement pour une église mondiale favorisé par le Conseil National des Églises et le Conseil Mondial des Églises. Ils désirent :

Le double discours œcuménique d’aujourd’hui est beaucoup plus perfide que le double discours du moderniste. Il est conçu dans le but de livrer finalement le protestantisme dans les griffes d’une nouvelle hiérarchie romaine et construire une Église qui n’est pas l’Église du Nouveau Testament » (John I. Paton).

Un autre a bien écrit : « L’abandon de « la bienheureuse espérance » (l’enlèvement de l’Église (Assemblée) avant la tribulation) aide à préparer la voie pour le rêve œcuménique d’un monde et d’une église, en d’autres termes ‘Babylone la Grande’ » (PW). Voilà le développement de la Laodicée d’aujourd’hui qui finira dans la grande Babylone d’Apoc. 17.

Remarque : Depuis que ces articles sur Laodicée ont été écrits et publiés premièrement en 1959, beaucoup de choses sont intervenues dans la chrétienté pour développer l’apostasie de la vraie foi chrétienne et un grand mouvement œcuménique. Ces efforts qui avancent rapidement pour une Église mondiale unie ont pris une forme bien définie. Les rouages ecclésiastiques ont été mis en place et la formation de « Babylone la grande » d’Apocalypse 17 et 18 se poursuit sous nos yeux aujourd’hui (1971).


8.6 - Le Seigneur s’occupant des Siens

« Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi » (3:19). Jusqu’alors, le Seigneur adressait Son message à l’ange de l’assemblée à Laodicée. Maintenant, Il annonce un principe général de Ses relations gouvernementales avec Son peuple, à savoir qu’Il reprend et châtie ceux qu’Il aime, et qu’Il invite les croyants individuels qui se trouveraient dans cette assemblée corrompue, à être zélés et à se repentir. L’assemblée, comme un tout, n’est pas appelée à se repentir ici ; Il est sur le point de la vomir de Sa bouche comme une chose nauséabonde. Mais la grâce est toujours disponible pour les individus, en particulier pour Ses rachetés, envers lesquels Il reste toujours fidèle, aussi loin qu’ils aient pu tomber dans la froideur ou la négligence de la profession religieuse qui les entoure. Il cherche toujours à éveiller les consciences de ceux-là qu’Il aime, par une discipline en châtiment et en répréhension, afin de faire comprendre dans leur âme combien ils L’ont affligé et afin de les délivrer à la fois de leur tiédeur et du mal auquel ils sont associés.

L’Ancien et le Nouveau Testament déclarent que « celui que le Seigneur aime, il le discipline » ou « corrige », et que nous ne devons pas mépriser Sa correction ou perdre courage quand nous sommes repris par Lui (Prov. 3:11-12 ; Hébr. 12:5-6). Il n’afflige jamais volontiers, mais si Ses saints continuent de rester insensibles aux supplications et aux appels de Son cœur aimant, Il ne peut pas leur permettre de continuer sans être repris et sans correction. Ainsi le Seigneur met en garde ici les vrais croyants quant à la verge de la discipline et quant à la nécessité d’être zélé et de se repentir, sinon Sa main tombera sur eux en correction et en répréhension.

Le but de Dieu en corrigeant Ses enfants est « que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12:10), et que, par des circonstances éprouvantes et difficiles et des situations désagréables de Ses voies en correction envers nous, nous soyons délivrés de notre propre volonté et devenions soumis à la volonté bonne, agréable et parfaite de Dieu (Rom. 12:2). La correction n’est pas juste une punition ou une réprimande ; c’est réellement la formation des enfants, leur instruction et leur discipline, ce dont chaque enfant de Dieu doit faire l’expérience de la part d’un Père qui nous traite comme des fils (Héb. 12:7).

