ADORATION ET JUGEMENT DE SOI-MÊME

P. Grobéty

ME 1938 p. 298


Les paroles que Jésus adresse à la femme près du puits de Sichar (Jean 4) nous montrent combien l’adoration est précieuse pour le cœur de Dieu. Jésus ne dit pas : le Père cherche des enfants — bien que cela soit certain — mais : le Père cherche des adorateurs. L’adoration vient ici en première ligne. Il va de soi que l’homme ne peut être un adorateur avant d’être sauvé ; il faut qu’il croie d’abord à l’œuvre de Christ accomplie pour lui sur la croix et ensuite il devient un adorateur.

Le livre de l’Exode nous fait entrer dans les pensées de Dieu sur ce sujet si important. Dans les chapitres 25 à 40, le tabernacle et ses ustensiles sont mentionnés plusieurs fois, toujours dans un ordre invariable : la description commence par le lieu très saint et finit par le parvis. En d’autres termes, elle va de Dieu à l’homme. Vu du côté de l’homme, le chemin est opposé ; il commence par le parvis et aboutit au sanctuaire.

Nous savons que, parmi les objets du tabernacle, figuraient l’autel et la cuve d’airain ; ils étaient placés dans le parvis devant l’entrée du tabernacle. Si nous nous représentons la disposition des objets dans leur ordre, nous voyons : le tabernacle, puis la cuve d’airain, puis l’autel de l’holocauste. Mais cet ordre n’est pas suivi dans les chapitres susmentionnés où l’autel est nommé immédiatement après les ustensiles du sanctuaire et la cuve d’airain en dernier lieu. Le Saint Esprit veut nous donner par là un enseignement des plus importants.

Pourquoi est-il dit, chap. 30:18 et 40:7, que la cuve d’airain doit être mise entre le sanctuaire et l’autel ? Parce que Dieu veut nous montrer que, si le sacrifice de Christ à la croix nous a purifiés, sanctifiés, rendus parfaits, si nous sommes invités à entrer dans le sanctuaire, il n’en reste pas moins que rien d’impur n’y peut entrer. Si donc nous avons contracté quelque souillure en pensées, en paroles ou peut-être même en actes, nous devons, comme faisaient les sacrificateurs avant d’accomplir leur service, nous laver les mains et les pieds, en d’autres termes, nous juger nous-mêmes. Après cela seulement nous pourrons nous approcher de l’autel de l’encens, c’est-à-dire adorer.

Il est impossible de présenter à Dieu une vraie adoration sans un sévère jugement de soi-même. Gardons-nous de l’oublier, de croire qu’il suffit de participer au culte pour que notre adoration soit agréable à Dieu. Que dit la Parole en 1 Cor. 11:28-30 ? « Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; car celui qui mange et qui boit, mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps. C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous et qu’un assez grand nombre dorment ».

L’adoration est l’un de nos plus grands privilèges, mais le croyant est appelé à l’exercer avec un profond sérieux et avec l’intelligence des pensées de Dieu.