André Gibert
Table des matières :
1 - Le Seigneur prend en charge les Siens
3 - Les ressources mise en oeuvre par le Saint Esprit
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1924 p. 270 à 275
C’est l’inépuisable sujet
offert à notre méditation que celui de l’amour du Sauveur pour nous. Un de ses
traits divins est que dans toutes ses manifestations il s’adapte parfaitement à
l’état et aux circonstances de ceux qui en sont les objets ; les actes,
les soins qui l’expriment sont exactement propres non pas seulement à commencer,
mais à achever tout ce que réclament cet état ou ces circonstances. Il
n’entreprend rien que pour l’amener à la perfection. Tout est beau, dans cet
amour : son activité, son opportunité, son efficacité, sa suffisance, sa
patience, sa permanence. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il
les aima jusqu’à la fin ». Venu vers des
pécheurs, tombés si bas, afin de les délivrer, il s’occupe d’eux jusqu’à ce
qu’il les ait amenés à la gloire. Auteur du salut éternel, il sauve « jusqu’à
l’achèvement » ceux qui s’approchent de Dieu par lui, et cet achèvement ne sera
réalisé qu’avec l’introduction dans la maison du Père. Entre tant d’autres, le
passage cité en tête de ces lignes nous dépeint la sympathie active
et efficace
du Sauveur, s’occupant jusqu’au bout
de ceux qu’il a sauvés.
Le bon Samaritain de la
parabole n’est pas seulement « ému de compassion ». On peut être ému et se
trouver impuissant à traduire cette émotion en actes, surtout en actes
efficaces. La compassion de l’homme ne va jamais bien loin en face d’une
détresse morale ; quand nos coeurs, si fermés, sont touchés par quelque
misère, ce ne sont que de pauvres secours que nous pouvons apporter. Tout au
plus « témoignons-nous » de la sympathie par quelques paroles. Et sans doute,
recevoir un témoignage semblable du Samaritain eût été déjà quelque chose pour
le malheureux blessé, un soulagement moral, si faible fût-il, car ni le lévite
ni le sacrificateur n’en avaient tant fait ! Mais quoi ! l’essentiel
était de le tirer de sa terrible situation, et des paroles n’auraient pas
suffi. Le Samaritain fait passer dans les actes nécessaires la compassion dont
il est ému. Il « use de miséricorde » et montre à l’oeuvre la grâce
qui
répond pleinement aux besoins. Seul il a pu s’approcher, bander les plaies, y
verser l’huile et le vin. Voilà le blessé ranimé, restauré, guéri ou en voie de
l’être.
Mais il est encore sur le chemin, loin de chez lui, en un lieu isolé. Les voleurs pourraient l’assaillir à nouveau, et sa dernière condition devenir pire que la première. Son bienfaiteur ne le laisse pas exposé à de nouveaux périls : il le met sur sa propre bête et le mène dans l’hôtellerie. Notre précieux Sauveur ne nous a pas secourus une fois pour nous abandonner ensuite. Comment nous remettre sur pied pour nous replacer avec nos propres forces au milieu d’un monde de dangers, monde ennemi que Satan conduit ? Non. Ce qu’Il nous a acquis par sa mort c’est une rédemption éternelle ; il nous donne la vie éternelle. « Éternel », tel est le caractère de ce qu’il apporte, et cela suppose qu’il veillera lui-même à nous le conserver, nous conservant nous-mêmes, tandis que nous sommes sur la terre et dans nos corps de faiblesse.
Car le voyage n’est pas
encore arrivé à sa fin. Nous n’assistons pas à cette fin dans la parabole, et
cela n’importe pas au sens de celle-ci ; nous n’avons pas l’idée de nous
demander si cet homme poursuivra sa route ou s’il remontera à Jérusalem, il
nous suffit de nous arrêter sur le touchant tableau qui termine l’histoire.
Tandis qu’il est encore en voyage, le blessé ranimé est placé dans un milieu où
il ne risque rien et où il ne manque de rien. Le sauveteur, après avoir pris
soin de lui, s’en va, mais le sauvé n’a rien à craindre. Ainsi en est-il pour
nous. Nous savons bien où nous allons, — dans la maison du Père — mais pour le
moment nous sommes de passage dans l’hôtellerie. C’est un séjour provisoire.
Tous les croyants sont ainsi introduits par le Seigneur dans ce même séjour,
une sphère d’attente
, mais où il y a paix
, sécurité
et ressources
(*). Les bienfaits de la grâce s’y
renouvellent sans cesse. Jésus est absent, mais même absent il s’occupe de ses
bien-aimés ; il a pourvu à tout, à leur sûreté, à leur nourriture. En
quittant ce monde il a laissé tout ce qu’il fallait pour eux, et il a envoyé du
ciel quelqu’un pour en prendre soin. C’est le Saint Esprit. « Si je m’en vais,
je vous l’enverrai », dit-il.
(*) En fait c’est l’Assemblée, mais évidemment il s’agit ici d’un sujet différent.
Tout est ordonné pour nous, mais en dehors de nous, et c’est là notre bonheur. Il y a toute une activité qui se déploie en notre faveur et à laquelle nous n’avons nullement part. Notre affaire est de nous remettre à elle, de nous confier. L’homme sauvé, dans la parabole, ne dit pas un mot. Mais il entend. Il sait ce qu’il en est, ce qu’il en sera, toutes les dispositions généreuses de son bienfaiteur ; il n’a qu’à en jouir, et à en être reconnaissant. Le Seigneur s’en est allé, mais nous savons qu’il vient. Bientôt, nous dit-il lui-même. Le Samaritain donne bien peu à l’hôtelier : deux deniers ; l’absence sera courte. Remarquons que le chiffre de la dépense n’est pas absolument défini ; c’est une provision, mais qui peut être dépassée sans dommage pour l’homme recueilli : « ce que tu dépenseras de plus, moi, à mon retour, je te le rendrai ». On ne saurait donc partir de cette allégorie pour fixer une date au retour du Seigneur. Il peut avoir été dépensé plus ou moins : ce qui est sûr, c’est qu’Il vient bientôt, le plus tôt possible. Quelle joie pour le coeur qui l’aime et apprécie sa grâce, pour celui qui, éprouvant quel amour nous a montré notre divin prochain, y répond !
