QUE FERA LE JUSTE ? — Psaume 11 v. 3

André Gibert


Table des matières :

1 - Le Psaume 11 se rapporte au temps de la grande tribulation

1.1 - Des justifiés en présence d’un monde qui va être jugé

1.2 - La crainte de Dieu

2 - Psaume 11 v. 1

2.1 - La piété faite de crainte et de confiance

2.2 - Deux sens opposés à l’expression « Envole-toi vers votre montagne »

3 - Psaume 11 v. 3 — La confiance en Dieu même si les fondements sont détruits — Un fondement inébranlable

4 - Psaume 11 v. 4 — Chercher le vrai chemin par la Parole et par l’Esprit

5 - Faire le point pour nous et se confier dans le Seigneur


Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1984 p. 145-151


1 - Le Psaume 11 se rapporte au temps de la grande tribulation

Comme la plupart des Psaumes, sinon tous, l’application directe de ce Psaume 11 se rapporte à l’avenir terrestre. Après l’enlèvement des rachetés du Seigneur, les jugements tomberont progressivement sur le monde. Mais, au sein de ce monde, un « résidu » sera peu à peu formé, dans la souffrance. Qu’il s’agisse du noyau du nouvel Israël (tant le résidu de Juda que celui des dix tribus) ou de fidèles tirés des nations, les saints de ce temps-là auront part à la grande tribulation qui atteindra la terre habitée tout entière — monde christianisé, puis Israël incrédule. Le résidu de Juda souffrira particulièrement de l’oppression exercée par l’Antichrist, le roi que le peuple apostat se sera choisi — une émanation de Satan.

Les Psaumes décrivent le côté moral de ces choses, les tribulations des fidèles persécutés par les méchants ayant à leur tête le méchant par excellence, cet Antichrist. Cela conduira à l’épuration du peuple, et le résidu sera finalement délivré par l’apparition en gloire du Messie accompagné entre autres par les saints de la période chrétienne (2 Thess. 1:10).


1.1 - Des justifiés en présence d’un monde qui va être jugé

Ce qui domine dans ce Psaume 11, c’est la pensée que Dieu est un Dieu redoutable qui doit être craint, un Dieu qui va exercer son jugement sur l’humanité pécheresse, et qui cependant est un Dieu patient. Cela met à part ceux qui sont appelés ici les « justes », ceux qui seront épargnés. Des justes ? Mais, dira-t-on, il n’y a pas de justes parmi les descendants d’Adam, non pas même un seul (Rom. 3:10 ; Ps. 14:3). Sans doute, mais il y a des justifiés amenés par la foi à connaître Dieu comme un Dieu de grâce mais aussi de lumière, de sainteté, de justice. C’est à cela qu’est convié tout homme, et avant tout ceux qui entendent l’évangile. Tout change quand on possède ce Sauveur ; mais si tout est changé, il faut que nous demeurions dans la réalisation et la jouissance de ce qui est placé devant nous, alors que nous avons si facilement tendance à nous tourner vers ce monde qui va être jugé.


1.2 - La crainte de Dieu

Dieu doit être craint d’abord et spécialement par ceux que la grâce a touchés, qui le connaissent. Il les a délivrés de cette autre sorte de crainte qui porte en elle le tourment ; car elle a été chassée par l’amour de Dieu (1 Jean 4:17, 18). Ce Dieu-là est notre Père. L’apôtre Pierre présente la même chose, mais de façon inverse : « Si vous invoquez comme Père celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’oeuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte… » (1 Pierre 1:17). C’est la seule crainte exempte de frayeur, mais pleine de la connaissance de Celui qui est tellement au-dessus de la scène présent et qui nous a appelés à sa propre gloire. Nous sommes appelés à servir Dieu (Héb. 12:28) d’une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte, mais préalablement il est dit de retenir la grâce. Nous ne pourrions pas servir avec révérence et avec crainte, s’il n’y avait eu d’abord cette grâce. Nous connaissons ce Dieu qui doit être craint et sommes appelés à progresser dans la voie de la sanctification pratique pour ôter tout ce qui ne plaît pas à notre Dieu et Père et qui doit être consumé, tout ce qui empêche l’enfant de Dieu de plaire à son Père, et continuellement nous avons à être exercés quant à tout ce qui peut troubler la communion.