En cette période laodicéenne actuelle, on voit que ce châtiment (ou correction) et cette répréhension par le Seigneur de ceux qui sont vraiment Ses rachetés sont d’une grande importance. C’est Sa façon, dans Son amour fidèle vis-à-vis des Siens, de les délivrer des mauvais traits du laodicéanisme qui les environne de partout. Beaucoup de difficultés, d’épreuves et de détresses sont permises sur le peuple du Seigneur dans ces derniers jours de l’Assemblée. Toutes ces choses font partie de la discipline du Seigneur à notre égard dans la mesure où Il cherche à nous amener à en finir avec notre propre volonté et notre confiance dans la chair, que ce soit la nôtre ou celle des autres, afin que nous puissions trouver le repos dans la volonté de Dieu et la satisfaction du cœur en Christ, le « témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». Dans ses voies gouvernementales envers les Siens, Il voudrait produire repentance et zèle pour Lui-même dans les cœurs.

Remarquons l’absence de toute note d’approbation du Seigneur dans Son message à Laodicée. Contrairement à toutes les autres assemblées, où il y avait quelque chose que le Seigneur pouvait louer, il n’y avait rien dans cette assemblée qui Lui soit agréable et dont Il aurait pu faire l’éloge. Son état était si mauvais que Lui était dehors, faisant appel aux individus pour qu’ils entendent Sa voix et Lui ouvrent la porte. Cette action indique un désaveu moral du corps professant chrétien de la période de Laodicée.


8.7 - L’appel aux individus

« Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (3:20). Ces mots indiquent que le Seigneur a pris place en dehors de l’église de Laodicée, ce qui est bien solennel. Son état moral misérable Le forçait à prendre cette position. D’autre part, il est également vrai que la porte de Laodicée est fermée pour Christ ; Il est exclu et laissé dehors.

La citation suivante de E. Dennett est très utile sur le verset devant nous : « Si, toutefois, le Seigneur se tient expressément en dehors de Laodicée, il n’a abandonné aucun des Siens qui sont encore dedans, manquant à discerner que le Seigneur est parti. C’est pourquoi Il dit : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe ». Plein de douceur et de grâce Il attend tous ceux qui peuvent avoir été entrainés par les séductions autour d’eux, bercés par l’atmosphère où ils ont vécu, et endormis, et Il cherche à les réveiller de leur léthargie par des appels pressants.

Il se tient donc à la porte, la porte fermée sur Lui, et Il frappe, si par hasard quelque saint sincère mais paresseux lui répondrait, comme l’épouse du Cantique des Cantiques (ch. 3 et 5). S’il y avait encore quelqu’un qui entendrait sa voix et ouvrirait la porte, Il dit : « j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Il faut remarquer l’ordre de la réponse éventuelle. On commence par entendre Sa voix, puis on ouvre la porte. L’épouse, dans son cas, a entendu Sa voix, mais elle a manqué d’énergie pour ouvrir la porte avant qu’il ne soit trop tard. Il ne suffit donc pas d’entendre Sa voix ; de nombreux croyants, hélas, qui se trouvent dans de mauvaises associations, entendent Sa voix, mais restent là où ils sont ; il pouvait en être ainsi avec les saints à Laodicée, à moins que dans Sa miséricorde, le Seigneur se saisisse d’eux, comme les anges le firent pour Lot à Sodome, et les oblige à ouvrir la porte.

La porte étant ouverte (« si quelqu’un…ouvre la porte »), combien est riche la bénédiction réalisée. D’abord, « je viendrai chez lui » — non pas dans Laodicée ; son sort est scellé ; mais chez lui, chez celui qui par grâce a ouvert la porte. Et entrant Il manifestera toute Sa grâce. « Je souperai avec lui » ; c’est à dire, je descendrai à l’endroit où il est. Quelle merveilleuse condescendance ! Mais s’Il commence par vouloir souper avec celui qui a ouvert la porte, c’est qu’Il peut le mener à la bénédiction plus élevée de souper avec Lui, c’est-à-dire d’avoir communion avec Lui dans ce qui Le concerne, d’avoir communion avec Lui-même, ce qui est le privilège le plus excellent, bien que destiné à tous les saints, et ce qui est la jouissance la plus heureuse que quelqu’un peut posséder dans le temps ou dans l’éternité ; car c’est la réalisation de notre association et notre communion parfaites avec Christ ».

C’est là la position actuelle du Seigneur aujourd’hui. Il se tient à la porte et continue de frapper, faisant appel au cœur de chacun pour qu’on Le laisse entrer. C’est ce qu’Il continuera à faire jusqu’à ce qu’Il vienne pour Son épouse, la véritable Assemblée des rachetés. Alors la profession de Laodicée sera totalement rejetée et vomie de Sa bouche.