En attendant nous sommes aux
mains du divin hôtelier, le Saint Esprit envoyé ici-bas pour y garder les
saints et les nourrir. Quelles ressources met-il en oeuvre ? Les deniers
du Seigneur, tout ce que son sacrifice nous a acquis. Puis toutes les
ressources divines, celles du Père. Enfin ce qui est à lui : la grâce
,
cette faveur si souvent appelée sur les saints dans les épîtres, avec la paix
qui répond à tous leurs sujets de trouble. Il y a une grande douceur à se
dire : Il est absent, celui qui m’a aimé, mais parce qu’il m’aime il
reviendra bientôt, et en attendant il me nourrit, par son Esprit, de ce qui est
à Lui, des biens infinis du Père, des biens de cette maison où je serai dans
peu de temps avec Lui.
Parmi ces ressources, il y a
la Parole. Qui donc y parle, sinon Christ ? de qui nous parle-t-elle,
sinon de Christ ? que nous donne-t-elle, sinon Christ ? quelles
richesses étale-t-elle devant nous, sinon celles de Christ ? Mais c’est le
Saint Esprit
qui nous les distribue, l’Esprit qui nous la fait
comprendre. « Il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas de par
Lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les
choses qui vont arriver ».
Il y a ensuite la prière, par
laquelle nous nous adressons à Dieu au nom de Jésus. Et comment prier, sinon
par l’Esprit
qui « nous est en aide dans notre infirmité », qui « lui-même
intercède par des soupirs inexprimables », l’Esprit qui connaît ce que nous ne
connaissons pas : « ce qu’il faut demander comme il convient ? Et
celui qui sonde les coeurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, car il
intercède pour les saints, selon Dieu ».
Précieuses ressources, divine activité, plénitude de grâce : le Père donne tout au Fils ; le Saint Esprit prend de ce qui est au Fils en vue des siens et le leur donne. Rien ne peut nous manquer, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au ciel. L’hôtelier est là, toujours à l’oeuvre, disposant de tout, nous en faisant jouir ; il nous faut seulement le laisser agir librement, recevoir de lui sans le contrister, et voilà où notre responsabilité commence. Mais tout dans l’hôtellerie est divinement disposé pour nous.
Il est touchant de voir comment cela nous est présenté tout à la fin du saint Livre. Il est pour nous le livre du voyage, dont nous avons besoin pendant l’absence du Seigneur ; au ciel il ne sera plus nécessaire, nous aurons Christ lui-même. Les dernières pages du livre parlent avant tout de son retour, et c’est ce fait précieux qui en remplit les tout derniers paragraphes. Comment en serait-il autrement ? Ils expriment une communion heureuse entre ceux qui attendent et Celui qui vient (Apoc. 22:17, 20). L’Esprit, fidèle compagnon du voyage, réveille les affections de l’Épouse, lui parle de son Seigneur, et se joint à elle pour dire : Viens. Et Lui, le Maître et l’Époux, scellant de son témoignage propre toutes les choses que l’Esprit a dites, parle aux coeurs qui l’aiment et soupirent après Lui. « Je viens bientôt ! » Ils répondent : « Amen, viens, Seigneur Jésus ! »
Il semble qu’il n’y ait rien à ajouter. On est au point culminant, bien haut, déjà sur la montagne — Oui, je viens. — Oh ! viens ! Échange béni des promesses et des désirs de l’amour…
Mais en attendant ? Sans doute, c’est bientôt, mais si tôt que ce soit, il faut arriver jusqu’à ce moment-là. Et ceux qui soupirent sont ici-bas, et il y a les dangers, et les pièges, et les voleurs, et la faim, et la soif, et la faiblesse et les infirmités ! Là-haut, une fois la réunion, tant attendue effectuée, tout sera réglé, tout sera parfait, il n’y aura plus de sujet d’inquiétude. Mais en attendant ? N’y a-t-il pas à craindre ? Si proche que soit le temps, arrivera-t-on sans défaillir ?
Une troisième voix s’élève,
distincte. Le dernier mot du saint Livre (Apoc. 22:21) n’est prononcé ni par
les croyants, ni par Christ, et cela est divinement convenable. « Que la grâce
du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints ». C’est Celui qui a reçu sur la terre la charge des saints, c’est
le Saint Esprit, qui atteste que son service s’accomplira jusqu’au bout parce
qu’il a tout reçu pour cela. Il nous semble entendre le divin hôtelier
dire : J’ai reçu les deux deniers, tout ce qu’il faudra, et dans
l’hôtellerie rien ne manquera, ni protection, ni soins, jusqu’au retour du
Sauveur. « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec tous les
saints ! » Cette grâce
seule nous
donne l’assurance d’arriver au bout, a ce moment bienheureux du retour ;
elle embrasse, répétons-le, dans ses manifestations, tout ce qui répond aux
besoins, si multipliés soient-ils, de ce temps d’attente. C’est celle du Seigneur Jésus-Christ,
qui tient en
mains toutes les ressources divines en faveur de ceux qu’il a cherchés et
sauvés. Et le Saint Esprit, dispensateur de cette grâce selon toutes ses
diverses applications, se plaît à dire : Elle ne manquera pas, elle ne manquera
à aucun des saints.