2 - Psaume 11 v. 1

2.1 - La piété faite de crainte et de confiance

Voilà ce qu’on trouve dans ce Psaume 11, à un registre inférieur, il est vrai, mais avec des expressions bien propres à nous toucher. « Je me suis confié en l’Éternel » est la première parole de ce psaume ; car la crainte de faillir s’accompagne de confiance. Crainte et confiance sont les deux éléments inséparables d’une vraie piété : une pleine confiance en Dieu et une crainte qui, loin d’être une crainte servile, n’est autre que le sentiment de ce qui est dû à notre Dieu. Si le fidèle justifié peut dire : « je me suis confié en Dieu », c’est parce qu’il peut se confier en un Dieu de grâce ; alors tout le reste ne compte pas. La fin de toutes choses est proche, les plus belles ne durent pas, chantons-nous. Combien nous avons besoin de cette simple confiance dans les temps où nous sommes !


2.2 - Deux sens opposés à l’expression « Envole-toi vers votre montagne »

« Pourquoi dites-vous à mon âme : Oiseau, envole-toi vers votre montagne ? » On peut voir là une parole de moquerie de la part des « méchants », une parole de blasphème de la part de leur chef, l’Antichrist : Envole-toi ! disent-ils, c’est nous qui vous tenons dans notre main, votre confiance est vaine, vous parlez d’une montagne où vous réfugier, quelle illusion ! Mais ainsi raillent les incrédules de tous les temps : laissez-nous tranquilles ; vous parlez du ciel, eh bien, laissez-nous la terre !


Mais on trouve là aussi une autre pensée : des fidèles du Résidu resteront à Jérusalem lors de la grande tribulation de Juda pour y souffrir, en même temps que d’autres fidèles s’enfuiront dans les montagnes de Judée ; il y aura un moment où les uns auront le devoir de rester à Jérusalem (Apoc. 11:1-3) et d’autres seront appelés à chercher un refuge dans les montagnes environnantes (Ps. 121:1), les montagnes, les heureuses montagnes d’où vient « mon secours ». Certains de ces derniers fidèles diront sans doute aux fidèles de Jérusalem de fuir dans les montagnes et ceux de Jérusalem diront : « C’est ici que je dois rester, même pour y subir le martyre, mais avec la confiance en l’Éternel ; pourquoi dites-vous : Envole-toi vers votre montagne ? »

Pour nous, si le langage diffère, la pensée est la même : dans un monde où l’iniquité prévaut, mon âme se confie en l’Éternel. Certains raillent notre confiance en Celui dont la montagne est notre sécurité. Laissons-les se moquer. Nous sommes appelés à prendre notre part des souffrances de Christ ici-bas, comme lui, l’homme de douleurs, les a connues. Souvent nous désirerions échapper aux scènes pénibles et affligeantes auxquelles nous nous trouvons mêlés. Nous ne sommes pas exhortés à sortir du monde, mais à y être gardés du mal. Pour le moment même, il n’est pas question pour nous de « s’envoler vers une montagne » de la terre, mais de jouir de notre part céleste dès maintenant ; bientôt nous nous envolerons « pour être toujours avec le Seigneur » !


3 - Psaume 11 v. 3 — La confiance en Dieu même si les fondements sont détruits — Un fondement inébranlable

En attendant, notre part est de dire avec le fidèle : « je me suis confié en l’Éternel ». Ce qui suppose la défiance de nous-mêmes, et l’opposition du monde pouvant aller jusqu’à la persécution. Si nous ne connaissons pratiquement pas la persécution, n’est-ce pas peut-être parce que notre position effective est trop mondaine ? L’opposition du monde contre les croyants est la chose normale : il y a incompatibilité entre le Seigneur et le monde, les enfants du Père et les enfants du diable. Ouvertement ou insidieusement (v. 2), ces méchants, avec tous leurs artifices, travaillent pour faire tomber le fidèle et détruire tout témoignage du Seigneur. Les choses peuvent arriver à un point dépassant ce qu’on voit aujourd’hui, où les fondements seront détruits. Alors, que fera le juste ? Le désespoir s’emparerait de nous quand nous voyons l’indignité, la faiblesse, la culpabilité des serviteurs que nous sommes. Nous dirions : il n’y a rien à faire ! Oui, c’est vrai. L’Ennemi a le droit de parler de ces fondements détruits, en tout cas compromis, les fondements de la vérité, puisque ceux qui détiennent celle-ci sont prêts à s’en détourner. Où sont-ils, les fondements de la chrétienté, de la société dite chrétienne ? Que fera le juste ? Il regarde plus haut que la scène que nous avons sous les yeux. Les hommes auraient toute raison de craindre encore davantage. Tout est ébranlé, la société, les religions, la morale, les sciences ; tout est si fragile !