Le souper individuel avec le Seigneur introduira certainement la personne dans la communion avec ce qui est dans le cœur du Seigneur à l’égard de l’Assemblée qu’Il a aimée et pour laquelle Il s’est livré. Alors cette personne ne restera pas seule quant à la sphère de ses pensées et de ses affections, mais son cœur s’élargira à toute l’étendue des intérêts et des affections de Christ. Le Seigneur voudrait nous introduire individuellement dans le bien de ce qui appartient aux saints collectivement et comme corps, comme la maison et la famille de Dieu, comme le corps de Christ, comme Son temple. La fidélité individuelle et la jouissance du privilège individuel de souper avec Christ, ne peuvent jamais conduire à l’isolement ou à l’indépendance des autres croyants. Cela doit conduire à une appréciation accrue des autres croyants et de tous les liens de communion qu’on peut avoir avec des frères, en conformité avec la vérité de l’Assemblée de Dieu et avec la sainteté de notre Seigneur.


8.8 - 5) La promesse au vainqueur

« Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône » (3:21). Comme dans chaque message aux six assemblées précédentes, ici aussi à Laodicée on voit le Seigneur cherchant des vainqueurs et leur donnant une promesse encourageante. Ceux qui écoutent Sa voix dans la correction et la répréhension et qui se repentent, ceux qui entendent le Seigneur frapper, et qui Lui ouvrent la porte et soupent avec Lui, ceux-là deviendront les vainqueurs dans la puissance de l’Esprit de Dieu. Ceux-là vaincront l’état laodicéen de tiédeur et d’indifférence vis-à-vis de Christ, et toutes les caractéristiques que nous avons examinées. Le vainqueur jugera l’état de Laodicée et s’en séparera moralement.

La promesse au vainqueur à Laodicée est celle de l’association avec Christ sur Son trône dans la manifestation publique de Sa gloire dans le règne du royaume. Ce n’est pas une promesse aussi élevée et grande que celle donnée au vainqueur de Philadelphie ou Pergame, mais c’est une récompense encourageante pour surmonter ce que le Seigneur condamnait et qui Lui était si repoussant.

Le Seigneur Lui-même est placé devant nous dans cette promesse comme le grand Vainqueur. Il a vaincu le monde juif de la profession, de la propre justice, de la fausseté et de l’inimitié des scribes et des pharisiens religieux. Ayant surmonté toute opposition et le monde de Satan, Il Lui a été accordé la récompense bénie de s’asseoir avec Son Père sur Son trône. De même, celui qui triomphe maintenant pour le Seigneur aura le privilège de s’asseoir avec Lui sur Son trône quand Il régnera sur la terre comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs.


8.9 - 6) L’appel à écouter

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (3:22). Comme dans les lettres aux trois précédentes assemblées, l’appel à écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées termine cette communication du Seigneur à l’assemblée à Laodicée. Comme l’exhortation est d’écouter le message que l’Esprit dit aux assemblées, non pas seulement à l’assemblée particulière de Laodicée à ce moment-là, il est évident que ces messages ont été rapportés et conservés pour le bénéfice de toute l’Assemblée de tous les temps, y compris pour nous aujourd’hui. Nous ferons donc bien de tenir compte nous-mêmes du message de l’Esprit dans cette lettre, afin d’être des vainqueurs pour le Seigneur dans ce mauvais jour de tiédeur et d’indifférence à Son égard.


8.10 - Sixième et septième paraboles de Matthieu 13

Nous avons souligné, dans cette série, la similitude entre les sept assemblées d’Asie et les sept paraboles sur le royaume des cieux en Matthieu 13. Comme nous n’avons pas parlé de la comparaison de la sixième parabole de la perle de grand prix avec l’assemblée de Philadelphie, quand nous avons considéré le message à cette assemblée, nous attirons l’attention dessus à ce point de l’étude. La perle de grand prix, que le marchand trouva et pour laquelle il vendit tout ce qu’il avait et qu’il acheta, est un type de l’Assemblée de Christ dans son unité et sa beauté, aussi dans le coût nécessaire au Seigneur pour l’avoir. Dans la période de Philadelphie, la vérité du seul corps de Christ, l’unicité et l’unité de la véritable Assemblée a été réalisé au plus haut degré. L’église a été vue comme « une perle de grand prix ».