« Le résidu reviendra » (Ésaïe 7:3) à la crainte du Dieu de ses pères. Et nous, nous le connaissons déjà maintenant comme notre Père dominant de haut toutes les situations où les hommes s’escriment, entrent en lutte les uns avec les autres. Chacun veut sa part de richesses, de pouvoir, d’influence, et cherche, hypocritement ou non, à réduire des inégalités qui vont toujours croissant, exaspérant les hommes les uns contre les autres. Ce qu’on constate est effrayant pour un esprit qui réfléchit. Mais au-dessus de tout, il y a Celui qui ne change pas, l’Éternel, celui dont les desseins vont s’accomplir. Le chrétien d’aujourd’hui est appelé à réaliser cela, et bien plus que les fidèles de l’avenir. Car au milieu de l’état de choses actuel du monde, subsistent des éléments indestructibles : ceux que l’Esprit Saint a posés ici-bas. Le fondement inébranlable a été posé par les apôtres et prophètes (parlant par l’Esprit), et ce fondement, c’est Jésus Christ, le vainqueur des puissances qui emportent le monde. Celui qui est avec nous est plus fort que tous les esprits mauvais qui sont dans le monde (1 Jean 4) et qui poussent à l’inimitié contre Dieu.

Voyons simplement ces choses : le solide fondement de Dieu qui demeure ; quant aux autres fondements, qu’ils soient détruits, ils sont fondés sur l’homme ! Le seul solide fondement demeure avec ses deux faces (2 Tim. 2:19) ; la première est « le Seigneur connaît ceux qui sont siens » ; et c’est ce qu’on a au verset 4 de ce psaume. Nous pouvons ne pas connaître les enfants de Dieu, ils sont plus nombreux que nous le pensons. Puissions-nous les reconnaître au fait qu’ils sont en dehors du monde ! Notre part est de vivre moralement hors du monde, y apportant l’odeur de Christ, odeur de mort pour la mort, odeur de vie pour la vie.

Vérités simples mais capitales que tout cela !


4 - Psaume 11 v. 4 — Chercher le vrai chemin par la Parole et par l’Esprit

« L’Éternel a son trône dans les cieux ». Le trône parle d’autorité et de justice. « Ses yeux voient, ses paupières sondent les fils des hommes ». Que voient-ils quand ils considèrent les-saints ? Nous baissons la tête, nous confessons notre impuissance (nous n’en serons jamais trop persuadés), nos infidélités trop évidentes. Sachons chercher le vrai chemin par les directions de la Parole et de l’Esprit, car l’Éternel juste aime la justice. Il s’agit de la justice pratique, être droit vis-à-vis des hommes et du Seigneur. C’est pourquoi il sonde le juste et le méchant (v. 5). Il a sondé Job, homme juste et droit, jusqu’à ce que celui-ci dise : « J’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre ». Au Psaume 139 le fidèle dit : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur… et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle ». L’âme aurait des sujets de craindre Celui qui voit toutes choses, elle pourrait redouter d’être sondée, et voilà qu’elle trouve bienfaisant ce qui amène effectivement à une connaissance plus profonde de Dieu et de nous-mêmes : « Conduis-moi dans la voie éternelle ». Le Seigneur éprouve les siens : la grande tribulation sera quelque chose de terrible pour le résidu. Quant à nous, nous avons affaire à la discipline paternelle, pour notre bien, même si elle cause de la tristesse. Dieu nous amène peu à peu à Lui. Confiance et crainte… quel bonheur d’être dans les mains d’un tel Père, les mains douces et fortes qui nous tiennent enlacés, les mains d’un tel Seigneur, d’un tel Berger ! Voilà la part du chrétien ici-bas ! Que fera le juste ? Il sait où est sa part ; qu’il la connaisse davantage !


5 - Faire le point pour nous et se confier dans le Seigneur

Où en sommes-nous, chers frères et soeurs ? Réalisons, dans ce monde, la part de ceux qui sont appelés à bientôt s’envoler vers leur montagne. Jusque-là, puissions-nous être gardés fidèles à ce Dieu qui a tout fait pour nous, qui a tout donné, ce Dieu en qui nous pouvons nous confier : « Je me suis confié en l’Éternel ».