La septième parabole est celle d’une « seine [filet pour ramener les poissons vers le bord] jetée dans la mer et rassemblant [des poissons] de toute sorte ; et quand elle fut pleine, ils la tirèrent sur le rivage, et s’asseyant, ils mirent ensemble les bons dans des vaisseaux, et jetèrent dehors les mauvais. Il en sera de même à la consommation du siècle : les anges sortiront, et sépareront les méchants du milieu des justes » (Matt. 13:47-49). La dernière phase de la grande profession du royaume des cieux est semblable, dit le Seigneur, à un filet qui rassemble dans la mer des poissons de toutes sortes, bons et mauvais. Combien cela ressemble à la période de l’église professante de Laodicée où de grands efforts sont faits pour attirer des gens de « toutes sortes » dans les différentes dénominations ou « filets », indépendamment de leur conversion à Christ ou non.

Dans la parabole, les bons poissons sont rassemblés dans les vaisseaux et les mauvais sont jetés loin. Tandis que cela sera accompli à la venue du Seigneur pour établir Son royaume sur la terre et que les méchants seront ensuite jetés par les anges dans le feu éternel, nous pouvons faire une comparaison avec ce que nous avons à Laodicée. Quand le Seigneur viendra pour ravir et rassembler les Siens au ciel, Il va vomir les professants non sauvés de Sa bouche. Les mauvais seront jetés loin, comme dans la parabole, et plus tard pris par les anges et jetés dans « la fournaise de feu ».


8.11 - Conclusion

Nous sommes maintenant arrivés à la fin de nos études sur l’histoire prophétique de la chrétienté vue dans les sept assemblées d’Asie selon les lettres qui leur sont adressées par le Seigneur et qui nous ont été conservées en Apocalypse 2 et 3. L’esquisse prophétique condensée de l’histoire de l’Église contenu dans ces deux chapitres est merveilleux et inestimable. Comme un autre l’a bien dit : « Avoir la lumière du ciel jetée sur l’état de choses au cours de l’ensemble de cette période de l’Église de près de deux mille ans est une miséricorde sans pareil. Quelles leçons sont ici réunies ! Combien sont nécessaires les avertissements dans un jour de relâchement moral ! Combien les promesses nous fortifient dans des temps de faiblesse ! » (Walter Scott).

La lettre à Laodicée nous amène à la fin de la deuxième division du livre de l’Apocalypse, « Les choses qui sont ». Ceci nous amène à la fin de la période de l’Assemblée [Église]. La troisième division est décrite comme « Les choses qui doivent arriver après celles-ci » (1:19). Cette troisième partie du livre commence avec le ch. 4 v. 1, qui commence par les mots : « Après ces choses ». Après la fin de la dispensation de l’Assemblée [Église] et la venue du Seigneur pour Sa vraie épouse (tous les rachetés), comme cela est symbolisé par l’appel à Jean de « monter ici » par la porte ouverte dans le ciel (ch. 4:1), les jugements depuis le trône de Dieu tomberont sur cette terre selon ce que présentent les chapitres 6 à 19. Ce sont « les choses qui doivent arriver après celles-ci », après la fin de la période de la grâce, l’époque de l’Assemblée.

Il n’est plus rien dit de l’assemblée sur la terre après Apocalypse 3. Les saints rachetés sont vus dans le ciel aux ch. 4 et 5, et les noces de l’Agneau avec Son épouse, l’Église, ont lieu dans le ciel au ch. 19 (v.7-9). Une femme qui représente un grand système religieux est vue sur la terre en Apocalypse 17. Elle est appelée « Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre ». C’est l’issue finale de la chrétienté lorsque le Seigneur aura enlevé du milieu d’elle tous les enfants de Dieu dans la maison du Père en haut. Elle finira dans cette corruption terrible de Babylone la grande, qui devient « la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable » (Apoc. 18:2). Le jugement de Dieu sur elle nous est donné en Apocalypse 17:16 jusqu’à 18:24.

Puissent les lecteurs et l’auteur être trouvés dans la bonne position de la parole à Philadelphie : « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apoc. 3:11).